Je reprends à peu de modifications près le sermon que j'avais proposé à la même date en 2012. J'attire cependant votre attention sur l'actualité catastrophique de la situation en Californie.
24 Mais en ces
jours-là, après cette détresse-là,
le soleil s'obscurcira,
la lune ne donnera plus sa
clarté,
25 les étoiles tomberont
du ciel,
et les puissances qui sont
dans les cieux seront ébranlées.
26 Alors on verra le Fils
de l'homme venant sur les nuées avec beaucoup de puissance, avec gloire. 27
Alors il enverra les anges et rassemblera des quatre vents, de l'extrémité de
la terre jusqu'à l'extrémité du ciel, ceux qu'il a choisis.
28 Laissez-vous instruire
par la parabole tirée du figuier : dès que ses branches deviennent tendres
et que les feuilles poussent, vous savez que l'été est proche. 29 De même, vous
aussi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez qu'il est proche, aux
portes.
30 Amen, je vous le dis, cette
génération ne passera pas que tout cela n'arrive. 31 Le ciel et la terre
passeront, mais mes paroles ne passeront pas.
Dieu seul connaît le
moment de la fin
32 Pour ce qui est du jour
ou de l'heure, personne ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas
même le Fils, mais le Père seul.
Jésus avait-il la même
conception que nous de la fin des temps ? Voyait-il le déroulement de
l’histoire de la même manière que ses contemporains?
- Sans doute pas. Nous
allons nous aventurer ce matin sur un terrain glissant dont les sectes se sont
emparées : celui du grand jour final. Discrètement nos églises,
leur ont laissé la place. Pourtant, de temps en temps il est bon que l’on fasse
le point sur la question. En fait, qu’en est-il de cette question?
Notre vision des choses
finales est faite de craintes et d’inquiétudes car nous avons pris
l’habitude de croire que le monde courrait vers une fin catastrophique. A
force de l’imaginer et de le croire nous avons fini par être persuadés
que telle était la vision de Jésus lui-même. Pour nous conforter dans cette
idée là, nous avons fini par sélectionner dans l’Ecriture les textes qui
confortaient l’hypothèse d’une fin violente et nous avons ignoré les autres. Or
dans ce passage l’Evangile utilise plusieurs interprétations qui ont été plus
ou moins volontairement entremêlées par les auteurs, même si elles sont
en contradiction les unes avec les autres.
L’auteur de l’Evangile
emprunte d’abord une vision à Esaïe qui décrit des événements cosmiques inquiétants
: « la lune s’obscurcira, les étoiles tomberont... » puis il cite le
prophète Daniel disant qu’alors viendra le fils de l’homme. Ensuite l’auteur
raconte comment en bon observateur des choses le croyant peut repérer la
venue du Fils de l’homme seulement en regardant les rameaux verdir au
printemps.
A la fin du récit, l’auteur
prête à Jésus des propos plus inquiétants en suggérant une fin tragique
pour le monde avant la fin de cette génération. Vu le mélange
des genres rassemblés ici en quelques lignes, on peut se demander si Jésus
pense à une fin tragique du monde ou s’il suggère que le mode est
en train d’accomplir calmement son destin ? Vous avez déjà compris,
que je ne vais pas trancher sans avoir vraiment compris de quoi Jésus parle. Il
dit encore que nul ne connaît ni le jour ni l’heure, pas même le Fils,
c’est-à-dire qu’il n’y a pas urgence à s’inquiéter. Cette question ne
nous concerne donc pas directement et nous n’avons donc pas à nous la
poser.
Mais alors de quoi est-il
question quand l’Evangéliste Marc emprunte à Esaïe cette histoire
d’étoiles qui tombent ou de ciel qui s’obscurcit, et pourquoi dit-il encore que
c’est aussi évident que la venue du printemps ? En fait il ne parle pas de
la fin des temps ou de la fin du monde, mais de la venue du Fils de l’homme, et
c’est nous qui avons mêlé les deux événements. C’est nous qui dans notre
logique avons fait du retour du Christ la condition nécessaire pour que se
produise la fin des temps.
Les théologiens,
contemporains de Jésus nous ont maintenus dans cette confusion. En effet certains
textes bibliques mêlent la bonne nouvelle de la résurrection et l’attente du
Messie. Les deux événements se confondaient dans leur esprit. Pour la pensée
juive, le Messie devait arriver à la fin des temps, et nous avons fait
entrer cette conviction dans notre propre manière de penser en disant
simplement que le retour du Christ dans la pensée Chrétienne
correspondait à la venue du Messie pour les juifs. Mais était-ce la
bonne manière de voir les choses ?
C’était un peu simpliste. En
effet si la foi chrétienne affirme que le Christ sera présent à la fin des
temps, elle affirme aussi, et c’est l’essentiel de notre foi que depuis
la Pentecôte, le Christ ne cesse pas d’être présent parmi nous. A partir de cet
événement, il est dans l’état d’un perpétuel retour.
Ainsi Jésus ne répond pas
dans ces textes à la question qui nous hante: Comment tout cela va-t-il
finir, mais il nous interroge pour savoir comment nous percevons sa
présence dans le monde, et il nous donne des points de repère.
Reprenant les grandes
prophéties d’Esaïe, il fait allusion à des événements catastrophiques comme
nous pouvons déjà en avoir déjà vécus, ou comme nous pouvons en avoir eu des
témoignages et il nous interpelle au niveau de notre foi : « Savez-vous
discerner la présence du Christ » nous dit-il à partir de la
prophétie sur les étoiles qui palissent et sur le ciel qui s’obscurcit « quand
des catastrophes incompréhensibles s’abattent sur le monde et font des milliers
de victimes ?
Même dans ces
conditions, nous dit Jésus, même dans les moments les plus obscures, le
Christ reste présent pour rassembler et soutenir ceux qui croient en lui. Il
nous exhorte alors au milieu des catastrophes pour nous rappeler que quand les
violences sont déchaînées, quand les atrocités voilent pour un temps la vision
du Christ et quand les cris d’horreur couvrent sa voix, le Fils de l’homme
c’est à dire Jésus Christ n’en reste pas moins maître de notre situation.
Si des événements contraires sèment la terreur et la mort sur leur passage le Christ
continue à maintenir ouvertes les portes de son Royaume pour ceux qui
brutalement cessent de vivre. Même quand la mort semble
victorieuse, le Christ se présente toujours comme le vainqueur de la
mort. Jésus n’a jamais caché que notre vie n’était pas seulement de ce monde.
Il nous a habitués à
croire que nous étions promis à la résurrection et il ne veut pas que nous
perdions cette assurance quand la folie des hommes ou des éléments s’empare
pour un temps de l’histoire. Dieu laisse les hommes conduire l’histoire
du monde, c’est pourquoi il parait parfois absent, mais il continue
silencieusement à inspirer, conduire et diriger ceux qui se confient en lui.
Seuls les croyants ont alors le privilège de le reconnaître et de l’entendre,
et c’est parce qu’ils l’entendent qu’ils ne cessent d’espérer.
Ne croyez pas que je prenne
la voie de la facilité pour dire cela. J’exprime ici mes convictions les plus
profondes qui me poussent à croire que dans les événements les plus
destructeurs, le Christ reste maître de la situation, même si on ne le voit
pas.
Mais les événements ne sont
pas toujours violents, la vie s’écoule bien souvent d’une manière plus
paisible. Les jours succèdent aux jours et on va de Noël à Pâques sans heurt et
sans histoire, si bien que dans ces situations là aussi, on est amené à se
poser la même question que précédemment : « Le Christ est-il visible parmi
nous? »
Or il ne semble pas à
première vue qu’il soit vraiment encore présent?
Les messages issus des
milieux religieux ne présentent rien de pertinent et ne répondent pas aux
inquiétudes des peuples en quête d’interventions divines significatives. Malgré
le calme apparent, des bruits de guerres se font plus précis et
inquiètent, les humains qui se demandent où va le monde.
Pourtant la présence
bienveillante de Dieu est visible à l’œil nu prophétise Jésus. Il est
visible dans tous les gestes d’amour, dans les gestes de tendresse naïve ou
maladroite, dans cette poignée de main donnée qui réconforte l’homme abandonné,
ou dans ce regard amical adressé au condamné qui se désespère. Il est visible
dans ce baiser que l’on vous donne et que l’on n’attend pas, dans ce sourire
qu’un inconnu vous adresse au moment où le courage vous quitte. Il est dans ces
relations de tous les jours qui mettent du soleil dans la vie. Toutes ces
choses peuvent être mièvres ou à peine perceptibles, elles n’en sont pas
moins des signes discrets par lesquels le Christ est bien de retour parmi
nous et qu’il nous réconforte. Il nous faut apprendre ainsi à discerner
dans le quotidien tous les petits miracles qui frémissent de la présence
du Christ.
Nous devons retenir de ce
message de Jésus aux siens pour qui sa présence effective au monde ne se
voit pas forcément. Il faut que chacun apprenne à porter sur les êtres qui
l’entourent ce même regard que Jésus porte sur eux afin que ceux qui doutent et
qui désespèrent puisse discerner la présence de Dieu et de son Christ dans le
monde. Sa présence ainsi repérée chaque jour nous entraîne doucement avec
lui jusqu’au jour du grand face à face qui sera le premier d’une nouvelle
série, mais nul n’en sait ni le jour ni l’heure.
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