mardi 25 août 2009

Qui est Jésus ? Marc 8/27-35 Dimanche 16 septembre 2018


Marc  8/27 - 35
Jésus sortit avec ses disciples vers les villages de Césarée de Philippe. En chemin, il se mit à demander à ses disciples : Au dire des gens, qui suis-je ? 28 Ils lui dirent : Pour les uns, Jean le Baptiseur ; pour d'autres, Elie ; pour d'autres encore, l'un des prophètes. 29 Lui leur demandait : Et pour vous, qui suis-je ? Pierre lui dit : Toi, tu es le Christ. 30  Il les rabroua, pour qu'ils ne disent rien à personne à son sujet.
Jésus annonce sa mort et sa résurrection
31Il commença alors à leur apprendre qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué et qu'il se relève trois jours après. 32  Il disait cela ouvertement. Alors Pierre le prit à part et se mit à le rabrouer. 33  Mais lui se retourna, regarda ses disciples et rabroua Pierre : Va-t'en derrière moi, Satan ! lui dit-il. Tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les humains.


34 Puis il appela la foule avec ses disciples et leur dit : Si quelqu'un veut me suivre, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive. 35 Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera.




La présence intelligente de l’homme sur cette terre favorise-t-elle la construction d’un avenir heureux pour l’humanité ou la précipite-t-elle vers un avenir chaotique qui mettrait en question jusqu’à l’équilibre de la planète ? Cette double question met les penseurs de ce temps en rivalité. Les uns plaident en faveur de la première hypothèse en mettant en avant tous les acquis sociaux qui président à la construction des sociétés modernes. Si on considère le progrès des Droits de l’homme, l’égalité des races et des sexes, l’abolition de la peine de mort on pourrait penser que la race humaine est en voie d’amélioration significative. Ces arguments plaident en faveur d’une sagesse inhérente à l’humanité qui présiderait à son évolution.

Pour ceux qui s’opposent à cette hypothèse, les éléments qui laissent augurer un avenir sombre pour l’espèce humaine, pèsent plus lourds que les arguments en faveur d’un avenir heureux. Ils font état de l’incapacité de l’humanité à maîtriser tout ce qui s’oppose à une évolution harmonieuse de l’espèce. Ils s’appuient sur le fait qu’il semble impossible à l’homme de maîtriser sa production de gaz à effet de serre ou à limiter d’une manière significative le nombre des naissances, sans parler de la prolifération des armes à destruction massive de toute sorte. Tout en ayant la possibilité de nourrir tous les humains qui se meuvent sur cette planète, les hommes restent incapables de modifier le sort des 2 milliards d’individus qui ne mangent pas à leur faim et qui restent désespérément sous le seuil de la pauvreté. L’avenir, selon eux serait bien mal engagé.

Curieusement la voix des penseurs qui se réclament de l’Evangile n’a pas une résonance particulière. Ils rejoignent l’un ou l’autre camp suivant que leurs penchants naturels les poussent à défendre une opinion plutôt que l’autre, si bien qu’on les trouve dans les deux camps.

Certains, qui forment me semble-t-il une minorité, pensent cependant que Dieu interviendra d’une manière ou d’une autre. Pour les uns, il est impensable que Dieu laisse sombrer les hommes dans une folie autodestructrice. Ils affirment qu’il interviendra au dernier moment comme il le fit lors du déluge, sauvant par l’action de Noé l’humanité en voie de destruction. Pour d’autres qui se rangent dans une pensée plus élaborée, Dieu multiplie sans cesse les efforts pour que son dynamisme créateur mobilise assez d’individus pour que les hommes eux-mêmes s’unissent sur des projets novateurs qui permettraient une évolution harmonieuse où chacun trouverait son compte. On connaît aussi la pensée de ceux qui soutiennent des thèses millénaristes en vertu desquelles, c’est Dieu lui-même qui détruira l’humanité rebelle pour sauver le petit reste de ses fidèles qui respectent ses lois et ses préceptes.

Toutes ces idées sont trop contradictoires et trop floues pour que l’on puisse définir une pensée vraiment chrétienne. Nous tenterons cependant d’interroger Jésus lui-même pour essayer de percer le mystère de sa pensée en la matière. Compte tenu de ce que nous venons de dire, nous pouvons nous attendre à quelques difficultés et à trouver peut-être des contradictions dans sa propre pensée.

Il est vrai que Jésus a prophétisé la possibilité d’une catastrophe finale. Il a annoncé la fin de Jérusalem et pressenti ce que les historiens ont appelé la guerre des juifs. Il a prédit que l’abomination de la désolation pourrait entrer en œuvre, mais ce ne sera pas la fin s’est-il autorisé à dire. ( Mat. 26) Nous ne pouvons cependant passer sous silence les travaux des théologiens qui pensent que ses propos sur la catastrophe finale ont été placés dans la bouche de Jésus par les narrateurs de l’Evangile eux-mêmes quand ils ont écrit leurs récits après les événements catastrophiques de la Guerre des Juifs. Ils auraient ainsi rendu compte de la pensée de Jésus en utilisant ses propos, mais ils les auraient détournés de leur contexte originel pour les reproduire dans une actualité plus brûlante, si bien qu’on ne sait pas vraiment ce que Jésus lui-même pensait.

On peut également faire la même analyse sur les propos de Paul qui , à un moment de sa vie a réellement pensé qu’une catastrophe finale allait se produire de son vivant ( Première ep. aux Thess) et à mesure que le temps passait, et l’événement ne se produisant pas, il aurait modifié sa pensée.

Personne ne peut vraiment dire en s’appuyant sur les Ecritures quel sera l’avenir de l’humanité. Ce dernier constat ne va pas nous aider à répondre à la question que Jésus nous pose aujourd’hui et qui va nous mettre en cause en ce moment de l’année où nous reprenons nos activités : « Et vous qui dites-vous que je suis ? ».

Bien entendu, nous savons la bonne réponse que donne Pierre et nous ne saurions en donner une autre : « Tu es le Christ ». Mais une telle réponse nous aide-t-elle à avancer ? En effet, si le mot Christ était revêtu d’un certain contenu pour Pierre, aujourd’hui, il est devenu un mot passe-partout qui accompagne le nom de Jésus comme si c’était un nom de famille, mais il ne résonne pas en nous comme une réponse qui serait chargée de vérité. Il va donc falloir que nous nous impliquions davantage.

Au moment où se situe ce récit, Jésus se trouve en terre païenne, à Césarée de Philippe, dans un monde où il s’est rarement aventuré et où les vérités du judaïsme ne produisaient aucun écho. Le mot de Christ, faisant référence à une manifestation de Dieu, utilisé par Pierre n’y avait aucune valeur. C’est un peu la même situation que celle où nous nous trouvons en tant que chrétiens d’aujourd’hui. Le langage de la foi ne résonne pas de la même façon dans nos murs et hors de nos murs, et les termes religieux perdent une partie de leur signification, c’est pourquoi la réponse de Pierre pouvait paraître obsolète aux gens de cette contrée.

Pour remettre les choses dans leur contexte, il faut considérer que la conversation de Jésus avec ses proches s’est déroulée dans leur langue commune, c’est à dire l’araméen et ce n’est pas le mot Christ que Pierre a utilisé mais le mot de Messahia, Messie qui était le titre des anciens rois d’Israël, il était aussi le titre que l’on donnait au Sauveur qui devait venir à la fin des temps. Certains pensaient, tels les Zélotes, que le Messie viendrait pour libérer Israël du joug de l’occupant romain. Cinquante ans plus tard, quand Marc écrit son Evangile les choses ont changé. La langue commune est devenue le grec, et biein que le mot « Christ » utilisé cette foi ait le même sens que celui de messie, les choses ont complètement changé. On n’attendait plus vraiment un « Sauveur » tant les événements politiques avaient modifié la donne: la guerre contre les romains et la séparation du monde juif d’avec le monde chrétien avaient changé leur vision du monde.

Aujourd’hui, les traducteurs de nos Bibles se sont bien gardés de traduire ce mot dans notre langue. Ils nous en ont laissé le soin. C’est donc ce qu’il nous faut faire maintenant en sachant que notre contexte de vie n’est ni celui où vivait Jésus ni celui du moment de la transmission des textes.

Qui donc est Jésus pour nous ? Il est important que dans une époque où l’on dit tout et son contraire sur Jésus que nous sachions nous situer par rapport à ce que nous croyons. Nous devons répondre clairement à la question qui va nous permettre de dire notre foi : Qui dites-vous que je suis ?

Qui est Jésus pour moi ? Toutes les réponses ont déjà été envisagées par les apôtres avant nous : un prophète ou l’incarnation du plus grand d’entre eux : Elie, ou du dernier d’entre eux : Jean Baptiste. C’est ce que répètent les autres ! Mais Jésus insiste, mais vous, mais toi, qui dites-vous que je suis ?

Si nous disons comme Pierre : « tu es le Christ », avec tout ce que nous savons sur le contenu de ce mot , cela veut donc dire que sa parole est porteuse de vie et d’avenir. Cela veut dire qu’en nous référant à lui, nous donnons à Dieu un visage qui est le sien. Cela veut dire que nous sommes habités par lui et que c’est lui qui construit nos projets.

Nous rejoignons alors les propos que nous formulions sur l’avenir du monde. En effet, si aujourd’hui, nous croyons que nous sommes habités par Dieu grâce à la personne de Jésus, notre avenir est aussi habité par lui. C’est avec cette conviction que nous aborderons les problèmes posés à l’humanité, en sachant que Dieu ne peut habiter que des projets qui sont porteurs de vie et qu’il est contraire à sa nature de Dieu de se servir des forces du mal pour accomplir ses projets. Au contraire, Dieu ne peut inspirer que des projets de vie et l’avenir que nous construisons avec lui ne peut que porter les marques de son éternité.

Dieu inspire donc des projets tels que si on les suit, l’humanité pourra évoluer harmonieusement. Elle ne pourra que se trouver mieux si les hommes les réalisent. La question sur la qualité des hommes qui les mettront en œuvre reste cependant ouverte. Dans la liberté qu’il accorde aux hommes,  Dieu ne peut faire plus que de les inciter à aller de l’avant selon ses principes de vie. A nous d’agir de telle sorte pour qu’il en soit ainsi et que par notre témoignage nos contemporains acceptent de se laisser inspirer par lui.

mardi 18 août 2009

Les Ecritures doivent devenir Parole pour être entendues Marc 7/31-37 dimanche 6 septembre


Marc 7/31-37

31Il sortit du territoire de Tyr et revint par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le territoire de la Décapole. 32On lui amène un sourd qui a de la difficulté à parler, et on le supplie de poser la main sur lui. 33Il l'emmena à l'écart de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, cracha et lui toucha la langue avec sa salive ; 34puis il leva les yeux au ciel, soupira et dit : Ephphatha — Ouvre-toi ! 35Aussitôt ses oreilles s'ouvrirent, sa langue se délia ; il parlait correctement. 36Jésus leur recommanda de n'en rien dire à personne, mais plus il le leur recommandait, plus ils proclamaient la nouvelle. 37En proie à l'ébahissement le plus total, ils disaient : Il fait tout à merveille ! Il fait même entendre les sourds et parler les muets.



La parole est d’argent, mais le silence est d’or.Pour Jésus, ce dicton n’exprime pas la sagesse dont il se réclame. Il donne priorité à la parole, car c’est par la parole que Dieu se révèle et c’est par la parole que se transmet sa volonté. C’est par sa Parole nous dit la première page de la Bible que le monde fut créé. Pour être fidèle à notre Dieu nous devons être attentifs au fait que la Parole doit prendre priorité sur l’Ecrit.

La tradition, mille fois répétée a figé les Eglises Chrétiennes dans l’ordre de l’Ecrit. On les classe parmi les religions du Livre. Les Chrétiens et en particulier les Chrétiens protestants se considèrent même comme un peuple fidèle à l'Ecriture. Ils ne sont pas forcément dans le vrai. L’Ecriture n’est qu’un support à la parole et Dieu se manifeste par la Parole et non pas par l’Ecrit.

Depuis que l’imprimerie a rendu le texte écrit accessible à tout le monde, on a tendance à croire que c’est le texte écrit qui a autorité et que la tradition n’est que le fait des peuples primitifs, sans connaissance suffisante pour écrire et lire. Au regard de Dieu il n’en est rien. C’est par le mode oral que Dieu a décidé de se manifester et de se révéler : « Dieu dit et la chose fut »

Notre propension a ne donner de valeur qu’au texte écrit a contribué à le figer et à le fixer à tout jamais sur le parchemin, le papier ou le marbre. Cette habitude nous empêche de recevoir la Parole d’une manière vivante, puisqu’elle est rendue immuable par le fait qu’elle a été fixée à tout jamais sur un support. Ainsi figée la Parole n’est plus évolutive et Dieu se trouve enfermé dans un sanctuaire de papier comme il était jadis enfermé dans un sanctuaire de pierres. On ne cherche plus à entendre Dieu autrement que par l’assimilation de textes écrits qui ont été reçus à une époque précise et qui est devenue normative pour l’éternité.

C’est au nom de ce principe que certaines églises excluent les femmes du ministère de la parole parce qu’il a paru sage de le faire, il y a 2 mille ans dans un contexte totalement différent du nôtre. La Parole ainsi figée dans le passé risque de devenir inaudible dans notre temps. C’est sur ce même principe que l’on a érigé les doctrines de l’apartheid et de la ségrégation raciale et c’est encore à partir de ce principe aujourd’hui que l’on se demande si l’on doit accueillir pleinement les homosexuels dans l’Eglise ou si l’on doit leur faire une place à part. Que d’injustices n’ont-elles pas été commises au nom du texte écrit, alors qu’on ne s’était pas donné la peine d’entendre la Parole d’une manière vivante et que l’on a préféré s’enfermer dans le texte écrit.

La vraie question est de savoir comment entendre la Parole de Dieu, tout en restant fidèle au texte écrit qui nous la transmet. Il me semble aujourd’hui que c’est sur des clivages de cette nature que se joue l’avenir du Christianisme et non pas sur les clivages hérités de l’histoire, tels que ceux qui opposent les catholiques et les protestants.

C’est sur des questions aussi importantes que celles que j’ai évoquées que se situe la portée de ce texte. Le miracle apparemment banal qui nous est rapporté ici, pose le problème de l’importance de la Parole entendue et transmise. Il place Jésus au centre de ce processus et semble nous dire qu’on ne peut entendre la Parole de Dieu que si Jésus intervient pour qu’elle devienne audible et que nous puissions ensuite la transmettre correctement.


On amène à Jésus un sourd qui a de la difficulté à parler. D’où vient-il, nul ne le sait car l’itinéraire proposé ici est trop flou pour avoir une signification géographique précise. En effet, on ne peut pas quitter Tyr et revenir par Sidon pour aller vers la mer de Galilée en traversant la Décapole. Prenez une carte, essayez d’en dégager un itinéraire, vous verrez que la chose est impossible. Cet anonyme qui vient de nulle part pourrait bien être l’un ou l’autre d’entre nous, car nous aussi nous sommes tous victimes de mauvaise audition. Si nous croyons pouvoir entendre, nous sommes la plupart du temps incapables d’écouter. Quant à notre Parole elle n’est pas toujours comprise comme nous le voudrions, il est donc souhaitable que ce qui arrive dans ce miracle à cet inconnu puisse nous arriver à nous aussi.


La suite du récit se passe dans l’intimité avec Jésus. Il le prend à part, loin des hommes et Jésus s’approprie son infirmité. Il lui met les doigts dans les oreilles et met sa propre salive au contact de sa langue. C’est sans doute un geste qui nous dégoûte un peu, mais qui nous dit clairement que Jésus s’est approprié la bouche de cet homme comme on le fait dans un baiser, aussi trivial peut être que ce que les Anglo-saxons appellent un « french kiss »


C’est alors que, pour la première fois depuis le début de ce récit que Jésus parle. Il est sobre dans ses propos, il ne donne pas un long enseignement, il prononce un seul mot : « ephphata », c’est à dire ouvre-toi. Ses yeux se tournent vers le ciel et il soupire si bien qu’on ne sait pas qui va s’ouvrir ? est-ce le ciel, les oreilles de l’infirme ou sa bouche ? Pourquoi choisir. Il est certain que la bouche et les oreilles retrouvent leur fonction, mais c’est aussi le ciel qui s’ouvre et qui est étroitement mis en relation avec la bouche et les oreilles de cet homme. En même temps qu’il peut communiquer avec les hommes il est placé dans la possibilité de communiquer avec Dieu.


Quand Jésus prend un homme en charge il le régénère complètement ! Cet homme n’est pas seulement un infirme qui retrouve les facultés dont il était privé. C’est l’être tout entier qui est mis en communication avec Dieu. Il est désormais capable d’entendre ce qui vient d’en haut, mais il est aussi capable de dire ce qu’il a entendu et de le dire clairement. Nous ne sommes plus sur le registre du miracle qui émerveille les foules et qui fait parler les bavards, nous sommes sur le registre de la conversion qui consiste à être pris en charge par Jésus pour entrer en communication avec Dieu afin que sa Parole devienne vivante.


La merveille ne réside pas dans le miracle mais dans le fait que Jésus soit capable de rétablir la communication avec Dieu. Jésus, une fois de plus, apparaît comme celui qui rend Dieu accessible.


C’est maintenant qu’il faut alors élargir la portée de ce passage et comprendre que c’est Jésus qui rend la présence de Dieu perceptible et la parole de Dieu audible. Il ouvre les oreilles de celui qui ne sait pas entendre, Il ouvre la bouche de celui qui ne sait pas parler. Il ouvre aussi les Ecritures qui prennent du sens et qui devienne vivante part sa seule présence.


Jésus se tient ainsi sur le chemin de quiconque aspire à être ouvert à Dieu. Par son souffle, il peut ouvrir le ciel, il peut ouvrir les Ecritures, il peut aussi ouvrir notre intelligence afin que la Parole Ecrite devienne une Parole de Vie. Nul ne peut s’approprier le texte biblique s’il ne prend soin, avant sa lecture, de se laisser ouvrir le cœur, l’esprit, l’oreille et l’intelligence par Jésus qui provoquera pour lui une ouverture des Ecritures qui pourront être reçues alors en plénitude comme Parole de Dieu.

mardi 11 août 2009

La vérité sur Dieu et sur l'homme Marc 7:1-23 dimanche 30 août 2009






Marc 7/1-23


1 Les pharisiens et quelques scribes venus de Jérusalem se rassemblent autour de lui. 2 Ils voient quelques-uns de ses disciples manger avec des mains souillées, c'est-à-dire non lavées. 3— Or les pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans s'être soigneusement lavé les mains, parce qu'ils sont attachés à la tradition des anciens. 4 Et, quand ils reviennent de la place publique, ils ne mangent qu'après avoir fait les ablutions rituelles. Ils sont encore attachés à beaucoup d'autres observances traditionnelles, comme le bain rituel des coupes, des cruches, des vases de bronze et des sièges. — 5 Les pharisiens et les scribes lui demandent : Pourquoi tes disciples mangent-ils avec des mains souillées, au lieu de suivre la tradition des anciens ?

6 Il leur dit : Esaïe a bien parlé en prophète sur vous, hypocrites, comme il est écrit :
Ce peuple m'honore des lèvres,
mais son cœur est très éloigné de moi ;
7 c'est en vain qu'ils me rendent un culte,
eux qui enseignent comme doctrines
des commandements humains.
8 Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous vous attachez à la tradition des humains. 9 Il leur disait : Vous rejetez bel et bien le commandement de Dieu pour établir votre tradition. 10 Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère, et : Celui qui parle en mal de son père ou de sa mère sera mis à mort. 11 Mais vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère : « Ce que j'aurais pu te donner pour t'assister est korbân — un présent sacré » 12— vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère ; 13 vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous avez transmise. Et vous faites bien d'autres choses semblables.

14 Il appela encore la foule et se mit à dire : Ecoutez-moi tous et comprenez. 15Il n'y a rien au dehors de l'être humain qui puisse le souiller en entrant en lui. C'est ce qui sort de l'être humain qui le souille. [ 16]
17 Lorsqu'il fut rentré à la maison, loin de la foule, ses disciples l'interrogèrent sur cette parabole. 18 Il leur dit : Etes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui, du dehors, entre dans l'être humain ne peut le souiller ? 19 Car cela n'entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, avant de s'en aller aux latrines. Ainsi il purifiait tous les aliments. 20 Et il disait : C'est ce qui sort de l'être humain qui le souille. 21 Car c'est du dedans, du cœur des gens, que sortent les raisonnements mauvais : inconduites sexuelles, vols, meurtres, 22 adultères, avidités, méchancetés, ruse, débauche, regard mauvais, calomnie, orgueil, déraison. 23 Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et souillent l'être humain.



Que de crimes n'ont-ils pas été commis au nom de la vérité! Combien d'hommes et de femmes n'ont-ils pas perdu la vie parce qu'ils n'étaient pas en accord avec la vérité telle qu'elle était perçue à l'époque où ils vivaient! Depuis toujours, certains hommes se sont érigés en censeurs de leurs frères au nom de la vérité et en particulier de la vérité sur Dieu.

Mais sur quoi s’appuie-t-on pour savoir quelle est la vérité sur Dieu ? Elle repose semble-t-il sur la tradition que les hommes se transmettent de générations en générations et qui porte en elle le contenu de ce que l’on croit être la vérité sur Dieu. Elle s’appuie sur l’expérience des plus anciens témoins qui a été confirmée par l’expérience de ceux qui les ont suivis et qui ont ainsi créé une chaîne sans fin qui remonte à des origines qui se perdent dans la nuit des temps pour parvenir jusqu’à nous.

De grands événements tels que le don de la loi au Sinaï ou la résurrection de Jésus viennent apporter des fondements solides à cette tradition. Mais si on perd la trace des premiers témoins tels Abraham ou les patriarches, les générations qui leur ont succédé sont devenues de plus en plus fiables à mesure que l’on se rapproche de la nôtre.



Evidemment, au cours des siècles, certains témoins ont apprécié différemment des autres, les témoignages reçus. Ils ont même discrédité, parfois à juste titre, les témoins qui les précédaient et cela a donné les schismes et les divisions que l’on connaît aujourd’hui. Mais tous, avec les nuances que l’on vient de formuler étaient les témoins de la vérité sur Dieu. En dépit de ce que je vais dire par la suite, je m’inscris moi aussi dans cette longue lignée de ceux qui se veulent témoins de la vérité sur Dieu.

Cependant, si on se réfère à l’enseignement que Jésus donne au chapitre 7 de l’Evangile de Marc qui sert de support à ce sermon, il n’est pas sûr que Jésus donnerait son approbation à la notion de vérité sur Dieu telle que j’ai essayée de la définir. Jésus semble ne pas reconnaître à la tradition la vertu de transmettre la vérité sur Dieu. Il la récuse même au nom de la faculté de notre cœur à discerner la vérité. Il donne au cœur de l’homme une fonction déterminante pour discerner les voies de Dieu. C’est aussi le cœur de l’homme qui a capacité à nous détourner de Dieu et non le manquement à la tradition.

Jésus s’en prend donc à la pratique de ses contemporains qui bâtissaient leur vérité sur Dieu à partir de la tradition. Ils s’appuyaient sur les règles de piété définies par Moïse dans la stricte observance des lois sur le pur et l’impur. Déroger à la règle correspondait à une offense à Dieu qui l’avait instaurée par la voix du patriarche. Ses écrits étaient contenus dans la loi, dictée par la bouche de Dieu lui-même et pieusement conservée dans l’arche de l’Alliance, elle-même déposée dans le lieu Très saint du sanctuaire du Temple de Jérusalem. C’est donc à ce monument de la tradition qui réglait toute la vie de la communauté que s’en prenait Jésus au nom même de la vérité sur Dieu.

En fait Jésus ne s’en prenait pas vraiment aux règles du pur et de l’impur. Il ne leur reconnaissait pas de qualités susceptibles de transmettre des vérités sur Dieu. Jadis, la tradition sur laquelle Moïse et ses successeurs s’étaient appuyé, avait inscrit dans les nécessités religieuses les règles d’hygiène que l’expérience leur avait apportée : nécessité de se laver les mains avant de manger, interdiction de consommer de la viande de porc, circoncision des garçons et des centaines d’autres obligations… Toutes ces règles avaient pour but de préserver la vie. Dieu étant le Dieu de la vie, il était normal qu’il ait autorité sur les règles alimentaires, mais celles-ci n’avaient cependant aucune qualité pour dire quoi que ce soit sur la nature de Dieu ni sur ses exigences. Si le fait de ne pas manger de viande de porc était une prescription qui permettait de ne pas tomber malade, elle était bonne, mais en quoi servait-elle la cause de Dieu ? Si les règles alimentaires favorisaient la santé des hommes et que leur non-respect pouvait les rendre malades, cela ne pouvait en aucun cas les rendre mauvais ! ou irrespectueux de Dieu !

Quand les hommes sont mauvais et font du mal aux autres, ce n’est pas ce qu’ils mangent qui les rend mauvais, c’est ce qu’ils fomentent dans leur cœur, c’est ce qu’ils manigancent dans leur tête. C’est leur cupidité et leur avarice qui les rend mauvais. Cela vient du plus profond d’eux-mêmes. C’est là aussi que Dieu se plaît à nous visiter, et c’est en combattant avec nous contre nos mauvais penchants qu’il se révèle à nous comme notre « libérateur »

Si ce qui est mauvais en nous vient du plus profond de nous-mêmes, cela veut dire que chacun de nous est responsable de ce qu’il y a de mauvais en lui. S’il y a donc en lui la possibilité de provoquer des actions mauvaises, il y a aussi en lui la possibilité de provoquer des actions bonnes. Il est important de le dire, même si on est enclin à faire dire le contraire aux psy. de tout genre. Pour mener le combat contre nos penchants destructeurs, nous ne sommes pas seuls, c’est là que Dieu nous rejoint.

Dieu en prenant place en nous nous accompagne dans notre combat contre ce qui est mauvais et peut nous rendre meilleurs si nous le laissons faire. Ce combat se mène avec lui dans les parties secrètes de notre cœur qui restent invisibles à tout observateur de l’extérieur. Nul ne sait, en nous regardant, si nous sommes habités par Dieu. Ce serait une erreur de croire que parce que nous respectons les règles que la tradition nous a apportées, nous sommes habités par Dieu. Nul ne sait quelle est l’action de Dieu dans notre fort intérieur car ça ne se voit pas.

Or la curiosité malsaine des hommes voudrait que ça se voie. Si les règles alimentaires ont été proscrites dès le début du christianisme, d’autres traditions, toutes aussi incisives, se sont lentement imposées comme une nouvelle tradition dont le respect serait garant de la foi qui habitent les croyants. C’est ainsi que le respects de certaines règles et des pratiques sont requis pour faire figure de « bons chrétiens », si bien que du pur et de l’impur, on est passé du « visible au non visible » car selon nos critères il est nécessaire que la foi se voie.

C’est toujours un souhait de beaucoup de croyants de penser que ce qui est visible dans l’attitude des croyants serve de critère essentiel pour témoigner de la foi en Dieu. On pense que l’exemple de sa propre piété doit forcément amener ceux qui nous observent à se convertir et à croire en Dieu.

En fait, cela ne marche pas comme ça, car c’est au fond du cœur de l’homme que l’action de Dieu porte ses fruits. Personne n’a la possibilité d’accéder au cœur des autres, par contre, l’effet contraire peut se produire. Les mauvaises actions de ceux qui croient témoigner de Dieu en extériorisant leur foi peuvent nuire à l’action de Dieu dans le cœur des autres et créer des blocages tels qu’ils peuvent se détourner de Dieu.

Loin de mettre en cause les effets positifs des règles apportées par la tradition, Jésus nous rappelle que la seule chose nécessaire en matière de foi est celle qui se vit dans l’intériorité de son cœur. Il nous rappelle que c’est dans le secret de notre vie intérieure que se vit la réalité de la foi et que nul ne peut s’ériger en juge de la foi des autres et étayant son jugement uniquement sur ce qu’il voit.








Pagnol a fait dire au curé de Manon des Sources un sermon qui à sa manière va dans le même sens.
La source ne donne plus d’eau et Monsieur le curé fait alors son sermon, du haut de sa chaire.
...Quand j’étais jeune, nous avions un cousin qui s’appelait Adolphin, dit-il. Il ne venait jamais nous voir, ni pour les fêtes ni pour les naissances, même pas pour les mort,. mais de temps en temps, j’entendais mon père qui disait : "Tiens, voilà Adolphin qui s’amène ! Il doit avoir besoin de quelque chose !"...
Au moment de partir, quand il avait embrassé tout le monde, il disait : "A propos Félicien, tu n’aurais pas une charrue de reste ?"... Ou alors, son cheval avait des coliques. Mon père ne refusait jamais, mais je l’ai souvent entendu dire : "L’Adolphin, c’est pas un beau caractère !"...
Eh bien mes amis, ce que vous faites aujourd’hui au bon Dieu, c’est le coup de l’Adolphin ! Il ne vous voit presque jamais, et brusquement vous arrivez les mains jointes, le regard ému, tout estransinés de foi et de repentir.
Allez... allez...bande d’Adolphins !...
Le Bon Dieu, Il n’est pas naïf ! Il sait bien que vous êtes là parce que la source ne coule plus ! …Ces prières que vous avez la prétention de Lui faire entendre, ce sont des prières pour les haricots, des oraisons pour les tomates, des alléluias pour les topinambours, des hosannas pour les coucourdes !
Allez, tout ça, c’est des prières adolphines : ça ne peut pas monter au ciel, parce que ça n’a pas plus d’ailes qu’un dindon plumé !"

Marcel Pagnol

Les illustrations sont de Pierre Yves Trémois : pour la naissance du surhomme : l'Apocalypse

mercredi 5 août 2009

Notre confession de foi Josué 24:1-18 dimanche 23 août 2009





Josué Chapitre 24



Alliance solennelle à Sichem


1 Josué rassembla toutes les tribus d'Israël à Sichem ; il convoqua les anciens d'Israël, ses chefs, ses juges et ses secrétaires ; ils se tinrent debout devant Dieu. 2 Josué dit à tout le peuple : Ainsi parle le SEIGNEUR, le Dieu d'Israël : Vos pères, Térah, père d'Abraham et père de Nahor, habitaient autrefois de l'autre côté du Fleuve et ils servaient d'autres dieux. 3 J'ai pris Abraham, votre père, de l'autre côté du Fleuve et je lui ai fait parcourir tout Canaan ; j'ai multiplié sa descendance et je lui ai donné Isaac. 4 J'ai donné à Isaac Jacob et Esaü. J'ai donné en possession à Esaü la région montagneuse de Séir, mais Jacob et ses fils sont descendus en Egypte. 5 J'ai envoyé Moïse et Aaron, et j'ai frappé l'Egypte par les fléaux que j'ai produits en son sein ; puis je vous en ai fait sortir. 6 J'ai fait sortir vos pères de l'Egypte, et vous êtes arrivés à la mer. Les Egyptiens ont poursuivi vos pères à la mer des Joncs, avec des chars et leurs attelages. 7 Quand ils ont crié vers le SEIGNEUR, il a mis des ténèbres entre vous et les Egyptiens ; il a ramené sur eux la mer, et elle les a recouverts. Vos yeux ont vu ce que j'ai fait contre l'Egypte. Et vous avez habité longtemps dans le désert. 8 Je vous ai conduits au pays des Amorites qui habitaient en Transjordanie, et ils vous ont fait la guerre. Je vous les ai livrés, vous avez pris possession de leur pays et je les ai détruits devant vous. 9 Balaq, fils de Tsippor, roi de Moab, a fait la guerre à Israël. Il a fait appeler Balaam, fils de Béor, pour vous maudire. 10 Mais je n'ai pas voulu écouter Balaam ; c'est une bénédiction qu'il a prononcée sur vous, et je vous ai délivrés de sa main. 11 Vous avez passé le Jourdain et vous êtes arrivés à Jéricho. Les maîtres de Jéricho vous ont fait la guerre — les Amorites, les Perizzites, les Cananéens, les Hittites, les Guirgashites, les Hivvites et les Jébusites. Je vous les ai livrés 12 et j'ai envoyé en avant de vous les frelons, qui les ont chassés devant vous (ces deux rois des Amorites) . Ce n'était ni par ton épée, ni par ton arc. 13 Je vous ai donné un pays pour lequel vous ne vous étiez pas fatigués, des villes que vous habitez sans les avoir bâties, des vignes et des oliviers dont vous vous nourrissez sans les avoir plantés.


14 Maintenant, craignez le SEIGNEUR et servez-le avec intégrité et loyauté. Supprimez les dieux qu'ont servis vos pères, de l'autre côté du Fleuve et en Egypte, et servez le SEIGNEUR (YHWH) . 15 Mais s'il ne vous plaît pas de servir le SEIGNEUR (YHWH), choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir : ou les dieux que vos pères servaient de l'autre côté du Fleuve, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Moi et ma maison, nous servirons le SEIGNEUR (YHWH) !



16 Le peuple répondit : Jamais nous n'abandonnerions le SEIGNEUR (YHWH) pour servir d'autres dieux ! 17 Car le SEIGNEUR (YHWH) est notre Dieu ; c'est lui qui nous a fait monter de l'Egypte, de la maison des esclaves, nous et nos pères ; c'est lui qui a produit sous nos yeux ces grands signes et qui nous a gardés tout au long de la route que nous avons suivie et face à tous les peuples parmi lesquels nous sommes passés. 18 C'est le SEIGNEUR (YHWH) qui a chassé devant nous tous les peuples, les Amorites qui habitaient ce pays. Nous aussi, nous servirons le SEIGNEUR (YHWH), car c'est lui qui est notre Dieu.






Il est utile et même parfois nécessaire de faire le point sur le contenu de notre foi et de repenser à ce que signifie notre relation à Dieu. Si on n’y prend garde c’est l’habitude qui risque de prendre le dessus et de vider notre foi de tout son contenu. On prie, on va à l’Eglise, on affirme même des vérités sur Dieu, mais, tout cela risque de devenir de la routine, voire même du confort intellectuel vide de sens. On se coule alors dans le moule de l’apathie qui nous conforte dans une vie spirituelle que rien ne semble devoir remettre en cause.

C’est alors que la vie se charge de bousculer nos habitudes. Un incident banal peut remettre beaucoup de choses en question. Il suffit qu’un de nos proches, fort en arguments, affiche des convictions qui heurtent les nôtres pour que nous mettions en cause nos certitudes. Il peut arriver qu’un événement imprévu ravisse à notre affection quelqu’un qui nous est cher et que notre esprit ne supporte pas le choc pour qu’il se mette à échafauder des théories hostiles à Dieu qu’on n’aurait pas imaginées jusqu’alors. Nous voilà alors, mal à l’aise face à un Dieu qui nous devient étranger et dont l’existence cesse peut être de donner du sens à la nôtre.

La tradition d’Israël connaissait ce danger qui risquait de mettre en cause la foi de ceux qui se croyaient solides dans l’épreuve. C’est pour cela qu’elle avait instauré des fêtes de renouvellement de l’Alliance ou de pèlerinage pour permettre au peuple entier de faire le point sur sa foi et de se conforter dans ses convictions.

C’est sans doute dans une telle fête que le texte que nous avons lu trouve son origine. Nous en évoquerons les détails plus tard, mais déjà nous constaterons que le culte dominical, tel qu’il est célébré habituellement dans notre tradition réformée, nous donne tous les éléments suffisants pour maintenir notre foi en éveil et nous faire réagir quand certains de ses éléments sont mis en cause.


Tous les éléments de notre foi sont évoqués au cours du culte. Ainsi, l’invocation qui ouvre notre célébration rappelle que le Dieu que nous révèle Jésus Christ est un Dieu qui rend les hommes libres. Le rappel de la Loi ou l’évocation de la volonté de Dieu sous une forme ou une autre nous place devant nos responsabilités de la vie quotidienne en nous redit que nous ne pouvons pas vivre chaque jour sans être en accord avec Dieu. C’est sa présence qui doit éclairer et motiver nos actions. La prière qui suit nous replace face à Dieu et nous permet de faire intérieurement le point sur nos actions de la semaine écoulée. Evidemment nous en mesurons les faiblesses, c’est pourquoi il est nécessaire qu’une fois encore nous entendions les promesses de Dieu qui annonce son pardon et qui effacent le souvenir de toutes les défaillances que nous avons pu avoir et que nous regrettons. Nous nous sentons alors en union d’amour avec lui.

Ayant ainsi refait l’inventaire de tous les éléments de notre foi, nous pouvons écouter la lecture de la Parole de Dieu et l’interprétation qui en est faite pour nous permettre d’actualiser notre foi. C’est alors le moment de formuler une fois encore les éléments qui caractérisent notre relation à Dieu. C’est cet élément qui figure dans notre culte sous le terme de confession de foi. Nous nous y associons par la pensée et nous ne nous privons pas de formuler en nous-mêmes les réserves que nous pourrions faire quitte à en reparler plus tard avec qui de droit. C’est ainsi que nous gardons en nous une foi vivante qui résiste à l’usure du temps, parce qu’elle est régulièrement révisée par notre esprit critique.

L’habitude de fréquenter le culte fait que souvent nous oublions que chacun des éléments de la liturgie est une proposition qui nous est faite et qu’elle appelle une réaction de notre part. L’expression « amen » qui termine chaque élément du culte est une invitation à donner notre approbation intérieure à ce qui vient d’être dit. Il n’est pas opportun, bien évidemment, d’interrompre le déroulement de la célébration pour exprimer notre désaccord, le cas échéant. Mais il est bon après coup, de pouvoir en parler car c’est ainsi que nous progresserons dans la foi.

Si nous voulons que notre foi demeure vivante, il est important que nous prenions conscience périodiquement des éléments qui la composent et que nous prenions actes de l’évolution de notre pensée, qui peut différer par moments des opinions que nous croyions fermement établies. Celui ou celle qui préside le culte formule des propositions et il appartient à chacun des participants de se situer dans la foi par rapport à ce qui est dit. Il est clair que nous sommes nous-mêmes les arbitres et les ministres de ce que nous croyons, car nul ne peut avoir raison contre ce que nous pensons. Chaque fois, alors que nous participons au culte nous devons en sortir fortifiés et notre foi solidifiée, non pas tellement par ce qui a été dit que parce que nous avons pensé par rapport à ce qui a été dit.

Nous pouvons maintenant rejoindre le cours normal du texte que nous avons écarté quelques instants pour envisager comment au cours des semaines nous pouvons progresser dans la foi. Nous avons découvert qu’il nous est offert chaque dimanche de faire le bilan sur ce que nous croyons. Cette situation se produisait aussi dans l’Israël antique mais elle n’était offerte que pour les grandes fêtes.

Ces fêtes étaient soigneusement préparées, les textes qui étaient proclamés étaient judicieusement rédigés. Ils étaient ensuite lus à haute voix et la lecture en était ponctuée de grands coups de cymbales sonores et accompagnée par les sonneries du schofar. Le but de l’opération n’était pas tellement de permettre à chaque individu de préciser les éléments de sa propre foi mais de permettre à la communauté entière de retrouver le chemin de la fidélité qui la liait à son Dieu depuis Abraham et des ancêtres fondateurs. Malgré les erreurs commises à chaque génération, on espérait que Dieu consentirait à ce que l’on renouvelle solennellement l’ Alliance passée avec lui. Par la même occasion on considérait qu’il renouvelait son pardon et permettait le retour en grâce de tout le peuple devant lui.

Le texte du Livre de Josué qui est proposé à notre méditation aujourd’hui porte les traces de cette tradition du renouvellement de l’Alliance. Ecrit à une époque beaucoup plus récente que l’événement qu’il évoque, il restitue les éléments fondateurs de la foi d’Israël. Il les énumère chronologiquement en commençant par Abraham et tous les ancêtres mais il oublie intentionnellement de mentionner les moments d’infidélité.

Cette évocation a en effet pour but de faire grandir la foi collective de ce peuple et non de la rabaisser. De cette évocation il ressort que Dieu est un Dieu qui sauve son peuple et qui oublie ses moments de faiblesse et de reniement.

Au cours de la célébration évoquée ici, on ménageait un moment où le peuple pouvait à nouveau s’engager et redire son attachement à Die . Il confessait sa foi en affirmant que son Dieu n’était pas comme les dieux païens. Le Dieu d’Israël est fidèle à son peuple, il le suit dans tous les territoires où il se trouve, et le peuple qui accepte de lui être fidèle en sort grandi. Mais la grâce qui repose sur cette fidélité a un prix, c’est le prix de sa propre fidélité à laquelle il doit s’engager.

Accepteront-ils d’en payer le prix ? Josué ici, bien entendu émet le doute qui les fait réagir. Ils joignent alors leurs voix à celle de Josué et ils répèteront de génération en génération : « Moi et ma maison nous servirons le Seigneur »

Il n’y avait alors, plus qu’à écrire dans le Livre, la résolution qui avait été prise et à dresser une pierre pour en garder le souvenir. Ainsi chaque fois que l’on célèbrera cet événement on se souviendra de tous les éléments qui le composent. Ils se souviendront qu’ils ont fait alliance avec un Dieu qui libère et ne punit pas et qu’à leur tour ils ont décidé de lui rester fidèles en agissant comme un peuple sauvé et pardonné.


Il appartient maintenant à chacun d’entre nous de reprendre à son compte les différents éléments de sa foi en se souvenant du moment de sa propre histoire où il a réalisé que Dieu était intervenu dans sa vie. Depuis la venue de Jésus notre relation à Dieu est devenue
une affaire personnelle. Nous sommes seuls à connaître les événements par lesquels Dieu s’est manifesté à nous dans notre vie, et nous seuls pouvons en faire état devant lui. C’est pourquoi nous devons périodiquement, en faisant l’historique de tous les éléments de notre foi redire à nouveau : « Moi et ma maison nous servirons l’Eternel »


Les images qui illustrent ce sermon sont tirés d'un tableau de Max Leehnardt. Elles évoquent un "culte au désert" Cet épisode de l'histoire du protestantisme français, est commémoré chaque année lors du rassemblement protestant le premier dimanche de septembre au Mas Soubeyran