Esaïe
52 :7-10En
7 Qu'ils sont beaux sur les montagnes, Les pieds du
messager de bonnes nouvelles, qui publie la paix ! Du messager de très
bonnes nouvelles, qui publie le salut ! Qui dit à Sion : Ton Dieu
règne ! 8 C'est la voix de tes sentinelles ! Elles
élèvent la voix, Elles poussent ensemble des cris de triomphe ; Car de
leurs propres yeux elles voient L'Éternel revenir à Sion.9 Éclatez ensemble en cris de triomphe, Ruines de
Jérusalem ! Car l'Éternel console son peuple, Il rachète Jérusalem.10 L'Éternel découvre le bras de sa sainteté aux
yeux de toutes les nations ; et toutes les extrémités de la terre verront le salut de notre Dieu.
Et pourtant quand on évoque son nom, on
semble se référer à la même réalité, si bien que la conversation que l’on a à
son sujet est forcément biaisée parce que sous le même mot se cache une réalité
et parfois son contraire. Même si les religions utilisent de nombreux mots pour
désigner Dieu, elles se réfèrent croient-elles à la même réalité qui ne se distingue
que par quelques nuances entre les
différentes approches qu’elles font de lui. Selon les uns il est
unique, et selon les autres il est trois, selon d’autres encore, derrière son
unicité, il cache des quantités de formes divines qui l’apparente au polythéisme. A la grande surprise de nombreux
croyants chrétiens, toutes ces interprétations de la notion de Dieu se
retrouvent dans leur Bible. Un simple
exemple suffira à nous éclairer. Dieu est parfois présenté dans les Ecritures sous
le mot pluriel Élohim qui ne correspond
pas à la même réalité que Yahvé, et pourtant c’est bien du même Dieu qu’il s’agit.
Ainsi, nous comprenons que nous ne pouvons
nous référer à Dieu sans utiliser
plusieurs images mentales. Mais toutes
ces images relèvent sans doute de la même réalité. Notre expérience
personnelle, nous laisse entendre qu’il est bon et qu’il s’intéresse au monde
comme à chacun des humains qui habite la terre.
Jésus précise qu’il se propose de
participer à l’établissement de la paix sur terre et qu’il promet le salut à beaucoup. Il console ceux qui sont persécutés et s’intéresse à la veuve et
à l’orphelin. Tout cela est bel et bon, mais pourquoi n’intervient-il pas
avant que nous subissions les effets des catastrophes ? Pourquoi ne
gère-t-il pas lui-même ce monde qu’il aime tant ? En posant ces questions ne donnerions-nous pas raison à nos philosophes athées qui nient la réalité d’un Dieu qui
n’interviendrait pas et ne servirait à rien pour faire avancer les
choses ? Au moment où nous croyons
avoir trouvé une notion de Dieu qui
convienne à tous, voila que ces derniers
arguments viennent détruire les images
consensuelles de Dieu que nous avions réussies
à définir.
C’est alors qu’il faut nous souvenir du texte
de la prophétie d’Esaïe que j’avais apparemment négligée jusqu’à maintenant.
Voila que surgit à notre mémoire ce verset bizarre que nous connaissons tous,
que nous évoquons régulièrement et qui
me pose personnellement un problème : « Qu’ils sont beaux sur les
montagnes les pieds de ceux qui apportent de bonnes nouvelles ! » De
qui le prophète parle-il ? Et
pourquoi parle-il des pieds et non du visage ? On a
tant écouté ce verset, on l’a tant répété qu’on en a on oublié ce qu’il a d’incongru. Ce sont rarement les pieds de ceux qui
parlent qui attirent notre attention, c’est plutôt leur visage. Le prophète
parle-t-il de lui et par modestie utilise-t-il la partie la moins noble de sa
personne ? Parle-t-il de Dieu ou de
celui qui parle en son nom ?
S’il parle de Dieu, il s’agit d’un Dieu qui a
plusieurs visages. Il a tellement de visages qu’on ne sait lequel le
caractérise le mieux et le prophète se refuse à trancher entre les différents
aspects que peut prendre Dieu, car il se
dissimule derrière chacun de ceux qui sont porteurs de bonne nouvelle. « La
bonne nouvelle » est porteuse de paix et de salut pour les nations, « paix »
et « salut » sont les deux mots prononcés par le prophète pour
caractériser l’authenticité divine du message. Ce sont ces mêmes mots que l’on
retrouve dans le message de Noël et dont nous allons développer le sens.
La paix selon Dieu, c’est ce qui concerne la
plénitude de l’être, elle désigne l’harmonie
dont nous sommes enveloppés quand Dieu agit en nous. Elle fait de nous des
êtres parfaits dans lesquels, chaque individu trouve la réalité que Dieu avait
prévue pour lui quand il a été conçu et que les vicissitudes de l’existence ont altéré. Il veut nous récréer à nouveau,
c’est pourquoi il prodigue ses interventions auprès de nous. C’est pour cela
qu’il prend tous les visages que lui prêtent les circonstances. Cette paix correspond à l’état de celui qui
est sauvé. Quand la voix de Dieu nous
atteint, elle vise à faire de nous ces êtres parfaits dont le destin
s’accomplit en Dieu. C’est ce destin qu’il nous promet, qui se réalisera si nous
nous efforçons de mettre nos pas dans les siens. Dieu donc s’acharne par tous
les moyens à nous faire comprendre qu'il partage notre destin. C’est cette vérité
qui se dégage de l’événement de Noël.
Pour que nous comprenions ce projet qu’il a
pour nous, Dieu s’offre à nous sous tous les visages que la situation du moment
lui donne de prendre. Ils peuvent être conformes à l’image que nous nous
faisons habituellement de Dieu, mais ils
peuvent ressembler au visage qu’affichent tant d’autres témoins de la bonne nouvelle tel
celui de l’enfant de Noël. Il est faible et impuissant mais il porte en lui la
réalité de ce Dieu avec lequel nous sommes tous appelés à assumer notre destin quoi qu’il arrive et quels que soient
les obstacles qui se mettent en travers de notre route. Tous les moyens sont bons pour Dieu pour nous faire parvenir ce message. Le philosophe athée découvrira peut être alors, le visage de Dieu qu’il récuse, mais
ce visage prendra le plus souvent les
traits du visage de Jésus Christ, non
pas l’enfant de la crèche, mais celui de l’homme adulte qui meurt, rejeté par les autres pour avoir
prétendu que le but ultime de Dieu était que tous les hommes puissent
s’épanouir en Dieu en harmonie avec lui, sans aucune contrainte et en dépit des
menaces qui traversent le monde.
Ainsi, dans une fresque qui nous réjouit, le
prophète nous présente-t-il notre Dieu dont il dissimule le visage afin que
nous puissions le rencontrer dans toutes les situations où nous nous trouvons
C’est pourquoi il parle de ses pieds pour mieux dissimuler la multiplicité
de visages derrière lesquels il se révèle.
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