mardi 28 avril 2015

Matthieu 28:16-20 conclusion de l'Evangle - dimanche 31 mai 2015





Matthieu Chapitre 28


La résurrection de Jésus


1 Après le sabbat, alors que le premier jour de la semaine allait commencer, Marie-Madeleine et l'autre Marie vinrent voir le sépulcre. 2 Soudain, il y eut un grand tremblement de terre ; car l'ange du Seigneur, descendu du ciel, vint rouler la pierre et s'asseoir dessus. 3 Son aspect était comme l'éclair et son vêtement blanc comme la neige. 4 Les gardes tremblèrent de peur et devinrent comme morts. 5 Mais l'ange dit aux femmes : Vous, n'ayez pas peur, car je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié. 6 Il n'est pas ici ; en effet, il s'est réveillé, comme il l'avait dit. Venez, regardez le lieu où il gisait, 7 et allez vite dire à ses disciples qu'il s'est réveillé d'entre les morts. Il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez. Voilà, je vous l'ai dit.

8 Elles s'éloignèrent vite du tombeau, avec crainte et avec une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. 9 Mais Jésus vint au-devant d'elles et leur dit : Bonjour ! Elles s'approchèrent et lui saisirent les pieds en se prosternant devant lui. 10 Alors Jésus leur dit : N'ayez pas peur ; allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront. 


Le récit des gardes


11 Pendant qu'elles étaient en chemin, quelques hommes de la garde entrèrent dans la ville et racontèrent aux grands prêtres tout ce qui était arrivé. 12 Ceux-ci, après s'être rassemblés avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme d'argent 13 en leur ordonnant : Dites : « Ses disciples sont venus de nuit le dérober, pendant que nous étions endormis. » 14 Et si le gouverneur l'apprend, nous userons de persuasion envers lui et nous ferons en sorte que vous ne soyez pas inquiétés. 15 Ils prirent l'argent et agirent selon les instructions qui leur avaient été données. Et cette histoire s'est propagée parmi les Juifs jusqu'à ce jour. 


Le Ressuscité envoie ses disciples en mission


16 Les onze disciples allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus avait désignée. 17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais quelques-uns eurent des doutes ; 18 Jésus s'approcha et leur dit : Toute autorité m'a été donnée dans le ciel et sur la terre. 19 Allez, faites des gens de toutes les nations des disciples, baptisez-les pour le nom du Père, du Fils et de l'Esprit saint, 20 et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé. Quant à moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde.



Pour ne pas gâcher notre plaisir d’être provoqués par les derniers événements qui ont concernés  la fin de Jésus, il nous faut lire le chapitre 28 dans son ensemble et ne faut pas réaliser de rupture dans le déroulement  du chapitre comme le propose la lecture pour ce jour du verset 16 au verset 20. Il nous  faut donc  lire  tout le chapitre sans quoi nous ne verrons  pas comment la résurrection de Jésus,  son message aux disciples, son ascension et notre propre résurrection sont étroitement liés, car tout se tient dans ce chapitre.

L’auteur entraine son lecteur dans une envolée magistrale qui le bouscule de telle sorte qu’il ne sait plus lui-même dans quel univers il se tient, tant la réalité du monde céleste et  celle du monde présent sont confondues. Il entraine son lecteur dans un rêve qu’il ne maîtrise pas, mais les rêves ne sont pas faits pour être maîtrisés. Ils s’emparent de notre esprit  pour nous révéler ce qui est caché en nous.  En lisant ces lignes nous avons du mal à distinguer ce qui relève du songe plutôt que de la  réalité. Même les lieux, s’ils sont nommés ne se localisent pas forcément dans l’espace, mais tout ce qui est dit prend du sens si nous nous laissons saisir par tout ce qui est dit sans résister.

A la fin de ce parcours qui se fait comme un parcours initiatique, celui qui s’approprie  ce texte découvre que bien qu’il soit  informé de  tout ce qu’il doit savoir sur Jésus, sur le monde et sur lui-même, il aura du mal à en rendre compte, car le récit ne lui propose pas de s’évader dans une extase mais l’invite à entrer  en action. Il se sent  poussé par le dynamisme que le récit a mis en lui.

Il est remarquable  qu’un auteur puisse dire tant de choses en si peu d’espace et en si peu de temps. Il décrit la réalité du monde où nous nous  trouvons avec ses craintes et ses angoisses confrontés aux mesquineries aux machinations humaines. Il décrit en même temps  l’intimité avec le Christ  qui nous  entraine dans une autre réalité qui se trouve ailleurs.  C'est vers cet ailleurs  que le Christ dirige nos pas. Il nous a fait passer en quelques lignes de sa résurrection à la nôtre et de la nôtre à son ascension et nous ne savons plus où nous sommes vraiment.

Pour que nous comprenions la réalité à laquelle il nous invite à participer l’auteur ne se prive pas d’utiliser le langage symbolique de la littérature biblique où l’ange joue son  rôle traditionnel. Il se fait porteur de la parole de Dieu.  Il joint son geste à la parole  et  il roule la pierre. Mais si la présence de l’ange  et le sens profond de son geste nous troublent, il faut attendre la suite du récit   pour comprendre qu’il  libère ainsi  la vie  retenue dans des lieux secrets. Il  la libère pour la plus grande gloire de Dieu, ça nous le savons,  mais aussi  pour donner de  l’espérance aux hommes, et c’est nous  qui  allons en devenir les principaux instruments.

C’est sur ces bonnes paroles qu’il nous laisse le soin de comprendre la suite. Jésus  fait de nous des témoins de Dieu pour un monde qui reste celui que  l’on connaît avec  ses mesquineries dont nous avons un exemple dans la  manière dont les gardes négocient  leur témoignage avec les prêtres. Mais il nous charge  aussi de porter  aux hommes l’espérance dont ils ont besoin. C’est en effet par nos mains, par notre cœur et par nos paroles que le saint Esprit accomplira cette mission. Les hommes pour vivre et espérer doivent  croire que l’avenir relève du domaine de Dieu. A notre tour de prendre le relais de l’ange qui a ouvert la porte à la vie en forçant les portes du tombeau.

Certes, tout ce langage est symbolique,  mais les symboles sont faits pour être analysés puis traduits dans un langage compréhensible.  La description de l’ange, dans un premier temps, serait plutôt de nature à nous rendre incrédules et à provoquer notre réflexion qui nous dit que raisonnablement ce récit est incohérent, s’oppose à notre raison et risque de nous faire perdre la foi. Mais pour alimenter notre réflexion Interrogeons-nous alors pour savoir qui était là  pour voir la scène décrite ici ? Personne !  Si personne n’a vraiment vu la scène qui nous a été racontée c’est  que l’auteur de cet Évangile a choisi le langage du merveilleux pour nous aider à comprendre ce qui se cache derrière cet événement. Nous devons  à notre tour faire un effort pour comprendre que dans la littérature biblique les anges sont avant tout des  messagers de Dieu et agissent  sur son  injonction. Ici, l’ange ouvre la tombe pour que la vie se répande. Il exprime ainsi le fait que Dieu est le maître de la vie, c’est cela qui est important.  Cette action  trouvera son explication dans la bouche de Jésus lui-même qui envoie  ses disciples, et nous avec eux, vers ce monde où nous sommes et qui doit trouver  son espérance dans la vie qui vient de Dieu et que nous sommes chargés de répandre. Action de l’ange et paroles de Jésus se font écho pour nous préciser le sens de notre mission qui est de rendre l’espérance au monde qui n’en a pas au nom même de Dieu qui nous envoie.

Le monde où nous sommes n’aurait aucun sens et irait immanquablement à sa perte si l’espérance en la vie lui faisait défaut. C’est dire le rôle unique et particulièrement responsable que Jésus confie à ses disciples et aux églises qu’ils vont fonder, et à nous-mêmes qui sont leurs successeurs.

Mais qu’est-ce que l’espérance de la vie, si non cette certitude que la réalité de l’existence où nous vivons a du sens, car tous doivent avoir la possibilité d’être heureux ? Ce bonheur collectif ne sera pas le fruit d’un miracle qui se produira à la fin des temps, mais il est le résultat conjugué de toutes les actions des hommes qui se donneront la main pour changer le monde afin qu’il évolue dans ce sens.  Tel est le projet de Dieu pour l’humanité entière et telle est la mission qu’il nous confie.

Il y a dans ce monde tant de gens privés d’espérance de vie que plus rien n’aurait de sens si Dieu ne rappelait par de nombreuses manières que c’est avec cette utopie qu’il se propose d’être présent au milieu de nous. C’est lui qui met au cœur de chacun cette espérance et il motive des hommes et des femmes pour mettre en œuvre toutes les réalités possibles pour que l’espérance subsiste. Quiconque prend ce projet au sérieux devient à son tour un ange de lumière qui contribue  à  rouler la pierre qui pèse sur tous ces cœurs qui ont besoin qu’on les brise pour libérer tous les projets de bonnes actions qui sont déjà en gestation en eux. 

Illustrations: La résurrection vue par Jean Cocteau: Chapelle Notre Dame de Jérusalem à Fréjus

jeudi 23 avril 2015

Jean 15:26-27 et Jean 16:12-15 dimanche de Pentecôte le 24 mai 2015



Le Saint Esprit -  dimanche 24 mai 2015

-  Jean 15:26-27 et Jean 16 :12-15

Jean 15 :26« Celui qui doit vous venir en aide viendra : c'est l'Esprit de vérité qui vient du Père. Je vous l'enverrai de la part du Père et il me rendra témoignage. 27Et vous aussi, vous me rendrez témoignage, parce que vous avez été avec moi depuis le commencement. 
Jean 16 :12« J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pourriez pas les supporter maintenant. 13Quand viendra l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité. Il ne parlera pas en son propre nom, mais il dira tout ce qu'il aura entendu et vous annoncera ce qui doit arriver. 14Il révélera ma gloire, car il recevra de ce qui est à moi et vous l'annoncera. 15Tout ce que le Père possède est aussi à moi. C'est pourquoi j'ai dit que l'Esprit recevra de ce qui est à moi et vous l'annoncera. »

« Je suis maître de moi, comme de l’univers, je le suis, je veux l’être » disait  l’empereur Auguste sous la plume de Pierre Corneille dans Cinna. De tels vers ont accompagné  la jeunesse des plus anciens parmi nous, à l époque où on apprenait par cœur les vers célèbres de la poésie classique. A force de les réciter sans faute sous peine de recevoir de mauvaises notes, les jeunes élèves ont été imprégnés d’une philosophie qui a sans doute  durablement marqué leur vie. Ils ont été ainsi préparés à ouvrir leur existence à un avenir glorieux, tel que semblait l’annoncer le théâtre classique.

C’était l’époque des trente glorieuses a-t-on dit,  la prospérité caressait l’avenir d’un monde moderne après  de longues années de troubles et d’agitation. Les guerres coloniales s’apaisaient et  la tourmente de la dernière guerre mondiale était oubliée. L’homme civilisé partait  à la conquête d’un avenir heureux et prospère. A quoi bon alors s’encombrer de problèmes spirituels puisque la  science et la technique devaient  maîtriser toutes les difficultés qui auraient pu surgir. Dieu avait-il encore sa place dans un univers que l’intelligence humaine devait désormais maîtriser ?  On  envisageait  la conquête des  astres après avoir pour la première fois mis les pieds sur la lune.

Aveuglé par sa réussite dont il trouvait les origines dans la littérature, l’homme moderne prenait lentement la place de Dieu. Une telle attitude relève bien évidemment de la tentation de l’homme qui ne trouve aucune limite à son ambition quand tout va bien, mais  quand les choses se mettent à mal tourner, c’est une autre histoire ! Naturellement cette euphorie n’a pas durée, mais la foi en Dieu est-elle revenue ?

On ne se  retourne pas tout naturellement vers Dieu,  quand on l’a abandonné. Quand  les événements se retournent contre nous, on se replie plutôt sur soi-même en se culpabilisant, comme si on avait mal agi et que la cause de notre échec était liée à une erreur  d’appréciation. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’intelligence de l’homme, c’est son comportement qui l’est  et qui a déséquilibré tout le système pense-ton. Ce n’est pas faux !

Mais si on se culpabilise en s'accusant de ce qui ne va pas, on croit aussi trouver la réponse dans le mauvais comportement des autres. On considère que la cause de notre désenchantement est dans la perte de notre confiance  dans les hommes  qui avaient pour charge la responsabilité de gérer les nations. On se retourne contre ceux qui avaient le pouvoir et qui tenaient  en main l’avenir de notre société. Les groupes humains s’accusent  alors  mutuellement d’être la cause du dysfonctionnement général.

C’est à nouveau  dans la littérature que l’on trouve l’illustration de ce phénomène. Jean de La Fontaine nous raconte dans « les animaux malades de la pestes »  le désarroi du petit peuple des animaux  en proie à une épidémie et qui croit trouver son salut en sacrifiant un pauvre âne qui avait brouté quelques brins d’herbe dans le champ d’un autre.
C’est maintenant que nous rejoint le texte de l’Évangile :       « Quand sera venu l’Esprit de vérité, dit Jésus, il vous conduira dans toute la vérité ».  Un peu plus haut dans l’Évangile on nous décrit l’Esprit saint comme étant un          « consolateur » ou mieux, comme un « avocat ». Jésus n’a pas besoin d’emprunter  ce long détour  par la littérature classique, comme je l’ai fait, pour pointer du doigt les causes  de notre désenchantement. Jésus sait fort bien notre propension à nous défausser sur les autres des erreurs  entraînées par  nos mauvais  comportements. Depuis Abel assassiné par son frère qui l'accusait d' avoir accaparé les faveurs de Dieu, les accusations n’ont fait que se répéter au cours des siècles. Dieu sait nos penchants à l’esquive, c’est pourquoi il  nous  montre qu’on ne peut pas s’en sortir sans son aide.

Un avocat nous est promis pour arranger les choses. On comprend tout naturellement que les hommes  s’étant écartés de Dieu pour mener leurs affaires à leur guise ont besoin d’un avocat pour se réconcilier avec lui. Si on a mis Dieu à l’écart,  il est nécessaire  qu’on nous aide à retrouver un chemin d’entente avec lui. En fait il n’en est rien. Avant de se réconcilier avec Dieu, il faut avant tout se réconcilier avec les hommes, car si nous   accusons  certains d’avoir rompu l’équilibre qui nous menait à la prospérité, il faut aussi se réconcilier avec ceux qui nous accusent à notre tour d’avoir contribué à ce même déséquilibre. Cette double accusation est incompatible avec une bonne entente avec Dieu.  C’est pourquoi il s’en mêle.

Mais si Dieu s’en mêle, son action n’est pas forcément visible immédiatement. Il ne cherche pas à faire de miracle en s’immisçant dans nos affaires. Il ne cherche pas à   négocier notre retour vers lui  en échange d’un progrès technique retrouvé. Si Dieu intervient, c’est en secret, dans l’intimité de chacun de  nous. Il demande que nous fassions une démarche vers lui. Si Dieu nous donne rendez-vous au fond de notre  cœur où il nous attend, il désire cependant que nous fassions un pas vers lui.

Certes, il arrive à tout un chacun de faire une pause dans sa vie et de réfléchir à tout ce qui se passe en lui et autour de lui. Ce moment est perçu par Dieu comme un moment favorable à une rencontre avec lui. Mais ce n'est pas pour autant que le dialogue s'installe entre lui et nous. Il nécessite un effort sur nous-mêmes pour repenser notre vie en sa présence, car Dieu est porteur de vie. A son contact nous devons nous laisser saisir par un dynamisme qui nous vient de lui et qui pourrait provoquer en nous des sentiments qui nous désorientent. Nous ressentons à la fois le poids de nos fautes et la chaleur du pardon. Nous sentons aussi la colère monter dans notre fort intérieur contre les autres et contre  nous-mêmes et en même temps nous ressentons une paix immense et une sérénité qui s’installent  en nous. Ce bouleversement radical  remet en cause notre manière de penser et notre relation aux autres. C'est ainsi que  le saint Esprit  se manifeste en  nous. La suite dépend de nous.

Elle ne sera  peut être qu’une bonne expérience spirituelle, en attendant la suivante, et n’aura pas changé les choses   en profondeur dans notre sentiment vis-à-vis de Dieu. Mais , il est  à parier que Dieu souhaitait autre chose de notre part car  il a tout fait  pour que nous entamions un vrai dialogue avec lui. Si c'est lui qui a  provoqué cette émotion,   il attendait une suite qui ne dépend plus que de nous. C’est alors que la relation qui s'établit avec lui transfigure notre existence  et nous permet de voir l'avenir autrement. Ce dialogue  qui s'est établit avec Dieu se fait désormais dans la durée et provoque en nous un bouleversements  radical dans notre vision des choses.  Chacune, des actions que nous entreprenons  se fera désormais sous couvert  de  dialogue avec l’Esprit, qui  blotti au fond de nous-mêmes,nous aide à voir les choses du même regard que Dieu . Ce faisant nous devenons des  êtres  nouveaux, disponibles pour agir  sur des routes nouvelles.

Quiconque se laisse interpeler par Dieu et accepte le dialogue avec lui risque de se sentir investi par lui  et peut se  sentir  appelé à faire des choses qu’il ne soupçonnait même pas. C’est ainsi que le Saint esprit agit en nous.

Au sujet de l'illustration: 

Pavamani, artiste indien, de confession protestante, avait réalisé un tableau "Pentecôte", qu’il avait donné au temple de l’Eglise réformée de Corbeil, contribuant ainsi à son financement. Ce tableau, toujours exposé dans ce temple, est actuellement exposé dans la salle d’exposition de la cathédrale d’Evry, accompagné d’autres oeuvres - non spécifiquement religieuses - de l’artiste.
On sera séduit par les sens des couleurs de cet artiste qui se situe entre deux cultures - l’occidentale et l’indienne - et par son langage des formes, souvent abstraites, parfois figuratives.
Diverses contributions de personnes actives dans les milieux associatifs, culturels, sociaux et religieux d’Evry ont participé, par leur plume, à l’élaboration de ce catalogue. Signalons, entre autres contributions : "Pour une lecture indienne de Pentecôte" ; "Une Pentecôte moderne, une peinture de signes", "La nuit, le feu".
Ces textes, ainsi que les thèmes et les styles de ces peintures, contribuent à une rencontre des cultures, des traditions religieuses, des spiritualités. On réalise à quel point - dans un monde de plus en plus cloisonné ou même intolérant - l’art peut devenir un lieu de passages multiples, dans le respect des différentes croyances et cultures. C’est aussi ce que signifie le message de Pentecôte, tel qu’il nous est raconté en Actes 2 : chacun comprend et accueille l’autre dans sa différence et sa spécificité. Pluralité ne veut pas dire division, absence de dialogue, ou rivalité.
On peut dire qu’à travers cette exposition - et le catalogue qui en rend compte - l’événement de Pentecôte est deux fois présent : figurativement, dans le tableau central, et humainement, dans la démarche proposée.
Jérôme Cottin

vendredi 10 avril 2015

Jean 17:11-19 Dieu et le monde - dimanche 17 mai 2015



Jean 17/11-19


11 Je ne suis plus dans le monde ; eux sont dans le monde, et moi, je viens à toi. Père saint, garde-les en ton nom, ce nom que tu m'as donné, pour qu'ils soient un comme nous. 12 Lorsque j'étais avec eux, moi, je les gardais en ton nom, ce nom que tu m'as donné. Je les ai préservés, et aucun d'eux ne s'est perdu, sinon celui qui est voué à la perdition, pour que l'Ecriture soit accomplie. 13 Maintenant, je viens à toi, et je parle ainsi dans le monde pour qu'ils aient en eux ma joie, complète. 14 Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a détestés, parce qu'ils ne sont pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde. 15 Je ne te demande pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais. 16 Ils ne sont pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde. 17 Consacre-les par la vérité : c'est ta parole qui est la vérité. 18 Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. 19 Et moi, je me consacre moi-même pour eux, pour qu'eux aussi soient consacrés par la vérité.

Le monde dans lequel nous sommes nous enserre de toute part et nous sommes comme immergés en lui. Il évolue selon des règles qui ne sont pas celles de Dieu si bien que nous sommes tiraillés entre Dieu à qui nous cherchons à plaire et le monde aux règles duquel nous sommes soumis.  En constatant cela, nous ne pouvons pas ne pas nous  poser la question de savoir comment  s’opère la présence de Dieu au monde.
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La première remarque à faire, et le texte nous aide à le comprendre,  c’est que Dieu et le monde ne fonctionnent  pas comme deux forces antagonistes. Nous ne sommes pas dans un système dualiste. Il s’agit plutôt d’une  action de Dieu qui tenterait d’agir sur le monde sans le violenter. L’homme aurait  une action déterminante à jouer  dans cette relation qu’il nous reste à découvrir.

Si nous aspirons à être en bons termes avec Dieu dans une relation  qui relève de l’amour,  nous restons cependant  dominés par nos penchants naturels qui relèvent du monde et nous mettent en opposition avec Dieu.  En méditant cette magnifique prière, dite prière sacerdotale, nous constatons que Jésus a cherché à créer un courant d’unité entre Dieu et le monde, pour le mieux être des hommes, comme si l’un et l’autre évoluaient indépendamment de l’un par rapport à l’autre et qu’il fallait les faire entrer dans une vision commune de l’avenir.  L’action de Jésus a consisté à  chercher  à mêler leurs parcours  au moyen de l’action des hommes qui se rallient  à lui.


Tout se passe comme si le monde était une réalité neutre évoluant avec des règles et des lois immuables  qui lui sont propres auxquelles sont soumis tous ceux qui sont dans ce monde, minéraux ; végétaux et tous les êtres vivants. La règle principale qui régit tout cet ensemble est celle de la raison du plus fort, selon laquelle  celui  qui  détient la force domine  le plus faible. Ainsi,  si la poule mange le ver de terre, celle-ci sera à son tour mangée par le renard qui subira à son tour la loi de plus forts que lui. Cela se passe ainsi  depuis toujours.

Cependant, depuis son apparition sur terre, l’homme a refusé de se soumettre  à cette loi. Bien que faisant partie des espèces  sans vraies  défenses naturelles, il n’entend pas disparaître sous les attaques de prédateurs plus puissants que lui. Il bénéficie d’une prodigieuse intelligence qui lui permet d’échapper à cette loi immuable  et à mettre en cause l’équilibre qu’elle impose à tous ceux qui foulent le sol terrestre. Lentement il s’est imposé comme le dominant le plus redoutable. Mais s’il a détourné les lois du monde et leur a résisté, il les a cependant adaptées à son profit et a déterminé à l’intérieur de son espèce des dominants et des dominés. Il subit à son tour des règles qu’il avait cru écarter.

C’est alors que Dieu entre en jeu. Nous ne savons pas vraiment comment  cela s’est produit et nous n’imposerons à personne une théorie plutôt  qu’une autre. Toutes sortes d’approches ont cours et chacun défendra celle qui lui convient le mieux. Selon les uns, Dieu serait le créateur de toute chose, mais les règles de  fonctionnement lui auraient échappées, mettant sa toute puissance en cause et l’opposant au monde.  Selon  d’autres, Dieu  viendrait d’ailleurs, s’imposerait comme le « Tout autre » et  mettrait sa divinité en opposition aux règles du monde  dont  il essaierait d’infléchir l’évolution en lui imposant de nouvelles règles dans  un élan dynamique et créateur. D’autres encore insistent sur les effets du « big bang », mais là n’est pas la question.

En tout état de cause, la fatalité qui sert de règle à l’évolution du monde ne convient pas à Dieu. Les textes bibliques nous montrent qu’il résiste et cherche à s’impliquer d’une autre manière. Bien avant la venue de Jésus, la Bible a  fait état de cette prétention de Dieu à proposer de nouvelles règles d’évolution : « Le lion mangera de la paille et il ne se  fera plus aucune violence est-il écrit en Esaïe 65/25 et la vache et l’ours auront la même nourriture » 11/7. Bien que de telles réalités soient biologiquement impossibles, elles impliquent l’idée que la règle de domination des uns sur les autres ne doit plus faire loi dans le monde. Ainsi Dieu est-il présenté dans les Ecritures comme celui qui n’accepte pas les règles immuables de l’évolution des espèces  avec la violence pour seule  loi.

Avant de faire une révolution dans le monde de la biologie, contentons-nous de considérer l’espèce humaine.  Elle a pressenti depuis longtemps que la loi de la domination des espèces les plus faibles par les plus puissantes  ne pouvait s’imposer à elle.  Cependant , nous l’avons vu, tout en se libérant de l' emprise de cette loi, les humains l’ont pervertie  et  adaptée au profit des plus privilégiés parmi eux.

Si donc l’homme a compris qu’il fallait s’affranchir des règles du monde, il est quand même resté en partie sous leurs emprises. Sous l’impulsion de Dieu et par le ministère du Christ, il   doit  prendre conscience maintenant  du fait qu’il doit continuer à s’investir dans cette entreprise en se mettant en cause lui-même. Il doit contester  radicalement  ce principe de la Loi du plus fort.  Mais pour cela, il ne peut  pas y arriver seul, il faut qu’il soit aidé.

C’est à ce niveau que Jésus  se propose d’intervenir et le succès de son entreprise comblera Dieu de joie. Si l’homme entreprend de s’affranchir de ces règles qui appartiennent à ce monde et qu’il refuse de prendre en compte  les privilèges qui font que les uns se réservent le droit de dominer les autres, parce qu’ils sont plus beaux, plus intelligents  ou plus forts, Dieu à son tour accueillera les hommes dans sa joie. Il leur fera une place dans ses projets et avec lui ils entreprendront la création d’un monde nouveau. Ainsi les commandements de Jésus trouveront leur accomplissement et Dieu sera comblé. «  Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » s’imposera désormais comme une règle naturelle.

La vision de ce monde nouveau que Jésus a voulu donner aux hommes avant sa mort est celle d’un monde dynamique en pleine création où Dieu et hommes collaborent  à l’établissement d’une justice porteuse d’espérance pour  les hommes et pour le monde. Cette vision nous entraine à sa suite dans un mouvement sans  fin. Ainsi se réalise ce que Jésus nous a dit du monde au début de l’Évangile : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas mais  qu’il  ait la vie éternelle. Jean 3/16

Illustrations: Douanier Rousseau