vendredi 27 juillet 2018

Exode 16/1-15 Le récit de la manne - dimanche 5 août 2018


 Chapitre 16/1-15

La manne

1Ils partirent d’Elim, et toute la communauté des fils d’Israël arriva au désert de Sîn, entre Elim et le Sinaï, le quinzième jour du deuxième mois après leur sortie du pays d’Egypte.

2Dans le désert, toute la communauté des fils d’Israël murmura contre Moïse et Aaron.

3Les fils d’Israël leur dirent : « Ah ! si nous étions morts de la main du SEIGNEUR au pays d’Egypte, quand nous étions assis près du chaudron de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour laisser mourir de faim toute cette assemblée ! »

4Le SEIGNEUR dit à Moïse : « Du haut du ciel, je vais faire pleuvoir du pain pour vous. Le peuple sortira pour recueillir chaque jour la ration quotidienne, afin que je le mette à l’épreuve : marchera-t-il ou non selon ma loi ?

5Le sixième jour, quand ils prépareront ce qu’ils auront rapporté, ils en auront deux fois plus que la récolte de chaque jour. »

6Moïse et Aaron dirent à tous les fils d’Israël : « Ce soir, vous connaîtrez que c’est le SEIGNEUR qui vous a fait sortir du pays d’Egypte ;

7le matin, vous verrez la gloire du SEIGNEUR, parce qu’il a entendu vos murmures contre le SEIGNEUR. Nous, que sommes-nous, que vous murmuriez contre nous ? » – 

8Moïse voulait dire : « Vous la verrez quand le SEIGNEUR vous donnera le soir de la viande à manger, le matin du pain à satiété, parce que le SEIGNEUR a entendu les murmures que vous murmurez contre lui. Nous, que sommes-nous ? Ce n’est pas contre nous que vous murmurez, mais bien contre le SEIGNEUR. »

9Moïse dit à Aaron : « Dis à toute la communauté des fils d’Israël : Approchez-vous du SEIGNEUR, car il a entendu vos murmures. »

10Et comme Aaron parlait à toute la communauté des fils d’Israël, ils se tournèrent vers le désert : alors, la gloire du SEIGNEUR apparut dans la nuée.

11Le SEIGNEUR adressa la parole à Moïse :

12« J’ai entendu les murmures des fils d’Israël. Parle-leur ainsi : Au crépuscule, vous mangerez de la viande ; le matin, vous vous rassasierez de pain et vous connaîtrez que c’est moi le SEIGNEUR, votre Dieu. »

13Le soir même, les cailles montèrent et elles recouvrirent le camp ; et le matin, une couche de rosée entourait le camp.

14La couche de rosée se leva. Alors, sur la surface du désert, il y avait quelque chose de fin, de crissant, quelque chose de fin tel du givre, sur la terre.

15Les fils d’Israël regardèrent et se dirent l’un à l’autre : « Mân hou ? » (« Qu’est-ce que c’est ? »), car ils ne savaient pas ce que c’était. Moïse leur dit : « C’est le pain que le SEIGNEUR vous donne à manger. ( pour une meilleure compréhension du texte, il est bon de lire la totalité du chapitre)


Quand Dieu fait son entrée dans notre existence, il se propose de devenir  le partenaire de nos aspirations à un sort meilleur, il s’engage à nos côtés pour  nous aider à agir au mieux de nos possibilités  et en cas de malheur  le cas échéant, il  redoublera d’efforts pour nous aider à nous en sortir. Il ne souhaite  pas que les hommes se résignent à un sort qui les réduirait à être dépendants des forces qui le dominent, que ce soient celles de la nature ou que ce soit celles que d’autres hommes lui feraient subir. Avec un tel partenaire nous pouvons affronter tous les défis que la vie nous propose.

C’est ainsi que Dieu se révèle dans les textes bibliques et qu’il est présenté comme celui qui  se fait le partenaire  des hommes pour affronter leurs oppresseurs à leurs côtés.  C’est dans ce récit célèbre, où il aide Moïse à défier le pharaon pour qu’il libère les Hébreux qu’il retient captifs comme esclaves que nous allons vérifier cela.

Cet exemple nous permet de constater que la libération des Hébreux fait partie d’un projet de Dieu qu’il  prépare de longue date en accompagnant Moïse, sa mère et sa sœur depuis le début de l’histoire. Le deuxième élément, qu’il faut souligner, c’est que Dieu n’intervient pas lui-même mais qu’il provoque la libération.  Elle se réalise grâce  à un libérateur issu des rangs de  ce peuple, comme si, pour ainsi dire le peuple se libérait lui-même, sous la conduite de Dieu.

Dieu est présenté ici sous les traits d’une entité divine qui se soucie du mieux-être des hommes et qui œuvre en leur sein pour les libérer de ce qui les accable. Elle en fait ainsi les acteurs de leur propre libération. Dieu croit en l’homme auprès duquel il intervient et stimule en lui tout ce qui pourra servir à sa propre libération. C’est en cela que réside le miracle de la libération d’Israël dont le livre de l’Exode nous fait un long récit en démontrant que les hommes  ont  en eux la capacité de réaliser leurs désirs si Dieu leur prête main-forte.

Mais il ne suffit pas de le vouloir pour que les choses se fassent et Dieu ne met pas en nous son esprit  qui agirait comme la potion magique d’Agecanonix qui permettrait aux désirs de se réaliser comme par magie. La libération d’Israël ne s’est pas faite toute seule. En dépit de l’action de Moïse, il a fallu aussi que tous y participent. Il a d’abord fallu que Moïse lui-même accepte le défi et qu’il lise dans les événements de sa vie, la volonté de Dieu à son sujet. Elevé au somment de la gloire par les événements, devenu fils de Pharaon,  il a été réduit à n’être qu’un fugitif errant pour comprendre que Dieu avait l’œil sur lui. Malgré son défaut de langage, il a compris que c’est par la parole que Dieu mettait en lui qu’il devait affronter le redoutable souverain pour le convaincre que Dieu n’approuvait pas son attitude vis-à-vis de ses esclaves. Ce n’est seulement que lorsque Moïse accepta de croire en lui, que Dieu, par son intermédiaire donna le coup d’envoi à la libération du peuple.

Mais la libération n’est pas un acte unique, elle doit se répéter au quotidien.  C’est au jour le  jour que l’on doit s’assurer que l’on maîtrise la situation. Les chemins de la liberté ne sont pas une autoroute bien  asphaltée sans péage ni contrôle de vitesse.  Moïse, en tant que chef de guerre n’est pas forcément un intendant.  S’il a pu être l’instrument de la libération  il n’est pas forcément  responsable de l’intendance. L’expérience qui a été celle de la libération est maintenant à recommencer pour produire l’approvisionnement dont les fugitifs  ont maintenant besoin pour ne pas mourir de faim.  Qui se chargera maintenant du gît et du couvert en plein désert ?

C’est alors qu’ils font la terrible expérience de la tentation. C’est précisément le sujet du texte de ce jour. C’est une expérience qui nous guette tous et qui est si fréquente que Jésus l’a mise en exergue dans le Notre Père et en  a fait sa dernière demande en association avec la libération du mal. La tentation du peuple en exil sur le chemin de la libération est de prendre Dieu pour ce qu’il n’est pas.

 Jusqu’alors il est intervenu comme partenaire d’un peuple qui voulait s’en sortir, mais arrivés à ce point de leur aventure les hommes libérés préfèrent voir Dieu sous un autre aspect. Ils voudraient maintenant voir en lui  comme celui qui fait les choses à leur place, celui dont ils désirent dépendre sans avoir à agir ou à réfléchir. La tentation est de faire endosser à Dieu une responsabilité qu’il n’a pas l’intention de prendre. Ici, c’est celle de l’intendance. Ils lui opposent alors les arguments selon lesquels depuis le début, c’est lui qui les a manœuvrés,  et que la libération, c’était son désir à lui parce qu’eux n’avaient rien demandé, car ils étaient pleinement satisfaits  de la  vie qu’ils menaient. Le mensonge apparaît  alors ici comme l’élément majeur de la tentation et ils essayent de prendre Dieu dans leur  piège.

Nous constatons qu’il est ainsi très facile de passer du Dieu qui se révèle au Dieu que les hommes s’inventent pour solutionner leurs problèmes. Ce Dieu là ne correspond en rien au Dieu que les Ecritures révèlent et  dont Jésus se fera le témoin. Seulement ici, le problème se corse, car le Dieu dont les Hébreux attendent l’intervention intervient quand-même. La réponse  attendue est bien donnée  et l’approvisionnement attendu leur tombe du ciel sous forme de cailles et de manne.  Mais s’il s’agit d’un miracle, il ne s’agit pas d’un prodige. Dieu intervient non pas seulement pour les nourrir, mais pour leur donner une leçon.

Le vol  des cailles se produit seulement au bon moment, un moment qu’avec sagesse et patience, ils auraient sans doute pu prévoir. L’apparition de la manne est également un fait naturel que l’expérience aurait pu leur révéler s’ils  avaient eu la sagesse de faire confiance à Dieu et de demeurer  ses partenaires comme ils l’étaient depuis le début.

Le récit ici nous est sans doute rapporté par des prêtres qui donnent  à la suite de l’événement le ton que nécessite  une pratique rigoureuse de la loi. Le récit prend alors une dimension irréelle qui en voile la vraie portée( si vous voulez bien vous donner la peine de le lire). Mais  cette  approche du texte ne nous empêche pas de comprendre qu’avec plus de sagesse et moins de panique, les hommes affamés du désert auraient sans doute eu le même résultat.

Le Dieu auquel ils ont  eu affaire cette fois-là est bien le même que celui à qui Moïse a fait confiance. Ici comme ailleurs la foi aurait dû être première au lieu de faire place à la colère et à la panique. Le miracle que Dieu leur a accordé ici   est bien le même que celui qu’ils auraient pu réaliser eux-mêmes s’ils avaient eu assez de foi en Dieu pour lui offrir leur collaboration. Que chacun sache donc que  le Dieu libérateur n’abandonne jamais les hommes et qu’il les rend capables d’accomplir les prodiges qu’ils lui demandent d’accomplir par manque de foi.

lundi 16 juillet 2018




Marc 6 / 30-34 


 La Multiplication des  pains - dimanche 22 juillet 2018

  Ce sermon proposé  en 2012 a  été réécrit et réactualisé pour 2018





30Rassemblés auprès de Jésus, les apôtres lui racontèrent tout ce qu'ils avaient fait et tout ce qu'ils avaient enseigné. 31Il leur dit : Venez à l'écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu. Car beaucoup venaient et repartaient, et ils n'avaient pas même le temps de manger.

32Ils partirent donc dans le bateau pour aller à l'écart, dans un lieu désert. 33Beaucoup les virent s'en aller et les reconnurent ; de toutes les villes, à pied, on accourut et on les devança.

34Quand il descendit du bateau, il vit une grande foule ; il en fut ému, parce qu'ils étaient comme des moutons qui n'ont pas de berger ; et il se mit à leur enseigner quantité de choses.

35Comme l'heure était déjà tardive, ses disciples vinrent lui dire : Ce lieu est désert et l'heure est déjà tardive ; 36renvoie-les, pour qu'ils aillent s'acheter de quoi manger dans les hameaux et les villages des environs. 37Mais il leur répondit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Ils lui disent : Irons-nous acheter deux cents deniers de pains pour leur donner à manger ? 38Il leur demande : Combien de pains avez-vous ? Allez voir. Après s'être informés, ils répondent : Cinq, et deux poissons. 39Alors il leur ordonna de les installer tous en groupes sur l'herbe verte, 40et ils s'installèrent par rangées de cent et de cinquante. 41Il prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux vers le ciel et prononça la bénédiction. Puis il rompit les pains et se mit à les donner à ses disciples, pour qu'ils les distribuent. Il partagea aussi les deux poissons entre tous. 42Tous mangèrent et furent rassasiés, 43et on emporta douze paniers de morceaux de pain et de poisson. 44Ceux qui avaient mangé les pains étaient cinq mille hommes.




Il est rare que l’on s’approche de Jésus tout ragaillardi, plein d’enthousiasme  et prêt à se mettre à son service sans discuter. Cela arrive, mais ce n’est pas le cas habituel. La plupart du temps nous  nous adressons à Jésus, quand  fatigués et inquiets, nous espérons de sa part, un peu d’écoute et de compassion. C’est le cas de ses disciples ce jour là qui rentrent de leur première expédition missionnaire. Ils sont à la fois excités et en attente de compassion de la part du maître.

Jésus semble abonder dans leur sens, c’est pourquoi il les emmène en bateau pour prendre un peu de distance par rapport à la tous ceux qui le  sollicitent. Inutile ! La foule plus rapide qu’eux les a rejoints. On se reposera plus tard, on mangera à un autre moment, Jésus leur sacrifie sa disponibilité pour se consacrer à plus démunis qu’eux, car l'autre, le prochain, le solliciteur a toujours priorité pour Jésus.

Ainsi en est-il de ceux qui ont choisi de mettre leurs  pas dans ceux de Jésus et de répondre à l’appel de Dieu. Ils sont sans doute fatigués, la mission a été rude mais Il leur faut aller de l’avant. Ils ont sans doute besoin  de nourriture matérielle, ils ont besoin de partager leur aventure et de dire leur chagrin à la suite de la mort de Jean Baptiste  que le souverain a lâchement fait exécuter, mais il y a autre chose à faire et Jésus les entraîne dans un nouveau projet.

Eux,  ils espéraient de la compassion pour eux  et c’est la foule qui y a droit. Ils s'estimaient privilégiés par rapport à Jésus, mais ce sont les autres qui ont droit à son attention.  Si Jésus s'intéresse la foule,  ce n’est pas pour s’attendrir sur son sort, et ce n’est pas non plus pour les  prendre  tous en charge individuellement. Il ne va pas non plus les mobiliser derrière lui pour en faire une armée de partisans qui s’opposeraient pacifiquement aux soldats  du tétrarque  et prépareraient une ère nouvelle  sur la terre de  Palestine. Le risque serait trop grand, la partie serait loin d’être gagnée, et surtout, ce  n’était pas l’ambition de Jésus.

Jésus s'intéresse à eux, parce qu'ils sont comme des brebis sans berger. Curieusement, Jésus ne se propose pas d’être leur berger. Au contraire il va les  préparer à retourner chez eux, pour  reprendre leur vie comme au paravent,  mais avec quelques choses qu’ils n’avaient pas en venant : L’espérance. Même  si dans un premier temps il semble jouer le rôle de berger, ce ne sera que provisoirement.  Il va  les aider  à affronter leur destin avec une force nouvelle qui est celle de l’esprit qu’il leur  communique par sa présence et par ses propos..

Ils doivent cesser de se comporter comme un troupeau à l’abandon.  Des brebis sans berger n’ont pas d’avenir, elles vont dans tous les  sens, ne savent pas où brouter et sont continuellement en danger d’être volées par les brigands oumangées par le loup. Avec ou sans berger les brebis restent des animaux dépendants.  Le berger leur permet de vivre. Mais Jésus va leur proposer mieux, même si c’est plus difficile.

Pour répondre à leur détresse, Jésus les enseigne. Celui qui enseigne n’est pas forcément celui qui prend en charge. On ne sait d’ailleurs pas ce qu’il leur dit, mais on peut le supposer. Il leur dit que s’ils suivent son enseignement, ils n’auront plus besoin de berger, l’enseignement  qu’il leur donne leur suffit pour qu’ils deviennent eux-mêmes leur propre berger.

Jésus les invite à cesser d’être des moutons imbéciles, qui attendent tout de celui qui veut bien les prendre en charge. Ils n’ont besoin ni de maître ni de gourou. Jésus leur indique la voie qui donne du sens à leur vie. En écoutant Jésus, ils sont remplis du désir de vivre. Ils reprennent goût à la vie, même si la vie qu’ils ont menée jusqu’à présent n’est pas très enviable. C’est aussi le but de l’Evangile pour tous ceux qui l’écoutent, c'est-à-dire nous.

Il leur dit que Dieu vient jusqu’à eux et cela leur donne envie de se mettre debout  et d’aller plus loin. Il provoque en eux le désir de vivre malgré leur détresse, c’est pourquoi il les nourrit miraculeusement. Ici Jésus leur donne un coup de pouce, pour les lancer sur le chemin d’une autre vie. Ce coup de pouce prend alors figure de miracle. Le miracle, bien souvent réside dans le fait que les hommes qui ne peuvent plus avancer se mettent  quand même à le faire. Le miracle ici, comme ailleurs sert à faire jaillir le désir de vie. C’est le coup d’envoi pour eux d’une nouvelle existence que Dieu partage avec eux. Dieu est celui qui provoque le désir et le désir rend inventif.

Nul ne sait de quoi a été fait ce miracle. Beaucoup de propos ont été tenus et de nombreuses  d’explications  ont été données à ce sujet. On a dit  que  le fait de vouloir nourrir cette grande foule avec quelques pains et quelques poissons a dénoué les consciences et que chacun s’est mis à partager avec les autres le casse croûte qu’il avait emporté.  Quoi qu’il en soit l’espoir de vivre une nouvelle vie s’est transformé en espérance de vie et chacun a été rassasié autant de pain que d’espérance. Ils ont découvert qu’avec rien, on pouvait faire beaucoup.  Ils n’avaient pas  à attendre passivement  qu’on leur donne, mais ils  découvraient  qu’ils avaient en eux la possibilité d’avancer avec rien en poche

De moutons apeurés sans berger qu’ils sont, il s’est mis à les transformer en humains responsables. C’est pourquoi Jésus sollicite encore ses disciples. Même s’ils  sont fatigués,  il doit encore les mettre à contribution pour provoquer un désir de vivre chez chacun des membres de cette foule. Il les remet donc au travail, car le miracle, réside aussi dans le fait  que les disciples soient  capables de se mettre au service des autres  malgré leur fatigue.

On a pris l’habitude de considérer que les disciples de Jésus étaient des râleurs qui comprennent toujours trop tard ce que Jésus attend d’eux et qui se font prier pour accomplir les désirs du maître. Nous leur ressemblons  sans doute.  Il n’empêche que malgré leur indisponibilité, c’est quand même par eux que s’accomplit le miracle. Pourtant Jésus ne leur demande pas de faire un effort au-delà de leurs forces. S’ils sont épuisés, Jésus leur a quand même laissé un peu de temps pour se reprendre.

Jésus en effet n’est pas un bourreau de travail pour les autres. Il connaît parfaitement leurs limites et il prend soin de les ménager malgré l’urgence du moment. Ainsi celui qui nous guide sur les sentiers d’une vie nouvelle connaît parfaitement les gens auxquels il s’adresse, il sait jusqu’où ils peuvent aller. Mais il sait aussi quel est le but à atteindre et il fait le nécessaire pour qu’il se réalise.

Inutile de lui dire qu’il y a urgence. Il le sait. Le soir tombe, la nuit approche. C’est la nuit de l’angoisse et de l’incertitude. Nuit de ce jour qui s’achève, nuit aussi dans leur vie intérieure faite d’angoisses et de questionnements. Il faut que tout soit dit et que tout soit compris avant que les ténèbres ne surprennent tout le monde. Il faut que chacun reparte, animé d’une puissance de vie nouvelle qui lui permettra de franchir les obstacles que l’obscurité lui réserve. Si Jésus  a mis en eux l’espérance d’une autre vie il ne leur a cependant pas donné une potion magique qui déjoue tous  les obstacles. Il leur a donné une autre vision des choses qui les remplit d’énergie, mais les difficultés de la vie subsistent

Les chemins de la vie où ils s’engagent les mèneront sans doute vers le Royaume, mais chacun devra s’y employer, parfois au-delà de ses forces, comme ce fut le cas pour les disciples fatigués, qui ont donné du sens au miracle par le dépassement qu’ils ont accompli sur eux mêmes


vendredi 6 juillet 2018

Amos 7 :12-17 La mission d'Amos - dimanche 15 juillet 2018


Amos 7 :12-15 :


12 Amacya dit alors à Amos : « Va-t’en, voyant ; sauve-toi au pays de Juda : là-bas, tu peux gagner ton pain et prophétiser, là-bas !

13 Mais à Béthel, ne recommence pas à prophétiser, car c’est ici le sanctuaire du roi, le temple royal ! »

14 Amos répondit à Amacya : « Je n’étais pas prophète, je n’étais pas fils de prophète, j’étais bouvier, je traitais les sycomores ;

15 mais le SEIGNEUR m’a pris de derrière le bétail et le SEIGNEUR m’a dit : Va ! prophétise à Israël mon peuple. 





Va prêcher ailleurs ! C’est en ces termes qu’Amos est prié de quitter le Royaume du Nord et d’aller exercer son talent de prophète dans celui du Sud. Ce n’est pas une simple boutade destinée à  se débarrasser d’un prédicateur gênant, cela implique  un principe  théologique que nous allons essayer de découvrir.

Mais en quoi ce bouvier et ce planteur de sycomores peut-il nous intéresser ?

Il vivait dans le Nord au pays d’Israël, dans un état qui à l’origine  formait un seul royaume, et  que les aléas de l’histoire avaient divisé en deux états, parfois rivaux, parfois associés. Il y a là quelques ressemblances avec des réalités d’aujourd’hui.

Que l’état du Nord, Israël intrigue  avec son puissant voisin la Syrie,  au mépris de son petit rival du Sud, n’a que peu d’intérêt pour nous. Celui du Nord, à force de compromis mal gérés finira par être anéanti par son puissant rival, quant à la partie Sud du pays, Juda, trop faible pour le moment, elle échappera pour un temps  à la catastrophe qui anéantit le Nord. Devenu trop puisant à son tour, il disparaîtra deux siècles après dans la tourmente et grâce à cet exil forcé, les victimes de ce nouvel Exode, séparées de leur terre d’origine rédigeront leurs souvenirs, ce qui produira notre Bible, comme quoi ce récit n’est pas sans intérêt.

Qu’est-ce qui provoqua  ce désastre ? On en trouve les raisons dans les oracles des prophètes, dont Amos ici présent. Une première approche  consiste à  dire que c’est à cause de leur manque de piété que Dieu les a punis  en se servant des armées  païennes pour ramener son peuple dans le droit chemin. La méthode parait un peu radicale. Une telle explication  laisse entendre  que  Dieu aurait usé de son pouvoir discrétionnaire de « souverain tout puissant » pour corriger les mauvais comportements de ceux qui estimaient être son peuple.

Mais il y a peut-être une lecture plus subtile à laquelle nous allons nous attacher.

Notre conducteur de bœufs était originaire du Sud, mais pour des raisons qui nous échappent il vivait dans le Nord. S’il  s’était engagé dans la politique de son temps, il était aussi travaillé par les incidences qu’elle pouvait avoir sur la foi. Il n’était donc pas adepte d’une stricte séparation du politique et du religieux.  Il reprochait à ses contemporains de ne pas  tenir compte des impératifs de la foi pour orienter la politique du pays qui se trouvait livré aux mains des plus fortunés  qui laissaient le prolétariat dans la misère.

Ce n’était pas très original. Le respect de la veuve et de l’orphelin, le partage avec le prochain, très peu pour eux ! C’étaient pourtant des impératifs de la loi de Moïse ! Cependant, s’il était d’usage de respecter la religion, il était mal venu de s’en servir pour critiquer les dirigeants.

On considérait que le fondement de la religion était basé sur le culte, le respect des rites,  l’organisation des processions et des sacrifices. Pourtant quand le désastre de la défaite dans le conflit avec la Syrie se produira on le justifiera comme étant l’expression du jugement de Dieu  qui n’aurait pas été satisfait de la pratique du culte. En fait, ce n’est pas la pratique du culte qu’Amos  dénonçait  c’est le comportement moral de ses concitoyens. Et c’est ce comportement qu’il  dénoncera comme la cause du désastre.  En fait, il considérait que  la politique de corruption menée par les dirigeants en était la cause. Il ne s’était pas gêné  pour traiter les  bourgeoises de Samarie de grosses vaches. Il disait aux dirigeants   qu’en ignorant le petit peuple, ils pratiquaient une mauvaise politique et  attiraient  sur eux les foudres du Seigneur.

C’est là que le texte nous lance  un  défi : «  Va prêcher ailleurs, était-il enjoint  à Amos,  par le ministre des cultes».  Il semblerait donc que ce puissant personnage ne contestait pas ses accusations. Il disait simplement que ses sermons n’étaient pas pour eux. «  Va donc prêcher chez les gens du Sud », semblait-il lui dire, comme si Dieu avait établi au Nord un Royaume de privilégiés dont le bon droit était de profiter des bienfaits de la vie et qu’il avait réservé le Sud à une autre catégorie de citoyens.

Selon cette théologie, que j’appellerai la théologie du « bon droit », il relevait de la volonté de Dieu qu’il y ait une  différence entre les humains. Je me demande si une  telle théologie n’effleurerait pas encore aujourd’hui les conceptions  de certains ? Face à une telle position,  le discours d’Amos  parlait de justice, d’égalité et d’espérance. Il laissait entendre, par ailleurs que l’absence de respect de ces vertus aurait le désastre pour conséquence.

Dieu aurait-il une double attitude en fonction des humains qui se réclament de lui ? Serait-il un Dieu partial ? Une telle image de Dieu était conforme à l’idée d’un Dieu national telle qu’elle était en vigueur dans la plupart des pays à cette époque. Mais les prophètes tels Amos étaient déjà en train de  révéler une autre image de Dieu.

Pour justifier une telle théorie d’un Dieu attaché à la sauvegarde de la nation, et pour que la situation subsiste,  on lui offrait un culte très respectueux dans les sanctuaires nombreux du royaume du Nord. En commentant ces belles liturgies, Amos faisait entendre une autre  voix qui révélait un autre aspect de Dieu. (ch 5/v. 22ss) :

-       Quand vous me présentez des holocaustes et des offrandes, je n’y prends aucun plaisir.  Vos sacrifices de communion, je ne les regarde pas, Eloigne de moi le bruit de tes cantiques, je n’écoute pas le son de te luths…

 Sans doute ces paroles étaient-elles plus ou moins bien reçues,  mais on   considérait  qu’elles  n’étaient pas  pour eux. C’est pourquoi on le priait d’aller dire ces choses ailleurs.

Certes, quand on lit ces textes un peu vite sans les approfondir  on retient l’image d’un Dieu qui punit son peuple pour lui avoir rendu un culte sans conviction. Mais le problème n’était sans doute pas là, le Dieu dont Amos voulait être le témoin  était un Dieu qui ne faisait pas de distinction entre les humains et qui ne mettait pas sa puissance au service d’une catégorie d’individus. Il se voulait au service de l’humanité sans distinction. Déjà à l’époque  reculée de l’histoire d’Israël à l’époque des deux royaumes, cette idée de l’universalité de Dieu était-elle en train de prendre sa place dans les principes essentiels de la foi. C’est aujourd’hui ce principe connu sous les termes de  « aime ton prochain comme toi-même » qui est l’impératif phare de notre foi  et  que les hommes ont  encore tant de mal à respecter.

Ce principe a même dépassé les frontières de la religion, il est devenu une revendication  de l’humanité  et relève  aujourd’hui  du principe  au nom duquel se réclament les droits de l’homme  que l’on cherche continuellement à contourner. Comme quoi, dans le monde laïc où  nous prétendons vivre, c’est quand même Dieu qui impose sa loi.






























mercredi 4 juillet 2018

Marc 6/1-6 Jésus et Dieu - dimanche 8 juillet 2018





Marc 6/1-6
1
Parti de là, il vient dans son pays, et ses disciples le suivent. 2Quand le sabbat fut venu, il se mit à enseigner dans la synagogue. Une multitude d'auditeurs, ébahis, se demandaient : D'où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée ? Et comment de tels miracles se font-ils par ses mains ? 3N'est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de José, de Judas et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici, parmi nous ? Il était pour eux une cause de chute. 4Jésus leur disait : On ne refuse pas d'honorer un prophète, sinon dans son pays, parmi les gens de sa parenté et dans sa maison. 5Il ne pouvait faire là aucun miracle, sinon qu'il guérit quelques malades en leur imposant les mains. 6Il s'étonnait de leur manque de foi. Il parcourait les villages d'alentour en enseignant.





Il est toujours hasardeux d’aborder un texte de l’Évangile dans lequel Jésus est mis en cause. Le lecteur se trouve bien souvent dans le même camp que ceux qui s’en prennent à lui.  Aujourd’hui nous sommes  interpelés à propos de la relation qu’il y a entre Dieu et Jésus. Bien entendu depuis longtemps nous croyons le problème résolu. Nous croyons savoir tout sur Jésus  et encore mieux, nous sommes sûrs de savoir quelle est sa relation avec Dieu. 

Mais, au fond de nous-mêmes, sommes-nous toujours en accord avec l’enseignement de nos  églises sur ces questions ?  Certes nous affirmons que Jésus est fils de Dieu, mais quelle réalité cela recouvre-t-il ?  En tout cas le problème n’était pas clair pour ses contemporains.  Ils ont eu du mal à accepter qu’il fut un simple homme avec qui Dieu ait décidé de partager ses prérogatives divines. Le seul fait de dire les choses ainsi, jette peut-être déjà le trouble en notre esprit. Nous comprenons vite, que ses contemporains  étaient encore plus troublés que nous.

Est-ce blasphémer si on dit  que Jésus s’est fait si proche de Dieu qu’on l’a  identifié à lui ? C’est  ce que les Chrétiens des  premières générations ont lentement compris  au cours des premiers siècles et ils l'ont laissé transparaître dans les transcriptions qu'ils en ont faites dans les évangiles, mais les gens de Nazareth aussi bien que les contemporains de Jésus ne l'avaient pas encore compris. Ils contestaient même qu'il puisse y avoir du divin en lui. . En retournant dans son village, Jésus a été mal accueilli, c'est alors qu'une polémique s'est  déclenchée à propos de son rapport à Dieu. 

A partir de ce constat, nous pouvons nous interroger à notre tour pour savoir ce que nous pensons de Dieu ? Comment l’imaginons-nous? Dans nos confessions de foi, nous proclamons sa toute puissance. Nous affirmons qu’il est aussi notre créateur. Mais notre pratique de la lecture biblique nous apprend que Dieu s’il est bon peut aussi  être redoutable et qu’on ne s’approche pas impunément de lui.

Jésus en venant chez les siens tient un discours qui apparemment les trouble. Il semble être si proche de Dieu  qu’on peut même se demander s’il ne laisse pas entendre qu'il  partage  en partie  sa  puissance divine. Mais est-ce possible, pour un simple homme dont on connaît les attaches familiales, se demandent les gens de Nazareth? Si  tout ce qu’il a fait  ne lui vient pas de Dieu, cela ne peut que lui venir de Satan, l’adversaire de Dieu. Une telle interprétation est suggérée ici. Dans le récit parallèle de Luc, au sujet de  ce même événement, on  nous dit que ses auditeurs ont tenté de le tuer à cette occasion.

Si Jésus, comme tout un chacun puise son origine dans une famille humaine comme la nôtre, ses contemporains voyaient  mal comment il pouvait faire des choses qui relèvent  de l’autorité divine. Comment Dieu peut-il mêler des éléments qui relèvent de sa toute-puissance à l’action humaine d’un homme ? Telle était  la question  que se posaient les gens de Nazareth et on comprend qu'ils étaient désemparés.  Si Jésus trouvait son origine dans une famille humaine  comme la nôtre se contemporains ne comprenaient pas qu'il pouvait faire des choses  relevant de l'autorité divine. Comment Dieu pouvait-il mêler  sa toute-puissance à l'action  humaine d'un homme?  On comprend que les gens de Nazareth  désemparés,  soupçonnaient un subterfuge. Les questions qui ont perturbé les contemporains de Jésus ont continué à diviser les hommes entre eux jusqu'à ce que se réunissent les grands conciles de Nicée, d’Éphèse et de Calcédoine pour préciser les relations de Jésus avec Dieu. Aujourd'hui, ces questions continuent encore à diviser les croyants entre eux.

 Il reste inconcevable que Dieu  se soit  fait si proche de la réalité humaine en Jésus Christ au point qu’il ait aboli toute  distance qui le sépare de lui, pas même celle du  péché.  Notre entendement n’y résiste pas et ne le tolère pas. Jésus suggérait pourtant  dans son enseignement que désormais toute relation avec Dieu serait  possible, sans intermédiaire, ni contrainte. C’est pour affirmer cela qu’il s’en prendra un peu  plus tard au temple, car le  temple était  le lieu même  où prenaient corps  les contraintes que la relation avec Dieu imposait aux hommes. C’était le lieu des sacrifices, le lieu des pèlerinages le lieu  où Dieu était caché  derrière le voile infranchissable du Saint des saints.  C'était, malgré les apparences, le lieu  où Dieu était le plus éloigné des hommes. La question qui se pose à nous maintenant est  de savoir quelle distance Jésus a maintenu entre nous et Dieu ? 


Pour mieux poser le problème les compatriotes de Jésus s’en sont  pris à ses  frères et à ses sœurs pour dire que si Jésus a une parenté humaine il ne peut  partager en rien la divinité de Dieu. On  affirme son humanité pour détruire l’éventuelle présence de Dieu en lui, car  s’il est porteur un tant soit peu de la puissance de Dieu,  il met Dieu à notre portée, or la trop grande proximité de Dieu est insupportable à la plupart d’entre nous.  

En effet, il ne nous est pas supportable  de savoir que Dieu puisse faire sa demeure en nous.  Nous ne supportons pas davantage de sentir son regard toujours bienveillant se  poser sur nous. Il ne nous est pas possible, non plus  de faire le bilan de nos erreurs sans envisager un châtiment, même léger de la part de Dieu. Et pourtant Dieu aime sans punir selon Jésus. Est-il possible que son pardon soit plus fort que  nos remords et qu’il nous promette une vie meilleure alors que nous n’arrivons pas à nous pardonner nous-mêmes de nos mauvaises actions? 

Ces questions ne sont pas seulement celles des gens de Nazareth,  et même les conciles ne les ont pas effacées, parce qu'elles font partie de notre propre itinéraire spirituel. Ce sont aussi nos questions à nous car la trop grande proximité de Dieu nous  est intolérable  à  nous aussi. La conscience que nous avons de notre péché maintient une distance entre Dieu et nous, et nous souhaitons la garder.  Nous considérons que la proximité  avec Dieu n’est possible que pour les gens exceptionnels,  pour ceux  dont les péchés seraient insignifiants. Seul Moïse a pu approcher Dieu de près, Abraham ne l’a vu que par l’intermédiaire d’un ange, quant à Élie, il n’a senti que la douceur de son souffle.  Je ne parle pas de nous ! Il nous est difficile d'imaginer que notre contact avec Dieu puisse être plus proche que le leur. Notre péché, le plus ténu soit-il, pèse encore trop lourd, croit-on,  pour ne pas offenser Dieu.



Jésus connaît fort bien toutes nos réticences, c’est pourquoi une grande partie de son enseignement a consisté à dire que Dieu anéantissait nos péchés, qu’il les détruisait et qu’il en gommait les effets. Pourtant   la réalité du péché nous colle à la peau  tant nous avons du mal à accepter la gratuité de son pardon. 



Par contre, il est curieux de constater que nous  n’avons aucun problème à affirmer la toute-puissance  de Dieu bien qu’elle ne se voit pas à l’œil nu. Nous considérons, sans discuter qu’il est créateur du ciel et de la terre, mais nous lui contestons la possibilité de détruire nos péchés et de les anéantir. Pourtant, s’il est tout puissant, il est capable de l’un comme de l’autre. Il est capable, tout à la fois, de régner en gloire dans les cieux et de s’incarner dans un homme de notre condition. Et pour que cela soit possible, il gomme les effets de nos exactions. Puisque le péché nous sépare de lui,  il l’anéantit, ainsi  il peut rester tout proche de chacune et de chacun de nous. 



Pourtant, aussi curieux que cela paraisse, si nous refusons que Dieu se fasse homme, par contre, nous concevons fort bien que l’homme  puisse s’élever jusqu’à Dieu, et que par ses propres forces il puisse s’approcher de Dieu.

L’enseignement de Jésus affirme qu’il est impossible de s’élever jusqu’à Dieu, mais  que. Dieu se fait homme pour guider l’humanité  sur le chemin de sa propre humanité et non pas pour échapper à son humanité. On  ne peut se rapprocher de Dieu que si on accepte d’être pleinement l’être humain qu’il a créé. 

Celui qui s’éloigne des hommes et se réfugie au désert pour rencontrer Dieu et pour s’élever dans la sainteté  fait fausse route. Quand Jésus s’est  rendu au désert, c’est le tentateur qu’il  a rencontré et pour résister au tentateur il a du  prendre en compte sa propre humanité. Son séjour au désert l’a fortifié dans son humanité et l’a renvoyé vers les hommes ses frères. Saint Antoine au désert ne retrouve pas Dieu, mais la tentation.

L’erreur serait de croire qu’on pourrait rester au désert sans revenir vers les hommes et passer directement de la fuite au désert à la contemplation de Dieu. Ce serait manquer sa vocation d’homme et rater son accomplissement en Dieu. C’est exactement  cela le péché  qui étymologiquement désigne le fait  pour un tireur de  manquer sa cible 

C’est là que réside le scandale. Il est dit dans l’Evangile que nous avons lu, « qu’il  était pour eux une occasion de chute » le texte  en grec est plus violent il dit qu’il les scandalisait. Le scandale c’est  le fait de refuser de croire que Dieu puisse s’approcher de l’homme au point d’établir une relation d’amour avec lui. Le scandale c’est finalement  le fait de contester à Dieu la capacité de  faire de nous des hommes  authentiques, car tel est le but de notre vie.

L’attitude de Jésus scandalisait les siens parce qu’ils ne comprenaient pas que Dieu avait décidé par amour pour eux de descendre jusqu’à eux pour  qu’ils ne s’égarent pas en cherchant à s’élever jusqu’à lui. L’homme qui accomplit pleinement son humanité rend gloire à son Seigneur qui l’a conçu  ainsi,  afin de partager avec son lui l’éternité qu’il a créée pour leur commune rencontre.