lundi 21 décembre 2009

Une voix crie Esaïe 40:1-12 Dimanche 10 janvier 2010


Esaïe 40/1-12

1 Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. 2Parlez au cœur de Jérusalem, criez-lui que son combat est terminé, qu'elle s'est acquittée de sa faute, qu'elle a déjà reçu du SEIGNEURle double de ce qu'elle méritait pour tous ses péchés. 3 Quelqu'un crie : Dans le désert, frayez le chemin du SEIGNEUR ! Aplanissez une route pour notre Dieu dans la plaine aride ! 4 Que toute vallée soit élevée, que toute montagne et toute colline soient abaissées ! Que les reliefs se changent en terrain plat et les escarpements en vallons !

5 Alors la gloire du SEIGNEUR se dévoilera, et tous la verront ensemble— c'est la bouche du SEIGNEUR qui parle. 6 Quelqu'un dit : Crie ! On répond : Que crierai-je ? — Toute chair est de l'herbe, tout son éclat est comme la fleur des champs. 7 L'herbe se dessèche, la fleur se fane quand le souffle du SEIGNEUR passe dessus. Vraiment, le peuple est de l'herbe : 8 l'herbe se dessèche, la fleur se fane ; mais la parole de notre Dieu subsistera toujours.

9 Monte sur une haute montagne, Sion, toi qui portes la bonne nouvelle ; élève ta voix avec force, Jérusalem, toi qui portes la bonne nouvelle ; élève ta voix, n'aie pas peur, dis aux villes de Juda : Votre Dieu est là ! 10 Le Seigneur DIEU vient avec force, son bras lui assure la domination ; il a avec lui son salaire, sa rétribution le précède.

11 Comme un berger, il fera paître son troupeau, de son bras il rassemblera des agneaux et les portera sur son sein ; il conduira les brebis qui allaitent.

Esaïe par Marc Chagall

Entendez-vous cette voix qui vient jusqu’à nous des profondeurs de l’histoire ? Cette voix est puissante puisqu’elle a traversé le temps et l’histoire. Elle a assez de conviction pour se faire entendre malgré les ondes contradictoires. Elle vient jusqu’à nous en s’appuyant sur des relais humains dont tous ne sont pas identifiés. De proche en proche, de siècle en siècle elle vient vers nous avec toute la puissance de conviction que Dieu a mise en elle car elle est sa voix.

Elle a jailli hors du fracas du big-bang et elle a marqué l’immensité qui n’existait pas encore de la volonté de Dieu d’imposer sa loi aux choses qui allaient advenir. Cette voix était déjà pleine de tout l’amour que Dieu réservait aux hommes qui étaient encore à naître. Cette voix est porteuse des intentions de Dieu à l’égard du monde et elle se sert du relais des hommes pour retentir. Elle nous dit encore une fois que le monde où nous sommes a du sens, parce que Dieu l’habite. Elle nous dit aussi que si notre présence sur terre est liée au concours de plusieurs hasards, Dieu a le pouvoir d’organiser ces hasards et de leur donner du sens.

Si donc aujourd’hui vous entendez cette voix, vous comprendrez que malgré tout ce que vous ne comprenez pas, votre vie a du sens, car il y a hors de vous et en vous une puissance organisatrice qui est capable d’intégrer votre personne dans le vaste mouvement des choses.

Ce matin, nous percevons l’un des échos le plus ancien de cette voix. Elle vient à nous après avoir retenti quelque part dans le Moyen Orient, entre Tigre et Euphrate sur la terre d’Abraham. C’est Esaïe qui en fut le relais a l’intention des exilés d’Israël. En l’entendant, ils se sont mis à frémir d’espérance. Esaïe, le deuxième du nom, a eu la redoutable tâche de redonner de l’espérance à un peuple exilé qui n’en avait plus. Sa voix avait tellement de force qu’elle est parvenue jusqu’à nous après que Jésus à son tour lui eut donné toute sa vigueur. L’espérance ici consiste à croire que Dieu ne se résigne pas au hasard. Quand les choses se produisent, il décide d’intervenir et de les organiser. Quand les forces de destruction semblent emprunter la violence des forts pour dominer les plus faibles, il s’efforce de susciter des contre pouvoirs pour contrarier l’opinion couramment établie selon laquelle le puissant aurait toujours raison et le pot de fer briserait toujours le pot de terre.

Il s’appuie sur une logique qui n’appartient qu’à lui, selon laquelle David peut parfois devenir le champion de Goliath. Mais Dieu n’agit pas sans être en concertation avec les hommes. Quand ceux-ci sont concernés, il demande leur participation au projet qu’il leur propose . Il espère qu'ils vont de devenir ses complices et partenaires de ses projets. C’est cela que nous appelons la conversion.

Curieusement, à mesure que le temps passe et que les siècles s’écoulent cette voix augmente d’intensité. Elle ne s’essouffle nullement et ne perd pas de sa vigueur. Toutes les fois qu’elle retentit et qu’elle est entendue, elle prend de l’ampleur. Elle dépasse de beaucoup l’environnement de celui qui la répercute et tend à atteindre tous les peuples de la terre. Plus elle est proclamée, moins elle s’affadit. Elle affirme que Dieu est un Dieu qui vient vers tous les hommes, qu’il recrée la vie là où elle s’étiole et qu’il apporte de l’espérance sur les champs dévastés par la mort.

En dépit de ce qu’on a pu dire, elle a été répercutée par des milliers de voix à Copenhague, même si, comme c’est souvent le cas, les grands de ce monde ne l’on pas entendue. Jésus a consacré toute sa vie à se faire l’écho de cette voix. Il lui a donné son visage. Il en est devenu l’image visible, si bien qu’il a pris en la prononçant le visage de Dieu. Dieu est venu ainsi habiter la personne de Jésus. C’est en cela que Jésus est devenu Dieu. C’est à cet événement que l’Evangile de Jean fait allusion quand il dit que la Parole devint chair et que le verbe s’est incarné.

Désormais, quiconque est en manque d’espérance sait que la voix de Dieu vient jusqu’à lui à travers les paroles de Jésus que les évangiles nous ont rapportées. Ce n’est donc pas par hasard, si le premier mot de Jésus mentionné par l’Evangile de Matthieu est « heureux » : « heureux les pauvres, heureux ceux qui pleurent… » car leurs malheurs et leurs détresses ne sont pas une fatalité. Il n’y a pas un destin qui frapperait durement les uns et qui réserverait du bonheur aux autres. Ce n’est ni écrit dans les astres ni dans un plan divin. Il y a seulement une voix qui vient des origines du monde et des profondeurs du temps. Elle affirme que Dieu a prévu que les choses peuvent changer si nous donnons du crédit à sa voix.

Chacune et chacun d’entre nous doit devenir un amplificateur de cette voix afin que la parole qu’elle transmet devienne vraie. Ainsi ceux qui entendent cette voix peuvent relever la tête à cette bonne nouvelle. Chacun alors s’active à consoler ceux qui sont dans le chagrin, à alimenter ceux qui ont faim à redonner du sens à la vie de ceux qui sont égarés. Esaïe proclame avec force cette prodigieuse espérance qui nous vient de Dieu et qui doit s’installer dans notre existence. Esaïe nous demande d’entreprendre des travaux de Titans pour permettre à cette voix d’atteindre son but. Il faut niveler les montagnes dit-il, combler les vallées faire un énorme chantier. Puisque nous sommes capables d’entreprendre de tels travaux pour moderniser nos cités du vingt-et-unième, ne serait-il pas possible d’entreprendre la même chose pour tracer une voie royale à notre Dieu ? Dieu est capable de mettre au cœur des hommes assez de force et d’énergie pour contrecarrer le sens apparent de l’histoire.

Ce n’est ni la guerre, ni la violence qui permettront de changer le cours des choses, c’est l’amour et l’altruisme. La voix de Dieu s’oppose à la fatalité du monde qui semble être réglé avec une rigueur immuable selon laquelle la fleur sèche et l’herbe fane si bien qu’on la ramasse et qu’on recommence à la saison prochaine. Rien ne semble pouvoir changer le cours immuable des choses si non la voix de celui qui crie que le pardon a plus de force que la vengeance et que la seule justice, c’est celle qui fait vivre.

Celui qui porte son regard sur le monde en gardant présent l'esprit ce principe , sentira grandir en lui les sentiments de victoires qui habitait David quand il affronta le géant. Le premier endroit où cette manière de voir les choses doit prendre place c’est en nous-mêmes. La première tâche que nous ayons à faire, si nous voulons que cette voix soit crédible c’est que nous commencions par y croire nous-mêmes. Aujourd’hui, la voix venue d’ailleurs, relayée par Esaïe incarnée en Jésus et marquée par les traits de son visage vient jusqu’à nous. Elle retentit au plus profond de nous-mêmes sous la forme d’une question : Y crois-tu toi-même ?

Crois-tu que la puissance de transformation de Dieu est liée à cette voix ? Crois-tu que cette voix contient en elle une telle puissance créatrice que le monde pourrait en être changé ? Il y a si longtemps que l’on dit ces choses et nous n’en voyons toujours pas les effets. Noël succède à chaque Noël sans que rien ne change si bien que cette promesse de Dieu ne semble être qu’une vaine espérance à laquelle nous nous donnons l’illusion de croire le temps d’une fête. C’est pourtant sur ce point précis qu’achoppe aujourd’hui cette voix qui vient de si loin. Elle bute à la porte de notre raison et de notre cœur. Es-tu capable de croire vraiment à la foi que tu professes, demande-t-elle ? Cette foi a-t-elle mis en toi cette vérité selon laquelle tout est possible pour celui qui croit ? C’est désormais la tâche essentielle à laquelle chacun de nous doit commencer à s’atteler. Il doit travailler sur lui-même pour que cette vérité fasse partie de lui, comme elle a fait partie de Jésus. Jésus y a cru et beaucoup de choses ont changé. Pouvons-nous avoir une perception différente des choses que notre maître ? Les choses peuvent changer si nous croyons vraiment que la vérité sur nous et sur le monde repose sur la manière dont nous ferons écho à cette voix dont nous sommes les destinataires et le dépositaires.


vendredi 18 décembre 2009

La sagesse du coeur: Esaïe 60:1-6 dimanche 7 janvier 2018




Esaïe Chapitre 60
1 Lève-toi, brille : ta lumière arrive, la gloire du SEIGNEUR se lève sur toi. 2 Certes, les ténèbres couvrent la terre et une obscurité épaisse recouvre les peuples ; mais sur toi le SEIGNEUR se lève, sur toi sa gloire apparaît. 3 Des nations marcheront à ta lumière et des rois à la clarté de ton aurore.
4 Lève les yeux et regarde tout autour : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils arrivent de loin, tes filles sont portées sur la hanche .5 Lorsque tu le verras, tu seras radieuse, ton cœur bondira, il sera au large, quand l'abondance de la mer se tournera vers toi, quand les ressources des nations viendront vers toi. 6 Tu seras couverte d'une foule de chameaux, de dromadaires de Madiân et d'Epha ; ils viendront tous de Saba ; ils porteront de l'or et de l'encens et annonceront, comme une bonne nouvelle, les louanges du SEIGNEUR.

Dans une vision pleine de promesses que nous voudrions savourer avec lui, le prophète Esaïe contemple la caravane qui s’approche. Elle apporte avec elle les projets de bonheur que le futur réserve à son peuple. Le bonheur qu’il espère pour ses concitoyens est en voie de réalisation, croit-il ! Ainsi aimerions-nous que la nouvelle année s’avance vers nous porteuse d’une espérance que tous nos projets d’avenir s’efforceront de réaliser.

Ce   jour nouveau qui se lève et qui s’approche de nous au pas lent des chameaux venus des pays de la prospérité, c’est le monde que Dieu nous promet. Il brille déjà d’une gloire qui n’appartient qu’à lui et qui illumine notre futur qui est déjà commencé. Le futur dans lequel nous entrons est déjà habité par Dieu. Il est déjà chargé de tout ce que Dieu y a déjà investi, c’est pourquoi, l’année qui commence sera bonne. Nous pouvons donc nous souhaiter une bonne année sans scrupule ni arrières pensées.

La vision d’Esaïe se précise en nous faisant contempler cette joyeuse caravane qui s’est mise en route. Chameaux et dromadaires apportent avec eux des richesses venues des pays les plus fabuleux . C’est un peuple heureux qui accompagne sa progression. Il exulte de joie, les enfants sont juchés sur les épaules de leurs pères. Toute cette jubilation donne une impression de bonheur .

N’abîmons pas trop vite notre plaisir en évoquant la réalité qui nous attend, car nul parmi nous ne croit vraiment à la réalisation du bonheur promis, en tout cas pas pour les années qui viennent. Chacun cède en ce début d’année à la coutume de porter des vœux à la réalisation desquels il ne croit pas. Nous allons formuler des souhaits de santé et de prospérité et de paix pour tous ceux que nous allons rencontrer, tout en sachant que des nuages menaçant s'amoncellent sur nos têtes. Nous savons aussi la dureté économique du moment,  et malgré la prospérité que les indices nous promettent , nous regardons en arrière vers un passé qui a été pour nous plus heureux que notre présent. Nous ne pouvons pas sortir de notre esprit que nous venons d’une époque que nous appelons les trente glorieuses où tout ce que nous redoutons aujourd’hui n’existait pas encore. Savourons cependant encore quelques instants la prophétie qui ouvre ses portes vers un bel avenir, car cet avenir est partagé par Dieu, et c’est lui qui nous le propose.

Il suffit parfois d’évoquer la réalité de Dieu pour que les visages se ferment, que les conversations cessent et que nos interlocuteurs regardent dans une autre direction, comme si dans notre société, il était indécent de parler de Dieu, ou pire, comme si plus personne n’attendait rien de lui. Les hommes ont perdu l’habitude de compter sur Dieu pour organiser le monde.

Bien que son nom figure encore sur les billets de banque américains, bien peu d’économistes se fondent sur lui pour imaginer une société juste et équitable. En effet ceux qui tiennent les rennes du monde où nous sommes se croient capables de faire des projets réalistes pour diriger notre planète, ils s’estiment suffisamment intelligents pour les mener à bien. L’homme post moderne n’a plus besoin de Dieu pour construire une société que ses techniques se proposent de mettre en place.

Alors à quoi bon mêler à tout cela la notion de Dieu puisque le seul fait d’évoquer son nom entraîne des rivalités, des haines et des guerres. C’est au nom de Dieu que les sociétés passées ont construit un monde divisé, c’est au nom de la sagesse des hommes pense-t-on encore que se construira un avenir de prospérité. Mais y croit-on encore? Les plus utopistes parmi-nous pensent que l'on peut construire un autre monde ailleurs , sur des exo-planètes

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Et pourtant cet avenir prometteur ne se veut pas optimiste du tout. Si les penseurs ont  perdu leur foi en Dieu, ils n’ose pas dire encore qu’il a perdu leur foi en l’homme. Pourtant, nous savons bien que ce n’est pas Dieu qui a provoqué les désastres dont l’histoire le rend coupable, nous savons bien que les hommes eux-mêmes s’en sont servis d’alibi pour masquer leur esprit conquérant, tant il est vrai que l’homme n’a jamais trouvé de meilleure proie que ses semblables et que tous les prétextes lui paraissent suffisamment bons pour s’emparer des biens de son voisin. Chaque peuple a profité du nom de Dieu pour exprimer en son nom, des désirs qui faisaient des autres des adversaires tout trouvés pour les délester de leurs biens. Ils ont ainsi sollicité les textes bibliques pour qu’ils soutiennent les thèses les plus hostiles à leurs voisins, c’est ainsi que le récit de la tour de Babel rend Dieu responsable du désordre parmi les nations et que le forfait du troisième fils de Noé justifie la politique d’apartheid (1)

C’est un travers bien répandu dans la société des hommes que d’accuser Dieu d’être responsable de tous leurs maux. S’il n’en est pas directement responsable pense-t-on, il l’est quand même, par son refus d’intervention. Pourquoi laisse-t-il faire les drames que nous connaissons ? Il lui serait facile, par un simple miracle de remédier à tous les maux de notre société dont les hommes ne seraient pas directement responsables. La Bible ne nous fait-elle pas des promesses qui iraient dans ce sens ? Marie en effet quand elle apprend qu’elle sera la mère du Messie salue l’avènement d’un monde que Dieu prend en main, elle le voit entreprendre la construction d’un monde de justice : « Il a dispersé ceux qui avaient dans leur cœur des pensées orgueilleuses, Il a fait descendre les puissants de leur trône, il a élevé les humbles, rassasié de biens les affamés, renvoyé vides les riches… » (2) Qu’attend Dieu pour exécuter ses promesses ?
Il est facile d’intenter un procès à Dieu, car nous savons qu’il n’entrera pas en contestation avec les hommes. Si nous croyons qu’il joue un rôle dans la création du monde, dans l’évolution des espèces et dans le développement des sociétés, ce n’est pas pour en discuter avec les hommes. Pour lui la seule fonction  des humains sur cette terre consiste à discerner, pour chaque moment, quelle est la volonté de Dieu afin de rendre l’évolution de l'humanité plus harmonieuse. Mais au lieu de cela l’homme se croit assez intelligent pour organiser lui-même l’avenir. La seule chose qu’il demande à Dieu, est de réguler les dysfonctionnements du monde par des miracles qui permettraient aux choses d’aller mieux. Mais il sait qu’il ne le fera pas, c’est pourquoi il se refuse de croire en lui.
Oh homme ! aussi intelligent que tu sois, tu n’a toujours pas compris que Dieu a déposé en toi l’intelligence qui te rend capable de comprendre les mystères du cœur de Dieu ! Dieu s’est choisi l’homme comme seul interlocuteur valable parmi toutes les espèces innombrables de la terre. Il lui a donné cette intelligence du cœur qui lui permet de comprendre ce que Dieu attend de lui. Il a permis que l’histoire des hommes soit jalonnée par la présence de nombreux prophètes qui dans les diverses cultures répandues sur la terre ont guidé les humains sur les voies de la sagesse de Dieu. Ce sont les mots de prochain, d’amour et de partage qui ont scandé leurs messages indépendamment des religions dont ils étaient issus.
Il a même plu à Dieu de bousculer l’ordre des choses. Il s’est permis de venir en personne cheminer sur les chemins du monde. Il a choisi de partager les souffrances des hommes et d’assumer leur destin, il a choisi de se faire  connaître  dans les actions de Jésus pour se faire plus proche d’eux. C’est même sur les sentiers de la mort qu’il a cru bon de partager le sort de l’humanité. Pour ceux qui en veulent encore et qui ont besoin de paroles claires, il a inspiré les évangiles où toujours, les mêmes mots : de prochain, de vie, d’espérance, d’amour et de partage s’entremêlent en une immense harmonie.


Portées à dos de chameau ou portées par le souffle de l’esprit de Dieu les promesses d’un monde nouveau, édifié par la sagesse des hommes et éclairée par les promesses de Dieu se profile à l’horizon. Dieu invite alors les hommes à mettre un temps d’arrêt dans leurs projets humains pour se laisser habiter par la sagesse du cœur, cette sagesse qui nous emplit quand nous laissons Dieu parler en nous. Ils apprendront alors à assembler les mots d’amour, de responsabilité et d’espérance qui se mettront à rimer entre eux selon la volonté de Dieu.


Les vœux que nous formulerons, en ce début d’année trouveront leur exaucement s’ils prennent le relais de cette sagesse du cœur qui nous vient de Dieu car c’est elle qui est la clé du devenir du monde. C’est elle seule qui peut ouvrir la porte qui peut libérer les secrets de Dieu qui se déverseront alors sur notre société.

(1) Genèse 9/25
(2) Luc 1/51-53


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lundi 14 décembre 2009

Jésus à douze ans au Temple Luc 2: 41-52 dimanche 30 décembre 2018

Jésus à douze ans dans le temple
41 Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. 42 Lorsque Jésus eut douze ans, ils l'emmenèrent avec eux selon la coutume. 43 Quand la fête fut terminée, ils repartirent, mais l'enfant Jésus resta à Jérusalem et ses parents ne s'en aperçurent pas. 44 Ils pensaient que Jésus était avec leurs compagnons de voyage et firent une journée de marche. Ils se mirent ensuite à le chercher parmi leurs parents et leurs amis, 45 mais sans le trouver.

Ils retournèrent donc à Jérusalem en continuant à le chercher.
46 Le troisième jour, ils le découvrirent dans le temple : il était assis au milieu des maîtres de la loi, les écoutait et leur posait des questions. 47 Tous ceux qui l'entendaient étaient surpris de son intelligence et des réponses qu'il donnait. 48 Quand ses parents l'aperçurent, ils furent stupéfaits et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Ton père et moi, nous étions très inquiets en te cherchant. » 49 Il leur répondit : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » 50 Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait. 51 Jésus repartit avec eux à Nazareth. Il leur obéissait. Sa mère gardait en elle le souvenir de tous ces événements. 52 Et Jésus grandissait, il progressait en sagesse et se rendait agréable à Dieu et aux hommes.


Nous ne savons rien de la jeunesse de Jésus si non qu’un jour au cours du pèlerinage traditionnel de la Pâques il s’est attardé dans les écoles rabbiniques sous les portiques du temple et qu’il a raté le départ de la caravane. Erreur qui aurait pu lui être fatale car les routes sont dangereuses sur le chemin du retour pour un enfant seul mais son père et sa mère veillaient.

Si nous faisons abstraction du fait que cette aventure est arrivée à Jésus et que nous imaginons qu’elle ait pu arriver à n’importe quel gamin qui ne serait pas Jésus, nous aurions certainement un autre regard sur l’événement. Au lieu de regarder la chose avec un a priori favorable, comme nous le faisons, puisqu’il concerne Jésus, nous le verrions sous un autre regard. Les parents d’un tel gamin se poseraient des tas de questions et chercheraient ce que cette attitude pourrait bien signifier :

Une fugue ? Un acte d’insoumission, un désir d’indépendance, une révolte contre son père et sa mère ou pire une forme de délire mystique poussé à son paroxysme qui rendrait les parents encore plus inquiets. Mais puisqu’il s’agit de Jésus, tout va bien!

Je retiendrais pour ma part une première leçon de ce texte : Jésus a manqué le départ de la caravane qui devait le ramener à son village, le lieu où il vit normalement entre son père et sa mère, où il apprend un métier et où plus tard il sera un artisan respecté et à n’en pas douter un notable. En manquant le départ, c’est à tout cela qu’il semble tourner le dos. Le chemin qu’il doit suivre pour accomplir sa propre vie ne semble pas être celui qui paraît évident pour les autres. Il le rate volontairement car les affaires de son Père le retiennent ailleurs dit-il. Il faut entendre par là que le service de Dieu prend priorité dans sa vie par rapport à l’ordre social normalement établi.

Je ne peux cependant m’empêcher de partager l’inquiétude de ses parents et de tous les parents qui n’ont qu’un souci: celui que leur enfant prenne le bon départ, qu’il parte d’un bon pied dans la vie, et qu’il suive la caravane de son existence qui devrait l’amener sans encombre à sa vie d’adulte. C’est sans nul doute ce raisonnement que nous faisons tous pour nos enfants. Quant à Jésus, il ne veut pas entrer dans l’ordre établi. Ce n’est certainement pas le système éducatif de son temps qu’il conteste mais c’est la vision de ses parents concernant l’avenir. Quel avenir pour leur enfant et pour eux? Et à cette question que ne manquent pas de se poser les parents de Jésus fait écho la même question que nous nous posons à notre tour : Quel avenir pour nos enfants et pour nous-mêmes. Quels souhaits formuler en cette aube de 2019 ?

C’est cette question qui va alimenter notre méditation, et nous allons garder cet épisode de la vie de Jésus comme support à notre réflexion. Nous entrons dans une nouvelle année avec une quantité de questionnements sur l’avenir, sur l’humanité en danger qui subit les fantaisies d’une planète qui se réchauffe, sur nous-mêmes et sur nos enfants, sur l’Eglise également dont nous ne cernons plus très clairement les contours. Nous nous demandons, nous les chrétiens fidèles, s’il peut-il y avoir un avenir sans l’Eglise, sans les Eglises, sans l’Eglise Unie, sans nos pasteurs, sans nos fidèles. Nous nous inquiétons à cause de ces courants religieux nouveaux qui reprennent des mythes anciens et qui nous bousculent par leur dynamisme. Ont-ils une part de vérité?

Nous osons à peine formuler ces questions aujourd’hui, car nous ne leur trouvons aucune réponse logique. Le monde nous déroute et nos enfants aussi. Leurs comportements mais surtout leurs pensées et leurs projets nous donnent à redouter qu’ils aient raté pour la plupart, le départ de la caravane dans laquelle nous étions engagés avec eux. Les parents de Jésus ont du quitter la caravane pour venir rejoindre leur fils. Nous aurions tous fait la même démarche ! Marie et Joseph quittent leurs compagnons de route et retournent seuls, par des chemins dangereux à la recherche du gamin et le retrouvent. Mêmes s’ils ne comprennent pas ce qui s’est passé, ils osent croire cependant que ce n’est pas si grave. Dieu les a conduits à travers les dangers et ils ont retrouvé le chemin de leur maison. Ils ont compris que leurs fils a choisi d’autres voies que celles qu’ils avaient prévues.

Dans ce passage en compagnie de Jésus nous avons rejoint la modernité de ce temps et le quotidien de beaucoup d’entre nous. Nous nous inquiétons ce matin sur le devenir de nos enfants et sur l’avenir du monde et nous nous interrogeons sur la pertinence de nos comportements. Nous découvrons que les sécurités que le monde moderne nous propose ne sont pas forcément porteuses d’ avenir. Les constructions humaines ne sont pas porteuses de ce que sera demain. On continue à dire aujourd’hui que nous construisons la société de demain, mais ce qu’on ne nous dit pas, c’est quelles sont les valeurs déterminantes d’aujourd’hui qui décideront d’une société vivable pour les générations futures. Il est notoire que les urbanistes et les sociologues d’hier n’ont pas su prévoir ce qui nous menace aujourd’hui. Ils n’ont pas su corriger ce qui nous mettrait en péril. On a négligé, dans le système qui prévaut aujourd’hui, que c’est l’intérêt du prochain qui doit avoir priorité sur tout.

Puisque les hommes n’ont pas su gérer les choses, il n’est pas inconvenant de s’interroger pour savoir si Dieu n’a pas quelques chose à nous dire. C’est pourquoi nous rejoignons Jésus au temple pour considérer ce qui se passe avec les vénérables maîtres de la Loi sous le portique de Salomon. Là nous découvrons que c’est Jésus qui mène le jeu des questions et des réponses et que ce sont eux qui sont étonnés. Il me semble que par sa manière de les interroger ou de répondre à leurs questions, Jésus les amène à découvrir que leur science biblique et théologique ne contient pas toutes les réponses et toutes les questions que Dieu pourtant avait révélées de longue date. La pratique de la religion et le respect de la loi elle-même doivent céder la priorité au souci du prochain. Ce sera le fondement de l’enseignement que Jésus développera quand il deviendra adulte. C’est pourtant ce qui a largement été oublié dans la construction du monde actuel.

Ce qui fascine les maîtres de la Loi, c’est l’intelligence avec laquelle Jésus répond à leurs questions. L’intelligence dans l’Ecriture n’est pas seulement d’ordre intellectuel, elle est aussi d’ordre spirituel. Il s’agit de l’action conjuguée de notre capacité à réfléchir et de l’Esprit de Dieu qui travaille en nous. Jésus ne nous enseigne pas à chercher des réponses toutes faites ou prédéterminées par Dieu, car Dieu nous laisse la liberté de construire le monde de demain. Il nous a donné un seul carnet de route que les hommes connaissent fort bien et qu’ils négligent beaucoup, c’est le respect que l’on doit au plus faible. C’est en le mettant en pratique que le monde évoluera heureusement.

Bien qu’il soit de notre responsabilité de construire l’avenir, cela ne peut se faire sans Dieu, car c’est lui qui nous donne l’intelligence des choses et le discernement. Dieu agit en nous pour nous aider à formuler des réponses toujours nouvelles à nos questionnements. Dieu nous inspire pour que le monde évolue dans le sens de l’intérêt de tous et il nous résiste, sans nous contraindre si nos pas ne vont pas dans le bon sens.

Jésus, déjà tout plein de la connaissance que Dieu a mis en lui, quitte la caravane du conformisme social. Il enseigne sans doute les vénérables maîtres à le faire aussi. Ils s’émerveillent, mais ils ne vont pas changer. Semblable aux sages d’Israël, le monde d’aujourd’hui connaît les impératifs que lui impose l’avenir, mais il ne veut changer ni son confort, ni ses avantages ni ses privilèges !

Ceux qui jadis ont construit le monde d’aujourd’hui ont fait l’économie de Dieu, et nous en voyons les effets. A nous qui sommes les constructeurs du monde de demain, nous sommes invités à le construire avec intelligence, c’est à dire en sachant que Dieu nous fait l’honneur de nous laisser l’inventer. Les projets de demain ne sont pas cachés dans les pages de la Bible ou de quelque Livre sacré, les projets de demain seront porteurs de l’avenir dans la mesure où avec intelligence nous discernerons dans quel sens le souffle de l’esprit nous emporte. Il est donc opportun de ne pas se sentir obligé de suivre la caravane de l’ordre établi. Il nous faut formuler autrement les règles de notre évolution en y introduisant des valeurs nouvelles qui seront faites d’amour et d’espérance. Le monde de demain n’a d’avenir qu’avec Dieu et Dieu ne travaille qu’avec les hommes de bonne volonté. Que celui qui a de l’intelligence essaye de comprendre !









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lundi 7 décembre 2009

Noël, Et alors ? Luc 2:1-14 vendredi 25 décembre 2009

La naissance de Jésus Luc 2: 1-14


1 En ces jours-là parut un décret de César Auguste, en vue du recensement de toute la terre habitée. 2 Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. 3 Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville. 4 Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David appelée Bethléem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David, 5afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
6 Pendant qu'ils étaient là, le temps où elle devait accoucher arriva, 7et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l'emmaillota et l'installa dans une mangeoire, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle.

8 Il y avait, dans cette même région, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. 9 L'ange du Seigneur survint devant eux, et la gloire du Seigneur se mit à briller tout autour d'eux. Ils furent saisis d'une grande crainte. 10 Mais l'ange leur dit : N'ayez pas peur, car je vous annonce la bonne nouvelle d'une grande joie qui sera pour tout le peuple : 11 aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. 12 Et ceci sera pour vous un signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. 13 Et soudain il se joignit à l'ange une multitude de l'armée céleste, qui louait Dieu et disait :
14 Gloire à Dieu dans les lieux très hauts,
et, sur la terre, paix parmi les humains en qui il prend plaisir !


Qui peut rendre compte de Noël ? Tout a déjà été dit ou tout a été écrit. On y trouve des affirmations sur Dieu et sur les hommes ainsi que leur contraire et toutes prennent une allure de vérité. Un déferlement d’excès de toutes sortes célèbre la naissance d’un enfant divin. On fait la fête pour se donner l’illusion qu’il n’y a plus de pauvreté alors que la pauvreté est érigée en vertu par le contexte même de l’événement.


Dieu est venu sauver l’humanité dit-on et l’humanité célèbre l’événement dans le dérèglement. Chacun de redire à sa manière le récit dérisoire de Noël où s’entremêlent en un écheveau inextricable vérités historiques et légendes. C’est le récit de la lutte sans merci entre deux personnages contradictoires qui cherchent à prendre l’ascendant l’un sur l’autre. Jésus et le Père Noël y sont mis en rivalité. Leurs personnages s’opposent complètement. Le vieillard rondouillard et rubicond confortablement emmitouflé dans une houppelande doublée de fourrure a les faveurs des enfants. Il s’oppose au bébé grelottant, réchauffé par le souffle d’un bourricot et d’un bœuf venus là, on ne sait comment. Il a les faveurs des adultes et des croyants qui plaident son historicité contre l’origine légendaire du premier. Mais le combat de l’un contre l’autre est loin d’être gagné, d’autant plus qu’ils ne se rencontrent jamais. Pas de Père Noël dans la crèche, pas d’enfant Jésus dans la hotte ! Ce sont leurs partisans qui mènent la lutte. On les oppose en parlant de Noël païen pour le premier et de Noël chrétien pour le second. Pourtant, dans l’esprit de la plupart, ils cohabitent au grand damne de la vérité.


La vérité sur Noël est certainement ailleurs ! Mais pour en savoir plus il va falloir changer le regard que nous portons sur l’événement. La plupart du temps nous nous contentons d’être de simples témoins. Nous regardons cela comme si nous étions situés à l’extérieur de ce qui se passe. Nous laissons notre conception des choses évoluer suivant l’humeur du jour ou suivant nos dernières lectures sur le sujet.


Noël, c’est la fête des enfants dit-on ! Pourquoi pas ? On dit aussi, en en déplorant les excès que c’est une fête populaire, et que c’est une bonne chose de se réjouir au sujet de Dieu, même si on ne sait pas qui est Dieu ! On déplore cependant que Noël ne soit plus une fête chrétienne, ce qu’elle n’a jamais été puisque, nous le savons, elle correspond à la fête du solstice d’hiver qui a été christianisé. Ce n’est pas tout à fait vrai rajoutent les autres, ce serait la fête de l’Epiphanie dont on n’a changé la date. Tous ont raison, même les psychologues qui prétendent qu’il ne faut pas fausser l’esprit des enfants en les laissant croire au Père Noël alors que d’autres trouvent très sain de laisser l’imaginaire des petits gamberger. Je ne vous apprends rien, toutes ces opinons sont très honorables, toutes sont défendables, mais aucune ne se situe au bon niveau, parce qu’elles procèdent toutes du fait que nous regardons l’événement de l’extérieur. Du moment que nous avons une opinion arrêtée, peu nous chaut du reste.


Et pourtant ce matin je vais me hasarder à défendre une autre manière de voir les choses. Bien naturellement j’aurais la fausse modestie de croire qu’elle seule est pertinente. A vous d’en juger ! Il me semble que la seule manière d’aborder toutes ces questions c’est de ne pas rester à l’extérieur du sujet, et de nous demander en quoi nous sommes personnellement concernés par Noël.


La question sous-jacente à toute cette histoire concerne notre salut. Dieu est venu apporter le salut aux hommes, et cela nous interpelle forcément dans notre foi. Nous nous demandons alors quel est ce Dieu qui se révèle dans cette fête et en quoi cette fête nous apprend quelque chose de nouveau?

Les récits de Noël nous parlent d’un enfant de pauvres dont le destin est de devenir roi. Mais nous savons que l’histoire tourne court, il est resté pauvre, il a été persécuté et il est mort exécuté. Si son Royaume existe c’est dans un autre monde. Pourtant si Dieu a décidé de se révéler en cet enfant dont la vie a été apparemment un échec c’est que Dieu lui-même a changé, ou plus exactement c’est que nous n’avons pas compris comment il était avant. Notre salut dépend donc de la manière dont nous recevons ce Dieu.


A Noël, il nous est demandé de percevoir Dieu autrement que le faisaient les hommes avant la naissance de Jésus. Il est certain que son intention n’était pas de faire geler de froid un nourrisson dans une étable mais plutôt de nous apprendre par cette histoire que les plus modestes de ce monde ont la faveur de Dieu, en commençant par les plus faibles et les plus fragiles, tel cet enfant de pauvres. A Noël Dieu frappe un grand coup, il ne se résigne plus à cautionner une société où les chances sont mal réparties et où les plus forts ont forcément raison.

Mais si telle est la volonté de Dieu, pourquoi n’a-t-il pas fait un miracle pour tout changer ? Si on se souvient des paroles de Marie dans le Magnificat, il semblerait que la situation aurait du changer, que le pouvoir devait passer aux mains des plus humbles, mais les bergers s’en retournent comme ils sont venus, les païens qui étaient appelés à partager les merveilles de Dieu s’en retournent par un autre chemin et les puissants qui devaient être renversés de leur trône deviennent pires qu’avant si on en croit l’attitude du potentat local : Hérode. Alors qu’est-ce qui a changé ? Le changement se fait à partir de notre conception même de Dieu.

Dieu ne se cache pas dans son ciel d’où il ferait des miracles pour protéger les gens pieux et fidèles ou pour changer le sort de ceux qui sont bons. Il ne fait aucun prodige pour contrecarrer l’action des puissants ni pour calmer les terreurs causées par la nature en furie. Il exprime seulement son désir que les choses soient autrement. A Noël à travers ce récit de la naissance de Jésus nous entendons Dieu dire qu’il souhaite que les choses soient autrement. Ce souhait devient alors un programme pour les hommes qui se demandent à quoi ils servent. Dieu formule son désir de voir une nouvelle société supplanter l’ancienne. Il espère que les hommes réaliseront un monde où l’amour entre humains sera la seule règle valable. S’établira alors une société originale qui sera le reflet de la volonté de Dieu. Une telle société sera seule digne de subsister à l’érosion du temps pour devenir son Royaume qu’il établira dans l’éternité à tous promise.


Notre salut est semble-t-il lié à notre façon de comprendre la volonté de Dieu et d’y répondre avec sérénité. C’est sur le succès de cette collaboration entre Dieu et les hommes que se joue la crédibilité de Dieu. Pour mener à bien cette entreprise, pour que l’humanité toujours rebelle entre dans ce nouveau défi, il faudra que Jésus assume son destin jusqu’au bout au point d’en mourir.


Il vous appartient alors maintenant de vous poser la question : croyons-nous en ce Dieu que Jésus est venu révéler aux hommes ? Si c’est le cas notre salut consiste alors à suivre son enseignement et à manifester son amour dans le moindre de nos actes jusque dans l’éternité. C’est alors que nous verrons se produire le miracle de la transformation du monde.


Dieu en confiant ainsi le destin du monde à la bonne volonté des hommes court un grand risque et joue sa propre crédibilité. Si Dieu promet le salut à ceux qui suivent Jésus, il met aussi son propre salut en cause ! Que deviendra Dieu si les hommes n’entrent pas dans ce projet ? Dieu a décidé de faire confiance à son Eglise, même si elle est divisée pour être le lieu de rassemblement de tous ceux qui agissent selon sa volonté. Elle les rassemblera, les accueillera et les encouragera à agir dans toutes les directions où Dieu les pousse jusqu’à ce que le monde soit transformé. Dieu ne la laisse pas seule, il lui donne son Esprit qui sera pour chacun de ses membres non seulement une source d’énergie, mais il leur permettra de garder le cap et de rester fidèles.


Le miracle de Noël n’est donc pas dans un merveilleux conte qui finit bien, il est dans l’engagement des hommes à être les acteurs du miracle qui transformera le monde. C’est ainsi que chacune et chacun de nous est personnellement concerné dans cette aventure, et il est bon qu’on se le redise chaque année à Noël.



Les illustrations sont d'un artiste chinois He Qi ( prononcer ho chee). Elles sont issues du blog

http://www.artbible.net que je vous recommande






lundi 30 novembre 2009

Marie fait une expérience qui pourrait être la nôtre: Luc 1:39-45 dimanche 20 décembre 2009


Luc 1


39 En ces jours-là, Marie partit en hâte vers la région montagneuse et se rendit dans une ville de Juda. 40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. 41 Dès qu'Elisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit dans son ventre. Elisabeth fut remplie d'Esprit saint 42et cria :

Bénie sois-tu entre les femmes,

et béni soit le fruit de ton ventre !

43 Comment m'est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne me voir ? 44 Car dès que ta salutation a retenti à mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse dans mon ventre. 45 Heureuse celle qui a cru, car ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s'accomplira !


La meilleure des choses qui puisse se produire dans la vie d’un homme, c’est de vivre une expérience semblable à celle qui nous est racontée ici au sujet de Marie. Cette expérience peut se produire en lui toutes les fois qu’il a conscience que Dieu intervient dans sa vie. Elle ne fait pas de lui quelqu’un d’exceptionnel, car cette expérience est tout à fait habituelle pour un homme de foi. Marie, dans un premier temps a découvert que Dieu s’est fait si proche d’elle qu’il est venu habiter en elle. Il est donnée à beaucoup de croyants de faire un rencontre avec Dieu de la même nature. Seulement, pour Marie, ce qui est unique et exceptionnel, c’est que cette expérience s’accompagnera de la certitude que l’enfant qu’elle porte deviendra le « Sauveur du monde » . C’est sur ce point que son expérience diffère de la nôtre et en fait un événement unique.


La première chose que Marie constate, c’est que Dieu avait décidé de venir habiter en elle. C’est parce qu’elle a fait cette première expérience et qu’elle en a été complètement transformée que le Seigneur a pu mettre son empreinte en elle et que la suite, c’est à dire la naissance du messie, sera possible. Pour chacun de nous Dieu place également son empreinte en nous, et ce qui nous est demandé est propre à chacun de nous. Quant à Marie, nous savons déjà ce que Dieu lui a demandé : il s’agira de porter celui qui sera son fils.


La suite va prendre une dimension plus symbolique. Marie aurait pu partager son émotion avec Joseph son époux, mais contrairement à notre logique, c’est vers Elisabeth sa parente qu’elle porte ses pas. Pour cela elle doit la rejoindre à l’autre bout du pays. Nous allons tenter de découvrir tout ce que cela signifie. Les réponses que nous apporterons serviront peut-être à consolider notre foi ?


Nous sommes obnubilés par le personnage de Marie, nous lui réservons une place particulière parce que la tradition l’a chargée de valeurs spirituelles considérables, qui ne sont d’ailleurs pas les mêmes suivant l’église à la quelle nous nous référons. Il nous paraît donc difficile de nous comparer à elle et de nous approprier des valeurs qui semblent lui appartenir. Pourtant, l’expérience de Marie a des points communs avec les nôtres, c’est ce que nous avons suggéré dès le début de ce propos. Évidemment, l’Evangile a apporté un relief particulier à ce récit si bien qu’il semble ne pas nous concerner. La visite solennelle de l’ange établit entre nous et elle une barrière que nous ne pouvons pas franchir au risque de passer pour un fou. Il en va de même pour la mission que reçoit Marie. Cette mission est unique et ne peut en aucun cas se comparer aux missions que nous pourrions recevoir au cours des expériences spirituelles que nous aurions pu faire.


Cependant, après avoir écarté tout le merveilleux du récit, nous pouvons sans doute constater que Marie a fait une expérience que beaucoup pourraient comparer à la leur. Quiconque a fait une rencontre avec Dieu trouvera des points communs avec l’événement qui a bouleversé la vie de Marie. Il y a dans la vie de chaque croyant un moment privilégié où il prend conscience de la réalité de Dieu.


Cette expérience est propre à chacun et s’ impose à lui comme une certitude selon laquelle Dieu frappe à la porte de son cœur et mobilise toute sa personne. Non seulement Dieu se manifeste à lui mais s’installe au plus profond de son être pour devenir un interlocuteur privilégié.


Dieu fait corps avec lui et devient partie prenante de son intériorité. Si pour Marie la réalité de Dieu a pris corps en elle pour devenir le Messie, il n’en demeure pas moins que pour nous, Dieu se fait aussi présent en nous mais d’une manière spirituelle seulement. Il ne s’incarne pas de la même façon, bien évidemment, mais il n’en demeure pas moins qu’il se fait « présent en nous. » Ainsi nous devenons aptes à saisir la réalité du Messie qui sortira du corps de Marie. C’est parce que l’expérience de la « conversion » est une expérience de même nature que celle de Marie que nous pouvons saisir tout le mystère de l’incarnation.


Après cette expérience particulièrement forte, Marie toute possédée par Dieu et porteuse du futur Messie part vers les hauteurs de Judée auprès d’Elisabeth sa parente. Elisabeth n’est pas seulement sa parente, elle porte, elle aussi un enfant dans son sein, le futur Jean baptiste. Il sera le dernier des grands prophètes de jadis, en lui se récapituleront toutes les promesses que Dieu avait faites depuis Abraham. La rencontre des deux femmes établit un lien de continuité entre ce qui a été et ce qui sera. Tout le mystère de Dieu se récapitule en Jean baptiste et se prolonge en Jésus. Nous savons sans doute tout cela, mais ce que nous ne réalisons pas forcément c’est qu’il est dit que Marie monta vers sa cousine.


S’il est dit que Marie monte, ce n’est pas seulement pour apporter une précision de géographie. Les montagnes de Judée où réside Elisabeth ne sont sans doute pas plus élevées que les montagnes de Galilée où réside Marie. Son déplacement vers le haut n’a pas une valeur spatiale mais une valeur spirituelle. Marie en venant voir Elisabeth mère de Jean Baptiste vient se charger auprès d’elle de toute la tradition qu’elle porte en elle. Elle s’enrichit de tout ce que la révélation passée a pu apporter aux hommes et qui se récapitulent dans la personne de Jean Baptiste. En s’enrichissant elle-même, elle enrichit également l’enfant qu’elle porte en elle. Par cette visite de sa mère à Elisabeth, Jésus s’approprie toute la tradition par laquelle Dieu a façonné son peuple au cours des siècles.


Fondé sur cette expérience, le nouveau croyant qui découvre la réalité de Dieu au cours d’une expérience spirituelle qui lui est propre est invité à suivre le même itinéraire que Marie puisque leurs expériences se ressemblent. Pour s’approprier le mystère de Dieu qui cherche à habiter en lui il doit à son tour s’imprégner de la révélation qui était avant lui et qui réside dans les Ecritures dont Jésus lui-même sera l’aboutissement. Le nouveau croyant doit habiller sa foi de toute la tradition biblique façonnée par tous ceux qui l’ont précédé.


Quand nous percevons la présence de Dieu en nous, ce n’est pas pour devenir un électron libre, comme si notre nouvelle expérience nous mettait à part de nos frères humains. Notre expérience spirituelle ne nous dispense pas de celle que d’autres ont fait avant nous depuis des siècles voire des millénaires. Nous devenons un maillon de l’immense chaîne de témoins, qui a commencé le jour où Abraham a entendu l’appel de Dieu et qui s’achèvera un jour qui ne nous est pas révélé. Nous ne sommes pas pour autant, ni plus forts, ni plus nobles ni plus sages que les autres.


La découverte de la foi en nous, nous fait suivre le même itinéraire que Marie. Elle portait en elle le Messie, celui dont l’action révolutionnera la condition humaine. A notre tour, quand Dieu se manifeste en nous, c’est pour nous incorporer à la longue lignée des témoins qui portent chacun à sa manière un des aspects du Messie dont le monde a besoin, car Jésus a besoin de chacun des croyants de ce temps pour être accessible au monde contemporain. A la différence de Marie qui a porté physiquement le Christ, nous continuons cependant à le porter spirituellement aujourd’hui pour qu’il soit présent au monde. C’est dire que la rencontre que Dieu fait avec nous ne se fait pas à usage interne. Nous ne devenons pas seulement croyants pour enrichir notre vie d’une expérience nouvelle. Notre expérience spirituelle ne peut pas être un événement dont nous pourrions faire état pour nous valoriser. Il est impossible d’être un croyant dont la foi serait à usage interne. C’est ce que dénonçait Rick Warren dans le Réforme du 26 novembre quand il disait qu’il y a des croyants qui ont une grosse tête et un gros derrière pour s’asseoir dessus mais qui ont de toutes petites mains, de touts petits pieds et un tout petit cœur.


Notre incorporation à la longue série des croyants nous met en contact avec ceux qui avant nous ont fait l’expérience de la rencontre avec Dieu et avec ceux qui à leur tour feront la même expérience sans l’avoir faite encore. C’est peut être à notre contact qu’ils découvriront que Dieu cherche à les rencontrer. Dieu a pour cela

un but précis, celui de donner du sens à la vie de chacun. Il nous invite alors, à être au service de l’événement afin de le faciliter quand il se produira. Pour cela, il nous suffit, comme l’a fait, Marie de se laisser emplir du saint Esprit et de le laisser orienter notre existence dans la direction qui sera toujours la bonne.









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mardi 24 novembre 2009

Jean Baptiste - Jésus Luc 3/10-18 dimanche 13 décembre 2009

Luc 3 :10-18

10 Les foules l'interrogeaient : Que ferons-nous donc ? 11 Il leur répondit : Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même. 12Il vint aussi des péagers pour être baptisés, et ils lui dirent : Maître, que ferons-nous ? 13 Il leur dit : N'exigez rien au-delà de ce qui vous a été ordonné. 14 Des soldats aussi lui demandèrent : Et nous, que ferons-nous ? Il leur dit : Ne faites violence à personne, et ne dénoncez personne à tort, mais contentez-vous de votre solde. 15 Comme le peuple était dans l'attente, et que tous se demandaient intérieurement si Jean n'était pas le Christ, 16il leur répondit à tous : Moi, je vous baptise d'eau, mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et je ne mérite pas de délier la courroie de ses sandales. Lui, il vous baptisera d'Esprit Saint et de feu. 17 Il a son van à la main, puis il nettoiera son aire, il amassera le blé dans son grenier, mais brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint pas. 18 Jean annonçait la bonne nouvelle au peuple avec beaucoup d'autres exhortations.





C’est encore la voix de Jean Baptiste qui traverse l’espace et le temps pour venir nous exhorter ce matin. Nous avons l’impression que sa voix sonne juste. Il annonce la bonne nouvelle. C’est le début d’une ère de justice et de paix qui commence. Il s’agit d’un temps irréel où la vertu portera ses fruits et où les mauvais comportements seront punis. Il promet l’arrivée d’une époque idéale faite de justice, de respect de l’autre, d’altruisme, il propose une vie saine et paisible récompensant la pratique de la vertu. Qui trouvera quelque chose à redire à tout cela?


Tout le monde se met alors à faire la queue pour que l’onde purificatrice du Jourdain nettoie chacun afin de le rendre apte à pratiquer la vertu. Voila l’ambiance que suscite la prédication de Jean Baptiste qui ne mâche pas ses mots. C’est dans la mesure où chacun sera conscient de la nécessité de se purifier de son péché que le Messie viendra. Il instaurera une ère de paix d’où le méchant sera violemment exclu à coup de pelle et sera envoyé griller dans le feu du jugement dernier allumé pour les méchants. Ainsi répondait-il à une humanité en attente d’un temps nouveau.


- Jean Baptiste tu t’es trompé, le Messie que tu as désigné, Jésus, n’a pas mis hors la loi les méchants, au contraire, il s’est laissé tuer par eux. Il n’a pas instauré une ère de justice, car c’est l’injustice qui semble devoir triompher depuis longtemps.


Comment Jean baptiste a-t-il pu se tromper aussi lourdement? Comment a-t-il pu prêter à Jésus des intentions qu’il n’avait pas? On est d’autant plus perplexe qu’aujourd’hui encore beaucoup pensent qu’il aurait été beaucoup plus simple pour Jésus de suivre à la lettre le programme proposé par Jean Baptiste. Si le Messie avait exclu les méchants et contraint les autres à la vertu, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Nous serions au milieu d’un peuple vertueux et les méchants n’auraient plus de place parmi nous. C’est ce que réclament les intégristes, les sectes et les gens épris d’ordre religieux. Ceux qui pensent ainsi en sont restés à l’époque de Jean baptiste et ils continuent, sans s’en rendre compte, à confondre Jean Baptiste avec Jésus. Ainsi pensent tous ceux qui se servent de l’Evangile pour contraindre les autres à entrer dans leurs vues.


Combien, et sans doute moi, parfois, ne disent-ils pas à propos de l’Evangile que Jésus a interdit certaines choses ou qu’il en a codifié certaines autres. Combien ne pensent-ils pas que Jésus a été un Réformateur génial qui proposait aux hommes de devenir meilleurs en pratiquant à la lettre la Loi d’amour. Combien ne font-ils pas de Jésus un super Moïse dont les préceptes nouveaux seraient encore plus contraignants que les anciens. Combien n’ utilisent-ils pas les signes que Jésus nous a donnés, je veux dire le Baptême ou la sainte Cène, pour forcer les portes du Royaume de Dieu. Ne tentent-ils pas de contraindre Dieu à sauver les baptisés, même malgré eux et à réprouver les autres. Ne tentent-ils pas non plus d’ enfermer le Saint Esprit ou Jésus lui-même, dans un morceau de pain qui se revêtirait alors de vertus magiques.


Je m’arrête d’être iconoclaste et blasphémateur, sans quoi les pierres de la lapidation vont me contraindre au silence. J’ai bien sûr utilisé la caricature, et je l’ai fait pour prolonger la logique de Jean Baptiste qui reste, qu’on le veuille ou non un homme du passé! Ce n’est pas un reproche que je lui fais, car c’est le sens de la mission que Dieu lui a assigné : être un homme du passé, être le dernier homme du passé, le dernier prophète de l'ancienne Alliance qui sera désormais périmée.


En effet, Jean Baptiste doit mettre un terme à l’Alliance que Dieu avait jadis conclue avec Moïse, qui fut reprise par chaque roi, qui fut critiquée par chaque prophète qui annonçait que cette Alliance prendrait fin à cause de l’infidélité croissante du peuple de Dieu et de la lassitude du Seigneur lui-même. Jean Baptiste a pour mission de dire que le temps de la patience de Dieu est arrivé à son terme parce que l’infidélité du peuple a atteint un point de non-retour . Le changement annoncé va s’accomplir. Le Messie va arriver et il accomplira toute justice.


La justice, en langage biblique, consiste à être conforme au plan de Dieu. Il s’agit de mettre en pratique, et d’une manière parfaite les 10 commandements. L’homme juste sera donc un homme parfaitement vertueux. Ce projet est irréalisable, c’est pourquoi, Jean Baptiste en invitant ses auditeurs au baptême leur proposait de suppléer à leurs défaillances en les lavant dans l’eau du Jourdain. Le baptême de Jean Baptiste répondait à leur désir d’être trouvés parfaits quand le Messie viendra afin que le jugement qu’il prononcera leur soit favorable. Jean ne leur permet pas de se faire des illusions, tous seront passé au crible et le jugement tombera sur chacun. Jean n’a pas d’autre message à dire. Le Messie qu’il annonce n’aura plus rien à faire car Jean Baptiste aura tout fait. Il n’aura plus qu’à paraître et à juger le monde.


C’était un Messie trop vertueux qu’il annonçait, trop saint, trop divin, trop conforme aux désirs des plus religieux pour que le vrai Messie lui ressemble. Le Messie qui entre en fonction en la personne de Jésus ne se met pas à trier le bon grain de l’ivraie, il n’utilise pas la pelle à vanner ou la fourche pour jeter au feu les mauvaises herbes, mais il descend dans l’eau toute souillée du péché des hommes baptisés avant lui et il s’en fait inonder, comme pour dire que c’est au péché des hommes qu’il s’en prend et non pas à leur personne. C’est le péché qu’il se propose de détruire et non pas les pécheurs.

Avec un tel principe, tout homme devient sympathique, puisque c’est son péché qui est haïssable et non pas lui-même. Il y a comme une distanciation qui s’établit entre l’individu et l’acte qu’il a commis. L’homme reste comme en retrait par rapport à son péché, si bien qu’il apparaît comme possible que le péché soit détruit et que l’homme survive à cette destruction et apparaisse alors aux yeux du Messie, comme renouvelé, comme dépouillé de ses salissures, et qu’il soit à nouveau tout neuf, comme au matin de la création du monde ou comme au matin de sa naissance.

Tout l’Evangile qui s’ouvre maintenant va nous parler de cette œuvre entreprise par Jésus pour dégager l’homme nouveau du poids de la souillure de son péché. Ce programme est tellement révolutionnaire, il suppose une telle abnégation et un tel amour de la part de Dieu que personne ne l’a vraiment compris du vivant de Jésus, c’est pourquoi il a fallu qu’il en meure pour qu’on finisse par comprendre ce que Dieu avait voulu dire par lui.


Aujourd’hui encore, il en est beaucoup qui, bien que Chrétiens se tiennent en retrait par rapport à une telle merveille. Il en est encore qui croient que le péché colle tellement à la nature de l’homme qu’on ne peut détruire l’un sans l’autre. C’était la position de Jean Baptiste, c’était la position la plus avancée du judaïsme. Mais cette position contenait déjà en elle l’étape suivante qui consistait à croire que Dieu, et son Messie, allaient détruire le péché sans détruire nécessairement les hommes, il fallait un événement aussi provoquant que la mort du Messie pour qu’on en découvre le secret. Il fallait que Jésus mène ce combat contre les gens en place, contre les religieux, contre les vertueux qui n’avaient pas assez péché eux-mêmes pour savoir combien le poids du péché peut devenir écrasant (et je ne parle pas forcément des péchés visibles et connus de tous).


Sans jeu de mot, Jésus à son baptême plonge dans le péché de l’humanité pour séparer chaque individu de ses fautes comme on se sépare d’un vêtement.


Les 4 évangiles, les 14 épîtres et le reste du Nouveau testament sont-ils suffisants pour nous en convaincre?




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