Esaïe 2 :1-5
Toutes les nations afflueront à
Jérusalem1Paroles
d'Esaïe, fils d'Amots, ce qu'il a vu au sujet de Juda et de Jérusalem. 2Dans la
suite des temps, la montagne de la maison du SEIGNEURsera établie au sommet des
montagnes ; elle s'élèvera au-dessus des collines, et toutes les nations y
afflueront.3Une
multitude de peuples s'y rendra ; ils diront : Venez, montons à la
montagne du SEIGNEUR, à la maison du Dieu de Jacob ! Il nous enseignera
ses voies, et nous suivrons ses sentiers.Car de Sion sortira la loi, de
Jérusalem la parole du SEIGNEUR.4Il sera juge
entre les nations, il sera l'arbitre d'une multitude de peuples.De leurs épées
ils forgeront des socs de charrue, de leurs lances des serpes : une nation
ne lèvera plus l'épée contre une autre, et on n'apprendra plus la guerre.5Maison de
Jacob, venez, marchons à la lumière du SEIGNEUR !
Romains 13 /11D'autant que vous savez en quel temps nous
sommes : c'est bien l'heure de vous réveiller du sommeil, car maintenant
le salut est plus proche de nous que lorsque nous sommes venus à la foi.
12 La nuit est avancée, le jour s'est approché. Rejetons donc les œuvres des
ténèbres et revêtons les armes de la lumière.
13 Comportons-nous convenablement, comme en plein jour, sans orgies ni
beuveries, sans luxure ni débauche, sans dispute ni passion jalouse.
Les prophètes seraient-ils de doux rêveurs? Les
esprits malveillants pourraient même supposer
que pour ménager leurs effets auprès du
public, ils feraient des promesses
merveilleuses qui ne se réalisent pas. Ils emprunteraient alors la voix de Dieu pour se donner plus
d’autorité, et les peuples
émerveillés se précipiteraient
vers eux. Une fois leur auditoire captivé,
ils changeraient de registre et formuleraient avec la même autorité des
prédictions catastrophiques plus en accord avec la couleur du temps. Ainsi ils
joueraient avec les nerfs de ceux qui
les écoutent et dans les deux cas se présenteraient comme porte-paroles de Dieu qu’ils
présenteraient comme versatile. Mais, c’est bien plus compliqué que
cela ! Dans leurs prophéties ils expriment d’une part l’enseignement sur ce
que Dieu espère, et ce serait les prophéties heureuses, et d’autre part ils avertissent de ce qui risquerait de se
produire si les recommandations de Dieu n’étaient pas suivies. Le ton de leurs propos serait
donc plus lié à l’opinons changeante des
hommes qu’à celle de Dieu.
Pour le récit qui nous concerne aujourd’hui,
nous sommes dans le premier cas de figure. Nous sommes invités à rejoindre le
prophète, qui emporté par l’esprit, voit un avenir heureux se profiler à l’horizon.
Il voit l’humanité se rendre en
procession à la convocation du Seigneur
pour assister à sa victoire sur les
forces hostiles qui habitent le monde. Joyeusement, les peuples se mettent en
marche, sans bousculade et sans fatigue. Ils ont abandonné tout projet
belliqueux et ils ont détruit leurs
armes de guerre pour fabriquer des outils agricoles. Paix, prospérité,
communion fraternelle, tels sont les slogans qui accompagnent leur marche.
Mais
cette vision qui décrit le bonheur des peuples en marche, en harmonie
avec Dieu n’est pas datée dans l’avenir et bien vite elle s’efface pour laisser
d’autres visions prendre place, telles celle
d’un nuage de poussière qui se
profile à l’horizon soulevé par des armées en marche qui se préparent à
investir tout le pays, à renverser les murailles de la ville sainte et à
dévaster le temple de Dieu. La
procession des adorateurs de Dieu tourne alors les talons pour prendre le
chemin de l’exil et de la déportation.
On ne pouvait pas plus se tromper ! La
paix promise n’était qu’un rêve, pourtant la vision qui l’annonçait est restée tenace, si bien
qu’aujourd’hui encore elle alimente notre espérance. Mais quelle
espérance ? Sept siècles après Esaïe, l’apôtre Paul fait à nouveau la même
promesse dans le deuxième texte qui accompagnent les lectures de ce jour. Il
exhorte à nouveau les croyants à se réveiller pour entrer dans la longue marche vers le bonheur. C’est pourtant
le martyr qui l’attend, ainsi que celui de beaucoup de ces correspondants.
Peut-on interpréter aussi mal les promesses de Dieu et se laisser illusionner
par un avenir de paix qui sent fort les odeurs des canons, des guerres et des persécutions ? Sans doute les deux auteurs avaient-ils perçu quelque
chose de Dieu pour dire des choses
pareilles qui allaient à contrecourant de l’histoire. Est-ce dire alors
que nous ne savons pas entendre Dieu quand il nous entraîne sur les chemins de
l’avenir. Est-ce dire enfin que l’homme ne partage pas avec Dieu la même
vision des choses ?
Faut-il croire alors ceux qui se payent de bonnes paroles et qui
attribuent à Dieu un vision de l’avenir
qui va à contresens de l’évolution du monde ? Sans doute ! Mais cela ne va pas sans risque car le monde
n’évolue pas en fonction d’un avenir déterminé
à l’avance par Dieu. C’est le comportement des humains qui le peuplent qui
décident du destin du monde. En fait l’action de Dieu, par la bouche des
prophètes cherche à orienter la
pensée et le comportement des hommes de
telle manière que leurs actions entraineraient une évolution heureuse des choses. Jésus est mort pour avoir voulu affirmer cela
et en faire la plus grande partie de son Evangile. Ce n’est pas de la
responsabilité de Dieu si les hommes font le contraire. Il ne donne pas des
ordres à respecter pour que les choses
aillent bien, mais il propose des comportements. Il discerne pour le monde une ligne de
conduite susceptible d’entrainer l’évolution des choses vers le bienêtre de
tous. Dans le cas contraire ce sera la situation telle que nous la connaissons qui se produira.
Aujourd’hui, des voix se font de plus en plus
éloquentes et reprennent les avertissements
des prophètes de jadis, mais elles se font entendre comme si les hommes du XXI eme siècle qui les
prononcent, découvraient que c’est eux qui inventaient de nouvelles règles du vivre ensemble, comme
si Dieu ne s’était jamais exprimé sur ce sujet depuis l’origine des temps. Les
propos d’Esaïe que l’on s’est empressé
d’oublier avaient été considérés comme utopiques, pourtant ils contenaient les mêmes secrets du vivre
ensemble que l’on retrouve aujourd’hui et selon lesquels l’avenir ne peut se
construire que sur la fraternité et la
bonne entente entre tous les hommes, ainsi que l’harmonie avec la nature. Depuis toujours les prophètes ont dit qu’il
n’y avait aucune légitimité qui permettrait aux uns de se dire supérieurs aux autres
ou de posséder plus que les autres.
Ceci
est tellement vrai que les livres du Deutéronome et du Lévitique prévoyait une remise à zéro de toutes les
situations tous les 49 ans. Il s’agissait d’annuler les dettes, de libérer les
esclaves et de rendre les propriétés à ceux à qui on les avait plus ou moins
légalement prise. C’était l’année sabbatique du Jubilée (Lévitique 25). L’a-t-on un jour appliquée, je ne sais pas?
Mais elle exprimait le désir de Dieu de gérer le monde d’une manière juste qui
ne privilégie personne par rapport à quiconque. Le secret de l’avenir heureux de l’humanité
était non pas de dominer les autres mais de détruire tous les moyens de contrainte
inventés pour supplanter les autres.
Cette sagesse est toujours la même que
celle dont les plus utopistes d’aujourd’hui se réclament, à cette
différence près que ce n’est pas les hommes modernes qui l’ont inventé, mais
c’est Dieu qui l’a exprimé depuis
toujours comme étant un élément significatif pour une évolution heureuse de la
création.
Depuis les origines des Ecritures ce sont ces
mêmes idées qui constituent le message de Dieu. Elles ont souvent été altérées
par le mauvais usage que les hommes en ont fait au nom de leur liberté. Alors
que Dieu envisageait une évolution harmonieuse de l’humanité, ce fut le
contraire que les hommes ont réalisé. Ils ont copié à leur profit ce qu’ils voyaient se
faire dans la nature, et ils se l’ont appliqué à eux-mêmes. Ils se sont
attribué le droit de se dominer les uns sur les autres et d’accorder au plus fort des droits sur le plus faible.
Face à ce principe inhérent à la création, ils ont négligé d’entendre ce
que Dieu disait à ce sujet. Dieu considérait les hommes comme ses auxiliaire
dans le champ du monde pour réguler l’évolution des choses avec sagesse et non
de copier à leur profit ce que Dieu leur suggérait de modifier.
Certes, les hommes avaient tout faux, mais
c’était là le prix de leur liberté. Ils s’en sont pris à eux-mêmes et à leurs
semblables et c’est l’humanité qui en a souffert ! Combien de millions de
leurs semblables sont restés sur le bord
du chemin tandis que ceux qui se prenaient pour l’élite continuaient leur
route, se croyant privilégiés aux yeux
de Dieu dont ils ne savaient pas entendre la voix.
Après leurs semblables, ce fut la terre qui a
souffert de ce pouvoir despotique que les hommes, en tout cas ceux qui se
croyaient en situation de domination,
se sont attribués. Ils se sont mis à
régenter le domaine animal et ont détruit à leur profit l’équilibre de tout ce
qui porte fruit et feuilles. Et
maintenant, quand il est presque trop tard,
c’est leur propre voix que les plus sages d’entre eux écoutent, même si la sagesse qu’elle contient
est le reflet de la propre voix de Dieu, car ils se croient eux-mêmes les
auteurs de ce que Dieu a dit depuis toujours. Pour que ça marche vraiment, il
faudra quand même, en fin de compte, qu’ils
reconnaissent que cette sagesse qu’ils
professent leur vient de Dieu. C’est Jésus Christ qui depuis sa venue sur terre
la crie à leurs oreilles en disant
que la première des choses à faire,
c’est d’aimer et que tout le reste s’imposera par lui-même et que c’est
par là qu’il faut commencer.
C’est ainsi que Jésus a tenté de rendre
compte de la sagesse qu’il avait reçue de Dieu pour la partager avec l’humanité
toute entière.
Les illustrations sont de Rodolphe Arellano, peintre Nicaraguayen
Les illustrations sont de Rodolphe Arellano, peintre Nicaraguayen
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