Dimanche 9 mai 2021
Lectures
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean
15,9-17.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père
m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.
Si vous gardez
mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les
commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.
Je vous ai dit
cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »
Mon
commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de
plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Vous êtes mes
amis si vous faites ce que je vous commande.
Je ne vous
appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ;
je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous
l’ai fait connaître.
Ce n’est pas
vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous
alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce
que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.
Voici ce que je
vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »
Lire aussi : Genèse 28/ 10-15
:
Depuis notre plus tendre
jeunesse, on nous a appris à croiser les chemins de Dieu. En tout cas ce fut le
cas pour ces jeunes gens qui comme moi
ont suivi une éducation religieuse. C’est à l’Ecole du dimanche qu’on nous a
enseigné à discerner le bruit de son pas quand il résonnait sur les routes que nous fréquentions. C’est à
l’écoute de ces grands héros qu’étaient
Moïse, Abraham, Jacob ou David que nous avons appris à rechercher la
trace de Dieu. Le temps passant, nous avons fait nos expériences personnelles
et nous avons pris l’habitude de baliser les chemins où on avait une chance de
le rencontrer. A l’adolescence ce fut une autre histoire et nos voies se sont
souvent séparées de la sienne. En fait, dès que nous sentions sa présence, nous
détournions le regard pour le porter dans une autre direction. Tels sont les
souvenirs que j’ai gardés de cette
époque lointaine où la pratique religieuse faisait encore partie des habitudes que l’on cherchait à inculquer aux enfants.
Mais le quotidien de la vie
est une rude école. A force d’éviter ce qui pouvait être le regard de Dieu, on
loupait à tous les coups, un contact
avec lui. Dieu est devenu alors plus lointain et nos soucis nous
ont détournés de lui.
Nous avons fait d’autres
investigations à son sujet. Les
philosophes nous y ont aidés. Nous avons
cru comprendre que Dieu se cachait
pour mieux se laisser trouver et qu’il nous faudrait travailler
davantage sur nous-mêmes pour pouvoir faire un bout de chemin avec lui.
Nous avons aussi été tentés
par l’idée de tout laisser tomber et de porter nos soucis dans une autre
direction. La distance par rapport à lui s’est encore faite plus grande.
La vie a pris le dessus, le
souci du lendemain et de notre avenir s’est
emparé de nous et Dieu est resté
de côté. Sans doute avons-nous espéré en secret qu’à l’occasion de notre
passage dans un lieu de culte à l’occasion d’une fête familiale ou autre, Dieu
en profiterait pour se manifester, mais
en sortant du lieu de prière, nous
n’avons pas manqué de penser que l’officiant,
n’avait pas été à la hauteur de nos espérances,
qu’il n’avait pas été convainquant et qu’il n’avait pas dit ce qu’il fallait
pour nous toucher et nous amener à réfléchir autrement, si bien que nous
n’avons pas vu les anges monter et descendre sur leur grande échelle, comme ils
l’avaient fait pour Jacob et le ciel ne s’est pas ouvert.
Tel fut mon aventure
spirituelle et celle de beaucoup de mes semblables !
En fait, si le courant n’est
pas bien passé entre Dieu et nous, c’est que la vie nous a bloqué trop souvent les
chemins d’accès à sa présence et que les soucis du moment ont fait comme une sorte de barrage entre lui et nous.
Aujourd’hui, nous nous
accusons volontiers de ne pas en faire assez pour que sa présence s’impose à
nous. Mais nous pensons, sans oser l’avouer que Dieu doit aussi prendre sa part de responsabilité.
Nous pensons même qu’il
ne sait pas lui-même se révéler à nous
de la manière qui nous toucherait vraiment, si bien que nous ne savions pas nous rendre disponible à sa présence. A mesure
que la conscience de Dieu s’éloignait de nous, le sentiment de culpabilité
vis-à-vis de lui se faisait grandissant, et les églises en ont aussi rajouté.
En fait, maintenant que j’ai
effleuré quelques thèmes que les prédicateurs utilisent parfois le dimanche
dans leur sermon, il est temps que je laisse la parole à Dieu lui-même en pensant
que c’est maintenant à son tour de parler pour que nous puissions entendre
correctement ce qu’il a à nous dire, puisque selon le prologue de l’Evangile de
Jean, c’est dans la parole que Dieu puise sa révélation. C’est en méditant de
telles pensées que l’Evangéliste écrivit son Evangile que nous écoutons ce
matin.
Il devait se demander comment
les hommes avaient pu se méprendre sur Dieu depuis l’origine des temps, comme
ils l’ont fait et comme je viens de le faire depuis quelques minutes. Comment moi-même
et ses contemporains, n’ont-ils rien
compris au message de Jésus, au point de le tuer pour étouffer dans sa bouche
le mot amour dont il illustrait tous
ses propos ? Ce mot mille fois répété, mille fois commenté correspondait
dans sa pensée à tous les barreaux de l’échelle sur lesquels montaient les anges pour entraîner les hommes vers le
ciel et sur lesquels ils descendaient à leur tour pour permettre à Dieu de parvenir jusqu’aux
hommes
Dans cet Evangile le mot amour
donne une coloration particulière au comportement de Dieu. L’amour est cette
attitude qu’il prend pour ne pas rester séquestré dans le ciel où les hommes ont coutume de
l’enfermer avec ses anges. En fait, son but est
de rejoindre la terre afin de se faire plus proche possible de l’humanité.
Mais qui pourrait croire que
ce simple mot, amour pourrait porter
en lui seul toute la Loi et les Prophètes ? Pourtant, ce mot,
contient en lui-même toute la passion de Dieu pour l’homme. Cette passion le
comble de joie qu’il tient à partager avec nous. Dieu se révèle dans ce seul mot comme un passionné de l’homme.
C’est cet aspect de lui-même
que Dieu se plait à nous faire
découvrir quand nos chemins se croisent. Au loin donc, tout sentiment de
culpabilité ! Dieu est un passionné de l’humanité, il ne s’applique à exister
que pour elle et c’est pour elle, nous suggère le récit de la création, qu’il
aurait tout créé afin que les hommes se complaisent à vivre en sa présence.
Pour Dieu, la passion qu’il a pour les hommes découle
normalement de son amour pour eux si bien que même si le mot passion n’est pas
dans l’Evangile, il se déduit de l’amour
auquel il se réfère, si bien que les
deux mots amour et passion vont ensemble. Ces
deux mots nous sont donc donnés pour éclairer nos cheminements au cours de
notre existence. Ces mots ils révèlent aux hommes le seul comportement qu’ils
doivent avoir en toute circonstance. Il s’agit d’aimer passionnément ce monde
où Dieu les pousse à agir pour le mieux-être de tous.
Ainsi notre comportement
vis-à-vis de Dieu devrait-il être contenu dans cette seule prière : «
Seigneur, apprends-nous à aimer » nous devrions la faire sans cesse
quand nous aurons compris que là
est la seule règle qui nous vient de Dieu pour vivre sur terre selon sa volonté,
car c’est dans cette action que se
trouve le salut auquel nous aspirons. Nous
sommes ainsi amenés à considérer que chaque fois qu’une menace pèse sur
l’humanité, il se trouvera toujours assez d’individus capables d’aimer pour renverser le cours de la situation dans
laquelle ils se trouvent.
Cela pourra prendre du temps,
mais sous l’inspiration de Dieu qui ne cesse
de nous accompagner cela se produira.
Ce n’est donc pas le génie
humain qui déterminera le cours de l’histoire, ni sa brillante intelligence
mais la capacité des hommes à aimer
leurs semblables et à coopérer ensemble
pour gérer le monde que Dieu a créé pour eux. C’est donc en pratiquant l’amour
dans toutes les acceptions du possible que s’écrit l’avenir.
C’est en mettant en notre cœur cette capacité à aimer que Dieu
nous a donné la clé de l’avenir. Certes
il se trouvera toujours quelques individus pour penser le contraire qui
négligeront Dieu et penseront que
l’avenir est lié à la manière dont les
feront usage de leur brillante intelligence, mais la clé résidera toujours dans leur capacité à aimer, sans quoi
l’humanité ne pourrait exister car
l’amour est constitutif de la personnalité
humaine et l’avenir du monde ne peut se faire si nous n’usons pas de
cette capacité. Le secret que nous révèle Dieu, c’est que notre capacité à
aimer est déterminante à tel point que
Dieu a choisi le mot amour pour manifester
sa propre existence, car Dieu est amour nous dit Jean.
Amen.