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Recherchez le SEIGNEUR, vous tous les humbles de la terre, qui mettez en
pratique le droit qu’il a établi : recherchez la justice, recherchez
l’humilité, Peut-être serez-vous à l’abri au jour de la colère du SEIGNEUR.
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Je maintiendrai au milieu de toi un reste de gens humbles et pauvres ;
ils chercheront refuge dans le nom du SEIGNEUR.13
Le reste d’Israël ne commettra plus d’iniquité ; ils ne diront plus de
mensonges, on ne surprendra plus dans leur bouche de langage trompeur ; mais
ils pourront paître et se reposeront sans personne pour les faire trembler.
L’histoire du
monde ne s’écrit pas d’une manière linéaire si bien que les hommes ont du mal à
en saisir le sens ce qui leur donne l’impression de ne pas maîtriser leur
destin et d’être emportés par le hasard qui ne leur permet pas de
contrôler les événements. Une seule règle semble devoir s’imposer au
déroulement de l’histoire, c’est celle selon laquelle la raison du plus
fort est toujours la meilleure. C’est elle qui décide momentanément de la
marche des choses. Pourtant un élément impondérable vient casser
cette belle ordonnance et empêche que l’on puisse prévoir l’avenir. Tout
à coup, sans crier gare, le plus fort cesse de l’être. Cela s’explique
sans doute après coup mais cela ne se prévoit pas. La roue de
l’histoire se met tout à coup à tourner dans l'autre sens et défavorise celui
qui se croyait supérieur aux autres
Comment Alexandre le
grand, Gengis Khan ou Napoléon sont-ils devenus les maîtres de monde sans que
rien ne le laisse prévoir ? D’autres qu’eux sans doute avaient les mêmes
qualités et n’ont pas fait les mêmes choses. Le mystère reste entier. Pourquoi
la puissante Ninive a-t-elle été vaincue par la puissante Babylone devenue
plus puissante qu’elle ? Une grande partie de l’histoire biblique repose
sur cette énigme. Mais face à ces blocs qui se sont affrontés, le petit
royaume d’Israël n’a jamais fait le poids et a été balayé par la tourmente
provoquée par l’empire de Ninive en mal de puissance. Le faible Royaume de Juda
ne lui a survécu qu’un siècle et demi grâce à son insignifiance et a
finalement été balayé à son tour, par la puissance de Babylone cette
fois, quand ce petit royaume a voulu relever la tête. Cela ne l’a pas
empêché de plus tard espérer un renversement de l’histoire en sa faveur,
grâce à un nouveau maître qui venait de s’imposer au monde : Cyrus. C’est
là encore une énigme ! Mais peu importe si on se perd dans ces
entrelacs difficiles de l’histoire car c’est en répondant à cette
énigme que l’on verra comment le doigt de Dieu intervient dans
l’histoire. C’est à cette question que répond aujourd’hui le prophète Sophonie.
Dieu joue-t-il un
rôle dans la rivalité entre les puissances et prend-il part dans leurs
conflits pour orienter l’histoire en faveur des petits comme le dit le
prophète? Il faut aussi se poser la question subsidiaire: Si Dieu
prend en considération le sort des petits, pourquoi le fait-il si
discrètement ? Personne n’a vraiment autorité pour éclairer ce mystère,
mais les prophètes d’Israël, s’y sont risqués. Ils ont fait des efforts pour
écouter Dieu afin de saisir le font de sa pensée. C’est là où nous en sommes.
Sophonie, pris
au cœur de la tourmente n’a pas pu se taire et il a laissé entendre que tout
cela pouvait avoir du sens. Apparemment Dieu se mêlerait à l’histoire en
promettant de toujours maintenir un petit reste de croyants,
fidèles à sa parole qui changeraient par leurs actions le
cours de l’histoire malgré leur petits nombre, car Dieu ne veut pas que
l’histoire s’écrive sans lui.
Dieu
interviendrait auprès des hommes, par sa parole. Ce serait le rôle des
prophètes de la décrypter. Jésus après eux y a consacré tout son
ministère et a révélé la volonté profonde de Dieu pour le monde.
Ainsi Dieu fait-il le pari qu’il y aurait toujours un minimum d’hommes,
pour comprendre sa parole, pour l’interpréter en fonction du moment et pour
faire évoluer l’histoire dans le sens que Dieu voudrait lui donner.
Dieu
construit donc son projet pour le monde sur un défit et une promesse. Le défit
est celui que la vie sera toujours la plus forte, la promesse, c’est que
toujours quelqu’un sera capable de relever le défit, fut-il un homme tout
seul, aussi insignifiant que personne ne le remarquera. Ainsi
va l’histoire !
Laissons-nous
maintenant emporter par la pensée à l’époque d’Astérix le gaulois alors
que l’histoire du monde s’écrivait par la violence des
légions romaines qui renversaient les trônes,
annexaient les états et usurpaient de partout le pouvoir. La paix romaine
imposait sa loi au monde antique. Qui a fait attention à ce mouvement
là, à cet incident produit dans une lointaine province d’Orient,
quand une fête locale s’acheva par l’exécution sommaire d’un homme qui
avait osé défier les autorités religieuses du lieu.
Il avait osé
prétendre avoir décrypté à sa façon les Ecritures sacrées de son
peuple. Elles l’enjoignaient selon lui à n’agir que par amour, à parler
d’égalité et de partage et à se comporter comme si tous les hommes
étaient des frères. Qui a pensé que l’on était en train de mettre à mort
le plus farouche adversaire des puissants et que sa voix de mourant était
en train d’ébranler jusque dans ses fondements, l’empire qui dominait le monde ?
Qui a compris qu’une autre idée de Dieu était en train de
s’exprimer par lui et allait faire école, et qu’une autre conception des
relations entre les hommes allait s’emparer des sociétés ?
L’idée n’était même
pas originale en soi. La Tora, le livre sacré des juifs prodiguait déjà de
telles idées, et au-delà des frontières de l’empire d’autres philosophes
avaient émis des idées semblables. Cependant, il était évident qu’une telle
utopie généreuse n’avait aucune chance de s’imposer. Il était évident
qu’on ne pouvait s’opposer aux lois de la nature qui avait instauré
la rivalité entre les espèces et l’inégalité entre les races. Le pouvoir
resterait toujours aux mains des plus forts. Le lion serait toujours supérieur
au rat même si les fables d’Ésope disaient le contraire (1). Mais qui avait
lu Ésope ?
Des hommes en armes prendraient toujours le pas sur des va-nu-pieds sans défense avides de philosopher.
Des hommes en armes prendraient toujours le pas sur des va-nu-pieds sans défense avides de philosopher.
Certes les prophètes
savaient confusément qu’en prêchant l’espérance à des peuples vaincus et
humiliés, ils disaient une vérité qui leur venaient de Dieu. Mais savaient-ils
qu’ils allumaient le flambeau d’une parole qui par
l’entremise de Jésus allaient embraser le monde entier. De proches en proches,
de victimes en victimes, l’étincelle de l’espérance attendait que ces
idées prennent feu. Une poignée d’illuminés disaient à qui voulait
l’ entendre que la parole de Dieu avait incarné son espérance dans un homme
trop humble en son temps pour qu’on prenne garde à lui, trop fragile pour
qu’on le croit dangereux, trop faible pour qu’on redoute sa puissance. Pourtant
sa force de conviction s’est emparée du monde.
Malheureusement, si
elle a contribué à modifier le monde romain de fonds en comble, la parole
de Dieu n'a rien changé vraiment, car en s’universalisant elle s’est
dévoyée. Elle a changé de camp et elle est passée dans celui des
puissants. Elle a alors perdu sa force de conviction en devenant
l’instrument des gens de pouvoir. Son fondement basé sur la fraternité et le
partage a été oublié, si bien que Dieu est à nouveau redevenu inaudible. A
nouveau tout était à refaire. On s’est plu à croire,
pour mieux noyer le poisson, que ce qui devait se produire sur
terre se réaliserait au ciel. On a mis ainsi dans
l’esprit des croyants qu’il y aurait un paradis pour plus tard dans
un autre monde pour accueillir ceux qui auraient su plaire à Dieu.
Mais ce serait une
profonde erreur de croire que les choses pourraient finir ainsi. Le
message des prophètes, incarné dans la parole de Dieu en Jésus Christ
continue encore aujourd’hui à transmettre l’espérance. Il s’appuie sur cette
promesse de Dieu selon laquelle il y aura toujours un petit reste fidèle à la
parole de Dieu telle que Jésus l’a enseignée. Elle contient un formidable
message d’amour capable de défier tous les tyrans. C’est par ceux qui ont
compris cela que Dieu continue à orienter l’histoire et c’est par eux qu’il
s’oppose aux puissances nuisibles. Cette espérance de vie que Dieu met en nous
aura toujours la capacité d’entrainer le monde jusque dans l’éternité de
Dieu telle qu’il l’a conçue au commencement.
(1) Le lion
et la souris chez Ésope, le Lion et le rat chez La Fontaine
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