jeudi 29 novembre 2018

Luc 21/25-36 La fin des temps - dimanche 2 décembre 2018


Luc 21/25-36



La venue du Fils de l'homme

25Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et, sur la terre, une angoisse des nations qui ne sauront que faire au bruit de la mer et des flots ; 26les humains rendront l'âme de terreur dans l'attente de ce qui surviendra pour la terre habitée, car les puissances des cieux seront ébranlées. 27Alors on verra le Fils de l'homme venant sur une nuée avec beaucoup de puissance et de gloire. 28Quand cela commencera d'arriver, redressez-vous et levez la tête, parce que votre rédemption approche. 



L'approche du règne de Dieu





La venue du Fils de l'homme

25Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et, sur la terre, une angoisse des nations qui ne sauront que faire au bruit de la mer et des flots ; 26les humains rendront l'âme de terreur dans l'attente de ce qui surviendra pour la terre habitée, car les puissances des cieux seront ébranlées. 27Alors on verra le Fils de l'homme venant sur une nuée avec beaucoup de puissance et de gloire. 28Quand cela commencera d'arriver, redressez-vous et levez la tête, parce que votre rédemption approche. 



L'approche du règne de Dieu

29Il leur dit encore une parabole : Voyez le figuier et tous les arbres. 30Dès qu'ils bourgeonnent, vous savez de vous-mêmes, en regardant, que déjà l'été est proche. 31De même, vous aussi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le règne de Dieu est proche. 32Amen, je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela n'arrive. 33Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. 



La nécessité de veiller

34Prenez garde à vous-mêmes, de peur que votre cœur ne s'alourdisse dans les excès, les ivresses et les inquiétudes de la vie, et que ce jour n'arrive sur vous à l'improviste, 35comme un filet, car il viendra sur tous ceux qui habitent la surface de toute la terre. 36Restez donc éveillés et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d'échapper à tout ce qui va arriver et de vous tenir debout devant le Fils de l'homme.




L’être humain est une bien faible créature en dépit de ce qu’il croit.  Il est dépourvu de moyens de défense naturelle contre ses agresseurs. Il n’a ni ongles, ni griffes ni dents redoutables pour  se protéger de ceux qui l’attaquent. Il n’a ni poils ni plumes ni fourrure pour se prémunir contre les agressions du froid, de  la chaleur et de la pluie. En dépit des performances olympiques de ses champions,  il n’est pas un coureur assez rapide pour échapper à ses prédateurs. Il ne sait pas voler pour échapper à ses poursuivants, et ce n’est pas en nageant qu’il peut attraper des proies et s’en nourrir.



Seul dans un monde hostile, l’homme a cependant  réussi à conquérir  la planète. Il  s’est imposé à tout ce qui faisait obstacle à sa prodigieuse évolution, grâce à son intelligence et à l’habileté de ses mains. Il a laissé la trace de ses exploits dans des écrits, qui ont été lus de générations en générations  et qui ont renforcé pour ses descendants la certitude que l’homme est invincible. Hiéroglyphes, cunéiformes ou autres ont raconté ses alliances avec les dieux et ont assuré à   ses descendants qu’il avait une histoire commune avec eux . De tout temps il a cherché à s’approprier les faveurs de puissances extérieures à lui et il les a  divinisées. Les mythes les plus anciens racontent ses tentatives de devenir encore plus performant  grâce à la complicité des puissances célestes.



Mais il ne peut pas tout.  Il n’a pas réussi, malgré ses tentatives nombreuses, à séduire les puissances hostiles  qui habitent les mers et déclenchent les ouragans,  ni à éradiquer les maladies  qui détruisent des populations entières. Il y a des forces de la nature qu’il ne comprend pas et il accuse la colère des dieux de s’en prendre à lui. Même quand sa pensée à évolué au point d’abandonner le polythéisme lié aux forces de la nature pour adorer le Dieu unique créateur de tout chose,  il croit encore que les mouvements  de  la nature qui lui sont hostiles ont quelque chose à voir avec  ce Dieu.



Toute une théologie biblique a été construite sur ce mythe et le peuple d’Israël  a continué à croire pendant longtemps que les catastrophes qu’il subissait étaient liées à la colère de Dieu qui lui reprochait  son infidélité. C’est ainsi qu’on a raconté le déluge.  C’est ainsi  aussi que l’on a expliqué la prise de Samarie en  723 et la chute de Jérusalem en 586. C’est  ainsi qu’on a expliqué le retour de l’exil parce que la colère de Dieu se apaisée.



Mais une théologie trop simpliste ne satisfait plus les penseurs.  Les penseurs  bibliques pour approfondir les choses  se sont écartés des chemins de la facilité. Ils ont cherché à donner une image de Dieu plus appropriée à la situation.  Les Ecritures ont laissé entendre  qu'un  Messie  devait venir. On s'est alors plu à espérer  à l'aube du premier siècle en la venue d'un roi céleste. En attendant les légions romaines qui occupaient le pays imposaient une loi implacable et contraire au monothéisme que pratiquaient fidèlement les Hébreux.  Qui avait armé le bras romain pour dominer la terre ?





C'est alors, que  rempli de ces réflexions,   Luc, l’écrivain de l’Évangile a repris les propos de Jésus et a raconté ses exploits  pour les transmettre, aux générations suivantes. L'actualité politique apportait des éléments à ses propos. En effet, la guerre des juifs qui avait suivi la mort de Jésus avait accrédité l'image de l'abomination de la désolation. La Ville Sainte  avait été détruite ainsi que son temple.  La question  devenait  cuisante pour tous : qui pouvait bien se cacher derrière une telle force  qui semblait  laisser croire que Dieu était vaincu dans son propre camp ? La question reste pertinente  aujourd’hui, et la comparaison avec l’actualité est toujours possible.



Dans ce contexte nous reprenons les propos de Jésus. Son discours semble  donner raison  aux thèses  catastrophiques selon lesquelles un fatalisme règne sur le monde qui entraînera sa destruction et la venue d’un Royaume  de paix, mais nous trouvons que ce temps d’attente est bien long. Faut-il voir les choses autrement ?



L’idée de la colère de Dieu est abandonnée par Jésus. Il le laisse en dehors du coup. En effet,  on comprendrait mal l’idée que Dieu  consente à tant de souffrances pour  provoquer une fin du monde  qui n’arrive toujours pas, car après  l’épisode évoqué ici, l’histoire du monde va continuer et je ne donne pas la liste des horreurs  qui se sont déroulées sur notre planète depuis 2 000 ans et dans lesquelles l’Église n’a pas toujours joué un joli rôle.



S’appuyant sur  les événements présents  et passés,  évoquant un avenir proche ou lointain, Jésus n’hésite pas à répondre aux inquiétudes des hommes et même à les amplifier. Il en rajoute même une couche  envisageant même que la planète n’y résistera pas.  Trop, c’est trop.  En fait  Jésus veut nous entraîner ailleurs, sur une autre voie car sa pensée ne relève pas de cette logique.



Curieusement, il ne fait aucune allusion à Dieu, Je l’ai déjà dit, qui ne semble pas directement impliqué dans cette affaire. Face à  ces moments difficiles qu’il évoque, face à la réalité terrifiante que vivent les peuples menacés, Jésus nous recommande seulement  de veiller et prier. Mais prier, nous le faisons bien et ça ne semble pas marcher. Prions-nous comme il le souhaite ? Il n’empêche  que c’est dans cette action  qu’il faut concentrer notre intelligence et exercer notre  sagesse.



Par ces  deux  recommandations   il fait appel à l’esprit inventif de l’homme,  celui de veiller. Il fait aussi appel à sa foi :  prier. Il nous rappelle ainsi que la prière n’a pas pour objet l’attente  passive d’une  délivrance  de la part de Dieu et qu'il ne s'agit pas de voir évoluer la terre sans rien faire. Notre prière doit être une supplique faite à Dieu  pour que son esprit nous visite  et que sous son action, nous mettions en œuvre notre intelligence.



C’est Dieu qui par sa sagesse éclaire notre pensée et nous aide ainsi à inventer des solutions car il n’y a pas de solutions toutes faites pour résoudre  des problèmes qui ne sont pas encore posés. Dieu fait confiance aux humains pour qu’ils inventent eux-mêmes les bonnes solutions. C’est en nous rendant inventifs que Dieu répond à nos prières.  Ainsi en nous poussant à une action réfléchie,  Dieu agit-il sans se substituer  à nous.




Éclairés par l’Évangile  qui est au cœur de notre foi, nous pouvons déjouer les mauvais instincts qui habitent les hommes tels l'égoïsme et l'esprit de domination.  Dans ce type de situation j’espère en Dieu pour qu’il nous aide à devenir  de bons veilleurs  et  pour stimuler  ceux qui agissent dans ce monde  afin qu'ils soient  être des hommes de foi.

mardi 20 novembre 2018

Jean 18/33-38 Qu'es-ce que la vérité? dimanche 25 novembre 2018




Jean 18/33-38



33 Alors Pilate rentra dans le prétoire, et ayant fait venir Jésus, il lui dit: Es-tu le roi des Juifs?

34 Jésus répondit: Dis-tu cela de ton propre mouvement, ou d'autres te l'ont-ils dit de moi?

35 Pilate lui répondit: Suis-je Juif, moi? Ta nation et les principaux sacrificateurs t'ont livré à moi; qu'as-tu fait?

36 Jésus répondit: Mon royaume n'est pas de ce monde; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs combattraient, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs; mais maintenant mon royaume n'est pas d'ici-bas.

37 Alors Pilate lui dit: Tu es donc roi? Jésus répondit: Tu le dis; je suis roi, je suis né pour cela, et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix.

38 Pilate lui dit: Qu'est-ce que la vérité? Et quand il eut dit cela, il sortit de nouveau vers les Juifs, et leur dit: Je ne trouve aucun crime en lui.




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Qu’est-ce que la vérité demande Pilate ? Cette question ne demande pas forcément une réponse, car pour lui la vérité c’est l’obéissance aveugle à l’autorité romaine. S’il pose la question ainsi c’est que malgré tout il pense qu’il peut y avoir une autre réponse moins radicale. Quoi qu’il en soit, même s’il ne sait pas vraiment ce que recouvre cette notion de Vérité, c’est quand même au nom de cette vérité qu’il gouverne cette province sans scrupule. C’est en son nom qu’il  fait tomber les têtes qui le dérangent,  et que Jésus sera crucifié.

Depuis des millénaires, on ne sait toujours pas au nom de quelle vérité le monde est géré. On vient de commémorer, il y a quelques semaines une guerre qui fut livrée, gagnée ou perdue, suivant le camp où se trouvaient engagés nos grands-parents, au nom d’une vérité pour laquelle on a envoyé des hommes à la mort. On ne savait pas  vraiment ce qu’elle représentait  puisque suivant le camp auquel on appartenait elle se formulait en termes différents.

Si nous nous interrogeons nous-mêmes pour savoir comment nous nous situons, nous serons sans doute obligés de constater que nous adhérons bien souvent à des vérités, toutes relatives, généralement provisoires et pas toujours fondées.  Pourtant elles déterminent nos actions et elles cautionnent  nos attitudes, comme si elles étaient des absolus incontournables. Nous cherchons à en en attribuer l’origine à Dieu  et nous engageons souvent toute notre vie  à en défendre les principes.  Pourtant, d’autres s’appuient sur d’autres principes que les nôtres pour défendre une autre vérité  qui recouvrent les mêmes absolus.

Mais le Dieu au nom duquel nous fondons une telle vérité, qui est-il ?  Quelle est cette vérité que nous défendons en son nom au point de mettre notre vie et aussi celle des autres en cause ? Les Ecritures  présentent  Dieu sous des aspects différents qui ont parfois du mal à s’accorder entre eux si bien que  nos confessions de foi rendent des sons discordants à son sujet. Nous avons l’habitude de le présenter comme omniscient, tout puissant, créateur de toute chose. Quelles preuves en avons-nous car nous voyons rarement se manifester les effets de ces affirmations concernant Dieu.

 Pour affirmer de telles vertus nous ne pouvons-nous appuyer que sur notre foi. Or, sans preuve il est difficile d’en affirmer la vérité, pourtant c’est en son nom que nous jugeons la vie des autres. Cependant les Ecritures cachent aussi Dieu derrière d’autres affirmations, qui sont parfois en contradiction avec celles que l’on vient de dire et qui ne sont pas plus démontrables. Il s’agit de son amour pour nous et de son intérêt constant pour l’humanité et nous  nous en  faisons les défenseurs. Au nom de cette vérité  nous affirmons, sans pouvoir le prouver,  que  c’est lui qui met sa réalité divine en cause pour amener les hommes à la vraie vie. La  notion de vérité forme alors un couple curieux avec la notion d’amour pour présenter l’absolu de Dieu. Le psaume 85 avait déjà abordé cet aspect des choses : « La bienveillance et la paix se rencontrent, » y est-il dit,  « la justice et la paix s’embrassent, la bienveillance et la vérité se rencontrent. »

Même quand on s’appuie sur Dieu, on se rend compte que l’on a de la peine à donner une définition cohérente de la vérité. Qui osera dire qu’il en  sait suffisamment sur Dieu pour apporter un témoignage clair et cohérent. Comme nous  ne  sommes pas capables par nous- mêmes de faire fonctionner correctement ce couple Amour-Vérité,  nous nous contentons alors d’une vérité toute  relative pour approcher la vérité  absolue de Dieu.  Et si nous parlons de vérité relative autant parler de fausse vérité ou même de mensonge,  comme nous allons le voir,  car pour dire la vérité, nous cherchons continuellement à l’adapter à notre situation du moment.

Si nous parlons de vérité, même de vérité sur Dieu, telle que les Eglises de la Réforme prétendent la définir, elle s’opposera forcément à une autre vérité qui est celle de l’Eglise catholique  qui cherche le même but. Cette prétendue vérité des Réformateurs, c’est celle aussi qui a  mené à la mort Michel Servet, c’est également elle qui a mis en cause les anabaptistes et les a exilé hors d’Allemagne, c’est elle qui a conduit au bûcher les sorcières de Salem, c’est elle qui impose aux autres un visage de Dieu déformé par le bon droit des uns, les prétentions des autres, la clairvoyance des plus sages et la cupidité des masses. Mais cette vérité, aussi noble soit-elle ne saurait prétendre à l’absolu car elle ne repose que sur l’approche humaine de la réalité. Elle n’est pas vérité de Dieu.

Au couple Vérité-Amour qui caractérise Dieu nous voyons s’opposer un autre couple celui de Vérité-Mensonge que l’on vient d’aborder. Un fossé nous sépare donc de Dieu en la matière et nous sommes toujours tentés de ne pas savoir en apprécier la profondeur. Pour mieux résister  nous banalisons la vérité au point d’en faire un simple élément de rhétorique et nous nous laissons aller à des lieux communs pour mieux masquer le problème : «  la Vérité sort du puits, disons-nous ou elle sort de la bouche des enfants. Les plus savants disent « in vono veritas » On la prétend insaisissable telle une anguille  dans l’eau vive. On rajoute que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Guy Béart a mieux cerné le problème quand il a dit : « le poète a dit la vérité, il sera exécuté ».

Ne maîtrisant pas la situation, le gouverneur Ponce Pilate s’est fait apporter une cuvette d’eau, selon l’Evangile de Matthieu, pour mieux noyer la vérité et laisser exécuter Jésus sans trop mauvaise conscience.

Les accusateurs de Jésus se cachent alors derrière le mensonge pour dissimuler la vérité, ils disent que c’est lui qui  s’est proclamé roi et qu’ils n’ont que César pour roi. Les menteurs! Ils détestent César et nourrissent une haine implacable contre lui. Ils mentent pour donner des  arguments à leur vérité. La prétention de Jésus à être roi ne les intéresse pas mais leur donne un argument contre Pilate et une raison de tuer Jésus, c’est ainsi que leur fausse vérité s’associe au mensonge  et devient porteuse  de mort. Quant à Pilate qui reconnait n’avoir aucun  argument pour envoyer Jésus à la mort, il le condamne quand même et il ment lui aussi pour complaire à ses accusateurs - Mensonge encore.

Il n’y a que l’amour qui permette de ne pas trahir la vérité par le mensonge. Car l’amour pour autrui  est le seul moyen pour ne pas trahir les hommes au nom d’une vérité quelle qu’elle soit. Une telle attitude nous  amènera  à découvrir comment, par l’amour que l’on porte  à autrui,  Dieu peut habiter le monde. Nous devons garder en mémoire que dans le monde des mortels où nous sommes, il n’y a aucune vérité absolue, pas même sur Dieu. Nous pouvons l’approcher  cependant  en nous appuyant sur Jésus Christ qui par amour nous apprend à toujours aller plus loin, car il ne peut y avoir de vérité sans amour. Il ne peut y voir de vérité absolue sans amour absolu !  Sans amour nous n’aurons aucune prise sur la vérité.  Quant à Dieu lui-même, il attend que nous l’ayons rejoint de l’autre côté pour nous révéler la Vérité  absolue dans sa réalité.

mardi 13 novembre 2018

Marc 13/24-32 La fin des temps - dimanche 18 novembre 2018





Je reprends à peu de modifications près le sermon que j'avais proposé à la même date en 2012. J'attire cependant votre attention sur l'actualité catastrophique de la situation en Californie.

24  Mais en ces jours-là, après cette détresse-là,

le soleil s'obscurcira,

la lune ne donnera plus sa clarté,

25 les étoiles tomberont du ciel,

et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées.

26 Alors on verra le Fils de l'homme venant sur les nuées avec beaucoup de puissance, avec gloire. 27 Alors il enverra les anges et rassemblera des quatre vents, de l'extrémité de la terre jusqu'à l'extrémité du ciel, ceux qu'il a choisis. 

28 Laissez-vous instruire par la parabole tirée du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l'été est proche. 29 De même, vous aussi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez qu'il est proche, aux portes.

30 Amen, je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela n'arrive. 31 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas.

Dieu seul connaît le moment de la fin

32 Pour ce qui est du jour ou de l'heure, personne ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais le Père seul.



Jésus avait-il la même conception que nous de la fin des temps ? Voyait-il le déroulement de l’histoire de la même manière que ses contemporains?

- Sans doute pas.  Nous allons nous aventurer ce matin sur un terrain glissant dont les sectes se sont emparées : celui du grand jour final.  Discrètement nos  églises, leur ont laissé la place. Pourtant, de temps en temps il est bon que l’on fasse le point sur la question. En fait, qu’en est-il de cette question? 

Notre vision des choses finales est faite de craintes et d’inquiétudes  car nous avons pris l’habitude de croire que le monde courrait vers  une fin catastrophique. A force de l’imaginer et de le croire  nous avons fini par  être persuadés  que telle était la vision de Jésus lui-même. Pour nous conforter dans cette idée là, nous avons fini par sélectionner dans l’Ecriture les textes qui confortaient l’hypothèse d’une fin violente et nous avons ignoré les autres. Or dans ce passage l’Evangile utilise plusieurs interprétations qui ont été plus ou moins volontairement  entremêlées par les auteurs, même si elles sont   en contradiction les unes avec les autres.

L’auteur de l’Evangile emprunte d’abord une vision à Esaïe qui décrit des événements cosmiques inquiétants : « la lune s’obscurcira, les étoiles tomberont... » puis il cite le prophète Daniel disant qu’alors viendra le fils de l’homme. Ensuite l’auteur raconte comment en bon observateur des choses le croyant  peut repérer la venue du Fils de l’homme seulement en regardant les rameaux verdir au printemps.

A la fin du récit, l’auteur prête à Jésus des propos plus inquiétants en suggérant  une fin tragique pour le monde  avant  la fin de cette  génération. Vu le mélange des genres rassemblés ici en quelques lignes, on peut se demander si Jésus pense à une fin tragique du monde  ou s’il suggère  que le mode est en train d’accomplir calmement son destin ?  Vous avez déjà compris, que je ne vais pas trancher sans avoir vraiment compris de quoi Jésus parle. Il dit encore que nul ne connaît ni le jour ni l’heure, pas même le Fils, c’est-à-dire qu’il n’y a pas urgence à s’inquiéter.  Cette question ne nous concerne donc pas  directement et nous n’avons donc pas à nous la poser.

Mais alors de quoi est-il question quand  l’Evangéliste Marc  emprunte à Esaïe cette histoire d’étoiles qui tombent ou de ciel qui s’obscurcit, et pourquoi dit-il encore que c’est aussi évident que la venue du printemps ? En fait il ne parle pas de la fin des temps ou de la fin du monde, mais de la venue du Fils de l’homme, et c’est nous qui avons mêlé les deux événements. C’est nous qui dans notre logique avons fait du retour du Christ la condition nécessaire pour que se produise la fin des temps.

Les théologiens, contemporains de Jésus nous ont maintenus dans cette confusion. En effet certains textes bibliques mêlent la bonne nouvelle de la résurrection et l’attente du Messie. Les deux événements se confondaient dans leur esprit. Pour la pensée juive, le Messie devait  arriver à la fin des temps, et nous avons fait entrer cette conviction dans notre propre manière de penser en disant simplement que  le retour du Christ dans la pensée Chrétienne correspondait  à la venue du Messie pour les juifs.  Mais était-ce la bonne manière de voir les choses ?

C’était un peu simpliste. En effet si la foi chrétienne affirme que le Christ sera présent à la fin des temps, elle affirme aussi, et c’est l’essentiel de notre foi  que depuis la Pentecôte, le Christ ne cesse pas d’être présent parmi nous. A partir de cet événement, il est dans l’état d’un perpétuel retour.

Ainsi Jésus ne répond pas dans ces textes à la question qui nous hante: Comment  tout cela va-t-il finir,  mais il  nous interroge pour savoir comment nous percevons sa présence dans le monde, et il nous donne des points de repère.

Reprenant les grandes prophéties d’Esaïe, il fait allusion à des événements catastrophiques comme nous pouvons déjà en avoir déjà vécus, ou comme nous pouvons en avoir eu des témoignages et il nous interpelle au niveau de notre foi : « Savez-vous discerner la présence du Christ »  nous dit-il à partir de la prophétie sur les étoiles qui palissent et sur le ciel qui s’obscurcit « quand des catastrophes incompréhensibles s’abattent sur le monde et font des milliers de victimes ?

 Même dans ces conditions, nous dit Jésus,  même dans les moments les plus obscures, le Christ reste présent pour rassembler et soutenir ceux qui croient en lui. Il nous exhorte alors au milieu des catastrophes pour nous rappeler que quand les violences sont déchaînées, quand les atrocités voilent pour un temps la vision du Christ et quand les cris d’horreur couvrent sa voix, le Fils de l’homme c’est à dire Jésus Christ n’en reste pas moins maître de notre situation.  Si des événements contraires sèment la terreur et la mort sur leur passage le Christ continue à maintenir ouvertes les portes de son Royaume pour ceux qui brutalement cessent de vivre.  Même quand  la mort semble victorieuse, le Christ  se présente toujours comme le vainqueur de la mort. Jésus n’a jamais caché que notre vie n’était pas seulement de ce monde.

 Il nous a habitués à croire que nous étions promis à la résurrection et il ne veut pas que nous perdions cette assurance quand la folie des hommes ou des éléments s’empare pour un temps de l’histoire.  Dieu laisse les hommes conduire l’histoire du monde, c’est pourquoi il parait parfois absent, mais il continue silencieusement à inspirer, conduire et diriger ceux qui se confient en lui. Seuls les croyants ont alors le privilège de le reconnaître et de l’entendre, et c’est parce qu’ils l’entendent qu’ils ne cessent d’espérer.

Ne croyez pas que je prenne la voie de la facilité pour dire cela. J’exprime ici mes convictions les plus profondes qui me poussent à croire que dans les événements les plus destructeurs, le Christ reste maître de la situation, même si on ne le voit pas.

Mais les événements ne sont pas toujours violents, la vie s’écoule bien souvent d’une manière plus paisible. Les jours succèdent aux jours et on va de Noël à Pâques sans heurt et sans histoire, si bien que dans ces situations là aussi, on est amené à se poser la même question que précédemment : « Le Christ est-il visible parmi nous? »

Or il ne semble pas à première vue qu’il soit vraiment encore présent?

Les messages issus des milieux religieux ne présentent rien de pertinent et ne répondent pas  aux inquiétudes des peuples en quête d’interventions divines significatives. Malgré le calme apparent, des bruits de guerres se font plus précis et inquiètent,  les humains qui se demandent où va le monde. 

Pourtant la présence bienveillante de Dieu est visible à l’œil  nu prophétise Jésus. Il est visible dans tous les gestes d’amour, dans les gestes de tendresse naïve ou maladroite, dans cette poignée de main donnée qui réconforte l’homme abandonné, ou dans ce regard amical adressé au condamné qui se désespère. Il est visible dans ce baiser que l’on vous donne et que l’on n’attend pas, dans ce sourire qu’un inconnu vous adresse au moment où le courage vous quitte. Il est dans ces relations de tous les jours qui mettent du soleil dans la vie. Toutes  ces choses  peuvent être mièvres ou à peine perceptibles, elles n’en sont pas moins des signes discrets par lesquels le Christ  est bien de retour parmi nous et qu’il nous réconforte.  Il nous faut apprendre ainsi à discerner dans le quotidien tous les petits miracles qui frémissent de  la présence du Christ.

Nous devons retenir de ce message de Jésus aux siens pour qui  sa présence effective au monde ne se voit pas forcément. Il faut que chacun apprenne à porter sur les êtres qui l’entourent ce même regard que Jésus porte sur eux afin que ceux qui doutent et qui désespèrent puisse discerner la présence de Dieu et de son Christ dans le monde.  Sa présence ainsi repérée chaque jour nous entraîne doucement avec lui jusqu’au jour du grand face à face qui sera le premier d’une nouvelle série, mais nul n’en sait ni le jour ni l’heure.