vendredi 19 mai 2023

Dimanche 2 juillet 2023: Matthieu 10:37-42 

37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ;

38 celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.

39 Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la trouvera.

40 Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.

41 Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste.

42 Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »

 

Il est toujours difficile, quand Jésus vient vers nous de lui réserver la place qui lui est due et  de lui consacrer le temps que l'on devrait. Et il n'est pas si sûr qu'on lui soit aussi fidèle qu'on le devrait. Le texte qui nous est proposé aujourd'hui vient alors nous bousculer et nous rappeler que notre relation avec Jésus est rarement conforme à ce qu'elle devrait être. C'est alors que nous nous culpabilisons face à lui. Nous éprouvons la nécessité de nous repentir et de préciser notre relation à lui. nous éprouvons le besoin de modifier notre situation par rapport à lui.  Est-ce nous qui en éprouvons le besoin ou est-ce lui qui l'exige de nous? C'est une question que nous nous posons alors et qui mérite d'être précisée, car c'est à partir d'elle que nous construisons notre foi.

Face au Seigneur,  il est bien facile de prendre une position de la repentance parce que nous savons que nous avons toujours quelque chose à nous reprocher. C'est une attitude d'autant plus facile à prendre,  car en connaissant le fond de notre âme nous  nous   culpabilisons facilement face à Dieu ou à son fils Jésus Christ. En faisant cela, nous nous mettons dans une position telle que déjà nous sentons  sa main paternelle se poser sur la nôtre , si bien  qu'intérieurement nous ne nous sentons plus aussi gravement coupable. En fait, face à lui, nous ne sommes pas vraiment honnêtes avec nous-mêmes, car  avant même d'avoir fait le bilan de notre situation, nous nous sentons déjà pardonnés et lavés des péchés  qu'il pourrait nous reprocher puisque déjà  nous les lui avons confessés.

C'est là cependant la position que les réformateurs nous ont habitués à prendre, c'est pourquoi ils ont placé la confession des péchés dans la première partie de la liturgie, dans les premières prières que nous formulons en commençant le culte du dimanche. Pardonnez-moi cependant si en cet instant je manque de respect à nos illustres prédécesseurs tels que Calvin, Luther ou Zwingli et les autres,  ce matin, je vais me trouver en position d'irrespect par rapport à eux, parce que pour nous,  péché  avoué est péché pardonné, et nous voila immédiatement  pardonnés et placés en droite ligne sur le chemin du salut, prêts à recommencer dans les jours qui viennent et à nouveau à nous sentir pardonnés le dimanche suivant. Il y a là un raccourci un peu rapide, face à nos comportements qui nous met un peu vite en harmonie avec le Seigneur.

En fait le problème est-il seulement de lui avoir manqué de respect ou d'avoir offensé sa divine majesté ? Il me semble que le problème ne se situe pas vraiment là et qu'il faut aller chercher plus loin pour trouver une réponse plus satisfaisante. En réalité le problème  ne concerne pas seulement notre relation de pécheur par rapport à Dieu. Il nous pose la question  de savoir quelle relation nous entretenons avec lui. Qui est Dieu pour moi, dois-je me demander et quelle relation est-ce que je suis sensé entretenir avec lui?  Quelle place occupe-t-il dans mon existence? En fait, ce par quoi le Seigneur est vraiment préoccupé n'est pas de savoir si je l'ai vraiment offensé, mais quelle place il occupe vraiment dans ma vie et en quoi ma vie est en accord avec sa volonté? Est-ce lui qui donne du sens à mes projets et est-ce que je considère qu'il est concerné par les décisions que je prends, ou alors  est ce que sa présence est seulement une étape dans ma vie et qu'elle n'a aucune incidence sur les décisions que je prends où est-ce qu'au contraire,  sa présence qui motive mes dédisions sans qu'il soit forcémment question de péché ou d'offense?

Il me semble que ce qui importe dans notre relation avec Dieu, c'est la place qu'il occupe dans notre existence. Nous devons honnêtement nous demander si sa présence en nous n'est pas une simple façade qui nous sécurise, quand nous pensons à notre avenir ou s'il est un moteur dans notre existence qui s'empare de nous? Nous sommes dans un monde où nous sommes sensés agir  en son nom et prendre des décisions qui impliquent notre présence dans le devenir de notre société. Voila alors les vraies questions que nous devrions nous poser. Jésus occupe-t-il une place remarquable dans notre vie, et cela justifie-t-il  les comportements qui sont les miens auprès de tous ceux qui m'entourent?

Si nous essayons de mettre en pratique les instructions que nous cueillons dans la lecture des Évangiles, nous réalisons que c'est l'amour que nous lui devons  et que nous devons à notre prochain qui doit prendre la première place dans nos comportements.

 Quand il est question d'amour pour le prochain, nous comprenons ce que cela signifie, mais nous ne comprenons pas forcément  ce que cela représente et jusqu'où cela peut nous entrainer. 

Mais plus difficile encore, comment aimer Jésus que nous n'avons jamais vu et dont nous ne savons sur lui que ce que les Écritures nous ont appris à son propos?  La seule chose qui peut  marquer notre relation avec lui, c'est notre vie intérieure, cette  relation intime que nous avons avec lui quand nous laissons notre âme aller à sa rencontre dans les secrets que nous partageons avec lui et que nous laissons sa personnalité animer.  C'est dans la prière qu'alors nous le  rejoignons, car c'est à nous de le rejoindre et pas seulement d'attendre qu'il fasse le premier pas.

En fait, il y a pour chacune et chacun de nous des moments secrets qui n'ont de réalité que pour nous et dans lesquels Jésus prend corps. Nous nous rendons compte alors  qu'il faut aller vers lui et lui laisser du temps pour s'emparer de tout notre être pour que la réalité qu'il représente s'incarne en nous.

En ouvrant notre vie au Seigneur,  en partageant avec lui les projets qu'il nous inspire, en laissant son regard pénétrer notre vie, nous réalisons que l'amour qu'il a pour nous prend de la place et qu'il nous est non seulement possible mais nécessaire de le partager avec lui. C'est alors que sa croix et son sacrifice s'imposent à nous. Nous ne pouvons ignorer que la manière dont il a achevé sa vie terrestre a un rapport avec  la vie que nous construisons en amitié avec lui. Il y a alors un au-delà de nous-mêmes qui se trouve concerné et qui concerne notre propre existence pour nous entrainer sur les traces de sa mort et de notre propre mort.

Notre amour que nous partageons avec lui ne concerne pas alors seulement notre vie quotidienne mais notre existence qui se situe ailleurs que dans la réalité présente de ce monde et qui concerne aussi cet au delà vers lequel il nous accompagne et dont nous sommes déjà participants.

L'amour de Jésus Christ s'incarne alors dans cette réalité que nous vivons avec lui, non seulement maintenant mais aussi plus tard. Si donc Jésus est ressuscité, le partage de notre vie avec lui nous entraine à donner du sens à l'au-delà et ce sens est chargé d'une dose d'amour indéfinissable qui dépasse le terme de notre vie  pour se réaliser en lui.

 

Aucun commentaire: