mercredi 31 mai 2017

Exode 34:4-9 Le deuxième don de la loi - dimanche 11 juin 2017



Exode 34/4-9

Moïse tailla deux tables de pierre comme les premières. Moïse se leva de bon matin et monta sur le mont Sinaï, comme l'Éternel le lui avait commandé, et il prit à la main les deux tables de pierre.  L'Éternel descendit dans la nuée, se tint là auprès de lui et proclama le nom de l'Éternel.  L'Éternel passa devant lui en proclamant:  L'Éternel, l'Éternel, Dieu compatissant et qui fait grâce, lent à la colère, riche en bienveillance et en fidélité,  qui conserve sa bienveillance jusqu'à mille générations, qui pardonne la faute, le crime et le péché, mais qui ne tient pas (le coupable) pour innocent, et qui punit la faute des pères sur les fils et sur les petits-fils jusqu'à la troisième et à la quatrième génération! Moïse s'empressa de s'incliner à terre et de se prosterner.  Il dit: Seigneur, si j'ai obtenu ta faveur, que le Seigneur marche au milieu de nous, car c'est un peuple à la nuque raide; tu pardonneras notre faute et notre péché, et tu nous prendras pour héritage.


En écrivant de sa propre main les premiers mots qui ouvrent  son histoire avec son peuple, Dieu inaugure lui-même le début d’une aventure qui est aussi la nôtre et qui ne s’achèvera qu’à la fin des temps. La sortie d’Egypte n’en avait été que l’épilogue. Dieu se proposait d’être  maintenant celui qui accompagne les hommes et qui n’hésite pas à se mettre lui-même en cause, quitte à recommencer ce qui a mal tourné.

C’est dans ce même lieu,  au pied du mont Sinaï que les Hébreux  s’étaient rebellés contre Dieu. Mais était-ce  vraiment, une rébellion ? C’était plutôt une maladresse commise sous l’impulsion d’Aaron, le frère de Moïse. Ils avaient voulu exprimer leur fidélité à ce Dieu qu’ils venaient de découvrir.  Moïse ayant disparu sur la montagne, le silence de Dieu semblait signifier son absence. Pour se rappeler à son bon souvenir et tenter de lui plaire, ils avaient organisé une fête en son honneur. Ils avaient personnifié  Dieu selon la coutume rencontrée en Egypte  en le représentant sous   la forme d’un veau. On connait la suite. Moïse qui réapparut soudain  se mit en colère et exigea un châtiment exemplaire pour les participants à la fête. Il ordonna un pogrome, pire que ceux qu’ils avaient connus en Egypte ou qu’ils connaîtront  par la suite.

Le texte que nous lisons aujourd’hui propose de recommencer la cérémonie d’intronisation de l’Alliance  interrompue. Tous se tiennent sur la défense et attendent la suite, redoutant l’emprise sur eux de ce Dieu qui les a libérés. La tradition a voulu ainsi accréditer  l’idée  que le Dieu de l’Ancien Testament  était  un Dieu redoutable. On l’a alors  opposé au  Dieu d’amour révélé par Jésus Christ. Nous verrons qu’il n’en est rien.

On peut cependant se demander pourquoi Dieu s’acharne à maintenir un lien avec un peuple qui ne lui sert à rien, qui  va à l’encontre de ses projets  et  ne lui occasionne que des soucis  en provoquant sa colère ? En fait, ce n’est pas tellement Dieu qui se fâche, c’est Moïse et on lui fait assumer une colère que Dieu  lui-même n’éprouve pas   puisqu’il demande que l’on recommence.

En fait ce Dieu, qui s’est nouvellement révélé aux hébreux captifs, se démarque des autres divinités.  Il est totalement différent des dieux païens qui ne sont que la sacralisation des éléments  de la nature.  Apollon n’est-il pas la représentation du soleil qui parcourt le ciel dans la journée et Mardouk, le dieu de Babylone, n’est-il pas lui aussi une manifestation des mouvements de la nature ? Les hommes qui les vénéraient pensaient que s’ils ne leur rendaient pas de culte, la nature se dérèglerait. Mais ce n’était pas le cas de Yahvé. La présence d’un peuple à ses côtés ne lui servait à rien, si non à lui manifester son amour.  Ce Dieu qui vient vers les Hébreux et qui parle par Moïse représente une toute nouvelle conception de la divinité.  C’est Yahvé qui s’impose au peuple hébreu pour le faire exister. Il  se révèle alors à lui comme le Dieu  qui le fait vivre.

Maintenant interrogeons-nous au sur ce peuple rebelle au cou raide dont parle l’Ecriture. En quoi est-il coupable d’avoir construit un veau d’or ? Sa faute est d’avoir représenté Dieu sous forme d’une statue ! Mais c’est Dieu qu’il voulait honorer ainsi ! On ne lui avait pas dit comment faire  puisque les détails de la Loi ne  lui seront donnés qu’après. Si les tribus rassemblées ont offert à Dieu une orgie, si j’en crois le film « les dix commandements »,  elles ont simplement fait une erreur d’appréciation par manque d’information. Les Hébreux voulaient bien faire, et ils ont mal fait ! Cela ne méritait pas la mort d’un grand nombre  d’entre eux. Il apparaît donc que la colère de Moïse contre eux était parfaitement injustifiée. C’est d’ailleurs lui qui en rajoute et qui ordonne l’extermination des coupables. Si Dieu réclame que l’on renouvelle l’alliance c’est qu’il passe l’éponge. C’est comme s’il donnait tort à Moïse.

En fait,  on a pris l’habitude de croire que l’homme était coupable par nature. Calvin l’a fait lourdement sentir dans sa prière d’humiliation que notre liturgie a conservée : « né dans la servitude du péché, incapable par nous-mêmes d’aucun bien… »  C’est l’apôtre Paul qui  avait commencé par enfoncer le clou, Augustin l’a suivi dans cette voie, si bien  qu’en remontant  le cours des Ecritures on finit par arriver, comme toujours au fameux péché d’Adam, où il lui sera reproché d’avoir consommé un fruit placé à portée de sa main pour le tenter. Ce sera aussi  l’histoire de Caïn qui a  tué son frère sans raison, par simple jalousie, puis ce sera  le récit  du déluge où  l’humanité considérée comme coupable  est destinée par l’Ecriture à être exterminée.

Ces quelques exemples parmi les plus connus semblent suffisants  pour  laisser entendre que les rédacteurs des textes bibliques considéraient que  l’homme avait un défaut de conception au départ, comme un  vice  de  fabrication. Mais Dieu, même s’il  inspire les  rédacteurs du texte sacré résiste à cette conception et  s’efforce en vers et contre tout de  dépasser la fatalité qui semble peser sur l’humanité.  Ainsi, à la sortie de l’Eden prépare-t-il Adam et Eve à la nouvelle aventure qui les attend. Il les habille de peaux de bêtes plus résistantes que les feuilles dont ils se sont vêtus et il leur donne une feuille de route : « Tu laboureras le sol à la sueur de ton front », conséquence de leur nouvelle vie et non, condamnation  à cause de leur péché.

Si Caïn tue son frère, c’est pourtant Dieu qui sauvegarde sa vie en plaçant sur son front un signe de protection, comme s’il était  inscrit dans l’ordre des choses que Caïn tuerait Abel, comme s’il était inévitable que la  sédentarisation et la culture supplantent le nomadisme et l’élevage.

Si l’écrivain biblique condamne les hommes  à disparaître dans le tsunami  du déluge à cause de leur méchanceté qui s’est soi-disant  généralisée, c’est Dieu, encore lui, qui intervient pour préserver l’humanité en détresse et sauver Noé et sa famille de la fureur des éléments.

En fait dans chaque cas, Dieu permet à l’homme d’évoluer vers une nouvelle situation   car sa destinée est de ne jamais  cesser d’évoluer. Ainsi Dieu nous est-il présenté comme le Dieu qui résiste au rôle de justicier dans lequel on a tendance à l’enfermer. Il n’est donc pas celui qui punit une humanité coupable mais qui la conduit  et l’accompagne sur le chemin de sa destinée même si surgissent parfois  sous ses pas des situations inexplicables dont Dieu n’est pas responsable.

Voila où nous en sommes. Ce sont ces constations qui expliquent pourquoi une nouvelle édition du texte de la loi était nécessaire après que Moïse ait détruit la première. Cette Loi est destinée à être le code de vie dont Dieu se sert pour guider les hommes dans leur évolution.

C’est Dieu qui  en écrivant ce texte se désigne lui-même même comme un Dieu lent à la colère, qui étend sa bénédiction jusqu’à mille générations. Le rédacteur éprouva cependant le besoin de nuancer  cet enthousiasme. Il suggéra alors que soit rajouté un codicille qui maintiendrait quand même une possibilité de jugement dans l’action de Dieu, c’est pourquoi il a rajouté «  je punirai la faute des pères sur les fils jusqu’à la troisième génération »

On pourra alors dire qu’il y a quand même deux générations qui seraient injustement punies. Mais il paraît impensable dans le contexte rédactionnel de cette époque de ne pas faire apparaître une notion de jugement, c’est pourquoi Dieu consent à ce que cette réserve soit inscrite dans le texte. Mais viendra le jour où Dieu réduira le châtiment  non pas à une seule génération, mais à un seul homme qui acceptera que soit détourné sur lui la fureur des nations qui voudraient voir en Dieu un juge suprême et seulement cela. C’est pour cela que  Jésus mourra sur une croix, condamné non pas selon la loi d’Israël mais la Loi de toutes les nations de l’époque, celle de l’empire romain. Désormais, plus personne ne pourra contester le fait que Dieu oppose sa loi d’amour à toute forme de justice humaine.

N’est ce pas alors cette Loi d’amour qui était déjà dans le texte de la Loi écrite par la main de Dieu et que Moïse a détruite ?  C’est pour cela qu’il a fallu attendre que  Jésus vienne pour qu’elle soit révélée.

lundi 22 mai 2017

Actes 2:1-11 la venue du Saint Esprit - dimanche 4 juin 2017



PENTECÔTE Actes 2/1-13 La venue de l'Esprit saint reprise de 1971



1  Lorsque arriva le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble en un même lieu. 2 Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis. 3 Des langues leur apparurent, qui semblaient de feu et qui se séparaient les unes des autres ; il s'en posa sur chacun d'eux. 4 Ils furent tous remplis d'Esprit saint et se mirent à parler en d'autres langues, selon ce que l'Esprit leur donnait d'énoncer.5 Or des Juifs pieux de toutes les nations qui sont sous le ciel habitaient Jérusalem. 6 Au bruit qui se produisit, la multitude accourut et fut bouleversée, parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue. 7 Etonnés, stupéfaits, ils disaient : Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? 8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? 9 Parthes, Mèdes, Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée, de Cappadoce, du Pont, d'Asie, 10 de Phrygie, de Pamphylie, d'Egypte, de Libye cyrénaïque, citoyens romains, 11 Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons dire dans notre langue les œuvres grandioses de Dieu ! 12 Tous étaient stupéfaits et perplexes ; ils se disaient les uns aux autres : Qu'est-ce que cela veut dire ? 13 Mais d'autres se moquaient en disant : Ils sont pleins de vin doux !

Au premier temps de l’Église, la grande menace qui planait sur les chrétiens était d’être pris pour des fantaisistes provocants, à l’image de ce que furent les hippies dans les années soixante dix qui préconisaient la paix universelle et l’abolition des règles contraignantes de la société. Ils réclamaient aussi l’amour libre et le non respect des règles religieuses.

La suite va justifier cette menace. Une seule phrase a suffi pour les caractériser : « ils sont pleins de vin doux » Cette phrase a été utilisée dans le Livre des Actes, vous venez de l’entendre, pour exprimer l’ impression que la première communauté chrétienne a laissée auprès des témoins de sa naissance. Elle fut perçue comme un mouvement contestataire de la société, de la morale, de la politique et de la religion qui a vite inquiété les autorités de cette époque. Sans doute ce récit résume-t-il l’impression de stupeur qui a accompagné ce mouvement.

Cette impression générale dépasse certainement le cadre simplificateur de la fête de Pentecôte dans lequel Luc a rapporté l’événement. Comme toujours le récit est réducteur, mais il donne une juste impression des conditions dans lesquelles la naissance de cette nouvelle religion a été accueillie.

Pentecôte, était une fête de pèlerinage traditionnel dans le judaïsme du 1 er siècle. Elle se déroulait, comme son nom l’indique 50 jours après Pâques. Elle drainait à Jérusalem des populations nombreuses. C’est au cours de cette fête populaire et religieuse, savamment organisée qu’est décrite la naissance de l’Église. Le christianisme devrait donc avoir la fête pour caractéristique, puisque c’est au cours d’une fête qu’on a pris acte de sa réalité. Si ça ne se remarque plus aujourd’hui, c’est que les choses sont à reprendre, car, le christianisme est bien décrit comme un mouvement qui jaillit au cours d’une fête populaire, j’y insiste.

Toute la symbolique de cette religion va se faire à partir des deux célébrations des fêtes juives de Pâques et de Pentecôte. Si vous vous en souvenez, Pâques est la fête de la Liberté, on y commémorait la libération de l’esclavage en Égypte. Pour les Chrétiens cette libération est devenue la libération de la mort. Elle commémore la sortie de la tombe de Jésus. Malgré la promesse que portait en elle la résurrection, les Chrétiens apeurés étaient restés cloîtrés chez eux dans la crainte de représailles à la suite de la condamnation à mort de leur maître. Ils savaient, bien sûr, que Jésus était vivant, mais ils ne savaient toujours pas ce que sa résurrection signifiait concrètement pour eux. Il leur faudra un long temps de maturation pour le comprendre et pour changer de position, et ce sera dans le cadre de la fête suivante, Pentecôte, que cela sera raconté, 50 jours plus tard.

Luc utilise tous les symboles de cette fête de Pentecôte pour dire ce qui se passe. Ce n’est pas forcément un récit purement historique, c’est plutôt un récit pédagogique. Le bruit, la fête, le feu, la glossolalie, la foule la joie, tout est rassemblé là pour dire l’indicible. Et pourtant la conclusion est stupéfiante : les premiers chrétiens sont perçus comme des excités enivrés.

Il a fallu une longue maturation dans le cœur des fidèles de Jésus pour que le Saint esprit fasse son travail. Pourtant, tout d’un coup comme un fruit qui se décroche de l’arbre à maturité, comme un feu tombant sur eux sans brûler personne, comme un coup de tonnerre dans un ciel d’azur, la vérité s’impose à eux. Quelle que soit la manière dont cela se manifeste en eux, quelle que soit la langue qu’ils utilisent pour le dire, la même vérité s’impose à eux. Mais de quelle vérité s’agit-il ? On nous en parle comme faisant partie des merveilles de Dieu propres à ravir les foules, mais de quelles merveilles s’agit-il ?

Ces merveilles, elles sont depuis cinquante jours à portée de leur intelligence, et ils ne comprennent toujours pas ce qui a changé ou ce qui doit changer. Il faut que le saint Esprit y mette vraiment du sien pour les amener à comprendre. Rassurez-vous donc si cela prend aussi du temps pour que vous aussi, vous y compreniez quelque chose, vous ne serez donc pas les seuls.

Pour en savoir plus, regardons d’un peu plus près ce texte. Le récit de l’événement ne couvre que 3 versets. C’est un peu bref si l’on songe à la portée qu’il va prendre par la suite ou si on imagine le nombre de volumes que l’on écrira à ce sujet. Luc consacrera encore 8 versets à décrire les foules concernées par le message. Il mentionne 14 peuples. A priori cette énumération des différentes nations ne nous apprend rien. Cette mention lui sert seulement a amplifier la portée de l’événement et à insister sur l’aspect merveilleux qu’il veut donner au récit. Le nombre de nations mentionnées correspond à celui des langues dans lesquelles l’esprit leur donnait de s’exprimer; et le lecteur de s’extasier, tant il est vrai qu’en matière biblique, on cherche toujours l’explication de l’événement rapporté, dans le miracle qui le concerne. Ce qui est la bonne méthode pour passer à côté la vérité du texte, car la vrai explication est ailleurs que dans le miracle.

Réflexion faite, on constatera que la plupart de ces peuples parlaient grec si bien que je ne pense pas que le prodige figure dans les langues. On a aussi cherché les symboles dans les chiffres exprimant leur nombre, 14 nations, cela faisait 2 fois 7, mais ça ne nous avance pas beaucoup. Il paraît plus vraisemblable qu’il s’agisse plutôt de l ‘énumération des peuples qui constituaient le monde civilisé de l’époque (à remarquer que les Gaulois, dont beaucoup parmi vous sont les descendants, n’y figuraient pas, la modestie nous oblige à constater que nous sommes des pièces rapportées venues de loin !

Par contre, il nous est dit par 3 fois que ces foules entendent. Et qui dit entendre, dit aussi comprendre. Ils comprennent les merveilles de Dieu, car tel est le destin de l’Église naissante : parler des merveilles de Dieu aux nations. Et ça, ils ne l’avaient pas encore compris, tous maintenant, ont droit à connaître les merveilles de Dieu qui pour le moment sont perçues comme des délires d’ivrognes. Mais Jésus lui-même ne fut -il pas accusé d'ivrognerie? (Luc 7/34)

Quand il était parmi eux, Jésus s’était appliqué à dire qu’il fallait que tous se convertissent à la « bonne nouvelle » qu’il était venu apporter. Il expliquait que cela signifiait qu’ils devaient voir les choses autrement. C’est à Pâques qu’ils furent sensés avoir compris que la mort n’était pas la fin de toute chose, ils auraient du découvrir que Dieu bousculait les limites de la vie et que chacun devenait compagnon de Dieu jusqu’à la fin des temps sans autre condition que celle de croire. C’était ça la merveille qu’il fallait comprendre. Il n’y avait désormais plus aucune barrière humaine pour limiter l’espace réservé à Dieu, il n’y avait plus de convention sociale pour codifier nos relations avec lui. Il fallait désormais le vivre et le dire.

Quand le pouvoir civil comprendra que ces propos sur Dieu bousculaient l’équilibre de la société et que la pax romana était compromise, il déclenchera des persécutions pour tenter d’éradiquer le ver qui était dans le fruit et qui désormais, y restera.

Ce ver, coïncide avec ce qu’on appelle « merveille de Dieu ». Cette merveille nous enseigne que Dieu n’est pas ce que les hommes disent de lui. Il ne se cache pas derrière des lois, fussent-elles celles de Moïse, mais il permet aux hommes de vivre en pleine liberté avec lui. Une nouvelle relation d’amour avec lui, dont aucune règle n’a été écrite à l’avance est possible. Dieu parle désormais au cœur des hommes et se fait entendre par eux. C’est cette découverte qui fait tant de bruit à Pentecôte dans le silence du cœur de chacun et qui les brûle du sentiment étrange que produit l’amour en plénitude.

Mais si chaque homme a la liberté d’écouter Dieu, il ne prend pas forcément le temps de l’entendre, car le Dieu qui s’offre aux hommes en toute liberté ne peut être reconnu par les hommes, que s’ils acceptent de l’entendre, et ça prend du temps.

Ce qu’il faut entendre, ou comprendre, c’est qu’il y a un code qui permet d’être en liberté avec Dieu. Le code de la liberté a pour clé le mot amour et le mot vie. Cela implique que l’amour sera toujours premier dans nos relations avec les autres. C’est alors que rien désormais ne s’opposera à ce que chacun ait une relation directe et personnelle avec Dieu. Même la mort n’y pourra plus rien.

Sont-ce là des propos d’ivrognes ou est-ce là l’expression ultime de la sagesse divine ?

Illustrations Sacramentaire Drogon Metz 845 voir http:www.artbible.net

dimanche 7 mai 2017

Actes 12-14 L'Ascension dimanche 28 mai 2017



Actes :1 :12-14 :
 
1Cher Théophile, J'ai parlé, dans mon premier livre, de tout ce que Jésus a commencé de faire et d'enseigner2jusqu'au jour où il fut enlevé après avoir donné ses ordres, par l'Esprit saint, aux apôtres qu'il avait choisis. 3C'est à eux aussi qu'avec beaucoup de preuves il se présenta vivant après avoir souffert ; il leur apparut pendant quarante jours, parlant du règne de Dieu. 4Comme il se trouvait avec eux, il leur enjoignit de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'attendre ce que le Père avait promis — ce dont, leur dit-il, vous m'avez entendu parler : 5Jean a baptisé d'eau, mais vous, c'est un baptême dans l'Esprit saint que vous recevrez d'ici peu de jours. 6Ceux qui s'étaient réunis lui demandaient : Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu vas rétablir le Royaume pour Israël ? 7Il leur répondit : Il ne vous appartient pas de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. 8Mais vous recevrez de la puissance quand l'Esprit saint viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et en Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. 9Après avoir dit cela, pendant qu'ils regardaient, il fut élevé et une nuée le déroba à leurs yeux. 10Et comme ils fixaient le ciel, pendant qu'il s'en allait, deux hommes en habits blancs se présentèrent à eux 11et dirent : Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à scruter le ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l'avez vu aller au ciel.

 12Alors ils retournèrent à Jérusalem, depuis le mont dit des Oliviers, qui est près de Jérusalem, dans le rayon des déplacements autorisés le jour du sabbat. 13Quand ils furent rentrés, ils montèrent dans la chambre à l'étage où ils se tenaient d'ordinaire ; il y avait Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques, fils d'Alphée, Simon le Zélote et Judas, fils de Jacques. 14Tous, d'un commun accord, étaient assidus à la prière, avec des femmes, Marie, mère de Jésus, et les frères de celui-ci. 

J'ai préféré publier tout le récit de l'Ascension. 



Après l’événement de l’Ascension,  il était normal que les amis de Jésus se retrouvent entre eux pour faire le point sur ce qu’ils avaient vécu et qu’ils réalisent  ce qui les attendait. Était-ce le début du ministère de l’Église ou était-ce la fin du ministère terrestre de Jésus ? Les deux hypothèses se bousculaient dans l’esprit du rédacteur qui cherchait à rendre compte de la situation. Sans doute avait-il déjà saisi la portée de l’événement dans le premier tome de son œuvre qui est l’Évangile de Luc, car, vous le savez sans doute, le Livre  des Actes  fait suite à l’Évangile de Luc et provient sans doute de la même plume. C’est ce qui est il dit en Actes 1/1.

En effet dans l’Évangile, Luc avait dit que peu après la résurrection et l’apparition de Jésus aux onze, il s’était séparé d’eux en s’élevant vers le ciel. Mais après cet événement, le temps avait passé. L’Église s’était organisée. Vingt ou trente années s’étaient écoulées, une horrible guerre qui n’est racontée ni dans les Évangile ni dans le Livre des Actes avait ravagée le Moyen Orient. Cela avait entrainé l’exode  de nombreux croyants, chrétiens ou juifs  dont les communautés s’étaient organisées comme elles le pouvaient.

Maintenant, sous toute réserve, L’Église était en paix. Luc  avait écrit son Évangile, le Livre des Actes était encore à faire. Pour mettre de l’ordre dans tout cela, les  responsables de  L’Église n’étaient pas restés inactifs,  administrateurs et théologiens  ils ne chômaient pas. Si les Évangiles étaient en train  de prendre corps, il fallait mettre de l’ordre et de la cohérence dans  de ce qui avait été vécu par les uns et par les autres depuis que Jérusalem n’était plus le centre de la vie spirituelle des Églises. Pour mettre de l’ordre dans tout cela, ils avaient songé au fait que le nombre  symbolique de quarante avait été utilisé pour rendre compte  des grands moments de la révélation.

Il avait désigné le nombre d’années de pérégrination des  Hébreux dans le désert avant l’entrée en Terre Sainte. Quarante était aussi le nombre des jours passés par Moïse avant de descendre du Sinaï avec les Tables de la Loi.   Ne serait-il pas opportun d’utiliser ce même nombre pour marquer le temps de préparation des chrétiens avant de prendre en main la responsabilité de l’Église ? C’est sans doute  ce qui fut retenu pour donner de la cohérence aux événements qui avaient suivi la résurrection.  La date de 40 jours fut retenue pour marquer ce moment de préparation  entre la résurrection de Jésus et le début de la prise de conscience des  croyants, que la responsabilité de la suite leur incombait désormais.  Ce chiffre marquerait désormais le temps de préparation nécessaire, comme un temps intermédiaire pour que les hommes assurent le destin de la révélation de Jésus sans lui.

Il n’y avait plus qu’à attendre que le Saint Esprit donne le coup d’envoi pour que tout se mette en marche. Mais le nombre de 40 n’est pas le seul élément retenu dans cette  aventure. Il y a la présence des deux hommes en blanc (des anges ?), il y a  aussi le ciel vers lequel  Jésus s’élève pour disparaître enveloppé par la nuée.

 La nuée avait déjà servi dans les Ecritures à signaler la présence de Dieu. Elle était présente au moment où Moïse reçut la Loi. Elle servait non seulement à indiquer la présence de Dieu, mais aussi à  la dissimuler aux yeux des hommes. Elle joua le même rôle au moment de la transfiguration (Luc 9/34) en présence de deux personnages qui sont  Moïse et Élie. Dans le récit de l’ascension, ils n’ont pas de nom. Les Ecritures nous parlent aussi de deux êtres  chargés de garder  l’entrée du Jardin d’Éden ainsi que  le trône de Dieu dans le Saint des saints du Temple. Ils sont aussi présents dans le tombeau au moment de la résurrection (Luc 24/4) et attestent de la présence de la réalité divine dans l’événement.

Si le ciel absorbe Jésus et le rend invisible, c’est sur terre que la réalité divine  s’accomplira désormais. C’est  ce que leur rappellent les êtres célestes en leur indiquant  que c’est sur terre que se situe leur mission et  que  c’est là que se tiendra désormais  le Seigneur pour les accompagner.

Que  s’est-il passé en réalité ? Nul ne le sait vraiment car les mots humains ont du mal à rendre compte  d’une réalité divine. Mais Luc ne réussit pas  mal dans cette entreprise. Ce que nous découvrons ici, c’est que dans un raccourci remarquable, l’auteur de ce texte a rassemblé tous les éléments nécessaires pour dire à la fois que Jésus ne sera  plus physiquement visible, mais qu’il reste vivant au milieu des siens et que tout cela  est l’œuvre de Dieu qui mandate les croyants pour parcourir le monde afin de donner suite à la mission entreprise par Jésus. Etait-il possible de faire mieux, plus précis et plus bref ?



L’auteur a choisi  de ne pas s’étendre sur l’événement, bien qu’il en ait dit l’essentiel, car c’est ce qui va se passer par la suite qui sera déterminent pour l’Église qui est en train de se mettre en mouvement. Au lieu de  s’interroger sur la réalité de ce qui est décrit ici et de s’appesantir sur son aspect merveilleux, il est encore plus important de s’intéresser au procédé littéraire qui rend compte à la fois de la  portée théologique de l’Ascension qui est présentée comme la suite logique de la résurrection et l’annonce prophétique de la mission de l’Église. Ainsi il est dit ici que avant même que l’Église ait reçu son ordre  de mission, celui-ci était déjà formulé par Jésus comme son dernier message aux siens.