vendredi 22 mai 2020

Jean 17/9-15 Dieu est-il le créateur tout puissant? dimanche 24 mai 2020


 Jean 17/ versets 9 à 15


09 Je ne te prie pas pour le monde mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu'ils sont à toi.
10 Tout ce qui est à moi est à toi et ce qui est à toi est à moi, et ma gloire est manifestée en eux.


11 Désormais je ne suis plus dans le monde, mais eux, ils sont dans le monde, tandis que je vais vers toi. Père saint, garde-les en ton nom, ce nom que tu m'as donné, afin qu'ils soient un comme nous.


12 Lorsque j'étais avec eux dans le monde, je les gardais en ton nom. J'ai protégé ceux que tu m'as donnés et aucun d'eux ne s'est perdu, à part le fils de perdition afin que l'Ecriture soit accomplie.

13 Maintenant je vais vers toi et je dis ces paroles dans le monde afin qu'ils aient en eux ma joie, une joie complète. 


14 Je leur ai donné ta parole et le monde les a détestés parce qu'ils ne sont pas du monde, tout comme moi, je ne suis pas du monde. 

15 Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les préserver du mal.



Sermon

Où que se porte mon regard, où que se diffuse ma pensée, où que je sois, où que j’aille, Dieu se trouve toujours sur le chemin que je parcours. L’immensité du monde ne lui fait nullement obstacle, l’infini des cieux ne dresse aucun rempart devant lui, la mort n’offre aucune barrière à son action. 

Et moi, tout petit être vivant, j’existe face à lui. C’est ce Dieu qui prend en compte mon existence, comme il tient compte de chaque élément de l’univers pour permettre à la réalité sauvage du monde de jouer le jeu qui est le sien.

Dans ce contexte Dieu ne pourrait être vraiment Dieu s’il soumettait à sa fantaisie les éléments de la nature par une mainmise autoritaire qu’il exercerait sur elle, mais il laisse à la vie, dont il se veut le principe régulateur, la liberté de s’exprimer. Cependant, il ne reste pas extérieur à ce monde  et il lui propose, sans les lui imposer des principes pour que la vie s’épanouisse sans contrainte. 

Le monde quant  à lui suit le cours des choses. Il obéit  à des règles de comportement selon lesquelles les lois du plus fort s’imposent toujours à celui qui est le plus faible. Celui-ci doit se soumettre ou se résigner à disparaître. Pourtant, contrairement au monde, ce sont d’autres principes qui émanent de Dieu. Ces principes, s’ils étaient suivis  pourraient réguler le monde autrement. Mais Dieu  ne les impose pas. 

Ainsi, si tout ce qui est sauvage suit le cours de sa propre nature, et cela ne se passe pas sous le contrôle de Dieu. Les principes qui émanent de lui parviennent cependant  jusqu’à nous par le fait de son esprit qui souffle sur nous. Ils trouvent leur réalité dans la notion d’amour. Elle  se manifeste quand nous donnons de l’intérêt à tout ce qui n’est pas nous-mêmes. Ces principes, quand nous les adoptons  font de nous les éléments régulateurs du monde et permettent à tout ce qui est sauvage, de fonctionner avec harmonie dans ce vaste espace. Dieu a donc prévu que nous pourrions intervenir sur le cours des choses.

Au cours de l’évolution du temps, et grâce à l’action des prophètes, ces principes divins sont venus habiter la pensée des hommes dont le plus pertinent d’entre eux fut Jésus Christ.  La connaissance subtile de Dieu a façonné son âme. Elle l’a imprégné de tous ces principes divins dont on vient de parler à tel point que son action sur nous se confond avec celle de Dieu.  Face  à la violence du monde, il a choisi la mort pour révéler aux humains que Dieu s’offrait  à eux pour  la maîtriser. Quand chaque homme en prend conscience,  il devient  pour le monde,  régulateur des principes de Dieu. Le monde est alors habité par la pensée  divine dont il s’imprègne. C’est alors que la notion de  création prend toute sa réalité et devient effective en lui.

Si nous gardons les yeux fixés sur Jésus Christ, nous comprenons que la réalité de Dieu ne peut agir sur le monde que si  l’homme qui l’habite met en œuvre les principes issus de Dieu. Sans l’action de l’homme  qui se laisse visiter par Dieu, la nature évolue à sa guise  indépendamment de Dieu.  Mais c’est sous l’action de l’homme  qui met toute chose en tension,  que l’harmonie entre la nature et Dieu peut prendre place et offre un  destin au monde. Pour cela il doit mettre à sa disposition ce que Dieu lui inspire. 

Il me plait de penser avec le philosophe Spinoza que Dieu et la nature font cause commune, mais ce n’est qu’éclairée par l’Evangile de Jésus Christ, que l’homme  peut s’offrir  à la nature comme un maitre potentiel. Dieu quant à lui ne se donne pas le droit  d’intervenir directement sur elle, mais il fait confiance à l’homme pour le faire.

Notre relation avec ce monde devrait se faire dans un climat d’harmonie dont Dieu serait à l’origine, et dont nous deviendrions les héros. 

C’est alors qu’il faut que nous parlions de ce qui nous préoccupe en ce moment : le Covid 19 . Il paraît que nous devrions dire la Covid (L’Académie française dixit). Dieu n’ignore pas ce virus qui nous obsède, mais il ne l’a   pas créé. Il  a jailli, on ne sait comment des soubresauts incontrôlés de la nature et il s’en est pris à l’homme. Il n’échappe cependant pas aux principes régulateurs  qui émanent de Dieu selon lesquels des hommes  inspirés par Dieu le soumettront et l’amèneront à la raison. Ce virus  entrera alors dans ce principe de régulation harmonieuse qui émane de Dieu. Combien de temps cela prendra-t-il ? Dieu ne contrôle pas le temps dont les humains ont besoin, mais il veille pour que cela  s’accomplisse. 

L’impuissance apparente qui est la nôtre à s’opposer à cette forme de mal déclenche en notre esprit une peur panique qui nous pousse à accuser Dieu d’impuissance ou à penser  qu’il serait animé d’un esprit  de vengeance.  Dieu répond cependant par la négative à ces soupçons  malveillants, car c’est la peur qui prend le pas sur notre raison et qui nous amène à réagir comme si Dieu n’était pas Dieu. 

La vie se présente toujours à nous comme une aventure dont Dieu serait notre partenaire mais il ne serait pas responsable de la tournure que prennent les événements.  Nous trouvons en lui la liberté d’agir en responsabilité et  nous réagissons  en fonction de ce que notre esprit puise en lui.


Sa présence en nous,  nous invite à vivre en harmonie avec la nature et non pas à l’exploiter à notre profit. Il nous appartient donc de ne pas enfermer la nature dans un déterminisme qui viserait à la mettre au service de l’humanité,  mais à faire d’elle  une partenaire de l’homme plutôt qu’une servante. C’est sans doute ainsi qu’il nous faut lire les récits de la création dans le livre de la Genèse. Amen 

Ce sermon a été filmé pour les besoins de l'Eglise confinée. Vous pouvez le voir ainsi que le culte sur www.templderomans.fr

mercredi 13 mai 2020

Jean 14/15-21 L'amour de Dieu pour le monde - dimanche 17 mai 2020



 


15 Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. 16 Moi, je demanderai au Père de vous donner un autre défenseur pour qu’il soit avec vous pour toujours, 17 l’Esprit de la vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et qu’il ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous et qu’il sera en vous.


18 Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens à vous. 19 Encore un peu, et le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez, parce que, moi, je vis, et que vous aussi, vous vivrez. 20 En ce jour-là, vous saurez que, moi, je suis en mon Père, comme vous en moi et moi en vous. 21 Celui qui m’aime, c’est celui qui a mes commandements et qui les garde. Or celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui. 

22 Judas, non pas l’Iscariote, lui dit : Seigneur, comment se fait-il que tu doives te manifester à nous et non pas au monde ? 23 Jésus lui répondit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure auprès de lui. 24 Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé. 

25 Je vous ai parlé ainsi pendant que je demeurais auprès de vous. 26 Mais c’est le Défenseur, l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom, qui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai dit. 




Une immense bonté habite le monde, mais qui s’en rend compte ? La lecture de nous journaux quotidiens semble même nous dire le contraire. Ils ne cessent de nous énumérer toutes ces choses dont l’humanité  serait victime, si bien qu’on a pris l’habitude de considérer que le monde serait aux mains du « mauvais » et que c’était lui qui en était devenu le maître. Dans le récit de la Tentation rapporté par les évangiles ne nous raconte-t-on pas qu’il se présente comme le maître du monde ?  Si Jésus ne tombe pas dans le panneau, la plupart des humains se laisse avoir.

Sans doute les média,  aussi se font prendre au  même piège et s’ingénient à présenter le mauvais côté des choses. Cependant,  il suffit de jeter un coup d’œil sur tout ce qui nous entoure pour constater la beauté qui irradie de toute part. Du lever du soleil jusqu’à son couchant que de merveilles ne défilent pas sous nos yeux !  Avec un peu d’attention nous voyons  la bonté de tous ces humains à l’œuvre quand ils s’entraident mutuellement. Nous partageons aussi   cette immense espérance qui fait vibrer nos cœurs  et qui installe en nous  l’idée que demain portera des fruits meilleurs que ceux d’aujourd’hui.  

Il y a un fond d’optimisme en nous que nous prenons soin de cacher, comme si c’était malsain de voir les choses sous un jour heureux. Ce fond d’optimisme correspond  sans doute à la trace de Dieu qui se promène incognito  dans notre monde (1) et qui sème quelques bribes de lui-même partout où il passe. C’est ce qui   nous permet inconsciemment de profiter de la vie..

Pourtant ce sont d’autres idées sur Dieu qui habitent nos esprits. Elles sont assez généralement partagées dans ce monde-ci.  Dieu serait perçu par beaucoup comme  l’ « être suprême » cher aux révolutionnaires qui ne se soucierait  pas beaucoup du sort de l’humanité. On le considère, dans le meilleur des cas comme celui qui aurait jeté le monde sur sa lancée, mais qui, depuis le big-bang qu’il aurait initié, le laisserait  évoluer  à sa guise. Ce Dieu ne serait en rien dérangé  par les guerres que se font les hommes entre eux, ni par  les trains qui déraillent, ni par  les petits enfants qui ont faim.

Telle est la vision de Dieu qui se répand dans notre société. Si on croit en Dieu, on ne lui accorde que peu de cas. Notre société évolue sur un fond de panthéisme qui nous suggère qu’à la fin,  notre vie s’achèvera dans un Grand Tout  où curieusement nous conserverons une partie de notre personnalité. Ce sont les média qui encore une fois accréditent cette idée. En effet, il suffit qu’une personnalité  disparaisse pour que l’on nous suggère que là où elle est désormais, elle nous voit et participe d’une manière ou d’une autre à la suite des événements. Nos contemporains s’approprient volontiers  les idées d’un de nos anciens président  défunt qui avant de mourir laissait entendre qu’il ne nous quitterait pas tout à fait parce qu’il croyait aux forces de l’esprit. Mais bien évidemment nous avons du mal à nous y retrouver.

Dans le monde antique juif dont nous sommes héritiers et dans lequel vivait Jésus, il n’en allait pas ainsi. On pensait que Dieu était beaucoup plus présent dans le monde dont il avait jeté les bases. On pensait qu’il pouvait intervenir  dans la société des hommes pour faire respecter ses préceptes et ses lois, sans quoi le monde ne pourrait évoluer selon le programme que Dieu aurait établi. Le Dieu créateur aurait fait l’homme libre. Seulement sa liberté se limiterait à discerner sa volonté et à la respecter. Partant de préceptes remontant à Moïse, et même au-delà de lui à Noé, les penseurs de la Bible ont rédigé tout un arsenal de préceptes, au nombre de 613, qu’il fallait respecter, sous peine de voir le visage de Dieu s’empourprer pour laisser éclater sa colère et punir les contrevenants. Dieu était cependant perçu comme infiniment bon  mais sa bonté, pour s’exercer impliquait que l’on respecte ses commandements. 

C’est dans ce double contexte du présent et du passé que nous nous approprions le message de Jésus pour ce jour. Il précise  ses rapports avec Dieu et avec nous. Bien entendu il ne s’accorde avec aucune des thèses suggérées  dans mon propos. Ses rapports avec les hommes sont réglés par la notion d’amour. L’amour de Dieu pour les hommes tel que Jésus l’enseigne est inconditionnel. Dieu  est perçu  par Jésus comme un Père essentiellement bon. La bonté de Dieu se répand sur le monde et Dieu la communique aux hommes par le relais de Jésus. Grâce à ce nouveau regard que Jésus porte sur Dieu les choses prennent un aspect bien différent et notre relation à Dieu prend une allure toute nouvelle. Le vrai visage de Dieu se révèle alors à nous grâce à notre capacité à aimer. Tel serait en quelque sorte le testament spirituel de Jésus avant son départ de ce monde.

Bien que cet enseignement de Jésus nous soit connu de longue date, nous avons conservé de par nous-mêmes  des conceptions de Dieu qui relèvent encore de la conception des contemporains de Jésus auquel il s’est vivement opposé. Un tel portrait de Dieu où la notion d’amour serait dominante nous paraît encore vraiment réducteur. Nous considérons que les attributs traditionnels de Dieu n’ y sont  pas assez pris en compte. Beaucoup trouvent que l’on n’insiste pas assez   sur la toute-puissance de Dieu, ni sur sa capacité à créer, ni sur sa  justice. 

En fait Jésus ne met nullement en cause les attributs de Dieu, mais il rappelle que l’essentiel dans la relation que Dieu veut entretenir avec les hommes est l’amour  qui passe  avant la justice, la loi  et son action de créateur. Si cette capacité à aimer est première en Dieu, elle doit l’être aussi, bien évidemment en l’homme. C’est en mettant l’amour en pratique  que nous maintiendrons une  relation cohérente avec Dieu.

Il est important  de constater que dans notre lecture de l’Evangile, nous avons bien repéré l’insistance que Jésus accorde à l’amour que les hommes doivent avoir les uns pour les autres et aussi pour Dieu. Il est inutile d’énumérer toutes les paraboles qui insistent sur cet aspect des choses. Il est aussi inutile de rappeler tous les passages où Jésus parle du commandement d’amour. Pourtant nous donnons priorité à d’autres valeurs dans nos relations à Dieu, et sans même nous en rendre compte, nous donnons priorité aux anciennes valeurs du judaïsme contre lesquelles Jésus s’est élevé avec force. Nous mettons en avant notre péché, comme s’il fallait encore et toujours négocier notre pardon. Nous nous interrogeons sur notre salut. Nous revêtons Dieu de la toge du juste juge en oubliant   que c’est la notion de Père  aimant que Jésus  a mis  en avant.

Les chrétiens se sont jadis séparés les uns des autres  et se sont érigés en églises distinctes sur des notions de justice.  Ils se sont excommuniés  mutuellement sur des principes légalistes, et aujourd’hui encore ils n’arrivent pas à se réconcilier sur ces mêmes principes alors  que ce qui devrait avoir priorité sur tout le reste devrait être  notre référence à l’amour que Dieu éprouve pour chacun de nous et que nous devrions avoir pour lui et pour les autres.

Selon Jésus le moteur du monde devrait être l’amour, car c’est cette notion qu’il a choisie pour révéler aux hommes sa relation à Dieu qui vient vers eux comme un Père. Cette notion de Père contient en elle  le seul secret  qui nous soit révélé de la part de Dieu et   que nous devons mettre en pratique  pour que le monde  évolue dans la bonne voie. C’est  cet amour que l’on doit  manifester aux autres, même s’ils ne le partagent pas, et même s’ils le combattent.


Jésus savait bien qu’une telle idée serait difficile à faire partager aux hommes, pourtant elle est  la vérité la plus essentielle que Dieu a voulu nous transmettre. Curieusement les hommes l’admettent volontiers, mais pourquoi ne la mettent-ils pas en pratique ? Leur fierté personnelle  et leur désir de supplanter les autres sont-ils si valorisants qu’il faille les mettre  en rivalité avec Dieu ?

(1)   Einstein

Illustrations : Puvis de Chavannes