La Vérité Jean 16:12-15
12 J'ai encore beaucoup à vous dire, mais vous ne
pouvez pas le porter maintenant. 13 Quand il viendra, lui, l'Esprit de la
vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de sa
propre initiative, mais il dira tout ce qu'il entendra et il vous annoncera ce
qui est à venir. 14 Lui me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi
pour vous l'annoncer. 15 Tout ce qu'a le Père est à moi ; c'est pourquoi j'ai
dit qu'il prendra de ce qui est à moi pour vous l'annoncer.
Lire aussi : Jean 18/35-38
Matthieu : 27/24
Tout au long de l’Évangile de
Jean, Jésus s’interroge sur la Vérité. A
la fin de ce même Évangile, Pilate en signant la condamnation à mort de Jésus se
demande ce qu’est la Vérité. Mais en bon politique, il s'en lave les
mains. Bien qu’il en parle, la vérité ne fait pas partie de ses
préoccupations principales. Ce qui compte pour lui, c’est sa vérité et non pas
la vérité. En ce sens, nous lui ressemblons. La vérité semble donc être
simplement une opinion, pourtant, la
recherche de la vérité fait partie des préoccupations spirituelles ou
intellectuelles de tous les peuples et de tous les temps. C’est en son nom que
l’on a fait les meilleurs et les pires des choses, c’est en son nom que l’on a fait
taire les uns en les tuant, ou que l’on a fait crier les autres en les
torturant. Pourtant la vérité est notre préoccupation première en matière de
spiritualité. La Vérité est au cœur de
la Bible, car le Dieu d’amour, le Dieu de paix ou le Dieu de l’espérance, est
aussi le Dieu de vérité
« Qu’est-ce que la vérité? »
Demandera Pilate en se lavant les mains quelques jours après l’entretien de
Jésus avec les siens sur la vérité, rapporté
dans l’Evangile de Jean. Pilate signifie par ce geste qu’il ne s’implique
pas dans la mort de Jésus. Pourtant il va envoyer à la mort, sans état d’âme
particulier, celui qui justement se propose de l’entretenir de la vérité, c’est
dire que la vérité n’a aucun attrait pour lui, tout au moins la vérité telle
qu’elle émane de Jésus. Pour Pilate, la vérité, c’est l’ordre, la discipline et
la soumission. La vérité se limite à sa préoccupation immédiate. Il ne la vit
que dans l’instant, mais cette vérité-là est éphémère, elle est très vite
érodée par le temps. Quelques années plus tard, la décision de l’empereur qui
enverra Ponce Pilate en exil changera, sans doute, sa conception de la vérité.
De bourreau il deviendra victime, et il méditera alors d’une autre manière sur
la vérité en attendant que la mort lui ferme les yeux sur sa propre vérité ou
les lui ouvre sur la vérité de Dieu, mais on n’en sait rien.
Ainsi il y a plusieurs
vérités, il y a celles qui appartiennent à la logique des hommes, qui varient
au gré du temps et des modes. Elles sont multiples et prennent différentes formes suivant les temps et les
moments. Mais il y a aussi une vérité qui dépasse l’homme qui est d’ordre
métaphysique et qui ne s’accomplit qu’en Dieu. Il y a donc des vérités : Il y a
la vérité toute relative qui est celle des hommes et qui s’oppose au mensonge
tel que les hommes le conçoivent, et puis, il y a une vérité qui nous dépasse,
qui vient d’ailleurs et qui est la seule qui soit digne de retenir notre
intérêt parce qu’elle vient de Dieu, parce qu’elle est en Dieu. Sa recherche ne
préoccupait pas particulièrement Pilate, comme nous l’avons vu, ni ne préoccupe
pas beaucoup de nos semblables, comme nous le verrons. Quoi que ?
Cette aspect de la vérité qui
se révèle en Dieu nous dérange parce
qu’elle a profondément divisé les croyants entre eux, c’est pourquoi nous
ne la saisissons que partiellement. On n’y entre que patiemment, et
partiellement, au prix de
sacrifices personnels qui nous amèneront
à réviser certains aspects de notre foi.
Cela réclame toute notre attention et nous demande d’oublier et de
dépasser toutes les vérités relatives
qui nous habitent, car c’est à ce prix que nous accéderons aux battements du
cœur de Dieu.
Beaucoup d’entre nous pourtant
limitent leurs relations à Dieu à l’acte de foi par lequel ils découvrent
qu’ils sont individuellement sauvés par
grâce. Ils en font la seule vérité accessible à leur foi. Ils se
limitent au salut individuel qui
concerne chaque individu, mais le salut
qui préoccupe aujourd’hui nos contemporains, c’est un salut collectif c’est celui
de la planète toute entière, et c’est sur cet aspect des choses qu’il faut
chercher la vérité de Dieu.
En fait, la foi ne doit pas se
limiter au seul aspect, de notre relation personnelle à Dieu, elle doit dépasser
notre souci individuel de relation avec lui pour s’étendre à toute la
collectivité humaine. Elle place Dieu
devant nous comme Sauveur et Libérateur de
tous les hommes.
Le secret de notre foi dépend de la manière
dont nous allons approfondir notre connaissance de Dieu en dépassant notre situation
personnelle. Notre foi doit se remplir d’un contenu qui va donner du sens aux
termes de Sauveur et de Libérateur du monde qui doit qualifier Dieu. C’est ainsi que nous allons poursuivre
notre recherche sur la Vérité.
Alors que les enjeux sur
l’avenir du monde semblent de jour en jour s’aggraver, alors que les uns
prophétisent un avenir sombre pour la planète et que d’autres tels Pilate s’en
lavent les mains, nous avons peine à entendre la vérité telle qu’elle
pourrait émaner de Dieu. Les Eglises,
quant à elles, pour la plupart du temps ne semblent faire écho qu’à des vérités
émises par les penseurs qui les ont pour
la plupart empruntées aux Ecritures
elles-mêmes mais qui ne sont pas perçues comme pouvant venir de Dieu. On parle
de solidarité, de partage, de responsabilité,
d’intérêt pour le prochain, les Eglises, comme le monde se colorent en
vert mais l’espérance ne semble pas s’imposer
comme un élément déterminant pour l’avenir. En parlant d’espérance pour qualifier leur
attitude concernant l’avenir du monde
les églises donnent l’impression de botter en touche et de parler un
langage obsolète. Or l’espérance, nous dit les Ecritures, c’est le pari que Dieu a toujours fait sur l’homme.
Depuis l’origine des temps
l’espérance a été inscrite comme élément décisif de la volonté divine, même si
nous n’avons pas su et ne savons toujours pas la saisir. Ainsi, en guise
d’exemple, je dirais qu’on on a toujours lu et interprété le récit d’Adam et
Eve, comme celui de la chute de l’homme qui
l’a enfermé pour toujours dans une
culpabilité dont il ne se sort pas. Il a été considéré pour toujours comme coupable
des échecs du monde liés à son péché qualifié d’originel. Cette tare se
répéterait de générations en générations jusqu’à la fin des temps et aurait
amené la planète à l’état où elle en est aujourd’hui. Seule le salut individuel
acquis par Jésus pourrait modifier le sort de chacun. Mais n’est-ce pas du sort de tous dont il s’agit ?
N’y aurait-il pas une autre
lecture possible de ce récit? Ne faudrait-il pas plutôt considérer ce
mythe comme l’expression de la chance de l’humanité qui sous l’impulsion de
Dieu, face au péché de l’homme l’aurait rendu
industrieux, si bien qu’il il se mettrait à inventer de nouveaux modes de
présence au monde, il ferait face à
toutes sortes de situations hostiles et il s’en sortirait en inventant toutes
sortes de situations nouvelles. Il inventerait l’industrie et construirait des
villes, cultiverait les champs. C’est ce que dit le texte biblique. Pourtant
les hommes, prisonniers de leur avidité, sont sans cesse passés à côté de leur chance en ne tenant pas
compte de leurs semblables, les moins
chanceux qu’ils n’ont cessés d’opprimer. Si leur avidité était la cause
de tous leurs échecs, la chance n’a jamais cessé de s’offrir à eux comme un
perpétuel défi qui se formulait toujours en termes d’espérance.
Dans leur perpétuelle fuite en
avant, leurs intuitions étaient bonnes, mais ils se sont la plupart du temps mis
à suivre la mauvaise voie et à s’appuyer
sur leur mauvais penchants dont seule une conversion radicale pourrait les
libérer et les ouvrir à l’espérance. Dérapage après dérapage, les inventions
humaines ont conquis toute la planète
et les plus forts ont toujours semblés imposer leurs lois. Pourtant, les plus optimistes ne baissent pas les leurs garde
et c’est leur espérance qui finit par
s’imposer.
Si la folie semble avoir gagné
du terrain, l’espérance aussi a sans cesse progressée. Quelques exemples :
Jadis le moindre coupable selon la justice en vigueur était torturé et devait rendre compte de ses forfaits en subissant
une condamnation à mort qui se soldait par la perte de leur vie.
Aujourd’hui les exécutions
capitales sont en pleine régression et
la vie reprend ses droits. Si jadis l’homme avait droit de vie et de mort sur
les siens, aujourd’hui la violence contre les femmes et les enfants est proscrite et punie presque de partout.
Sans qu’on s’en rende vraiment compte c’est l’espérance qui semble s’imposer. Alors que le monde fait
mine de moins croire en Dieu, il se
contente simplement de manifester sa foi
en l’avenir de manière différente.
Alors que de partout, en tout
cas dans le monde occidental, on fait comme si Dieu n’avait plus d’influence et
qu’on ne se souciait nullement de sa présence. C’est pourtant à une vie
meilleure pour tous que l’on travaille
et que l’on repousse au loin toute menace de mort. N’est-ce pas là la
promesse que Dieu nous fait dans les Ecritures ? Si le succès de l’entreprise n’est pas acquis, il est en
bonne voie. L’homme rejoint dans ses aspirations celles que Dieu lui a toujours
révélées. S’il nous apparaît que la planète est en danger, il ne faut pas
pourtant pas négliger les mains qui
travaillent à la sauver avec les bonnes armes qui sont celles de Dieu qui les arme
de jour en jour d’epérance..
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