jeudi 29 mars 2018

Jean 20/19-31 - Une autre approche de la résurrection dimanche 8 aril 2018


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Jean 20,19-31

19 Le soir de ce même dimanche, les portes de la maison où les disciples se trouvaient [rassemblés] étaient fermées car ils avaient peur des chefs juifs; Jésus vint alors se présenter au milieu d'eux et leur dit: «Que la paix soit avec vous!»
20 Après avoir dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. 21 Jésus leur dit de nouveau: «Que la paix soit avec vous! Tout comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie.»
22 Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit: «Recevez le Saint-Esprit! 23 Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.»

24 Thomas appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint.
25 Les autres disciples lui dirent donc: «Nous avons vu le Seigneur.» Mais il leur dit: «Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je n'y mets pas mon doigt et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas.»
26 Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint alors que les portes étaient fermées, se tint au milieu d'eux et dit: «Que la paix soit avec vous!»
27 Puis il dit à Thomas: «Avance ton doigt ici et regarde mes mains. Avance aussi ta main et mets-la dans mon côté. Ne sois pas incrédule, mais crois!»
28 Thomas lui répondit: «Mon Seigneur et mon Dieu!» Jésus lui dit: 29 «Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru!»


Grâce à ce texte, nous allons plonger au cœur du message chrétien et nous allons toucher du doigt la vérité de l’Evangile sans omettre les questions que cela peut nous poser. Mais avant d’aller plus loin nous allons-nous livrer à un petit quitz qui nous aidera à mieux nous situer en face de la multiplicité des propos que l’on tient à au sujet des religions contemporaines.  Demandons-nous honnêtement quel et le fondement de la religion chrétienne et en quoi consiste le message de Jésus ?

Nous voilà tous en train de nous livrer à un débat intérieur et de nous demander ce qu’il y a de fondamental dans le message de Jésus pour ce monde. Bien évidemment  c’est  le message d’amour qui nous vient spontanément à l’esprit. Jésus ne résume-t-il pas son Evangile dans l’injonction à aimer Dieu de tout son cœur et son prochain comme nous-mêmes ? Pour  renforcer  ce message, ne dit-il pas aussi que Dieu lui-même est amour et que c’est à la manière dont nous nous aimerons les uns les autres que nous serons perçus comme des disciples de Jésus.

Certes, l’amour est fondamental  dans les Ecritures, mais il n’est pas exclusif de l’enseignement de Jésus. Les prophètes avant lui en ont parlé et bien souvent les récits bibliques donnent à Dieu une attitude qui révèle le profond amour dont il fait état dans son comportement vis-à-vis des hommes. La Bible ne s’ouvre-t-elle pas sur un récit qui relate cette attitude d’amour de Dieu. Il nous est raconté en son tout début que Dieu intervint dans le cours de l’histoire de Caïn pour l’inciter à vivre après qu’il ait tué   son frère Abel. Dieu força alors Caïn à vivre  et le marqua même d’un signe pour qu’on ne le tue pas.  Toute la spécificité de Dieu est dans ce geste et c’est par amour que Dieu contraignit Caïn  à vivre.

Si ce n’est donc pas l’amour qui est spécifique du message de Jésus, même si c’est  par lui qu’il rend compte de la réalité de Dieu, c’est le don de la vie, sans autre alternative  qui caractérise Jésus dont l’Évangile s’achève sur un long développement  introductif à  la résurrection qui est décrite comme le don suprême de la vie que Dieu nous réserve.

 Plus du quart  des Évangiles nous rapportent comment Jésus donne sa vie par amour afin que nous héritions de la vie  et que nous l’ayons en abondance. On a beaucoup glosé sur ces  textes dits de la passion, et on a préféré parler  plutôt du sacrifice que de la vie de Jésus, plutôt que de la vie que Dieu donne aux humains, car c’est  en les ouvrant à ce mystère qu’il les rend participants à la résurrection. La résurrection nous rend accessibles à la vie que Dieu propose de partager avec chacun de nous comme il le fit pour Jésus.

Au matin de Pâques, la tombe était vide et aucun des 4 évangiles ne nous dit qu’il y ait eu un témoin à l’événement. Les gardes placés devant le tombeau dormaient, ses amis qui se terraient chez eux ne virent donc rien. Au petit matin, les femmes arrivèrent trop tard. Un peu plus tard, les deux disciples qui le croisèrent sur la route d’Emmaüs ne le reconnurent pas tant qu’il resta visible à leurs côtés  et Marie Madeleine le confondit avec le jardinier.  Personne ne put donc dire quoique ce soit de l’événement et pourtant, le bruit se répandit que Jésus  était vivant, et  ils crurent à cette réalité.  La joie fit place au doute, la sérénité devint foi, la résurrection devint vérité.

La foi lentement prenait place dans leur conscience. Dieu silencieusement travaillait en eux pour accomplir  son œuvre  de conviction intérieure. Tous furent convaincus du fait que l’impossible s’était réalisé sans qu’ils puissent en dire quoi que ce soit. La mort était dépassée par Dieu pour que s’accomplisse le mystère de la résurrection dont personne n’avait rien vu et ne voyait toujours rien. L’impossible prenait valeur de vérité.

De même que Dieu est invisible, de-même la vie nouvelle qu’il répand sur quiconque  reste invisible. Chacun découvrait alors que tout cela se passait au fond de lui-même et que Dieu y prenait place.  La vie nouvelle  s’installait en chacun d’eux et chacun devait désormais l’alimenter par les gestes d’amour que l’Esprit lui inspirait.

Comme je pense avoir tout dit, je pourrais m’arrêter là. Mais,  je n’ai pas encore parlé de Thomas  et comme il est  l’acteur principal de ce récit vous n’y trouverez pas votre compte. Alors que beaucoup dans l’Église naissante était dans l’euphorie, les sceptiques dont Thomas faisait partie, étaient en recherche de la preuve matérielle que tout cela s’était réellement passé. Ils voulaient voir pour croire.  C’est encore aujourd’hui notre problème car nous aussi, nous voudrions rencontrer  des témoins crédibles pour croire vraiment. Dans l’Eglise naissante,  on dressa la liste des compagnons de Jésus qui étaient sensés l’avoir vu vivant et plus tard, au moment de la rédaction des Évangiles on rapporta les récits de leurs rencontres,  mais les plus marginaux dont Thomas qui n’avaient rien vu  jouaient  les frustrés, c’est pourquoi ce petit récit prit sa place dans l’Évangile pour donner de la place à ceux qui n’y trouvaient pas leur compte.

C’est donc ici un récit  concernant  le plus  frustré des compagnons de Jésus qui a été rapporté. Il voulait le voir, il voulait le toucher, il voulait  la preuve sensible  d’un événement  dont il pourrait rendre compte.  Il voulait que ce qui allait marquer son âme  commence par être visible.  Pour dire les choses d’une manière plus triviale, il voulait que le sang sur les plaies de Jésus ne soit pas sec  plus de 10 jours après sa mort pour qu’il puisse le toucher de ses doigts. Il était à la recherche de Dieu dans le monde des morts vivants et cela  n’avait que peu de chances d’aboutir. C’est dans cet état d’esprit qu’il se trouve au moment où on rapporte la scène.

Mais quand enfin cela se passe, et que l’occasion s’offre à lui de le toucher, Jésus lui offrit son  corps meurtri et  il ne le toucha  pas. Il venait  de franchir le mur qui le séparait  de l’invisible pour s’approprier dans son âme la réalité à laquelle il ne croyait pas encore. La certitude que la vérité sur la résurrection ne se touche pas était en train de s’imposer à lui. La résurrection ne se voyait pas, elle était le résultat d’une démarche intérieure initiée en lui par Dieu. La foi ouvrait alors la porte à une vérité incroyable qui le concernait lui et les autres. La porte de la maison qui était fermée s’ouvrait alors sur une autre réalité toute intérieure.

Tout ce qui est décrit ici comme visible n’était en réalité  visible que pour les yeux de la foi. Jésus devenu invisible aux yeux de ses amis prenait désormais une autre réalité pour leur foi et il les entraînait avec eux dans la vie qui commençait  pour eux à l’instant même où la résurrection devenait réalité pour eux.

mercredi 28 mars 2018

Luc 24/36-48 Etre ressuscité - dimanche 15 avril 2018


Luc 24/36-48

36 Ils parlaient encore quand [Jésus] lui-même se présenta au milieu d'eux et leur dit: «Que la paix soit avec vous!»
37 Saisis de frayeur et d'épouvante, ils croyaient voir un esprit, 38 mais il leur dit: «Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi de pareilles pensées surgissent-elles dans votre coeur? 39 Regardez mes mains et mes pieds: c'est bien moi. Touchez-moi et regardez: un esprit n'a ni chair ni os comme, vous le voyez bien, j'en ai.»
40 En disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds.
41 Cependant, dans leur joie, ils ne croyaient pas encore et ils étaient dans l'étonnement. Alors il leur dit: «Avez-vous ici quelque chose à manger?» 42 Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé [et un rayon de miel].
43 Il en prit et mangea devant eux. 44 Puis il leur dit: «C'est ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous: il fallait que s'accomplisse tout ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes.»
45 Alors il leur ouvrit l'intelligence afin qu'ils comprennent les Ecritures 46 et il leur dit: «Ainsi, il était écrit [- et il fallait que cela arrive -] que le Messie souffrirait et qu'il ressusciterait le troisième jour,47 et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem.
48 Vous êtes témoins de ces choses.


Pour que nous puissions comprendre le mystère de la résurrection, il faut que Dieu s’en mêle, car tout ce  qui nous est révélé ici n’est pas une nouveauté, même si apparemment cela relève du  merveilleux et de l’incompréhensible. La lecture de tout ce que la Bible contient, pour celui qui cherche à la lire avec intelligence,  lui révèle que cela fait partie d’un plan préétabli par Dieu, qui irradie de l’être-même de Dieu. Tout au long des Ecritures, les témoins de Dieu en avaient l’intuition et l’ont révélé sans vraiment le comprendre. Déjà les prophètes avaient  annoncé la réalité d’une vie qui défiait la mort, mais il faudra la mort de Jésus pour la rendre évidente.

Les écrivains bibliques avaient laissé entendre que le Dieu dont ils témoignaient n’était pas conforme à celui que les traditions avaient transmis à son sujet et que le vrai Dieu n’était pas celui à qui on se référait généralement.  Il n’était pas vraiment celui autour duquel s’étaient organisées leurs  croyances. La religion dont  tous se réclamaient ne rendait pas vraiment compte de la vérité qui émanait de lui. La religion à laquelle se référaient la plupart des israélites de l’époque était basée sur le fait que le rapport avec Dieu était conditionné par la référence au péché. Toute la pratique du culte et l’expression de la foi avaient été établies  pour que par le rite et le sacrifice on puisse se libérer du péché et avoir accès à Dieu.

Or voici que le message ultime de Jésus est l’annonce de la disparition de la barrière du péché. Une telle nouvelle nécessitait que l’on voie désormais la réalité autrement. Si une telle  nouvelle était séduisante, elle remettait cependant en cause tout ce que l’on avait reçu du passé. Elle remettait en cause la religion établie depuis un millénaire, elle donnait à Dieu un autre visage qui rendait son approche différente. Le temple n’était plus lui-même nécessaire, les sacrifices non plus. Plus besoin de prêtres ni de clergé. C’est ce que les scribes et les pharisiens parmi ses contemporains avaient cru  entendre de l’enseignement de Jésus. Il remettait trop de choses en cause. Il fallait donc l’éliminer et le retirer du monde des vivants  pour que la foi en lui, si elle faisait école, ne détruise pas les fondements de la religion, voire même de la civilisation. Jésus était donc un danger réel pour la société d’alors

  Aujourd’hui encore nous restons sensibles à certains arguments qui lui ont été reprochés. Le péché garde sur nous une telle emprise que l’on a encore  du mal à admettre qu’il ne maintient plus de  barrière entre Dieu et nous.

Le prodige, c’est qu’après la mort de Jésus ces mêmes arguments  avaient toujours cours. On prétendit que c’était lui-même, revenu des morts qui les tenaient. Une fois mort, il n’aurait pas cessé d’exister et n’avait pas changé de message. Ce n’était pas le fait de quelques visionnaires traumatisés par l’événement qui accréditaient ce message, c’était le message que tenaient maintenant tous ceux qui l’avaient accompagné après l’avoir lâchement laissé condamner et qui l’avaient laissé mourir sans protester ni tenter quoi que ce soit pour le délivrer.

Ils découvraient que l’Esprit de Jésus était venu habiter  en eux,  pour affermir dans leur conscience  l’idée que ce que Jésus  disait de son vivant était non seulement  toujours vrai, mais que lui-même était toujours vivant. Certains même prétendirent l’avoir vu, pourtant   ses principaux amis, dans ces tout premiers temps après  sa mort  étaient restés terrés dans la maison où ils  se  cachaient, tremblant de peur et refusant de se montrer dans la rue.

Il  y avait de quoi être bouleversé et ressentir de la peur tant  ils redoutaient  d’être arrêtés à la fois par la chasse à  l’homme qui les concernait  et par les nouvelles hallucinantes  qui courraient au sujet d’un retour à la vie du défunt  dont on répandait  le bruit sans pouvoir le démontrer.  Ils ressassaient sans doute les causes de sa mort en méditant sur le fait qu’ils n’avaient rien vu venir.  Ils avaient entendu  l’enseignement de Jésus sans en avoir saisi le sens profond.  Ils repensaient  à  ses miracles, ses paraboles, ses algarades avec les dignitaires religieux. Tout cela aurait du leur ouvrir les yeux.  Ceux qui l’avaient fait dans les premiers temps de son ministère l’ avaient quitté depuis longtemps, Jésus s’en été ouvert aux autres et leur avait suggéré de partir,  mais eux étaient restés, fidèlement  sans comprendre.

Alors que maintenant ils commençaient à comprendre, ils se sentaient coupables de l’avoir  laissé seul. Si leur péché  dont ils étaient bien conscients, ne pouvait plus les séparer de Dieu,  que pouvaient-ils encore faire si non accepter que tout cela soit vrai?

Dans ce récit que nous propose l’Évangile de Luc nous trouvons comme la synthèse de tous les événements qui se seraient produits au sujet des apparitions de Jésus dont les autres Évangiles ont fait état. Ce qui domine c’est la peur et l’incrédulité et sans doute, mais ce n’est pas dit le sentiment de culpabilité.  Les questions se bousculaient  dans leur fort intérieur alors qu’ils ressassaient tous ces événements. Comment avaient-ils pu passer à côté de la vérité sans comprendre ? Comment avaient-ils pu le laisser aller à la mort  tout   seul ? Deux solutions étaient alors possibles, celle de se suicider comme le fit Judas, ou celle croire ce qui était encore incroyable.  Il leur fallait croire que ce péché d’ignorance,   d’incrédulité  et de lâcheté qu’ils avaient commis était dépassé et désormais sans conséquence pour leur relation avec Dieu.  Ils étaient prêts alors à accueillir pleinement leur maître  dans leur vie.

Le texte de l’évangile de Luc se poursuit  alors en rapportant toutes les formes de récits  que les autres Évangiles ont donnés aux apparitions du ressuscité. Il mange, il parle, et surtout il confirme le pardon des péchés, le saint Esprit fera le reste. La joie qui désormais s’empare d’eux manifeste la naissance progressive de la foi. Plus rien ne pouvait  faire désormais d’obstacle à une nouvelle forme de relation avec Dieu. L’Éternité s’ouvrait à eux, la résurrection devenait effective, non pas seulement la résurrection de Jésus mais la leur.

Si aujourd’hui, nous pouvons croire encore, que tout cela est vrai, c’est que Dieu ne cesse de travailler notre conscience pour que nous prenions en compte le fait que nous ne croyons pas par nous-mêmes, mais que c’est son esprit qui œuvre en nous  pour que nous croyons  en la vie nouvelle qu’il nous donne par la résurrection et qui nous rend ainsi participants à sa divinité

Illustration : Bartolomeo Suardi dit Bramantino

mercredi 21 mars 2018

Marc 16/1-8 La résurrection de Jésus et la nôtre - dimanche 1 avril 2018


Marc 16/1-8

La résurrection de Jésus

1Quand le jour du sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie mère de Jacques, et Salomé achetèrent des huiles parfumées pour aller embaumer le corps de Jésus. 2Très tôt le dimanche matin, au lever du soleil, elles se rendirent au tombeau. 3Elles se disaient l'une à l'autre : « Qui va rouler pour nous la pierre qui ferme l'entrée du tombeau ? » 4Mais quand elles regardèrent, elles virent que la pierre, qui était très grande, avait déjà été roulée de côté. 5Elles entrèrent alors dans le tombeau ; elles virent là un jeune homme, assis à droite, qui portait une robe blanche, et elles furent effrayées. 6Mais il leur dit : « Ne soyez pas effrayées ; vous cherchez Jésus de Nazareth, celui qu'on a cloué sur la croix ; il est revenu de la mort à la vie, il n'est pas ici. Regardez, voici l'endroit où on l'avait déposé. 7Allez maintenant dire ceci à ses disciples, y compris à Pierre : “Il va vous attendre en Galilée ; c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit.”  » 8Elles sortirent alors et s'enfuirent loin du tombeau, car elles étaient toutes tremblantes de crainte. Et elles ne dirent rien à personne, parce qu'elles avaient peur. 



Il y aurait une certaine outrecuidance de la part d’un prédicateur à  vouloir donner un enseignement  sur la résurrection alors que chacun de nous a une idée personnelle sur la question et qu’il s’appuie sur des expériences spirituelles qui ne  se démontrent pas. Certains même pensent que le concept est dépassé et qu’il relèverait d’une  forme de pensée des premiers siècles de notre ère qui n’aurait plus cours aujourd’hui.  La science moderne semble nier la possibilité d’une telle réalité, quoi que le transhumanisme émette de nouvelles idées sur la question

Nous nous contenterons pour notre part de recevoir ce texte de l’Evangile de Marc en essayant d’écouter ce qu’il cherche à  nous dire tout en exerçant un esprit critique à son égard.

Nous savons que l’Evangile de Marc est le plus ancien des Evangiles et qu’il s’appuie donc sur  les plus anciens documents  qui nous soient parvenus concernant Jésus. Il s’achève sur le dernier verset que nous avons lu : « Elles ne dirent rien à personne parce qu’elles avaient  peur. » Les versets suivants ( 9 à 20) font partie d’une finale apocryphe rajoutée à l’Evangile au deuxième siècle pour lui donner une fin acceptable.

L’Evangile s’achève donc sur le récit  de la peur qui s’empare des femmes après qu’elles aient découvert que le tombeau était vide et après qu’elles aient entendu l’ange  qui  leur parlait. Par un tel comportement elles manifestaient non seulement  leur désarroi mais l’incohérence de leur attitude depuis le début du récit.  L’intervention du messager divin, qui devait les rassurer ne fait que déclencher leur panique puisque elles s’enfuirent et ne dirent rien à personne. Mais elles ont bien du parler à un moment ou à un autre, puisque l’affaire a été connue après coup.  Le messager divin n’a donc pas été rassurant, comme il se  devrait,  mais au contraire, il n’a fait qu’augmenter leur inquiétude.

Depuis le début  du récit, les femmes  manifestaient leur malaise. Il est dit qu’elles partirent au lever du soleil non sans avoir pris la précaution d’acheter des aromates. Mais qui pouvait bien en vendre si tôt le matin alors qu’il ne faisait pas encore jour ? Et d’où venaient-elles ? Peut-être de  Béthanie où elles auraient toutes passé la nuit chez Lazare et Marie avec les apôtres. Mais, c’est  à plusieurs kilomètres de Jérusalem, et le déplacement leur aurait pris beaucoup de temps ! On n’en sait finalement rien, et tout cela  semble flou et  n’est guère cohérent.  Etait-ce  une clause de style de la part du rédacteur pour nous faire comprendre  le grand malaise dans lequel elles étaient déjà ?  Tous ces détails ont été soigneusement étudiés, car le texte n’était pas le produit spontané d’un simple témoin. Il a été rédigé plus de vingt ans après l’événement et l’auteur a surement pris le temps de peser ses mots.

Elles ont aussi oublié d’apporter avec elle un levier dont elles auraient du se munir pour  manœuvrer le rocher à l’entrée de la tombe et aucun homme fort et solide  ne les accompagnait pour opérer la manœuvre.  Pourquoi n’ont-elles pas mis les hommes de l’entourage de Jésus au courant de leurs intentions, car c’était non seulement une entreprise difficile qu’elles entreprenaient, mais aussi une opération dangereuse ? Elles envisageaient tout simplement d’ouvrir la tombe d’un proscrit, condamné à mort, sans aucune autorisation des autorités compétentes. Et nous savons que l’autorité romaine n’aurait pas été tendre si elles avaient été surprises  

En abordant ce récit d’une manière plus  pointue, on découvre que l’auteur a plus cherché à créer une ambiance qu’une description précise de l’événement. Il prépare son lecteur à partager le choc spirituel qu’ont ressenti les femmes et à l’introduire dans le climat de doute et de stupéfaction que pourrait produire en lui le constat de la résurrection.

Nous l’avons compris, le but du récit est d’en arriver à nous préparer à accepter  la réalité de la résurrection comme évidente. C’est maintenant le problème de la pierre trop lourde pour être manœuvrer qui se pose. En effet,  la pierre, comme  tout le reste, doit avoir, elle aussi une signification symbolique. Elle sépare non seulement le monde des morts de celui des vivants, mais elle signifie aussi que c’est Dieu lui-même qui a la possibilité de libérer le lieu de la mort et d’y introduire la vie qui prend l’aspect rassurant d’un personnage divin. Il n’a pas à proprement parler l’aspect d’un ange, mais plutôt celui d’un humain. Il n’émane de lui aucune  lumière, il ne présente aucun aspect remarquable qu’on serait enclin à attribuer à un personnage divin, pas d’auréole, encore moins d’ailes, juste une apparence blanche. On ne pourrait faire plus simple et plus rassurant et pourtant elles auront peur. 

Ce personnage est porteur d’une parole. N’est-ce pas par la Parole que Dieu se caractérise dans les Ecritures ? Cette parole est un envoi. C’est en Galilée, dans leurs maisons qu’elles doivent retourner, là où elles vivent, c’est là qu’il y aura une suite, car ici, il n’y a plus rien à voir.

Tout a été raconté pour signifier  que Dieu a pris possession du domaine de la mort et que les humains ne peuvent rien comprendre à ce mystère. Il n’y a aucun  argument qui puisse donner de la cohérence à tout  cela. La pierre présente à l’entrée de la tombe devient inutile puisqu’à l’intérieur de la tombe  il  n’y a rien, si non la certitude de la présence de Dieu. Il y a de quoi avoir peur, car  les témoins se sentent démunis devant tout cela. C’est même effrayant pour elles de constater que Dieu est si proche et que malgré tout il reste invisible. Comment dire cela aux autres ? Mieux vaut se taire sans quoi ils les prendraient pour des folles.

L’Evangile s’arrête là et désormais on prendra pour des fous tous ceux qui parleront de résurrection, car il n’est pas dans la nature humaine de croire que Dieu maintienne la vie quand la mort s’est manifestée. Pourtant, si vous croyez en Dieu, si vous croyez qu’il est maître de la vie, comment pouvez-vous penser qu’il ne peut pas  vous garder en vie quand bien même vous seriez morts ?

Quelle suite donner à tout cela maintenant ? Il n’y a plus qu’à renvoyer chacun vers sa Galilée d’origine, comme l’ange a invité les femmes à le faire. Nous sommes invités à aller vers ces lieux de vie où la vie suit son cours. C’est là que Dieu nous réserve à chacun des expérience spirituelles et personnelles où la vie viendra visiter notre âme, provoquer notre conscience et susciter en nous des mouvements de foi qui feront de nous des intimes de Dieu.


La foi devient alors cette prise de conscience qui se produit en nous et qui nous amène à constater que plus rien ne nous sépare de Dieu ni dans ce temps, ni dans un autre. La pierre qui a été dressée entre Dieu et nous par tous les obstacles de  l’existence est définitivement roulée et Dieu nous envoie, au-delà de nous-mêmes accomplir notre destin d’homme ou de femme. Allez raconter cela à ceux qui ne croient  pas ! Ils vous prendront pour des fous, comme ce fut le cas pour l’apôtre Paul qui fut tourné en ridicule  quand il voulut en parler aux gens d’Athènes. Mais là est le prix du témoignage  que notre foi nous invite à rendre dans ce monde où nous vivons aux côtés de ceux qui ne croient pas.