mercredi 19 décembre 2018

Luc 2/41-52 Jésus à 12 ans dans le Temple, Dimanche30 décembre 2018


Jésus à douze ans dans le temple



41 Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. 42 Lorsque Jésus eut douze ans, ils l'emmenèrent avec eux selon la coutume. 43 Quand la fête fut terminée, ils repartirent, mais l'enfant Jésus resta à Jérusalem et ses parents ne s'en aperçurent pas. 44 Ils pensaient que Jésus était avec leurs compagnons de voyage et firent une journée de marche. Ils se mirent ensuite à le chercher parmi leurs parents et leurs amis, 45 mais sans le trouver.

Ils retournèrent donc à Jérusalem en continuant à le chercher. 46 Le troisième jour, ils le découvrirent dans le temple : il était assis au milieu des maîtres de la loi, les écoutait et leur posait des questions. 47 Tous ceux qui l'entendaient étaient surpris de son intelligence et des réponses qu'il donnait. 48 Quand ses parents l'aperçurent, ils furent stupéfaits et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Ton père et moi, nous étions très inquiets en te cherchant. » 49 Il leur répondit : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » 50 Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait. 51 Jésus repartit avec eux à Nazareth. Il leur obéissait. Sa mère gardait en elle le souvenir de tous ces événements. 52 Et Jésus grandissait, il progressait en sagesse et se rendait agréable à Dieu et aux hommes.





Nous ne savons rien de la jeunesse de Jésus si non qu’un jour au cours du pèlerinage traditionnel de la Pâques il s’est attardé dans les écoles rabbiniques sous les portiques du temple et qu’il a raté le départ de la caravane. Erreur qui aurait pu lui être fatale car les routes sont dangereuses sur le chemin du retour pour un enfant seul mais son père et sa mère veillaient.



Si nous faisons abstraction du fait que cette aventure est arrivée à Jésus et que nous imaginons qu’elle ait pu arriver à n’importe quel gamin qui ne serait pas Jésus, nous aurions certainement un autre regard sur l’événement. Au lieu de regarder la chose avec un a priori favorable, comme nous le faisons, puisqu’il concerne Jésus, nous le verrions sous un autre regard. Les parents d’un tel gamin se poseraient des tas de questions et chercheraient ce que cette attitude pourrait bien signifier :



Une fugue ? Un acte d’insoumission, un désir d’indépendance, une révolte contre son père et sa mère ou pire une forme de délire mystique poussé à son paroxysme qui rendrait les parents encore plus inquiets. Mais puisqu’il s’agit de Jésus, tout va bien!



Je retiendrais pour ma part une première leçon de ce texte : Jésus a manqué le départ de la caravane qui devait le ramener à son village, le lieu où il vit normalement entre son père et sa mère, où il apprend un métier et où plus tard il sera un artisan respecté et à n’en pas douter un notable. En manquant le départ, c’est à tout cela qu’il semble tourner le dos. Le chemin qu’il doit suivre pour accomplir sa propre vie ne semble pas être celui qui paraît évident pour les autres. Il le rate volontairement car les affaires de son Père le retiennent ailleurs dit-il. Il faut entendre par là que le service de Dieu prend priorité dans sa vie par rapport à l’ordre social normalement établi.



Je ne peux cependant m’empêcher de partager l’inquiétude de ses parents et de tous les parents qui n’ont qu’un souci: celui que leur enfant prenne le bon départ, qu’il parte d’un bon pied dans la vie, et qu’il suive la caravane de son existence qui devrait l’amener sans encombre à sa vie d’adulte. C’est sans nul doute ce raisonnement que nous faisons tous pour nos enfants. Quant à Jésus, il ne veut pas entrer dans l’ordre établi. Ce n’est certainement pas le système éducatif de son temps qu’il conteste mais c’est la vision de ses parents concernant l’avenir. Quel avenir pour leur enfant et pour eux? Et à cette question que ne manquent pas de se poser les parents de Jésus fait écho la même question que nous nous posons à notre tour : Quel avenir pour nos enfants et pour nous-mêmes. Quels souhaits formuler en cette aube de 2019 ?



C’est cette question qui va alimenter notre méditation, et nous allons garder cet épisode de la vie de Jésus comme support à notre réflexion. Nous entrons dans une nouvelle année avec une quantité de questionnements sur l’avenir, sur l’humanité en danger qui subit les fantaisies d’une planète qui se réchauffe, sur nous-mêmes et sur nos enfants, sur l’Eglise également dont nous ne cernons plus très clairement les contours. Nous nous demandons, nous les chrétiens fidèles, s’il peut-il y avoir un avenir sans l’Eglise, sans les Eglises, sans l’Eglise Unie, sans nos pasteurs, sans nos fidèles. Nous nous inquiétons à cause de ces courants religieux nouveaux qui reprennent des mythes anciens et qui nous bousculent par leur dynamisme. Ont-ils une part de vérité?





Nous osons à peine formuler ces questions aujourd’hui, car nous ne leur trouvons aucune réponse logique. Le monde nous déroute et nos enfants aussi. Leurs comportements mais surtout leurs pensées et leurs projets nous donnent à redouter qu’ils aient raté pour la plupart, le départ de la caravane dans laquelle nous étions engagés avec eux. Les parents de Jésus ont du quitter la caravane pour venir rejoindre leur fils. Nous aurions tous fait la même démarche ! Marie et Joseph quittent leurs compagnons de route et retournent seuls, par des chemins dangereux à la recherche du gamin et le retrouvent. Mêmes s’ils ne comprennent pas ce qui s’est passé, ils osent croire cependant que ce n’est pas si grave. Dieu les a conduits à travers les dangers et ils ont retrouvé le chemin de leur maison. Ils ont compris que leurs fils a choisi d’autres voies que celles qu’ils avaient prévues.



Dans ce passage en compagnie de Jésus nous avons rejoint la modernité de ce temps et le quotidien de beaucoup d’entre nous. Nous nous inquiétons ce matin sur le devenir de nos enfants et sur l’avenir du monde et nous nous interrogeons sur la pertinence de nos comportements. Nous découvrons que les sécurités que le monde moderne nous propose ne sont pas forcément porteuses d’ avenir. Les constructions humaines ne sont pas porteuses de ce que sera demain. On continue à dire aujourd’hui que nous construisons la société de demain, mais ce qu’on ne nous dit pas, c’est quelles sont les valeurs déterminantes d’aujourd’hui qui décideront d’une société vivable pour les générations futures. Il est notoire que les urbanistes et les sociologues d’hier n’ont pas su prévoir ce qui nous menace aujourd’hui. Ils n’ont pas su corriger ce qui nous mettrait en péril. On a négligé, dans le système qui prévaut aujourd’hui, que c’est l’intérêt du prochain qui doit avoir priorité sur tout.



Puisque les hommes n’ont pas su gérer les choses, il n’est pas inconvenant de s’interroger pour savoir si Dieu n’a pas quelques chose à nous dire. C’est pourquoi nous rejoignons Jésus au temple pour considérer ce qui se passe avec les vénérables maîtres de la Loi sous le portique de Salomon. Là nous découvrons que c’est Jésus qui mène le jeu des questions et des réponses et que ce sont eux qui sont étonnés. Il me semble que par sa manière de les interroger ou de répondre à leurs questions, Jésus les amène à découvrir que leur science biblique et théologique ne contient pas toutes les réponses et toutes les questions que Dieu pourtant avait révélées de longue date. La pratique de la religion et le respect de la loi elle-même doivent céder la priorité au souci du prochain. Ce sera le fondement de l’enseignement que Jésus développera quand il deviendra adulte. C’est pourtant ce qui a largement été oublié dans la construction du monde actuel.



Ce qui fascine les maîtres de la Loi, c’est l’intelligence avec laquelle Jésus répond à leurs questions. L’intelligence dans l’Ecriture n’est pas seulement d’ordre intellectuel, elle est aussi d’ordre spirituel. Il s’agit de l’action conjuguée de notre capacité à réfléchir et de l’Esprit de Dieu qui travaille en nous. Jésus ne nous enseigne pas à chercher des réponses toutes faites ou prédéterminées par Dieu, car Dieu nous laisse la liberté de construire le monde de demain. Il nous a donné un seul carnet de route que les hommes connaissent fort bien et qu’ils négligent beaucoup, c’est le respect que l’on doit au plus faible. C’est en le mettant en pratique que le monde évoluera heureusement.



Bien qu’il soit de notre responsabilité de construire l’avenir, cela ne peut se faire sans Dieu, car c’est lui qui nous donne l’intelligence des choses et le discernement. Dieu agit en nous pour nous aider à formuler des réponses toujours nouvelles à nos questionnements. Dieu nous inspire pour que le monde évolue dans le sens de l’intérêt de tous et il nous résiste, sans nous contraindre si nos pas ne vont pas dans le bon sens.



Jésus, déjà tout plein de la connaissance que Dieu a mis en lui, quitte la caravane du conformisme social. Il enseigne sans doute les vénérables maîtres à le faire aussi. Ils s’émerveillent, mais ils ne vont pas changer. Semblable aux sages d’Israël, le monde d’aujourd’hui connaît les impératifs que lui impose l’avenir, mais il ne veut changer ni son confort, ni ses avantages ni ses privilèges !



Ceux qui jadis ont construit le monde d’aujourd’hui ont fait l’économie de Dieu, et nous en voyons les effets. A nous qui sommes les constructeurs du monde de demain, nous sommes invités à le construire avec intelligence, c’est à dire en sachant que Dieu nous fait l’honneur de nous laisser l’inventer. Les projets de demain ne sont pas cachés dans les pages de la Bible ou de quelque Livre sacré, les projets de demain seront porteurs de l’avenir dans la mesure où avec intelligence nous discernerons dans quel sens le souffle de l’esprit nous emporte. Il est donc opportun de ne pas se sentir obligé de suivre la caravane de l’ordre établi. Il nous faut formuler autrement les règles de notre évolution en y introduisant des valeurs nouvelles qui seront faites d’amour et d’espérance. Le monde de demain n’a d’avenir qu’avec Dieu et Dieu ne travaille qu’avec les hommes de bonne volonté. Que celui qui a de l’intelligence essaye de comprendre !

vendredi 14 décembre 2018

Jean 1-18 Au commencement 25 décembre 2018





1Au commencement était la Parole, la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.

2 Elle était au commencement avec Dieu.

3 Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait, n'a été fait sans elle.

4 En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

5 Et la lumière a lui dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue.

6 Il y eut un homme, appelé Jean, qui fut envoyé de Dieu.

7 Il vint pour être témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.

8 Il n'était pas la lumière, mais il était envoyé pour rendre témoignage à la lumière.

9 La véritable lumière qui éclaire tout homme était venue dans le monde.

10 Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle; mais Lui le monde ne l'a pas connu.

11 Il est venu chez les siens; et les siens ne l'ont point reçu.

12 Mais à tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le droit d'être faits enfants de Dieu, savoir, à ceux qui croient en son nom,

13 Qui ne sont point nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu.

14 Et la Parole a été faite chair, et a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père.

15 Jean lui rendit témoignage, lorsqu'il s'écria en disant: C'est ici celui dont je disais: Celui qui vient après moi est au-dessus de moi, parce qu'il était avant moi.

16 Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce.

17 Car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

18 Personne n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l'a fait connaître.

Jean 1/1-18
Nous avons tous en mémoire le texte des Evangiles de Matthieu et de Luc qui font état du récit de Noël. Ils ne se ressemblent pas, mais par habitude, nous les avons mélangés, sans même nous douter que les détails ne collent pas entre eux.  C’est pourtant en les mélangeant  qu’on a pris l’habitude de les évoquer, au risque de dénaturer la cause qu’ils cherchent à défendre. Les spécialistes s’en offusquent, mais le commun des mortels les lit à sa façon. 
Tout ce qui fait la caractéristique des contes s’y trouve. On y croise un méchant roi qui fait des horreurs, et  un pauvre enfant. Malgré tout le peuple fait  quand  même la fête et les anges donnent un concert céleste. Au centre de l’histoire se tient un couple de pauvres immigrés à qui on refuse l’hospitalité. Cela n’empêche pas qu’ils reçoivent des cadeaux de la part de mystérieux voyageurs élevés au rang de princes et revêtus de toute la dignité qui leur convient. Ils sont à la recherche d’une vérité qui trouve son origine dans les étoiles. Tout est à  sa place dans cet ensemble de récits, le merveilleux, le miracle,  la méchanceté et l’indifférence et tous les problèmes quotidiens. Tout y est, sauf Dieu ! Cherchez bien, il n’y est pas, et puisqu’il n’y est pas, ne nous offusquons pas si la fête qui s’en suit prend des allures païennes. 
Ce récit nous parle d’un monde où personne ne s’offusque de voir une femme accoucher à l’écart, dans une cour de ferme au milieu des bestiaux en pleine nuit, alors que tout à côté un concert est donné en plein champ. Finalement tous se retrouvent, la mère et l’enfant et les fêtards pour accueillir des savants  qui étalent leurs bijoux et en font des cadeaux à la femme pour l’enfant sans que personne ne songe à les dérober, et c’est le roi qui en fait des cauchemars et ceux-ci alimentent  sa cruauté.
 A la réflexion ce monde loufoque ressemble au nôtre car bien des situations connues s’y trouvent évoquées et tous les sentiments humains s’y entremêlent. Haine et générosité, richesses et pauvreté, divination et spiritualité y font bon ménage.
Bien que Dieu n’apparaisse pas dans cette histoire et qu’on n’y parle même pas de lui, c’est pourtant pour nous aider à le trouver que ces récits  ont été composés. Les Evangiles ont choisi de nous communiquer leur saga en insérant leur témoignage dans un environnement commun à toutes les civilisations. Pour satisfaire notre piété, le ciel a été rempli d’anges et pour nous faire gamberger on n’a pas oublié de nous révéler que les païens pouvaient avoir une piété. Pourtant la science des devins orientaux ne  leur sert à rien puisqu’ils n’ont pas eu la capacité  de deviner les  atrocités  que le tyran local était en train de cogiter.
Dieu se cache-t-il dans cet enfant traqué par le destin, comme on se plait à le dire ? Si c’est le cas, qu’est-ce que cela change ? Les sermons prononcés à ce sujet ne cessent de nous le dire ! Mais en quoi ce récit nous parle-t-il de Dieu ? Il est difficile, à partir de cette vaste fresque de mettre les  bons éléments  dans les bonnes cases.
Dieu viendra à nous si nous allons à lui. Ce n’est pas une citation biblique, c’est une maxime que j’e viens d’inventer. Elle suggère qu’il appartient à tout chercheur de Dieu de faire l’effort nécessaire pour rassembler les pièces du puzzle qui nous est donné afin que les contours du monde nouveau commencent à s’esquisser pour tout chercheur de Dieu. Ainsi  s’élaborent les premiers éléments de sa foi. 
Si les hommes cherchent Dieu, ils se plaisent surtout à inventer le Dieu qui leur convient. Pourtant ce Dieu, jusque-là invisible, leur ouvre des pistes pour qu’ils puissent le rencontrer en vérité. Si nous le cherchons dans les récits   de la nativité, ce n’est pas forcément dans l’attendrissement que l’on éprouve à l’aspect d’un nourrisson autour duquel tous s’affairent,  mais c’est  dans l’ambiance dans laquelle le récit est transmis que la présence de Dieu se fait sentir. C’est dans un monde qui respire la fête et l’espérance que nous place le concert des anges et qui sert de décors  pour manifester la présence de Dieu. C’est dire que l’on ne nous suggère pas que l’avenir s’inscrit  dans un monde morose. Et  bien que  le récit nous place dans cette atmosphère, il ne nous soustrait pas non plus  à    cet univers absurde et morbide  où sévit le tyran.
La crèche nous est présentée dans un monde qui ressemble à un microcosme où la même histoire, avec beaucoup de variantes se répète de pays en pays  et de siècles en siècles. Si nous tendons l’oreille vers les rumeurs qui nous viennent de ce microcosme, c’est la voix de Dieu que nous entendrons et la voix de Dieu est toujours créatrice et porteuse de vie. C’est donc la voix d’un monde futur, toujours fécond qui vient jusqu’à nous. Si Dieu s’intéresse au monde, c’est dans la proximité de ceux qui cherchent à préserver la vie qu’on le trouve. 
Ici la vie cherche à perdurer grâce au génie d’un homme qui s’efforce de préserver  celle de son enfant et de sa femme, même dans la fuite si nécessaire. En faisant le choix de la vie pour les autres,  cet homme, Joseph nous désigne dans quelle direction il faut chercher Dieu, car Dieu inscrit sa présence dans les actes que font les hommes pour que triomphe la vie. Le récit se met alors à vibrer de la voix créatrice de Dieu et nous réalisons que Dieu se fait présent dans tout ce qui frémit de vie. Ce faisant il ne cesse de se révéler comme créateur. Nous découvrons que les effets des actes créateurs de Dieu sont dans les gestes des hommes qui se préoccupent de faire vivre leurs semblables.
Si nous percevons l’ode à la vie qui émane de  ces textes, nous saisissons que Dieu y est présent et qu’il s’impose au monde par la vie qui triomphe, malgré tous les événements qui tentent de la voiler.
Si ces récits de la nativité  rendent  témoignage à Dieu, ce n’est pas par les balbutiements d’un enfant qui plus tard sera son principal témoin, mais par la volonté de ceux qui ont voulu rendre compte de cette histoire en s’évertuant à dire que la vie et Dieu font cause commune, si bien que nous sommes invités à devenir des passionnés de la vie en référence au Dieu qui nous anime. Nous sommes alors mobilisés par les paroles de ces textes pour témoigner que Dieu est porteur de tout ce qui donne vie. C’est alors  que le verbe se fait créateur.

Illustrations Jane Sullivan

mercredi 12 décembre 2018




Luc 3/10-18 – dimanche 16 décembre



10 Les foules l'interrogeaient : Que devons-nous donc faire ? 11 Il leur répondait : Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même. 12 Des collecteurs des taxes aussi vinrent pour recevoir le baptême ; ils lui demandèrent : Maître, que devons-nous faire ? 13 Il leur dit : N'exigez rien au-delà de ce qui vous a été ordonné. 14 Des soldats aussi l'interrogeaient : Et nous, que devons-nous faire ? Il leur dit : Ne faites violence à personne, n'accusez personne à tort, et contentez-vous de votre solde.

 .

15 Comme le peuple était dans l'attente, et que tous se demandaient si Jean n'était pas le Christ, 16 il leur répondit à tous : Moi, je vous baptise d'eau, mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et ce serait encore trop d'honneur pour moi que de délier la lanière de ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit saint et le feu. 17 Il a sa fourche à la main, il va nettoyer son aire ; il recueillera le blé dans sa grange, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint pas.



18 Jean annonçait la bonne nouvelle au peuple avec beaucoup d'autres encouragements.




Fatigués de chercher un Dieu qui semble se cacher pour ne pas se laisser trouver, beaucoup d’hommes et de femmes d'aujourd'hui ont abandonné toute  pratique religieuse. L’enseignement des églises leur semble dépassé et ne répond pas à leurs questions. Ils ne découvrent en lui qu’un discours méprisant  pour ceux qui suivent d’autres voies que celles habituellement reconnues. Le discours qu’ils entendent est bien souvent en total décalage avec celui que leur donne l’approche scientifique ou historique des mêmes problèmes. Ils aimeraient qu’on les aide à mettre de l’ordre dans leurs pensées  et à construire leur foi en fonction de ces nouvelles données, mais personne ne le fait. Le christianisme leur semble donc dépassé, si bien que ce qui était jadis  la « bonne nouvelles de l’Évangile » est devenu une actualisation insipide des vérités d’un autre temps.





Tout cela n’est pas une nouveauté. Les déçus de la foi étaient nombreux à l’aube de notre ère et  c’est eux que l’on trouve en masse sur les rives du Jourdain. Ils étaient  avides des paroles de Jean Baptiste, parce qu’elles étaient en décalage par rapport au discours officiel. Jean curieusement s’attachait à apporter une réponse à la demande de ceux qui se sentaient exclus. Il se laissait interpeller par leurs questionnements et leur ouvrait des horizons porteurs d’avenir.



A l’évocation du nom de Jean Baptiste, même les chrétiens les plus avertis se demandent ce que l’on peut tirer des rares discours de ce  personnage  dont on parle si  peu dans la Bible et sur lequel on n’a que très peu d’informations.



On en parle peu, parce qu’il a vécu trop peu de temps pour laisser une trace durable. Ceux qui ont quelques notions d’histoire savent que l’Évangile le décrit comme un homme étrange qu’on n’aurait pas aimé rencontrer au coin d’un bois. On le représente souvent comme un vagabond barbu, vêtu de peaux de bêtes qui se nourrissait de ce que la nature lui donnait, en particulier de miel sauvage et de sauterelles.



Les curieux venaient le rejoindre dans le désert où il se trouvait pour écouter ses propos contre la société établie. Nul ne trouvait grâce à ses yeux, ni le clergé, ni même le roi qui se sentant insulté par ses propos le fit arrêter et exécuter au cours d’un festin mémorable. La scène est restée célèbre.



On a vainement essayé  de  le faire entrer dans un cadre établi. Personne n’y a vraiment réussi et le roi l’a fait exécuter  avant qu’il ait pu  donner sa mesure. Fallait-il le classer parmi les disciples des Esséniens, ces ermites du désert ? On s’y est efforcé sans y parvenir. Sa parenté avec Jésus, rapportée par les évangiles, n’a été utilisée que par des savants éminents pour étayer leur propos relevant de la haute théologie, mais ce fait  ne nous apporte que peu de choses. On ne sait pas vraiment pourquoi, la foule de ceux qui se sentaient  rejetés par la religion  et  les masses de ceux qui ne trouvaient pas leur voie dans les dogmes établis se pressaient dans  un désert  loin de tout.




On se souvient que Jean  a baptisé Jésus, qu’il l’a poussé à le rejoindre et à prendre sa suite. Sa tentative fut suivie d’effets, les gens qui le suivaient ont mis leurs pas dans ceux de Jésus. Heureusement d’ailleurs, car la police du Tétrarque l’attendait au tournent et ne l’a pas manqué. Conformément à son habitude il a dit ce qu’il ne fallait pas dire au roi qui l’avait fait arrêter à la fois par dépit et par curiosité.  Il paya l’affront de sa vie.   Ainsi  Jean Baptiste avait ouvert la voie à Jésus et il avait donné avant lui de l’espérance à beaucoup de frustrés de la religion et à beaucoup de marginaux en quête de vérité sur Dieu..



Parmi ces marginaux  on rencontrait d’abord les bons bourgeois qui ne s’y retrouvaient plus dans les méandres des obligations religieuses. Tous étaient frappés par la simplicité des réponses de Jean. Il préconisait pour seule règle,  une élémentaire charité humaine relevant plus du bon sens que  de prescriptions religieuses compliquées.  Que personne n’ait faim , que personne n’ait froid dans des vêtements insuffisants. Telle était la règle de base. Les vêtements que chacun avait  en trop devaient être destinés à ceux qui étaient dans le besoin. Il ne préconisait aucune privation rigoureuse,  le bon sens élémentaire était suffisant.  Dieu devenait pour eux le champion de la facilité.



Personne n’avait besoin d’en savoir plus pour être en accord avec Dieu. Personne n’avait besoin d’en faire plus pour le contenter.  A partir d’un raisonnement simple et d’une pratique  charitable  concernant le sort des autres, il devenait aisé de  discerner le chemin que Dieu préconisait pour chacun. 



Aujourd’hui encore, beaucoup de croyants se sont détachés leurs pratiques religieuses parce qu’ils ne comprennent plus les exigences de Dieu dans les prescriptions de leur église, mais ils ont continué à consacrer une partie de leur vie au service d’associations caritatives. Ils  disent que c’est la seule chose qu’ils peuvent encore faire. Ils le disent avec regret, et parfois avec honte sans se rendre compte que leur comportement  correspond   à ce qui se trouvait au début de l’Évangile. Il correspond aux préceptes que donnait  Jean Baptiste avant  même que Jésus ait commencé son ministère.



Qu’ils ne se découragent donc pas,  ils sont revenus aux sources de l’Évangile, ils peuvent donc recommencer une nouvelle vie avec Jésus qui les entraînera à vivre une merveilleuse aventure de la foi.



En écoutant la simplicité des propos de Jean, d’autres égarés de la foi et d’autres chercheurs de Dieu venaient vers lui. C’étaient des collecteurs d’impôts rejetés en masse  par toute la population. Soupçonnés de trafic et de manigances, accusés de pactiser avec l’ennemi, ils étaient impopulaires. Cette situation les coupait de toute vie sociale et de toute vie religieuse. Jean les  accueillaient et les remettaient sur le chemin de Dieu en  préconisant une morale accessible à tous qui ne les enfermait pas dans leurs particularismes.



Les soldats aussi  se sentaient concernés. Exclus de la société parce qu’ils étaient au service de l’occupant. D’origine païenne, ils étaient exclus de la religion, mais certains espéraient  quand même en Dieu et Jean les prenaient en charge et  leur ouvrait une porte  vers le Seigneur.



Pour quiconque cherche Dieu, la seule porte à ouvrir est celle de son cœur et aucun humain n’a le pouvoir de la fermer. La seule chose nécessaire est de mettre sa bonne volonté au service de Dieu et  de s’ouvrir aux autres, Dieu fera le reste ! C’est apparemment bien simple à faire, mais beaucoup de croyants ne l’ont pas encore compris et amassent sur la conscience des autres des obligations que Dieu n’exige pas. Beaucoup n’ont pas encore  compris  que c’est Dieu qui ouvre les portes en venant vers les hommes et qu’il ne les ferme jamais. C’est cela que les théologiens appellent l’incarnation. Il n’est donc pas besoin de dire des choses compliquées pour deviner  que la suite du chemin avec Dieu n’est pas difficile à trouver.

jeudi 29 novembre 2018

Luc 21/25-36 La fin des temps - dimanche 2 décembre 2018


Luc 21/25-36



La venue du Fils de l'homme

25Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et, sur la terre, une angoisse des nations qui ne sauront que faire au bruit de la mer et des flots ; 26les humains rendront l'âme de terreur dans l'attente de ce qui surviendra pour la terre habitée, car les puissances des cieux seront ébranlées. 27Alors on verra le Fils de l'homme venant sur une nuée avec beaucoup de puissance et de gloire. 28Quand cela commencera d'arriver, redressez-vous et levez la tête, parce que votre rédemption approche. 



L'approche du règne de Dieu





La venue du Fils de l'homme

25Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et, sur la terre, une angoisse des nations qui ne sauront que faire au bruit de la mer et des flots ; 26les humains rendront l'âme de terreur dans l'attente de ce qui surviendra pour la terre habitée, car les puissances des cieux seront ébranlées. 27Alors on verra le Fils de l'homme venant sur une nuée avec beaucoup de puissance et de gloire. 28Quand cela commencera d'arriver, redressez-vous et levez la tête, parce que votre rédemption approche. 



L'approche du règne de Dieu

29Il leur dit encore une parabole : Voyez le figuier et tous les arbres. 30Dès qu'ils bourgeonnent, vous savez de vous-mêmes, en regardant, que déjà l'été est proche. 31De même, vous aussi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le règne de Dieu est proche. 32Amen, je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela n'arrive. 33Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. 



La nécessité de veiller

34Prenez garde à vous-mêmes, de peur que votre cœur ne s'alourdisse dans les excès, les ivresses et les inquiétudes de la vie, et que ce jour n'arrive sur vous à l'improviste, 35comme un filet, car il viendra sur tous ceux qui habitent la surface de toute la terre. 36Restez donc éveillés et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d'échapper à tout ce qui va arriver et de vous tenir debout devant le Fils de l'homme.




L’être humain est une bien faible créature en dépit de ce qu’il croit.  Il est dépourvu de moyens de défense naturelle contre ses agresseurs. Il n’a ni ongles, ni griffes ni dents redoutables pour  se protéger de ceux qui l’attaquent. Il n’a ni poils ni plumes ni fourrure pour se prémunir contre les agressions du froid, de  la chaleur et de la pluie. En dépit des performances olympiques de ses champions,  il n’est pas un coureur assez rapide pour échapper à ses prédateurs. Il ne sait pas voler pour échapper à ses poursuivants, et ce n’est pas en nageant qu’il peut attraper des proies et s’en nourrir.



Seul dans un monde hostile, l’homme a cependant  réussi à conquérir  la planète. Il  s’est imposé à tout ce qui faisait obstacle à sa prodigieuse évolution, grâce à son intelligence et à l’habileté de ses mains. Il a laissé la trace de ses exploits dans des écrits, qui ont été lus de générations en générations  et qui ont renforcé pour ses descendants la certitude que l’homme est invincible. Hiéroglyphes, cunéiformes ou autres ont raconté ses alliances avec les dieux et ont assuré à   ses descendants qu’il avait une histoire commune avec eux . De tout temps il a cherché à s’approprier les faveurs de puissances extérieures à lui et il les a  divinisées. Les mythes les plus anciens racontent ses tentatives de devenir encore plus performant  grâce à la complicité des puissances célestes.



Mais il ne peut pas tout.  Il n’a pas réussi, malgré ses tentatives nombreuses, à séduire les puissances hostiles  qui habitent les mers et déclenchent les ouragans,  ni à éradiquer les maladies  qui détruisent des populations entières. Il y a des forces de la nature qu’il ne comprend pas et il accuse la colère des dieux de s’en prendre à lui. Même quand sa pensée à évolué au point d’abandonner le polythéisme lié aux forces de la nature pour adorer le Dieu unique créateur de tout chose,  il croit encore que les mouvements  de  la nature qui lui sont hostiles ont quelque chose à voir avec  ce Dieu.



Toute une théologie biblique a été construite sur ce mythe et le peuple d’Israël  a continué à croire pendant longtemps que les catastrophes qu’il subissait étaient liées à la colère de Dieu qui lui reprochait  son infidélité. C’est ainsi qu’on a raconté le déluge.  C’est ainsi  aussi que l’on a expliqué la prise de Samarie en  723 et la chute de Jérusalem en 586. C’est  ainsi qu’on a expliqué le retour de l’exil parce que la colère de Dieu se apaisée.



Mais une théologie trop simpliste ne satisfait plus les penseurs.  Les penseurs  bibliques pour approfondir les choses  se sont écartés des chemins de la facilité. Ils ont cherché à donner une image de Dieu plus appropriée à la situation.  Les Ecritures ont laissé entendre  qu'un  Messie  devait venir. On s'est alors plu à espérer  à l'aube du premier siècle en la venue d'un roi céleste. En attendant les légions romaines qui occupaient le pays imposaient une loi implacable et contraire au monothéisme que pratiquaient fidèlement les Hébreux.  Qui avait armé le bras romain pour dominer la terre ?





C'est alors, que  rempli de ces réflexions,   Luc, l’écrivain de l’Évangile a repris les propos de Jésus et a raconté ses exploits  pour les transmettre, aux générations suivantes. L'actualité politique apportait des éléments à ses propos. En effet, la guerre des juifs qui avait suivi la mort de Jésus avait accrédité l'image de l'abomination de la désolation. La Ville Sainte  avait été détruite ainsi que son temple.  La question  devenait  cuisante pour tous : qui pouvait bien se cacher derrière une telle force  qui semblait  laisser croire que Dieu était vaincu dans son propre camp ? La question reste pertinente  aujourd’hui, et la comparaison avec l’actualité est toujours possible.



Dans ce contexte nous reprenons les propos de Jésus. Son discours semble  donner raison  aux thèses  catastrophiques selon lesquelles un fatalisme règne sur le monde qui entraînera sa destruction et la venue d’un Royaume  de paix, mais nous trouvons que ce temps d’attente est bien long. Faut-il voir les choses autrement ?



L’idée de la colère de Dieu est abandonnée par Jésus. Il le laisse en dehors du coup. En effet,  on comprendrait mal l’idée que Dieu  consente à tant de souffrances pour  provoquer une fin du monde  qui n’arrive toujours pas, car après  l’épisode évoqué ici, l’histoire du monde va continuer et je ne donne pas la liste des horreurs  qui se sont déroulées sur notre planète depuis 2 000 ans et dans lesquelles l’Église n’a pas toujours joué un joli rôle.



S’appuyant sur  les événements présents  et passés,  évoquant un avenir proche ou lointain, Jésus n’hésite pas à répondre aux inquiétudes des hommes et même à les amplifier. Il en rajoute même une couche  envisageant même que la planète n’y résistera pas.  Trop, c’est trop.  En fait  Jésus veut nous entraîner ailleurs, sur une autre voie car sa pensée ne relève pas de cette logique.



Curieusement, il ne fait aucune allusion à Dieu, Je l’ai déjà dit, qui ne semble pas directement impliqué dans cette affaire. Face à  ces moments difficiles qu’il évoque, face à la réalité terrifiante que vivent les peuples menacés, Jésus nous recommande seulement  de veiller et prier. Mais prier, nous le faisons bien et ça ne semble pas marcher. Prions-nous comme il le souhaite ? Il n’empêche  que c’est dans cette action  qu’il faut concentrer notre intelligence et exercer notre  sagesse.



Par ces  deux  recommandations   il fait appel à l’esprit inventif de l’homme,  celui de veiller. Il fait aussi appel à sa foi :  prier. Il nous rappelle ainsi que la prière n’a pas pour objet l’attente  passive d’une  délivrance  de la part de Dieu et qu'il ne s'agit pas de voir évoluer la terre sans rien faire. Notre prière doit être une supplique faite à Dieu  pour que son esprit nous visite  et que sous son action, nous mettions en œuvre notre intelligence.



C’est Dieu qui par sa sagesse éclaire notre pensée et nous aide ainsi à inventer des solutions car il n’y a pas de solutions toutes faites pour résoudre  des problèmes qui ne sont pas encore posés. Dieu fait confiance aux humains pour qu’ils inventent eux-mêmes les bonnes solutions. C’est en nous rendant inventifs que Dieu répond à nos prières.  Ainsi en nous poussant à une action réfléchie,  Dieu agit-il sans se substituer  à nous.




Éclairés par l’Évangile  qui est au cœur de notre foi, nous pouvons déjouer les mauvais instincts qui habitent les hommes tels l'égoïsme et l'esprit de domination.  Dans ce type de situation j’espère en Dieu pour qu’il nous aide à devenir  de bons veilleurs  et  pour stimuler  ceux qui agissent dans ce monde  afin qu'ils soient  être des hommes de foi.

mardi 20 novembre 2018

Jean 18/33-38 Qu'es-ce que la vérité? dimanche 25 novembre 2018




Jean 18/33-38



33 Alors Pilate rentra dans le prétoire, et ayant fait venir Jésus, il lui dit: Es-tu le roi des Juifs?

34 Jésus répondit: Dis-tu cela de ton propre mouvement, ou d'autres te l'ont-ils dit de moi?

35 Pilate lui répondit: Suis-je Juif, moi? Ta nation et les principaux sacrificateurs t'ont livré à moi; qu'as-tu fait?

36 Jésus répondit: Mon royaume n'est pas de ce monde; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs combattraient, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs; mais maintenant mon royaume n'est pas d'ici-bas.

37 Alors Pilate lui dit: Tu es donc roi? Jésus répondit: Tu le dis; je suis roi, je suis né pour cela, et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix.

38 Pilate lui dit: Qu'est-ce que la vérité? Et quand il eut dit cela, il sortit de nouveau vers les Juifs, et leur dit: Je ne trouve aucun crime en lui.




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Qu’est-ce que la vérité demande Pilate ? Cette question ne demande pas forcément une réponse, car pour lui la vérité c’est l’obéissance aveugle à l’autorité romaine. S’il pose la question ainsi c’est que malgré tout il pense qu’il peut y avoir une autre réponse moins radicale. Quoi qu’il en soit, même s’il ne sait pas vraiment ce que recouvre cette notion de Vérité, c’est quand même au nom de cette vérité qu’il gouverne cette province sans scrupule. C’est en son nom qu’il  fait tomber les têtes qui le dérangent,  et que Jésus sera crucifié.

Depuis des millénaires, on ne sait toujours pas au nom de quelle vérité le monde est géré. On vient de commémorer, il y a quelques semaines une guerre qui fut livrée, gagnée ou perdue, suivant le camp où se trouvaient engagés nos grands-parents, au nom d’une vérité pour laquelle on a envoyé des hommes à la mort. On ne savait pas  vraiment ce qu’elle représentait  puisque suivant le camp auquel on appartenait elle se formulait en termes différents.

Si nous nous interrogeons nous-mêmes pour savoir comment nous nous situons, nous serons sans doute obligés de constater que nous adhérons bien souvent à des vérités, toutes relatives, généralement provisoires et pas toujours fondées.  Pourtant elles déterminent nos actions et elles cautionnent  nos attitudes, comme si elles étaient des absolus incontournables. Nous cherchons à en en attribuer l’origine à Dieu  et nous engageons souvent toute notre vie  à en défendre les principes.  Pourtant, d’autres s’appuient sur d’autres principes que les nôtres pour défendre une autre vérité  qui recouvrent les mêmes absolus.

Mais le Dieu au nom duquel nous fondons une telle vérité, qui est-il ?  Quelle est cette vérité que nous défendons en son nom au point de mettre notre vie et aussi celle des autres en cause ? Les Ecritures  présentent  Dieu sous des aspects différents qui ont parfois du mal à s’accorder entre eux si bien que  nos confessions de foi rendent des sons discordants à son sujet. Nous avons l’habitude de le présenter comme omniscient, tout puissant, créateur de toute chose. Quelles preuves en avons-nous car nous voyons rarement se manifester les effets de ces affirmations concernant Dieu.

 Pour affirmer de telles vertus nous ne pouvons-nous appuyer que sur notre foi. Or, sans preuve il est difficile d’en affirmer la vérité, pourtant c’est en son nom que nous jugeons la vie des autres. Cependant les Ecritures cachent aussi Dieu derrière d’autres affirmations, qui sont parfois en contradiction avec celles que l’on vient de dire et qui ne sont pas plus démontrables. Il s’agit de son amour pour nous et de son intérêt constant pour l’humanité et nous  nous en  faisons les défenseurs. Au nom de cette vérité  nous affirmons, sans pouvoir le prouver,  que  c’est lui qui met sa réalité divine en cause pour amener les hommes à la vraie vie. La  notion de vérité forme alors un couple curieux avec la notion d’amour pour présenter l’absolu de Dieu. Le psaume 85 avait déjà abordé cet aspect des choses : « La bienveillance et la paix se rencontrent, » y est-il dit,  « la justice et la paix s’embrassent, la bienveillance et la vérité se rencontrent. »

Même quand on s’appuie sur Dieu, on se rend compte que l’on a de la peine à donner une définition cohérente de la vérité. Qui osera dire qu’il en  sait suffisamment sur Dieu pour apporter un témoignage clair et cohérent. Comme nous  ne  sommes pas capables par nous- mêmes de faire fonctionner correctement ce couple Amour-Vérité,  nous nous contentons alors d’une vérité toute  relative pour approcher la vérité  absolue de Dieu.  Et si nous parlons de vérité relative autant parler de fausse vérité ou même de mensonge,  comme nous allons le voir,  car pour dire la vérité, nous cherchons continuellement à l’adapter à notre situation du moment.

Si nous parlons de vérité, même de vérité sur Dieu, telle que les Eglises de la Réforme prétendent la définir, elle s’opposera forcément à une autre vérité qui est celle de l’Eglise catholique  qui cherche le même but. Cette prétendue vérité des Réformateurs, c’est celle aussi qui a  mené à la mort Michel Servet, c’est également elle qui a mis en cause les anabaptistes et les a exilé hors d’Allemagne, c’est elle qui a conduit au bûcher les sorcières de Salem, c’est elle qui impose aux autres un visage de Dieu déformé par le bon droit des uns, les prétentions des autres, la clairvoyance des plus sages et la cupidité des masses. Mais cette vérité, aussi noble soit-elle ne saurait prétendre à l’absolu car elle ne repose que sur l’approche humaine de la réalité. Elle n’est pas vérité de Dieu.

Au couple Vérité-Amour qui caractérise Dieu nous voyons s’opposer un autre couple celui de Vérité-Mensonge que l’on vient d’aborder. Un fossé nous sépare donc de Dieu en la matière et nous sommes toujours tentés de ne pas savoir en apprécier la profondeur. Pour mieux résister  nous banalisons la vérité au point d’en faire un simple élément de rhétorique et nous nous laissons aller à des lieux communs pour mieux masquer le problème : «  la Vérité sort du puits, disons-nous ou elle sort de la bouche des enfants. Les plus savants disent « in vono veritas » On la prétend insaisissable telle une anguille  dans l’eau vive. On rajoute que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Guy Béart a mieux cerné le problème quand il a dit : « le poète a dit la vérité, il sera exécuté ».

Ne maîtrisant pas la situation, le gouverneur Ponce Pilate s’est fait apporter une cuvette d’eau, selon l’Evangile de Matthieu, pour mieux noyer la vérité et laisser exécuter Jésus sans trop mauvaise conscience.

Les accusateurs de Jésus se cachent alors derrière le mensonge pour dissimuler la vérité, ils disent que c’est lui qui  s’est proclamé roi et qu’ils n’ont que César pour roi. Les menteurs! Ils détestent César et nourrissent une haine implacable contre lui. Ils mentent pour donner des  arguments à leur vérité. La prétention de Jésus à être roi ne les intéresse pas mais leur donne un argument contre Pilate et une raison de tuer Jésus, c’est ainsi que leur fausse vérité s’associe au mensonge  et devient porteuse  de mort. Quant à Pilate qui reconnait n’avoir aucun  argument pour envoyer Jésus à la mort, il le condamne quand même et il ment lui aussi pour complaire à ses accusateurs - Mensonge encore.

Il n’y a que l’amour qui permette de ne pas trahir la vérité par le mensonge. Car l’amour pour autrui  est le seul moyen pour ne pas trahir les hommes au nom d’une vérité quelle qu’elle soit. Une telle attitude nous  amènera  à découvrir comment, par l’amour que l’on porte  à autrui,  Dieu peut habiter le monde. Nous devons garder en mémoire que dans le monde des mortels où nous sommes, il n’y a aucune vérité absolue, pas même sur Dieu. Nous pouvons l’approcher  cependant  en nous appuyant sur Jésus Christ qui par amour nous apprend à toujours aller plus loin, car il ne peut y avoir de vérité sans amour. Il ne peut y voir de vérité absolue sans amour absolu !  Sans amour nous n’aurons aucune prise sur la vérité.  Quant à Dieu lui-même, il attend que nous l’ayons rejoint de l’autre côté pour nous révéler la Vérité  absolue dans sa réalité.

mardi 13 novembre 2018

Marc 13/24-32 La fin des temps - dimanche 18 novembre 2018





Je reprends à peu de modifications près le sermon que j'avais proposé à la même date en 2012. J'attire cependant votre attention sur l'actualité catastrophique de la situation en Californie.

24  Mais en ces jours-là, après cette détresse-là,

le soleil s'obscurcira,

la lune ne donnera plus sa clarté,

25 les étoiles tomberont du ciel,

et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées.

26 Alors on verra le Fils de l'homme venant sur les nuées avec beaucoup de puissance, avec gloire. 27 Alors il enverra les anges et rassemblera des quatre vents, de l'extrémité de la terre jusqu'à l'extrémité du ciel, ceux qu'il a choisis. 

28 Laissez-vous instruire par la parabole tirée du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l'été est proche. 29 De même, vous aussi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez qu'il est proche, aux portes.

30 Amen, je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela n'arrive. 31 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas.

Dieu seul connaît le moment de la fin

32 Pour ce qui est du jour ou de l'heure, personne ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais le Père seul.



Jésus avait-il la même conception que nous de la fin des temps ? Voyait-il le déroulement de l’histoire de la même manière que ses contemporains?

- Sans doute pas.  Nous allons nous aventurer ce matin sur un terrain glissant dont les sectes se sont emparées : celui du grand jour final.  Discrètement nos  églises, leur ont laissé la place. Pourtant, de temps en temps il est bon que l’on fasse le point sur la question. En fait, qu’en est-il de cette question? 

Notre vision des choses finales est faite de craintes et d’inquiétudes  car nous avons pris l’habitude de croire que le monde courrait vers  une fin catastrophique. A force de l’imaginer et de le croire  nous avons fini par  être persuadés  que telle était la vision de Jésus lui-même. Pour nous conforter dans cette idée là, nous avons fini par sélectionner dans l’Ecriture les textes qui confortaient l’hypothèse d’une fin violente et nous avons ignoré les autres. Or dans ce passage l’Evangile utilise plusieurs interprétations qui ont été plus ou moins volontairement  entremêlées par les auteurs, même si elles sont   en contradiction les unes avec les autres.

L’auteur de l’Evangile emprunte d’abord une vision à Esaïe qui décrit des événements cosmiques inquiétants : « la lune s’obscurcira, les étoiles tomberont... » puis il cite le prophète Daniel disant qu’alors viendra le fils de l’homme. Ensuite l’auteur raconte comment en bon observateur des choses le croyant  peut repérer la venue du Fils de l’homme seulement en regardant les rameaux verdir au printemps.

A la fin du récit, l’auteur prête à Jésus des propos plus inquiétants en suggérant  une fin tragique pour le monde  avant  la fin de cette  génération. Vu le mélange des genres rassemblés ici en quelques lignes, on peut se demander si Jésus pense à une fin tragique du monde  ou s’il suggère  que le mode est en train d’accomplir calmement son destin ?  Vous avez déjà compris, que je ne vais pas trancher sans avoir vraiment compris de quoi Jésus parle. Il dit encore que nul ne connaît ni le jour ni l’heure, pas même le Fils, c’est-à-dire qu’il n’y a pas urgence à s’inquiéter.  Cette question ne nous concerne donc pas  directement et nous n’avons donc pas à nous la poser.

Mais alors de quoi est-il question quand  l’Evangéliste Marc  emprunte à Esaïe cette histoire d’étoiles qui tombent ou de ciel qui s’obscurcit, et pourquoi dit-il encore que c’est aussi évident que la venue du printemps ? En fait il ne parle pas de la fin des temps ou de la fin du monde, mais de la venue du Fils de l’homme, et c’est nous qui avons mêlé les deux événements. C’est nous qui dans notre logique avons fait du retour du Christ la condition nécessaire pour que se produise la fin des temps.

Les théologiens, contemporains de Jésus nous ont maintenus dans cette confusion. En effet certains textes bibliques mêlent la bonne nouvelle de la résurrection et l’attente du Messie. Les deux événements se confondaient dans leur esprit. Pour la pensée juive, le Messie devait  arriver à la fin des temps, et nous avons fait entrer cette conviction dans notre propre manière de penser en disant simplement que  le retour du Christ dans la pensée Chrétienne correspondait  à la venue du Messie pour les juifs.  Mais était-ce la bonne manière de voir les choses ?

C’était un peu simpliste. En effet si la foi chrétienne affirme que le Christ sera présent à la fin des temps, elle affirme aussi, et c’est l’essentiel de notre foi  que depuis la Pentecôte, le Christ ne cesse pas d’être présent parmi nous. A partir de cet événement, il est dans l’état d’un perpétuel retour.

Ainsi Jésus ne répond pas dans ces textes à la question qui nous hante: Comment  tout cela va-t-il finir,  mais il  nous interroge pour savoir comment nous percevons sa présence dans le monde, et il nous donne des points de repère.

Reprenant les grandes prophéties d’Esaïe, il fait allusion à des événements catastrophiques comme nous pouvons déjà en avoir déjà vécus, ou comme nous pouvons en avoir eu des témoignages et il nous interpelle au niveau de notre foi : « Savez-vous discerner la présence du Christ »  nous dit-il à partir de la prophétie sur les étoiles qui palissent et sur le ciel qui s’obscurcit « quand des catastrophes incompréhensibles s’abattent sur le monde et font des milliers de victimes ?

 Même dans ces conditions, nous dit Jésus,  même dans les moments les plus obscures, le Christ reste présent pour rassembler et soutenir ceux qui croient en lui. Il nous exhorte alors au milieu des catastrophes pour nous rappeler que quand les violences sont déchaînées, quand les atrocités voilent pour un temps la vision du Christ et quand les cris d’horreur couvrent sa voix, le Fils de l’homme c’est à dire Jésus Christ n’en reste pas moins maître de notre situation.  Si des événements contraires sèment la terreur et la mort sur leur passage le Christ continue à maintenir ouvertes les portes de son Royaume pour ceux qui brutalement cessent de vivre.  Même quand  la mort semble victorieuse, le Christ  se présente toujours comme le vainqueur de la mort. Jésus n’a jamais caché que notre vie n’était pas seulement de ce monde.

 Il nous a habitués à croire que nous étions promis à la résurrection et il ne veut pas que nous perdions cette assurance quand la folie des hommes ou des éléments s’empare pour un temps de l’histoire.  Dieu laisse les hommes conduire l’histoire du monde, c’est pourquoi il parait parfois absent, mais il continue silencieusement à inspirer, conduire et diriger ceux qui se confient en lui. Seuls les croyants ont alors le privilège de le reconnaître et de l’entendre, et c’est parce qu’ils l’entendent qu’ils ne cessent d’espérer.

Ne croyez pas que je prenne la voie de la facilité pour dire cela. J’exprime ici mes convictions les plus profondes qui me poussent à croire que dans les événements les plus destructeurs, le Christ reste maître de la situation, même si on ne le voit pas.

Mais les événements ne sont pas toujours violents, la vie s’écoule bien souvent d’une manière plus paisible. Les jours succèdent aux jours et on va de Noël à Pâques sans heurt et sans histoire, si bien que dans ces situations là aussi, on est amené à se poser la même question que précédemment : « Le Christ est-il visible parmi nous? »

Or il ne semble pas à première vue qu’il soit vraiment encore présent?

Les messages issus des milieux religieux ne présentent rien de pertinent et ne répondent pas  aux inquiétudes des peuples en quête d’interventions divines significatives. Malgré le calme apparent, des bruits de guerres se font plus précis et inquiètent,  les humains qui se demandent où va le monde. 

Pourtant la présence bienveillante de Dieu est visible à l’œil  nu prophétise Jésus. Il est visible dans tous les gestes d’amour, dans les gestes de tendresse naïve ou maladroite, dans cette poignée de main donnée qui réconforte l’homme abandonné, ou dans ce regard amical adressé au condamné qui se désespère. Il est visible dans ce baiser que l’on vous donne et que l’on n’attend pas, dans ce sourire qu’un inconnu vous adresse au moment où le courage vous quitte. Il est dans ces relations de tous les jours qui mettent du soleil dans la vie. Toutes  ces choses  peuvent être mièvres ou à peine perceptibles, elles n’en sont pas moins des signes discrets par lesquels le Christ  est bien de retour parmi nous et qu’il nous réconforte.  Il nous faut apprendre ainsi à discerner dans le quotidien tous les petits miracles qui frémissent de  la présence du Christ.

Nous devons retenir de ce message de Jésus aux siens pour qui  sa présence effective au monde ne se voit pas forcément. Il faut que chacun apprenne à porter sur les êtres qui l’entourent ce même regard que Jésus porte sur eux afin que ceux qui doutent et qui désespèrent puisse discerner la présence de Dieu et de son Christ dans le monde.  Sa présence ainsi repérée chaque jour nous entraîne doucement avec lui jusqu’au jour du grand face à face qui sera le premier d’une nouvelle série, mais nul n’en sait ni le jour ni l’heure.