mardi 20 décembre 2016

Esaïe 49:3-6 : l'histoire ne s'écrit pas sans Dieu. dimanche 15 janvier 2017



Esaïe 49 : 3-6

1 Iles, écoutez-moi ! Peuples lointains, prêtez attention ! Le SEIGNEUR m'a appelé depuis le ventre maternel, il a évoqué mon nom depuis les entrailles de ma mère.
2  Il a rendu ma bouche semblable à une épée acérée, il m'a couvert de l'ombre de sa main ; il a fait de moi une flèche aiguë, il m'a caché dans son carquois.

3 Et il m'a dit : Tu es mon serviteur, Israël, c'est en toi que je montre ma splendeur.
4 Mais moi, j'ai dit : C'est pour rien que je me suis fatigué, c'est pour le chaos, la futilité, que j'ai épuisé ma force ; assurément, mon droit est auprès du SEIGNEUR et ma récompense auprès de mon Dieu.
5 Maintenant le SEIGNEUR parle, lui qui me façonne depuis le ventre de ma mère pour que je sois son serviteur, pour ramener à lui Jacob, pour qu'Israël soit rassemblé auprès de lui ; je suis glorifié aux yeux du SEIGNEUR, car mon Dieu a été ma force.
6 Il a dit : C'est peu de chose que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et pour ramener les restes d'Israël : j'ai fait de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne  jusqu'aux extrémités de la terre.



Esaïe est un personnage impressionnant dont la  voix a porté jusqu’à nous, tout à la fois  des imprécations redoutables contre son peuple et des paroles apaisantes  pour nous, évoquant une vision paradisiaque d’un monde futur. On devine en lui une fore de caractère hors du commun et une foi qui résiste à tous les doutes. Il est difficile de situer ce prophète aux multiples visages qui selon les savants modernes correspond au moins  à trois personnages différents.

Le premier, celui qui a donné son nom à l’ensemble du Livre  vivait à cette époque troublée où le Royaume du Nord allait être dévasté par les armées de Ninive et sa population déportée. Les rescapés qui ont pu s’exiler se sont réfugiés  dans le Royaume du Sud, la terre de Juda, qui fut  enrichie du  talent des nouveaux arrivants. La parole du prophète aura une influence certaine dans le monde politique,  si bien qu’on  situe aisément son ministère  dans l’entourage des souverains dont il fut au service de quatre d’entre eux.


Après les 40 premiers chapitres, c’est un autre personnage qui occupe la place, il vit au moment de l’exil du Royaume de Juda, quelques cent ans plus tard. Porteur de paroles d’espérance, il prépare les exilés à un retour vers la terre de  leurs ancêtres.  Enfin les  10 derniers chapitres sont attribués à un troisième personnage qui  vivait lui, au retour de l’exil. Tous trois ont eu une parole forte qui nous stimule encore aujourd’hui. Mais  en considération du texte qui nous intéresse, c’est sur le deuxième personnage que nous concentrerons notre attention.

Nous avons constaté qu’il fait une longue digression sur sa vocation prophétique  dont le message  a marqué le comportement de ceux qui partageaient avec lui l’exil à Babylone. Le  regard qu’il porte sur lui-même n’est pas sans susciter notre étonnement tant il est sûr d’être né pour être prophète et que Dieu a formulé des projets pour lui bien avant sa naissance.  Mais les choses se passent rarement comme prévu, il est plus ou moins écouté par ceux qui partagent sa situation et qui ne croient pas forcément en la valeur prophétique de ses propos. Il a l’impression de prêcher dans le désert, mais jamais il ne remet en cause sa vocation face à l’adversité.

Bien peu d’hommes  à part Paul partagent une telle certitude, même parmi les  plus remarquables. La plupart éprouveront le doute face à l’échec et mettront en cause leur propre vocation, certains même iront jusqu’à renoncer à elle, tel Jonas qui préféra courir le risque de périr en mer plutôt que d’affronter les dangers du désert que Dieu lui  demandait de traverser pour proclamer sa parole à Ninive.

La certitude du prophète nous apparaît comme de l’arrogance et de la prétention ! En effet, comment peut-on être si sûr de soi quand les événements nous contredisent  et ne semblent pas forcément  aller dans le sens où Dieu voudrait que s’écrive l’histoire. Les chants sur le serviteur souffrant semblent attester du fait qu’on s’en soit  pris à sa personne et que peut être il n’est pas passé très loin du lynchage et de la mort : 
«  j’ai livré mon dos à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe  et je n’ai pas dérobé mon visage aux outrages et aux tracas  50/6»

Il est bien conscient d’adresser ses messages à un peuple au cou raide qui accepte mal le tournent que Dieu veut donner à l’histoire. Il entrevoit l’avenir en faisant confiance au nouvel envahisseur de Babylone, un roi païen, Cyrus qu’il espère voir organiser le retour dans leur ancienne partie.  Il est certain que  ses propos ne sont pas accueillis favorablement  par tous  et que la plupart ne se réjouissent pas à l’idée d’un retour éventuel dans un pays en ruine.

On a sans doute déjà porté la main sur lui, nous venons de le voir,  et bien peu  de ses compagnons d’exil s’enthousiasment  à l’idée  d’un retour possible. C’est donc dans ce contexte que le prophète exprime sa foi en sa vocation  avec une certitude inébranlable. Il sait que Dieu ne cesse d’échafauder des projets de salut, et il le dit, même quand les éléments sont contraires. Il n’hésite pas  à profiter du contexte politique fragile pour  y introduire l’espérance qu’il reçoit de Dieu. L’histoire lui donnera raison.

L’homme a beau paraître arrogant, il est cependant sûr que la confiance qu’il a mise en Dieu est bien placée. Nous devons prendre leçon du message. S’il est prétentieux de croire que le prophète se croit destiné dès le sein maternel à se mettre au service de Dieu, rien ne nous dit qu’il est le seul dans ce cas là  et que tel n’est pas  le sort que Dieu nous réserve à tous. Chaque croyant  ne devrait-il pas se retrouver lui-même dans ces propos? Il  il  doit être tenu pour acquis  que Dieu jette un œil bienveillant  sur chacun de nous dès notre premier balbutiement. Dieu donnera sa force et son énergie à quiconque acceptera de faire de la cause de Dieu sa propre cause.


Cela n’est pourtant pas une garantie de  succès  et la promesse que le doute ne nous visitera pas. Cela ne veut pas dire que nous ne connaîtrons pas les échecs,  et nous épargnera une mort cruelle, mais cela veut dire que Dieu sera toujours fidèle malgré nos infidélités. La vie dans laquelle nous entrons dès notre premier cri de bébé lui est précieuse, et compte tenu du moment, il lui donnera toutes les chances de s’épanouir.

Mais le dynamisme que Dieu met en nous se heurte aussi à des éléments contraires qui peuvent mettre en cause notre vie et notre foi. Dieu veut être celui qui inspire et oriente les hommes tout au cours de l’histoire, mais il n’est pas celui qui fait l’histoire. Il y participe si les hommes le suivent,  mais  ils lui attribuent souvent un autre rôle : celui de les épargner du mal en contrepartie de leur fidélité. C’est de là que nait la confusion et la doute. Bien que ce soit Dieu qui inspire, ce sont les hommes qui agissent. Trop souvent les hommes agissent sans avoir pris soin de consulter Dieu, c’est alors que l’histoire dérape et prend une autre tournure que celle que Dieu avait prévue.

Quand cinq cents ans plus tard le  tour de Jésus arrivera, il prendra la suite du prophète. Il était bien conscient de tout le contenu de ce passé tourmenté et agité. Il savait qu’il portait le projet de Dieu mais que les hommes se mettraient en travers. Esaïe avait été son précurseur et son histoire personnelle avait été prophétique de ce qui allait se passer au sujet de Jésus. Jésus pour sa part, n’a pas tenu compte de l’hostilité des hommes au projet de Dieu. Il s’est jeté dans l’aventure  sans se soucier  du barrage que lui opposeraient les notables  et les dignitaires du peuple. Il accepta d’affronter la mort pour que l’humanité trouve le sens que Dieu voulait donner à l’existence humaine. Dieu donnait ainsi son sens définitif à l’histoire en invitant les hommes à agir désormais par des actes suscités uniquement  par l’amour.

Ainsi, aujourd’hui il nous est proposé de découvrir que les tournants de l’histoire, ne sont pas provoqués par les  exploits des hommes mais par les gestes d’amour, d’altruisme et  de négation de soi que les hommes ont accompli au nom d’une vérité plus grande qu’eux et qui les dépasse. En effet,  qu’est-ce que l’histoire retiendra, des conquêtes de Gengis Kan ou de celles de Napoléon, dont il ne reste plus rien, alors que  la déclaration des droits de l’homme  régit encore aujourd’hui nos comportements ? Attachez-vous à faire ce constat sur bien d’autres points de l’histoire pour constater que ça marche. Les moments déterminants de l’histoire ne sont pas ceux qui retiennent l’attention, mais ceux dans lesquels l’amour a laissé une empreinte.  C’est en observant ce phénomène que les historiens doivent sans doute rendre compte de l’action de Dieu dans  l’histoire du monde.

jeudi 15 décembre 2016

Esaïe 60/1-6 Dieu construit un avenir avec nous dimanche 8 janvier 2017




1 Lève-toi, brille : ta lumière arrive, la gloire du SEIGNEUR se lève sur toi.
2 Certes, les ténèbres couvrent la terre et une obscurité épaisse recouvre les peuples ; mais sur toi le SEIGNEUR se lève, sur toi sa gloire apparaît.
3 Des nations marcheront à ta lumière et des rois à la clarté de ton aurore.
Jérusalem attire tous les peuples du monde
4 Lève les yeux et regarde tout autour : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils arrivent de loin, tes filles sont portées sur la hanche.
5 Lorsque tu le verras, tu seras radieuse, ton cœur bondira, il sera au large, quand l'abondance de la mer se tournera vers toi, quand les ressources des nations viendront vers toi.
6 Tu seras couverte d'une foule de chameaux, de dromadaires de Madiân et d'Epha ; ils viendront tous de Saba ; ils porteront de l'or et de l'encens et annonceront, comme une bonne nouvelle, les louanges du SEIGNEUR.

7Les troupeaux de Qédar se rassembleront tous chez toi ; les béliers de Nebayoth seront pour ton office ; ils seront offerts en holocauste sur mon autel et seront agréés, et je ferai resplendir la maison de ma splendeur.
8 Qui sont ceux-là qui volent comme un nuage, comme des colombes vers les fenêtres de leur colombier ?
9 Car les îles mettent leur espérance en moi, et les bateaux de Tarsis sont en tête, pour ramener de loin tes fils, avec leur argent et leur or, à cause du nom du SEIGNEUR, ton Dieu, du Saint d'Israël, qui te donne de la splendeur.
10 Des étrangers rebâtiront tes murailles, leurs rois te serviront ; car si, dans mon irritation, je t'ai frappée, dans ma faveur j'ai compassion de toi.
11 Tes portes seront constamment ouvertes, elles ne seront fermées ni le jour ni la nuit, afin de laisser entrer chez toiles ressources des nations, leurs rois avec leur suite.


Il est permis d’espérer que le  monde évoluera  vers des jours meilleurs, les lendemains qui chantent sont inscrits dans l’avenir qui attend nos sociétés. Il nous appartient de le vouloir et de le réaliser.  Dieu s’engage à nous accompagner sur cette voie.

ll n’est donc  pas dit qu’une mauvaise nouvelle devrait être suivie par une autre mauvaise nouvelle ni qu’une  guerre   ferait suite à une autre guerre. Il n’est pas écrit non plus que la peste sera suivie du choléra. Arrêtons d’imaginer que le monde est géré par une fatalité qui voudrait que chaque jour nous réserve de nouveaux déboires et que les temps de bonheur ne sont que passagers et aléatoires.  Il y a des bonnes nouvelles annonçant prospérité et jours de liesse, la Bible en est pleine et le prophète Esaïe nous en réserve toute une collection.  Elles ne sont pas adressées à d’autres qu’à nous-mêmes, elles ne concernent pas les temps futurs. Elles nous sont destinées et elles éclairent notre temps.

Avec le prophète Esaïe, nous avons quelqu’un qui se lève pour nous dire que l’histoire ne s’écrit pas seulement avec une plume trempée dans l’encre de l’amertume et de la culpabilité. Nous ne sommes pas enfermés à toujours dans un cycle de violences et de malentendus qui réserverait le succès et la fortune à quelques privilégiés et qui donnerait aux masses laborieuses l’amertume des fausses  espérances.

Celui qui annonce un avenir heureux, est donc Esaïe. Ses prophéties ont été  retenues, bien longtemps après lui comme annonciatrices de la venue du Christ. On a lu à travers elles la volonté de Dieu de sauver tous les hommes ce qui en a fait  le prophète de l’espérance. Les quarante premiers chapitres du  livre qui lui est attribué nous le montre en présence de 4 souverains successifs auxquels il apprendra à lire les promesses de Dieu malgré  les événements  tragiques de leur règne et ils s’en sont plutôt bien portés.

 Ce n’est pas que la vie fut moins dramatique de son temps, mais il savait  dire comment faire évoluer l’histoire en s’appuyant  sur Dieu. Dieu ne transformait pas les situations tragiques d’une manière miraculeuse, mais c’était  le souverain qui était transformé  par sa confiance  en Dieu. Il était de ce  fait amené à faire les bons choix. Ce fut le roi Ézéchias, qui fut un grand roi qui a sans doute le mieux retenu son enseignement.

Plus tard, deux ou trois générations après, la Bible  nous rapporte qu’un   prophète du même nom qu’Ésaïe  interviendra de la même façon au milieu du peuple vaincu jeté sur les routes de l’exil et de la déportation par le roi de Babylone qui  décida de la destruction de Jérusalem. Ses  écrits sont conservés dans le même livre d’Esaïe et y sont consignés aux chapitres 40 et suivants. Il fera à son tour  la même lecture des événements pour préserver la confiance de son peuple abattu et  lui donner le courage de préparer des jours meilleurs.
Plus tard encore quand la fin de la déportation devint une réalité, c‘est encore la même voix qui fera entendre les mêmes paroles d’espérance et qui transformera en énergie la consternation des déportés contemplant le  champ de ruines qu’ils étaient venus   relever.

C’est dans ce contexte que nous venons de décrire  que la prophétie que nous avons lue tout à l’heure a pris forme. Non seulement le découragement  avait saisi les exilés à leur retour, mais les querelles internes  avaient rendu les choses encore plus difficiles. Il a fallu la foi, le génie et la confiance du prophète  pour mobiliser ce peuple qui se croyait trompé par ceux qui les avaient entraînés sur les routes du retour.

Ceux qui portaient la responsabilité de cette aventure étaient connus de tous. Deux d’entre eux  ont donné leur nom à deux livres de la  Bible,  Esdras et Néhémie. Les prophètes Aggée et Zacharie racontent aussi cette aventure, mais c’est encore sous la plume d ’Esaïe que nous trouvons les plus fortes  paroles d’espérance. Ce prophète, à la voix forte et puissante, est resté anonyme et ses écrits nous sont parvenus dans les derniers chapitres du prophète Esaïe avec une force telle qu’elle nous inspire encore  aujourd’hui. Il  nous donne envie de   prendre en main  notre destin pour  ne pas subir les évènements qui nous démobilisent.

Par la voix du prophète, la caravane qui les avait ramenés avec leurs maigres bagages  s’est  transformée en une opulente cohorte prometteuse d’abondance et de prospérité pour ce temps nouveau qui commençait.


Le prophète les aurait-il manipulés ? Les aurait-il  poussés à lâcher la proie pour l’ombre ?  Non. Il n’y avait pas de tromperie dans ce discours. Le prophète leur apprenait à lire dans les événements qui se produisaient un avenir  que chacun pouvait imaginer en fonction de l’énergie qu’il se proposait de déployer. C’est Dieu qui venait stimuler  l’énergie  dans leurs membres fatigués et cette énergie était d’autant plus efficace que l’espérance avait pris le relais de la déception.

Le prophète témoignait simplement de la foi inébranlable qu'il avait en ce Dieu qui malgré son découragement invitait ce peuple à  écrire une nouvelle page de son  histoire. Il ne promettait aucun miracle, car le miracle était en eux-mêmes. Il  était dans la capacité que Dieu leur donnait de croire en eux-mêmes. Cette promesse que nous entendons aujourd’hui, adressés à des gens désorientés par les événements qu’ils vivaient  il y a deux mille cinq cents ans, est valable pour nous aussi. Notre histoire n’est pas la même, les événements que nous traversons sont différents, mais la capacité que nous avons de croire  en nous-mêmes  est intacte. C’est Dieu qui nous l’inspire  parce qu’il nous a créés ainsi, capables  de  voir notre avenir s’inscrire dans une autre réalité que celle qui paraît évidente aux yeux de ceux qui ne croient pas.

Sans doute le lecteur à l’esprit critique s’attachera à ce qu’il y a d’irréaliste dans ce passage. Jamais Israël n’a connu la prospérité suggérée par ce convoi continu de caravanes  apportant dans la ville sainte toutes ces richesses, mais la vérité est au-delà de l’image qui est suggérée ici.

L’image suggère ici la confiance en l’avenir, elle parle de joie elle parle d’une réalité qui sera possible si chacun se mobilise au service de la construction de l’avenir. Le prophète invite chaque membre du peuple à se lever comme un seul homme pour rejoindre la caravane, car la bénédiction ne peut venir sur eux sans leur participation. Nous comprenons ici que Dieu ne donne pas ses faveurs à un peuple inactif qui se contenterait de ne rien faire et d’attendre en maugréant. Au contraire, les choses ne pourront se faire que si chacun devient actif sur la route que Dieu lui trace.

Quand, sous l’impulsion de Dieu un peuple se lève et se met en marche, tout devient possible, l’avenir s’ouvre et l’espérance renait. Certes, la nuit est encore épaisse  et voile  la lumière qui cherche à poindre. En nous parlant  de la lumière qui cherche encore sa voie au travers des ténèbres, le prophète suggère que la création est à nouveau en train de se faire  toutes les fois que des hommes se lèvent, et se mettent en route sous l’impulsion de leur Dieu.

Pour tous ceux qui espèrent en Dieu, un jour nouveau est toujours en train de se préparer, et c’est en compagnie de Dieu que cela se produit. Ce jour nouveau nul ne le connaît encore, car l’avenir n’est pas prédéterminé, il n’est pas déjà tracé à l’avance. L’avenir se réalise dans un double mouvement.

 Le premier consiste à chercher à écouter Dieu avec confiance car il nous aide à voir la lumière quand tout est encore opaque autour de nous. Cette lumière se fait  d’autant plus brillante que c’est Dieu qui nous l’envoie et qu’elle éclaire ainsi notre foi.

Le deuxième mouvement  consiste à se mettre à l’œuvre  en usant des outils que la foi met à notre disposition. La foi charge notre regard de charité pour les autres, d’égalité dans l’adversité et de fraternité pour tous. La foi ne consiste pas à attendre que les événements se fassent malgré nous, car les événements attendent que ce soient nous nous agissions pour qu’ils se fassent.

En fait, les bénédictions promises se réaliseront si nous nous attachons à prendre Dieu au sérieux,  Jésus dans son évangile a redit cela à sa manière en nous recommandant d’aimer Dieu de tout notre cœur et nos prochains comme nous-mêmes. Jésus ne citait pas le prophète, il rappelait seulement les éléments essentiels de la loi de Moïse, et pourtant il faisait aussi écho à ces anciennes prophéties qui promettaient  une ère de bénédiction pour ceux qui avaient à cœur de  manifester leur foi en Dieu en collaborant avec lui. Toute l’Écriture, de la Loi de Moïse aux Écrits des prophètes, nous rappelle que l’avenir ne se construira d’une manière heureuse  qu’en collaboration étroite avec notre Dieu.

mardi 13 décembre 2016

Galates 4:4-7 vous êtes tous fils de Dieu dimanche 1er janvier 2017



4 mais lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme et sous la loi, 5 afin de racheter ceux qui étaient sous la loi, pour que nous recevions l'adoption filiale. 6 Et parce que vous êtes des fils, Dieu a envoyé dans notre cœur l'Esprit de son Fils, qui crie : « Abba ! Père ! » 7Ainsi tu n'es plus esclave, mais fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier, du fait de Dieu.

Bousculant les tabous millénaires, notre époque qui se plait à ignorer la réalité de Dieu, agit pourtant, comme si nous étions tous, sans la savoir, des enfants de Dieu. Déjà vous qui écoutez ces propos,  vous ne retenez pas votre sourire,  car il parait inconvenant dans notre pays de parler de Dieu et de  dire que beaucoup de nos contemporains, qui ne croient plus en lui, se comportent comme s’ils étaient ses enfants. S’il arrive que son nom soit prononcé dans un lieu public, notre pensée qui est bien formatée, provoque dans notre cerveau l’apparition automatique de mots tels que : «  incongru, illuminé ou intégriste ». Ces mots servent habituellement à  qualifier les marginaux provocants  que l’on cherche à écarter le plus rapidement possible de la sphère publique.  Ces réactions nous laissent comprendre que Dieu devrait se sentir en exil dans notre société où on ne peut évoquer son nom que dans des lieux réservés à cela.

Ceux qui fréquentent les lieux où il est convenable de parler de Dieu se trouvent bien souvent en plein désert. Pour ne pas donner l’illusion que ces lieux sont complètement vides on a recours à des regroupements de fidèles lors des  célébrations. Les ministres du culte, jadis  repérables à leur costume ont pris un habit civil et pour ne pas détruire les églises désertées souvent classées, on les transforme en musées, salles de concerts ou salles des fêtes. Il semblerait  donc que Dieu soit en totale perte de vitesse dans ce monde de l’Europe occidentale, et cela n’est sans doute pas sans effet sur le psychisme de ceux qui se sont écartés de lui par la force des choses.

Pourtant la réalité n’est pas conforme aux apparences. Les législateurs, aussi bien que de nombreuses associations se sont emparés de l’une des caractéristiques qui relève des attributs de Dieu et en ont fait la promotion. Il s’agit de l’amour, de la possibilité de s’aimer et du droit à le faire. Ce fut une des conquêtes de la  deuxième moitié du vingtième siècle. Le slogan de l’époque était «  faites l’amour et pas la guerre » Certains ont pensé qu’une telle attitude était offensante.  Elle l’était pour la morale en vigueur à l’époque, mais l’était-elle pour Dieu ? Certainement il y eu des  excès  et tout n’était pas bon, mais on redécouvrait le fondement d’une vérité biblique  à savoir que « Dieu est amour » et que tout ce qui concerne l’amour le concerne.

L’idée a fait son chemin, et aujourd’hui il n’est pas outrecuidant de parler d’amour et de le revendiquer pour tous ceux que la société écarte du droit de s’aimer ou en a écartés. On  présente le fait de s’aimer comme un droit face aux sociétés où cela est contesté. On voudrait que les mariages arrangées ne le soient plus on manifeste pour que la mutilation sexuelle des femmes soit interdites et que ceux qui la pratiquent ou la préconisent soient  jugés et condamnés. On revendique le droit à s’aimer pour les gens de même sexe. Ainsi sans le savoir la société civile  s’empare-t-elle de ce qui devrait être le fondement de la foi en Dieu pour construire une société nouvelle plus juste et plus épanouie.

Ce qui est surprenant, c’est que la réaction contre ces idées est menée par des gens qui se réclament de principes qui défendent le droit de Dieu qui serait bafoué par cette banalisation de l’amour, comme si en voulant permettre aux humains de s’aimer mieux, on offensait Dieu, quel que soit le nom qu’on lui donne.

Sans crier gare, Dieu s’est donc introduit dans une société  d’où on l’avait  exclu. Le principe qui le caractérise  a été utilisé comme cheval de bataille pour défendre des droits  qui permettraient le progrès de l’humanité, même si le mot amour a parfois été utilisé  au profit de causes qui lui étaient  étrangères et même hostiles.

Après avoir émis  ces quelques réflexions, j’entends Paul dire dans le texte qui sert de support à ces propos, des choses tout aussi provocantes  que les idées que je viens d’émettre. Il prétend qu’il n’y a  plus   aucune barrière pour distinguer les enfants de Dieu de ceux qui ne le sont pas, car tous sont enfants de Dieu et tous sont au bénéfice de son Esprit. C’est par l’Esprit de Dieu qui repose sur tous les individus qu’ils ont tous accès au privilège d’être ses fils et ses filles. Il n’y a plus de lieu réservé à Dieu où il puisse se manifester  car  il lui est possible de le faire en tous lieux. Il est sorti des espaces où on le tenait enfermé pour se répandre et en  toute liberté sur les hommes avides de connaître leur Dieu et de lui rendre un culte en esprit.

Mais l’histoire serait trop belle si elle s’arrêtait là. Certes, Dieu est amour, et les hommes devenus enfants de Dieu sont invités à  le partager. L’Esprit de Dieu témoigne dans  ce sens. Mais il dit aussi que pour  exprimer la volonté de Dieu, l’amour doit respecter un certain nombre de critères sur lesquels  les Ecritures se sont exprimés depuis longtemps et sur le respect desquels Jésus a concentré tout le poids de son Evangile.  Fautes de les respecter, l’amour perdrait son droit à l’être, le nom de Dieu serait bafoué et l’humanité évoluerait dans le mauvais sens, car il est assez facile de passer de l’amour du prochain à l’exploitation bienveillante du prochain.  Il est toujours facile de tirer profit de l’autre au nom de l’amour que l’on est sensé lui porter.

Ainsi l’amour doit il nous inviter à nous intéresser à ceux que nous n’aimons pas, à ceux qui ne pensent pas comme nous. L’amour réclame de celui qui veut  le promouvoir qu’il soit son serviteur. Ainsi « le moi d’abord » qui est le principe actuel d’évolution de la société doit-il disparaître de notre mode de penser. Tout cela  laisse entendre qu’on n’est pas encore arrivé au bout du chemin car le principe d’altruisme qui se dégage de la notion d’amour est encore fortement altéré par l’égoïsme qui habite la plupart des humains.

On n’a pas besoin de prononcer le nom de Dieu, ni de croire en lui pour aimer les autres, car les réserves que nous venons de faire relèvent d’un principe général,  mais il semble que sans le secours de Dieu lui-même et de son esprit, les humains auront tendance à laisser  leur  intérêt personnel prendre le dessus sur tout autre principe. En fait l’amour étant l’expression même du mouvement de Dieu vers les hommes, il sera difficile de le pratiquer lucidement sans un retour à Dieu lui-même qui l’inspire.

Si notre société  est en train de réhabiliter la notion d’amour  elle n’a  fait que la moitié du chemin car seul semble-t-il un  libre retour vers Dieu la libérera de son égoïsme et de son instinct de domination. Nous en verrons peut-être les signes quand un jour il sera possible de prononcer le nom de Dieu sans qu’une telle chose soit considérée comme suspecte.