Lorsque le jour de la Pentecôte arriva, ils étaient
tous ensemble dans le même lieu. Tout à
coup, il vint du ciel un bruit comme celui d'un souffle violent qui remplit
toute la maison où ils étaient assis.
Des langues qui semblaient de feu et qui se séparaient les unes des
autres leur apparurent; elles se posèrent sur chacun d'eux. Ils furent tous remplis d'Esprit Saint et se
mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de
s'exprimer.
Or il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs pieux
venus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui se produisit, la multitude
accourut et fut bouleversée, parce que chacun les entendait parler dans sa
propre langue. Ils étaient hors
d'eux-mêmes et dans l'admiration, et disaient:
Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous
Galiléens? Comment les entendons-nous
chacun dans notre propre langue maternelle?
Parthes, Mèdes, Élamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la
Cappadoce, le Pont, l'Asie, la Phrygie,
la Pamphylie, l'Égypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux
qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons parler dans nos langues
des merveilles de Dieu!
Comment se fait-il que la Bible nous
raconte que le jour de la Pentecôte la présence de Dieu s’est faite si
évidente que personne ne pouvait en douter,
alors qu’aujourd’hui on a peine à discerner la présence de Dieu dans notre société? A la suite de ces
merveilles, le monde est cependant resté comme avant. La famine menace encore
tant de gens alors que plus de la moitié de la planète se dit chrétienne et que
l’Evangile leur enseigne à partager. Que faut-il en penser ?
Comment se fait-il aussi que beaucoup
de Chrétiens vont célébrer Pentecôte et que déjà ils pensent qu’il ne se
passera rien de vraiment spectaculaire pour sauver ceux qui sont en grande
difficulté ? Ils pensent que la
solution n’appartient pas à Dieu et qu’il se contente de s’intéresser à
l’âme des humains sans intervenir vraiment dans leurs problèmes matériels. Ce constat
en me faisant douter des chrétiens me fait évidemment douter de Dieu et
de la réalité de ce qui s’est vraiment
passé lors de la première Pentecôte
La mondialisation semble avoir provoqué
un effet pervers sur les âmes et personne
ne sait plus vraiment sur quel chemin on peut rencontrer Dieu. Telle
l’autruche qui se met la tête dans le sable pour ignorer l’environnement qui la
perturbe, nos contemporains font semblant d’ignorer les sollicitations du monde
pour ne s’intéresser qu’à leurs problèmes spirituels. Si nous avions de la foi, gros comme un grain de moutarde
tout changerait et nous vivrions à nouveau un printemps de l’Eglise, ai-je
envie dire à nos contemporains, alors
que nul ne sait quelle est l’unité de
mesure capable d’apprécier la foi des autres et la mienne.
A peine ai-je dressé ce tableau
désabusé sur le monde de la foi, que j’entends déjà une voix intérieure
qui m’accuse, moi, d’être un homme de
peu de foi. Qui es-tu toi qui juges tes frères pour les mettre aussi facilement
en accusation ? Cette attitude qui consiste à culpabiliser les autres à
cause de leur faible foi ou de ne pas avoir la vraie foi, ne mène à rien. Il me
semble que le Seigneur nous invite à nous poser les questions autrement. On pourrait également les poser ainsi :
Qu’en serait-il du monde d’aujourd’hui, si les grandes vérités de la foi
chrétienne n’avaient pas été proclamées à Pentecôte ?
Qu’en serait-il du monde contemporain
si les chrétiens, malgré leur timidité et leur repli sur eux-mêmes n’avaient
pas affirmé que l’amour du prochain était premier par rapport à tout autre
chose ? Qu’en serait-il de notre monde si, au nom de Dieu les chrétiens ne
s’étaient pas fait les défenseurs de l’espérance ?
Bien sûr, après la première Pentecôte les
injustices ont continué pendants des siècles. On n’a pas non plus cessé de massacrer les hérétiques et
l’esclavage a perduré, mais le processus était engagé. Certains croyants ont
commencé à avoir mauvaise conscience et
le phénomène s’est étendu de proche en proche. Il a finit par se généraliser,
même si cela a pris des siècles. Les droits de l’homme se sont imposés pour
devenir la règle du fonctionnement du monde contemporain. Il est vrai cependant que ce sont des
athées qui s’en sont servi comme cheval de bataille. Ils en ont profité pour
accuser les chrétiens de passivité, mais
c’est bien dans l’Evangile que l’on a puisé ces idées généreuses. A partir de là, elles se sont
imposées au-delà du monde chrétien.
Si les hommes ont éprouvé le besoin
de venir au secours des plus démunis et
s’ils ont eu mauvaise conscience de ne pas le faire, c’est parce qu’un jour
l’Esprit saint est descendu sur une poignée d’hommes et de femmes et qu’il leur a donné l’audace de dire des vérités
cueillies sur les lèvres de Jésus,
conservées dans leurs cœurs et plus tard
inscrites dans les Evangiles. L’Esprit a alors silencieusement poursuivi
son travail jusqu’à ce que les vérités évangéliques s’imposent
comme des vérités humaines.
Bien évidemment le monde n’est toujours pas idyllique, et d’aucun trouve qu’il n’est pas en progrès mais en nette
régression. La surpopulation du monde habitable paraît aller plus vite que la découverte de nouvelles méthodes pour
mieux nourrir les masses. Le réchauffement de la planète semble devoir
aller plus vite que la prise de décisions qui permettraient de le combattre. Il
est vrai que les Eglises restent
apparemment silencieuses et que les alarmistes s’évertuent à donner
mauvaise conscience aux hommes et à annoncer des lendemains sombres pour
l’humanité. Il n’empêche que personne n’a encore réussi à étouffer l’espérance.
L’espérance c’est la faculté de croire que la
puissance de vie que Dieu a mise en nous sera toujours capable de dominer les
pires situations. C’est dans ce seul mot
d’espérance que réside alors la vraie force que Dieu a mise en nous. C’est
cette possibilité qu’il nous a donnée de ne jamais baisser les bras et d’agir de telle sorte qu’un sursaut de vie
est toujours possible, même quand tout semble prétendre le contraire. Cela
signifie que nous croyons qu’il y a
désormais un pacte entre Dieu et
les hommes en vertu duquel aucune force, ni aucune puissance ne peut détruire
la capacité d’amour que Dieu répand sur le monde. Notre perception du monde se trouve transfigurée par cette
espérance, même si les milieux alarmistes s’efforcent de brosser une image
catastrophique de l’avenir. L’avenir que
nous découvrons par la foi est différent du monde qu’il nous est donné de voir
au travers du témoignage des hommes.
Les amis du Seigneur ont eu cette
vision du monde transfiguré lors de la première Pentecôte. Jésus avait annoncé
la venue d’un courant novateur qui devait transformer le mode de vie de chacun.
Il leur avait promis que tous pourraient dialoguer avec Dieu dans un monde
nouveau. Alors qu’ils attendaient et
espéraient la fin du monde et la création d’un Royaume céleste, c’est en fait le ciel qui est descendu, et c’est Dieu qui s’est invité à
vivre parmi les hommes dans une relation nouvelle ici bas sur
terre. C’est l’expérience qui
nous a été relatée dans le texte que nous avons lu et qui doit se répéter aussi
longtemps que l’humanité devra partager cette terre avec son Dieu.
Pourtant nous vivons comme si cette euphorie de la première Pentecôte était dépassée et nous regardons l’avenir
comme si l’enthousiasme du Saint Esprit s’était essoufflé. En fait, à y regarder de près nous constatons que le Saint Esprit ne souffle pas dans le
sens où vont nos désirs, si bien que
nous vivons dans l’insatisfaction d’une société qui nous déçoit car nous
voudrions, tout à la fois, que tout change et que rien ne change. Nous
aimerions retrouver le confort spirituel de nos pères et nous aimerions conserver en même temps la
manière de vivre que nous avons et qui
est incompatible avec le partage
nécessaire avec tous les hommes de cette
terre. Nous souhaitons sans y croire que les technologies modernes réaliseront
pour nous le miracle de sauver les plus démunis sans changer notre mode de vie.
Nous redoutons de découvrir que la bonne nouvelle de l’Evangile, pour
notre société d’aujourd’hui, est d’aspirer joyeusement à une révolution dans
les mentalités qui nous amènerait à préconiser une régression du niveau de vie chez les uns pour faciliter
l’évolution des autres. Cela devrait
être envisagé comme un programme à mettre en place sur toute la planète et bien
entendu dans le monde occidental. Il est
évident qu’en écrivant cela je divague hors des chemins raisonnables, même si
je dis en même temps qu’une telle perspective ne peut être envisagée par les
hommes que si l’Esprit saint les accompagne et leur met au cœur de la vivre comme une affirmation de notre espérance. C’est sans
doute ce message que l’Esprit confie aujourd’hui aux Eglises et qu’elles ont
tant de mal à traduire dans des termes acceptables bien qu’elles risquent des
ouvertures timides dans ce sens.
Dieu quant à lui se refuse à n’être qu’une source
de confort extérieur qui donnerait un bien être spirituel à des croyants qui voudraient ne rien changer dans un monde qui est en mutation
constante
La garantie de construire heureusement
l’avenir se trouve dans le partage. C’est ainsi que vont les choses depuis
longtemps. Les croyants partagent leur foi, ils partagent le pain et le vin de
la cène, ils partagent l’espérance que Dieu leur donne. Ils doivent s’habituer à l’idée de partager la
planète. C’est de cette notion de partage que l’Esprit de Dieu a besoin
pour féconder le monde, comme il le fait depuis le commencement, et
c’est dans la mesure où les hommes participeront à ce mouvement qu’ils
retrouveront l’espérance qu’ils désespèrent de ne plus avoir vraiment. L’Eglise
restera fidèle si elle accepte d’être le
lieu où ce partage est possible, et c’est
en participant activement à ce partage que les hommes et les femmes que
nous sommes retrouveront foi en
l’avenir.
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