samedi 24 octobre 2009

La venue du Fils de l'homme Marc 13 /24-32 dimanche 15 novembre 2009



La venue du Fils de l'homme

24 Mais en ces jours-là, après cette détresse-là,
le soleil s'obscurcira,
la lune ne donnera plus sa clarté,
25 les étoiles tomberont du ciel,
et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées.
26 Alors on verra le Fils de l'homme venant sur les nuées avec beaucoup de puissance, avec gloire. 27Alors il enverra les anges et rassemblera des quatre vents, de l'extrémité de la terre jusqu'à l'extrémité du ciel, ceux qu'il a choisis.
La parabole du figuier
28 Laissez-vous instruire par la parabole tirée du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l'été est proche. 29 De même, vous aussi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez qu'il est proche, aux portes.
30 Amen, je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela n'arrive. 31 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas.
Dieu seul connaît le moment de la fin
32 Pour ce qui est du jour ou de l'heure, personne ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais le Père seul.



D’un bout à l’autre de la planète, on entend monter la même rumeur selon laquelle le monde serait pris de folie autodestructrice. L’air est devenu irrespirable par temps calme, l’eau est imbuvable en maints endroits, les glaces des pôles diminuent et les réserves en énergie fossiles s’épuisent. La jeunesse déstabilisée ne suit plus les voies de ses pères. Le tiers monde affamé cherche refuge chez les peuples nantis qui les refoulent. Le monde est malade de l’homme et ceux qui désespèrent ne trouvent plus que la voie du suicide pour changer les choses. Les conférences internationales, incapables d’apaiser les tensions, confortent les masses dans l’idée qu’il est impossible de remédier à la situation.

J’aimerais pourtant dire des choses rassurantes, mais je suis obligé de constater que non content d’être un prédateur pour la planète, l’homme apparaît aujourd’hui, comme un prédateur pour lui-même en mettant en danger l’avenir de l’humanité. Les églises en perte de vitesse se taisent tandis que les tenants des sectes se frottent les mains car les événements semblent donner raisons à leurs prédictions alarmistes.

Les hommes politiques attendent impuissants, tels sœur Anne espérant du haut de sa tour un libérateur qui ne vient pas. Tout cela se déroule dans un climat de crise mondiale dont les plus modestes font encore les frais. Comment alors apporter une bonne nouvelle au nom de l’Évangile dans ce climat de confusion et d’incertitude générale ? Qu’espérer de Dieu ?

Malgré ces propos désabusés, il me faut relever que certains pensent que le salut viendra de l’homme lui-même et que Dieu est capable d’inspirer des solutions salutaires aux hommes de bonne volonté. Une telle opinion est conforme à l’Évangile et c’est bien évidemment elle que nous allons creuser. C’est également l’impression que les croyants pourraient tirer du film de Nicolas Hulot (1) sorti il y a déjà quelques années sur nos écrans. Selon lui, nous serions embarqués avec les passagers du Titanic fonçant vers l’iceberg fatal. Cependant il est encore temps, selon lui pour qu’un pilote averti modifie le cap du navire.

C’est donc le moment de se tourner vers les Ecritures et d’essayer d’écouter ce que dit le texte de ce jour. S’il nous in-sécurise par ses descriptions de la fin du monde, c’est sans doute parce qu’il a entremêlé plusieurs descriptions qui sont en contradictions les unes avec les autres.

Il emprunte d’abord une vision à Esaïe où il décrit des événements cosmiques inquiétants : la lune s’obscurcira, les étoiles tomberont... puis il cite le prophète Daniel disant qu’alors viendra le fils de l’homme. Il raconte ensuite comment le bon observateur des choses peut repérer la venue du Fils de l’homme. Selon lui, il est aussi évident de repérer la venue du Fils de l’homme que de constater la venue du printemps.

Mais parle-t-il vraiment de la fin des temps? C’est l’impression qu’il donne, mais à y regarder d’un plus près, nous constatons qu’il dit que nul ne connaît ni le jour ni l’heure, pas même le Fils. Ce n’est donc pas de cela qu’il parle. Cette question de la fin du monde ne le concerne pas vraiment, et nous n’avons donc pas à nous la poser.

Mais alors de quoi parle-t-il dans cette histoire d’étoiles qui tombent ou de ciel qui s’obscurcit? Pourquoi dit-il encore que c’est aussi évident que la venue du printemps? En fait, il ne parle pas de la fin des temps ou de la fin du monde, mais de la venue du Fils de l’homme. Le Fils de l’homme c’est lui, le Messie et sa venue devient réalité quand chacun et chacune de nous prend conscience que Dieu travaille en lui. Cette découverte du fait que Jésus est le fils de l’homme, celui par qui Dieu accomplit son œuvre en nous, se fait dans notre temps, au cours des événements de notre temps.

Mais nous avons tendance à pratiquer l’amalgame. Nous avons pris l’habitude de confondre, en un seul et même événement le retour du Christ, la fin des temps et l’action que Jésus mène en nous depuis sa résurrection.

Cela fait partie d’une longue tradition, de penser que la fin catastrophique du monde correspond à la venue du Messie. La théologie juive, contemporaine de Jésus nous a maintenus dans cette confusion qui ressort de certains textes bibliques et qui mêlent la bonne nouvelle de la résurrection et l’attente eschatologique du retour du Messie. Pour la pensée juive le Christ doit arriver à la fin des temps, et nous avons fait entrer cette conviction dans notre propre manière de penser. Nous avons oublié que l’action que le Christ mène en nous est actuelle. Elle se passe dans le quotidien de notre vie de tous les jours. Elle correspond à la venue du Messie en nous et non pas à ce que les juifs conçoivent. Cela ne s’accompagne pas d’une catastrophe finale.

En effet si la foi chrétienne affirme que le Christ sera présent à la fin des temps, elle affirme aussi, et c’est l’essentiel de notre foi, que depuis la Pentecôte, le Christ ne cesse pas d’être présent parmi nous. Il est dans un perpétuel retour qui ne s’achèvera qu’au terme de l'histoire du monde. Ainsi Jésus ne répond pas dans ces textes à la question qui nous hante: Comment tout cela va-t-il finir ? Il nous interroge seulement pour savoir comment nous percevons sa présence dans notre vie et dans le monde.


Les grandes catastrophes dans l’histoire des hommes ont toujours troublé les esprits. Quand elles se produisent Dieu ne nous prive ni de son Esprit, ni de sa présence. Il nous rappelle que quand les violences sont déchaînées, quand les atrocités voilent pour un temps la présence de Dieu et quand les cris d’horreur couvrent sa voix, le Fils de l’homme c’est à dire Jésus Christ reste près de nous sans jamais nous priver du soutien de son Esprit. Il continue à agir auprès de ceux qui croient sans que les hommes ne le voient ni ne l’entendent.

Si les événements contraires sèment la terreur et la mort sur leur passage, Dieu continue à maintenir ouvertes les portes de son Royaume pour accueillir ceux qui brutalement cessent de vivre. Même quand la mort est victorieuse, Dieu se présente toujours comme le vainqueur de la mort. Jésus nous a toujours dit que notre vie n’était pas seulement de ce monde. Il nous a habitués à croire que nous étions promis à la résurrection et il ne veut pas que nous perdions cette assurance même si la folie des hommes ou des éléments s’empare pour un temps de l’histoire.

Dieu laisse les hommes conduire l’histoire du monde, c’est pourquoi il parait parfois absent mais il continue silencieusement à inspirer, conduire et diriger ceux qui se confient en lui. Seuls les croyants ont alors le privilège de le reconnaître et de l’entendre, et c’est parce qu’ils l’entendent qu’ils ne cessent pas d’espérer.

Dans les événements les plus destructeurs, le Christ reste maître de la situation, même si on ne le voit pas. Au milieu de ces événements, il nous apprend à discerner les vérités. Ce n’est donc pas Dieu qui provoque les éléments dramatiques de notre histoire, c’est l’égarement des hommes qui s’écartent de Dieu. En contrepartie, Dieu compte sur nous pour savoir assumer nos responsabilités d’hommes.


Arrivé là dans mon propos, je rejoins bien volontiers Nicolas Hulot pour dire qu’il est urgent de changer notre regard sur les choses de ce monde et d’œuvrer, là où nous sommes pour modifier notre action dans la gestion des affaires dont nous avons la charge. Depuis la première page de l’Évangile Jésus ne nous a-t-il pas dit que l’avenir appartenaient à ceux qui voyaient les choses avec le regard de Dieu qui fait des pauvres ses amis et qui cache son visage dans celui des déshérités. Il est encore temps de le faire car il n’est jamais trop tard pour se mettre à une écoute efficace de l’Évangile. L’Évangile ne nous dit pas que le monde est perdu, mais qu’il est destiné à être sauvé. Il nous dit aussi que le salut passe par un changement profond de tout notre être à commencer par notre regard sur les autres.




(1) le syndrome du Titanic

lundi 19 octobre 2009

La pauvre veuve et le Temple Marc 12/41-13/3 Dimanche 8 novembre




Marc 12/41 – 13/3

38 Il leur disait, dans son enseignement : Gardez-vous des scribes ; ils aiment se promener avec de longues robes, être salués sur les places publiques, 39 avoir les premiers sièges dans les synagogues et les premières places dans les dîners ; 40 ils dévorent les maisons des veuves et, pour l'apparence, ils font de longues prières. Ils recevront un jugement particulièrement sévère.


41 S'étant assis en face du Trésor, il regardait comment la foule y mettait de la monnaie de bronze. Nombre de riches mettaient beaucoup. 42 Vint aussi une pauvre veuve qui mit deux leptes valant un quadrant. 43 Alors il appela ses disciples et leur dit : Amen, je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus que tous ceux qui ont mis quelque chose dans le Trésor ; 44car tous ont mis de leur abondance, mais elle, elle a mis, de son manque, tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre.



13 /1 Alors qu'il sort du temple, un de ses disciples lui dit : Maître, regarde, quelles pierres, quelles constructions ! 2 Jésus lui répondit : Tu vois ces grandes constructions ? Il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée.








On se sent bien petit et plein d’admiration devant un tel texte. On admire la foi de cette femme, mais on n’a nullement envie de lui ressembler. C’est souvent ainsi dans l’Evangile. Les gens que l’on nous donne à admirer, voire même à nous identifier à eux, sont bien souvent des ratés de la société ou des laissés pour compte, telle cette femme. On dirait que malgré les difficultés de notre vie Jésus nous reproche les bons moments que nous avons et les quelques avantages que notre société avancée nous procure. On dirait que pour faire son salut il faudrait être pauvre comme saint François d’Assise et rendre gloire à Dieu de notre pauvreté et de notre médiocrité. C’est ainsi que la chose a été comprise pendant de nombreux siècles jusqu’à ce que la Réforme bouscule le bien fondé de cette situation et rappelle que le salut est gratuit et qu’on ne l’acquiert pas en se faisant volontairement pauvre. En leur donnant une certaine faveur Jésus voulait montrer que ce n’est pas le dénuement qui mène à Dieu mais que c’est la richesse qui peut faire obstacle à la perception de la volonté de Dieu.

Pourtant ici en lisant ce texte je ne peux qu’éprouver un profond malaise et cette petite scène anodine va nous amener à nous poser des questions sur la personne de Jésus quant à la manière dont il est présent au monde. Il y a ici un certain nombre d’incohérences dont il va bien falloir rendre compte. C’est ce que je vais essayer de faire.

Pour peu que votre esprit soit en éveil, et qu’il soit assez critique, il ne pourra qu’être surpris, si non choqué quand il fera la constatation suivante : Jésus félicite une femme qui fait un geste qui ne va servir à rien.

En effet, il fait l’éloge devant ses intimes d’une pauvre femme qui se sacrifie littéralement en donnant tout ce qui lui est nécessaire à la vie pour l’entretien du temple de Jérusalem dont il annonce la destruction quelques instants plus tard. Cette constatation est si choquante, qu’elle doit nous arrêter et nous forcer à donner une explication logique à ce qui pour l’instant n’en a pas. Ici Jésus, approuve un sacrifice qui, selon son propre jugement ne servira à rien.

En fait tout est ici fait pour nous mettre mal à l’aise, et nous avons l’impression d’être pris au piège de notre propre foi. Jésus semble être blasé par le spectacle de la collecte de l’argent. Pensez-y au moment de l’offrande
quand vous irez au Temple ou à l’Eglise. « Jésus regardait comment les foules mettaient de l’argent, plusieurs riches mettaient beaucoup... » Jésus ne critique pas, il ne louange pas non plus, il constate simplement. Aucun jugement de valeur n’est porté contre ceux qui donnent beaucoup. C’est alors qu’il attire l’attention de ses amis sur la veuve et le texte insiste sur l’insignifiance de la somme qu’elle met dans le tronc: « 2 pièces faisant un quart de sou »(1). Autant dire rien du tout, mais elle a donné de son nécessaire. Elle a puisé dans la caisse du ménage pour plaire à Dieu. Elle lui a donné la valeur du morceau de pain qu’elle ne mangera pas. Elle prend de son nécessaire vital pour en faire offrande à Dieu. Ainsi entre-t-elle avec Dieu dans une relation de vie. Il y a ici bien plus qu’un simple geste, bien plus qu’une simple action de grâces : elle ne chante pas seulement « prends ma vie elle est toute à toi »... comme nous le chantons souvent, mais elle la donne concrètement. En donnant cet exemple, l’évangéliste nous rappelle que notre relation à Dieu engage notre vie. Notre relation à Dieu est aussi importante que la vie que nous menons, que l’air que nous respirons que le pain que nous mangeons. Pouvons-nous faire comme elle, dans une société où l’argent est devenu le maître à penser, et où n’a de valeur aujourd’hui que ce qui permet un profit immédiat.

Le geste de la femme est cité en exemple sans qu’aucun autre commentaire ne soit fait, ni sur l’argent, ni sur les riches. La femme ne sait même pas qu’elle a retenu l’attention de Jésus pendant quelques secondes. Jésus n’a même pas eu une parole pour lui dire la faveur de Dieu à son égard. L’Evangile insiste seulement sur la valeur du sacrifice volontaire qui établit une relation de vie entre Dieu et la femme. C’est tout.

Mais tout n’est pas si simple car le temple doit être détruit. C’est ce constat qui complique les choses. L’étrange prophétie de Jésus annonçant la disparition du temple semble rendre vain et inutile cet acte qui lie la femme à son Dieu. Le temple pour lequel elle sacrifie ainsi sa vie sera démoli! Il ne restera plus pierre sur pierre. Comment Jésus peut-il faire une telle prophétie, que l’histoire va vérifier, après avoir insisté sur le geste remarquable de cette femme que cette prophétie rend parfaitement inutile?

En fait, il me semble que les choses ne sont pas inscrites d’avance dans l’histoire. Il n’y a pas de déterminisme dans la pensée judéo-chrétienne. Jamais on ne pourra dire c’était écrit d’avance. Le jour de ma mort, et l’événement par lequel je quitterai cette terre n’est pas écrit à l’avance, ni dans le livre de Dieu comme le pensent les musulmans ni dans les astres comme le pensent les astrologues. S’il en était ainsi la révélation chrétienne n’aurait aucun sens puisque les hommes seraient voués à un destin préétabli. Dans un tel contexte, le ministère de Jésus n’aurait aucun sens. L’histoire se vit donc au jour le jour dans l’existence des hommes qui cherchent par leurs actions à répondre à la mission et à la vocation que Dieu leur a donnée. C’est dans ce contexte que s’inscrit le geste de la femme. Le geste de la femme va dans le sens de la vie telle que Dieu la souhaite et telle que Jésus, l’annonce. En contribuant de tout son être à l’édification du sanctuaire terrestre où réside le nom de Dieu elle participe à la volonté créatrice du Seigneur. C’est dans ce sens que Jésus valorise son action.

Ce geste n’empêche pas pour autant Jésus de considérer avec lucidité la situation sociopolitique de son époque. Jésus sait, comme tout un chacun que si les tensions entre juifs et romains persistent, la guerre finira par éclater et le sanctuaire sera détruit. La prophétie de Jésus relève de la lucidité politique plutôt que de la théologie.

La destruction du temple est de l’ordre du possible et même du probable elle est liée au péché et à la violence des hommes et pas forcément à la volonté de Dieu. Encore une fois, répétons que les hommes sont appelés chaque jour à écrire l’histoire avec ce qu’ils y mettent. Ils trouve le sens des valeurs justes, à l’écoute de leur Dieu. Mais ils sont aussi habités par le mal et quand ils se mettent à l’écoute de leur cupidité et de leurs passions, c'est le mal qui s'inscrit dans l'histoire. Cette double tension leur sert à écrire l’histoire. Dieu ne prévoit pas à l’avance ce qui déterminera le cours des choses. Si Jésus avait su que Dieu avait décidé la destruction du Temple, il n’aurait pas tenu les propos qu’il a tenu sur la veuve comme il l’a fait. Jésus ne s’est jamais très clairement exprimé sur la destruction du temple, se sont ses ennemis qui au moment du procès ont joué sur les mots en disant qu’ « Il avait parlé de la destruction du temple ». L’Evangéliste Jean d’ajouter « qu’il parlait du temple de son corps ». Les disciples en fait n’ont retenu que des paroles ambiguës à propos du temple.

En prophétisant la destruction du temple Jésus ne fait pas état d’une décision préétablie de Dieu qui conduirait l’histoire indépendamment des hommes, mais Jésus fait état du péché des hommes qui les empêche d’agir en harmonie avec Dieu.

En faisant allusion à la démolition future du temple, Jésus se place dans la même ligne prophétique que les grands prophètes de l’antiquité juive tels Esaïe ou Jérémie. Leurs prophéties qui annonçaient les catastrophes étaient perçues comme conséquence du péché des hommes. Mais les prophètes prévoyaient que leurs prophéties pouvaient ne pas s’accomplir si le peuple changeait d’attitude

Le malheur annoncé par une prophétie peut toujours être suspendu par le repentir du peuple. Le repentir, c’est à dire le retour vers Dieu rend toujours possible une nouvelle participation des hommes à l’œuvre de Dieu. Le retour des hommes vers Dieu leur permet toujours de collaborer à nouveau avec lui dans le sens positif de l’histoire.


La femme du récit collabore donc avec Dieu, mais ce geste n’empêchera pas la folie des hommes de commettre l’irréparable et d’entraîner dans leur folie la destruction du temple comme ce fut jadis le cas à l’époque de Nabuchodonosor.

(1) selon la traduction de la nouvelle version Second révisée :"2 leptes valant 1 quandrant"

mercredi 14 octobre 2009

Les Béatitudes: Matthieu 5/1-12 dimanche 1 novembre 2009



Chapitre 5

Le « Sermon sur la montagne »

1 Voyant les foules, il monta sur la montagne, il s'assit, et ses disciples vinrent à lui.

2 Puis il prit la parole et se mit à les instruire :

3 Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
4 Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !
5 Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre !
6 Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés !
7 Heureux ceux qui sont compatissants, car ils obtiendront compassion !
8 Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
9 Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu !
10 Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux !
11 Heureux êtes-vous lorsqu'on vous insulte, qu'on vous persécute et qu'on répand faussement sur vous toutes sortes de méchancetés, à cause de moi. 12 Réjouissez-vous et soyez transportés d'allégresse, parce que votre récompense est grande dans les cieux ; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.






C’est ici le premier enseignement de Jésus et il commence par « heureux ».

Heureux êtes-vous dit-il, et à la suite de ce mot qu'il répète 10 fois tels les 10 commandements de Moïse, il dresse la liste de tous les gens de son entourage qui n'ont aucune raison d'être heureux, puisqu'ils sont pauvres, ils pleurent, ils sont endeuillés, ils n'ont plus de ressource, ils sont déçus par l'iniquité de la justice humaine, ils sont naïfs et doux dans une société de violence, ils sont maltraités à cause de leurs idées, ils sont persécutés, parce qu'ils suivent Jésus. Tous ces gens marginalisés par la société ou par les événements, Jésus les proclame "heureux».

Comment recevons-nous une telle affirmation ? En toute objectivité, si nous étions dans leur cas, et nous le sommes parfois, nous aspirerions à en sortir le plus vite possible et nous chercherions à ne plus être victimes ni de la pauvreté, ni de la tristesse, ni du malheur. Même les plus pieux d'entre nous à qui on a raconté que c'était un honneur que d'être inquiété au nom de Jésus Christ, ne le revendiquent pas, ni pour eux, ni pour leurs amis, et si, ils le revendiquaient nous considérerions qu'ils devraient se faire soigner.

Depuis que Jésus a prononcé ces paroles, l’Eglise s'en est délectées. On les chante et on les récite encore dans toutes les circonstances de notre vie d’Eglise. Cependant, quoi qu'on en dise, nous le répétons, nous n'avons pas envie de nous trouver dans la situation de tous ceux qui sont visés par les propos de Jésus.

Pourquoi donc Jésus les a-t-il tenus? Quelle était sa visée ? Certains ont cru que Jésus annonçait une révolution sociale et même une révolution cosmique. Ils ont cru que Jésus allait inaugurer un temps nouveau où le Dieu tout Puissant ouvrirait les cieux et renverserait l'ordre social en détruisant toutes les inégalités. Ils croyaient que le Royaume de Dieu allait enfin s'établir sur terre. Ceux-là ont été déçus, ils ont quitté Jésus discrètement les uns après les autres.

Le dernier à être resté dans l'entourage du Seigneur a sans doute été Juda. On dit qu’il aurait livré Jésus au pouvoir du souverain sacrificateur pour contraindre Jésus à se battre et à inaugurer ainsi l'ordre nouveau en convoquant les légions d'anges pour le défendre. Ce fut peine perdue. Jésus s'est laissé arrêter, le ciel ne s'est pas ouvert, Michel et ses anges ne sont pas intervenus, bref ce fut raté. Il n’y eut pas de coup d’éclat de la part de Jésus. Juda désespéré se serait donné la mort. Les amis de Jésus se sont égayés dans la nature, laissant le "maître " seul au pouvoir de ses ennemis. Ceux-ci ont alors organisé un faux procès. Ils ont même fait du chantage pour obtenir que le préfet le condamne à mort. Ce fut la fin de l'ordre nouveau tant espéré.


Les amis de Jésus, encore tout effrayés par ce week-end d'horreur, découvrirent au petit matin que le maître était vivant. Non pas qu'il ait survécu à son supplice, mais qu'il vivait autrement. C’est à cause de cette vie nouvelle jaillie à l’ombre de la croix que certains se mirent à penser que l’ordre nouveau tant annoncé était arrivé. Ce seraient les amis de Jésus, qui seraient désormais chargés par le maître de préparer le chemin d’une vie nouvelle que sa résurrection promettait à tous.

Certains se sont arrêtés là et se sont contentés de croire que Jésus avait apporté une morale altruiste comme seule solution à tous les maux dont souffraient les hommes. Mais où était la nouveauté ? Confucius, Bouddha ou Socrate n’avaient-ils pas dit la même chose avant lui ?

En fait de nouveauté, ceux qui ont élaboré une religion nouvelle à la suite de l’aventure de Jésus et bien qu’ils aient énoncé des dogmes compliqués ont fini par laisser entendre qu’il suffisait d’être bon et pieux pour attendrir Dieu et mériter le paradis. On était retombé dans une morale universelle propre à toutes les religions.

Ce fut le mérite de la Réforme de dénoncer cette simplification à outrance du message de Jésus. On a alors découvert que si Dieu nous regarde avec bienveillance, c’est parce qu'il nous aime. L’idée de salut que nous avons retenue de l’enseignement de Jésus n’est liée ni à notre générosité, ni à notre piété, mais à l’amour qu’il a pour nous. La bonté de Dieu se saisit de nous, tels que nous sommes, et met en nous une force nouvelle qui non seulement nous fait vivre, mais surtout nous fait vivre autrement.

Il me semble en fait, que c'est cette troisième voie qu'il nous faut explorer maintenant, celle qui nous invite à vivre autrement car selon Jésus, c'est cet autrement qui devrait nous rendre heureux. Mais avons nous envie de vivre autrement ? Nous avons plutôt envie de vivre conformément aux pulsions communes à tous les hommes, qui consistent à désirer être plutôt au somment de l’échelle sociale qu’en bas et être riche et en bonne santé, plutôt que pauvre et malade.

L’existence au quotidien apporte un cruel démenti à nos aspirations. Rares en effet sont ceux qui réalisent durablement tous ces souhaits. Plutôt que de faire semblant de croire que tout va bien et de laisser les illusions humaines guider notre vie, pourquoi ne pas suivre cette autre voie que Jésus nous propose? Au lieu de se laisser aller à des aspirations humaines, ne serait-il pas préférable de laisser parler en nous ces voix intérieures qui nous viennent de Dieu ?

Bien qu’il ait vécu il y a de 2 000 ans, la résurrection nous rend Jésus tout aussi présent aujourd’hui que jadis. Il se tient à nos côtés, comme il était à côté de ceux qui étaient avec lui sur la montagne. S’il ne prend pas nos problèmes en charge, comme il ne prenait pas, non plus, les problèmes de ses auditeurs en charge, il nous aide cependant, comme il le faisait pour eux, à nous prendre nous-mêmes en charge. Il nous incite à prendre notre situation en main en nous insufflant l'énergie dont nous avons besoin pour aller plus avant. C’est à cause de cette intuition qu’André Chouraqui, dans sa traduction de la Bible, a rendu l’expression de « heureux » par: " en marche".

En effet, pour se mettre en marche, il faut le vouloir, Jésus nous incite donc à vouloir. Quand on veut, quand on décide de vouloir, c’est lui qui nous prend la main. Il ne nous lâche pas, il fait résonner en nous une voix qui et celle de Dieu et qui nous met en marche. Il nous permet de le rejoindre dans l'Eternité où il est déjà. Plus le chemin de l'éternité se précise, plus sa main se fait ferme. Plus sa voix se fait entendre, plus nous avons envie de ne plus changer de compagnon de route, plus nous sommes heureux en sa présence.

En constatant la différence de traduction entre nos Bibles qui rendent le grec makarios par heureux et André Chouraqui qui dit : "En marche", on est en droit de se demander qui a tort ou qui a raison? J'étais bien évidemment séduit part la traduction de Chouraqui, mais comment la concilier avec le mot grec makarios qui signifie bien "heureux"? J'ai donc refait le même parcours que Chouraqui, je suis allé à l'hébreu ou à l'araméen, qui était la langue de Jésus, pour constater que le mot qui traduit « heureux » en hébreu est un mot issu de la racine du verbe marcher (Asher) ce qui pourrait vouloir dire que l'homme "heureux" c'est l'homme qui marche.

Si donc l'Eglise où nous sommes ne marche pas comme nous croyons qu’elle doit le faire, il ne faut pas s’attrister, car il n’y a rien qui soit figé à l'avance. Dieu n'a jamais interdit ni de faire évoluer cette église ni même de la changer.
N’est-ce pas ce qu’ont tenté de faire les Réformateurs ?

Ils ont certainement entendu cette voix de Dieu que Jésus leur faisait entendre. C’est parce qu’ils étaient affligés ou pauvres ou assoiffés de justices ou indignés par les injustices qu’en écoutant Dieu
les exhorter, ils se sont mis en marche et qu’en suivant Dieu ils ont découvert qu’ils en étaient heureux.

En marche, vous les affligés, vous les pauvres, vous les assoiffés de justice ! En compagnie de Jésus, il se passera forcément quelque chose qui fera de nous des êtres différents !
Pourquoi différents?
Parce que sauvés !




mercredi 7 octobre 2009

Quelle est donc cette puissance qui anime Jésus? Marc 10/46-52 dimanche 25 octobre 2009




Jésus guérit l'aveugle Bartimée

Marc 10

46 Ils viennent à Jéricho. Et comme il sortait de Jéricho, avec ses disciples et une foule importante, un mendiant aveugle, Bartimée, fils de Timée, était assis au bord du chemin. 47 Il entendit que c'était Jésus le Nazaréen et se mit à crier : Fils de David, Jésus, aie compassion de moi ! 48 Beaucoup le rabrouaient pour le faire taire ; mais il criait d'autant plus : Fils de David, aie compassion de moi ! 49 Jésus s'arrêta et dit : Appelez-le. Ils appelèrent l'aveugle en lui disant : Courage ! Lève-toi, il t'appelle ! 50 Il jeta son vêtement, se leva d'un bond et vint vers Jésus. 51 Jésus lui demanda : Que veux-tu que je fasse pour toi ? — Rabbouni, lui dit l'aveugle, que je retrouve la vue ! 52 Jésus lui dit : Va, ta foi t'a sauvé. Aussitôt il retrouva la vue et se mit à le suivre sur le chemin.





Quelle est donc cette puissance qui anime Jésus ? Il est bien évidemment habité par une puissance qui lui vient de Dieu mais qui ne fait pourtant pas de lui un être extraordinaire. En fait c’est dans ses dires et ses actions que Jésus révèle la présence de Dieu parmi les hommes. C’est pour exprimer cela que les Evangiles saluent Jésus du titre de Fils de David. C’est un titre qui traverse les temps et les âges et qui désigne dans la tradition juive celui qui doit venir pour parachever la révélation divine, à l’égal de celui de Messie.

C’est dire qu’avec l’usage de ce terme, nous nous situons dans un temps d’attente qui ouvre l’avenir à l’espérance. Le Dieu auquel Jésus rend témoignage n’est pas seulement le Dieu de la tradition, celui qu’ont vénéré les Pères dans la foi, il est aussi celui qui vient, il habite le devenir des hommes et s’emploie à construire leur quotidien avec eux.

Quand Jésus s’entend appelé par ce titre, il s’arrête, alors que rien ne semble avoir interrompu sa traversé de la ville jusqu’alors. A ce moment, celui qui l’a interpellé, rejette son manteau et bondit sur ses pieds. C’est à partir de ces quelques éléments que nous allons essayer de définir quelle est la dynamique qui habite Jésus et qu’il nous transmet.

Ce petit texte pourrait ne pas retenir l’attention du lecteur trop pressé tant il est court et qu’il ne contient apparemment aucun élément remarquable. Mais ce serait une erreur que d’aller trop vite en besogne, car ce récit contient tout un enseignement précieux sur les mystères qui concernent la personnalité de Jésus. Vous avez sans doute remarqué que ce passage nous présente un récit tout en mouvement, c’est pourquoi on est frappé quand Jésus s’arrête et pourtant, rien ne se passe vraiment.

Il est dit que Jésus traverse Jéricho ! Il le fait comme s’il s’agissait d’une simple bourgade. Pourtant Jéricho n’est pas une ville ordinaire, elle mériterait que Jésus s’y arrêtât quelques instants. On l’appelle la ville des palmiers, et elle s’étend sur les bords du Jourdain comme une oasis verdoyante après la traversée du désert de Juda. Elle est célèbre, non pas seulement pour la douceur de son climat et la beauté de son site, mais elle est aussi la plus vieille ville du monde, chargée d’histoire et de tradition.

Tout voyageur qui la traverse éprouve le besoin de s’y arrêter pour s’y reposer et pour laisser son âme se nourrir de paix et de tranquillité. Le lecteur de la Bible un peu averti sait que ses murailles dressées à la porte du désert s’opposèrent au passage de Josué et que celui-ci après avoir fait sept fois le tour de la ville fit tomber ses murailles en faisant sonner ses trompettes. Même si les archéologues contestent l’historicité de l’événement, la ville de Jéricho méritait sans doute que Jésus lui accorde plus d’attention.

Mais Jésus ne visite pas les lieux qu’il traverse en touriste. Il cherche à venir en aide à tous ceux qui demandent qu’on les aide à vivre Il montre par son attitude que Dieu est à la recherche de tous ceux qui ont besoin de lui. Il s’intéresse à tous ceux qui ont besoin d’un supplément de vie pour exister et c’est auprès de ceux là qu’il interrompt sa marche en avant.

Mais direz-vous : « N’y avait-il qu’un seul homme digne d’intérêt à Jéricho ? » Non bien sûr, nous savons par l’Evangile de Luc que Jésus y a aussi manifesté de l’intérêt pour Zachée, le percepteur, un homme petit de taille mais haut en couleurs, que Jésus a repéré et a cité en exemple. Il me semble qu’il devait y avoir aussi des centaines de gens tels que l’aveugle Barthimée ou Zachée le percepteur, susceptibles d’arrêter Jésus sur son chemin et de susciter son intérêt au nom de Dieu. Mais pour que nous en saisissions mieux la leçon, l’Evangéliste Marc s’est contenté de l’histoire d’un seul personnage : Barthimée. Pourtant, il y a un autre personnage sans doute, qu’il faudrait mentionner, mais celui-là c’est le lecteur lui-même, et il faut qu’il se reconnaisse.

Quand Jésus s’arrête et s’intéresse à quelqu’un, il n’y a que celui-là qui compte. Chacun de nous, est un cas unique aux yeux de Dieu et ce qui se passe pour Barthimée se passe également pour nous, et pour chacun de ceux devant qui les pas de Jésus s’arrêtent pour faire pénétrer en lui le regard de Dieu. Si le cas de chacun est unique devant Dieu, alors le cas de Barthimée est suffisamment normatif pour retenir notre attention.

C’est d’une manière allégorique que nous allons aborder ce passage. Cette lecture est évidemment contestable, mais elle m’ est apparue comme la plus commode pour discerner le sens caché de ce récit. Je pense en outre, que Marc qui le rapporte a voulu qu’il en soit ainsi. Barthimée appelle en disant : « Fils de David ». Son cri manifeste qu’il ne cherche pas seulement à attirer l’attention sur Jésus, comme le ferait n’importe quel mendiant pour recevoir quelques piécettes. Cet appel porte en lui l’espérance qui anime l’aveugle, car l’expression « Fils de David » contient en elle une charge d’espérance et cette espérance est donc déjà en lui. Il y a dans cette expression comme une demande de vie qui n’est pas la simple survie que pourrait lui apporter une aumône. Il y a, sans qu’il le sache encore, comme l’expression d’un appel vers Dieu de qui dépend son présent et son avenir.


Son espoir n’est pas de survivre, mais de vivre autrement. En demandant à Jésus de voir, il lui demande en fait la possibilité que sa vie devienne différente. Il ne prononce pas une déclaration de foi attendrissante en se réclamant de la foi de ses ancêtres et en louangeant Jésus de quelque manière, il dit simplement son besoin de vivre et cela suffit.

Son besoin de vivre est accompagné de deux signes : Il rejette son manteau et il bondit pour se mettre debout. En rejetant son manteau, il signifie qu’il renonce à la protection précaire que lui réservait son état de mendiant. C’est ainsi qu’il vivotait en recevant les charités qu’il quémandait à ses concitoyens qui se devaient, par obligation religieuse, de soulager la dureté de la vie des mendiants.

En se levant d’un bond il fait état du dynamisme qui est déjà en lui. Tout se passe comme s’il était déjà habité par Dieu, car sans qu’il s’en rende compte, l’espérance était déjà en lui, le dynamisme l’habitait déjà, autrement dit, Dieu avait déjà pris place en lui, mais il n’en était pas conscient. L’action de Jésus consiste simplement à faire apparaître la réalité des choses. « Ta foi t’a sauvé » lui dit-il simplement. La foi était déjà en lui et il ne le savait pas. Il a fallu que Jésus s’arrête devant lui pour qu’il prenne conscience de ce qui existait déjà sans qu’il en ait pris acte. Jésus a agi en lui comme un révélateur de Dieu. C’est ainsi aussi qu’il agit en nous.

Ayant déjà par son geste, renoncé à toute protection précaire, étant habité par un désir de vivre, la nouvelle vie qui jaillit en lui par le don de la vue devient toute naturelle. Il met alors ses pas dans ceux de Jésus et leurs vies se confondent dans une même marche en avant.

Je n’ai pas encore prononcé le mot de miracle, car apparemment il n’y a pas vraiment eu de miracle, même si le texte dit qu’il recouvre la vue. Le miracle, dans notre manière habituelle de voir les choses, relève d’une manifestation spectaculaire. Ici, l’action de Jésus consiste à dire à Barthimée la réalité de la foi qui est déjà en lui. Il comprend que Dieu habitait déjà tout son être et que la présence de Jésus devant lui, lui a permis de découvrir que le dynamisme qui lui permettrait de changer de vie était déjà en lui, si bien que sa guérison devient simplement une prise de conscience de la présence de Dieu en lui.

Combien de nos contemporains ne traversent-ils pas la vie comme des touristes ! Ils portent leurs regards sur ce qui est spectaculaire, ils admirent, en les jalousant parfois, les œuvres des hommes et ils se contentent d’une vie sans histoire avec ses contraintes et ses épreuves, mais heureux quand même de profiter des petites joies et des petites sécurités qu’elle apporte.

Il est alors temps qu’on leur dise qu’ils peuvent aussi s’attacher à repérer en eux tout ce que Dieu y a déjà mis. En ne le faisant pas, Ils laissent ainsi s’affadir leurs désirs de vie, ils laissent leur foi s’assoupir, ils ne savent plus découvrir ce qu’il y a de dynamisant dans leur vie intérieure. Pour eux aussi, comme pour Barthimée le même miracle est possible. Comme lui ils peuvent appeler « Fils de David ait pitié ». Ce simple appel leur permettra de prendre conscience du fait que Dieu lui-même peut arrêter ses pas devant eux, et leur donner la vie qu’ils désirent parce qu’elle est déjà en eux.

Il leur faudra alors bondir en avant pour se mettre debout et accepter de sauter dans la vie que Jésus leur propose et pour laquelle Dieu a déjà préparé le terrain.
Mosaïque dans le Temple de Port Royal (Paris)