lundi 28 novembre 2016

Esaïe 52:7-10. Le visage caché du porteur de bonnes nouvelles dimanche 25 décembre 2016



Esaïe 52 :7-10En


7 Qu'ils sont beaux sur les montagnes, Les pieds du messager de bonnes nouvelles, qui publie la paix ! Du messager de très bonnes nouvelles, qui publie le salut ! Qui dit à Sion : Ton Dieu règne ! 8 C'est la voix de tes sentinelles ! Elles élèvent la voix, Elles poussent ensemble des cris de triomphe ; Car de leurs propres yeux elles voient L'Éternel revenir à Sion.9 Éclatez ensemble en cris de triomphe, Ruines de Jérusalem ! Car l'Éternel console son peuple, Il rachète Jérusalem.10 L'Éternel découvre le bras de sa sainteté aux yeux de toutes les nations ; et toutes les extrémités de la terre verront  le salut de notre Dieu.


Chacun d’entre nous a au fond de son esprit une idée, ou même une image de Dieu qui lui sert de référence quand le sujet du divin est évoqué devant lui. Cette représentation lui est personnelle et bien souvent il aurait du mal à la décrire si on le lui demandait.  Pourtant, on pourrait croire que l’image à laquelle il se réfère relève de l’éventail classique des représentations que l’on se fait de  Dieu. Pour être sûr de ne pas  égarer leurs interlocuteurs, certains philosophes disent  ne  pas croire en Dieu. Mais en quel Dieu ne croient-ils pas? Pourrait-on leur rétorquer  tant les représentions mentales qu’on se fait de lui  sont variées.  Elles vont du « pur esprit »  au « Dieu tout puissant créateur », « du Dieu omniprésent et panthéiste »  au « Dieu secret qui se cache derrière la notion d’amour et nous parle au fond de notre cœur ».  Notre référence à lui reste très privée si bien que quand on parle de lui, à part quelques idées généralement partagées, on ne sait pas vraiment de qui on parle.



Et pourtant quand on évoque son nom, on semble se référer à la même réalité, si bien que la conversation que l’on a à son sujet est forcément biaisée parce que sous le même mot se cache une réalité et parfois son contraire. Même si les religions utilisent de nombreux mots pour désigner Dieu, elles se réfèrent croient-elles à la même réalité qui ne se distingue que par quelques nuances  entre les différentes approches   qu’elles font de lui. Selon les uns il est unique, et selon les autres il est trois, selon d’autres encore, derrière son unicité, il cache des quantités de formes divines qui l’apparente au  polythéisme. A la grande surprise de nombreux croyants chrétiens, toutes ces interprétations de la notion de Dieu se retrouvent  dans leur Bible. Un simple exemple suffira à nous éclairer. Dieu est parfois présenté dans les Ecritures sous le mot  pluriel Élohim qui ne correspond pas à la même réalité que Yahvé, et pourtant c’est bien du même  Dieu qu’il s’agit.


Jésus se référait  dans ses discours  à une réalité de Dieu qui était celle du  « Père plein d’amour » qui ne correspondait pas à celle du « Dieu  Juge » de la Loi  sur lequel s’appuyaient les pharisiens. Ainsi en écoutant l’énumération de cette multitude d’approches de Dieu vous vous demandez sans doute où je veux en venir par ce discours déstabilisant.  Vous vous demandez sans doute si je vais vous conseiller de faire le tri et de ne conserver qu’une image qui conviendrait  mieux que les autres, telle celle d’un enfant dans la paille. En fait  pour compliquer un peu plus les choses je  vous invite à   constater que notre liturgie du culte dominicale  ainsi que nos cantiques  font référence à plusieurs aspects du même Dieu,  comme si la réalité de Dieu était si complexe que nous avions besoin  de plusieurs  images de lui pour formuler notre foi. Le « Notre Père » s’adresse  à un Père céleste dont nous devons sanctifier la sainteté, alors que  le Dieu auquel nous adressons notre  confession des péchés est toute intériorité et toute intimité. Il est à la fois le Dieu dont nous redoutons le jugement et le Dieu d’amour dans les bras duquel nous nous laissons  consoler.

Ainsi, nous comprenons que nous ne pouvons nous référer à Dieu  sans utiliser plusieurs images mentales.  Mais toutes ces images relèvent sans doute de la même réalité. Notre expérience personnelle, nous laisse entendre qu’il est bon et qu’il s’intéresse au monde comme à chacun des humains qui habite la terre.  Jésus précise  qu’il se propose de participer à l’établissement de la paix sur terre et qu’il promet  le salut à beaucoup. Il console ceux qui  sont persécutés et s’intéresse à la veuve et à l’orphelin. Tout cela est bel et bon, mais pourquoi n’intervient-il pas avant que nous subissions les effets des catastrophes ? Pourquoi ne gère-t-il pas lui-même ce monde qu’il aime tant ? En posant ces questions  ne  donnerions-nous pas   raison à nos philosophes athées  qui  nient la réalité d’un Dieu qui n’interviendrait pas et ne servirait à rien pour faire avancer les choses ?  Au moment où nous croyons avoir trouvé  une notion de Dieu qui convienne à  tous, voila que ces derniers arguments viennent détruire les  images consensuelles de Dieu que nous avions  réussies à définir.

C’est alors qu’il faut nous souvenir du texte de la prophétie d’Esaïe que j’avais apparemment négligée jusqu’à maintenant. Voila que surgit à notre mémoire ce verset bizarre que nous connaissons tous, que nous évoquons régulièrement  et qui me pose personnellement un problème : « Qu’ils sont beaux sur les montagnes les pieds de ceux qui apportent de bonnes nouvelles ! » De qui le prophète parle-il ?  Et pourquoi parle-il des pieds et non du visage ?  On a  tant écouté ce verset,  on l’a  tant répété qu’on en a on oublié ce qu’il a d’incongru.  Ce sont rarement les pieds de ceux qui parlent qui attirent notre attention, c’est plutôt leur visage. Le prophète parle-t-il de lui et par modestie utilise-t-il la partie la moins noble de sa personne ? Parle-t-il de  Dieu ou de celui qui parle en son nom ?

S’il parle de Dieu, il s’agit d’un Dieu qui a plusieurs visages. Il a tellement de visages qu’on ne sait lequel le caractérise le mieux et le prophète se refuse à trancher entre les différents aspects que peut prendre Dieu, car  il se dissimule derrière chacun de ceux qui sont porteurs de bonne nouvelle. « La bonne nouvelle » est porteuse de paix et de salut pour les nations, « paix » et « salut » sont les deux mots prononcés par le prophète pour caractériser l’authenticité divine du message. Ce sont ces mêmes mots que l’on retrouve dans le message de Noël et dont nous allons développer le sens.

La paix selon Dieu, c’est ce qui concerne la plénitude de l’être, elle  désigne l’harmonie dont nous sommes enveloppés quand Dieu agit en nous. Elle fait de nous des êtres parfaits dans lesquels, chaque individu trouve la réalité que Dieu avait prévue pour lui quand il a été conçu et que les vicissitudes de l’existence  ont altéré. Il veut nous récréer à nouveau, c’est pourquoi il prodigue ses interventions auprès de nous. C’est pour cela qu’il prend tous les visages que lui prêtent les circonstances.  Cette paix correspond à l’état de celui qui est sauvé.  Quand la voix de Dieu nous atteint, elle vise à faire de nous ces êtres parfaits dont le destin s’accomplit en Dieu. C’est ce destin qu’il nous promet, qui se réalisera si nous nous efforçons de mettre nos pas dans les siens. Dieu donc s’acharne par tous les moyens à nous faire comprendre qu'il partage  notre destin. C’est cette vérité qui se dégage de l’événement de Noël.

Pour que nous comprenions ce projet qu’il a pour nous, Dieu s’offre à nous sous tous les visages que la situation du moment lui donne de prendre. Ils peuvent être conformes à l’image que nous nous faisons habituellement  de Dieu, mais ils peuvent ressembler au visage qu’affichent  tant d’autres témoins de la bonne nouvelle tel celui de l’enfant de Noël. Il est faible et impuissant mais il porte en lui la réalité de ce Dieu avec lequel nous sommes tous  appelés à assumer notre  destin quoi qu’il arrive et quels que soient les obstacles qui se mettent en travers de notre route.  Tous les moyens  sont bons pour Dieu  pour nous faire parvenir  ce message. Le philosophe athée  découvrira peut être  alors, le visage de Dieu qu’il récuse, mais ce visage prendra le plus souvent  les traits  du visage de Jésus Christ, non pas l’enfant de la crèche, mais celui de l’homme adulte  qui meurt, rejeté par les autres pour avoir prétendu que le but ultime de Dieu était que tous les hommes puissent s’épanouir en Dieu en harmonie avec lui, sans aucune contrainte et en dépit des menaces qui traversent le monde.

Ainsi, dans une fresque qui nous réjouit, le prophète nous présente-t-il notre Dieu dont il dissimule le visage afin que nous puissions le rencontrer dans toutes les situations où nous nous trouvons C’est pourquoi il parle de ses pieds pour mieux dissimuler  la  multiplicité de visages derrière lesquels il se révèle.

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