Actes 1/11-14
12 Alors ils retournèrent à Jérusalem, depuis le mont dit des Oliviers, qui
est près de Jérusalem, dans le rayon des déplacements autorisés le jour du
sabbat.
13 Quand ils furent rentrés, ils montèrent dans la chambre à l'étage où ils
se tenaient d'ordinaire ; il y avait Pierre, Jean, Jacques et André,
Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques, fils d'Alphée, Simon le
Zélote et Judas, fils de Jacques. 14 Tous, d'un commun accord, étaient assidus
à la prière, avec des femmes, Marie, mère de Jésus, et les frères de celui-ci.
Ces quelques lignes nous disent au début du
Livre des Actes, dans des propos tout à fait laconiques que désormais, tout est
fini. Les hommes après le départ de Jésus sont désormais maîtres de leur destin et du destin du monde qui leur
a été confié à la fin de l’Evangile. Mais que vont-ils faire ? Ils restent
désormais seuls sans le secours de
personne. Il n’y a rien ici de
particulièrement fondamental qui retient l’attention du narrateur. Jésus
a cessé d’être visible. Cela a été dit d’une façon très sommaire dans les lignes qui précèdent
et les quelques lignes qui suivent ne sont pas plus explicites. O ne peut plus
accéder à lui par nos sens mais par la prière seule. Il nous faut accepter que
la réalité soit désormais celle-ci. Pourtant
quand tout est fini, c’est alors que tout commence.
Ce qui nous surprend, c’est qu’après tout ce
qui vient de se produire : l’incompréhension du procès de Jésus, l’horreur
de son exécution, l’émerveillement de la résurrection, les joies des
retrouvailles, la surprise de son départ, tout retombe dans un calme
apparemment décevant.
Depuis 3 ans qu’ils sont ensemble, que Jésus a déposé en eux un message
révolutionnaire et qu’il les a
envoyés à la conquête des nations pour
répandre son évangile, les événements qui suivent manquent de relief. Apparemment,
il ne se passe rien, Jésus ne leur a pas donné de programme ni de
feuille de route. Les plus impatients parmi les lecteurs, vont dire que c’est
le calme qui précède la tempête. La
Pentecôte est annoncée, mais il ne s’est encore rien produit. Et le lecteur de
penser que c’est alors que tout va changer.
Croyez-vous vraiment que tout va changer et
que cette force venue d’en haut va faire des prodiges ? C’est sans doute
ce que l’auteur du livre des Actes a
voulu nous laisser croire. Mais à part
quelques événements spectaculaires que tous gardent en mémoire, même après la
Pentecôte, les choses présentes ne vont pas beaucoup changer. Le groupe des croyants va continuer à se développer en
communauté sans rien changer.
En attendant, Jésus, désormais absent, ne
sera plus accessible que par la prière, c’est ce que nous disent les quelques
versets présents dans ce passage. La communauté qui ne s’est pas encore vraiment constituée s’est regroupée dans la
prière autour des onze et des femmes. C’est là la première
fonction que se reconnaît l’Eglise qui
n’est pas encore née : la prière communautaire.
Ce sur quoi il faut insister, me semble-t-il,
c’est qu’avant que tout commence ils doivent considérer que rien de nouveau ne
se produit. S’il y a un changement, il est d’ordre spirituel. Le monde est
resté le même. C’est dans ce monde où tout reste à faire que commence le ministère de l’Eglise qui s’approprie ses
nouvelles fonctions dans la prière, sans que personne ne soit préposé à la
diriger.
Nous savons la suite, bien entendu. La
Pentecôte va se produire. Ils s’y étaient préparés sans savoir ce qu’ils
attendaient. L’Eglise par l’entremise de ses membres les plus actifs a accepté alors de répondre à l’appel de l’esprit qui
pousse les premiers croyants à l’aventure. Mais ils sont bien peu à oser se
risquer à l’extérieur. Ceux qui ne le font pas, et c’est la majorité, se sont
frileusement regroupés dans la communauté
dont la réalité n’est encore qu’une modeste esquisse de ce qu’elle sera
par la suite. Pour l’instant le manque d’activité les conduits à se quereller entre eux.
Mais quel est alors l’intérêt de ce petit
texte que nous avons lu ?L’Ecriture est parsemée de petit récits comme
celui-ci qui apparemment n’apportent rien à notre réflexion, mais qui devraient
plus souvent retenir notre attention parce qu’ils détiennent des secrets que
nous aurions intérêt à exploiter.
Alors que dans quelques jours, à la Pentecôte,
le saint Esprit va bousculer la communauté chrétienne, ce texte nous montre les
premiers croyants occupés à prier et à méditer, à faire retraite dirions-nous.
Ils passent par un temps de méditation où rien ne se passe vraiment. Ce temps
semble être un temps de passage obligatoire
qui rappelle celui où le Seigneur lui-même se retirait dans la montagne
pour prier.
Sans doute est-il proposé aux croyants que
nous sommes de nous retirer et de prier à la ville de tous les grands
événements pour laisser le Seigneur nous préparer à ce qui va se passer. C’est
dans cet état que le Seigneur va laisser
ses amis après son départ afin qu’ils
préparent à vivre quelque chose de nouveau. Seule alors la prière les
maintient en communion avec lui dans l’
attente de ce qu’ils ne savent pas
encore.
Mais restons modérés dans notre enthousiasme.
Certains seront exaltés, nous l’avons dit, et entreprendrons des actions
audacieuses, mais la plupart resteront passifs. Tant il est vrai que seuls les
plus actifs doivent d’abord réagir avant que les autres suivent. Telle est
l’image qui sera désormais celle de
l’Eglise dans tous les temps. Nous retiendrons l’enthousiasme des premiers
et oublierons l’apathie des autres, tant il est vrai que pour certains le
refuge dans la prière et le calme est la meilleure réponse à l’agitation qui
nous entoure. Qui oserait dire le contraire ?
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