Matthieu
10 : 37-42 dimanche
37 Celui qui me préfère père ou mère
n'est pas digne de moi, celui qui me préfère fils ou fille plus que moi n'est
pas digne de moi ; 38celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre n'est
pas digne de moi. 39Celui qui aura trouvé sa vie la perdra, et celui qui aura
perdu sa vie à cause de moi la trouvera.
Qui vous accueille m'accueille
40 Qui vous accueille m'accueille, et qui m'accueille accueille celui qui m'a envoyé. 41Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète obtiendra une récompense de prophète, et qui accueille un juste en sa qualité de juste obtiendra une récompense de juste. 42 Quiconque donnera à boire ne serait-ce qu'une coupe d'eau fraîche à l'un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis, il ne perdra jamais sa récompense.
Celui qui rencontre
Jésus pour la première fois se trouve bouleversé
et même fortement déstabilisé sans qu’il y prenne garde. Cette
rencontre peut se produire par l’intermédiaire d’ une personne rencontrée à l’improviste, qui nous rapporte certains de ses discours,
elle peut se produire par le biais de nos lectures ou d’une tout autre manière. Jésus parle de Dieu et du monde d’une manière
tellement différente de ce qu’on les conçoit habituellement qu’il
retient notre attention.
Habituellement nous
voyons en Dieu le « Tout puissant », de qui procèdent toutes les
réalités. Il nous apparait parfois comme un être lointain qui cache se majesté
derrière les merveilles de la nature telle une nuit étoilée en plein été ou le
spectacle fantastique d’une aurore boréale ou d’un tempêtes qui secoue les vagues et les élève à des
hauteurs considérables. Les merveilles
de la nature ne manquent pas de nous provoquer quand nous découvrons à la
loupe binoculaire le prodige de l’articulation des membres d’un insecte. Sa
couleur fantastique ou le mystère par lequel il utilise ses phéromones dans les
échanges avec ses semblables contribuent également à notre émerveillement.
Qui n’a pas été intrigué par la danse des abeilles grâce à
laquelle elles communiquent entre
elles ? C’est, en effet, par ce
procédé que les chercheuses révèlent aux butineuses le lieu où se trouve la source d’approvisionnement en
nectar ou en pollen. Nous pensons que toutes ces merveilles ont Dieu pour auteur et
ont été programmés par des calculs tels qu’aucun ordinateur n’aurait pu les réaliser.
« O ! Dieu que ton nom est grand sur toute la terre ! » Pensons-
nous dans notre fort intérieur en
paraphrasant le psaume 8 »
Quand nous songeons à l’humanité et aux
prodiges d’intelligence qui sont les siens, « Qu’est ce que l’homme pour
que tu te souviennes de lui et le fils de l’homme pour que tu prennes garde à lui » continuons-nous
dans notre paraphrase. Avec Job nous nous émerveillons et nous nous humilions
devant tant de grandeur et nous pensons que seul le lecteur de la Bible
peut trouver du sens et de la cohérence
dans tout cela. Mais ce Dieu si grand et
si merveilleux reste inaccessible à notre pensée. Comment le
rejoindre et devenir son ami ?
Las ! Depuis toujours on nous a appris
que ce grand Dieu pouvait être redoutable et qu’il devenait exigent quand il se rapprochait de nous. Etant lui-même parfait
il redoute notre imperfection si bien qu’il
est capable de nous sanctionner à
cause de notre apathie à nous améliorer.
Il voudrait que nous nous repentions sans restriction des fautes commises, même
si nous n’en avons pas conscience. Nous pouvons
ainsi à chaque moment encourir son courroux qui nous pourrait
nous emmener à la mort.
Etres fragiles et fautifs, nous cherchons cependant
à gagner le droit d’exister devant Dieu. Nous avons cependant appris que dans sa générosité, il nous le concède par
amour si nous acceptons de partager sa manière de voir les choses. La société religieuse du temps de Jésus était
bien organisée pour aider les hommes à fonctionner dans cet univers où tout était réglé pour
que les humains s’accordent
harmonieusement avec leur Dieu. Grâce au ministère des prêtres et du clergé de leur temps les
choses pouvaient entrer dans ordre acceptable.
Jésus, quant à lui, n’y a pas trouvé son compte. Il a développé
son ministère en opposition à ce qui était vécu dans le monde religieux de son
temps. A sa suite les humains ont
construit une autre société. Elle
n’était cependant pas absolument différente de la précédente.
Supprimant les rites des sacrifices du temple, oubliant une partie des exigences
de la Loi, les humains ont instauré
d’autres manières d’être présent à Dieu.
Elles étaient moins contraignantes mais maintenaient cependant
les humains en état de dépendance par rapport au divin. Si Jésus ne se retrouvait pas dans la première conception des choses s’y
retrouverait-il mieux dans l’autre
que l’on a tenté de construire à son
injonction? Ce n’est évident.
La première impression que nous retenons de
Jésus quand nous le rencontrons dans les
évangiles, c’est qu’il s’approche des
hommes et qu’il commence par prendre en
charge leurs craintes. Il présente alors
Dieu sous un jour différent de ce que
nous avons l’habitude d’imaginer. « Pourquoi as-tu peur et de quoi
as-tu peur ? » semble-t-il nous dire. « Tu ne sais pas ! Tu
n’as pas de réponse, tu crois que c’est Dieu qui en est cause ! Mais
Dieu n’est pas ainsi. Il voudrait être ton Père. Il voudrait être ton libérateur.
C’est pourquoi il entreprend de combattre contre les peurs qui te pourrissent la vie, et pour t’aider,
il met en toi une partie de son esprit afin de te donner assez d’énergie pour
faire face à la vie. »
Tout cela n’est pas vraiment nouveau, tout
cela était déjà contenu dans les Ecritures dont les prophètes ont rendu témoignage au cours des siècles.
Mais leur témoignage avait été obscurci
par d’autres propositions concernant
Dieu qui les avaient occultés.
Pourtant Jésus n’a pas hésité, il
a effacé tous ces contre
témoignages qui obscurcissaient les Ecritures et a donné priorité à ce que Dieu avait à cœur. Il
a rappelé les promesses de vie pour tous
et la certitude que Dieu avait que les
hommes étaient capables de se transformer pour construire eux-mêmes le Royaume
que Dieu espérait.
Jésus est venu vers ceux qui se sentaient
attirés par lui et il continue à venir
vers ceux qui espèrent en lui. Jésus bouscule tout ce que les siècles ont
rajouté à la loi et ont contribué à la
défigurer. C’est ainsi qu’à titre prophétique, un jour dans le parvis du
temple il a chassé les animaux
destinés aux sacrifices qui dénaturaient
les vrais enjeux qui se jouaient dans le sansctuaire. Il offrait
ainsi une nouvelle manière de comprendre Dieu, car Dieu se voulait, selon lui,
d’abord un libérateur et un pourvoyeur de vie. Jésus proposait le mot amour
pour supplanter toutes les attributs dont Dieu était affublés pour le définir. Sa justice et sa toute puissance passaient
après .C’est ainsi, pour qu’une femme coupable d’un péché passible de mort
puisse vivre, il l’a accueillie avec tellement d’amour que ses adversaires qui voulaient la
punir en la tuant, en ont oublié leurs instincts meurtriers.
Si donc Dieu est pourvoyeur de vie, il
ne peut être associé à ce qui pourrait mener à la mort, pas même à ce qui
pourrait être perçu comme un juste jugement.
Nul alors ne pourra trouver en Dieu la justification de la haine qu’il
éprouve pour les autres ni se justifier des violences qu’il exerce contre ses semblables. Il ne pourra
pas non plus contraindre Dieu à endosser la responsabilité des maladies, ni
des catastrophes. Si les hommes veulent
en savoir les origines qu’ils laissent le saint Esprit visiter leur
merveilleuse intelligence, peut-être alors verront-ils le monde autrement et du
coup, ils verront Dieu autrement.
Ainsi, au contact de Jésus, Dieu nous
apparait autrement que de la manière dont on le conçoit habituellement.
De ce constat va naître un énorme malentendu, car cette manière de voir les choses ne va pas plaire à
tout le monde. Ceux qui se trouvent dans
des positions privilégiées et qui pensent que Dieu les conforte dans leur situation sont dans l’erreur. C’est
ainsi que Jésus écartera de lui un jeune
homme plein de bonne volonté qui n’avait pas compris que ses richesses
n’étaient pas un don que Dieu lui avait réservé et que s’il voulait rester en
accord avec lui, il devait se faire justice à lui-même et les partager avec plus défavorisés que
lui.
Quand on s’attaque aux privilégiés et que
l’on dit que Dieu ne trouve pas sa place dans leur camp, on s’attire forcément
des inimitiés. Plus ils seront puissants, plus ils feront du mal à ceux
qui les contestent. Tel fut le sort de
Jésus et lucidement Jésus a laissé entendre que ce sera aussi le sort de ceux
qui partageront ses idées sur Dieu. S’élèveront alors des dissensions, la paix
espérée prendra des formes de guerre. Il
n’y aura plus de place dans le monde pour ceux qui préconisent une autre
manière de voir Dieu que celle qui consiste à diviser le monde en mettant d’un
côté les bien méritants, les bien nés, les bien convertis et en mettant de
l’autre ceux qui ne sont pas de cet avis.
Dans une telle perspective et malgré les
divisions qu’il suscite dans les rangs de ses adversaires, mais aussi dans les
rangs de ses amis, voire même de sa future Eglise, Jésus entrevoyait cependant
ce moment où sa conception de Dieu sera
de plus en plus partagée par les humains et où les croyants, malgré les
obstacles susciteront des adhésions et où le monde, gagné à la sagesse de Jésus
se transformera. Tel est le Royaume dont il parlait, telle est l’espérance dont
il accompagnait ses propos, telle est la perspective d’avenir dans laquelle il
nous engage à entrer.
Ces
petits personnages de Poulbot vivant dans un monde défavorisé, laissent
entrevoir par leur sourire l’espérance
d’un monde meilleur.
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