lundi 31 mars 2014

Jean 20:1-10 La Résurrection



La résurrection de Jésus - Dimanche de Pâques - 20 avril 2014 ( déjà publié en 2012)


Jean 20 :1Le premier jour de la semaine, Marie-Madeleine vient au tombeau dès le matin, alors qu'il fait encore sombre, et elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau. 2 Elle court trouver Simon Pierre et l'autre disciple, l'ami de Jésus, et elle leur dit : On a enlevé le Seigneur du tombeau, et nous ne savons pas où on l'a mis!
3 Pierre et l'autre disciple sortirent donc pour venir au tombeau. 4 Ils couraient tout deux ensemble. Mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau ; 5 il se baisse, voit les bandelettes qui gisent là ; pourtant il n'entra pas. 6 Simon Pierre, qui le suivait, arrive. Entrant dans le tombeau, il voit les bandelettes qui gisent là 7 et le linge qui était sur la tête de Jésus ; ce linge ne gisait pas avec les bandelettes, mais il était roulé à part, dans un autre lieu. 8 Alors l'autre disciple, qui était arrivé le premier au tombeau, entra aussi ; il vit et il crut. 9 Car ils n'avaient pas encore compris l'Ecriture, selon laquelle il devait se relever d'entre les morts. 10 Les disciples s'en retournèrent donc chez eux.

« L’autre disciple qui était arrivé le premier entra dans le tombeau, il vit et il cru. »



Ce sermon va être un véritable parcours du combattant. Nous allons passer tout notre temps à courir avec deux hommes dans un marathon spécial vers la vie. Sans doute en sortirons-nous essoufflés, à la limite de nos pensées humaines, mais régénérés par le souffle de l’esprit. Malgré la clarté du matin qui est en train de naître, c’est encore l’obscurité qui emplit les pensées de nos deux amis désemparés, comme elle emplit aussi les nôtres à cause du mystère qu’elle recouvre.

Pourquoi ces deux là courent-ils ? Où vont-ils alors qu’il ne fait pas encore jour ? Un bruit s’est fait entendre dans la nuit, une rumeur est parvenue jusqu’à eux : le tombeau est ouvert. Les voilà partis, l’un à la suite de l’autre, l’un devançant l’autre et l’autre se faisant rattraper pour être devancé à son tour. Course de deux hommes qui cherchent à échapper à leur propre nuit. Deux hommes qui cherchent à comprendre l’incompréhensible.

Leur course dans la nuit de l’incompréhension est aussi la nôtre. Nous allons, nous aussi, courir avec eux à la recherche de la vérité sur la vie, car le mort n’est plus à sa place, la mort est remise en question. Celui qu’ils croyaient mort n’était plus là où ils l’avaient mis, tout est remis en cause. Nous nous mettons à jouer avec les mots résurrection, vie éternelle, pour dire encore aujourd’hui, et aujourd’hui encore plus que jadis, nos interrogations sur le vrai sens de la mort et corollairement pour nous interroger sur le sens de la vie ?.

Ces deux hommes courent à la recherche de ce qu’ils ne savent pas formuler. Ils espèrent une réponse à une question qu’ils ne savent pas poser. Quand ils arrivent au tombeau, là où habite la mort, il n’y a plus de mort. L’un entre et l’autre n’entre pas. La situation est cependant la même pour l’un, comme pour l’autre. Le premier voit les bandelettes et n’entre pas et Simon qui le suivait entra et vit les bandelettes. Il y a absence du mort aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du tombeau.

Une idée nouvelle est en train de jaillir en eux, mais n’a pas encore pris forme. C’est cette idée qui nous rejoint, nous aussi, mais tout reste encore trop obscure dans notre entendement. Ce qu’ils considéraient comme une vérité absolue sur la mort semble ne plus l’être. Dieu est en train visiter leur vie intérieure. Il emprunte les chemins de l’émotion et nos deux amis découvrent que la mort est une autre réalité, car la mort est ailleurs.
Cette course qu’ils sont en train de faire dans le petit matin, n’est pas seulement une expérience physique. Elle nous raconte aussi l’expérience intérieure qu’ils sont en train de vivre. Nous sommes nous-aussi invités à faire cette expérience intérieure. La provocation insupportable qu’ils ont subie après la mort de leur Seigneur est en train d’ouvrir pour eux un chemin vers une autre vérité.

Ainsi  en est-il de nous tous en ce matin de Pâques. On est venu à l’Eglise parce que l’on croit ce qu’on ne voit pas. On est venu pour conjuguer encore une fois tous ensemble ce même verbe croire : je crois, tu crois, nous croyons, puis chacun retournera chez soi. Mais sans doute différent de ce qu’il était quand il est venu.  Telle sera la journée du croyant. Ce sera une commémoration du jour où on s’est mis à croire que la mort avait cessé d’être le terme de la vie. Ce vide du tombeau est devenu une autre réalité non seulement pour Jésus qui l’a subi mais aussi pour nous qui croyons.

Mais  nous avons couru trop vite, nous avons dépassé le bien aimé qui pour l’instant se contente de croire ce qu’il ne voit pas. Comme lui, nous sommes heureux de croire. Mais croire qui ? Ou croire quoi ou croire en quoi? La plus part du temps on n’en dit pas plus. On se contente d’affirmer que l’on croit ? Il est important de croire, dit-on, comme si le verbe croire était une fin en soi. Mais ce n’est sans doute pas suffisant il faut faire encore un pas de plus

Le  fait de croire pour le chrétien correspond à une adhésion personnelle à une vérité qui le dépasse. Mais de quelle vérité s’agit-il, d’autant plus que cette vérité peut en contenir plusieurs autres qui peuvent s’emboîter l’une dans l’autre, comme des poupées russes : « Je crois en Dieu, je crois en la vie après la mort, je crois en la résurrection de Jésus, je crois en ma propre résurrection, je crois à la vie éternelle. » Toutes ces affirmations se complètent et recouvrent les démarches intérieures de notre foi.

Rejoignons les deux hommes qui courent et continuons à mettre nos pas dans les leurs. Ils sont à la recherche d’un signe qui leur permettra de mettre des mots sur l’événement qu’ils sont en train de vivre et qu’ils n’ont toujours pas compris. Dans ce cheminement spirituel, s’opère un glissement qui va du visible vers l’invisible, car la foi va jaillir en eux. La foi va jaillir non pas à partir de ce qu’ils voient, puisqu’il n’y a rien à voir mais de ce qu’ils ne voient pas. Nous en sommes au même point..

Les deux hommes qui courent dans la nuit sont dépassés par leur raison. S’ils vont à la tombe en pleine nuit, c’est à la suite des propos d’une femme dont tout le monde sait qu’elle était dérangée, Marie Madeleine. S’ils ont réagi ainsi, c’est qu’ils espéraient déjà, sans le savoir, un événement qui allait les bousculer. Leur raison a été ébranlée par quelque chose qui ne leur venait pas d’eux-mêmes. Dieu était déjà à l’œuvre dans leur doute. A l’énoncé des paroles de Marie l’espérance a fait surgir en eux comme une lumière dans leur nuit. Bousculant ce qui est rationnel en eux, ils se sont mis à espérer en quelque chose d’irrationnel.

Ces  deux hommes étaient certains que le Dieu de leurs Pères, le Dieu de Jésus, était maître de tout, qu’il avait tout pouvoir et qu’il pouvait faire surgir la vie là où la mort avait fait son œuvre. On avait beau le savoir, c’était quand même du jamais vu ! L’espérance faisait son chemin en eux et ils ne le savaient pas encore.

Il  y a des passages obligatoires sur le chemin de la foi. L’espérance en est un. C’est le moment où notre âme est travaillée à l’intérieur de nous-mêmes par une proposition que notre raison réfute, mais qui provoque un sursaut d’énergie en nous. Cette proposition se heurte à notre intelligence qui développe toute sorte d’arguments raisonnables pour nous dire que ça ne tient pas la route, que ça ne peut être vrai et que ça relève de l’absurde ou du rêve.

Ceux  qui vivent ce type d’expérience disent qu’ils sont ébranlés. Ils perçoivent déjà que la vérité sur toute chose se situe au-delà d’eux-mêmes, dans une réalité que Dieu seul peut rendre accessible. Le disciple que Jésus aimait en est là. Il est ébranlé, car il découvre que la vérité qu'il sent frémir en lui est de l’ordre de l’invisible, de la vie intérieure.

En fait nous aimerions garder le contrôle de nos émotions, même de nos émotions religieuses et en limiter la portée. Mais nous ne sommes pas maîtres de la situation qui nous dépasse. Si notre raison a été ébranlée, si l’espérance nous a provoqués, si nous y avons pris de l’intérêt, c’est que cette puissance qui a surgi en nous et qui a bousculé notre manière de comprendre est à l’œuvre en nous. Elle ne nous lâchera pas. Mais, nous ne sommes pas encore arrivés au terme de notre course.

Dieu  qui a mis tout cet émoi en éveil a l’intention d’aller encore plus loin et de venir réguler le cours de notre vie. Il désire habiter nos pensées et inspirer nos projets. Pour cela il nous réserve encore, l’expérience d’un face à face personnel avec le ressuscité. Ainsi contrairement à ce qui est écrit, après cela les deux hommes n’ont pas fini leur course, ils ne sont pas retournés tranquillement dans leur maison. Dieu, en la personne de Jésus, s’est imposé à eux, d'une manière personnelle, comme celui qui avait franchi le passage vers l’éternité et qui avait ouvert pour eux un chemin jusque là ignoré. C’est alors qu’ils feront la rencontre du ressuscité. Jésus deviendra le compagnon invisible de leur vie et leur vie en sera changée.

Chaque  année à Pâques nous refaisons ensemble cet itinéraire de la foi, nous nous souvenons que Dieu habitait en Jésus Christ et qu’il se propose encore d’habiter en nous pour que toute chose devienne nouvelle. A Pâques, c’est le moment où chacun prend conscience que Dieu habite en lui et qu’il est devenu le partenaire incontournable de sa vie.

Pierre et Jean courant au sépulcre Eugène Burnand

samedi 29 mars 2014

Matthieu 21:1-11 - Les Rameaux




Matthieu 21/1-11  - Les Rameaux - dimanche 13 avril 2014



1 Lorsqu'ils approchèrent de Jérusalem et qu'ils furent arrivés à Bethphagé, vers le mont des Oliviers, Jésus envoya deux disciples 2 en leur disant : Allez au village qui est devant vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée, et un ânon avec elle ; détachez-les, et amenez-les-moi. 3 Si quelqu'un vous dit quelque chose, vous répondrez : « Le Seigneur en a besoin. » Et il les laissera aller tout de suite. 4 Cela arriva afin que s'accomplisse ce qui avait été dit par l'entremise du prophète :


5 Dites à la fille de Sion :

Ton roi vient à toi,

plein de douceur, monté sur une ânesse,

sur un ânon, le petit d'une bête de somme.

6 Les disciples allèrent faire ce que Jésus leur avait ordonné. 7 Ils amenèrent l'ânesse et l'ânon, sur lesquels ils mirent leurs vêtements ; il s'assit dessus. 8 La plupart des gens de la foule étendirent leurs vêtements sur le chemin ; d'autres coupèrent des branches aux arbres et les étendirent sur le chemin. 9 Les foules le précédaient et le suivaient en criant :

Hosanna pour le Fils de David !

Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !

Hosanna dans les lieux très hauts !

10 Lorsqu'il entra dans Jérusalem, toute la ville fut en émoi. On disait : Qui est-il, celui-ci ?



11 Les foules répondaient : C'est le prophète Jésus, de Nazareth de Galilée.

Jésus chasse les vendeurs du temple



12Jésus entra dans le temple. Il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple, il renversa les tables des changeurs et les sièges des vendeurs de colombes. 13Et il leur dit : Il est écrit :

Ma maison sera appelée maison de prière.

Mais vous, vous en faites une caverne de bandits.



Jésus, arrive toujours vers nous d’une manière surprenante. Ici il surgit au détour d’un chemin sur une ânesse qui le porte. Dans le texte tel que  Matthieu le rapporte, il s’agit de la mère du petit âne. Si Jésus  porte en lui   la Parole de Dieu, l’ânesse, , devient  par voie de conséquence porteuse de la Parole de Dieu.  Comme si ça ne suffisait pas pour Jésus de se servir des animaux pour porter la Parole de Dieu, il associe aussi la nature à cette action et  il invite les pierres du chemin à crier la gloire de Dieu.  Mais, ce n’est pas tout. Entrant dans le temple, par le seul geste  de violence qui lui soit connu, il prétend le purifier. Mais le temple de Dieu n’est ce pas aussi notre corps (1 Cor 6/19)? Jésus pourrait-il nous faire violence afin que nous  devenions à notre tour, aptes à porter  sa parole comme un âne  et de la proclamer comme un vulgaire caillou ?  Mais ce  texte  nous pose encore bien d’autres questions.

Quand nous ouvrons notre Bible c’est généralement avec l’intention d’y trouver une parole de Dieu qui nous encourage et qui nous  apporte  un éclairage particulier sur les choses de la vie ! Mais la Parole de Dieu ne se laisse pas saisir, c’est plutôt elle qui  s’empare de nous et qui s’impose à nous pour nous entraîner là où nous n’avons pas forcément  l’intention d’aller. C’est ainsi, elle qui suscite en nous des idées nouvelles  qui  prennent place en nous et ne quittent plus notre esprit. Telle est l’action secrète de la Parole de Dieu quand nous acceptons   que le Saint Esprit lui ouvre le chemin de notre vie intérieure.

 Plutôt que de nous extasier en regardant Jésus qui se donne en spectacle dans un  rôle de roi  d’opérette sous les yeux des badauds de Jérusalem, qui le regardent sans comprendre,  nous allons essayer de découvrir les autres aspects de cette histoire. En fait  ce rôle de spectateurs ne nous sied mal,  c’est pourquoi Jésus va faire de nous des acteurs. Il nous invite à édifier avec lui le Royaume de Dieu, car c’est   la tâche qu’il s’est donné d’accomplir  et pour laquelle  il est venu.

Combien de fois n’avons-nous pas entendu ce récit de Jésus qui se fait acclamer par la foule le jour des Rameaux sans que cela ne change rien du tout dans notre vie. Pourtant, on n’a pas manqué d’attirer notre attention sur les réalités du Royaume que Jésus est en train d’instaurer. Quel que soit l ‘Evangile qui nous le rapporte, Jésus y surgit comme s’il venait  de nulle part et s’impose à nous comme celui qui  veut prendre autorité sur nous.  Mais nous  avons du mal à rejoindre Jésus dans la réalité de ce récit où il se montre dans une situation étrangement inhabituelle.

 En effet c’est un âne qui est le héros du jour. Nous savons que l’âne était jadis le fidèle compagnon du roi David, c’est sur lui qu’il avait fait asseoir son fils Salomon pour conjurer la révolution de palais qu’un autre de ses fils  Adonija avait fomentée.  Le  futur roi Salomon avait suivi, à peu de choses près le même parcours que l’on prête à Jésus ce jour là. Pour arriver au palais et débouter son usurpateur de frère,  Salomon était parti de la fontaine de Guihon, avait parcouru les ruelles de Jérusalem et était arrivé sur l’esplanade du Temple où se trouvait aussi le palais. L’âne sur lequel Salomon était monté et sur lequel plus tard Jésus montera,  est un élément tellement familier dans le décor  biblique que nous l’avons mis dans la crèche de Noël, même si les Ecritures ne l’y placent pas. L’âne porte donc toute  une partie  de la tradition biblique, il est porteur de Jésus qui est lui-même porteur de la parole de Dieu. Serait-il alors pertinent de nous  demander si  Jésus n’aurait pas souhaité que l’âne ce soit moi, ou ce soit vous, c ‘est à dire le peuple de l’Eglise ? » 

Au lieu de rester un simple spectateur  et de regarder les choses de l’extérieur, prenons donc la place de l’acteur le plus humble.  Il nous sera alors plus facile de voir les choses au raz du sol.  Sans fausse modestie, nous voilà donc dans le rôle de l’âne pour mieux voir cette foule qui vocifère et qui acclame son roi.  Avez-vous remarqué  que la tradition de nos églises a repris dans ses chants les acclamations de la foule aux Rameaux, si bien que chaque fois que nous chantons alléluia, c’est Jésus en tant que roi que nous acclamons. Cette simple remarque nous rappelle que le sens de notre culte consiste à conférer à Jésus les pleins pouvoirs sur notre communauté, sur notre Eglise et sur nous-mêmes.

Ainsi nous vous voila engagés à accompagner Jésus comme le plus modeste des  acteurs de cet événement.  Si le chemin devient trop rude, et que  l’âne  que nous sommes trébuche, si la foule dans laquelle nous sommes mêlés est fatiguée, à bout de  force et ne peut plus chanter, ou si  l’Eglise  dont nous sommes membres   aujourd’hui se démobilise à force d’habitude,  c’est alors que nous sommes invités à réaliser que nous ne sommes même pas capables d’être les pierres du chemin sur lesquelles marche le Seigneur.  Le monde semble se passer de nous, car si nous nous taisons les pierres  crieront. Et aujourd’hui ce sont les pierres qui crient vraiment, en tout cas qui disent ce qui doit être dit sur Jésus.

En effet quand les touristes avides de culture  viennent  admirer, les cathédrales, ce n’est pas les offices religieux, auxquels ils n’assistent pas, ni même les guides qui leur parlent de la Bible, mais  ce sont  les bas reliefs, les tympans, les chapiteaux qui leur racontent les merveilles de Dieu.  Le travail de transmission se fait  par le biais de la culture,  les cathédrales, bien sûr  mais aussi la musique, la peinture et toutes les merveilles de nos musées. 


 Aussi intéressant soit-il sur le plan culturel,   l’Evangile  semble avoir perdu son aspect séducteur. La société  contemporaine  s’organise  indépendamment du message que  Jésus a voulu lui donner.  Nous habitons un monde où l’Eglise se sent fatiguée d’être minoritaire, fatiguée de ne pas réussir à  se faire entendre. Les média ne répercutent plus guère sa voix.  Le Christ, une fois encore trahi semble  se résigner  à retourner  dans la tombe d’où l’avait tiré la résurrection.

C’est  pourtant dans ces conditions que nous avons encore à jouer un rôle. Nous avons à jouer le rôle   de ces pierres sur lesquelles on marche et  avec lesquelles on construit les routes  à défaut de cathédrales que l’on ne construit plus beaucoup.  En nous identifiant aux pierres nous  découvrons que nous sommes destinés à faire partie des matériaux qui servent à faciliter la progression des  hommes en marche vers leur destin sans qu’ils le sachent. Ces pierres ne crient ni leur souffrance d’être piétinées, ni leur dépit d’être ignorées mais elles sont témoins de l’amour de leur  Dieu  dont les hommes ont  tant besoin d’éprouver la réalité, faute de quoi ils sombreront dans la morosité.

Au pas lent de l’âne qui commence à fatiguer, Jésus  arrive au Temple. Il se laisse aller à la colère et bouscule les marchands qui sont là pour les besoins du culte. Peu importe la portée de son geste. Il faut réaliser que le temple, est le lieu de la  présence de Dieu, c’est la demeure du Seigneur.  En tant que tel, c’est aussi notre corps, notre personne. On  ne peut tolérer qu’il s’y passe n’importe quoi. Tout ce long cheminement de Jésus  pour atteindre le Temple n’a d’autre but que  de nous exprimer l’acharnement que met Jésus  à  prendre possession de notre propre personne. 

Il veut  nous rendre capables d’apporter louange et adoration à notre Dieu et de témoigner de sa présence au cœur de l’humanité en toutes circonstanes.  En  devenant tout à la fois l’âne sur lequel Jésus s’est assis, la foule qui acclame et les pierres qui crient, nous réalisons que Jésus  peut emprunter toutes les dimensions de notre vie spirituelle pour nous accompagner  dans notre foi et faire de nous le lieu de la présence de Dieu. Toute cette évocation  royale de Jésus n’a pas d’autre but que de s’emparer de nous-même pour faire de nous  le Temple de Dieu.  En prenant ainsi possession de nous, Jésus  nous rend conforme à notre destin premier, celui  de rendre à Dieu un culte  raisonnable.

jeudi 27 mars 2014

Romains 8:8-11 - l'oeuvre de l'esprit



Romains 8 :8-11 l’œuvre de l'esprit  - dimanche  6 avril 2014

8 Ceux qui sont sous l'empire de la chair ne peuvent plaire à Dieu.
9 Quant à vous, vous n'êtes pas sous l'empire de la chair, mais sous celui de l'Esprit, s'il est vrai que l'Esprit de Dieu habite en vous. Et si quelqu'un n'a pas l'Esprit du Christ, il ne lui appartient pas. 10 Or si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais l'Esprit est vie à cause de la justice. 11 Et si l'Esprit de celui qui a réveillé Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a réveillé le Christ d'entre les morts fera aussi vivre vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.

S’il nous était donné d’être un extraterrestre et de contempler l’homme de l’extérieur  du monde où il se meut, que verrait-on ? On verrait au milieu de tous les animaux de la nature au plumage souvent flamboyant  où à la fourrure épaisse et bien fournie  un petit être terne  au pelage rare, d’une  couleur uniforme et dont  la peau prendrait des  teintes différentes suivant les régions où se porterait notre observation. On trouverait bien peu de choses qui lui permettraient de se distinguer au milieu de la nature. Ce ne serait en tous cas ni sa force ni sa beauté.  Cet être n’a rien pour le rendre remarquable. Il est quant à lui, bien conscient de sa médiocrité. Pour améliorer sa situation, la première chose qu’il a inventé, c’est le vêtement pour se cacher et se protéger et aussi pour tenter désespérément de se valoriser.

Il  invente des outils et curieusement il  met tout ce qui l’entoure au service de sa faiblesse, si bien que toutes les valeurs qui le caractérisent s’inversent. Sa force réside alors dans  sa faiblesse.  Il fait évoluer tout ce qui l’entoure à son  profit. A-t-il vraiment conscience du fait que tout ce qui le distingue des autres êtres vivants qui sont sur terre c’est son cerveau prodigieux animé par un esprit entreprenant et inventif.

Son esprit est constitutif de son être. Il  lui sert à concevoir le fait que tout ce qui existe, peut lui  être utile et  servir à améliorer son état de faiblesse naturelle. Son esprit et sa pensée ne sont apparemment pas repérables de l’extérieur, c’est son comportement qui permet d’en repérer la présence. On ne peut s’en saisir ni  en rendre compte.  Pourtant  l’homme est capable d’en faire usage et de s’en servir pour dominer la matière, la faire réagir et créer des objets qui lui servent à améliorer son bien être.  Il y a donc  là un rapport remarquable entre le  spirituel et le matériel car l’homme pense la chose avant qu’elle devienne. 

Nous avons tellement l’habitude de cette réalité que nous ne nous en étonnons plus. Nous allons quand même nous interroger sur ce constat. Notre esprit agit de telle sorte que les choses se produisent et  lui obéissent.  Notre esprit peut aussi agir sur l’esprit des autres. Comment se fait-il que ce qui est, insaisissable, sans consistance et  invisible de surcroit, puisse agir sur la matière ? Comment se fait-il que l’esprit provoque la fabrication d’instruments ou qu’il améliore ceux que la nature  lui a donnés?  Détail supplémentaire, nous constatons que ce comportement est aussi celui que la Bible reconnaît être celui de Dieu car Dieu est esprit. Il pense et la chose existe.
                                                                                                                            
On peut  aussi se demander ce qu’il en serait de notre terre si l’homme ne l’habitait pas. La réponse est bien facile à imaginer. Elle serait recouverte de vastes forêts, d’immenses savanes, de déserts arides où les espèces animales et végétales cohabiteraient selon les règles de l’évolution, ce  qui n’étonnerait personne.

La présence de l’homme, cette créature que nous avons considérée comme si fragile a tout changé. Il a mis en échec les lois de l’évolution, il a  dominé la terre et tout a été modifié du fait de sa présence. Un tel constat vaut bien que   l’on s’interroge.

Si tout a été transformé parce que l’être humain s’est mis à penser, on peut alors se demander qui l’a entraîné  à se comporter comme il l’a fait? Très vite nous allons penser qu’un esprit supérieur, indépendant de l’être humain  aurait pensé à une telle évolution du monde. Il aurait prévu que le devenir des  espèces se produirait  harmonieusement  grâce à l’esprit ingénieux et inventif de l’être humain. Pourtant, il n’en est rien.  En effet, l’observateur  hypothétique que l’on a inventé au début de ce propos ne peut que se demander pourquoi l’homme, cet être pensant  qui a tout transformé par son esprit prodigieux l’a fait si mal ?

Non seulement il a bouleversé la planète, mais des rivalités  se sont établies entre les humains eux-mêmes au point que les uns utilisent les autres pour  satisfaire leur  mieux être au détriment de l’épanouissement de la vie des autres.  Il a eu le même  comportement sur la nature, les animaux et les végétaux aussi bien que les minéraux. On est même en droit de se demander si l’homme grâce à son esprit prodigieux ne s’échappera pas un jour   de sa propre planète pour susciter la disharmonie dans d’autres univers  qu’il n’a pas encore atteints.

La grande question qui se pose à nous et pour laquelle nous devons trouver une réponse est de se demander pourquoi cet être qui s’impose au monde par les prouesses de son esprit ne s’attache qu’à ce qui est matériel et qu’il ne trouve sa raison d’être que dans la jouissance matérielle alors que sa valeur intrinsèque est dans son esprit.

S’il y a un grand organisateur  et un grand  penseur   derrière tout cela, nous  comprendrons  sa perplexité en constatant que le monde qu’il a voulu harmonieux se développe dans  un déséquilibre constant, provoqué par l’être qui lui ressemble le plus  puisque c’est  par l’usage de son esprit qu’il agit sur les choses et les êtres.

Revenons à la réalité du temps de l’apôtre Paul qui a provoqué en nous ces réflexions. Paul s’interroge et nous  invite à le faire en s’appuyant sur le  fait que l’emprise de l’homme sur tout ce qui l’entoure est néfaste. Il voudrait que  nous agissions de telle sorte que cesse  cette emprise de l’être humain sur la nature. Il prend en compte l’intuition  que nous avons évoquée plus haut  du désarroi de Dieu qui constate que l’évolution ne se fait pas dans le sens où il le  veut.  Il voit que l’homme  a détérioré le projet qu’il a conçu pour le monde en
se servant de ce qu’ils ont en commun, c’est à dire son esprit. L’homme a été fait à l’image de Dieu qui l’a rempli de son esprit. Cet esprit est porteur de vie et par voie de conséquence devrait servir aux hommes à produire de la vie autour d’eux. Il devrait guider les hommes pour  que les choses et les êtres évoluent avec harmonie pour le mieux être de tous, mais l’homme préfère modifier le cours des choses. Il ignore l’empreinte de l’esprit de Dieu qui est en lui depuis les origines et  détourne à son seul profit les fruits de son  esprit si bien qu’il devient par une grande partie de ses actions, l’ennemi de Dieu.

Comment  s’en sortir si non en cherchant à se mettre à l’écoute de Dieu ? C’est ainsi  que l’homme pourra, intérioriser ce que Dieu attend  de lui. Bien que depuis toujours, Dieu ait suscité des prophètes pour  inviter les hommes à agir dans le sans de ce que nous venons de dire, aucun n’a vraiment réussi. C’est pourquoi il a fallu attendre le moment opportun pour que l’homme puisse enfin écouter son Dieu grâce à celui qui a su se mettre à leur portée. C’est à Jésus que cette tâche  a incombé et sa réussite  a provoqué  la colère  de ses ennemis qui l’ont envoyé à  la mort..

Jésus a traversé ce monde avec pour seul souci, celui de rétablir un courant de pensée commun entre Dieu et les humains. Ce courant de pensée porteur de vie devrait être l’élément  dominant de leur système de pensée, si non, ils se dirigeront infailliblement vers ce qui n’est pas Dieu, la mort et le néant. Ce constat  n’est pas  un jugement de Dieu sur l’homme c’est la conséquence inéluctable du mauvais usage de l’esprit que Dieu a mis en lui, car ce n’est que dans l’harmonie avec Dieu que la vie s’imposera à la face du monde, pour ce temps et pour la totalité du temps.




Il semblerait que l'esprit soit à l’œuvre dans ces portraits de Puvis de Chavanne