lundi 9 septembre 2019

Luc 15/1-32 la parabole des deux fils dimanche 15 septembre 2019


Luc 15/1-32

Paraboles de la brebis et de la pièce perdues

1 Tous les péagers et les pécheurs s’approchaient de Jésus pour l’entendre.
2 Les Pharisiens et les scribes murmuraient et disaient : Celui-ci accueille des pécheurs et mange avec eux.
3 Mais il leur dit cette parabole
4 Quel homme d’entre vous, s’il a cent brebis et qu’il en perde une, ne laisse les 99 autres dans le désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la trouve
5 Lorsqu’il l’a trouvée, il la met avec joie sur ses épaules.
6 et, de retour à la maison, il appelle chez lui ses amis et ses voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis qui était perdue.
7 De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentance.
8 Ou quelle femme, si elle a dix drachmes et qu’elle perde une drachme, n’allume une lampe, ne balaie la maison et ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle la trouve
9 Lorsqu’elle l’a trouvée, elle appelle chez elle ses amies et ses voisines et dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé la drachme que j’avais perdue.
10 De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.


Parabole du fils perdu et de son frère

11 Il dit encore : Un homme avait deux fils.
12 Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de la fortune qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien.
13 Peu de jours après, le plus jeune fils rassembla tout ce qu’il avait et partit pour un pays lointain où il dissipa sa fortune en vivant dans la débauche.
14 Lorsqu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à manquer (de tout).
15 Il se lia avec un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs faire paître les pourceaux.
16 Il aurait bien désiré se rassasier des caroubes que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait.
17 Rentré en lui-même, il se dit : Combien d’employés chez mon père ont du pain en abondance, et moi ici, je péris à cause de la famine.
18 Je me lèverai, j’irai vers mon père et lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi
19 je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes employés.
20 Il se leva et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut touché de compassion, il courut se jeter à son cou et l’embrassa.
21 Le fils lui dit : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.
22 Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe et mettez-la lui ; mettez-lui une bague au doigt, et des sandales pour ses pieds.
23 Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous
24 car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.
25 Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu’il revint et s’approcha de la maison, il entendit de la musique et des danses.
26 Il appela un des serviteurs et s’informa de ce qui se passait.
27 Ce dernier lui dit : Ton frère est de retour, et parce qu’il lui a été rendu en bonne santé, ton père a tué le veau gras.
28 Il se mit en colère et ne voulut pas entrer. Son père sortit pour l’y inviter.
29 Alors il répondit à son père : Voici : il y a tant d’années que je te sers, jamais je n’ai désobéi à tes ordres, et à moi jamais tu n’as donné un chevreau pour me réjouir avec mes amis.
30 Mais quand ton fils que voilà est arrivé, celui qui a dévoré ton bien avec des prostituées, pour lui tu as tué le veau gras
31 Toi, mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi
32 mais il fallait bien se réjouir et s’égayer, car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.



Parabole des  deux frères :


Pour nous l’avenir consiste à  aller  de l’avant  vers une aventure  que l’on espère favorisée par notre bonne étoile. Nous avons pour bagage l’héritage que la vie nous a donné, et aussi tous les acquis que notre éducation nous a permis d’obtenir. Notre but est de réussir notre carrière  mieux que son père si possible. Tel est le destin qui s’ouvre devant chaque individu. Qu’il réussisse ou qu’il échoue dans ses projets, il essaye au mieux d’accomplir sa vie.


 C’est cela,  la philosophie de la vie, universellement partagée, mais ce n’est pas cela qui nous est raconté ici.  Ici, nous avons  l’histoire d’un jeune homme qui croit que l’audace et l’ambition lui permettront de mettre  les faveurs du destin de son côté sans s’en donner la peine. Tout lui est dû d’avance dans ce monde où tout lui semble être déjà acquis.


A vue humaine, il part perdant. Son maître mot, c’est la jouissance. Parti perdant, il ne saurait revenir gagnant, mais il n’a nullement l’intention de revenir vers un passé qu’il rejette apriori. Curieuse façon de penser disons-nous.  Mais c’est la nôtre aussi ! Nous allons voir que c’est la manière d’agir de beaucoup de gens  qui vivent  dans ce  monde où nous sommes. Ils  avancent à l’aveugle, au mépris des réalités du monde qui les entoure. Ils usent des  êtres et des choses comme si elles constituaient une réserve  inépuisable de profits.


Jésus raconte cette histoire, comme s’il avait senti venir à l’avance le dérapage de notre société moderne qui continue à ne pas voir le décalage qu’il y a entre la réalité dans laquelle elle est et ses ambitions. Elle continue à croire que l’on peut profiter de tout et que l’on peut avancer sur le chemin de la vie  sans se soucier des autres et des choses. Sans doute, tous les habitants de la planète  n’ont pas fait ce pari, mais il ressort cependant, que c’est le constat alarmant qui est fait sur la situation de notre monde et qu’il ne doit laisser personne indifférent. Nous recevons ces propos non pas comme une leçon de morale qui serait adressée à ceux qui égoïstement méprisent Dieu et les autres et qui se croient  dispensés d’agir en fonction de leur prochain, mais comme une allégorie qui concerne l’évolution de notre société et qui nous amène à constater  l’état d’échec dans lequel nous nous situons actuellement.


Il s’est produit ce qui était apparemment prévisible. L’insouciance avec laquelle les hommes ont usée de la planète, n’a pas prévu que  notre mode de fonctionnement entrainerait un dérèglement général. Nous nous servirons donc de cette parabole comme d’un fil conducteur pour aider ceux qui veulent réfléchir à la situation et qui culpabilisent les générations passées en les accusant d’égoïsme, d’insouciance et de surdité mentale.


Nous commencerons à réfléchir à cette parabole en la prenant à l’envers. Nous nous sentirons d’abord  interpelés par le frère ainé.  Il n’aurait sans doute pas fait ce qu’a fait son cadet et il se sert  de son bon droit pour  faire peser sur lui une amère critique. Il se croit plus sage et plus intelligent que lui et croit sa critique frappée au coin du bon sens. Il pense que son frère a bien mérité ce qui lui arrive et ne comprend pas pourquoi il devrait en assumer les conséquences. Par son attitude de blocage, il jette le désarroi dans le projet de vie familiale que le Père essaye de mettre en place. Il refuse toute attitude de collaboration avec lui et rend les possibilités de vie avenir improbables.


Le plus jeune quant à lui  n’a pas besoin qu’on lui donne de leçon de morale pour comprendre le drame dans lequel il s’est fourvoyé. Il comprend vite qu’aucune solution n’est vraiment possible sans la bonne volonté bienveillante des autres. Le retour à la case départ demande une transformation totale de son comportement appuyé sur  la collaboration de ses semblables. Il doit troquer ses positions de possédant contre celle de serviteur.


S’il change son regard sur la réalité des choses, peut-être cela ne sera-t-il pas trop tard ? Pour son ainé, il n’y a plus d’issue pour le plus jeune, puisqu’il a tout gâché, il n’a plus sa place dans l’entreprise familiale. Ce n’est donc pas celui qui s’est mal conduit qui aggrave les choses, c’est celui qui n’a rien fait. Ne serait-il pas le collapsologue de service qui se cantonne dans une attitude d’accusateur, plutôt que dans celle de celui qui cherche par tous les moyens comment cela pourrait aller mieux.


C’est alors que le Père intervient, on l’a un peu laissé de côté, comme souvent on laisse de côté ceux qui, peut-être, apportent les bonnes solutions aux problèmes. Son souci est de constater que tel qu’il est engagé, l’avenir n’est pas possible. Les deux fractions rivales doivent renoncer à ce qui les opposent si on veut avancer vers un avenir possible : le fils ainé avec l’arrogance de celui qui croit avoir raison et le cadet avec  sa demande d’espérance possible. Face à  cette double demande, il faut que quelque chose de nouveau se produise. 


C’est sur un air de fête que se profile la solution, c’est ainsi que le Père essaye de la mettre en œuvre.  Mais si le frère en détresse, quelle que soit la cause de sa situation espère quelque chose pour vivre, il faut que l’ainé entre dans la danse et modifie à son tour son attitude.


Dans tout cela le Père ne reste pas inactif en face des deux fils qui eux ne font rien. L’un espère, le second boude. Le père ne  cesse de faire  des vas et viens. Il court vers l’un et sort même du domaine pour convaincre l’autre. Il cherche des arguments pour que la mort ne s’empare pas du plus faible du moment, car il est impératif qu’il vive et l’autre ne peut rester les bras ballants en tentant de conserver ses privilèges que la situation est en train de lui reprendre.


Evidemment, en appliquant cette parabole à notre situation actuelle, nous réalisons que les  choses ne sont pas vraiment comparables car les victimes du dérèglement écologique  ne sont pas forcément coupables, comme l’est le fils cadet du récit, mais vous remarquerez qu’il n’est tenu ici aucun compte de la culpabilité de qui que ce soit. Ce qui est important c’est que celui qui est en danger ne le soit plus, la responsabilité des uns et des autres est une autre question et n’est pas abordée par le père qui préconise que la vie l’emporte sur toute autre solution. Ce qui est important c’est de rejoindre le père et d’agir activement pour débloquer la situation.


On comprend ici que la parabole propose de voir dans l’action du  Père une image de Dieu. Il n’est pas un Dieu qui agirait miraculeusement pour remettre les choses en ordre.  Le Dieu qu’on identifie ici au Père, c’est celui qui pousse les uns  et les autres  à se comporter  de telle sorte que  ce soit la vie qui reprenne le dessus. La responsabilité des uns et des autres ne jouent aucun rôle car tous, quelle que soit leur situation doivent changer leur comportement afin que l’harmonie s’installe là où le chaos cherche à s’imposer à ceux qui ne veulent pas modifier leurs comportement à l’image de l’ainé qui joue ici le rôle principal.




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