lundi 12 mai 2014

Actes 2:1-11 la Pentecôte dimanche 8 juin 2014



Lorsque le jour de la Pentecôte arriva, ils étaient tous ensemble dans le même lieu.  Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d'un souffle violent qui remplit toute la maison où ils étaient assis.  Des langues qui semblaient de feu et qui se séparaient les unes des autres leur apparurent; elles se posèrent sur chacun d'eux.  Ils furent tous remplis d'Esprit Saint et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. 

Or il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs pieux venus de toutes les nations qui sont sous le ciel.  Au bruit qui se produisit, la multitude accourut et fut bouleversée, parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue.  Ils étaient hors d'eux-mêmes et dans l'admiration, et disaient:

 Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens?  Comment les entendons-nous chacun dans notre propre langue maternelle?  Parthes, Mèdes, Élamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l'Asie,  la Phrygie, la Pamphylie, l'Égypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes,  nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu! 



Comment se fait-il que la Bible nous raconte que  le jour de la  Pentecôte la présence de Dieu s’est faite si évidente que personne ne pouvait  en douter, alors qu’aujourd’hui on a peine à discerner la présence de  Dieu dans notre société? A la suite de ces merveilles, le monde est cependant resté comme avant. La famine menace encore tant de gens alors que plus de la moitié de la planète se dit chrétienne et que l’Evangile leur enseigne à partager. Que faut-il en penser ?

Comment se fait-il aussi que beaucoup de Chrétiens vont célébrer Pentecôte et que déjà ils pensent qu’il ne se passera rien de vraiment spectaculaire pour sauver ceux qui sont en grande difficulté ?  Ils pensent que la solution n’appartient pas à Dieu  et qu’il se contente de s’intéresser à l’âme des humains sans intervenir vraiment dans leurs problèmes matériels.  Ce constat  en me faisant douter des chrétiens me fait évidemment douter de Dieu et de la réalité de ce  qui s’est vraiment passé lors de la première Pentecôte


La mondialisation semble avoir provoqué un effet pervers sur les âmes et personne  ne sait plus vraiment sur quel chemin on peut rencontrer Dieu. Telle l’autruche qui se met la tête dans le sable pour ignorer l’environnement qui la perturbe, nos contemporains font semblant d’ignorer les sollicitations du monde pour ne s’intéresser qu’à leurs problèmes spirituels. Si nous avions  de la foi, gros comme un grain de moutarde tout changerait et nous vivrions à nouveau un printemps de l’Eglise, ai-je envie  dire à nos contemporains, alors que nul ne sait  quelle est l’unité de mesure capable d’apprécier la foi des autres et la mienne.

A peine ai-je dressé ce tableau désabusé sur le monde de la foi, que j’entends déjà une voix intérieure qui  m’accuse, moi, d’être un homme de peu de foi. Qui es-tu toi qui juges tes frères pour les mettre aussi facilement en accusation ? Cette attitude qui consiste à culpabiliser les autres à cause de leur faible foi ou de ne pas avoir la vraie foi, ne mène à rien. Il me semble que le Seigneur nous invite à nous poser les questions autrement.  On pourrait également les poser ainsi : Qu’en serait-il du monde d’aujourd’hui, si les grandes vérités de la foi chrétienne n’avaient pas été proclamées à Pentecôte ?

Qu’en serait-il du monde contemporain si les chrétiens, malgré leur timidité et leur repli sur eux-mêmes n’avaient pas affirmé que l’amour du prochain était premier par rapport à tout autre chose ? Qu’en serait-il de notre monde si, au nom de Dieu les chrétiens ne s’étaient pas fait les défenseurs de l’espérance ?

Bien sûr, après la première Pentecôte les injustices ont continué pendants des siècles. On n’a pas non plus  cessé de massacrer les hérétiques et l’esclavage a perduré, mais le processus était engagé. Certains croyants ont commencé à avoir mauvaise conscience  et le phénomène s’est étendu de proche en proche. Il a finit par se généraliser, même si cela a pris des siècles. Les droits de l’homme se sont imposés pour devenir la règle du fonctionnement du monde contemporain.  Il est vrai cependant que ce sont des athées  qui s’en sont servi comme  cheval de bataille. Ils en ont profité pour accuser  les chrétiens de passivité, mais c’est bien dans l’Evangile que l’on a puisé ces idées  généreuses. A partir de là, elles se sont imposées au-delà du monde chrétien.

Si les hommes ont éprouvé le besoin de  venir au secours des plus démunis et s’ils ont eu mauvaise conscience de ne pas le faire, c’est parce qu’un jour l’Esprit saint est descendu sur une poignée d’hommes et de femmes  et qu’il leur a donné l’audace de dire  des vérités  cueillies sur les lèvres de Jésus,  conservées dans leurs cœurs et plus tard  inscrites dans les Evangiles. L’Esprit a alors silencieusement poursuivi son travail jusqu’à ce que les vérités évangéliques  s’imposent  comme des vérités humaines.

Bien évidemment  le monde n’est toujours pas idyllique,  et d’aucun trouve  qu’il n’est pas en progrès mais en nette régression. La surpopulation du monde habitable paraît aller plus vite que  la découverte de nouvelles méthodes pour mieux  nourrir les masses.  Le réchauffement de la planète semble devoir aller plus vite que la prise de décisions qui permettraient de le combattre. Il est vrai que les Eglises restent  apparemment silencieuses et que les alarmistes s’évertuent à donner mauvaise conscience aux hommes et à annoncer des lendemains sombres pour l’humanité. Il n’empêche que personne n’a encore réussi à étouffer l’espérance.


 L’espérance c’est la faculté de croire que la puissance de vie que Dieu a mise en nous sera toujours capable de dominer les pires situations. C’est  dans ce seul mot d’espérance que réside alors la vraie force que Dieu a mise en nous. C’est cette possibilité qu’il nous a donnée de ne jamais baisser les bras  et d’agir de telle sorte qu’un sursaut de vie est toujours possible, même quand tout semble prétendre le contraire. Cela signifie que nous croyons qu’il y a  désormais un pacte  entre Dieu et les hommes en vertu duquel aucune force, ni aucune puissance ne peut détruire la capacité  d’amour que Dieu  répand sur le monde. Notre perception du  monde se trouve transfigurée par cette espérance, même si les milieux alarmistes s’efforcent de brosser une image catastrophique de l’avenir. L’avenir  que nous découvrons par la foi est différent du monde qu’il nous est donné de voir au travers du témoignage des hommes.

Les amis du Seigneur ont eu cette vision du monde transfiguré lors de la première Pentecôte. Jésus avait annoncé la venue d’un courant novateur qui devait transformer le mode de vie de chacun. Il leur avait promis que tous pourraient dialoguer avec Dieu dans un monde nouveau.  Alors qu’ils attendaient et espéraient la fin du monde et la création d’un Royaume  céleste, c’est en fait  le ciel qui est  descendu, et c’est Dieu qui s’est invité à vivre parmi les hommes dans une relation nouvelle  ici bas sur  terre.  C’est l’expérience qui nous a été relatée dans le texte que nous avons lu et qui doit se répéter aussi longtemps que l’humanité devra partager cette terre avec son Dieu.

Pourtant nous vivons comme si  cette euphorie de la première Pentecôte  était dépassée et nous regardons l’avenir comme si l’enthousiasme du Saint Esprit s’était essoufflé. En fait,  à y regarder de près  nous constatons  que le Saint Esprit ne souffle pas dans le sens où vont  nos désirs, si bien que nous vivons dans l’insatisfaction d’une société qui nous déçoit car nous voudrions, tout à la fois, que tout change et que rien ne change. Nous aimerions retrouver le confort spirituel de nos pères  et nous aimerions conserver en même temps la manière de vivre que nous avons et  qui est incompatible  avec le partage nécessaire  avec tous les hommes de cette terre. Nous souhaitons sans y croire que les technologies modernes réaliseront pour nous le miracle de sauver les plus démunis sans changer notre mode de vie.

Nous redoutons de découvrir  que la bonne nouvelle de l’Evangile, pour notre société d’aujourd’hui, est d’aspirer joyeusement à une révolution dans les mentalités qui nous amènerait à préconiser une régression  du niveau de vie chez les uns pour faciliter l’évolution des autres.  Cela devrait être envisagé comme un programme à mettre en place sur toute la planète et bien entendu dans le monde occidental. Il  est évident qu’en écrivant cela je divague hors des chemins raisonnables, même si je dis en même temps qu’une telle perspective ne peut être envisagée par les hommes que si l’Esprit saint les accompagne et leur met au cœur  de la  vivre comme une  affirmation de notre espérance. C’est sans doute ce message que l’Esprit confie aujourd’hui aux Eglises et qu’elles ont tant de mal à traduire dans des termes acceptables bien qu’elles risquent des ouvertures timides dans ce sens.  Dieu   quant à lui se refuse à n’être qu’une source de confort extérieur qui donnerait un bien être spirituel à des croyants  qui  voudraient ne  rien changer dans un monde qui est en mutation constante

La garantie de construire heureusement l’avenir  se trouve dans le partage.  C’est ainsi que vont les choses depuis longtemps. Les croyants partagent leur foi, ils partagent le pain et le vin de la cène, ils partagent l’espérance que Dieu leur donne. Ils  doivent s’habituer à l’idée de partager la planète.  C’est de cette notion de  partage que l’Esprit de Dieu  a besoin  pour féconder le monde, comme il le fait depuis le commencement, et c’est dans la mesure où les hommes participeront à ce mouvement qu’ils retrouveront l’espérance qu’ils désespèrent de ne plus avoir vraiment. L’Eglise restera fidèle  si elle accepte d’être le lieu où ce partage est possible, et c’est  en participant activement à ce partage que les hommes et les femmes que nous sommes retrouveront  foi en l’avenir.


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