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16 Ce que je t'ordonne aujourd'hui, c'est d'aimer le SEIGNEUR, ton Dieu, de suivre ses voies et d'observer ses commandements, ses prescriptions et ses règles, afin que tu vives et que tu te multiplies, et que le SEIGNEUR, ton Dieu, te bénisse dans le pays où tu entres pour en prendre possession. 17 Mais si ton cœur se détourne, si tu n'écoutes pas et si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d'autres dieux et à les servir, 18 je vous le dis aujourd'hui, vous disparaîtrez ; vous ne prolongerez pas vos jours sur la terre où tu entres pour en prendre possession en passant le Jourdain. 19 J'en prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance, 20 en aimant le SEIGNEUR, ton Dieu, en l'écoutant et en t'attachant à lui : c'est lui qui est ta vie, la longueur de tes jours, pour que tu habites sur la terre que le SEIGNEUR a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob.
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Si on
veut bien se mettre en concordance avec l’opinion qui court dans ce pays, tout enfant qui vient au monde doit
avoir la possibilité de parcourir normalement les 62 ou les 65 années de vie qui suivent sa naissance avant d’avoir droit à une
retraite qui lui permettra d’arrêter de travailler et de couler ses vieux jours
sans trop de désagréments. Mais les
aléas de l’histoire et l’activité des robots dont ont dit qu’ils lui prendront son
travail lui permettront-ils d’atteindre
ce but ? C’est la tête toute pleine de
ces affirmations qui ont cours ces
temps-ci dans l’existence de nos
contemporains que je reçois l’exhortation de ce texte. : « Je mets
devant toi la vie et le bien, la mort et le mal ».
Ici c’est
Dieu qui nous place devant un choix d’existence que les politologues
contemporains ne semblent pas envisager. Il s’agit du libre choix de la vie que
nous voulons mener en fonction de
l’action que Dieu mène en nous. En effet, les propos qui motivent aujourd’hui tous nos
choix sont d’une autre nature. On nous dit que notre avenir est
conditionné par notre niveau
d’éducation, par nos diplômes, par les écoles que nous avons fréquentées et
accessoirement par nos talents personnels. Le niveau de vie de nos parents est aussi à prendre en compte. Mais nulle part il
est question du regard de Dieu sur tout cela.
Cette
parole de Dieu est prononcée par Moïse
au terme d’une longue marche de 40
ans dans le désert pour un peuple qui en
a plein les jambes de ce déplacement incessant vers un terre promise dont
l’horizon ne s’approche que lentement. Les paroles que leur adresse le vieux
prophète semblent leur dire que ce n’est pas fini. Derrière eux
c’est le désert avec la soif et la faim, et les scorpions en supplément ; devant eux se profilent les contours d’un pays
neuf dont il faudra faire la conquête et traverser les eaux d’un fleuve qui
coule en travers du chemin. C’est là le prix de la vie que Dieu leur promet.
Ils ne savent pas encore, que la fin du vieux chef qui les exhorte est déjà
programmée et qu’il va les laisser seuls face à l’inconnu. Tel est le défit qui
s’offre à eux, tel est le défit qui s’offre aussi à nous ou au bébé qui vint de naître avec tous les
impondérables que nous connaissons.
C’est
quand même la situation personnelle de Moïse qui nous interpelle. Il parle d’un
projet de vie pour tous, alors que sa propre mort est déjà programmée. Cela
signifie donc que la mort qui l’attend fait partie du programme de vie que Dieu
met en place pour tous. Cela veut donc dire que la mort, quand elle entre dans le projet
de Dieu perd son aspect dramatique, c’est la mort sans Dieu qui est dramatique. La
mort en Dieu n’est qu’un des aspects de
la vie. Elle porte en elle sa part de
bénédiction comme cela nous est décrit dans la mort du patriarche. Sa tâche accomplie le souffle de Moïse est
absorbé dans le souffle de Dieu qui
l’emporte avec lui pour le conserver
dans son secret (Deutéronome 34). Mais face à cette sérénité apparente de Dieu,
c’est l’impression de lassitude de son peuple que nous discernons, pourtant, il ne pourra avancer que s’il entre dans un
projet de vie que Dieu prépare pour lui, sans quoi il n’aura d’autre issue que la mort sans Dieu.
Il
semblerait donc que nous, ne sommes jamais sur la même longueur d’onde que Dieu
car si Dieu entrevoit un avenir sans fin où vie et
espérance se confondent, les hommes au contraire, quand ils font des projets commencent d’abord par
voir leur avantage immédiat qui cessera le plus tard possible. Dieu pour sa
part n’envisage pas de fin aux projets où il nous entraîne, cependant il n’exclut
ni les obstacles ni les contretemps, ni les difficultés. Dieu inscrit les
hommes qui le suivent dans des programmes que rien ne saurait interrompre, car si la vie
a un terme, elle ne se termine pas pour Dieu par la mort.
Ce texte
a pour but de nous rendre sensibles au fait que nous devons envisager les projets de vie que nous formulons, d’une autre manière que celle que nous envisageons
d’habitude. C’est la qualité de
vie qui résultera de ces projets qui
a de l’importance aux yeux de Dieu, non
pas pour nous en particulier, mais pour tous ceux qui entrent avec nous dans le
même concept de vie. La vie selon Dieu dépasse l’existence particulière des
individus mais concerne tout ce qui
respire sur terre.
Quand ce
même Moïse, par la voix duquel Dieu nous exhorte ce matin, rencontre Dieu pour
la première fois, c’est dans un buisson qui brûle sans s’éteindre qu’il le
rencontre, c’est par une flamme qui ne détruit pas ce qui la fait vivre que
Dieu se manifeste. Pour rendre compte du phénomène, Dieu fait entendre sa voix
et se présente comme « celui qui est ». Il se définit comme un présent qui ne finit pas. Ce
buisson qui brûle sans s’éteindre et cette parole qui définit Dieu sont
les seuls éléments qui sont donnés à
Moïse pour concevoir la vie dans laquelle Dieu veut engager les hommes à sa suite à la sortie du désert.
Une autre définition de la vie en Dieu, pour
compléter celle-ci sera donnée bien plus tard par Jésus, c’est celle de la
résurrection en vertu de laquelle, Jésus lui-même qui bien que mort, continue à
vivre en Dieu et au milieu des hommes.
Quiconque
se place sous le regard de Dieu pour
entrer dans un projet quel qu’il soit est donc invité à l’inscrire dans la perspective de vie que
Dieu lui donne. Il reçoit alors de lui l’énergie nécessaire pour avancer, le
désir de réussir et l’espérance que Dieu
lui donne pour continuer son parcours dont Dieu ne sera jamais absent à ses
côtés. Bien évidemment, tous les projets dans lesquels nous entrons avec
Dieu pour témoin font partie de ce
programme de vie par lequel Dieu se rend présent au monde.
On a pris
l’habitude d utiliser ce passage des
Ecritures lors des cultes de Confirmation et à s’en servir pour adresser un
message aux jeunes pour les exhorter sur
le chemin de la vie. Mais si on remet ce texte dans son contexte, nous découvrons ici qu’il ne
s’agit pas ici de débutants qui
s’ouvrent à la vie. Il s’agit d’un peuple rompu aux expériences de la
route, et fatigué de toujours avancer sans voir le terme de son parcours. C’est
à des gens en marche que Dieu s’adresse
pour leur dire que la route en compagnie de Dieu ne s’arrête jamais et que les
choix de vie se font continuellement , car Dieu qui nous accompagne ne cesse
jamais de nous accompagner, jeunes ou vieux sur la route qui donne du sens à
l’humanité.
Dans les
temps que nous vivons, nous nous aventurons
sur les chemins de l’existence
dans un contexte où les choix semblent nous être imposés par les hasards de
l’existence. Nous n’avons pas l’impression que Dieu y soit pour quelque chose
et nous décidons de nos orientations en fonctions de critères où
Dieu n’est pas concerné. C’est donc avec le poids de ces incertitudes que nous
ne pouvons éviter de nous tourner vers Dieu pour lui dire la charge que nous
portons afin qu’il donne du sens à ce que nous faisons. En effet, quelques soient les circonstances qui motivent nos
choix, le seul critère qui doit déterminer les autres, c’est de demander à Dieu de jeter un œil sur ce que
nous entreprenons et de nous aider à le faire en fonction de l’éclairage que lui seul peut nous donner.
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