vendredi 13 septembre 2019

Luc 15/1-13 Dieu et l'argent - dimanche 22 septembre 2019


Luc 16/1-13


Parabole de l'intendant infidèle


16 Jésus dit aussi à ses disciples: «Un homme riche avait un intendant. On vint lui rapporter qu'il gaspillait ses biens.
2 Il l'appela et lui dit: 'Qu'est-ce que j'entends dire à ton sujet? Rends compte de ta gestion, car tu ne pourras plus gérer mes biens.'
3 L'intendant se dit en lui-même: 'Que vais-je faire, puisque mon maître m'enlève la gestion de ses biens? Travailler la terre? Je n'en ai pas la force. Mendier? J'en ai honte.
4 Je sais ce que je ferai pour qu'il y ait des gens qui m'accueillent chez eux quand je serai renvoyé de mon emploi.'
5 Il fit venir chacun des débiteurs de son maître et dit au premier: 'Combien dois-tu à mon maître?' 6 Je dois 100 tonneaux d'huile d'olive', répondit-il. Il lui dit: 'Voici ton reçu, assieds-toi vite et écris 50.'
7 Il dit ensuite à un autre: 'Et toi, combien dois-tu?' 'Je dois 100 mesures de blé', répondit-il. Et il lui dit: 'Voici ton reçu, écris 80.'
8 Le maître fit l'éloge de l'intendant malhonnête à cause de l'habileté dont il avait fait preuve. En effet, les enfants de ce monde sont plus habiles vis-à-vis de leur génération que ne le sont les enfants de la lumière.
9 »Et moi, je vous dis: Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin qu'ils vous accueillent dans les habitations éternelles lorsqu'elles viendront à vous manquer.
10 Celui qui est fidèle dans les petites choses l'est aussi dans les grandes, et celui qui est malhonnête dans les petites choses l'est aussi dans les grandes.
11 Si donc vous n'avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les biens véritables?
12 Et si vous n'avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous?
13 Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres, car ou il détestera le premier et aimera le second, ou il s'attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir Dieu et l'argent.»



Nous voilà plongés dans une affaire  de finances pas nettes. C’est l’histoire d’un magouilleur en eau trouble qui entraîne dans ses combines des gens dont il pourra se servir en cas de nécessité si le besoin s’en fait sentir. Dans son aventure, et c’est là une des clés de l’énigme. Il il n’a pas encore réalisé qui se cache derrière le maître  qu’il est en train de gruger et qu’il tente de tromper encore davantage pour sortir du mauvais pas où sa nature perverse l’a entraîné.  Cependant rien n’échappe à son maître, c’est ce que nous allons voir et celui-ci, contrairement aux apparences n’agit ni comme un grand naïf ni comme un être vulnérable.  


Si Jésus lui prête  des propos qui l’entraînent à féliciter son intendant malhonnête pour son art de se sortir d’affaire, il n’est dit nulle part qu’il l’approuve. Il y a des mystères dans tout cela dont il faudra soulever le voile. En fait ce qui doit être  bien clair ici, c’est que chacun de nous doit se reconnaître dans ce gérant indélicat.  Le personnage malhonnête ici,  c’est moi, c’est toi. N’allez pas croire que Jésus va couvrir ici toutes nos manigances frauduleuses et nos doubles comptabilités douteuses sous prétexte que l’argent relèverait de la responsabilité de Mammon et non de la sienne. Ce serait se fourvoyer dans une théologie dualiste  trop facile.


N’oublions pas que Jésus se situe dans un monde où tout appartient à Dieu et qu’il en a fait de chacun de nous des gestionnaires. Il nous entraîne dans cette réalité dont nous n’avons pas toujours conscience.  Cette parabole nous parle donc d’un monde dont Dieu est le maître et il nous demande de nous reconnaître nous-mêmes dans le portrait de cet intendant qui s’attribue des avantages frauduleux en les empruntant à son maître. Quel que soit notre fonction dans ce monde  nous  empruntons à Dieu tout ce que nous prétendons nous appartenir. Tout ce que nous utilisons à notre profit, c’est à Dieu que nous le prenons. Voilà l’univers de cette parabole.


Quand l’intendant se fait des amis en truquant les  comptes de son maître, il  fait des générosités avec les biens de celui-ci. Tout se passe comme si c’était le maître lui-même qui lui acquérait des amis avec son propre argent. Nous sommes  placés dans la même situation que celui qui croit s’approprier les faveurs de Dieu en faisant des bonnes œuvres, comme s’il ignorait que les générosités qu’il fait, il les fait avec  ce qui appartient à Dieu. 

Quand nous faisons les généreux, c’est avec les biens de Dieu que nous le faisons, c’est comme si c’était Dieu lui-même qui nous utilisait pour le faire. Nous comprenons alors le jugement porté par le maître de la parabole qui trouve judicieuse l’attitude de l’intendant qui croit détourner de l’argent de son maître, alors que c’est  en réalité le maître qui est son pourvoyeur en amitié et qui assume la responsabilité de ce qui a été fait avec ses biens ?  


C’est à cause de cela que l’intendant  court un gros risque car il encourt la colère de son maître et c’est pour  s’en épargner les conséquences qu’il a entrepris toute cette machination.  De même chacun de nous encourt la colère de Dieu pour laisser se faire les injustices dont nous sommes témoins dans ce monde sans utiliser les biens  que Dieu met à notre disposition pour le faire. C’est cette colère que nous risquons de subir,  non pas pour avoir fait ce que nous aurions dû faire avec ce que Dieu a mis à notre disposition, mais pour ne l’avoir pas fait.  C’est en cela que réside notre salut. 


Regardons alors, comment cela se passe dans la parabole. Le maître ici ne se met pas en colère. S’il relève l’intendant de ses fonctions, il lui laisse du temps pour présenter ses comptes et l’intendant en profite  pour le duper en se faisant malhonnêtement des amis  pour s’en sortir. Mais par la force des choses et par le biais de la duperie, c’est son maître qui lui procure ses amis, et qui malgré lui, lui offre cette porte de sortie.  En écoutant les propos de son maître, il n’a plus qu’à reconnaître que  son maître qui assume ce qu’il a fait n’est pas un naïf qui s’est fait avoir mais qu’il  est d’une bonté inimaginable et qu’il le sauve en lui procurant l’amitié dont il avait besoin.


En laissant se faire les choses et en reconnaissant les avantages que l’intendant reçoit de  cette situation nouvelle, il lui offre une solution  qui devrait susciter sa reconnaissance. L’intendant n’a plus qu’à se jeter à ses pieds avec reconnaissance ! Le fera-t-il ? Les paraboles laissent souvent la réponse en suspens en nous offrant la liberté de réagir selon la manière dont notre foi naissante nous pousse à le faire. Tel est le Dieu auquel nous avons à  faire.  Il nous laisse utiliser ses biens en nous laissant croire  que ce sont les nôtres, il nous laisse croire, pour un temps de réflexion, ou de maturation de notre foi,  que  nous gagnons des mérites en utilisant ce qui lui appartient. Il n’attend plus qu’une chose, et il nous laisse libres de le faire,  c’est que nous comprenions les générosités qui sont les siennes en nous laissant du temps pour comprendre. Ainsi nous pouvons grandir dans la foi  grâce à nos fausses bonnes actions dont il est à l’origine malgré nous. Il attend patiemment notre conversation qui sera l’expression de notre amour pour lui.


Jésus a profité d’une affaire d’argent sale pour que nous comprenions quel type de relation nous devons cultiver avec Dieu. Dans cette parabole, il est souligné que l’attitude du maître est conditionnée par les liens d’amitié qui sont créés entre  l’intendant et ceux dont il  fait ses complices en duplicité. Même si tout cela est lié à une magouille compromettante dans laquelle il entraîne les débiteurs de son maître, c’est le lien d’amitié qu’il faut retenir. Certes tout le monde y trouve son compte et la morale n’est pas sauve. Mais même des chemins tortueux peuvent mener à Dieu. Dieu ne se soucie pas du fait que des moyens peu acceptables ont amené certains hommes à lui. Dans  tous les cas c’est au cœur que frappent les éléments déclenchant qui à partir des bonnes relations provoquées par les hommes mènent à Dieu. L’homme que je suis ou que vous êtes est pécheurs, ses sentiments sont flous et ses projets ne sont pas toujours nets, malgré tout Dieu ne dédaigne pas ces instruments médiocres que nous sommes pour gagner à lui ceux que nous côtoyons.


Quand on aborde cette parabole on cherche la leçon de morale qu’elle dissimule. Il n’y en a pas.  Ce monde où on espère voir Dieu à l’action est un monde de magouilleurs et on réalise que  Dieu ne répugne pas à utiliser nos magouilles pour que le monde trouve la direction où il le conduit.


Il ne faut pas chercher dans cette parabole, une règle qui aiderait les banquiers à gérer sainement le monde de la finance, à moins qu’ils ne  réalisent que tout est à Dieu et que rien ne leur appartient, pas même leurs bénéfices et leurs dividendes. Il n’y a pas d’argent propre ou d’argent sale puisque tout appartient à Dieu et que la seule manière de le gérer et de l’utiliser pour aller  dans le sens de l’harmonie du monde. C’est ainsi  que la vie de tous sera possible sur cette terre et que tout homme pourra devenir grâce aux biens que l’on ne possède pas vraiment, l’ami de tous les hommes.


Quant à cet argent que notre société continue à appeler de l’argent sale, il n’y a qu’un seul moyen de le blanchir c’est de s’en faire des amis en le libérant  des lieux secrets où il se trouve pour qu’il contribue à créer des amitiés entre les hommes et que Dieu puisse  regarder l’humanité s’épanouir.
















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