jeudi 29 janvier 2009

de la dynamite contre les traditions: Marc 1/40-45 pour dimanche 15 février 2009



Marc 1/ 40 Un lépreux vint à Jésus, se mit à genoux devant lui et lui demanda son aide en disant : « Si tu le veux, tu peux me rendre pur. » 41 Jésus fut rempli de pitié pour lui( j) ; il étendit la main, le toucha et lui déclara : « Je le veux, sois pur ! » 42 Aussitôt, la lèpre quitta cet homme et il fut pur. 43 Puis, Jésus le renvoya immédiatement en lui parlant avec sévérité. 44 « Écoute bien, lui dit-il, ne parle de cela à personne. Mais va te faire examiner par le prêtre, puis offre le sacrifice que Moïse a ordonné, pour prouver à tous que tu es guéri (k) . » 45 L'homme partit, mais il se mit à raconter partout ce qui lui était arrivé. A cause de cela, Jésus ne pouvait plus se montrer dans une ville ; il restait en dehors, dans des endroits isolés. Et l'on venait à lui de partout.

j fut rempli de pitié pour lui : certains manuscrits ont fut rempli de colère contre lui.
k Voir Lév 14.2-32.
Marc 1/40-45

« Je le veux, sois pur !»
Une telle phrase apparemment anodine contient en elle assez de dynamite pour faire exploser tout le monde religieux, non seulement l’univers confiné du judaïsme palestinien du premier siècle, mais aussi la conception de Dieu telle que les hommes ont généralement l’habitude de la concevoir. C’est le visage de Dieu qui se trouve modifié par cette courte sentence.

Jésus prononce ces quelques mots à propos d’un homme atteint de la plus atroce des maladies qui reléguait des dans ghettos sordides les gens qui en étaient atteints. Ils étaient condamnés à mourir à petit feu dans le monde des exclus, et s’ils en sortaient, ils encouraient une mort plus rapide par lynchage immédiat. Toutes les civilisations ont pratiqué ce genre d’exclusion. Mais la lèpre portait aussi en elle le poids d’une malédiction qui laissait entendre que le malade était maudit par Dieu et rejeté par lui . Son mal était le châtiment d’une faute dont lui, où ses parents avant lui, étaient responsables. Il subissait ainsi une malédiction divine dont il ne connaissait pas la cause mais dont il subissait les effets.

« Sois pur, je le veux ! » De deux choses l’une : ou bien Jésus avait le pouvoir de s’opposer à la malédiction divine ou alors, ce n’était pas Dieu qui était à l’origine de cette maladie et dans ce cas, il n’y avait donc pas de malédiction divine.

Quoi qu’il en soit, dans les deux cas, Dieu est mis en cause. A la réflexion la première hypothèse qui doute de la toute puissance de Dieu est invraisemblable. La deuxième hypothèse porte en elle son lot de difficultés, elle affirme que Dieu n’a pas voulu la maladie de cet homme, la conclusion qui en découle c’est que Dieu ne maudit personne, et qu’il ne punit personne. La guérison du malade signifie que Dieu fait tout pour s’opposer à son mauvais sort et pour le sortir d’une situation désastreuse. Dieu veut donc le salut et non le châtiment.

Cette affirmation semble générer autant de problèmes qu’elle en résout, puisque Dieu n’utilise pas le mal pour régler ses différents avec les hommes. Il n’y a plus rien de commun entre Dieu et le mal. Finie l’époque où Jéhovah poursuivait Caïn d’un œil vengeur jusque dans les profondeurs du tombeau ! Comment répondre alors à nos questions sans réponses concernant nos malheurs inexplicables ? Comment rendre compte de tout ce qui nous arrive si Dieu n’y a rien à voir ?

Cela est tellement provocant que le texte de l’Evangile lui-même semble avoir été secoué par une explosion interne qui bouscule toutes les idées et les met en contradiction les unes avec les autres. Tout d’abord, Jésus transgresse et respecte la Loi de Moïse tout à la fois. Il touche le lépreux, ce qui est interdit par la Loi et il l’envoie au prêtre ce qui est exigé par cette même Loi. Par ailleurs, Jésus est saisi d’émotion jusque dans ses propres entrailles, tant il s’approprie la maladie de l’autre, et en même temps, il le rudoie sévèrement. Il lui interdit de parler et l’autre se met à parler sans retenue. Cette publicité que Jésus ne veut pas l’empêche d’accomplir son propre ministère en ville, où il a l’habitude d’aller parce que les foules s’y rassemblent. Il se retrouve alors dans le désert qui se remplit instantanément de monde.

Si seulement quelques lépreux pouvaient encore venir se faire guérir dans nos temples, alors ces lieux presque déserts deviendraient des lieux de rassemblement ! Une telle remarque n’est-elle pas blasphématoire ? N’est-ce pas un piège pour prédicateur en mal de succès ou d’église en perte de vitesse ? Nous souhaitons parfois que quelque chose de spectaculaire se manifeste pour bousculer l’apathie de nos communautés, tant nous sommes persuadés que Dieu se sert des choses spectaculaires pour attirer les hommes à lui. Jésus quant à lui pense le contraire.

C’est d’ailleurs à cause de cela qu’il se met en colère. Il sait comment les choses vont se passer. Il sait qu’en faisant de la publicité sur le miracle et qu’en parlant de merveilleux, les foules vont accourir pour chercher un autre visage de Dieu que celui que Jésus veut manifester, et il ne pourra pas prêcher comme il veut.

Il y a de quoi être désorienté. Si Dieu ne fait pas l’arbitre entre le bien et le mal, s’il ne maudit pas les coupables, s’il ne punit pas les méchants, où sont les points de référence ! Les hommes en ont besoin, ils veulent savoir clairement où est le bien pour rejeter le mal et il faut que Dieu le leur indique. C’est pourquoi les hommes sont à l’affût d’événements clairement repérables qui leur permettent de se situer. Et quand ils l’ont fait, ils veulent le dire aux autres pour qu’ils puissent à leur tour se repérer. L’action du lépreux va dans ce sens. Il dit clairement haut et fort, où et quand il a vu Dieu agir puisqu’il est au bénéfice de cette action. Il répond ainsi à la demande de cohérence humaine. Il n’empêche que Jésus n’est pas du tout d’accord.

Même si apparemment le lépreux a raison, il fait par son raisonnement l’économie de la foi. La foi s’appuie sur une la conviction intérieure que donne le saint Esprit, elle ne se démontre pas et ne se voit pas. Jésus a montré que chacun était au bénéfice d’une relation personnelle avec Dieu, et c’est dans cette relation personnelle que naît la foi. Il nous a appris à voir dans les lys des champs ou dans la venue du printemps la réalité de la présence de Dieu. C’est en laissant une prostituée partir sans châtiment qu’il montre la miséricorde du Seigneur et c’est en mourant lui-même sur une croix qu’il démontre la toute puissance de Dieu sur la mort. Il nous a appris à entrer dans le mystère de sa résurrection en partageant tout simplement un morceau de pain accompagné de vin. Tout cela est matière de foi.

Mais nous avons toujours besoin d’en rajouter, c’est pourquoi au cours des siècles les chrétiens, comme jadis les païens ont cherché à lire les prodiges de Dieu dans des miracles plus ou moins spectaculaires que des hommes ou des femmes exceptionnels ont réalisés, c’est ainsi qu’est né le culte des saints. Il a alors fallu que les choses deviennent outrancières pour que, par le biais des Réformateurs la Chrétienté retrouve les valeurs de la gratuité du salut par la foi et de la simplicité de la Révélation. Ils ont rappelé que Dieu ne punit ni ne rejette aucun homme mais cherche à tous les sauver. Ils ont enseigné à nouveau à mettre les hommes en harmonie avec leur Dieu, non pas par des faits prodigieux, mais par la foi seule.

Ont-il eu raison, ont-ils eu tort ? Arrivé ici dans mon raisonnement je ne sais plus. Les hommes qui au fil des siècles ont suivi leur enseignement ont cessé de redouter la colère de Dieu. Ils se sont sentis joyeusement libérés du poids de toutes les malédictions et du péché. Ils se sont sentis bousculés par la foi pour aller à la rencontre des hommes et ils ont entrepris de lutter contre tous les maux qui oppriment les humains. Mais trop bien libérés par Dieu, trop actifs dans les entreprises de libération des hommes, ne se prennent-ils pas aujourd’hui pour leurs propres libérateurs ?

Ils parlent d’amour, d’espérance et de liberté et s’ils n’éprouvent plus aucune crainte de Dieu, ils ne ressentent pas le besoin de le remercier, et ils oublient la louanges et la reconnaissance. Ils ne se reconnaissent plus pécheurs et n’éprouvent nul besoin de pardon. Dieu est sorti de leur vie et il le paye d’ingratitude pour en avoir fait des hommes affranchis. Dans les sanctuaires désaffectés ne retentissent plus leurs louanges et les bancs vides ne sont plus que décor de musée.

Pardonnez-moi ces quelques instants de morosité et de désaroi. Mais comment recevoir ces constatations dans la foi ?

Je crois, que Dieu croit plus en l’homme que moi-même. Il sait, mieux que personne sa capacité de remise en question. Il sait que l’homme libéré ne peut retourner à ses pratiques anciennes qui font de Dieu une divinité redoutable qu’il faut craindre. Si aujourd’hui, alors que tout s’entremêle, il a perdu le chemin qui mène à Dieu, il est capable de se remettre en question et de réécrire une page d’amour avec Dieu. Si pour un temps, qui est le nôtre, pris par l’activisme et les défis du présent siècle, si encombré aussi par sa vanité et son orguei,l l’homme oublie l’origine de son histoire, Dieu sait qu’il peut, un jour retrouver le chemin qui mène à lui. C’est dans cette espérance là que Dieu nous demande de regarder l’avenir qu’il éclaire alors que l’actualité se plaît à l’assombrir.



lundi 26 janvier 2009

Dieu croit en l'homme Marc 1/29-39 pour le dimanche 8 février 2009




Texte : Marc 1:29-39

1 29 Ils quittèrent la synagogue et allèrent aussitôt à la maison de Simon et d'André, en compagnie de Jacques et Jean. 30 La belle-mère de Simon était au lit, parce qu'elle avait de la fièvre ; dès que Jésus arriva, on lui parla d'elle. 31 Il s'approcha d'elle, lui prit la main et la fit lever. La fièvre la quitta et elle se mit à les servir.
32 Le soir, après le coucher du soleil , les gens transportèrent vers Jésus tous les malades et ceux qui étaient possédés d'un esprit mauvais. 33 Toute la population de la ville était rassemblée devant la porte de la maison. 34 Jésus guérit beaucoup de gens qui souffraient de toutes sortes de maladies et il chassa aussi beaucoup d'esprits mauvais. Il ne laissait pas parler les esprits mauvais, parce qu'ils savaient, eux, qui il était.

35 Très tôt le lendemain, alors qu'il faisait encore nuit noire, Jésus se leva et sortit de la maison. Il s'en alla hors de la ville, dans un endroit isolé ; là, il se mit à prier. 36 Simon et ses compagnons partirent à sa recherche ; 37 quand ils le trouvèrent, ils lui dirent : « Tout le monde te cherche. » 38 Mais Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins. Je dois prêcher là-bas aussi, car c'est pour cela que je suis venu i . » 39 Et ainsi, il alla dans toute la Galilée ; il prêchait dans les synagogues de la région et il chassait les esprits mauvais. La vie : Marc Chagall

N’en déplaise au psaume 51 qui nous dit que Dieu ne sommeille ni ne dort et qu’il veille sur son peuple, on ne voit pas beaucoup Dieu à l’œuvre en ce bas monde. Mais si on ne voit pas Dieu à l’œuvre, par contre dans le récit qui nous est proposé nous voyons Jésus prendre la relève de Dieu. Jésus dans ce texte de Marc remplit toutes les fonctions dévolues à Dieu dans le psaume. Il prend pleinement en compte sa fonction de Fils de Dieu. Le Fils de Dieu c’est celui qui le révèle dans son oeuvre. Et c’est ce qui se passe. Jésus accomplit ici l’œuvre du Père. Vous devinez facilement que je vais être amené à dire que si nous cherchons à imiter Jésus dans ce qu’il fait nous allons devenir à notre tour des fils et des filles de Dieu. Nous sommes alors associés à son destin et il nous fait participer dès maintenant à sa résurrection. En effet sans qu’on s’en aperçoive vraiment, ce passage est marqué par le signe de la résurrection .

L’histoire commence par la guérison de la belle-mère de Pierre. Elle est atteinte de fièvre, Jésus la guérit. Il n’y a rien de spectaculaire dans cette guérison. On ne comprend pas pourquoi ce petit miracle serait rapporté si ce n’était pour faire ressortir un élément qui transparaît au travers des termes utilisés pour le raconter. Ce sont des mots qui sont habituellement réservés à la description de la résurrection. Il est dit qu’elle était couchée et non pas qu’elle était au lit. Elle était étendue, comme le sont les morts. Et il n’est pas dit qu’il la guérit, mais qu’il la fit se lever, et le mot « faire lever » se traduit habituellement par ressusciter. Ce récit anodin de la guérison de cette femme est très connu, mais a part le fait que l’on s’en soit servi pour faire quelques plaisanteries désobligeantes il n’a qu’un seul intérêt, celui de placer le récit des autres guérisons qui vont suivre sous le signe de la résurrection. Quand Jésus intervient dans l’existence de quelqu’un c’est pour le faire passer d’une situation de mort à une situation de résurrection !

Sans que les choses soient dites, il nous est donc donné de percevoir que désormais toutes les relations que Jésus va établir avec les hommes seront placées dans cette dimension de résurrection qui devient la réalité profonde de son ministère. La résurrection prend alors son sens véritable qui ne désigne pas seulement le fait de survivre à notre propre mort mais qui est le fait de vivre dès maintenant la réalité de la présence de Dieu en nous. C’est cela qui est essentiel dans la notion de résurrection

Pour être ressuscité, il faut être libéré de tout ce qui nous entraîne dans la mort. Nous avons ici toute une série d’actions libératrices de Jésus. Ces actions ont lieu en pleine nuit et la foule est nombreuse. Toute la ville était là, est-il dit, c’est dire que tout un chacun est concerné. La nuit n’est pas seulement l’absence de jour, c’est aussi l’absence d’espérance, la nuit signifie l’incapacité que l’on a de voir la situation à venir, la nuit n’est pas seulement physique, elle est spirituelle. Elle désigne cette situation qui fait que tous les fantasmes, tous les démons s’en donnent à cœur joie et se comportent comme si Dieu n’avait plus aucun pouvoir.

Dans la société antique, comme dans notre inconscient, la nuit est peuplée d’éléments hostiles à l’homme, elle est perçue comme un moment où Dieu semble suspendre sa vigilance et laisse la place libre aux forces négatives. C’est dans ce monde redoutable pour l’homme où Dieu semble être absent que nous vivons. C’est dans ce monde que Jésus vient, comme pour dire qu’il n’y a pas de fatalité à la maladie et aux forces hostiles. Dieu n’abandonne pas une partie du monde au malin pour s’occuper de l’autre. En agissant comme il le fait l’Evangile de Marc nous dit que Jésus est venu instaurer la vie dans le domaine de la mort. Cela veut dire que l’action de Jésus vise à nous persuader que la relation à Dieu subsiste même quand il semble ne plus y avoir d’espoir.

Qui est ce qui détruit l’espoir ? Ce sont bien entendu les démons et la maladie. Dans le contexte de l’Evangile, les démons ne sont pas personnalisés, ils sont mis au même rang que la maladie, c’est à dire au même rang que ces réalités qui nous font douter de la présence de Dieu. Il y a dans notre vie des réalités qui s’imposent à nous comme autant d’obstacles à la foi. Nous traversons parfois des événements si terribles que notre raison ne peut les surmonter sans mettre Dieu en cause. Ces événements nous font douter de Dieu. Ils sont à mettre au rang des démons auxquels Jésus livre un combat sans merci.

Nous doutons de Dieu, quand nous avons le sentiment que le poids du destin est trop lourd. Nous sommes alors amenés à penser que Dieu doit être impuissant pour avoir toléré quelque chose de si injuste. Pire, s’il n’est pas impuissant, c’est qu’il laisse faire ou que dans sa divine majesté il n’a rien à faire d’une créature aussi insignifiante que nous. Ce sentiment d’indifférence ou de total abandon est insupportable car nous n’avons pas la force de faire face à notre destin tout seul. Nous nous sentons enfermés dans une nuit épaisse, condamnés à subir un destin que nous ne maîtrisons pas.

C’est dans cette nuit épaisse que Jésus se tient. C’est là que les disciples le trouvent alors qu’il fait encore noir. Ils lui disent l’angoisse des hommes et Jésus répond qu’il est là pour les soulager. Il est là pour donner une réponse à cette angoisse, car nous avons peur. Nous avons peur de Dieu, peur de ses silences et nous redoutons ses jugements. Nous avons peur qu’il nous oublie ou nous le souhaitons parfois. Nous lui reprochons nos échecs. Nous aimerions que quelqu’un restaure en nous la faveur de Dieu et nous convainc de sa présence bénéfique dans notre vie. C’est cela que Jésus est venu faire. C’est ce qu’exprime Paul quand il déclare aux Corinthiens que « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même. »

« Allons ailleurs » dit alors Jésus à ses disciples qui le cherchent. Ce « ailleurs » a de l’importance pour Jésus. Il appelle ses interlocuteurs à le rejoindre dans un ailleurs qui n’est pas là où ils l’espèrent. Pour eux la présence de Jésus devrait apporter immédiatement une réponse à ce qui ne va pas. Ils attendent un miracle et rien d’autre. Pour eux le miracle est de l’ordre du confort immédiat comme le ferait un médicament qui à peine administré supprimerait la douleur. La position de Jésus n’est pas tout à fait celle là. Elle est ailleurs.

Les hommes souhaitent que se manifeste la toute puissance de Dieu et que son intervention corrigera les anomalies dont nous sommes victimes. Ce n’est pas exactement ce qui se produit. Malgré nos prières nos angoisses subsistent, les maladies perdurent et parfois nous emportent. Dieu ne veut pas passer son temps à corriger ce qui ne va pas dans le monde. Il se refuse à être le Dieu-Providence qui répond aux nécessités des hommes en manque. Jésus oriente leurs regards vers un ailleurs où ils n’ont pas encore tourné les yeux. Ce « ailleurs », c’est cette assurance que la foi met en nous et qui nous porte à croire qu’il n’y a pas de lieux où Dieu soit absent. C’est cette réalité que représente la notion de résurrection.

La résurrection prend du sens pour nous, quand nous comprenons que Dieu, dans la personne de Jésus a accepté d’assumer tous les aspects négatifs qu’il pouvait y avoir dans sa mort. Cette présence divine aux côtés de Jésus a eu la résurrection pour conséquence. Grâce à cette certitude, nous pouvons dépasser nos propres souffrances, nos aliénations, nos contraintes en sachant que Dieu reste à nos côtés pour produire en nous assez d’énergie pour faire face à tout ce qui met en cause notre espérance. La résurrection est donc une puissance de Dieu en nous qui est continuellement à l’œuvre.

Dieu croit en l’homme et à sa capacité de dépassement. Il fait le pari que si nous lui faisons confiance en suivant Jésus nous dépasserons par nous-mêmes les forces aliénantes qui nous contraignent. Cela ne l’empêche cependant pas de mettre régulièrement sur notre route des signes effectifs de sa toute puissance. Il fait des miracles. Ils ont pour nous une valeur de repère. Ils agissent en nous comme le pain et le vin de la cène qui ne nourrissent pas physiquement mais qui nous disent la présence réelle de Dieu dans notre existence.
En Jésus Christ, Dieu nous croit capables de surmonter tout ce qui s’oppose à lui. La maladie, si souvent mentionnée ici ne sera pas forcément guérie, comme nous l’espérons, mais elle sera dépassée c’est à dire qu’elle ne dressera plus d’obstacles entre Dieu et nous. Dieu croit en l’homme et en sa capacité de dépassement, nous ne le dirons jamais assez, c’est cela la résurrection. Celui qui croit est désormais une nouvelle créature puisque le divin agit en lui. S’il garde les promesses de la foi il est alors armé pour lutter contre tous les démons puisque Dieu lui en donne la capacité.

dimanche 18 janvier 2009

C'est l'Amour qui permet de percevoir la Voix de Dieu : Deutéronome 18/21 Dimanche 1 février 2009

C’est Dieu qui met en nous assez d’amour pour ue nous puissions entendre sa Voix.

(Libres propos à Partir de Deutéronome 18/21 )

« Comment reconnaîtrons-nous la Parole que l’Eternel n’aura pas dite ? »


18.15
L'Éternel, ton Dieu, te suscitera du milieu de toi, d'entre tes frères, un prophète comme moi: vous l'écouterez!
18.16
Il répondra ainsi à la demande que tu fis à l'Éternel, ton Dieu, à Horeb, le jour de l'assemblée, quand tu disais: Que je n'entende plus la voix de l'Éternel, mon Dieu, et que je ne voie plus ce grand feu, afin de ne pas mourir.
18.17
L'Éternel me dit: Ce qu'il ont dit est bien.
18.18
Je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète comme toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui commanderai.
18.19
Et si quelqu'un n'écoute pas mes paroles qu'il dira en mon nom, c'est moi qui lui en demanderai compte.
18.20
Mais le prophète qui aura l'audace de dire en mon nom une parole que je ne lui aurai point commandé de dire, ou qui parlera au nom d'autres dieux, ce prophète-là sera puni de mort.
18.21
Peut-être diras-tu dans ton cœur : Comment connaîtrons-nous la parole que l'Éternel n'aura point dite?
18.22
Quand ce que dira le prophète n'aura pas lieu et n'arrivera pas, ce sera une parole que l'Éternel n'aura point dite. C'est par audace que le prophète l'aura dite: n'aie pas peur de lui.



De tout temps, les hommes ont cherché dans les étoiles les mystères qui régulent le cours de l’histoire. Ils ont cherché à arracher au Tout Puissant les secrets qu’il n’avait pas daignés donner à l’humanité. Malgré ses prodigieuses prouesses scientifiques, l’humanité n’est toujours pas arrivée à percer les énigmes qui concernent les origines du monde. On se contente, dans le meilleur des cas, de répéter que si l’univers fonctionne comme une horloge bien réglée il faut qu’il ait été conçu par un horloger prodigieux.

Mais cette horloge marche-t-elle si bien ? Si les grandes catastrophes qui agitent parfois notre terre sont quantité négligeable à l ‘échelle de l’univers, il en va bien autrement quand on concentre son attention à une échelle plus réduite qui est celle où l’être humain se meut. A ce niveau là, il semble que ça fonctionne moins bien.

L’observateur extérieur n’aura pas de mal à constater des dysfonctionnements dont la plupart sont à imputer à l’homme. Pourtant, apparemment, il est un être bien fragile. Cependant, il se comporte avec une étrange liberté et refuse de se soumettre à toute règle pré établie. De ce fait, Il nargue sans doute inconsciemment, l’Auteur de Toute chose en exerçant à ses dépens sa brillante intelligence. Il n’est pas contestataire par essence, mais il est doté d’un esprit curieux qui cherche à tout prix à savoir comment ça marche, dut-il pour cela mettre en doute l’existence d’un Créateur.

La Bible, qui est le livre de Sagesse par excellence affirme que le Créateur a voulu que les choses soient ainsi. Mais elle affirme aussi qu’il veut que cet être pensant que nous sommes participe à sa création. Pour cela l’homme doit en découvrir les règles et s’y soumette car rien ne peut se faire sans harmonie. C’est alors que Dieu décide de lui parler. Les Ecritures précisent à ce sujet que Dieu parle et que sa Parole a un pouvoir créateur.

Dieu nous est alors présenté comme celui, qui par le seul son de sa voix, permet au chaos primitif de s’organiser pour que la vie apparaisse et que la terre devienne habitable pour l’homme. Mais tout ne marche pas si bien ! Même s’il lui arrive de percevoir le son de cette voix, l’homme reste un insoumis. Malgré tout, la voix de
Dieu a atteint quelques individus qui se sont levés et qui se lèvent encore. A l’écoute de cette voix ils se sont engagés dans une aventure qui les a entraînés et qui les entraîne encore loin de leurs origines.

Tout cela ne prend vraiment de sens qu’à ce moment précis où l’histoire des hommes se confond avec la légende. C’est l’aventure, bien anodine de la naissance d’un enfant qui fut menacé de mort dès sa venue au monde. Pour que la vie triomphe de son destin de mort, la Voix de Dieu mobilisa autour de lui tous ceux qui pouvaient le faire vivre. Et cette fois, la vie triompha de la mort et l’enfant vécu.

Arrivé en âge de comprendre c’est encore cette Voix qui le conduisit sur ce même chemin que les grands initiés, les prophètes, et les inspirés avaient suivi avant lui. Mais lui seul se sentit invité à défier la mort. Et il défia la mort. Lui seul avait compris que Celui qui parle aux hommes peut leur transmettre aussi le secret de la vie, la vie qui dépasse la mort. C’est alors que tout a commencé pour l’humanité parce que tout avait enfin été dit.

Il est alors devenu évident pour ceux qui ont participé à cette aventure aux côté de Jésus que la Parole qui était à l’origine de tout et qui l’avait accompagné jusqu’à cet instant était porteuse de vie. Tout acte créateur provoqué par elle était revêtu d’ une puissance de vie. C’est au terme de cette histoire que se trouve la réponse à la question du Deutéronome : « comment reconnaître la Parole que Dieu dit ? » ou plutôt, « comment reconnaître la Parole que Dieu n’a pas dite ? » La réponse se trouve dans la constatation qu’il y a un lien étroit entre la Parole de Dieu et la Vie.

Il y a tant d’hommes qui prétendent parler au nom de Dieu ! Pourtant, il n’est pas évident que Dieu se reconnaîtra dans leurs propos car la vie ne prend pas toujours priorité dans les paroles que l’on prête à Dieu. Pour ce qui concerne Jésus cela se vérifie aisément. Dès que Jésus parle, les plus démunis se mettent à espérer : « Heureux les pauvres, disait-il, heureux ceux qui pleurent… » et l’espérance renaissait, et leur existence reprenait vie. Les malades guérissaient, les morts même ressuscitaient, le pain était partagé et le vin répandait la joie de l’éternité pour ceux qui avaient commencé à espérer.

Il est tout à fait consternant de constater qu’au cours des siècles, les Pères de l’Eglises eux-mêmes, les puissants, les Théologiens et les Réformateurs ont prétendu parler au nom de Dieu alors que leurs décisions et leurs propos étaient porteurs de divisions et de mort. (1) Combien d’hommes et de femmes n’ont-ils pas péris parce que leurs vérités sur Dieu n’étaient pas les mêmes que celles de ceux qui étaient en place ? Ce fut à notre grande honte le cas des Cathares, des infidèles contre qui se mobilisèrent les croisades de la Chrétienté, des Réformés, de Michel Servet et de tant d’autres…. Quand la parole provoque la mort elle n’est pas Parole de Dieu, mais ce n’est pas si simple de la reconnaître.

En fait, toute l’Ecriture rend témoignage à cette vérité. C’est ainsi qu’Abraham crut entendre que Dieu s’intéressait à son problème de paternité. Il entendit que la Voix lui disait « pars et fais confiance ». Il partit et ne fit pas toujours confiance, mais malgré tout, bien longtemps après, la vie prit naissance dans le ventre de Sarah, nous connaissons la suite. Moïse quant à lui, ne promit-il pas une vie féconde à un peuple d’esclaves s’ils écoutaient la Voix de Dieu. Ils écoutèrent cette voix qui leur disait «choisis la vie afin de vivre » Dt 30/19

Mais ce n’est ni facile de bien entendre, ni facile de bien réagir. Les choses sont trop compliquées pour obéir à des règles simples. Il se trouve que la survie des uns nécessite la mort des autres. Le grand prêtre au procès de Jésus n’avait il pas dit avec sagesse qu’il valait mieux qu’un homme meurt plutôt que tout le peuple périt. Mais cette parole de sagesse venait-elle vraiment de Dieu ? Dans cette aventure, personne ne semble avoir correctement entendu la voix de Dieu, si non, Jésus lui-même. Il a compris que la voix de Dieu l’invitait à donner sa vie, mais pas la vie des autres, et c’est alors que sa mort a changé la vie des autres.

Notre rapport avec Dieu réclame une relation personnelle avec lui. Il réclame qu’on vienne le rejoindre au fond de nous-mêmes dans un dialogue en vérité. Les choses ne sont pas toujours évidentes. Il nous faut écouter toutes les voix intérieures qui nous sollicitent et discerner quelle est celle de Dieu. Nous devons faire le tri entre nos pensées personnelles qui défendent nos intérêts et écouter la voix de la raison qui nous invite au bon sens. Le plus fréquemment c’est par la voix des autres que Dieu vient vers nous, et quand sa voix nous atteint, nous devons encore l’éprouver pour reconnaître en elle la vérité de Dieu. Bien évidemment, ce sont les critères de l’amour qui nous vient de Dieu et qui nous met au service des autres qui nous permettent d’identifier sa voix qui triomphe de nos intérêts personnels et de notre bon sens.

L’amour agit en nous comme un instrument de mesure pour nous permettre de surmonter nos égoïsmes, il nous permet aussi de dépasser ce qui est raisonnable. Quand nous y sommes arrivés, nous pouvons dialoguer avec Dieu et concevoir avec lui des projets qui n’auraient pas été forcément acceptables a priori…C’est alors que la voix de Dieu s’impose à nous comme vérité, mais il nous faudra mener un combat contre nous-mêmes pour l’accepter. Il nous faudra imiter Jésus qui passait des nuits entières dans un dialogue avec Dieu et avec lui-même pour chercher à mettre son attitude en conformité avec la voix de Dieu.

Jésus savait, mieux que personne que pour suivre la volonté de Dieu il faut passer par un renoncement à soi-même. Ce renoncement est toujours douloureux, et c’est l’amour que Dieu nous demande pour les autres qui nous permet de l’atteindre.

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Tableau utilisé par A. Einstein pour expliquer la théorie de la relativité

(1) Les grands symboles de la foi que nous récitons dans nos liturgies ont été écrits pour exclure les hérétiques et bien souvent les envoyer à la mort. Peut-on dire qu’ils sont« parole de Dieu »? Je mets cette remarque en note parce que je sais qu’elle est choquante, mais je vous la livre cependant parce qu’elle appelle à réflexion.

C'est Michel Servet qui est représenté sur l'image au milieu à gauche.





samedi 10 janvier 2009

Quand Dieu appelle : Marc 1:14-20 dimanche 25 janvier 2009






Quand Dieu appelle

1:14 Après que Jean eut été livré, Jésus alla dans la Galilée, prêchant l'Évangile de Dieu.1:15 Il disait: Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous, et croyez à la bonne nouvelle.1:16 Comme il passait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André, frère de Simon, qui jetaient un filet dans la mer; car ils étaient pêcheurs.1:17 Jésus leur dit: Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes.1:18 Aussitôt, ils laissèrent leurs filets, et le suivirent.1:19 Étant allé un peu plus loin, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui, eux aussi, étaient dans une barque et réparaient les filets.1:20 Aussitôt, il les appela; et, laissant leur père Zébédée dans la barque avec les ouvriers, ils le suivirent.

Marc 1/14-20

Le temps est accompli! De quel temps peut-il s’agir si non du temps que Dieu s’est réservé depuis toujours pour marquer l’accomplissement de sa révélation ? Comme Dieu est le maître du temps et qu’il semblait avoir programmé ce moment de longue date, les hommes étaient en droit d’attendre une manifestation spectaculaire. Or, il n’en était rien. Il semble même que Jésus se payait de mots en annonçant un temps qui ne se voyait pas.

Jean, celui qu’on appelait le baptiste avait fait naître de nouveaux espoirs, mais il avait été arrêté par les sbires du tétrarque et les geôles d’Hérode rendaient rarement leur proie. Il n’y avait plus grand chose à attendre. Il avait bien désigné Jésus comme candidat pour être Messie, mais il ne s’était encore rien passé, et lui n'allait pas tarder à mourir. Que pouvait donc cacher cette phrase : « le temps est accompli » puisque rien de repérable ne se produisait.

Jésus se baladait le long du lac et regardaient les pêcheurs qui inlassablement répétaient les mêmes gestes. Il appela des gens à le suivre, et ils le firent. Mais là encore, il n’y avait rien de spectaculaire, et un observateur extérieur n’aurait même pas remarqué l’événement.

Il faut quand même considérer que l’évangéliste Marc ne rapporte pas ce non- événement pour rien. Il rapporte cela comme un non-événement pour nous laisser découvrir qu’il y a quand même un événement derrière ces paroles anodines. La clé se trouve tout à la fin de l’Évangile dans les paroles de l’officier romains chargé d’exécuter les hautes œuvres. « Cet homme était le fils de Dieu » avait-il dit. Jésus était le fils de Dieu, et tout l’Évangile a été écrit pour mettre cette seule phrase en valeur. Comme toujours cette affirmation n’était perceptible que pour les yeux de la foi.

Quand Jésus parlait, c’était au nom de Dieu. Ses premières paroles avaient donc eu autant d’importance que, les dernières. Ses premières paroles avaient été pour appeler des hommes à le rejoindre afin d’accomplir l’œuvre de Dieu. Son dernier geste par contre avait appelé les hommes à faire le constat de la Présence de Dieu dans la mort même.

Le temps qui commençait, même si ça ne se voyait pas, était le temps nouveau où Dieu apersonne qui entendait sa parole d’une mission personnelle.

Nous n’avons ici, bien étendu que la liste des premiers appelés, mais cette liste est ouverte, elle concerne tous ceux qui seront appelés, c’est à dire une foule d’individus, l’humanité entière, et personne ne sera oublié ou exclu. C’est en ce sens qu’un temps nouveau était en train de s’accomplir.

Mais enfin, pourquoi tous ces appelés de la première heure avaient-ils décidé de tout quitter pour suivre Jésus? Sans doute parce qu’ils avaient entendu la prédication de Jésus et qu’ils s’étaient mis à y croire. Jésus leur avait dit que le temps était accompli, que le règne de Dieu s’était approché et il leur demandait de croire à la « bonne nouvelle. Ils avaient entendu dans cette invitation une "parole de Dieu".

Cette affirmation de Jésus a tellement été prêchée dans nos églises que nous ne l'entendons plus vraiment. Pourtant, si elle a bousculé de simples pêcheurs lac peut être a-t-elles encore le pouvoir de nous faire bouger nous aussi à notre tour.

Le temps est accompli avait dit Jésus ! Qu’est-ce que cela pouvait vouloir dire si non que quelque chose s’était achevée ou que quelque chose allait commencer ! Comme le temps ne s’arrête jamais, il s’agissait sans doute des deux. A part des événements politiques consternants, il ne se passait plus rien en Israël au moment où Jésus vint. Et la situation semble être figée de la même façon en notre temps. Chacun s'enfermait sur se certitudes.  Les Sadducéens prétendaient que la fidélité aux rites du Temple témoignait de la présence de Dieu au milieu de son peuple. Les Pharisiens affirmaient pour leur part que la fidélité de Dieu était liée au respect scrupuleux de la Loi.

A part quelques sectes d’illuminés qui prétendaient qu’il fallait bouter par les armes, les infidèles hors d’Israël, tous étaient paralysés par la crainte, mais tous aussi étaient habitées par une grande espérance. Et pourtant rien ne se passait vraiment. Depuis 3 ou 4 siècles le souffle des grands prophètes semblait tari, le ciel semblait fermé et Dieu se taisait. Mais si on considérait que le temps des prophètes était terminé, on espérait qu’il s’en préparait un autre. Dieu avait-il fini de jouer un rôle puisqu’il ne parlait plus ? Etait-il en train de passer la main aux hommes? Il l'avait fait depuis longtemps, mais ils semblaient ne pas le savoir

Jésus était-il ce prototype d’homme nouveau qui allait mettre en œuvre tout ce que Dieu avait promis? Était-ce le temps de l’homme nouveau qui allait commencer, celui de l’homme responsable dont Jésus était l’image ? Sous sa personnalité qui s’affirmait déjà on sentait vibrer le fils de l’homme à l’image duquel l’humanité nouvelle devait se construire. C’est pour suivre cet homme porteur d’une humanité nouvelle qu’ils s’étaient levés et qu’ils s’étaient mis à le suivre.

Le Règne de Dieu s’est approché avait dit Jésus ! Mais c’était quoi le règne de Dieu? Le règne de Dieu c’est là où Dieu est roi, c’est là où ses sujets font sa volonté. Cela veut dire aussi que ceux qui se sont mis à le suivre avaient l’intention de changer de comportement et de faire sa volonté. A l’imitation de l’homme nouveau annoncé, ils avaient l’intention de manifester que Dieu était non seulement à l’œuvre dans sa Loi, comme le disaient les Pharisiens et qu’il était à l’œuvre dans le Temple comme le disaient les Sadducéens, mais qu’il était à l’œuvre dans le cœur des humains, et c’était cela qui était nouveau. Plus besoin désormais que Dieu parle par les prophètes puisqu’il parlait au cœur des hommes et que ceux qui l’entendaient brûlaient d’agir.

Que savaient-ils de ce Jésus à qui ils faisaient confiance? Nous ne le savons pas, mais eux en savaient encore moins que nous. Nous savons, à la différence de ces pêcheurs du lac, comment s’est terminé le ministère de Jésus. Nous savons que Dieu a scellé sa parole du sceau de la vérité en le ressuscitant . Les théologiens et les historiens nous ont dit tout ce que nous devions savoir à ce sujet. Par contre, le texte insiste sur la spontanéité des premiers disciples,  et 2 000 ans après et c’est sur l’apathie de leurs successeurs qu’il faut s’interroger. Car face à la « bonne nouvelle » selon laquelle Dieu nous parle bouche à bouche et cœur à cœur, nous réagissons comme des gens blasés.

C’est nous, maintenant que ce texte interroge pour savoir si  nous aussi, nous allons abandonner nos filets quels qu’ils soient. A notre tour, si nous abandonnions nos filets, nous découvririons sans doute pourquoi ce monde semble si déconnecté du monde de Dieu.

vendredi 2 janvier 2009

Comment reconaître la parole de Dieu 1 Samuel 3/3-19 Dimanche 18 janvier 2009





1 Samuel 3/2-19



3 2 Une nuit, le prêtre Héli, qui était devenu presque aveugle, dormait à sa place habituelle. 3 Samuel aussi dormait. Il était dans le temple du Seigneur, près du coffre sacré. Avant l'aube, alors que la lampe du sanctuaire brûlait encore p , 4 le Seigneur appela Samuel. Celui-ci répondit : « Oui, Maître », 5 puis il accourut auprès d'Héli et lui dit : « Tu m'as appelé ; me voici ! » — « Je ne t'ai pas appelé, dit Héli ; retourne te coucher. » Samuel alla se recoucher.


6 Une seconde fois le Seigneur appela : « Samuel ! » L'enfant se leva et revint dire à Héli : « Tu m'as appelé ; me voici ! » — « Non, mon enfant ! répondit Héli, je ne t'ai pas appelé ; retourne te coucher. » 7 Samuel ne connaissait pas encore personnellement le Seigneur, car celui-ci ne lui avait jamais parlé directement jusqu'alors.
8 Pour la troisième fois, le Seigneur appela : « Samuel ! » Samuel se leva, revint trouver Héli et lui dit : « Tu m'as appelé ; me voici ! » Cette fois, Héli comprit que c'était le Seigneur qui appelait l'enfant. 9 Il lui dit alors : « Va te recoucher. Et si on t'appelle de nouveau, tu répondras : «Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !» » Samuel alla donc se recoucher à sa place.


10 Le Seigneur vint et se tint là ; comme les autres fois, il appela : « Samuel, Samuel ! » L'enfant répondit : « Parle, ton serviteur écoute. » 11 Le Seigneur déclara à Samuel : « Je vais frapper Israël d'un malheur tel qu'il fera l'effet d'un coup de tonnerre sur ceux qui l'apprendront. 12 Ce jour-là, je réaliserai à l'égard d'Héli et de sa famille tous les malheurs dont je les ai menacés, sans rien négliger. 13 Je l'ai averti que je condamnais sa famille pour toujours ; en effet, ses fils ont péché en me traitant avec mépris, et lui, qui savait cela, les a laissés faire. 14 C'est pourquoi j'ai juré à la famille d'Héli que ni sacrifices ni offrandes ne pourront jamais faire oublier son péché. »


15 Samuel resta couché jusqu'au matin. Puis il alla ouvrir les portes du sanctuaire. Il craignait de raconter sa vision à Héli ; 16 mais Héli l'appela : « Samuel, mon enfant ! » — « Oui, Maître », répondit-il. 17 « Que t'a dit le Seigneur ? demanda Héli ; ne me cache rien. Si tu me caches un seul mot de ce que Dieu t'a dit, je veux qu'il t'inflige la plus terrible des punitions. » 18 Alors Samuel lui raconta tout, sans rien cacher. Héli déclara : « Il est le Seigneur ! Qu'il fasse ce qu'il juge bon. »




Le sermon :1 Samuel 3/5-19


L’esprit humain est particulièrement fécond, jamais il ne cesse de fonctionner, il est toujours en mouvement, si bien que la tête de chacun de nous se trouve remplie d’idées et de pensées qui jamais ne cessent de se bousculer. Elles fonctionnent comme autant de voix intérieures dont on ne saurait trouver les origines ou les aboutissements. C’est ainsi que travaille notre cerveau qui ne se donne jamais de repos.

Parmi toutes ces voix intérieures dont les unes traduisent des désirs, les autres des souvenirs, d’autres encore formulent des projets, d’autres enfin nous font entendre des voix à jamais disparues. Toutes s’entremêlent sans qu’aucun contrôle ne puisse se faire et il arrive que l’on s’interroge pour savoir si Dieu lui-même ne joint pas sa propre voix au concert des autres.

Il se produit parfois qu’au milieu de la nuit, alors qu’on ne sait pas vraiment si on dort encore ou si l’on est déjà réveillé, alors que le flot des pensées s’est calmé ou même s’est tu tout à fait, qu’une question particulière nous assaille. Et si c’était la voix de Dieu? On se demande alors si Dieu ne veut pas nous engager dans un projet qui déjà nous tient à cœur ou s’il cherche à nous entraîner sur un chemin dont on voudrait s’écarter. Comment savoir ? Qui sera pour nous le bon guide? Comment faire le tri dans toutes ces voix qui traversent notre inconscient et comment ne pas accorder du crédit à celle qui en pleine nuit nous a réveillés ?

La lecture du récit de l’appel que Dieu fait à Samuel encore enfant a imprégné la vie des enfants de l’Ecole du dimanche pendant de longues générations. Ce récit nous a été raconté avec une simplicité exemplaire, comme pour nous dire que ceux qui ont le cœur pur pouvaient entrer avec aisance dans les mystères de Dieu. Il est arrivé que certains parmi nous après avoir écouté ce récit se soient imaginés que Dieu pouvait les appeler de la même façon et que c’était même la manière habituelle de Dieu de parler aux hommes. L’expérience ne confirme généralement pas cette réalité, certains même, déçus en sont arrivés à se détourner de Dieu.

Il est vrai que bien peu parmi nous, ont réussi à lire clairement dans leurs propres pensées des messages cohérents de la part de Dieu. Mais il est vrai aussi que si on se donne la peine d’approfondir ce texte nous arriverons à trouver quelques pistes de réflexion qui nous permettrons de comprendre comment Dieu parle aux hommes, car il est vrai qu’il leur parle, sans quoi la Bible ne pourrait pas être perçue comme l’expression de « la parole de Dieu. »



Historiquement, nous savons que nous n’avons pas dans ce texte un message de première main. Ce n’est pas un récit tel qu’aurait pu le transmettre un observateur présent sur les lieux. Il s’agit d’un récit rédigé beaucoup plus tard par un écrivain biblique. A un moment crucial de l’histoire d’Israël : le désastre de l’exil à Babylone, il a cherché à rendre compte d’un des événements fondateurs d’Israël. Il raconte dans ces pages comment Israël est devenu une nation sous la conduite de Samuel. Au moment où les armées de Babylone ont investi la ville de Jérusalem, quand toutes les valeurs d’Israël se sont effondrées, quand le roi exilé a perdu son pouvoir et que le temple démoli n’ a plus rassemblé les fidèles, l’auteur de ce texte s‘est interrogé sur le sens des origines de son peuple. Il a remonté le cours de l’histoire jusqu’à cette époque extrêmement floue où Israël n’existait pas encore en tant que nation, où aucun monarque n’avait encore tenté d’unifier les tributs et où la seule autorité semblait être celle des prêtres qui avaient en garde l’arche de l’Alliance, l’objet le plus sacré héritée de Moïse lui-même. C’est autour de « l’arche de l’alliance » que se constituera l’unité précaire de ces tribus encore éparses. Mais qu’adviendrait-il si l’arche disparaissait ? Or l’arche va disparaître.

Le rédacteur de ce passage cherche dans cet événement la réponse à la question : Y a-t-il encore une cohérence possible pour Israël quand le peuple se trouve brutalement sans roi, sans prêtre, et sans l’arche de l’alliance ? C’est bien ainsi, en effet que se présente la situation au moment de l’exil. Peut-il y avoir encore un élément unificateur ?

Si nous essayons d’interroger ce récit, nous découvrons que la seule réponse possible, c’est que Dieu reste fidèle à sa parole. C’est la fidélité de Dieu à sa parole qui donne cohérence à toute cette histoire. Mais comment reconnaître la Parole de Dieu ? C’est justement cette question qui est posée ici.

C’est à Silo que se produisit l’événement, bien avant que Salomon ait construit un temple à Jérusalem. Silo était ce que l’on appelle un Haut Lieu, c’est à dire un sanctuaire. Et c’est là que l’arche de l’Alliance avait été déposée et confiée au ministère du prêtre Eli et de sa descendance. La pratique du culte, à ce moment là était sans doute assez sommaire et consistait vraisemblablement à faire des sacrifices et à recevoir des oracles pour le service des quels les fils d’Eli se faisaient grassement payer. En fait, nous l’avons compris, le prêtre était tombé en disgrâce, du fait de la mauvaise conduite de ses fils. Peu après le récit de la vision de Samuel dans le sanctuaire, on va nous raconter la mort d’Eli et la capture de l’arche par les Philistins. Etait-ce la fin, alors que rien n’avait encore vraiment commencé ?

C’est dans un tel contexte, sans doute assez obscur pour qui n’est pas initié, que nous allons nous interroger pour savoir comment Dieu parle. Tout va tourner autour d’un enfant, Samuel, qui n’est pas très aidé par ceux qui ont la charge de le former. Eli, à ne pas confondre avec son homonyme Hélie le prophète, qui est sensé lui apprend les rudiments de la religion ne sait même plus reconnaître la voix de Dieu qui doit s’y prendre à trois fois pour se faire entendre. L’enfant, quant à lui, semble ignorer complètement que Dieu peut lui parler.

Personne n’a encore compris le rôle que Dieu voudrait voir jouer à l’enfant. C’est dire qu’il n’est pas facile de décrypter les projets de Dieu, même quand cela paraît évident. En effet, quand enfin Samuel prend conscience que Dieu lui parle, Dieu ne lui fait qu’une description de la situation et lui expose les conséquences qui en découlent, mais il ne lui dit rien de ce qui le concerne. Ce sera à lui, d’en déduire ce que Dieu attend de lui. A partir de ce premier constat, on peut déjà dire, semble-t-il, que nous portons déjà en nous les éléments par lesquels Dieu nous fera connaître sa volonté. C’est ici le cas de Samuel, le contexte de sa vie est suffisamment explicite pour que l’on comprenne le choix de Dieu. Mais il devra découvrir tout seul que ce sera à lui d’assumer le destin d’israël. La voix de Dieu n’a pas d’autres fonctions que de le révéler à lui-même.

Même si Dieu le prépare depuis sa naissance à accomplir les fonctions qui font cruellement défaut à Israël. Il faudra qu’il découvre tout seul qu’il a en lui la capacité de les exercer, même s’il n’est pas prêtre, même s’il n’est pas de la famille d’un chef.




Celui qui rédige ce texte bien après l’événement tirera de tout cela deux conclusions importantes. La première, c’est que la parole de Dieu pour être comprise doit se révéler à partir d’une situation déjà existante, la deuxième c’est que Dieu ne tient aucun cas des traditions dont le maintien risquerait de compromettre l’avenir. En effet, ici, à partir de l’expérience de Samuel, le rédacteur inconnu du récit projette sur la nouvelle situation de l’exil les certitudes qu’il vient d’acquérir, c’est que Dieu ne construit l’avenir ni sur une dynastie royale, sur laquelle certains textes ont affirmé que Dieu s’était lié pour toujours, ni sur un clergé qui serait indispensable à la pratique du culte, ni même sur un Temple où le peuple pourrait retrouver les rites qui marquent la foi. Ce qui était valable avant que ne commence l’histoire, ne le sera-t-il pas encore quand l’histoire s’arrêtera ?




C’est ce que comprennent les rédacteurs au moment de l’exil. Nous devons comprendre à notre tour que Dieu est fidèle à sa parole qu’il prononce toujours pour le bien des hommes, même s’il doit apparemment se renier lui-même. La parole de Dieu se comprend à partir d’une situation précise et elle invite celui qui la reçoit à se situer lui-même comme instrument de Dieu au service d’une réalité présente en dépit de la nostalgie que fait naître en lui le passé.




Pour que la parole de Dieu puisse être entendue, il faut que celui qui la reçoit soit averti de l’actualité du moment, il doit également être au clair sur lui-même, pour savoir dans quelle mesure il est compétent pour se mettre au service des hommes de la part de Dieu dans un moment précis lié à l’actualité. Cela requiert de sa part une totale confiance en Dieu, et une conscience lucide de sa propre situation. Dans cette compréhension des choses, n’y a-t-il pas là comme une parole vraiment révolutionnaire de la part de Dieu ?

jeudi 1 janvier 2009

La tentation Marc 1:7-11 dimanche 11 janvier 2009


Marc 1/7-11


Jean prêchait: il vient après moi, celui qui est plus puissant que moi, et je ne mérite pas de délier, en me baissant, la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisé d'eau, mais lui vous baptisera de l'Esprit Saint.

En ce temps là, Jésus vient de Nazareth en Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Au moment où il sortait de l'eau, il vit les cieux s'ouvrir et l'esprit descendre sur lui comme une colombe.

Et une voix se fit entendre des cieux : Tu es mon Fils bien aimé, objet de mon affection. Aussitôt l'Esprit poussa Jésus dans le désert. Il passa dans le désert, quarante jours, tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient.








Apparemment, le désert est un univers que nous connaissons bien. Pour la plupart d'entre nous, l'existence semble se dérouler dans une sorte de désert, tant notre vie semble aussi uniforme que l'immensité des sables. Nous évoluons, à part quelques exceptions, dans un univers où tout se ressemble.

Pour la plupart d'entre eux, les humains semblent occupés à faire la même chose que leurs semblables. Ils travaillent dans des bureaux qui se ressemblent, ils s'alimentent dans les mêmes chaînes de restaurants et ils lisent les mêmes journaux gratuits en empruntant des autobus ou des métros tous semblables. Les rues des villes sont remplies aux mêmes heures de gens qui font la même chose. Et quand les rues sont vides, ceux qui les remplissaient quelques heures au paravent sont de retour chez eux en train de faire des mêmes choses que les autres.

Chacun à sa manière a l'impression de traverser le même désert en compagnie des mêmes personnes avec qui il établit de pauvres relations de voisinage qui le confortent dans son impression de solitude au milieu de ses semblables. Les soucis des uns sont les mêmes que les soucis des autres et la télévision s'emploie à faire de tous ceux qui la regardent aux mêmes heures des hommes et des femmes dont le seul intérêt est de vibrer aux aléas de la vie des héros des feuilletons qu'ils regardent au même moment.

Voici brossée à gros traits, le désert quotidien de millions d'individus dont nous partageons le destin. Dans ces existences où les soucis des uns ressemblent aux préoccupations des autres, chacun est à l'affût d'une oasis d'espérance qui ne ressemblerait pas à celle des autres. Chacun s'efforce alors de cultiver une enclave de vie privée qui n'aurait pas les mêmes intérêts que celle de son voisin. C'est ainsi que chacun s'intéresse à l'art, à la science , au sport, et formule des projets de vacances qui lui permettent d'échapper à la banalité du désert commun.

Nous serons amenés à considérer, bien évidemment, que la foi et la religion font sans doute partie de ces jardins privés qui nous distinguent de nos voisins. Il devient alors confortable de penser que notre paroisse tient lieu d'asile hors du monde où notre âme peut s'épanouir en toute quiétude.


Cette traversée du désert, décrite ici sans complaisance ne ressemble sans doute pas à celle que Jésus qui est évoquée au début de l’Évangile de Marc quand il fut tenté par le diable! Quoi que beaucoup de points de tentation qu'il est sensé avoir subi ressemblent à celles qui nous guettent. En effet, si notre désert personnel n'est apparemment pas un lieu de tentation, tant il ressemble à celui du voisin, ce sont nos oasis, nos lieux de de refuge qui pourraient appartenir à l'univers de la tentation.

La tentation consiste pour nous à chercher des lieux de refuge à l'écart des autres. Il s'agit de chercher des lieux de confort où seuls les privilégiés de notre choix peuvent nous rejoindre. Notre Église en fait partie! Nous nous trouvons bien dans nos paroisses. Nous nous complaisons à les critiquer parce qu'elles ne sont pas assez ouvertes au monde, mais nous ne souhaitons pas qu'elles changent vraiment. Confortablement installés dans notre vie religieuse, nous déplorons, l'absence des foules, sans vraiment souhaiter que ça change, tant nous nous plaisons à nous retrouver entre nous. Nous sommes heureusement conscients d'appartenir à une élite spirituelle où ceux qui ne font pas la démarche de la foi n'auront aucune chance de nous rejoindre.

Une des tentations de Jésus fut sans doute apparentée à celles que nous venons de décrire. A la différence des autres Évangiles, Marc ne dit pas quelles furent les tentations de Jésus. libres à nous de les imaginer semblables aux nôtres. L’Évangile de Marc fait état cependant de ce même confort spirituel où semble se trouver Jésus. Son baptême et la voix qui se fit entendre l'ont conforté dans la certitude que Dieu l'avait mis à part et le destinait à rassembler un peuple à part. Sa prédication laissent entendre qu'il était venu pour transformer la vie des hommes. Mais était-ce vraiment possible?

Jésus apportait une nouvelle forme de religion basée sur le "culte en esprit" qui appelait une démarche de conversion pour ceux qui le suivaient. Il fallait qu'ils naissent de nouveau! Ne leur disait-il pas que Dieu les attendait dans le secret de leur cœur, encore fallait-il avoir capacité à le faire! Comment des gens du peuple, après quinze heures de travail harassant par jour auraient-ils pu le rejoindre dans cette voie là? C'est à se demander si Jésus ne préconisait-il pas une religion élitiste, dans un univers juif qui se considérait déjà comme un peuple élu mis à part?

La tentation était grande pour les amis de Jésus de constituer un peuple à part au milieu de la masse des juifs et de se distinguer comme une nouvelle secte, supérieure aux autres et en particulier de celle des pharisiens! Cette même tentation ne fut-elle pas celle des chrétiens de la première génération quand ils s'opposèrent aux juifs? Ne lit-on pas cela quelque part dans les écrits de Paul? Plus tard, ne trouvera-t-on pas ce même comportement dans les communautés protestantes en opposition à l’Église Catholique? Aujourd'hui ne considère-t-on pas le courant du Protestantisme auquel nous appartenons comme supérieur aux autres?

Plus nous nous sentons proches de Dieu, plus grande est la tentation de nous croire mis à part pour servir d'exemple aux autres! Mais le danger véritable de cette situation, c'est que ce soit le diable qui nous rejoigne dans notre refuge de pureté. En effet, si Jésus a été tenté de s'enfermer dans le cercle privilégié de ses disciples, il s'est bien vite séparé de cette manière de voir les choses, pour entraîner les siens sur les routes des hommes. Ils ont du le suivre  dans les déserts de Galilée et de Judée là où la souffrance et la misère des hommes les attendaient. C'est alors qu'ils ont croisé toutes sortes de malades, toutes sortes de païens en quête de vérité, toutes sorte d'hommes et de femmes impurs avides d'espérance. Ils ont même croisé des morts sur leur chemin. A tous Jésus savait donner vie et ouvrait des perspectives d'espérance.

A tous ces meurtris du voyage, il savait parler de foi, de conversion, de vie en esprit et de vie intérieure. Tous ces gens que nous considérions comme incapables de comprendre, comprenaient, se convertissaient et changeaient leur vie. Plus tard, ce ne sont pas ces gens là qui ont voulu la mort de Jésus, mais ceux qui auraient du être plus accessibles à ses paroles, ceux qui déjà s'étaient séparés des masses laborieuses pour vivre dans leurs oasis de séparés, les pharisiens et les sadducéens entre autres.

Quand Jésus parlait de pardon à ces petites gens qui le suivaient, il signifiait que le jugement final avait déjà été prononcé et qu'ils étaient graciés. Quand il parlait de partage, il commençait lui-même par partager ses provisions c'est pourquoi on a crié au miracle quand il l'a fait ! C'est pourquoi on a raconté cet événement d'une manière merveilleuse dans les Évangile et que cet événement est devenu le miracle de la multiplication des pains. Quand il parlait d'espérance, Jésus espérait que ses paroles auraient un effet immédiat et que les bourses des plus fortunées allaient se délier en faveur des plus pauvres. Il croyait que la conversion vers une société plus juste allait se produire effaçant les inégalités sociales.

Sa parole avait beau résonner avec les accents de la parole de Dieu, elles n'étaient pas suivies d'effet. Sa parole visait à ouvrir les portes de toutes les oasis et de tous les confortables refuges spirituels, mais il a vite perçu que le miracle ne se produirait vraiment que s'il payait de sa personne en mourant pour ses idées. Ce n'est qu'après sa mort que sa parole est devenue parole de vie et parole de Dieu tout à la fois. La mort même a cessé d'être l'étape ultime de l'existence, car, en livrant sa vie aux mains des hommes, il a reçu ainsi que tous ses amis une vie éternelle que Dieu seule pouvait donner.

Ce ne sont pas les déserts humains de nos sociétés humaines qui sont les lieux de tentation pour ceux qui cherchent Dieu aujourd'hui, ce sont les lieux où la chaleur spirituelle risque de nous maintenir à l'écart des chemins que suivent les foules en manque de Dieu. Le défi qui nous est posé aujourd'hui est de convertir nos églises en lieux d'espérance où il fait bon vivre en compagnie de Dieu et des hommes sans qu'elles soient menacées de disparaître dans l'anonymat du désert humain où nous vivons. J'ai plaisir à constater que c'est dans cette direction que nous poussent nos synodes ainsi que les réflexions de ceux qui nous dirigent.