jeudi 31 octobre 2019

Luc 20/27-38 La résurretion : Dimanche 10 novembre 2019


Luc 20/27-38


27 Quelques-uns des sadducéens, qui disent qu'il n'y a pas de résurrection, s'approchèrent et posèrent à Jésus cette question:
28 «Maître, voici ce que Moïse nous a prescrit: Si un homme marié meurt sans avoir d'enfants, son frère épousera la veuve et donnera une descendance à son frère.
29 Or, il y avait sept frères. Le premier s'est marié et est mort sans enfants. 30 Le deuxième [a épousé la veuve et est mort sans enfants],
31 puis le troisième l'a épousée; il en est allé de même pour les sept: ils sont morts sans laisser d'enfants. 32 Enfin, la femme est morte aussi.
33 A la résurrection, duquel d'entre eux sera-t-elle donc la femme? En effet, les sept l'ont eue pour épouse.» 34 Jésus leur répondit: «Les hommes et les femmes de ce monde se marient,
35 mais celles et ceux qui seront jugés dignes de prendre part au monde à venir et à la résurrection ne se marieront pas.
36 Ils ne pourront pas non plus mourir, car ils seront semblables aux anges, et ils seront enfants de Dieu en tant qu'enfants de la résurrection.
37 Que les morts ressuscitent, c'est ce que Moïse a indiqué, dans l'épisode du buisson, quand il appelle le Seigneur le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.
38 Or Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants, car tous sont vivants pour lui.» 





Ce texte sur la recherche de la vie  éternelle nous renvoie à nos propres préoccupations. Nous sommes  impatients d’avoir une réponse à la question posée qui concerne la vie éternelle et la résurrection. Elles se tiennent au centre  de notre foi car nous nous sentons réellement concernés par le mystère de la vie. En effet, nous sommes des êtres de désir et nous aimerions nous approprier les clés de la vie, aussi bien  celle que nous menons  dans ce monde ci  que celle que nous espérons dans l’autre.  Notre désir principal est de mener une vie le plus agréable possible dans ce monde, et nous voulons profiter de tout ce qui est susceptible de la rendre enviable. Pour y parvenir nous voulons user de tout ce qui est à notre disposition.  Pour cela nous disposons de notre intelligence, de nos talents et de notre ascendant sur les autres car nous percevons les autres comme des êtres  dont nous pouvons tirer profit pour qu’ils servent à embellir notre vie. En fait nous  cherchons à utiliser leur capital de vie pour enrichir le nôtre. Il en est ainsi depuis l’origine du monde. C’est notre relation à  l’autre qui est en fait l’élément essentiel qui nous permet de d’exister. Nous cherchons à créer une relation de dépendance  avec lui  et à tirer le meilleur profit de sa présence dans notre vie et nous voudrions en établir le bien fondé. 


Dès les origines de l’humanité, les sociétés primitives ont inventé l’esclavage qui créait des relations de dépendance de certains hommes par rapport aux autres. Ainsi une catégorie d’humains pouvait sans vergogne utiliser les talents des  autres pour enrichir sa propre vie en profitant de celle des autres. On devenait esclave par naissance ou par le hasard de circonstance. On a  justifié cette situation, pour se donner bonne conscience en mettant Dieu ou les dieux dans le coup. On affirmait alors que c’était par décision divine que les uns aient pris de l’ascendant sur  les autres, soit parce que c’était comme cela que le dieu ou les dieux avaient voulu que cela soit car c’était la règle qui faisait loi dans la nature où les plus forts  dominaient les plus faibles. On disait aussi que les ancêtres  des uns avaient commis une faute par rapport aux autres et qu’une décision divine avait, par souci de justice, rendu les uns dépendant des autres. On a pu ainsi justifier les choses dans les saintes écritures  en disant que les pères avaient mangé des raisins verts et les enfants en avaient eu les dents agacées. Toute différence de situation trouvait ainsi sa justification devant Dieu et les hommes ont fini par adhérer à ces histoires que  l’on considéra comme fondées historiquement. On justifia  ainsi l’apartheid   en racontant la mésaventure de Cham qui avait dévoilé la nudité de son père et dont les descendants furent condamnés par Dieu à être esclaves de leurs  frères. Il nous a été rapporté qu’un jour on demanda à Jésus quelle faute avait pu commettre les parents d’un aveugle pour qu’il soit dans cette situation. Ainsi Dieu était considéré comme le juge suprême qui décidait du sort des individus par rapport à leur manière de gérer leur vie.


La Bible fourmille d’anecdotes qui justifient la domination des uns sur les autres. Nous constatons  curieusement que, même  dans les Ecritures ce sont les humains en situation  favorable  qui ont tendance à justifier les  situations qui les favorise. Nous avons un curieux  penchant à vouloir mêler Dieu à ce type d’histoire pour établir le bienfondé d’une situation  qui favorise les uns au détriment des autres. On se sert alors de Dieu pour justifier des inégalités qui du fait qu’elles peuvent bibliquement se justifier ont de ce fait force de loi. Mais la Bible nous donne aussi des clés de lecture pour nous aider à contester ce genre d’affirmation.  C’est à nous de savoir  lire les textes  pour  discerner les choses afin de  saisir la vérité du message divin.


Ces quelques réflexions nous plongent directement dans le texte de l’Evangile de ce jour et nous amènent à nous demander comment Dieu gère les  questions que nous nous posons sur la vie ? Ce texte va nous aider à comprendre comment nous avons parfois l’audace de manipuler Dieu pour lui faire dire ce qu’il n’a pas  dit et justifier ainsi des apriori qui nous arrangent peut-être, mais qui sont hors de la vérité. Il ne faut pas être fin clerc pour comprendre que la question posée à Jésus sur la vie éternelle par des gens qui n’y croient pas comporte un piège. La question sous-jacente posée ici par les Sadducéens comporte une fausse question que nous  formulerons ainsi : « Nous ne croyons pas à la résurrection, mais au cas où elle existerait, qu’en serait-il de la vie après la mort » ? Car c’était là leur vrai souci. Ils  ne voulaient pas en parler ouvertement à Jésus pour ne pas perdre la face. Mais ils espéraient une réponse qui leur donne à espérer. Si la réponse de Jésus nous éclaire, elle n’ éclairait pas forcément ceux qui l’interrogeaient , puisqu’ils ne croyaient pas à une autre vie. Pour Jésus, la vie, quelle qu’en soit la forme, présente ou future, appartient à Dieu mais c’est dans  l’authenticité de la foi qu’elle trouve sa vérité.


Si Dieu est maître de la vie, ma vie ne peut s’épanouir qu’en lui, non seulement ma propre vie, mais aussi celle des autres, non seulement celle des humains, mais aussi celle des animaux et des plantes. Tout ce qui vit a sa réalité en Dieu. Mais qu’en est-il de notre vie future à chacun de nous ? Pour répondre à cette question il  est bon de se demander  quelle peut être le sentiment de Dieu à notre égard quand nous  avons malmené notre prochain ou abusé sauvagement de lui ? Comment se tenir devant Dieu quand nous avons pris conscience que nous n’en avons pas fait assez pour notre prochain pour que sa vie s’épanouisse ? Comment  se comporter devant Dieu quand nous savons que sa création a été altérée de notre fait ? Toutes ces questions nous habitent. Non seulement nous les confessons à Dieu mais nous nous interrogeons aussi sur son attitude à lui, vis-à-vis de nous et vis-à-vis du futur. Va-t-il réparer nos erreurs ou va-t-il nous suggérer une autre solution ?


Si Dieu est porteur de vie il ne peut ni punir ni sanctionner les humains qui ont porté atteinte à toutes les formes de vie, sans quoi il porterait lui-même atteinte à la vie qui est en eux et dont il est protecteur. Il ne peut donc ni sanctionner ni punir. Une seule réponse est alors possible, elle consiste à utiliser vis-à-vis de Dieu et de tout ce qui vit cette potentialité de survie qui est en nous  et qui se nomme amour. En le pratiquant sans limite, nous ouvrons alors notre vie au pardon et  à l’espérance qui sont seuls  porteurs d’avenir.


Mais l’espérance doit vivre elle-aussi et pour vivre elle a besoin d’être nourrie. Dieu a laissé dans la Bible de quoi nourrir notre espérance. Elle le sera par le témoignage de tous ceux qui nous ont précédés sur terre et qui ont fait confiance à Dieu pour diriger leur existence. Bien avant nous, ils ont mis leur confiance en Dieu et les événements qui ont marqué leur vie ont été retenus en exemple pour éclairer la nôtre. Tous racontent comment en leur temps ils ont su répondre  à Dieu par l’amour qui portait leur espérance. Ces histoires sont parvenues jusqu’à nous à travers le sang  et les larmes de ces hommes et de ces femmes qui  étaient souvent en situation de détresse, et dont la foi les a mis sur le chemin de l’espérance  si bien qu’elle doit devenir la norme pour nous. L’espérance ne les a jamais quittés et leur a permis d’affronter les épreuves du moment et nous sommes invités à les imiter.


Jésus lui aussi s’est avancé sur le chemin de la vie et c’est la mort qui est venue à sa rencontre. Elle s’est revêtue de ses attraits les plus horribles pour le faire douter, mais au dernier moment la vie s‘est emparée de son dernier souffle pour qu’il puisse  s’abandonner  à Dieu et nous avons retenu de ces moments terribles que c’est la vie qui a eu le dernier mot. C’est la résurrection qui l’a emporté pour s’imposer comme la règle qui oriente nos vies. C’est par l’exemple de sa propre vie qu’il a pu répondre aux sadducéens qui doutaient de la vie en Dieu et ne pouvaient imaginer de suite au-delà de la mort, comme si la mort pouvait tuer la vie et Dieu par conséquent. 


Comme les Sadducéens, nous ne savons pas ce qu’il en est exactement de l’autre vie, mais nous savons que la vie a capacité de triompher de la mort et peut  subsister en Dieu dans une réalité en laquelle nous croyons mais dont nous ne connaissons pas les mots pour la dire.


Dans ce monde en souffrance, notre espérance nous tourne vers un Dieu qui est vie et sans qui la vie n’aurait aucune réalité. Cette certitude devrait nous suffire pour habiller notre foi en Dieu. Il nous donne d’espérer que la vie est toujours en nous quand apparemment elle semble nous avoir abandonnés. Cela ne se démontre pas c’est une question de foi en Dieu dont la réalité appartient à tous les temps.

lundi 28 octobre 2019

Luc 19.1-10 Zachée Dimanche 3 novembre 2019


Zachée

1Jésus entra dans Jéricho et traversa la ville. 2 Alors un homme du nom de Zachée qui était chef des péagers et qui était riche 3 cherchait à voir qui était Jésus ; mais il ne le pouvait pas, à cause de la foule, car il était de petite taille. 4 Il courut en avant et monta sur un sycomore pour le voir, parce qu'il devait passer par là. 5 Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, il leva les yeux et lui dit : Zachée, hâte-toi de descendre ; car il faut que je demeure aujourd'hui dans ta maison. 6 Zachée se hâta de descendre et le reçut avec joie. 7 A cette vue, tous murmuraient et disaient : Il est allé loger chez un homme pécheur. 8 Mais Zachée, debout devant le Seigneur, lui dit : Voici, Seigneur : Je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et si j'ai fait tort de quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple. 9 Jésus lui dit : Aujourd'hui le salut est venu pour cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d'Abraham. 10 Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.





L’homme est un être secret dont on a de la peine à percer les mystères de l’âme. Il n’est pas sûr lui-même de connaître les causes profondes de ses comportements. Il n’est pas besoin d’épiloguer longuement sur tout cela, nous savons fort bien que nous sommes habités par des motivations dont nous ne savons pas l’origine! Les spécialistes en la matière continuent inlassablement à en chercher les causes. 



Il est probable que notre relation à Dieu joue un rôle dans ce qui motive nos comportements. L’histoire biblique nous montre que le même homme peut chercher Dieu tout en se cachant de lui. C’est ce que semble nous montrer le récit d’Adam et Eve qui se cachent de Dieu dans le jardin des Ecritures tout en restant à portée de sa voix, comme s’ils voulaient que malgré tout Dieu les trouve quand même. Ce fait n’est pas exceptionnel, il fait partie des expériences que nous faisons très souvent sans en prendre conscience.

Nous  retrouvons dans l’attitude de Zachée cet aspect secret et mystérieux du comportement humain. Nous commencerons par nous interroger sur la raison qui le pousse à courir au devant de la foule pour monter sur un arbre. Il court sans doute pour ne pas être vu par ceux qui le précèdent. Il veut voir Jésus sans être vu. Le terme voir est utilisé par deux fois, c’est dire la force de son désir. Inconsciemment il joue au  jeu de cache-cache avec Jésus. La foule y prend aussi sa part.

Il ne veut pas être vu de la foule, c’est pourquoi il la devance en courant pour monter dans son arbre afin de n’être vu par personne. S’il avait été vu par quelqu’un, le texte n’aurait pas manqué de le dire car la scène qui nous amène à imaginer ce petit homme se hissant sur les branches basses de l’arbre a quelque chose de cocasse qu’on n’aurait pas pu laisser passer. Il suffit de laisser le champs libre à notre esprit pour imaginer ce petit homme qui ne doit pas être tout jeune et qui à cause de sa fonction de notable a peut être de l’embonpoint. Nous le voyons en train de s’agripper aux branches du sycomore dont la particularité est d’avoir des branches proches du sol, gêné par sa tunique dans la quelle il se prend les pieds tout en perdant ses babouches. Non, il avait bien conscience de l’aspect comique de sa situation, c’est pourquoi il ne voulait pas être vu.

Mais s’il est à califourchon sur les branches basses de l’arbre, tout le monde peut le remarquer, et Jésus en particulier. C’est là la règle du jeu de cache-cache : se cacher pour être vu. On se dissimule à l’autre, en sachant que l’on sera finalement vu, sans quoi le jeu n’aurait pas d’intérêt.

Il  ne veut pas être vu par la foule, parce qu’il est péager, percepteur des impôts. Il n’était pas aimé par ses concitoyens qui le considéraient comme un traître qui s’était enrichi en pactisant avec l’ennemi. Les péagers, étaient des juifs qui achetaient leur charge aux romains. Ils leur avançaient la somme qui leur était nécessaire pour leur administration, c’était une très grosse somme. Ensuite ils se faisaient rembourser en prélevant sur leurs concitoyens le montant de ce qu’ils avaient avancé à l’occupant. Bien entendu, ils se prélevaient bien davantage que ce qu’ils avaient mis à leur disposition. Il est précisé ici, qu’il était le percepteur en chef. C’est dire qu’il était particulièrement riche et qu’il était particulièrement mal considéré. Cela explique en partie qu’il voulait se cacher de la foule.

S ‘il n’était pas monté dans son arbre, il aurait eu du mal à voir Jésus parce que la foule était trop compacte pour qu’il puisse l’approcher et en plus, il était de petite taille, nous est-il dit. Mais à mon avis c’est un faux argument, tant il est vrai que l’on plaide souvent le faux pour cacher le vrai. S’il a su contourner la foule pour monter discrètement dans le sycomore, il aurait pu facilement la contourner pour arriver à proximité de Jésus en faisant état de sa personnalité de notable. Rien ne l’empêchait de s’approcher de Jésus, de bousculer ceux qui lui auraient barré le chemin et de se jeter à ses pieds, de baiser le pan de sa robe, et de lui dire qu’il est un misérable pêcheur et qu’il se repent de tout le mal qu’il a fait.

Mais  telle n’était pas son intention, c’est ce que nous verrons dans les propos qu’il échangera plus tard avec Jésus. Son intention était bien de voir Jésus sans être vu par lui. C’est en tout cas ce qu’il a voulu faire, en se dissimulant dans les branchages. Quant à l’argument de sa petite taille, il n’est évoqué que pour mieux cacher la vérité, comme ce fut le cas pour Adam qui avait l’habitude d’être vu nu par Dieu et qui tout à coup a pris ce prétexte pour se cacher de lui. 

Nous  sommes souvent ainsi en face de Dieu. Notre âme est partagée entre le désir qui nous pousse vers lui, et la crainte de perdre notre liberté si nous nous approchons trop près de lui, comme si Dieu pouvait mettre notre liberté en danger ! Nous aimerions pouvoir vivre en amitié avec Dieu, tout en étant libre de dire le contraire. Voilà le mystère dans lequel nous évoluons trop souvent. N’y a-t-il pas au fond de nous une crainte révérencieuse de Dieu qui établirait des distances entre lui et nous comme ce fut le cas pour Adam qui ne savait pas que son geste de désobéissance allait le rendre libre face à Dieu alors que jusqu’alors il lui était aliéné? En nous laissant approcher encore plus près par Dieu n’est-ce pas vers la liberté que nous allons et non vers une aliénation ?

Qu’est ce qui produit cette crainte de Dieu ? Je ne sais ! La théologie protestante de la grâce évacue un peu trop vite ce sentiment en affirmant un peu  que Dieu pardonne tout et nous délivre de tout. En disant cela nous faisons abstraction de cette crainte, que nous n’arrivons pas à formuler vraiment et qui nous met mal à l’aise quand la proximité de Dieu est trop forte. Et pourtant cette crainte est bien réelle.

Zachée avait trouvé la bonne solution ! Il savait qu’il allait être repéré par Jésus. Il le désirait secrètement sans doute, mais sa position élevée dans l’arbre lui permettait de garder les distances. Mais Jésus ne s’encombre pas de ces arguments. Il va au-delà du souhait secret de Zachée. Plus moyen de se cacher, Jésus s’invite chez lui.  Zachée peut alors se tenir en vérité devant Jésus ! Plus de crainte, plus de dissimulation. 

Zachée ne fait pas une confession de ses péchés comme on aurait pu s’y attendre. Était-ce nécessaire ? Devant Jésus, Zachée se découvre comme il est : un homme bon et généreux, et cela suffit à l’un comme à l’autre. En dépit de ce que pensent les hommes qui en font un homme impur et un ennemi du genre humain, devant Jésus, Zachée apparaît comme un être bien différent. Il porte bien son nom, qui signifie curieusement « le juste ». Il devient pur. Peu lui importe que la synagogue et les gens de son peuple l’aient rejeté. Il s’assume comme il est devant Jésus et Jésus ne le contraint nullement de changer en quoi que ce soit.

Il  voulait voir Jésus sans vouloir le rencontrer. Il avait peur qu’il lui demande de changer, de tout abandonner pour le suivre comme il l’avait dit au jeune riche quelques temps au paravent. Mais sa vie avait déjà changé, car son souci pour autrui était déjà devenu prioritaire dans son comportement. C’est la priorité qu’il donne à l’autre qui est exemplaire, si bien que sa fortune n’est aucunement un handicap à une relation heureuse et intime avec Dieu.

Comme  Zachée, beaucoup de gens sont sensibles à l’appel de Dieu, mais ne veulent pas qu’on les remarque. Ils ont peur qu’on leur impose des changements dans leurs comportements, ils n’ont pas envie de rejoindre une église dont ils ne veulent pas partager les choix de société. En fait ce n’est pas de Dieu qu’ils ont peur, mais de l’image que les hommes en donnent.


Cette simple remarque nous plonge dans un abîme de réflexion, car elle nous amène à constater que si Jésus promet le salut à Zachée et le traite de Fils d’Abraham, il ne l’invite pas à le suivre ni à rejoindre la synagogue que lui-même fréquente. Tout cela n’empêche pas Jésus de demeurer chez lui et de partager son quotidien. Pour que cela puisse se produire, il faut que Zachée descende vers Jésus du haut de l’arbre dans lequel il se cache. Zachée ne reçoit aucune consigne particulière de la part de Jésus. Zachée est assez averti dans la foi pour savoir ce qu’il doit faire sans qu’on le lui dise. C’est ainsi que nous devons être devant Dieu : des hommes et des femmes suffisamment responsables pour comprendre sans qu’on nous le leur dise, quel est le sens de notre vie pour aller de l’avant.


Prière :

Quand les ombres s’étirent vers le soir,

alors que la chaleur des mois d’été fait place à la fraîcheur de l’automne qui vient, tout semble se rétrécir autour de nous, et la nature se prépare à un long sommeil réparateur.

Nous te louons alors pour la beauté du soir,

quand tout se replie dans un écrin de lumière,

et que la campagne s’enveloppe d’un manteau aux couleurs changeantes.

Dans ce repli apparent des forces de vie, nous te louons de participer à ce vaste mouvement où la nature s’endort et où toute vie se fait intérieure.

Tu nous invites à t’accueillir dans notre intimité. Tu déposes au plus profond de nous les forces de vie qui nourrissent notre foi et tu nous fais vibrer dans nos secrets intérieurs, de l’éternité où tu nous entraînes.

Que ce culte tout entier soit notre réponse enthousiaste à tant de bonté.

mercredi 2 octobre 2019

Exode 17/8-13 Lla présence de Dieu en nous dimanche 20 octobre 2019


Exode 17,8-13

Alors Moïse dit à Josué: Choisis-nous des hommes, sors, et combats Amalek; demain je me tiendrai sur le sommet de la colline, la verge de Dieu dans ma main.
Josué fit ce que lui avait dit Moïse, pour combattre Amalek. Et Moïse, Aaron et Hur montèrent au sommet de la colline.
Lorsque Moïse élevait sa main, Israël était le plus fort; et lorsqu'il baissait sa main, Amalek était le plus fort.
Les mains de Moïse étant fatiguées, ils prirent une pierre qu'ils placèrent sous lui, et il s'assit dessus. Aaron et Hur soutenaient ses mains, l'un d'un côté, l'autre de l'autre; et ses mains restèrent fermes jusqu'au coucher du soleil.
Et Josué vainquit Amalek et son peuple, au tranchant de l'épée.







A l’image de celle du peuple Hébreux,  la route du croyant n’est pas tracée à l’avance, au travers du désert qui est sa vie. Le désert réserve des embûches à quiconque entreprend de le traverser et la présence de Dieu devient pour lui source de sérénité. Mais comment  s’assurer de l’efficacité de cette aide, comment entendre la voix de ce Dieu qui, croyons nous, nous conduira fidèlement jusqu’au terme de notre vie ? Cette symbolique du désert qui  figure notre vie se retrouve dans de nombreux passages de la Bible. C’est dans le désert que les Hébreux ont trouvé la voie qui mène à Dieu. Jésus lui-même  ne commencera  son ministère qu’après être sorti victorieux des pièges qui se dressèrent devant lui au désert et qui traceront en grande partie le visage du  Dieu qu’il tentera de nous faire connaître. C’est ce même Dieu dont nous cherchons sans cesse le profil pour construire avec lui notre vie en vérité.


Dieu ne se révèle pas à nous comme une évidence si bien que nous nous posons de nombreuses  questions à son sujet. Il ne s’impose pas à nous mais il nous provoque comme pourrait le faire le vent dans le désert qui peut souffler en bourrasques et construire des dunes de sables qui se dresseraient sur notre route. Il peut  aussi  nous caresser le visage comme ce souffle tiède qui  nous donne des sensations agréables ou qui assèche les oueds et laisse les marcheurs assoiffés. Il peut aussi provoquer des pluies qui transforment en torrent ces mêmes oueds  dont les eaux emportent tout sur leur passage. Si Dieu se laisse percevoir  dans toutes ces manifestations du désert, il n’en est pas l’auteur. Il se tient cependant tout proche pour nous faciliter la tâche. Mais comment  agit-il ?


Cette question amène notre  esprit à suspendre parfois le cours de sa réflexion pour se demander si Dieu  ne vient pas habiter notre désert comme une puissance agissante qui nous prendrait en charge pour  guider nos pas. Nous nous demandons  aussi s’il n’y a pas un moyen de  discerner  sa trace comme le font les oies sauvages qui savent repérer les courants ascendants  qui les emportent sans encombre vers la destination de leurs migrations. N’y aurait-il pas pour les humains  des secours invisibles qui les prendraient en charge comme cela se produit pour les grands oiseaux migrateurs et derrière lesquels on pourrait percevoir une emprise généreuse de Dieu qui les guiderait. Dieu  agirait-il alors  en nous par des truchements invisibles mais efficaces ?


Si les oiseaux sont mentalement équipés pour lire leur route dans les étoiles, s’ils savent se laisser porter par les courants ascendants, il n’en est pas de même pour la relation de l’homme avec Dieu, car cette relation ne fonctionne pas  comme des automatismes bien réglés. Il ne vous a sans doute pas échappé que dans ce petit récit la seule intervention de Dieu est de dire à Moïse de consigner par écrit la relation de cette aventure car c’est à partir d’aventures vécues par les hommes qui nous ont précédés que Dieu nous permet de repérer comment il agissait en n’agissant pas vraiment et comment il se rendait présent sans qu’on le remarque. C’était sa façon de mettre de l’énergie dans la vie des hommes  qu’il fallait repérer. Il leur laissait percevoir l’espérance qui se dégageait de chaque situation et dans laquelle il manifestait sa présence


Dans le désert où nous sommes, nous savons qu’il y a des dangers cachés  dans les dunes. Ces dangers, telle la présence d'Amalec peuvent prendre des apparences humaines et tromper notre. Il se tiendra désormais dans le désert, toujours prêt à bondir comme un chacal. Mais Dieu se tient en éveil.  Il ne reste pas insensible au danger qui nous guette. Ici Moïse mobilise  ses forces et son armée contre lui. Mais si Moïse veille, Dieu ne semble pas agir.   Face au péril Moïse se tient le bâton à la main. C’est ce bâton  qui sépara la mer en deux. C’est ce bâton qui impressionna le pharaon  qui refusait d’ouvrir  les portes du désert à ce peuple avide de liberté. C’est ce même bâton qui leur produisit de l’eau.


Mais Moïse est fatigué, le bâton n’exerce aucune magie, le miracle ne se produit pas et personne ne parle de Dieu. Certes, Moïse assis sur son rocher tient fermement le bâton levé en l’air pour que le peuple le voit en combattant et participe de loin à sa prière qui ne peut avoir lieu que si Aaron et Hour y participent à leur tour en le soutenant. On peut penser que Dieu exauce  cette prière collective en diffusant une forme d’énergie qui les stimule  quand  tous ensemble ils participent à cette forme de prière, les uns en combattant et les autres en levant les mains. C’est en réponse à la faiblesse et à la foi de Moïse que cette force  venue d’en haut se fait communicative. Apparemment Dieu ne fait rien, c’est le peuple lui-même qui agit par la foi et gagne le combat. Le bâton levé agit comme un étendard qui communique à ceux qui combattent cette force étrange qui émane de  Dieu.  Pour le moment Dieu reste invisible, il n’exerce aucun action personnelle  il n’existe que par l’énergie que manifeste les combattants.


Nous découvrons alors comme un début de réponse à la question que nous posions en commençant pour savoir comment il était possible de percevoir la présence de Dieu. Il n’est présent que dans la vaillance dont font état les soldats de Josué. Ceux qui nous ont transmis ce texte ont bien compris l’importance qu’il avait pour témoigner de Dieu, c’est pourquoi ils ont rapporté que Dieu demanda à Moïse de conserver par écrit la relation de cet épisode, tant ce témoignage leur semblait nécessaire. Ainsi ce texte devient la norme pour parler de la relation entre Dieu et les hommes. En devenant un texte écrit, sur l’ordre de Dieu, ce récit  devient comparable au texte de la Loi qui sera bientôt écrite pour servir de code de la foi auprès des croyants.


Désormais, toutes les initiatives  des hommes à la recherche  de la vérité sur Dieu et sur eux-mêmes seront menées à la manière de ce qui est dit dans ce passage. C’est ainsi que Dieu accompagne chacune et chacun de nous sur le chemin qu’ils doivent suivre. Mais si chacun fait confiance à Dieu pour éclairer sa route, il doit aussi comprendre que  c’est dans  l’espérance qu’il puise en Dieu que réside sa force. Dieu suscitera en lui l’énergie nécessaire pourvu qu’il se place lui-même dans sa main pour devenir lui-même l’instrument de l’énergie qu’il lui donne.


Nous avons bien compris que  cette histoire trouvera sa conclusion dans l’enseignement  que Jésus nous donne dans son Evangile. C’est lui qui désormais vient habiter l’espérance dont Jésus se fait le témoin. Cette espérance est alors pourvoyeuse d’énergie et de vitalité.

(1)Dieu en est bien conscient. Pourquoi fallait-il se méfier d’Amalec ? Rien ne nous le dit vraiment. Son peuple était un lointain cousin des Hébreux, Jacob était son ancêtre,  mais rien n’y fait, il se classait désormais dans les rangs des ennemis traditionnels