vendredi 19 mai 2023

Dimanche 2 juillet 2023: Matthieu 10:37-42 

37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ;

38 celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.

39 Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la trouvera.

40 Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.

41 Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste.

42 Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »

 

Il est toujours difficile, quand Jésus vient vers nous de lui réserver la place qui lui est due et  de lui consacrer le temps que l'on devrait. Et il n'est pas si sûr qu'on lui soit aussi fidèle qu'on le devrait. Le texte qui nous est proposé aujourd'hui vient alors nous bousculer et nous rappeler que notre relation avec Jésus est rarement conforme à ce qu'elle devrait être. C'est alors que nous nous culpabilisons face à lui. Nous éprouvons la nécessité de nous repentir et de préciser notre relation à lui. nous éprouvons le besoin de modifier notre situation par rapport à lui.  Est-ce nous qui en éprouvons le besoin ou est-ce lui qui l'exige de nous? C'est une question que nous nous posons alors et qui mérite d'être précisée, car c'est à partir d'elle que nous construisons notre foi.

Face au Seigneur,  il est bien facile de prendre une position de la repentance parce que nous savons que nous avons toujours quelque chose à nous reprocher. C'est une attitude d'autant plus facile à prendre,  car en connaissant le fond de notre âme nous  nous   culpabilisons facilement face à Dieu ou à son fils Jésus Christ. En faisant cela, nous nous mettons dans une position telle que déjà nous sentons  sa main paternelle se poser sur la nôtre , si bien  qu'intérieurement nous ne nous sentons plus aussi gravement coupable. En fait, face à lui, nous ne sommes pas vraiment honnêtes avec nous-mêmes, car  avant même d'avoir fait le bilan de notre situation, nous nous sentons déjà pardonnés et lavés des péchés  qu'il pourrait nous reprocher puisque déjà  nous les lui avons confessés.

C'est là cependant la position que les réformateurs nous ont habitués à prendre, c'est pourquoi ils ont placé la confession des péchés dans la première partie de la liturgie, dans les premières prières que nous formulons en commençant le culte du dimanche. Pardonnez-moi cependant si en cet instant je manque de respect à nos illustres prédécesseurs tels que Calvin, Luther ou Zwingli et les autres,  ce matin, je vais me trouver en position d'irrespect par rapport à eux, parce que pour nous,  péché  avoué est péché pardonné, et nous voila immédiatement  pardonnés et placés en droite ligne sur le chemin du salut, prêts à recommencer dans les jours qui viennent et à nouveau à nous sentir pardonnés le dimanche suivant. Il y a là un raccourci un peu rapide, face à nos comportements qui nous met un peu vite en harmonie avec le Seigneur.

En fait le problème est-il seulement de lui avoir manqué de respect ou d'avoir offensé sa divine majesté ? Il me semble que le problème ne se situe pas vraiment là et qu'il faut aller chercher plus loin pour trouver une réponse plus satisfaisante. En réalité le problème  ne concerne pas seulement notre relation de pécheur par rapport à Dieu. Il nous pose la question  de savoir quelle relation nous entretenons avec lui. Qui est Dieu pour moi, dois-je me demander et quelle relation est-ce que je suis sensé entretenir avec lui?  Quelle place occupe-t-il dans mon existence? En fait, ce par quoi le Seigneur est vraiment préoccupé n'est pas de savoir si je l'ai vraiment offensé, mais quelle place il occupe vraiment dans ma vie et en quoi ma vie est en accord avec sa volonté? Est-ce lui qui donne du sens à mes projets et est-ce que je considère qu'il est concerné par les décisions que je prends, ou alors  est ce que sa présence est seulement une étape dans ma vie et qu'elle n'a aucune incidence sur les décisions que je prends où est-ce qu'au contraire,  sa présence qui motive mes dédisions sans qu'il soit forcémment question de péché ou d'offense?

Il me semble que ce qui importe dans notre relation avec Dieu, c'est la place qu'il occupe dans notre existence. Nous devons honnêtement nous demander si sa présence en nous n'est pas une simple façade qui nous sécurise, quand nous pensons à notre avenir ou s'il est un moteur dans notre existence qui s'empare de nous? Nous sommes dans un monde où nous sommes sensés agir  en son nom et prendre des décisions qui impliquent notre présence dans le devenir de notre société. Voila alors les vraies questions que nous devrions nous poser. Jésus occupe-t-il une place remarquable dans notre vie, et cela justifie-t-il  les comportements qui sont les miens auprès de tous ceux qui m'entourent?

Si nous essayons de mettre en pratique les instructions que nous cueillons dans la lecture des Évangiles, nous réalisons que c'est l'amour que nous lui devons  et que nous devons à notre prochain qui doit prendre la première place dans nos comportements.

 Quand il est question d'amour pour le prochain, nous comprenons ce que cela signifie, mais nous ne comprenons pas forcément  ce que cela représente et jusqu'où cela peut nous entrainer. 

Mais plus difficile encore, comment aimer Jésus que nous n'avons jamais vu et dont nous ne savons sur lui que ce que les Écritures nous ont appris à son propos?  La seule chose qui peut  marquer notre relation avec lui, c'est notre vie intérieure, cette  relation intime que nous avons avec lui quand nous laissons notre âme aller à sa rencontre dans les secrets que nous partageons avec lui et que nous laissons sa personnalité animer.  C'est dans la prière qu'alors nous le  rejoignons, car c'est à nous de le rejoindre et pas seulement d'attendre qu'il fasse le premier pas.

En fait, il y a pour chacune et chacun de nous des moments secrets qui n'ont de réalité que pour nous et dans lesquels Jésus prend corps. Nous nous rendons compte alors  qu'il faut aller vers lui et lui laisser du temps pour s'emparer de tout notre être pour que la réalité qu'il représente s'incarne en nous.

En ouvrant notre vie au Seigneur,  en partageant avec lui les projets qu'il nous inspire, en laissant son regard pénétrer notre vie, nous réalisons que l'amour qu'il a pour nous prend de la place et qu'il nous est non seulement possible mais nécessaire de le partager avec lui. C'est alors que sa croix et son sacrifice s'imposent à nous. Nous ne pouvons ignorer que la manière dont il a achevé sa vie terrestre a un rapport avec  la vie que nous construisons en amitié avec lui. Il y a alors un au-delà de nous-mêmes qui se trouve concerné et qui concerne notre propre existence pour nous entrainer sur les traces de sa mort et de notre propre mort.

Notre amour que nous partageons avec lui ne concerne pas alors seulement notre vie quotidienne mais notre existence qui se situe ailleurs que dans la réalité présente de ce monde et qui concerne aussi cet au delà vers lequel il nous accompagne et dont nous sommes déjà participants.

L'amour de Jésus Christ s'incarne alors dans cette réalité que nous vivons avec lui, non seulement maintenant mais aussi plus tard. Si donc Jésus est ressuscité, le partage de notre vie avec lui nous entraine à donner du sens à l'au-delà et ce sens est chargé d'une dose d'amour indéfinissable qui dépasse le terme de notre vie  pour se réaliser en lui.

 

samedi 13 mai 2023

 Dimanche 25 juin: Matthieu 10-26-33

 En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Ne craignez pas les hommes ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux.
Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. »

En tant que lecteur avisé de l’Évangile, on marque un temps d'arrêt devant ces propos. On se demande ce qui a pu se passer dans la tête de Jésus pour paraître aussi intransigeant. Il dépasse ici les prescriptions habituelles  auxquelles nous nous référons pour nous donner une image  de Dieu qui nous heurte. Il fait  de Dieu, un Dieu si exigeant dans sa demande d'amour qu'il nous apparait comme intolérant. Nous avons l'image d'un Dieu qui ramène tout à lui-même et qui ne tolère aucun écart vis à vis de sa domination sur le monde où il ne pardonne pas à l'homme de vouloir jouer un autre rôle que celui qu'il lui impose. Le lecteur est tenté de passer vite sur ce passage pour trouver ailleurs dans l’Évangile des propos qui lui  conviennent mieux. Quant au prédicateur, il est tenté d'aller voir ailleurs.

Habituellement Dieu nous apparaît comme un Dieu lointain qui cache sa majesté derrière les merveilles de la nature. Nous nous plaisons à l'évoquer dans l'immensité d'un ciel étoilé en plein été ou dans le spectacle fantastique d'une aurore boréale ou d'une tempête  secoué par des vagues spectaculaires. L'approche du monde des insectes d'autre part nous laisse pantois et nous fascine. Nous ne nous lassons pas d'admirer comment la chenille s'emprisonne dans une chrysalide pour devenir papillon.

Nous pensons que toutes ces choses étranges ont Dieu pour auteur et ont été générées par des calculs tels qu'aucun ordinateur n'aurait pu réaliser. "O! Dieu que ton nom est grand sur toute la terre!"! pensons-nous dans notre fort intérieur en paraphrasant le psaume 8. Quand nous songeons à l'humanité et au prodiges d'intelligence qui sont les siens, nous nous extasions devant les possibilité créatrices de Dieu et nous admirons les capacités prodigieuses qu'il a dissimulé es dans le cerveau humain :" qu'est ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui et le fils de l'homme pour que tu prennes garde à lui" continuons-nous dans notre paraphrase des Écritures.

Avec Job , nous nous émerveillons et nous nous humilions devant tant de grandeur et nous pensons que seul, celui qui croit en Dieu peut trouver du sens et de la cohérence dans tout cela. Mais ce Dieu, si grand et si merveilleux reste inaccessible o notre pensée. Comment le  rejoindre et devenir son ami?

Depuis toujours,  on a aussi considéré que  ce grand Dieu pouvait être redoutable et qu'il devenant exigent quand il se rapprochait de nous. Comment pourrait-il rester sans réaction devant le mésusage que nous faisons de capacités qu'il a dissimulées en nous?

Étant parfait, il ne devrait pas supporter notre imperfection qui mettrait en cause sa perfection. Il serait donc enclin à réagir contre nous à cause de notre lenteur à pouvoir analyser nos comportements et à chercher à nous améliorer.

Jésus présente Dieu sous une autre jour que celui que nous avons l'habitude d'imaginer.Il le présente d’abord comme celui qui se chargerait de nous libérer des peurs que nous avons face à la vie. Dieu serait d'abord un libérateur, c'est pourquoi il s’acharnerait à combattre toutes les craintes qui nous pourrissent la vie pour installer l'espérance tout au fond de notre âme. C'est ainsi que son esprit prend place en nous afin de nous donner assez d'énergie pour faire face à a vie. 

A la place de la soumissions à lui qu'il lui serait normal d'exiger de notre part,  c'est l'amour qu'il met en première  comme élément  nécessaire dans une relation de vie entre Dieu et les hommes et des hommes  entre eux.

Sous l'impulsion de Jésus Dieu nous apparaît autrement que de la manière sont on le conçoit habituellement. De ce constat va naître alors un énorme malentendu, car  cette manière de voir les choses ne va pas plaire à tout le monde. Ceux qui se trouvent dans des positions privilégiées et qui pensent que Dieu es conforte dans leur situation découvrent qu'ils sont dans l'erreur. C'est ainsi que Jésus écarta de lui un jeune homme plein de bonne volonté qui n'avait pas compris que ses richesses n’étaient pas un don que Dieu lui avait réservé, et que s'il voulait rester en accord avec lui, il devait se faire justice à lui-même et partager  ses richesses avec plus défavorisés que lui.

Quand on s'attaque aux privilège et que l'on pense que Dieu ne trouve pas  sa place dans leur camp, on s'attire forcément  des inimitiés. Plus ils seront puissants, plus ils feront du tort à ceux qui les contestent. Tel fut le sort de Jésus et lucidement, Jésus a laissé entendre que ce serait aussi le sort de ceux qui partageront ses idées sur Dieu. S'élèveront alors des dissensions et la paix espérées prendra alors des formes de guerre.

Dans une telle perspective,  et malgré les divisions qu'il suscite dans les rangs de  ses adversaires, mais aussi dans les rangs de ses amis, voire même de sa future Église, Jésus entrevoyait déjà ce moment où sa conception de Dieu serait de plus en plus partagée par les humains. Tel est le Royaume dont il parlait, telle est l'espérance qui accompagnait ses propos, elle est la perspective dans laquelle il nous engage à entrer.

Si  donc Dieu est pourvoyeur de vie, il ne peut être  associé à ce qui pourrait   mener  à la mort, pas même à ce qui pourrait être perçu comme un juste jugement.. Nul ne pourra alors trouver de justification à la haine qu'il éprouve  pour d'autres, ni justifier la violence qu'il pourrait exercer contre  ses semblables. Il ne  verra pas non plus en Dieu celui qui est responsable des maladies et des catastrophes. Si les hommes veulent en savoir plus sur l'origine des dangers qui les menacent qu'ils laissent le saint esprit les visiter, peut-être alors verront-ils le monde autrement et à coup sûr ils verront Dieu autrement.

ainsi, sous l'impulsion de Jésus, Dieu nous apparait-il autrement que de la manière dont on le conçoit habituellement. De ce constat va naître un énorme malentendu, car cette manière de voir les choses  va déplaire à beaucoup de monde et s'élèveront des dissensions, mais il n'y aura plus de place pour eux qui préconisent une autre manière de voir Dieu. 

Le regard que Jésus porte sur ce monde tant aimé de Dieu ne convient certainement pas à tout le monde et les propos de Jésus nous paraissent en  décalage par rapport à  la réalité qui se déroule nous nos yeux. Certains se  croyant privilégiés à juste titre, se détournent de Dieu et adaptent l’Évangile à leur conception du monde, mais tous cherchent à trouver un chemin de vie entre l'espérance d'un monde nouveau qui pourrait advenir si nous calquions nos vies sur l’Évangile et le monde où nous sommes où les uns cherchent de plus en plus à justifier leurs comportement en culpabilisant  les autres parce qu'ils  seraient la  cause de leurs déboires. Tout serait-il à recommencer?

 Dieu est patient, et il a misé l'avenir du monde sur la fidélité des hommes. Peut-on déduire  cela de l’Évangile qui nous a été transmis. Certainement oui, nous dit notre espérance.

lundi 8 mai 2023

Matthiieu 9-36 à 10-8

Matthieu 9-36 / 10-8   Dimanche18 juin: Matthieu 9/36-10/8:

Jésus parcourait toutes les villes et les villages, il enseignait dans leurs synagogues, péchait l’Évangile du Royaume et guérissait toute  maladie et toute infirmité.  A la vue des foules, il en eut compassion, car elles étaient lassées et abattues comme des brebis qui n'ont pas de berger. Alors il dit à ses disciples : La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moissons; 10 Puis Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir de chasser les esprits et de guérir toute maladie. Voici le nom des douze apôtres:

Le premier, Simon appelé Pierre et André son frère, Jacques fils de Zébédée, et Jean son frère, Philippe et Barthélémy; Thomas et Matthieu, le péager, Jacques le fils d 'Alphée, Thadée; Simon le Cananite et Judas l'Iscariote, celui qui livra Jésus. 

Tels sont les douze que Jésus envoya après leur avoir donné les recommandations suivantes: N'allez pas  vers les païens, et n'entrez pas dans les villages des Samaritains  Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël. En chemin, prêchez que le Royaume des cieux est proche. Guérissez les malades et ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, et chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.

Chaque nouvelle page de la Bible que l'on tourne est une ouverture vers l'avenir. En allant cueillir sur les lèvres de Jésus, les paroles que les Évangélistes nous ont transmises, ceux-ci se sont efforcés de regarder avec lui l'avenir qui se prépare pour nous. Nous entrons ainsi dans une marche en avant qui nous invite à regarder le monde dans lequel nous entrons à la lumière de la pensée de Jésus. Pourtant, voila en effet deux mille ans que ces mêmes paroles raisonnent pour nous et nous  avons tendance à considérer qu'elles se sont usées avec le temps et nous sommes enclins à considérer qu'il faudrait  renouveler le message. Il nous arrive de penser que, sans doute, nous devrions nous adresser à nos contemporains autrement que  les auteurs de l’Évangile l'ont fait pour les leurs. C'est pourquoi nous nous permettons d'offrir à nos contemporains de nouvelles traductions de la Bible ou des  éditions en bandes dessinées en espérant que le message en sera changé. Pourtant il faut veiller à ne pas se fourvoyer sur des chemins qui ne nous mèneraient pas  là où nous aimerions aller.

Nous avons tendance à porter sur nos églises un regard qui les enfermerait sur le passé et qui fonctionnerait comme un frein à nos pensées et nous éviterait de regarder l'avenir autrement qu'avec le regard de Jésus Christ. Pourtant ce n'est pas dans cet esprit que les Évangiles ont été écrits. En fait les chrétiens de la première génération étaient persuadés que le retour du Christ était éminent. Ils étaient persuadés que le Christ allait revenir de leur vivant si bien que les Évangiles qu'ils nous ont transmis étaient empreints de l'urgence de la fin des temps et qu'ils mettaient les membres de l’Église dans la  situation d'urgence de la fin des temps pour que tous soient prêts quand cela se produirait. Comme les anciens, nos contemporains ont besoin d'être prêts

Il était donc exaltant de mettre en place une Église qui allait vivre les temps derniers du vivant de la plupart  de ses membres.  Mais depuis ce temps d''exaltation des premiers temps, cet esprit semble s'être un peu affadi, bien que l’Évangile nous ait transmis l'esprit d'urgence dans lequel il nous est parvenu. Nous avons donc tendance à prendre notre  temps et à ne plus vivre ce temps d'urgence de la même façon. Pourtant, à y regarder de près, nous sommes toujours bousculés par les mêmes problèmes, car l'environnement dans lequel nous vivons est resté sensiblement le même. Il y a toujours des gens insatisfaits du monde dans lequel ils vivent et pour lequel ils pensent que Dieu pourrait changer les choses. Il y a toujours des  gens qui ont  faim, des  pauvres à secourir, des malades à guérir et des gens qui espèrent qu'une parole de Dieu pourrait encore changer les choses et les enjoindre à vivre autrement. Il y a toujours  des gens qui pensent  ainsi et que l'esprit d'amour que Dieu a mis en eux leur permettra de regarder ce monde d'une autre manière et qu'il y aura toujours possibilité  de le faire .

"La moisson est abondante" nous est-il dit, le texte fait ce constat et nous provoque. C'est en ce point que le texte qui nous est proposé en ce jour nous bouscule. Il nous donne un ordre de mission adressé aux chrétiens de la première génération, mais qui se répercute à toutes les générations qui vont suivre et  qui consiste à aller à la rencontre de tous les gens qui paraissent accablés par la situation dans laquelle ils se trouvent. Bien peu sont conscients que cet appel adressé aux apôtres leur est aussi adressé:

 "La moisson du monde est grande et les ouvriers sont peu nombreux, Priez le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson." Les ouvriers se trouvent toujours dans l’Église et ce sont ses membres actuels. Il ne nous est pas dit ce qui   accable tous ces gens, mais Jésus sait bien qu'ils sont  accablés et qu'aujourd'hui, comme jadis ils sont en demande, si bien qu'il ne nous est pas très difficile de comprendre que la situation de tous ceux qui sont en attente reste la même dans tous les temps. 

Ce qui ne nous a pas encore été dit,  c'est que le Seigneur est  au courant de cette situation et qu'il compte sur son Église pour y remédier, c'est pourquoi il crée en elle le désir  d'aller  de l'avant afin que chacun réponde à l'appel que Dieu suscite en lui pour créer une société  où les hommes cessent de rivaliser entre eux, oublient le désir qu'ils ont de dominer les autres et d'exclure de leur univers de pensée ceux qui formulent un avenir pour les monde en mettant Dieu à l'écart.

En fait, nous sommes toujours désireux de changer le monde, de créer un avenir où les choses tourneraient à notre avantage. Pour cela la situation ne semble guère changer depuis l'origine, car il  nous ne sommes pas portés à jeter sur le monde le même regard que Dieu porte sur lui et que Jésus voudrait que nous lui portions. Si les hommes ne portent pas sur la société où ils sont le regard que Jésus voudrait que nous lui portions, c'est qu'ils n'ont pas encore su se mettre en harmonie avec Dieu, c'est pourtant la charge que Jésus confie à chacun des membres de son Église qui contrairement à ce que nous pensons, ne porte pas le même regard sur l'évolution de l'humanité que nous devrions lui porter.

Nous devrions alors essayer d'entendre  l’exhortation que Jésus donne ici à chacun de nous pour entendre le message qu'il nous adresse. Vous  avez sans doute remarqué que l’Évangile dresse ici la liste des apôtres au rang  desquels il aimerait inscrire chacun de nous. C'est comme s'il nous exhortait à ne pas être modestes, et nous disait que nous vallons autant qu'eux et que nous aussi, nous sommes appelés au rang des apôtres. C'est comme s'il nous disait, de ne pas être timides parce que notre timidité compromettrait le bon fonctionnement de l’Église où nous avons notre tôle à jouer. En nous mettant sur la réserve, nous risquerions de ne pas répondre à l'appel que  Dieu nous adresse. Il sait qui nous sommes et de quoi nous sommes capables. En répondant positivement à son appel et en cherchant à quoi nous pourrions lui être utiles dans ce vaste champ qui s'ouvre devant nous, nous entendons Jésus nous dire : "j'ai besoin de toi."

C'est alors que la vision d'un nouveau monde apparaîtra en  nous. Le nouveau monde est ce monde que Dieu aime, il n'est pas facile à réaliser, mais c'est à son service que Dieu appelle son Église, non pas pour qu'elle en profite, mais pour que les choses prennent une autre tournure.

Nous sommes donc au service de l’Église pour qu'elle aide le monde à prendre une autre couleur, la couleur que Dieu lui réservait à l'origine quand il l'a créée. C'est dans ce service que nous sommes invités à entrer. Nous sommes invités à donner à ce monde des couleurs qu'il n'a encore jamais eu mais qu'il est destiné à avoir car c'est ainsi que Dieu l'a conçu quand il l'a créé.  Cela devrait  fonctionner  correctement car c'est ainsi que Dieu l'a prévu  quand 'il a crée le monde au  commencement.  Tout cela semble absurde, mais  c'est pourtant ainsi que Dieu a conçu le monde  et qu'il a prévu  la collaboration des hommes. C'est dans cette vision des choses que Dieu invite  son Église à entrer .


 

lundi 1 mai 2023

 

 dimanche 11 juin

 

11 juin 2023:  Jean  6/51-58 : le pain descendu du ciel: dimanche 11 juin 2020

 

51 C'est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours ; et le pain que, moi, je donnerai, c'est ma chair, pour la vie du monde.

52 Les Juifs se querellaient entre eux ; ils disaient : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ?

53 Jésus leur dit : Amen, amen, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'avez pas de vie en vous. 54 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le relèverai au dernier jour. 55 Car ma chair est vraie nourriture, et mon sang est vraie boisson. 56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, comme moi en lui. 57 Comme le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et comme moi, je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. 58 Voici le pain descendu du ciel. Il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères : ils sont morts. Celui qui mange ce pain vivra pour toujours.

 

Que nous faut-il aujourd’hui pour vivre ?  A une telle question l’homme moderne répond en formulant quelques sigles qui n’ont de valeur que pour cette génération. Il va parler de RSA ou de SMIG tout en sachant  que ces sigles n’expriment qu’un minimum que d’aucun juge insuffisant. Si on veut être plus précis, on dira encore que pour vivre normalement  il faut un logement décent, un emploi stable et une voiture capable de transporter  toute la famille, mais on dira peu de choses quant à la nourriture.  Dans l’antiquité on était plus prosaïque, c’est en parlant de pain que l’on estimait le revenu acceptable pour une famille normale. Il fallait avoir assez de pain chaque jour pour nourrir tous les membres de sa famille. Les critères ne sont plus les mêmes.

 

Ainsi la valeur du pain n’était pas la même pour nos ancêtres de l’antiquité que  pour nous. Si pour nous, la notion de  pain  représente  une valeur symbolique, pour  eux elle avait une valeur vitale. Quand Jésus prononce le mot pain ce mot prend une résonance bien réelle. Aujourd’hui, il faut s’appuyer sur d’autres valeurs,  pour parler de niveau de vie, on est obligé de parler de RSA. Mais les termes utilisés dans l’antiquité étaient plus significatifs. Le mot pain était associé au mot vie. Cela signifiait que  la vie dépendait du  pain. Sans pain, on ne pouvait vivre. En s’identifiant au pain Jésus montre qu’il s’associe à la nécessité vitale de chacun.

 

Selon notre manière actuelle de voir les choses, quand on associe la notion de   pain, à celle de vie, nous avons tendance à spiritualiser les choses  et à  les associer au corps sacramentel de Jésus, si bien qu’en donnant au pain une valeur spirituelle il perd son sens  de nécessité vitale  immédiate pour prendre une valeur sacrée. Il   dépasse sa signification matérielle  pour devenir le pain de la cène. Il pend  alors une valeur toute spéciale,  si bien que dans certaines églises les théologiens en ont déduit qu'il  n’était  pas destiné à tout le monde : on ne peut le donner,  ni aux non convertis, ni au non baptisés,  le pain du ciel devient une chose réservée aux initiés. C’est ainsi qu’on passe à côté, de ce que Jésus avait l’intention de nous faire comprendre, car si le pain de vie est pour lui vraiment porteur de vie, il est destiné  à tout le monde  et il a une valeur immédiate afin que tous aient la même chance dans l’existence.

 

En  s’identifiant au pain comme il le fait Jésus veut dire que Dieu est aussi présent et aussi nécessaire que la nourriture quotidienne. Dieu n’est pas une réalité mystique  qui nécessite une longue pratique ou un long enseignement  pour s’approcher de lui. Dieu est aussi facile à approcher  qu’un morceau de pain et  sa présence est aussi nécessaire à la vie que le plus modeste élément de nourriture.  C’est dans ce sens que Jésus espère être compris.  Chacun doit trouver en lui une  réalité qui pourra lui permettre de  donner de la valeur à sa vie. Nous avons à la fois besoin d’éléments matériels comme la nourriture  et nous avons en même temps  besoin d’éléments spirituels comme la présence de Dieu pour vivre

 

Comme notre corps a besoin d’éléments extérieurs à lui-même pour se nourrir et vivre, de même notre être spirituel a besoin d’éléments extérieurs à lui-même pour se nourrir et vivre. Mais curieusement, nous ne semblons pas en être persuadés. Nos contemporains ont pour la plupart d’entre eux l’impression qu’ils se suffisent à eux-mêmes sur le plan spirituel.  Beaucoup estiment qu’il leur suffit de penser par eux-mêmes, ou de s’intéresser à l’art ou à la philosophie pour avoir une vie spirituelle. Ils estiment qu’ils sont eux-mêmes producteurs de leur nourriture spirituelle  et maîtres de leur propre salut, à supposer que dans ce contexte la notion de salut ait une valeur quelconque.

 

 Mais comme pour la nourriture matérielle,  l’homme ne peut se suffire à lui-même, il faut que sa vie spirituelle soit alimentée par quelque chose qui lui  vienne d’ailleurs, qui  lui soit extérieure. En raison de cette logique il paraît impossible d’avoir une vie spirituelle sans Dieu.

 

En fait je ne pense pas que ça se passe ainsi !  Nous absorbons des nourritures matérielles pour vivre sans vraiment nous en rendre compte puisque, comme  nous l’avons vu tout à l’heure, nos critères d’existence ne sont plus liés à la nourriture, mais plutôt au confort, de même la vie spirituelle se nourrit elle aussi  de tous les apports extérieurs dont elle a besoin, sans que nous prenions le temps de nous interroger sur leur origine.  Nous ne prenons pas le temps de repérer la présence de Dieu dans tout ce qui fait vibrer notre vie intérieure, pourtant, sans que nous nous en rendions compte, Dieu est présent en nous.

 

Il est donc nécessaire que nous marquions une pause pour réfléchir à la manière dont nous vivons. La  présence de Dieu ne devient vraiment efficace pour nous que si nous en prenons conscience et que nous lui laissions une place. Il nous faut donc chercher à repérer les traces de Dieu dans notre vie, mais la plupart des hommes le cherchent dans l’irrationnel et dans le merveilleux.

 

Nous  demandons à Dieu  de se manifester dans des actions où nous ne croyons pas vraiment qu’il puisse agir. Nous voudrions qu’il intervienne sur la météo, qu'il supprime les sécheresse ou les  incendies de forêt, qu’il supprime le mal et impose la justice, qu’il n’y aient plus de catastrophes naturelles, et qu'il n'y aient plus de guerres  et que la covid  19 n’ait plus d’emprise sur nous.  En raisonnant ainsi,  nous n’entrons pas  dans la logique de Dieu.

 

 En effet, si nous pensons que Dieu est à l’origine du monde, pourquoi  changerait-il les modes de fonctionnement qu’il aurait mis lui-même en place ?  S’il en est ainsi, nos questions n’ont pas beaucoup de pertinence en face d’un Dieu que nous estimons tout puissant et créateur et auquel nous ne cesserions de contester les défauts de sa toute puissance et de lui demander de corriger continuellement  sa création.  Ce n’est pas non plus parce que la science n’apporte pas de réponses à nos questions qu’il faut en conclure à l’absence de Dieu !

 

Si ces préoccupations ne nous apportent pas de réponses, d’autres questions se posent alors à nous : Pourquoi éprouvons-nous  des émotions ?  Pourquoi l’amour ?  Pourquoi les passions ? Toutes aussi irrationnelles, ces sensations ne sont possibles que parce qu’elles nous viennent d’ailleurs.  Nous ne pouvons pas aimer sans un vis à vis, car c’est bien de l’extérieur de nous-mêmes que vient ce sentiment.  Le problème c’est que nous cherchons Dieu ailleurs que là où il se manifeste et que nous ne savons pas le repérer quand il agit au fond de nous-mêmes.

 

Si donc Dieu vient se manifester en nous et qu’il a un lien évident  avec nos émotions,  sans que nous ne nous en apercevions. S’il pilote les pulsions de vie qui font vibrer notre âme, s’il nourrit notre esprit sans que nous le sachions, qu’adviendra-t-il  de nous quand  nous le découvrions vraiment ? Quelle qualité de vie aurons-nous alors si nous découvrons que Dieu est à l’œuvre en nous ?

 

Face à un tel questionnement, Jésus nous apprend alors  qu’il suffit de regarder en nous-mêmes pour  voir Dieu agir. C’est alors que nous accepterons de savourer ce qui se passe dans notre existence, et que nous découvrirons  avec joie ce qu’il nous donne. Son esprit qui ne cesse de nous visiter deviendra vraiment  efficace en nous. Ainsi nourris par lui, nous nous surprendrons nous-mêmes à faire les actes que, en d’autres temps nous lui demanderions de faire, si bien que c’est nous qui  accompliront  les miracles que nous attendions de lui pour croire !

 

 C’est parce que nous sommes habités par son esprit que nous devenons meilleurs, altruistes, généreux. Grâce à ces qualités  que Dieu améliore en nous par sa présence, le monde se met à évoluer d’une autre manière. On rencontre alors  des Mère Thérésa, des Henri Dunan, des Albert Schweitzer, des Martin Luther King, des  Nelson Mandela qui chacun, là où il est ou là où elle est,  transforme le monde et agit au cœur  de l’égoïsme des peuples  pour faire jaillir l’espérance.

 



Illustrations Bernard Frackowiak :" le vieil homme et le pain"