mercredi 26 février 2020

Matthieu 4/1-11 la tentation, dimanche 1 mars 2020


Tentation de Jésus-Christ Matthieu 4:1-11



1 Alors Jésus fut emmené par l'Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable. 2 Il jeûna quarante jours et quarante nuits, puis il eut faim. 3 Le tentateur s'approcha et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. 4 Jésus répondit : Il est écrit : L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.


5 Le diable le transporta dans la ville sainte, le plaça sur le haut du temple 6 et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet ; Et ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
7 Jésus lui dit : D'autre part il est écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu
8 Le diable le transporta encore sur une montagne très haute, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, 9 et lui dit : Je te donnerai tout cela, si tu te prosternes et m'adores. 10 Jésus lui dit : Retire-toi Satan ! Car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et à lui seul, tu rendras un culte.


11 Alors le diable le laissa. Et voici que des anges s'approchèrent de Jésus pour le servir.





Jésus n’a pas échappé à la tentation. Il a été tenté et le tentateur n’a pas eu le dessus sur lui. 



Si Jésus n’a pas trébuché quand le mal s’en est pris à lui, il est certain qu’il sera d’un profond secours pour nous, quand nous subirons les effets de la tentation. Et la tentation nous guette continuellement.



Présenté comme il l’est, le texte nous entraîne à imaginer je ne sais quel combat héroïque digne d’une grande production Hollywood où Le Fils de Dieu combattrait physiquement le démon un peu à l'image de "Super Man". Une telle description correspond au style de l’époque. Il nous faut la dépasser si l’on veut comprendre quelque chose.



En fait ce texte n’a pas été écrit pour parler à notre imagination. C’est à notre raison qu’il s’adresse. Il rassemble en un seul récit héroïque  toutes les fois que Jésus a été enté dans sa vie. Il nous interpelle au niveau de notre foi. Il nous invite à considérer notre vie en tenant compte de toutes les situations où nous sommes tentés nous-mêmes. Il nous est dit que Jésus a supporté lui aussi les mêmes épreuves, si bien qu’il est particulièrement apte à nous aider. Les épreuves qui nous attendent sont de trois natures.

- Elles concernent en premier lieu nos soucis matériels, car nous aimerions que Dieu fasse tourner la chance en notre faveur.

- Elles nous provoquent en deuxième point dans notre relation à Dieu. Nous

aimerions qu’il nous distingue d’une manière ou d’une autre à cause de notre foi et qu’il nous réserve un sort particulier grâce à elle.

- Elles nous interpellent ensuite dans nos désirs de pouvoir, parce que nous sommes nous aussi des êtres de pouvoir.



Même si le décor s’y prête, nous n’assistons pas ici à un combat de Titan que Jésus mènerait contre le prince des démons. Dans un décor digne d’un grand péplum nous voyons Jésus confronté aux mêmes difficultés que celles que nous rencontrons dans la vie. C’est la manière que l’auteur de l’Evangile a choisi pour nous dire que Jésus nous soutiendrait fidèlement dans toutes les tentations puisque lui aussi les a subies avant nous. Il nous indique aussi comment reconnaître la volonté de Dieu dans les choix ou les provocations que la vie nous propose.



Ce  qui est important ici, c’est la manière dont Jésus affronte cette tentation et c'est ce qui l’accrédite comme Fils de l’homme. C’est à ce titre qu’il peut se présenter comme un partenaire efficace que Dieu place sur notre chemin pour nous aider à surmonter nos épreuves et à nous tenir devant Dieu debout comme des êtres responsables.



L’homme Jésus est tenté comme n’importe lequel d’entre nous, dans ses besoins et dans ses désirs. La première tentation relève de ses besoins matériels. Il a faim. il a besoin de pain : « Ordonne que ces pierres deviennent du pain » recommande le tentateur. Jésus est alors tenté d’agir comme si la faim pouvait justifier les moyens. Il est tenté de succomber à la fatalité de la nécessité et de s’approprier le pain dont il a besoin sans se soucier du fait que l’on n’acquiert pas ce dont on a besoin, sans respecter certaines règles qui pourraient nous amener à faire un chantage à Dieu au nom de notre raison humaine.



Ainsi nous glissons doucement de la tentation de Jésus à la nôtre. Nous voilà renvoyés à notre situation de consommateurs. On ne consomme pas à n’importe quel prix, même quand on peut payer, car tout doit se faire en référence à Dieu. C’est ce que dit Jésus dans sa réponse au diable quand il dit qu’il faut chercher en Dieu seul la cause de notre action. : « L’homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Cela veut dire que la plus modeste de nos actions ne peut se faire sans qu’on ait pris le temps de consulter Dieu.



C’est Dieu qui valorise les choses. Et il y a des choses qui devant Dieu prennent un tout autre prix. Il parait que le pain du pauvre fait partie de ces choses-là. Le pain que nous croyons manger légitimement aujourd’hui a parfois le goût amer des choses qui ont trop de prix ou qui ont n’ont pas de prix, au point que l’on a l’impression d’être coupable quand on en consomme. A quoi cela nous servirait-il de consommer si cela nous pousse à nous écarter de Dieu et à nous écarter des hommes ? C’est toute la société de consommation qui se trouve mise en cause.



La seconde tentation, consisterait pour Jésus à demander le secours des anges, si d’aventure il avait l’audace de sauter du haut du toit du Temple.  Cela consisterait à mettre Dieu au service de notre irresponsabilité sous couvert de la foi. C’est comme si je traversais la rue sans regarder, en pensant que Dieu me protège. Forts du principe selon lequel le salut ne nous est donné que par la grâce et par la grâce seule, nous nous permettons de vivre dans un univers dont nous chassons Dieu. Au nom du principe que je viens d’évoquer, nous espérons qu’il sauvera tous les hommes au dernier jour sans tenir compte de leur péché.





Il y a encore une troisième tentation à laquelle nous pensons le plus facilement échapper, c’est celle du pouvoir et de l’abus du pouvoir. Bien peu parmi nous en effet cherchent  à faire partie des élites et à dominer les autres. Mais est-il vrai que nous soyons si désintéressés par le pouvoir que nous confère par exemple, l’argent et que cela ne nous fascine pas? Quelle liberté avons-nous par rapport à l’argent et au pouvoir de consommer qu’il nous donne? Mettons-nous ce que nous gagnons ou ce que nous possédons à la disposition de la gloire de Dieu, ou commençons-nous plutôt à le mettre à notre disposition en profitant de ce qu’on appelle le pouvoir d’achat ?



Le pouvoir d’achat, c’est le pouvoir qui nous permet de consommer, c’est le pouvoir que nous donne l’argent ! C’était déjà le sujet de la première tentation et c’est ce qui nous permet de croire en consommant, que Dieu justifie notre bon droit et nous donne bonne conscience, c’était aussi la deuxième tentation.



Ces trois formes de tentations se rejoignent car elles consistent toutes les trois à satisfaire notre égo et à le mettre en valeur. La tentation suprême sera donc de croire que Dieu y trouve son compte, parce que nous nous permettons au nom de notre pouvoir d’achat de faire des générosités pour lesquels nous croyons que nous sommes capables d’échapper à l’égoïsme que l’on reproche aux autres de manifester. Que faut-il faire alors ? S’enfermer dans un monastère et vivre de pauvreté et de prière. Nous savons que cela n’a servi à rien à Luther. Il avait besoin d’air pour respirer c’est pourquoi, il a senti le besoin d’affronter les tentations de la vie pour pouvoir exister.



Dieu ne se satisfait pas de nos attitudes auto-culpabilisantes qui consistent, sous prétexte de lui plaire, à toujours nous abaisser et à ne jamais nous valoriser ! Ce serait là encore une nouvelle tentation, celle de croire que nous pourrions plaire à Dieu en nous sacrifiant nous-mêmes au mépris de nos valeurs personnelles dont Dieu a besoin pour mettre en valeur sa création. Il est faux de croire que Dieu nous demande de toujours nous rabaisser, de renoncer à tout pouvoir et de ne pas profiter de l’argent que nous gagnons.



Il a mis en nous assez de sagesse pour que nous sachions discerner où est la vérité qui nous concerne. Rien ne peut se faire sans que nous l’ayons respectueusement consulté. C’est à son contact que nous apprenons à distinguer le bien du mal et que nous agissons en courant le risque de nous tromper. La pire des tentations serait de croire que nous ne sommes pas des êtres de discernement, que nous sommes incapables de faire la part des choses et de distinguer le bien du mal. Cela est possible, mais à une seule condition : la présence constante de Dieu dans notre vie. Notre vie ne peut être en harmonie avec lui que si nous prenons le temps de mener sagement notre existence et de prendre nos décisions sous son regard. C’est là tout un art qui consiste à vivre selon l’Evangile. Il a fallu 3 ans à Jésus pour l’enseigner aux hommes, combien faudra-t-il à chacun d’eux pour le comprendre ?

Matthieu 5/38-48 Aimez vos ennemis dimanche 23 février 2020


Matthieu 5/38-48

38 Vous avez entendu qu'il a été dit : Oeil pour œil, et dent pour dent.
39 Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre. 40 Si quelqu'un veut te traîner en justice, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. 41 Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui. 42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi.

 
43 Vous avez entendu qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. 44 Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, [bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent], et priez pour ceux [qui vous maltraitent et] qui vous persécutent. 45 Alors vous serez fils de votre Père qui est dans les cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. 46 En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les péagers aussi n'en font-ils pas autant ? 47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens aussi, eux-mêmes, n'en font-ils pas autant ? 48 Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.



En dépit de la loi d'amour que nous connaissons trop bien et que nous n'appliquons que très mal, l’Evangile contiendrait-il aussi une série de préceptes plus rigides, plus sévères même que les préceptes de la loi de Moïse décriés ailleurs par Jésus  qui en d’autre temps a fait de l’amour le point central de son enseignement? Mais tous ces préceptes qui relèvent de la morale n’ont sans aucun doute aucun sens si on n’a pas intégré la pensée profonde de Jésus qui relève non de la loi mais de  la foi. Ici il durcit la Loi, pour mieux la dépasser  pour nous inviter à entrer dans la foi


C’est la foi qui nous permet de comprendre ce que Jésus veut signifier ici, car c’est par la foi seulement que nous pouvons vivre en harmonie avec Dieu. Le Dieu auquel Jésus nous demande de nous rallier, n’est pas un Dieu redoutable qu’il nous faudrait craindre. Il n’est pas l’auteur des maux qui nous accablent, comme pour nous faire expier nos péchés. Si Jésus en rajoute, c'est pour affirmer que par la foi,  le regard que l'on porte sur la loi  devrait  prend une tonalité  entièrement différente. Par la foi, nous croyons qu’il est le compagnon fidèle et discret de notre vie au quotidien et nous croyons qu’il est capable de redonner au dernier jour une force de vie extraordinaire à notre corps trop fatigué pour vivre encore.


Si nous croyons cela c’est que Dieu s’est révélé comme une réalité qui donne priorité en tout temps à l'amour pour les autres dans la personne de Jésus Christ. Nous découvrons en lui un amour tellement grand, tellement désintéressé, tellement impensable que rien ne peut  exprimer en termes cohérents la réalité qu'il représente. Jésus nous a enseigné à voir Dieu de cette façon, de telle sorte que nous devrions éprouver un bonheur immense à être en relation avec lui. C’est pour cela que nous devrions par amour pour Dieu faire joyeusement des choses désintéressées en faveur des autres, voire même impensables  pour ceux au milieu desquels nous nous trouvons. Nous allons bien au-delà des exigences de la loi, quand c'est par amour que  nous agissons en faveur des autres.  L’amour qui est en Dieu devrait tout naturellement envahir notre personne et se manifester  de telle sorte que chacun de nos gestes devrait en être le reflet. Ainsi au lieu de nous choquer les préceptes de ce passage de l’évangile devraient nous paraître tout naturels.


Or, il est peu vraisemblable, dans les temps actuels, de réussir à mettre tout cela en pratique, car le monde où nous sommes nous entraîne à avoir d’autres comportements, c’est pourquoi, nous nous inquiétons. Nous sommes inquiets parce que nous sommes habités par le doute et les soucis de ce monde. Nous sommes inquiets parce que nous voudrions qu'il n'y ait pas distorsion entre ce que nous aimerions faire et  ce que la société contemporaine nous invite à faire. Nous vivons dans un monde où le regard de l’autre est perçu comme une mise en cause continuelle de nous-mêmes.


Nous n’aimons pas être différents des autres, nous n’aimons pas que nos attitudes soient interprétées comme des gestes provocants. Au fond de nous-mêmes, nous restons profondément attachés aux comportements de ce monde qui nous pousse à donner priorité à nos intérêts personnels au lieu de donner priorité aux intérêts de ceux qui sont moins favorisés que nous. Pourtant Jésus nous invite à vivre en sa compagnie, comme  s'il était vivant en nous  et  qu'il nous invitait en même temps à faire taire notre raison, car Dieu parle à notre cœur et non à notre raison.


Les comportements dictés par l’amour ne sont pas l’effet d’une loi mais ils sont l’effet d’un sentiment qui est d’autant plus sensible que c’est par lui que Dieu agit en nous. En intégrant l’amour de Dieu dans nos comportements quotidiens, nous agissons conformément à sa volonté. C'est ainsi, qu'au regard de Jésus nous devenons  des humains normaux !


C’est quand cela ne se passe pas ou se passe mal que nous sommes anormaux. Il n’y a rien de surprenant à cela nous dit Jésus. Quand nous agissons conformément à ses préceptes, nous ne faisons rien de remarquable nous nous comportons seulement comme des hommes et des femmes ordinaires. C’est en effet comme cela, nous est-il dit dans les Ecritures, qu’au commencement, Dieu a voulu que nous nous comportions, puisqu’il a souhaité que nous que nous soyons conformes à son image. En nous laissant guider seulement par l’amour, nous devenons les vis à vis de Dieu, tels que cela a été prévu au premier jour.


Nous ne pouvons donc être réellement humains que si Dieu nous rend humains, et nous ne le devenons vraiment que le jour où nous réalisons que c’est lui qui provoque en nous les sentiments altruistes que nous éprouvons et qui les transforme en gestes d’amour.


Nous n’avons donc pas à être fatalistes dans notre vision du monde en disant que le Royaume de Dieu se réalisera quand Dieu le voudra, et que cela se fera comme il le voudra. L’avenir heureux de l’humanité ne se fera pas quand Dieu le voudra mais quand les hommes y mettront du leur. C’est alors que nous accepterons de faire avancer les choses par l’amour que nous mettrons dans nos comportements. Il en ira ainsi pour toutes les questions qui concernent l’évolution harmonieuse de nos sociétés et du monde


Nous deviendrons alors la lumière du monde, non pas une lumière aveuglante et étincelante dont nos rues sont remplies à la nuit tombées, non pas cette lumière crue, accompagnée de musique trop forte  qui se reflète dans des boules qui tournent comme dans les boîtes de nuit, mais une lumière diffuse qui atténue les contours et donne un joli teint aux visages. Chacun de nous est appelé à être individuellement une lumière de telle sorte que ce sera l’ensemble de nos luminosités qui mises à côté les unes des autres donneront du sens au monde. Ce n’est donc pas par des actes spectaculaires, bouleversants, visibles par tous, que nous répondrons à notre vocation, mais c’est en étant nous-mêmes travaillés de l’intérieur par notre Dieu et inspirés par lui.


Si, nous trouvons que nos gestes guidés par l’amour des autres sont irrationnels et que ceux-ci ne font pas de nous des êtres capables d’opérer des miracles qui révèlerait la puissance de Dieu, ne nous alarmons pas car c'est  ainsi que Dieu attend que nous nous comportions. Il veut simplement que les hommes voient à travers nos actions et nos gestes l’esquisse des projets que Dieu a pour le monde. 


Tout au long de l'Ecriture, nous avons rencontré un Dieu qui cherche les hommes et qui s’adaptent à eux. Malgré ses imperfections, il essaye de faire entrer l’humanité dans ses projets. Il n’hésite pas à se mettre lui-même en cause pour atteindre notre cœur d’hommes. C'est ainsi qu'il se repentit d’avoir voulu détruire la terre au moment du déluge et il nous est raconté comment il entreprit de sauver Noé.


Il n’hésita pas à faire confiance à toute une série d’hommes peu fiables tels que Jacob et David pour que s’accomplissent par des hommes ordinaires les mystères de sa révélation. Et quand il vint partager la vie des hommes en Jésus Christ, il lui associa 12 compagnons, qui tous le trahirent. Pourtant, jamais il ne s’en est plaint, jamais il ne les a rejetés et  c’est avec eux qu’il jettera les première bases de son Eglise qui faute de pouvoir être unique deviendra plurielle.



C’est elle qu’il chargera d’agir de telle sorte que le monde croit et découvre à travers elles les dimensions du salut que Dieu a prévu pour le monde, car le monde ne demande qu’à changer pour peu qu’il se sache aimé. Et il ne se sentira aimé que si nous savons y mettons du nôtre. Tout évoluera dans le bon sens si, en imitant Dieu, nous répondons à sa confiance par la fidélité.

Nous entrons alors dans ce courant d'amour qui est la force de vie que Dieu a mis en œuvre pour gérer le monde et en agissant ainsi nous rejoindrons Dieu dans sa perfection

lundi 10 février 2020

Matthieu 5/17-37 dimanche 16 février 2020 reprise du 13 février 2011



Matthieu 5 :17-37

17 Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. 18 En vérité je vous le dis, jusqu'à ce que le ciel et la terre passent, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre de la loi ne passera, jusqu'à ce que tout soit arrivé. 19 Celui donc qui violera l'un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux, mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. 20 Car je vous le dis, si votre justice n'est pas supérieure à celle des scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux.

21  Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, celui qui commet un meurtre sera passible du jugement.22 Mais moi, je vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère sera passible du jugement. Celui qui dira à son frère : Raca ! sera justiciable du sanhédrin. Celui qui lui dira : Insensé ! sera passible de la géhenne du feu. 23 Si donc tu présentes ton offrande à l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, 24 laisse là ton offrande devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande. 25 Arrange-toi promptement avec ton adversaire, pendant que tu es encore en chemin avec lui, de peur que l'adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et que tu ne sois mis en prison. 26 En vérité je te le dis, tu ne sortiras point de là que tu n'aies payé jusqu'au dernier centime.

27 Vous avez entendu qu'il a été dit : Tu ne commettras pas d'adultère.
28 Mais moi, je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis adultère avec elle dans son cœur. 29 Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi. Car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne. 30  Si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse et que ton corps entier n'aille pas dans la géhenne.

31 Il a été dit : Que celui qui répudie sa femme lui donne une lettre de divorce.
32 Mais moi, je vous dis : Quiconque répudie sa femme, sauf pour cause d'infidélité, l'expose à devenir adultère, et celui qui épouse une femme répudiée commet un adultère.
33 Vous avez encore entendu qu'il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras pas mais tu t'acquitteras envers le Seigneur de tes serments.3 4Mais moi, je vous dis de ne pas jurer : ni par le ciel, parce que c'est le trône de Dieu, 35 ni par la terre, parce que c'est son marchepied, ni par Jérusalem, parce que c'est la ville du grand roi. 36  Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu. 37 Que votre parole soit oui, oui ; non, non ; ce qu'on y ajoute vient du malin.



Quand les fils de Caïn, construisirent une ville pour y soustraire au regard de Dieu, leur père, coupable du meurtre de son frère Abel, ils inscrivirent sur la porte « interdit à Dieu d’entrer ». C’est ainsi que Victor Hugo tenta de décrire cette terrible impression selon laquelle certains humains éprouveraient le désir de vivre, ne serait-ce que quelques instants, dans un lieu où la présence de Dieu ne serait pas sensible.

Il vous est peut être arrivés, un jour ou l’autre d’éprouver ce désir d’être enfin seul et de pouvoir considérer votre existence avec votre seule conscience pour témoin. Nous aimerions ainsi être parfois libérés du poids des habitudes ou de la morale facile ainsi que du regard des autres et par conséquent du regard de Dieu.

Ne soyons pas choqués si ce désir parfois nous a effleurés ! Ayons le courage de la vérité et de nous avouer à nous-mêmes qu’une telle éventualité a pu se produire. Il a pu se produire que, acculés par le soupçon accusateur des autres, nous mettions un terme à la discussion que nous avons avec eux en déclarant que « nous avons notre conscience pour nous». Ce qui signifie que les arguments ou l’opinion des autres ne nous atteignent pas, même s’il s’agit d’écarter de nous le regard que Dieu pourrait porter sur nos actions.

Quand de telles situations se produisent, nous nous sentons d’autant plus seuls que pèse sur nous le poids de la réprobation des autres et que nous ne pensons pas que Dieu puisse quelque chose pour nous. Enfermés dans notre problème, nous pensons que seule la solitude pourra nous aider. Si nous nous privons de la présence des autres, c’est que nous ne supportons pas qu’ils puissent avoir raison contre nous.  Nous nous contentons du regard de notre conscience et  par voie de conséquence, nous rejetons celui de Dieu. Si nous nous privons de la présence de Dieu, c’est sans doute, parce que  nous redoutons son jugement et que par avance nous n’accordons que bien peu de valeur au pardon qu’il pourrait nous accorder.  Nous restons seuls avec notre sentiment de culpabilité.

Sans que les choses soient vraiment graves, il peut nous arriver de nous engager dans des voies sans issue où nous ne supportons plus la présence des autres et où l’absence de Dieu nous paraît meilleure que sa présence. Refermés sur nous-mêmes, nous confions au temps ou à l’oubli le soin de gérer ce problème que nous voulons garder enkysté en nous-mêmes en espérant qu’il se sclérosera lentement.

Bien sûr nous savons bien que la réponse que nous donnons à cette situation en nous enfermant dans l’oubli est mauvaise, mais comment s’en sortir autrement ? Le passage que nous abordons aujourd’hui ne fait qu’enfoncer un clou douloureux dans note âme puisqu’il nous rappelle qu’il n’y a pas de lieu où le regard de Dieu ne pénètre, et que si une guérison est toujours possible il faut en payer le prix. Que faire alors ? C’est ce que nous allons voir.

Jésus pend le contrepied de cette attitude de repli sur soi que nous pensons parfois être la bonne solution. Il nous rappelle que Dieu a voix au chapitre dans tous les domaines de l’existence et qu’il serait mal venu de notre part de nous appuyer sur sa Loi pour donner des limites à son regard sur nous, comme si la loi posait des limites claires et définies et que l’intention valait l’action. C’est pourquoi il dit que le regard agressif contre l’autre porte déjà en lui le meurtre que l’on pourrait commettre sur lui. Il en rajoute en précisant  que le moindre regard concupiscent est perçu par Dieu et se trouve susceptible d’être sanctionné par lui,  comme situation d'adultère tant il est vrai que Dieu voit tout, même l'inconscient de chaque être.

Sans doute le Lecteur des Ecritures ne reconnaît-il pas ici l’attitude habituelle de Jésus quand il parle des sanctions qui pourraient être la conséquence d’actions qui n’ont été commises qu’en pensée. Ici il n’est question ni d’amour, ni de miséricorde ni de pardon. En constatant que Jésus durcit le ton de la loi, il se peut que nous préférions nous écarter de Dieu et tenter de nous sortir tout seul des nombreux pétrins où la vie nous entraîne. Nous créons ainsi des zones d’ombre en nous qui fonctionneraient comme des zones de non droit pour Dieu. Combien ne se sont-ils pas écartés de l'Eglise parce qu'ils se sont sentis dans cette situation?

Ils ne peuvent alors espérer aucun soulagement ou aucune guérison venant de lui. Ni rien, ni personne ne pourrait plus les aider dans la solitude où ils se réfugient. La seule solution consiste alors à confier ses problèmes à l’oubli. Ils savent cependant qu’une telle pratique n’est pas forcément efficace car le temps n’efface rien, au mieux il rend supportable les choses qu'on lui confie, au pire il donne au remord, le soin de  perturber encore longtemps ceux qui se trouvent en une telle situation.

C’est pour cette raison qu’il est préférable de se tourner quand même vers Dieu, en espérant que derrière la sévérité du ton de Jésus nous trouverons la miséricorde qui s’y cache. C’est la bonne attitude, car la miséricorde de Dieu ne peut se trouver que dans la vérité et c’est pour parler en vérité que Jésus a employé un ton de sévérité. Ce n’est en effet que dans la vérité vis à vis de Dieu et de nous-mêmes que Dieu pourra nous accompagner dans nos difficultés. Pour cela, il nous faudra, accepter qu’il puisse porter un regard sur chaque instant de notre vie. Il faudra aussi que nous acceptions de lui en rendre compte.

Une telle attitude n’est pas facile à accepter, c’est pourquoi certains croyants préconisent alors d’affirmer leur foi dans l’universalité du salut. « Puisque Dieu est infiniment bon, disent-ils, il accordera le pardon à tous les hommes quelle que soit leur faute ». Ceux qui croient que les choses se passent ainsi, se rallient un peu vite à la pensée de Voltaire qui disait que Dieu se doit de pardonner,  puisque c’est son métier. Une telle conception de Dieu équivaudrait à une négation de Dieu, donc à son absence et nous en reviendrions à la case précédente.

En fait, il ne peut vraiment y avoir de pardon que s’il y a eu guérison et il ne peut y avoir de guérison que s’il y a eu dialogue avec celui qui guérit, car Dieu réclame notre participation personnelle au pardon qui s’ensuit.

C’est pour que cette guérison soit effective et ce pardon bien réel que Jésus nous propose une toute autre relation avec son Père. Cette relation consiste à accepter sa présence constante à nos côtés, et à ne pas redouter que son regard se porte sur toutes nos actions. Plus rien, pas même la Loi de Dieu ne peut mettre de distance entre lui et nous. Il devient le partenaire de notre vie, c’est lui qui motive les actions que nous menons par le moyen de l’amour qu’il déverse sur nous.

Notre vie s’épanouira donc à mesure que nous approfondirons ce qui caractérise le mystère de notre existence de croyant. Ce mystère, c’est qu’avec Dieu, nous ne sommes plus deux partenaires, mais trois. Le troisième étant notre prochain qui prend toujours place entre Dieu et nous. C’est donc grâce à la manière dont nous nous comportons avec les autres que nous sommes capables de voir comment Dieu agit en nous, car les gestes d’amour que nous faisons nous viennent de lui.

Quand nous faisons le point sur notre vie et que nous constatons que nous n’avons pas eu les gestes d’amour appropriés ou que nous avons eu des paroles blessantes, des gestes violents ou que nous avons commis quelque action qui ait causé du tort à autrui, il ne nous est pas difficile d’en déduire que nous nous sommes écartés de Dieu. A ce moment-là, notre retour volontaire à plus d’intimité avec lui, est la seule école qui nous permette de revenir vers lui, de réparer le tort que nous avons fait et de nous réconcilier avec nous-mêmes. C’est par l’amour dont nos gestes seront à nouveau marqués que nous verrons l’efficacité du pardon de Dieu en nous.

Notre relation à Dieu sera désormais motivée par l’amour dont nous serons capables envers les autres. La Loi rigide qui réglait nos comportements à l’égard des autres est totalement dépassée, car une nouvelle Loi a pris place en nous ; c’est celle de l’amour du prochain. Elle consiste à régler nos comportements envers les autres de telle sorte que nous ne lésions personne, mais que tous se trouvent grandis par ce que nous entreprenons.

Ce comportement n’a aucune chance de porter ses fruits si nous ne prenons pas Dieu comme partenaire quotidien et si nous ne le prions sans cesse. Notre vie ne peut être vraie que si nous opérons une fusion d’amour avec Dieu.


Contrairement à ce que pourraient penser ceux dont la vie n’est pas éclairée par Dieu, un tel comportement n’est ni pénible ni contraignant, car la présence de Dieu en nous est libératrice et cette liberté nous comble de joie.

Illustrations: Le Christ en croix de Salvador Dali


mardi 4 février 2020

Matthieu 5/13-16 lla lumière du monde Dimanche 9 février 2020



13 C'est vous qui êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade avec quoi le salera-t-on ? Il n'est plus bon qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes. 14 C'est vous qui êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. 15 On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. 16 Que votre lumière brille ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos œuvres bonnes, et glorifient votre Père qui est dans les cieux.





Il y a une habitude qui  habite notre esprit, c’est celle qui consiste à désigner par « siècle des lumières » celui des  philosophes du XVIII eme siècle dont une des particularités          est de mettre en doute la réalité de Dieu. Elle les met en opposition avec les discours de la Bible  qui utilisent l’image de la lumière pour désigner la présence de Dieu parmi les hommes.  Cette expression de siècle des lumières a fait école et c’est  par elle que l’on désigne l’époque où on a commencé à prendre  ses distances par rapport à Dieu. Or le texte de l’Evangile que nous lisons aujourd’hui utilise l’expression de «  lumière du monde » pour désigner  l’homme quand il est sensé ressembler le plus à Dieu. N’y a-t-il pas discordance quelque part ? 


En opposition à ce qui vient d’être dit, à l’époque de Jésus  l’expression de lumière qualifiait l’action divine.  Dans les textes de la nativité que nous venons de vivre, c’est la lumière d’une étoile qui annonce la venue de Dieu en  Jésus sous forme humaine.  Dieu  s’incarne dans la lumière d’une étoile pour diriger ceux qui le cherchent vers le lieu où il a pris naissance. C’est également  en créant la lumière que Dieu donne  le coup d’envoi de la création  du monde. Nous nous interrogerons donc sur  la manière  dont les Ecritures utilisent la lumière pour  désigner l’intervention de Dieu dans le monde.  Nous mettrons donc  cette lumière en opposition  avec cette époque où les hommes ont défié Dieu en s’appropriant une image qui jusqu’ici lui était  réservée. Comment se fait-il que l’homme se soit servi des attributs de Dieu pour mieux le contester ?


En faisant cette remarque nous n’oublierons pas   la prophétie de Siméon lors de la présentation  de Jésus au temple qui annonçait que cet enfant serait la lumière du monde, mais aussi un signe qui provoquera la contradiction. La contradiction dans la manière de penser les choses devient évidente dans les constations  que nous venons de mentionner.

Au XVIII eme siècle les philosophes se sont crus suffisamment éveillés à la critique du monde pour se passer de Dieu dans la formulation de leurs pensées. Ils en ont profité pour s’attaquer à lui en s’appropriant  l’image de la lumière le désignant habituellement. On ne peut désormais  avoir un discours sur Dieu  sans songer à ceux qui avaient  inauguré une nouvelle manière de penser le monde en enlevant  ses responsabilités à Dieu.


Avant d’entrer dans le débat, revenons à Jésus qui a fait  cette affirmation surprenante en revêtant les hommes que nous sommes des attributs de Dieu : « vous êtes la lumière du monde ». Est-ce à dire que selon Jésus les hommes devraient tenir un rôle capital dans la manifestation de Dieu au monde ? Jésus suggérerait-il que c’est  par le comportement des humains que le monde accéderait à la connaissance de Dieu ? En fait, il semblerait que «  être la lumière du monde »  devrait être la fonction de celui qui répond à l’appel de Jésus et qui choisit de se mettre à sa suite en décidant de suivre son enseignement dont il vient de donner la teneur dans les béatitudes. En effet, Jésus vient de donner les béatitudes, comme le sommaire de tout son enseignement à venir. Il y fait de l’amour inconditionnel le centre de la pratique qu’il enseigne.  Il recommande de tout sacrifier à son prochain d’une telle manière que nous aurions vraiment du mal à l’appliquer. Il s’agirait de s’oublier personnellement  au profit de quiconque croise son chemin et de réserver de l’attention à ceux qui nous ignorent, nous méprisent voire même nous persécutent. C’est par ce genre de pratique que la lumière de Dieu se mettra à briller sur notre chemin. Cette lumière sera précisément celle que Jésus  nous charge de faire briller pour manifester l’attention que Dieu porte aux hommes.   Curieusement, les philosophes chercheront par leurs discours à obtenir les mêmes effets, c’est-à-dire l’amélioration du sort de l’humanité.  Mais une telle démarche les conduira  pour la plupart à la négation de Dieu alors qu’ils chercheront à  obtenir les mêmes effets  que ceux recherchés par Jésus.


Mais nous n’en avons pas fini avec ces contradictions au sujet de la lumière et de l’emprise de l’homme sur elle. Conduit-elle à la découverte de Dieu ou à sa négation ? Poursuivons notre propos à partir de ce que nous découvrons encore dans la Bible.  Curieusement  la Bible s’ouvre par le  récit de la création de la lumière, car pour la Bible  tout commence  par elle, c’est en la créant que Dieu prend  le monde en charge. Dieu achève la création au septième jour en créant l’homme comme si, Dieu avait créé l’un et l’autre, lumière et humanité comme commencement at achèvement de la création. Ils seraient ainsi devenus  complémentaires l’un de  l’autre. C’est la lumière qui donne de la réalité au monde, tandis que l’homme créé à l’image de Dieu donne du sens  à ce que la lumière ouvre à la vie.


Voilà la mission qui semble nous être confiée par Dieu et que Jésus met en évidence. Pourtant l’homme n’a jamais vraiment  compris que telle était sa fonction. Quand l’homme songe  à son rôle sur terre, il  s’enferme dans le rôle de coupable où il se plait à croire que Dieu l’a condamné et il cherche à en sortir pour plaire à Dieu. Les théologiens de tous les  temps l’ont enfermé dans ce rôle alors qu’à l’origine Dieu  a voulu faire de lui une lumière pour révéler sa volonté au monde qui est de faire le bonheur de tout ce qui y vit et dont l’homme serait l’instrument de prédilection. 


Ceux qui nous ont transmis l’histoire de l’homme à travers toute la Bible ont insisté sur ses erreurs. C’est le déluge qui a retenu leur attention, c’est au récit de la tour de Babel qu’ils se sont  attachés, ce  sont les mauvais comportements des rois d’Israël qu’ils ont retenus et qui selon eux ont rempli le cœur de Dieu de tristesse  et ont attisé sa colère  contre les hommes. Depuis longtemps, pourtant  des voix prophétiques  s’étaient élevées, elles avaient dit les actions qui plaisaient à Dieu et qui étaient à la portée de chacun.  Elles véhiculaient déjà  l’idée de partage et de collégialité de l’humanité. Jésus a repris ces propos après eux.  Mais malgré les évangiles,  malgré les propos de compassion de Jésus,   les théologiens sont restés sourds à l’enseignement  de Jésus qui voulait dépasser  l’univers de la faute dans lequel les hommes s’enfermaient pour les ouvrir à une autre possibilité  d’action, celle qui consistait à tisser des liens entre les hommes, de bannir la haine et de faire de la place à l’espérance de promouvoir l’amour du prochain en toute occasion. C’est cela qui était vraiment  la parole de Dieu et qui manifestait  la lumière que Dieu  avait chargé les hommes de répandre depuis la création. 


Reprenant l’idée de lumière, les philosophes du XVIII eme siècle en ont profité pour s’en attribuer le privilège et le  retirer à Dieu. Nous voilà tombés en pleine contradiction comme  le vieux Siméon le prophétisait à Jésus. D’une part les croyants cherchaient à plaire à Dieu en se retirant du monde pour ne pas l’accabler de leurs erreurs, d’autre part les autres  voulaient changer le monde en  refusant toute action de Dieu sur lui. Les choses continuent à suivre leur cours en oubliant qu’à l’origine Dieu a cherché à éclairer le monde en mettant  l’homme à son service par la pratique du partage et de l’espérance.  Aujourd’hui encore les hommes s’enfoncent dans leur irresponsabilité en s’accusant  eux-mêmes de tout ce qui ne va pas sur la planète, mais refusent de mettre en action la  seule chose qui leur a été demandé depuis les origines celle de regarder leurs semblables avec le même regard  que celui de Dieu pour eux, celui de frères.


Quoi qu’il en soit, les récits sur la création rappelle aux hommes que Dieu les charge de puiser dans les Ecritures le message que Dieu révèle aux hommes depuis toujours  afin d’orienter le monde vers les projets d’origine de Dieu qui est d’inscrire l’amour, le partage et l’espérance dans le destin du monde. C’est ainsi qu’il évoluera et sera sauvé.