samedi 28 janvier 2017

Deutéronome 30 15-20 - Dimanche 12 février 2017



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15 Regarde, j'ai placé aujourd'hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur.


16 Ce que je t'ordonne aujourd'hui, c'est d'aimer le SEIGNEUR, ton Dieu, de suivre ses voies et d'observer ses commandements, ses prescriptions et ses règles, afin que tu vives et que tu te multiplies, et que le SEIGNEUR, ton Dieu, te bénisse dans le pays où tu entres pour en prendre possession. 17 Mais si ton cœur se détourne, si tu n'écoutes pas et si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d'autres dieux et à les servir, 18 je vous le dis aujourd'hui, vous disparaîtrez ; vous ne prolongerez pas vos jours sur la terre où tu entres pour en prendre possession en passant le Jourdain. 19 J'en prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance, 20  en aimant le SEIGNEUR, ton Dieu, en l'écoutant et en t'attachant à lui : c'est lui qui est ta vie, la longueur de tes jours, pour que tu habites sur la terre que le SEIGNEUR a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob.
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Si on veut bien se mettre en concordance avec l’opinion qui court dans ce  pays, tout enfant qui vient au monde doit avoir la possibilité de parcourir normalement  les 62 ou les 65  années de vie qui suivent  sa naissance avant d’avoir droit à une retraite qui lui permettra d’arrêter de travailler et de couler ses vieux jours sans trop de désagréments.  Mais les aléas de l’histoire et l’activité des robots dont ont dit qu’ils lui prendront son travail  lui permettront-ils d’atteindre ce but ? C’est la tête toute pleine de  ces affirmations  qui ont cours ces temps-ci dans l’existence  de nos contemporains que je reçois l’exhortation de ce texte. : « Je mets devant toi la vie et le bien, la mort et le mal ».

Ici c’est Dieu qui nous place devant un choix d’existence que les politologues contemporains ne semblent pas envisager. Il s’agit du libre choix de la vie que nous voulons mener en fonction  de l’action que Dieu mène en nous. En effet,  les propos qui motivent aujourd’hui tous nos choix sont d’une autre nature. On nous dit que notre avenir est conditionné  par notre niveau d’éducation, par nos diplômes, par les écoles que nous avons fréquentées et accessoirement par nos talents personnels. Le niveau de vie de nos parents  est  aussi à prendre en compte. Mais nulle part il est question du regard de Dieu sur tout cela.

Cette parole de Dieu est prononcée par Moïse  au terme d’une longue marche de  40 ans dans le désert pour un peuple  qui en a plein les jambes de ce déplacement incessant vers un terre promise dont l’horizon ne s’approche que lentement. Les paroles que leur adresse le vieux prophète semblent leur dire que ce n’est pas fini.  Derrière eux  c’est le désert avec la soif et la faim,  et les scorpions en supplément ;  devant eux se profilent les contours d’un pays neuf dont il faudra faire la conquête et traverser les eaux d’un fleuve qui coule en travers du chemin. C’est là le prix de la vie que Dieu leur promet. Ils ne savent pas encore, que la fin du vieux chef qui les exhorte est déjà programmée et qu’il va les laisser seuls face à l’inconnu. Tel est le défit qui s’offre à eux, tel est le défit qui s’offre aussi à nous  ou au bébé qui vint de naître avec tous les impondérables que nous connaissons.

C’est quand même la situation personnelle de Moïse qui nous interpelle. Il parle d’un projet de vie pour tous, alors que sa propre mort est déjà programmée. Cela signifie donc que la mort qui l’attend fait partie du programme de vie que Dieu met en place pour tous.  Cela veut  donc dire  que la mort, quand elle entre dans le projet de Dieu perd son aspect  dramatique,  c’est la mort sans Dieu qui est dramatique. La mort en Dieu  n’est qu’un des aspects de la vie. Elle  porte en elle sa part de bénédiction comme cela nous est décrit dans la mort du patriarche.  Sa tâche accomplie le souffle de Moïse est absorbé dans le souffle de  Dieu qui l’emporte  avec lui pour le conserver dans son secret  (Deutéronome 34).  Mais face à cette sérénité apparente de Dieu, c’est l’impression de lassitude de son peuple que nous discernons, pourtant,  il ne pourra avancer que s’il entre dans un projet de vie que Dieu prépare pour lui, sans quoi il n’aura d’autre  issue que la mort sans Dieu.

Il semblerait donc que nous, ne sommes jamais sur la même longueur d’onde que Dieu  car si Dieu  entrevoit un avenir sans fin où vie et espérance se confondent, les hommes au contraire, quand  ils  font des projets commencent d’abord  par  voir leur avantage  immédiat  qui  cessera le plus tard possible.  Dieu  pour  sa part n’envisage pas de fin aux projets où il nous entraîne, cependant il n’exclut ni les obstacles ni les contretemps, ni les difficultés. Dieu inscrit les hommes qui le suivent  dans des  programmes  que rien ne saurait interrompre, car si la vie a un terme, elle ne se termine pas pour Dieu par la mort.

Ce texte a pour but de nous rendre sensibles au fait que nous devons envisager les  projets de vie que nous formulons,  d’une autre manière que celle que nous  envisageons  d’habitude. C’est la  qualité de vie qui résultera  de ces projets qui a  de l’importance aux yeux de Dieu, non pas pour nous en particulier, mais pour tous ceux qui entrent avec nous dans le même concept de vie. La vie selon Dieu dépasse l’existence particulière des individus mais concerne tout ce  qui respire sur terre.

Quand ce même Moïse, par la voix duquel Dieu nous exhorte ce matin, rencontre Dieu pour la première fois, c’est dans un buisson qui brûle sans s’éteindre qu’il le rencontre, c’est par une flamme qui ne détruit pas ce qui la fait vivre que Dieu se manifeste. Pour rendre compte du phénomène, Dieu fait entendre sa voix et se présente comme « celui qui est ». Il se  définit comme un présent qui ne finit pas. Ce buisson qui brûle sans s’éteindre et cette parole qui définit Dieu sont les  seuls éléments qui sont donnés à Moïse pour concevoir la vie dans laquelle Dieu veut engager  les hommes à sa suite à la sortie du désert. Une autre définition de la vie en Dieu,  pour compléter celle-ci sera donnée bien plus tard par Jésus, c’est celle de la résurrection en vertu de laquelle, Jésus lui-même qui bien que mort, continue à vivre en Dieu et au milieu des hommes.

Quiconque se place sous le regard de Dieu pour  entrer dans un projet quel qu’il soit est donc invité  à l’inscrire dans la perspective de vie que Dieu lui donne. Il reçoit alors de lui l’énergie nécessaire pour avancer, le désir de réussir  et l’espérance que Dieu lui donne pour continuer son parcours dont Dieu ne sera jamais absent à ses côtés. Bien évidemment, tous les projets dans lesquels nous entrons   avec Dieu pour témoin  font partie de ce programme de vie par lequel Dieu se rend présent au monde.

On a pris l’habitude d utiliser  ce passage des Ecritures lors des cultes de Confirmation et à s’en servir pour adresser un message aux jeunes pour les exhorter  sur le chemin de la vie. Mais si on remet ce texte dans son contexte, nous découvrons  ici qu’il ne  s’agit pas ici de débutants qui  s’ouvrent à la vie. Il s’agit d’un peuple rompu aux expériences de la route, et fatigué de toujours avancer sans voir le terme de son parcours. C’est à des gens  en marche que Dieu s’adresse pour leur dire que la route en compagnie de Dieu ne s’arrête jamais et que les choix de vie se font continuellement , car Dieu qui nous accompagne ne cesse jamais de nous accompagner, jeunes ou vieux sur la route qui donne du sens à l’humanité.

Dans les temps que nous vivons, nous nous aventurons    sur les chemins de l’existence dans un contexte où les choix semblent nous être imposés par les hasards de l’existence. Nous n’avons pas l’impression que Dieu y soit pour quelque chose et nous  décidons de   nos orientations en fonctions de critères où Dieu n’est pas concerné. C’est donc avec le poids de ces incertitudes que nous ne pouvons éviter de nous tourner vers Dieu pour lui dire la charge que nous portons afin qu’il donne du sens à ce que nous faisons. En effet, quelques  soient les circonstances qui motivent nos choix, le seul critère  qui doit  déterminer les autres, c’est  de demander à Dieu de jeter un œil sur ce que nous entreprenons et de nous aider à le faire en fonction de l’éclairage  que lui seul peut nous donner.

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