Jean 14/23-29 Jésus répondit : Si quelqu'un m'aime, il gardera
ma parole, et mon Père l'aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons
notre demeure auprès de lui. 24 Celui qui ne m'aime pas ne garde pas mes
paroles. Et la parole que vous entendez n'est pas la mienne, mais celle du Père
qui m'a envoyé.
25 Je vous ai parlé ainsi pendant que je demeurais
auprès de vous. 26 Mais c'est le Consolateur, l'Esprit saint que le Père
enverra en mon nom, qui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que,
moi, je vous ai dit.
27Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Moi,
je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble pas et
ne cède pas à la lâcheté ! 28 Vous avez entendu que, moi, je vous ai
dit : Je m'en vais et je viens à vous. Si vous m'aimiez, vous vous
réjouiriez de ce que je vais vers le Père, car le Père est plus grand que moi.
29 Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu'elles n'arrivent, pour que,
lorsqu'elles arriveront, vous croyiez.
Que celui
qui est triste et se sent abandonné, qui vit dans ce monde comme un prisonnier dans
des jardins secrets où la vie l’a enfermé, verrouillé à l’écart des hommes par
des éléments de vie qui le tiennent
cloitrés ne se désespère pas. Dieu est au courant de sa situation et lui
envoie son Esprit afin que tout soit mis en œuvre pour qu’il se sente libre à
nouveau. Encore, faut-il qu’il y mette du sien.
Il n’y a
pas de honte à avoir des états d’âme, il n’y a pas de honte non plus à
éprouver le besoin de sentir une présence à ses côtés, il n’y a pas de honte à
sentir un cœur d’enfant battre dans sa poitrine d’adulte. Il n’y a pas de honte
non plus à savoir que nous sommes des hommes et des femmes faits de chairs et
de sentiments. Les épreuves du temps nous ont appris à nous blinder et à nous
protéger à l’aide d’un masque que nous sauvegardons au mieux pour ne pas
laisser transparaître la réalité secrète de notre personnalité. Derrière
les murs de l’apparence, nous gardons des secrets qui altèrent le cours de
notre vie.
Dieu se
propose de forcer la porte des jardins secrets de notre histoire personnelle.
Il se propose par sa présence de produire en nous un effet bénéfique, de
provoquer une sérénité nouvelle dont les effets sont inhabituels. «Je me tiens
à ta porte et je frappe » dit le Seigneur et pour qu’il entre chez nous il
a besoin qu’on lui ouvre la porte. C’est à cette démarche que, sur l’injonction
de Jésus je vous propose de faire ce
matin. La porte ouverte, Dieu s’approche et nous offre les services de Consolation
dont nous avons tant besoin.
Il n’est
sans doute pas difficile d’ouvrir une porte dont on détient la clé, mais
pourtant à force de rester dans le secret, les mécanismes ont fini par se
rouiller et la serrure s’est complètement bloquée tant il est difficile
de s’ouvrir, même à Dieu, et surtout à Dieu dirai-je, tant nous
redoutons son regard sévère et son jugement. Cinq siècles de
Réforme ne nous ont toujours pas libérés de cet aspect redoutable dont
les siècles antérieurs ont revêtu Dieu. Sa proximité fait encore peser sur nos
consciences un sentiment de culpabilité dont nous avons du mal à nous sentir libérés.
Pour
rétablir des chances de dialogue avec lui, Dieu se propose de faire une
démarche nouvelle en notre faveur, il irradie vers nous un supplément de
sa puissance divine qui nous est présentée ici comme le
« Consolateur ». En lui, nous reconnaissons l’action du Saint
Esprit que le texte de l’Évangile de Jean appelle le « Paraclet »
Nous avons
déjà, bien entendu, repéré l’œuvre du Saint Esprit, mais avons-nous
réellement constaté son action en nous et autour de nous? C’est par son
action, selon les Ecritures que Dieu est intervenu, à l’origine des temps
pour créer le monde. Il y est présenté comme la puissance créatrice de
Dieu et il est sensé présider à la destinée du monde. Il a exploré
l’immensité du chaos avant de l’organiser. Et les Ecritures déclarent que tout
ce qu'il a fait était bon. Il n’y a pas de raison pour que cela
s’arrête. Il a permis à Abraham de
parler cœur à cœur avec Dieu. Il a parlé par les prophètes, il est
descendu sur Marie et s’est posé sur la poitrine du Messie. Il est enfin venu
sur les apôtres le jour de la Pentecôte. Il continue son action en
provoquant le dynamisme de l’Église, il la rend active et missionnaire et la
conforte dans sa fidélité. Nous le voyons ainsi à l’œuvre dans
le monde et sur certains hommes remarquables, et bien
souvent cela nous suffit. Mais pour Jésus, ça ne suffit pas, c’est pourquoi il
attire ici notre attention. Il nous demande de considérer que le rôle du
Saint Esprit ne s’arrête pas là. Il a pour mission d’établir un lien
particulier entre Dieu et chacun de nous. Dans ce rôle-là Jésus lui donne le
titre de Consolateur, de « Paraclet ».
Le
Paraclet, ou le Consolateur, c’est donc ce supplément d’Esprit que Dieu nous
envoie pour nous convaincre de l’efficacité de l’œuvre de Jésus Christ en
nous. C’est grâce à lui que nous croyons que Jésus Christ nous a
réconciliés ( mis en harmonie) avec
Dieu. Il nous a révélé l’immense amour de son Père pour chacun de
nous et pour le monde aussi. Nous savons que par sa mort il a vaincu
notre mort. Mais ces arguments intellectuels, s’ils sont nécessaires à notre
compréhension des choses ne remplacent pas notre conviction intérieure. C’est
pour accomplir cette fonction que le Seigneur envoie sur nous ce supplément de
son Esprit. C’est par lui que tous les acquis de la foi en Christ deviennent
certitude et nous transforment en profondeur.
Il nous
faut donc être prêts à accueillir le « Consolateur » en nous. Il nous
faut prendre du temps pour travailler sur nous-mêmes par la méditation et la
prière. C’est ainsi qu’il aura la possibilité de pénétrer en nous et de
faire sa demeure en nous. Naturellement, quelques-uns parmi-vous vont
considérer que je fais peu de cas de la grâce en évoquant cette nécessité de
travailler sur nous et de faire des efforts sur nous-mêmes. Ils vont
penser que je renvoie la grâce au rayon des accessoires inutiles en
préconisant d’une manière subtile le retour au salut par les œuvres.
Qu’on ne se
méprenne pas. Le salut nous est acquis par grâce, nous n’y avons aucun mérite.
Dieu, par une décision dont le secret n’appartient qu’à lui a décidé de ne pas
tenir compte de nos péchés avoués ou pas et de nous ouvrir tout grands ses bras
de Père. Cela n’est nullement remis en cause. Ce que je dis simplement, c’est
que pour prendre conscience de cette grâce et de l’immense privilège qu’elle
révèle et pour vivre pleinement du bonheur de se sentir sauvés, il nous
faut accueillir ce supplément d’Esprit que Dieu nous donne.
Pour
l’accueillir, il faut s’y préparer. Pour s’y préparer il faut
en faire l’effort. Il faut d’abord désirer qu’il s’installe en nous pour
participer à notre vie intérieure. Il se comporte alors comme un baume
bienfaisant qui oriente toutes nos pensées pour qu’elles se mettent en harmonie avec celles
du Père. C’est alors que les consolations que nous espérons pourront se
produire. Un supplément de vie prendra alors place en nous pour alimenter
nos désirs car nous avons besoin que nos frustrations soient prises en compte,
qu’elles soient dépassées et qu’elles ne fassent plus frein à toutes nos
entreprises.
Si on
cherche l’étymologie du mot « Paraclet » que l’on traduit par
« consolateur » mais aussi par défenseur ou avocat, nous découvrons
en nous appuyant sur son sens en hébreu
qu’il vaudrait mieux traduire par « supplément de vie ». Vous
avez sans doute remarqué que c’est sur ce sens particulier que je me suis
appuyé tout au cours de mon propos. Si toutes les fois que vous lisez
dans la Bible le mot « consoler », vous le remplacez par l’expression
« donner un supplément de souffle » vous verrez alors quel dynamisme
il y a dans ce mot.
Le
supplément de souffle se comporte comme une bouffée d’oxygène que l’on ferait
respirer au malade pour le ranimer. Nous sommes des êtres en manque de souffle,
et Dieu nous envoie gracieusement et généreusement ce souffle qui vient de lui.
Il nous appartient maintenant d’utiliser ce supplément d’énergie pour surmonter
ce qui entrave nos désirs, c’est ainsi que nous verrons se cicatriser nos
plaies intérieures. Ce supplément d’énergie nous permet de sublimer nos
frustrations et de nous projeter sereinement dans l’avenir.
Je crois
qu’aujourd’hui en 2019 nous ne prenons pas assez le temps de nous laisser
habiter par ce supplément d’esprit. Nous sommes avides de connaissances, nous
prenons du temps pour nous cultiver, ou pour nous divertir, mais nous ne
prenons pas assez de temps pour reprendre souffle comme le coureur sur le bord
de la piste. Nous ne prenons pas le temps de descendre en nous-mêmes pour
y saluer Dieu qui habite déjà en nous et qui nous attend patiemment.
C’est alors que nous pourrons lui dire notre amour et nos inquiétudes.
Nous devons nous ouvrir sans crainte à notre Dieu et il fera le reste. C’est en
agissant ainsi que nous faciliterons l’accès en nous au Saint
esprit. Prenez le temps de vous laisser bercer et cajoler par votre Dieu
qui ne demande que cela. En acceptant cela vous découvrirez qu’il vous en donne
encore bien davantage.
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