jeudi 2 mars 2023

 

Dimanche  26 mars 2023

Jean 11: 1-45:

 Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa sœur.

C'était cette Marie qui oignit de parfum le Seigneur et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, et c'était son frère Lazare qui était malade.

Les sœurs envoyèrent dire à Jésus: Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade.

Après avoir entendu cela, Jésus dit: Cette maladie n'est point à la mort; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle.

Or, Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare.

Lors donc qu'il eut appris que Lazare était malade, il resta deux jours encore dans le lieu où il était,

et il dit ensuite aux disciples: Retournons en Judée.

Les disciples lui dirent: Rabbi, les Juifs tout récemment cherchaient à te lapider, et tu retournes en Judée!

Jésus répondit: N'y a-t-il pas douze heures au jour? Si quelqu'un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu'il voit la lumière de ce monde;

10 mais, si quelqu'un marche pendant la nuit, il bronche, parce que la lumière n'est pas en lui.

11 Après ces paroles, il leur dit: Lazare, notre ami, dort; mais je vais le réveiller.

12 Les disciples lui dirent: Seigneur, s'il dort, il sera guéri.

13 Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu'il parlait de l'assoupissement du sommeil.

14 Alors Jésus leur dit ouvertement: Lazare est mort.

15 Et, à cause de vous, afin que vous croyiez, je me réjouis de ce que je n'étais pas là. Mais allons vers lui.

16 Sur quoi Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples: Allons aussi, afin de mourir avec lui.

17 Jésus, étant arrivé, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre.

18 Et, comme Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ,

19 beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère.

20 Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison.

21 Marthe dit à Jésus: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.

22 Mais, maintenant même, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera.

23 Jésus lui dit: Ton frère ressuscitera.

24 Je sais, lui répondit Marthe, qu'il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.

25 Jésus lui dit: Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort;

26 et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?

27 Elle lui dit: Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde.

28 Ayant ainsi parlé, elle s'en alla. Puis elle appela secrètement Marie, sa soeur, et lui dit: Le maître est ici, et il te demande.

29 Dès que Marie eut entendu, elle se leva promptement, et alla vers lui.

30 Car Jésus n'était pas encore entré dans le village, mais il était dans le lieu où Marthe l'avait rencontré.

31 Les Juifs qui étaient avec Marie dans la maison et qui la consolaient, l'ayant vue se lever promptement et sortir, la suivirent, disant: Elle va au sépulcre, pour y pleurer.

32 Lorsque Marie fut arrivée là où était Jésus, et qu'elle le vit, elle tomba à ses pieds, et lui dit: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.

33 Jésus, la voyant pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, frémit en son esprit, et fut tout ému.

34 Et il dit: Où l'avez-vous mis? Seigneur, lui répondirent-ils, viens et vois.

35 Jésus pleura.

36 Sur quoi les Juifs dirent: Voyez comme il l'aimait.

37 Et quelques-uns d'entre eux dirent: Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût point?

38 Jésus frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre. C'était une grotte, et une pierre était placée devant.

39 Jésus dit: Otez la pierre. Marthe, la soeur du mort, lui dit: Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est là.

40 Jésus lui dit: Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?

41 Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut, et dit: Père, je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé.

42 Pour moi, je savais que tu m'exauces toujours; mais j'ai parlé à cause de la foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé.

43 Ayant dit cela, il cria d'une voix forte: Lazare, sors!

44 Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d'un linge. Jésus leur dit: Déliez-le, et laissez-le aller.

45 Plusieurs des Juifs qui étaient venus vers Marie, et qui virent ce que fit Jésus, crurent en lui.

Le Sermon :

Malgré les apparences, la mort n’établit pas de rupture avec Dieu. Quiconque croit en lui ne sera pas séparé de lui quand la mort viendra sur lui, à l’improviste comme dans ce récit ou après qu’on s’y soit longuement préparé comme le pensent la plupart des croyants. Ce récit de la résurrection de Lazare nous  permet d’entrer dans le mystère de la mort, tel que Jésus nous aide à la concevoir. En fait la tradition nous a habitués à voir dans ce texte le récit  d’un miracle alors que Jésus cherche à plutôt nous faire entrer sereinement dans le mystère de la mort.

On se pose toutes sortes de questions sur la signification des gestes de Jésus alors qu’il cherche plutôt à nous faire entrer dans le mystère de la mort. On  rejoint Marthe  et l’accompagnons volontiers dans son questionnement en se demandant pourquoi Jésus a mis tant de temps à venir au chevet de son ami. C’est comme si Jésus voulait le laisser mourir sans sa présence, car  si Jésus avait été présent, il aurait été contraint, par amitié à faire des gestes qui nous auraient détournés du vrai sens de la mort.

La mort fait son œuvre sans que Jésus soit amené à faire des gestes qui auraient faussé le sens de la mort telle qu’il la conçoit. Lazare meurt donc comme tout un chacun et on l’enterre sans que Jésus soit présent. C’est alors qu’il arrive et que le texte prend du sens.  Jésus peut alors nous introduire dans le mystère de la mort. C’est sur ce point du récit que nous devrions  concentrer notre attention et que Jésus peut nous révéler le sens profond de la mort car  il n’est pas venu pour suspendre le temps. Il n’a pas voulu volontairement qu’on lui demande d’arrêter le cours du temps par un miracle que tous auraient attendu de lui. Il  a voulu montrer, à partir de cet épisode que s’il avait suspendu le temps en empêchant  Lazare de mourir par une guérison, il n’aurait rien changé au sort de Lazare qui serait quand même mort un autre jour, mais qui serait quand même mort. C’est maintenant que Lazare est mort que la présence de Jésus va donner du sens à ce qui se passe et la vie va prendre son sens véritable.

Ce n’est pas le miracle que Jésus va faire qui est important, car il va faire un miracle, mais c’est le fait qu’il n’ait pas interrompu le cours du temps  qui va donner du sens aux choses et à la vie. La mort de Lazare devient le prétexte pour donner son sens véritable à la vie telle qu’elle existe en Dieu, car c’est la vie en Dieu qui est importante et la mort de Lazare va devenir un prétexte pour parler de la vie.

Ce n’est pas la mort de Lazare qui a de l’importance et qui doit retenir notre intérêt  Ce qui doit retenir notre attention, c’est notre propre mort qui arrivera un jour et pour laquelle il serait bon que nous soyons au clair. Quand la mort survient l’amour de Dieu pour nous ne s’interrompt pas pour autant et nous avons toujours de l’intérêt pour lui. L’intérêt que Jésus porte à Lazare ne cesse pas pour autant, qu’il soit mort ou vivant.  Dieu nous prend en charge quelle que soit notre situation, car il n’y a aucune rupture dans notre existence vis-à-vis de Dieu au moment de notre mort. C’est pourtant à cette rupture en laquelle tous les gens croient et qu’exprime Marthe quand elle invite Jésus à la prudence au moment où il s’approche de la tombe : «  il sent déjà » dit-elle comme pour dire «  il a cessé d’exister, il n’est plus du même monde que nous », la suite  pour les auditeurs est un mystère au sujet duquel personne ne savons rien. Pour Jésus, ce n’est pas le cas : Les vivants disent il sent, c’est-à-dire il n’est plus de notre monde, cela ne nous concerne plus, Jésus quant à lui dit « sort » comme pour dire qu’il est bien encore  de note monde ; Il n’y a pas de rupture entre le monde où se trouve Lazare et celui de ses amis. La situation que l’on situe dans le passé  se poursuit dans le présent. L’amour de Dieu reste le même, même si apparemment la situation a changé.

Le texte ici exprime une vérité de la foi que Jésus nous révèle. Quand notre foi nous a placés dans la main de Dieu, il ne peut plus y avoir de rupture entre nous et le Seigneur. La mort ne devient plus qu’un passage dans l’intimité de Dieu dont nous ne savons rien mais que Jésus nous révèle comme un mystère qui nous appartient déjà.

Les témoins n’ont pas encore compris ce mystère. Ils attachent une grande importance à l’événement et font de Jésus un faiseur de miracle ce qu’il se refuse à être. Ils se sentent encore frustrés.   C’’est ce que croient quand même les deux sœurs qui l’une et l’autre lui reprochent de ne pas être venu assez tôt. Mais pour Jésus il n’y a pas de rupture. Il n’y a ni avant ni après, il y a seulement la réalité d’une relation d’amour avec Dieu. La vie ne cesse pas d’exister quand la mort a fait son œuvre. C’est à cette constatation que nous amène cette histoire. En fait il n’y a pas vraiment eu de miracle, ou plus exactement, le miracle n’est pas là où nous le mettons.  Le miracle réside dans le fait qu’il n’y a pas de rupture quand la mort se produit.  Quand Dieu nous saisit par la main au moment où nous faisons sa rencontre. Il ne peut plus y avoir de rupture entre lui et nous ou plus exactement, nous entrons dans une constante continuité avec lui. La seule réalité qui existe alors, c’est que si notre corps est rendu à la nature, notre personne reste en Dieu en qui elle s’accomplit.

Pour nous, ce texte ne devrait pas être appelé « la résurrection de Lazare », mais « l’accomplissement de la vie en Dieu. Si le corps de Lazare revient à la vie c’est pour nous  confirmer que notre vie s’accomplit en Dieu et que la mort ne crée pas de rupture possible entre lui et nous.

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