lundi 30 septembre 2013

Exode 17:8-13 Amaleq contre Israël dimanche 16 octobre 2016





Exode 17 :8-13

8 A Rephidim, Amalec vint faire la guerre à Israël. 9 Alors Moïse dit à Josué : Choisis-nous des hommes, sors et combats Amalec ; demain je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. 10 Josué fit ce que Moïse lui avait dit pour combattre Amalec. Moïse, Aaron et Hour montèrent au sommet de la colline. 11 Lorsque Moïse élevait sa main, Israël était le plus fort ; lorsqu'il reposait sa main, Amalec éta
it le plus fort. 12 Comme les mains de Moïse se faisaient lourdes, ils prirent une pierre qu'ils placèrent sous lui, et il s'assit dessus. Aaron et Hour soutenaient ses mains, l'un d'un côté, l'autre de l'autre ; ainsi ses mains restèrent fermes jusqu'au coucher du soleil. 13 Josué vainquit Amalec et son peuple au fil de l'épée.

Notre vie n’a jamais été un long fleuve tranquille. Nous rencontrons tous sur notre chemin des obstacles imprévus qui nous remettent régulièrement en cause et notre foi interpellée à du mal à résister. Pourquoi Dieu permet-il ces attaques imméritées. Notre vie de foi honnête ne semble nous servir d’aucune protection. Sans le dire nous adressons à Dieu cette prière secrète : «  Qu’ai-je fais Seigneur pour qu’une telle chose m’arrive ? » Seul le silence de Dieu répond à notre question ! Mais les silences de Dieu sont parfois éloquents pour qui sait écouter. Ainsi aujourd’hui allons-nous essayer de percer le mutisme de Dieu avec l’histoire de l’affrontement  que subit Israël face à Abimelec.

Encore un texte qui nous parle de guerre  et où Dieu se fait complice de la violence allons-nous penser. Mais où est Dieu dans ce récit ? Son nom n’est même pas prononcé, l’action se passe sans lui.  La sagesse nous suggère donc de rejoindre Dieu là où il se trouve et non pas là où il n’est pas.

 Jésus a passé sa courte vie à baliser pour nous le chemin qui nous mène à la découverte du Dieu véritable qui est bien différent  de celui auquel la culture ambiante nous a habitué. Jésus le voyait sous les traits d’un Père aimant plus que sous les traits d’un potentat céleste tout puissant. Il s’est appliqué à bousculer les images transmises par la tradition. A la toute puissance de Dieu il a opposé l’amour, à la rigidité de la loi il a opposé la liberté. A la lecture magique des textes sacrés il a opposé une réflexion personnelle. Il nous a libérés du monde de la mort pour nous offrir la résurrection.

Mais Jésus n’a pas inventé de toute pièce l’Evangile qui nous ouvre au salut, il l’a recueilli en partie dans ces mêmes Ecritures que nous a transmis la  tradition biblique. Dieu s’y révèle à son peuple depuis des millénaires par la voix des prophètes. Jésus a trouvé l’Evangile qu’il nous a enseigné, dissimulé dans les  textes sacrés comme des pépites d’or qu’il a fallu séparer des graviers. Il l’a rassemblé dans un enseignement qui nous étonne encore. C’est ainsi que sont nés les textes évangéliques du Nouveau Testament soigneusement mis par écrit par les premiers chrétiens pour devenir ce joyau de sagesse qui nous fait vivre. Ainsi la parole de Dieu  n’a eu vraiment d’effet qu’au moment où Jésus  lui a donné sa voix. Le petit texte contenant  le récit de la victoire de Josué sur Amalec  est une de  ces pépites enfouie dans la gangue des textes anciens. Comme des chercheurs d’or, il va nous falloir user de patience pour en découvrir la pertinence.

Alors que le peuple Hébreu, en fuite hors d’Egypte tente de traverser le désert à la suite de Moïse, Amaleq vint combattre Israël et s’opposa à son passage. Les difficultés  n’avaient pas été épargnées aux fugitifs, faim, soif avaient été leur lot,  et maintenant voila que le tenant du lieu leur refusait le passage. Le conflit ressemble tellement à celui de l’actualité qu’il est inutile de le commenter. Inutile aussi d’en tirer une leçon immédiate pour aujourd’hui car la situation n’est pas la même. Amaleq qui entre en scène va faire figure d’ennemi traditionnel  du peuple d’Israël. Continuellement  il opposera ses armées aux combattants hébreux et ce n’est que David qui le vaincra définitivement. Il est donc plutôt l’incarnation du mal récurent qui s’oppose à Israël. 

A travers ce récit nous verrons aussi l’histoire de notre propre vie, traversée d’événements  hostiles qui tombent sur nous au moment où on ne s’y attend pas et qui opposent à notre existence des défis réguliers qui nous provoquent  à tout bout de champ sans  que nous ayons pu voir venir la menace. Il y a toujours un Amaleq dans notre vie qui nous empêche d’en jouir pleinement, mais silencieusement Dieu reste attentif


Face à la difficulté, Moïse monte sur la colline, le bâton de Dieu à la main, ce bâton avait servi à manifester la puissance de Dieu devant le pharaon et à faire jaillir l’eau du rocher. Il est accompagné par Aaron, son frère, le grand prêtre et Hur qui les assistent.  Il se présente ainsi à tous, sur  un lieu  élevé, les bras tendus vers le ciel dans la position traditionnelle de la prière.  Pour compenser la fatigue qui l’assaille on calle Moïse dans sa position par un rocher  et ses deux compagnons soutiennent ses bras pour qu’ils ne s’abaissent pas.  Nous avons dans ce tableau impressionnant assez d’éléments symboliques pour évoquer le temple qui sera construit  bien plus tard, sur un rocher, sur la montagne de Sion. Dans le lieu saint du temple on avait déposé les tables de la Loi. La prière y était célébrée jour et nuit par les descendants  d’Aaron. Cette simple constatation nous autorise à voir  dans  cette évocation  la place que doit prendre  Dieu dans notre  vie, alors que depuis le début du récit, le nom de Dieu n’a pas été mentionné  et ne le sera qu’incidemment à la fin.

Nous comprenons bien vite que la victoire sur le mal ne s’accomplit pas par les armes traditionnelles  mais par la fidélité à l’Eternel qui est exigeante.  Quand la prière cesse et que Moïse baisse les bras, les armées reculent, quand Moïse  épuisé lève à nouveau les bras, les combattants  qui de la plaine le voient  reprennent de la vigueur.  Moïse n’arrive pas tout seul à accomplir sa tâche, l’aide de  ses compagnons lui est indispensable. Il a beau être un homme providentiel, il a beau être mis à part par Dieu, il ne peut rien tout seul, même dans une attitude de prière où il ne prononce pas un seul mot.

Jusqu’ici, le nom de Dieu n’a pas été pas mentionné, car Dieu occupe tout l’espace.  Il n’y a pas des moments dans notre existence où il est plus présent que d’autres. Il est présent en totalité et il n’agit pas seulement parce que notre prière serait plus efficace à certains moments qu’à d’autres, notre prière constante  maintient un lien permanent avec lui.  Notre prière n’a pas besoin de mots pour être perçue par Dieu, il s’agit seulement d’être conscient  du fait qu’à chaque instants de notre vie, Dieu est présent. Le récit semble nous dire ici que quand les difficultés surviennent, il faut laisser Dieu envahir notre vie et combattre avec lui contre l’adversité. Nous ne savons pas quelle issue aura chaque nouveau défi, mais nous savons que Dieu restera présent, même si les événements semblent l’enfermer dans le silence. Notre prière n’a pas besoin de mots formulés, sa réponse ne se fait pas sentir par des  événements perceptibles, mais il suffit que par la foi nous soyons assurés de sa présence pour que nous ne perdions pas pied.


La prière ne nous dispense pas de l’action, pendant que Moïse se tient sur la montagne les bras levés,  Josué dans la plaine mène le combat. Si on reste passif à attendre  de voir le résultat de l’action de Dieu, nous risquons d’attendre longtemps. Dieu n’apporte pas des solutions toutes faites à nos problèmes. Il ne s’agit pas de s’assoir sur un rocher et de tendre les mains vers le ciel pour que le miracle se produise. Par contre Dieu participe volontiers à notre action et nous inspire pour que nous puissions trouver les bonnes solutions. Mais ce travail est parfois contraignant, il demande l’oubli de soi et  une constance dans la prière.  Ce n’est pas Dieu qui agit, c’est nous. Quant à Dieu, il contribue par  sa présence constante à maintenir en nous l’espérance qui est l’instrument nécessaire dont nous avons besoin, pour mener heureusement notre  vie.


Luc 18: 1-8



Luc 8:1-8 La Parabole du juge inique dimanche dimanche 20 octobre 2013


La veuve importune Luc 18-1-8
Parabole du juge inique
1

Jésus leur dit une parabole, pour montrer qu'il faut toujours prier et ne pas se lasser. 2Il dit : Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et qui n'avait d'égard pour personne. 3Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait lui dire : Fais-moi justice de mon adversaire. 4Pendant longtemps il ne voulut pas. Mais ensuite il dit en lui-même : Bien que je ne craigne pas Dieu et que je n'aie d'égard pour personne, 5néanmoins parce que cette veuve me cause des ennuis, je lui ferai justice, de peur que jusqu'à la fin, elle ne vienne me casser la tête. 6Le Seigneur ajouta : Entendez ce que dit le juge inique. 7Et Dieu ne ferait-il point justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tarderait-il à leur égard ? 8Je vous le dis, il leur fera promptement justice. Mais, quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?
***
Nous nous réfugions parfois dans la lecture de la Bible quand, fatigués du monde ambiant nous aspirons à autre chose que d’entendre les mesquineries quotidiennes qui ne manquent pas de nous  provoquer dans notre vie de chaque jour. Nous cherchons à élever notre âme dans des sphères plus spirituelles. Nous cherchons  aussi à puiser une nouvelle énergie dans la prière et le recueillement, avant de retourner vers le monde où Dieu nous envoie.
 
Cependant, aujourd’hui, nous ouvrons la Bible sur un passage qui nous emmène dans un monde pire que le nôtre. Nous y rencontrons un notable qui tourmente par son mépris une pauvre femme. Il commet ouvertement un délit qui, s’il le commettait chez nous se devrait d’être plus discret sous peine de sanction. Mais discrète ou pas, une telle attitude est odieuse. C’est hélas monnaie courante. Le fait que ce notable soit un juge rend la situation encore plus insupportable. La fonction du juge est de rendre la justice. Dans la société antique, plus que dans la nôtre, la justice est l ’apanage de Dieu. C’est lui qui au dernier jour jugera tous les hommes. C’est donc lui qui décidera de leur sort. Par son attitude détestable, ce juge jette le discrédit sur Dieu.

Dans  leur manière de rendre la justice, les juges humains essayent de ressembler à Dieu et de juger comme Dieu lui-même le ferait. Avec justice et équité. Sans doute chacun de nous pourrait citer des tas d’exemples où la justice rendue par les hommes n’est pas à la gloire de la justice divine. Mais quoi qu’il en soit la justice humaine essaye d’approcher autant que faire se peut de la justice de Dieu.

Notre histoire met en scène un juge dévoyé qui ne rend pas la justice et qui finit par céder aux instances de la plaignante parce que cette dernière l’importune. Bien que Jésus s’en défende nous pensons que Dieu parfois en fait autant ! En effet nous avons l’impression qu’il ne répond que très rarement à nos prières. Tous les affamés de la terre ne crient-ils pas vers lui jour et nuit et il ne leur répond pas. Les Eglises et les associations prennent le relais et Dieu ne s’en soucie toujours pas. Les injustices augmentent et il semble ne pas en avoir cure. C’est le reproche que lui font ceux qui se détournent de lui en pensant qu’il se désintéresse des affaires des hommes. « Il n’y a plus de justice disent les uns », et les autres répondent en faisant écho : « il n’y a plus de Dieu. » C’est à cause de ces questions latentes que l’on se pose que l’étude de ce texte devient intéressante.

Il nous replonge dans le monde auquel nous voudrions échapper : celui où les gens en place ne tiennent aucun compte des petits qui ont tant de mal à survivre. Ce monde ne s’améliore que trop lentement à notre gré et Dieu, malgré les beaux sermons que l’ont faits à son sujet y est souvent invisible. Pourtant, en commentant cette parabole Jésus prétend qu’à la différence du juge, Dieu fera prompte justice. Paroles en l’air semble-t-il, à moins que Jésus s’attende à ce que nous tenions notre sagacité en éveil et que nous nous l’ employions à  comprendre ce texte autrement que ce que nous venons de faire.

En  fait, ce n’est qu’au bout d’un certain temps que la juge répond à la requête de la veuve. Il y met même beaucoup de temps. Cependant, la veuve lui assénait continuellement, la même antienne : « rends-moi justice » ! Elle ne cessait pas de lui rabâcher son histoire en lui expliquant en quoi elle était victime d’un adversaire qui, soit dit en passant trouvait son compte dans l’inaction du juge. Elle lui demandait de faire ce que Dieu demande aux hommes de faire, à savoir d’être juste. Dieu fait entendre sa voix dans les récits des prophètes aussi bien que dans l’Evangile pour réclamer la justice pour la veuve et l’orphelin. On peut donc dire, pour ce que l’on sait de Dieu, qu’il  mêlerait certainement sa voix à celle de la veuve et qu’il ferait chorus avec elle. Dieu n’était pas du côté du juge, il était du côté de la femme. Il joignait  sa voix à la sienne. C’est ce que Jésus exprime quand il dit que Dieu se proposait de faire promptement justice. 

Dès  qu’il y a une injustice sur terre, dès qu’une détresse s’abat sur le monde, la voix des hommes en souffrance est prise en relais par celle de Dieu. Il n’est donc pas possible de comparer l’action de ce juge à celle de Dieu. Dieu écoute, il entend, il dit ce qui est juste. Pour Dieu, faire justice, cela  consiste à prendre le parti des opprimés contre les oppresseurs et à se mettre dans le camp des victimes contre celui des bourreaux. Mais, si, comme le juge, sa fonction est de prononcer la sentence, il n’exécute pas la sentence. Il n’est ni gendarme ni bourreau. Il est celui qui dit le droit. Pour exécuter la sentence, il n’a que les mains, le cerveau et l’intelligence de tous les hommes capables de mettre en pratique ce que Dieu a décidé qu’il était juste de faire. Dieu n’est pas celui qui va contraindre le coupable à réparer le tort qu’il a fait à sa victime. Il ne faut pas confondre les genres.

Bien  sûr, même si on entre dans cette logique, on ne peut s’empêcher d’être frustré et de dire son amertume. On a surtout l’impression d’être victime d’un marché de dupe. Nous nous attendions à ce que Dieu assume tous les rôles : celui du juge et du justicier. Ce n’est pas le cas. Il dit ce qui est juste, il dénonce ce qui est injuste. C’est par notre référence à l’Evangile que l’on sait ce que Dieu pense des situations d’injustice qui sont faites aux hommes. C’est en lisant  l’Evangile que l’on perçoit ce que Dieu a à dire. C’est ainsi que l’on perçoit  la voix de Dieu.

Ce  sont les hommes qui entendent la voix de Dieu qui sont enjoints par lui à faire justice et à exécuter la sentence. C’est en prenant acte du jugement de Dieu qu’on en sent toute la pertinence. On éprouve alors le besoin de le diffuser autour de nous, si bien et qu’on l’amplifie et que ceux qui nous entendent font de même . A force d’être amplifié par les uns et les autres il devient assourdissant au point qu’enfin quelques humains se sentent concernés et remédient à l’injustice dénoncée. C’est à force de répéter qu’il est injuste d’opprimer les faibles et de maltraiter les petits, que des hommes ont finit par  promulguer la Charte des Droits de l’Homme, sans savoir qu’ils devenaient ainsi le bras agissant de Dieu.
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Comme souvent dans l’Evangile on assiste à un renversement des valeurs. Les hommes croient qu’à force de prier, ils finiront par être entendus de Dieu qui les exaucera. Plus ils sont nombreux à prier, plus ils espèrent être entendus de Dieu qui finira par intervenir en faveur de la cause pour laquelle on le prie. Plus les hommes sont nombreux à dire la même chose à Dieu, plus Dieu entend, croient-ils. En fait, c’est le contraire qui se passe. Dieu est alerté bien avant nous des injustices qui se passent dans notre monde. Dieu sait avant nous les souffrances des hommes victimes de la sécheresse, des tremblements de terre, des maladies et c’est Dieu qui à son tour inspire nos prières.

C'est Dieu qui avec nous ne cesse de crier « justice », jusqu’à ce que nous les hommes nous comprenions que c’est à nous de mettre la main à la pâte pour secourir ceux qui en ont besoin. Tout se passe comme si c’était Dieu qui nous priait pour que nous agissions alors que c’est nous qui croyions que par nos prières nous réussirons à provoquer l’action de Dieu. 
 
Il n’empêche que Dieu dans sa grande bonté se met parfois à l’œuvre à son tour et se met à agir de telle sorte que c’est lui-même qui met en œuvre la solution opportune qui soulage celui qui est dans la souffrance. On appelle cela un miracle, Mais ce n’est pas le mode habituel de fonctionnement que Dieu a choisi. Curieusement nous croyions que c’est de cette manière que Dieu choisit d’exaucer les hommes, alors que c’est l’exception. Heureux l’homme qui a compris que Dieu faisait de lui l’instrument par lequel sa justice entre en vigueur parmi les hommes.

Ce sermon a été publié sur ce même blog le dimanche 17 octobre 2010

vendredi 13 septembre 2013

Luc 17:11-19



Luc 17:11-19 Les dix lépreux: dimanche 13 0ct0bre 2013


11  Au cours de son voyage vers Jérusalem, Jésus passait entre la Samarie et la Galilée. 12 Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre et se tenaient à distance. Ils élevèrent la voix et dirent : 13 Jésus, Maître, aie pitié de nous ! 14 En les voyant, il leur dit : Allez vous montrer aux sacrificateurs. Et, pendant qu'ils y allaient, il arriva qu'ils furent purifiés. 15 L'un d'eux, se voyant guéri, revint sur ses pas et glorifia Dieu à haute voix. 16 Il tomba face contre terre aux pieds de Jésus et lui rendit grâces. C'était un Samaritain. 17Jésus prit la parole et dit : Les dix n'ont-ils pas été purifiés ? [Mais] les neuf autres, où sont-ils ? 18 Ne s'est-il trouvé que cet étranger pour revenir et donner gloire à Dieu ? 19Puis il lui dit : Lève-toi, va ; ta foi t'a sauvé.





Que de malheureux sur les routes du monde ! Des lépreux, des affamés, des déplacés, des malades de toutes sortes ! Quand, il arrive qu’on réussisse à répondre à la détresse de certains et à améliorer leur sort peu enviable, c’est alors que l'on considère comme normal  que les défavorisés, redevenus comme tout le monde, remercient, ceux qui les ont secourus. Tout se passe comme si ceux qui sont du bon côté devaient  être félicités  de leur privilège qui leur a permis de remédier à  une injustice. C'est ce que ne font pas les neuf lépreux et c'est ce qui nous choque.

A la lecture de ce passage, nous constatons aussi que la société crée des clivages parmi les hommes. Même les plus pauvres peuvent trouver encore plus pauvre qu’eux, cependant quand on est arrivé au niveau le plus bas, les clivages disparaissent. L’histoire nous montre que ces dix rejetés de la société cheminent ensemble, sans aucune distinction de classe ni d'origine. Pourtant dans une société de gens ordinaires, l’un d’eux aurait  sans doute été rejeté par les 9 autres, car il aurait été considéré de rang inférieur en tant que Samaritain.


 Mais au point de déchéance où ils sont, ils sont revenus à égalité. Ils sont condamnés à survivre dans un ghetto infâme, au risque d’être tués par les bien portants s’ils en sortent.

Pourtant ils sont sortis, et audace suprême, ils interpellent Jésus. Même au plus profond de la déchéance, ils ont gardé une lueur d’espérance. C’est cela sans doute qui les retient encore parmi les humains, car l’être humain est avant tout un être de désir et quand son désir disparaît, il cesse d’être humain. C’est ce que nous allons voir. Nous allons voir aussi que désir et salut font cause commune.


On  ne sait comment la renommée de Jésus est parvenue jusqu’à eux.  Ils ont bravé les interdits pour le rencontrer. Les voilà donc à portée de voix du maître au risque de leur vie, c’est dire leur désir de guérison, la petite graine de l’espérance n’est pas morte en eux. Ils tentent le tout pour le tout en espérant encore que la puissance qui émane de Jésus peut les sauver. Cette espérance qui les a poussés à agir est incontrôlée et irréfléchie. C’est une pulsion de vie, apparentée à la foi qui les anime déjà.


Pourtant, si c’est Dieu qui agit en Jésus, pourquoi ne les a-t-ils pas déjà guéris ? Et si Jésus, au nom de Dieu peut quelque chose pour eux, pourquoi ne descend-il pas dans le ghetto des lépreux pour tous les libérer ? Voilà encore une fois Dieu mis en accusation face au problème du mal auquel il n’apporte pas de réponse.


Quoi  qu’il en soit Jésus réagit comme s’ils étaient déjà guéris tous les dix, alors qu'il ne s'est encore rien produit. Il les envoie aux prêtres qui seuls sont habilités à constater leur état. Ce n'est qu'après que la guérison se produira. Alors qu’ils faisaient la démarche, ils étaient encore unis dans le même destin.


Mais à peine la lèpre les a-t-elle quittés qu’ils se séparent. Le Samaritain guéri exprime sa reconnaissance et pas les autres. Que se passe-t-il en eux pour que la différence réapparaisse? En fait, Dieu n'est pas inactif face à une création encore inachevée. Il continue à agir  afin d’améliorer les choses. Tout se passe comme si il poursuivait son œuvre  de création  entreprise dès les origines, si bien que les dysfonctionnements de la nature restent encore apparents.


Il   est clair que pour Jésus cette situation est anormale et doit être corrigée, c’est pourquoi Jésus s’adresse aux dix lépreux comme si, bien que malades, ils étaient déjà guéris, comme si la guérison était de l'ordre du normal. Là où les choses se compliquent, c’est que l’un d’entre eux revient pour rendre grâce à Jésus.  Celui qui revient est un Samaritain et il  reçoit la promesse de Jésus  selon laquelle sa « ta foi l'a sauvé »


Les  autres qui ont été guéris avec lui considèrent sans doute qu'ils ils ne doivent pas remercier pour un retour à la normale dans leur état de santé?  Ils se comportent  comme si le retour à la normale n'impliquait aucun  comportement particulier de leur part, comme si c'était un du. Pourtant, ils ont  sans doute eu  un élan de reconnaissance quand ils ont quitté l'univers des lépreux mais ce n'était pas la foi.  Ils ont considérés que leur bon état de santé était de l'ordre du normal?  En ce sens ils avaient raison


 Dans l'évolution du monde en vue d'un un mieux-être pour tous, le projet de Dieu réside dans le fait qu'il confie à des hommes compétents   la charge de travailler à la guérison des défavorisés. Leur guérison est alors le produit de deux facteurs conjugués. La compétence du praticien et le désir du malade de guérir. C’est quand les deux sont conjugués qu’il y a espoir de guérison. Ici le praticien est Jésus et l’espoir de guérison des lépreux se manifeste par leur démarche vers les prêtres.
 

Mais  les hommes compétents n'agissent pas toujours en fonction du désir de Dieu. S'ils ont la compétence, ils n’ont pas  forcément le désir de  secourir. Si donc les choses ne marchent pas c’est que les hommes compétents n’éprouvent pas toujours le désir de secourir les solliciteurs. L’absence de volonté  de leur part,  les rend incompétents. Or Dieu s’appuie sur la compétence des hommes pour répondre à la demande de ceux qui sont dans le besoin. Le manque de bonne volonté des gens compétents le rend impuissant.
 


Dans  l’histoire des lépreux, les 9 qui sont soulagés, considèrent qu'ils sont revenus dans l'ordre normal des choses et n’ont pas le désir d’aller plus loin. Comment l’auraient-ils,  après tout ce qu’ils avaient subi. Ils sont soulagés! Qu’espérer de plus ? Leur histoire s’arrête là.

 Pourtant un des dix reste insatisfait. Étant entré en lui-même, il discerne le doigt de Dieu dans l’événement qui l’a ramené à la santé. Il n’est pas évident de voir le doigt de Dieu ! Dieu se rend visible à ceux qui savent descendre en eux-mêmes et qui écoutent sa voix. Elle leur révèle que leur situation privilégiée ne prend de sens que s’ils entrent dans le projet de Dieu  pour participer à l’évolution du monde.
 


Le  Samaritain a compris que Dieu avait placé Jésus sur son chemin, non seulement pour son salut personnel, mais pour celui de bien d’autres et c'est en exprimant sa reconnaissance qu'il se met au  son service  de Dieu et des autre. 


Dieu  pour se manifester a besoin que les hommes le reconnaissent. C’est ainsi qu’il agit sur le monde et prévoit son évolution harmonieuse. Il projette des solutions pour remédier aux soubresauts de la nature en mouvement, il trouve des moyens pour s’opposer aux hommes en colères qui oppriment leurs frères et leur font la guerre. Ces projets ne se réalisent que lorsque les hommes compétents reconnaissent que c’est Dieu qui leur désigne les causes auxquelles ils doivent s’atteler et mettre leurs compétences à leur service. C’est alors que le désir s’installe en eux et qu’ils deviennent utiles dans le plan de Dieu.


Ainsi  nous voyons bien que le salut est à deux vitesses. Il est d’abord dans le projet de Dieu que tous les hommes vivent sur cette terre dans des conditions acceptables. Certains y arrivent et c’est la première manifestation du salut. La deuxième étape se réalisent par le moyen de ceux qui ont reconnu Dieu en action dans leur vie et qui se mettent à son service pour que beaucoup d’autres voient leur situation de vie s’améliorer. Ceux-là accèdent au deuxième niveau du salut qui consiste à devenir partenaire de Dieu dans la gestion du monde.

I.