Actes 10 :34-43 - Plus d'angoisse dimanche 16
avril 2017
34
Alors Pierre prit la parole : En vérité, dit-il, je comprends que Dieu
n'est pas partial, 35 mais qu'en toute nation celui qui le craint et pratique
la justice est agréé de lui. 36 Il a envoyé la Parole aux Israélites, en leur
annonçant la bonne nouvelle de la paix par Jésus-Christ : c'est lui qui
est le Seigneur de tous. 37 Vous, vous savez ce qui est arrivé dans toute la
Judée, après avoir commencé en Galilée, à la suite du baptême que Jean a proclamé :
38 comment Dieu a conféré une onction d'Esprit saint et de puissance à Jésus de
Nazareth qui, là où il passait, faisait du bien et guérissait tous ceux qui
étaient opprimés par le diable ; car Dieu était avec lui. 39 Nous sommes
témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui
qu'ils ont supprimé en le pendant au bois, 40 Dieu l'a réveillé le troisième
jour ; il lui a donné de se manifester, 41 non à tout le peuple, mais aux
témoins désignés d'avance par Dieu, à nous qui avons mangé et bu avec lui après
qu'il s'est relevé d'entre les morts. 42 Et il nous a enjoint de proclamer au
peuple et d'attester que c'est lui que Dieu a institué juge des vivants et des
morts. 43 Tous les prophètes lui rendent ce témoignage : quiconque met sa
foi en lui reçoit par son nom le pardon des péchés.
Nous
devrions être des gens heureux et épanouis dans le monde où nous sommes.
Certes tous n’ont pas le même sort et nous ne devrions pas
négliger les injustices qui sont faites au mal chanceux dans notre pays
et dans les autres. Mais si on se permet de jeter un regard sur le
passé, nous constaterons que le sort de ceux qui vivaient, ne
serait-ce que deux générations plus tôt, ne souffre pas la comparaison
avec la nôtre. Malgré les insatisfactions dont on ne
cesse de faire état, nous sommes bien forcés d’admettre que les
techniques de progrès ne cessent de battre des records d’ingéniosité et nous
espérons qu’en dépit de la surpopulation de la planète, le génie humain
réussira à nourrir tout le monde et à gommer les dernières difficultés qui font
encore de l’ombre au tableau de notre insatisfaction.
Certains
de la capacité humaine à surmonter les obstacles, il est évident
semble-t-il que nous nous avançons vers un avenir serein et sans nuage
puisque les désastres causés par les guerres sont
définitivement relégués au magasin des choses dépassées. Pourtant
un tel discours est perçu comme relevant d’une utopie ridicule. Et
on se gausse à l’idée que quelques illuminés pourraient tenir un
tel langage. Face à un tel discours, chacun s’empresse d’énumérer
les causes d’insatisfaction qui contrediraient les propos qui viennent d’être
suggérés. Il faut donc se résigner au constat selon lequel l’homme, au
faîte de sa réussite technique et à la veille de mettre en place des
prouesses médicales inespérées ne réussit pas à rendre ses peuples heureux. Que
leur manque-il donc ? S’ils le savaient ils sauraient dans quel sens
orienter leurs recherches, mais ils ne le savent pas.
En
fait l’insatisfaction que tous ressentent ne se formule pas de la même manière
chez les uns et chez les autres. De ce constat nous comprenons que
l’homme qui se comporte comme un champion de la découverte et
s’affiche comme un prince de l’invention, qui est également un
génie de la technique est en fait insatisfait de lui-même. Son
insatisfaction et sa morosité ne viennent pas de l’extérieur de lui, mais
lui sont intérieurs. Ce phénomène sévit à tous les niveaux de la
société et n’épargne personne parce qu’on ne peut retourner ses griefs
contre personne. On ne peut même pas accuser les autres car chacun
fait partie des autres et partage la morosité collective.
Jadis,
les hommes savaient donner des noms à ce qui les perturbait et ils
savaient la cause de leurs inquiétudes. Ils accusaient les mauvais génies
qui peuplaient les forêts et qui se faisaient la guerre entre eux au
détriment des hommes. Ils pensaient aussi que les dieux dans les
lieux où ils se trouvaient se jouaient des humains et éprouvaient un malin
plaisir à leur rendre la vie rude. Quand le génie humain (encore lui)
a compris que les esprits de la forêt étaient inoffensifs parce
qu’inexistants et que le Panthéon ou l’Olympe étaient sans
locataires parce qu’il n’y avait qu’un seul Dieu pour régenter l’univers,
les humains n’en sont pas moins restés inquiets. Leur
angoisse a seulement changé d’aspect. Bien évidemment cela ne s’est
pas fait d’un seul coup, mais c’est dans ce sens là que s’est fait
l’évolution de la pensée, par un transfert et une modification des angoisses,
et c’est Dieu lui-même qui en fut le sujet.
Les
humains ont alors pensé que leurs malheurs et leurs
inquiétudes avaient pour origine leur mauvaise relation avec ce
Dieu tout puissant qui, pour régner en maître, était jaloux de ses prérogatives
et faisait subir des sévisses à l’humanité insoumise et désobéissante.
C’est au moment où cette crise s’est faite insupportable qu’est née
la Réforme comme une forme de révolte contre ce Dieu insupportable, comme
si Jésus Christ n’avait rien changé auparavant au cours des choses.
Apparemment son action n’avait pas suffi et la crainte n’avait pas
disparu. Tous les hommes n’en avaient pas été libérés. Il y avait donc,
encore d’autres comportements à dénoncer. Pourtant depuis des
siècles Jésus avait fait tout le travail, mais on n’avait pas
vraiment compris ce qu’il était venu apporter.
Si
dans les temps modernes que nous traversons les croyances en Dieu se sont
atténuées et ont rendu Dieu inoffensif, croit-on, les
angoisses ont subsisté cependant. Ce n’est pas en s’écartant de Dieu que les
choses allaient changer pour ceux qui ne croyaient plus en lui. Ils
auraient mieux fait d’écouter ce que Jésus avait dit à son
sujet jadis, et d’essayer de comprendre quelles solutions il avait
tenté d’apporter à leurs peurs. Un retour aux sources s’impose donc. On
découvrira alors que Jésus demandait aux siens d’inverser les
valeurs pour que tout change et que les peurs se transforment en espérance.
Souvenez-vous
des propos de Jésus quand il parlait de Dieu, c’est à un Père bien
veillant et miséricordieux qu’il nous adressait et il donnait des tas
d’exemples où ce Père était en décalage complet avec l’image qu’on se faisait
traditionnellement de Dieu. Il accueillait son fils débauché sans repentir,
absolvait une femme adultère sans aucune réserve, promettait le salut à
des païens aussi bien qu’à des samaritains ou à des juifs. Avant tout le
Dieu dont il parlait était infiniment bon, et préférait faire aveu
de faiblesse plutôt que de faire violence contre qui que ce soit. Appelez le
donc Papa, et vous verrez que ça changera vos relations avec lui.
Ne
pensez pas non plus que ce Dieu voulait punir les hommes en leur envoyant
toutes sortes de maladies, mais c’est plutôt lui qui cherchait à les
guérir quand ils étaient en souffrance. Jésus mêlant le geste à la parole
imposait les mains aux malades et ils étaient guéris. Si vous croyez encore que
Dieu voulait imposer sa toute puissance aux hommes en
menaçant de les punir de leurs péchés par les
effets destructeurs des éléments déchaînés, tournez les regards
vers Jésus qui apaisait la tempête pour sécuriser ses amis inquiets. Jésus
était habité par l’esprit de Dieu qui refusait d’agir contre les hommes pour
les contraindre à l’obéissance. Au contraire, il leur communiquait
l’énergie de son esprit qui les rendait capables de voir les choses
autrement et d’agir autrement.
C’est
en tenant des propos semblables que Pierre s’est adressé aux païens stupéfaits.
Ce discours nouveau les a étonné et les a séduits. C’est alors qu’ils ont senti
l’esprit les pénétrer et qu’ils se sont mis à croire à ce
Dieu qui se présentait d’une manière toute nouvelle, qui les déculpabilisait et
qui colorait l’avenir d’espérance.
Il
y a cependant un pas de plus à faire. Il ne suffit pas seulement de
croire. Il faut encore donner du sens à sa vie en se laissant
guider par cet esprit qui s’impose à nous de la part de Dieu et donne du
sens à notre avenir.
Mais
l’avenir, c’est quoi ?
Si
l’esprit de Dieu nous habite tout entier, il habite notre présent et
aussi notre avenir si bien que la mort qui nous attend prend
un tout autre aspect. Elle devient certes la fin de quelque chose, mais
elle devient aussi le début d’autre chose si bien que la mention de la
résurrection arrive ici comme une cerise sur le gâteau pour apporter une
conclusion positive à notre propos.
Jésus
a été le témoin de ce Dieu qui nous invite à voir les choses autrement.
Il a manifesté que le mot « divinité » se confondait avec celui de
« bonté » et aussi avec celui de « vie », c’est
pourquoi le pardon des péchés a pris une si grande place dans ses propos.
Il est désormais important pour nous que nous
orientions notre vie pour que tout cela devienne vérité en nous. C’est
alors que l’espérance qui se manifestera au travers de nos dires et de
nos faires sera le meilleur témoignage que nous pourrons rendre à ce Dieu
qui domine nos craintes, anéantit nos peurs et nous ouvre à une vie véritable.
Ces
quelques illustrations de van Gogh me semblent aptes à illustrer ce qui vient
d’être écrit
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