Deutéronome 8/1-16
1Tout le commandement que j'institue pour toi
aujourd'hui, vous veillerez à le mettre en pratique, afin que vous viviez, que
vous vous multipliiez et que vous entriez en possession du pays que le SEIGNEUR
a promis par serment à vos pères.
2Tu te souviendras de tout le chemin que le SEIGNEUR,
ton Dieu, t'a fait parcourir pendant ces quarante années dans le désert, afin
de t'affliger et de te mettre à l'épreuve, pour savoir ce qu'il y avait dans
ton cœur, pour voir si tu observerais ou non ses commandements.
3Il t'a donc affligé, il t'a fait souffrir de la faim
et il t'a nourri de la manne que tu ne connaissais pas et que tes pères
n'avaient pas connue, afin de t'apprendre que l'homme ne vit pas de pain
seulement, mais que l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche du SEIGNEUR.
4Ton manteau ne s'est pas usé sur toi et tes pieds
n'ont pas enflé pendant ces quarante années.
5Sache donc bien que le SEIGNEUR, ton Dieu, t'instruit
comme un homme instruit son fils.
6Tu observeras les commandements du SEIGNEUR, ton Dieu,
en suivant ses voies et en le craignant.
Les tentations dans le pays promis
7Car le SEIGNEUR, ton Dieu, te fait entrer dans un bon
pays, un pays de cours d'eau, de sources et d'abîmes qui jaillissent dans les
vallées et dans les montagnes ;
8un pays de froment, d'orge, de vignes, de figuiers et
de grenadiers ; un pays d'huile d'olive et de miel ;
9un pays où tu mangeras sans avoir à te rationner, où
tu ne manqueras de rien ; un pays où les pierres sont du fer, et où tu
extrairas le cuivre des montagnes.
10Lorsque tu mangeras et que tu seras rassasié, tu
béniras le SEIGNEUR, ton Dieu, pour le bon pays qu'il t'a donné.
11Garde-toi d'oublier le SEIGNEUR, ton Dieu, de ne pas
observer ses commandements, ses règles et ses prescriptions, tels que je les
institue pour toi aujourd'hui.
12Lorsque tu mangeras et que tu seras rassasié, lorsque
tu bâtiras et habiteras de belles maisons,
13lorsque ton gros bétail et ton petit bétail se
multiplieront, que l'argent et l'or se multiplieront pour toi et que tout ce
qui t'appartient se multipliera,
14prends garde, de peur que ton cœur ne s'élève et que
tu n'oublies le SEIGNEUR, ton Dieu, qui te fait sortir de Égypte, de la
maison des esclaves.
15Il t'a fait marcher dans ce désert grand et
redoutable, pays des serpents brûlants, des scorpions et de la soif, où il n'y
a pas d'eau ; il a fait jaillir pour toi de l'eau du rocher de granit,
16il t'a fait manger dans le désert la manne que tes
pères ne connaissaient pas, afin de t'affliger et de te mettre à l'épreuve,
pour te faire du bien par la suite.
Compte les bienfaits de Dieu ! … Tous
connaissent ce cantique qui fait partie de notre recueil habituel et que l’on utilise volontiers dans nos célébrations
dominicales. Mais qui le met en
pratique ? Qui se donne la peine de faire le point sur ce qui caractérise
la présence heureuse de Dieu dans ce monde? A part ceux qui vivent
en contact direct avec Dieu à
tous les instants de leur vie et qui s’émerveillent
à sans discontinuer des prodiges de sa présence, bien peu,
une fois ce cantique pieusement chanté ne songent à lui donner suite.
Ainsi les éléments qui font le fondement de notre culte ne se répercutent que rarement
dans notre vie quotidienne, une
fois franchises les portes du sanctuaire.
Dans les campagnes de jadis, les crucifix aux carrefours des routes rappelaient aux croyants la
présence de Dieu et provoquaient parfois en eux une pensée à son intention. La sonnerie des
cloches au moment de l’angélus les invitait à une action de grâce pour la
journée écoulée. Mais si l’angélus sonne
encore, les bruits de la vie moderne
couvrent la voix des cloches et
nous ne percevons plus leur invitation. Jadis,
et dans un passé encore récent, il y avait des monuments construits par les
hommes qui leur rappelaient la présence de Dieu. Mais ces signes, quand ils existent
encore, à moins d’intéresser les
touristes à cause de leur valeur artistique ou historique n’attirent plus notre
attention car la vitesse à laquelle nous
les dépassons les soustrait à notre
attention.
Hors de nos Eglises, les signes nous
rappelant l’existence de Dieu ne frappent plus notre attention. Nous nous sentons excusables de ne pas
les voir quand ils existent et de ne pas leur accorder trop d’attention,
laïcité oblige !
Quand la question de Dieu se pose à nous,
c’est que nous prenons l’initiative de nous la poser parce qu’un événement nous
interpelle à son sujet et surtout parce que l’attitude des autres nous interpelle
parce que nous la trouvons trop provocante.
Inutile de rappeler que les attentats meurtriers dont nos peuples sont
victimes nous interrogent sur Dieu et
produisent en nous l’indignation plus que
la louange. Nous restons discrets sur la question et nous gardons
nos opinions pour nous.
Ces événements qui mettent Dieu au premier
plan de l’actualité nous provoquent d’une manière insupportable et n’ont plus
rien à voir avec ces signes qui
rappelaient aux croyants de jadis la réalité quotidienne de Dieu.
Si le contexte de la vie a changé notre
approche quotidienne de la présence de Dieu,
bien peu parmi-nous ne s’interrogent sur les signes qui provoquent notre foi et nous invitent à l’émerveillement parce que
nous avons perdu l’habitude de repérer Dieu dans les mouvements de la nature.
La science a considérablement changé
notre manière de voir les choses. Nous savons bien, maintenant que la prière ou les processions ne servent à
rien pour changer le temps et améliorer les récoltes, d’autant plus que plus de 90 pour cent de nos concitoyens,
vivent à l’écart du monde agricole et ne
s’occupent pas de la météo pour savoir
si la sècheresse ravagera leurs récoltes, ils s’intéressent à elle pour savoir
comment ils organiseront leurs vacances.
Nous savons aussi que les peuples sont
dirigés par des autorités civiles qui s’appuient sur ces critères
économiques, valables ou pas, pour les diriger et que Dieu n’influe pas sur leurs décisions,
même si certains d’entre eux le croient.
Mais n’allons-nous pas un peu trop vite en
besogne en éliminant Dieu aussi vite de nos pensées quotidiennes ? La seule évocation du nom de Dieu ne
réveille-t-elle pas en nous, le souvenir de quelques recommandations venues de
son enseignement, qui faute d’avoir été respectées
ont entraîné des catastrophes. On a
méprisé la nature, tant aimée de Dieu et elle en pâtit. Certaines attitudes politiques
qui méprisent la valeur du « de
prochain » que Dieu reconnait à tous les hommes, n’ont-elles pas eu des
effets catastrophiques sur certaines catégories de population ? Faute
d’avoir oublié des préceptes que la
tradition nous a transmis au nom de Dieu, nous avons compromis l’harmonie du
monde et de ses peuples.
Nous en sommes là aujourd’hui, et le texte
que nous avons lu tout à l’heure dans le livre du Deutéronome nous met en garde
contre le danger qu’il y a d’exclure Dieu de nos pensées et de ne pas régler notre
existence sur des consignes que la tradition fait remonter jusqu’à lui. C’est
en tout cas ce que les anciens qui ont produit ce texte ont compris de leur propre histoire et c’est ce
qu’ils ont essayé de nous transmettre.
Quand, à leur retour d’exil, quelques 450 ans
avant Jésus Christ, les Hébreux mirent
par écrit les textes qui allaient composer les différents éléments de la Bible,
ils ont bien insisté sur l’importance qu’il y avait de ne pas oublier que Dieu
se proposait de participer à notre vie et qu’il y avait des enseignements à
recevoir de sa part, même dans nos échecs.
Le passage qui suscite notre méditation de ce jour nous met
en garde contre la nécessité de ne pas
oublier Dieu. Il ne nous livre pas un long discours ni sur sa nature divine ni
sur sa manière de se rendre présent à notre esprit, mais il nous met en garde
contre les conséquences fâcheuses qu’il y aurait dans notre vie si nous en
excluions Dieu et que nous nous comportions
comme s’il n’avait pas existé par le passé et qu’il n’avait pas de part, dans notre présent. En effet, quiconque oublie le Dieu qui est sensé mettre
de l’harmonie dans nos vies, court le risque de se tourner vers d’autres formes de divinité, telles, l’égoïsme, le
culte du moi, l’exploitation des autres…ce qui nous conduirait inévitablement à
la mort de notre humanité.
Pas besoin de théologie bien élaborée, pas
besoin même de formuler sa foi en Dieu
d’une manière claire, pour savoir que celui
qui ne respecte pas ce qui ce qui
caractérise Dieu, court à sa perte, car
la seule raison qu’il a de partager notre vie c’est de lui donner du sens. Il
n’est pas besoin de formuler une
confession de foi élaborée pour qu’il guide nos pas. Mais faute de pouvoir
en dire plus à son sujet et pour être sûrs cependant de ne pas s’égarer loin de lui, il
nous suffit de l’imaginer sous les traits du Père, tels que Jésus Christ les
lui a donnés. Cela suffira pour qu’on se
souvienne de l’intérêt qu’il porte aux hommes. Si nous voulons donc que notre vie se déroule
le mieux possible, nous devons prendre garde à ne pas négliger la présence de
Dieu dans notre vie quotidienne. C’est pour
cela que ce texte du Deutéronome
nous supplie de ne jamais oublier Dieu,
pas même une journée.
1 commentaire:
Merci cher collègue pour ce beau sermon qui nous rappelle la nécessité de se souvenir de Dieu. Il va enrichir mes idées pour ma prédication de ce dimanche. Frédéric Fournier, pasteur EPUdF, Massy
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