dimanche 26 février 2017

Genèse 12/1-4 LLa marche des croyants - dimanche 12 mars




Chapitre 12

1 Le SEIGNEUR dit à Abram :
« Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir.2 Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction.
3 Je bénirai ceux qui te béniront, qui te bafouera je le maudirai ; en toi seront bénies toutes les familles de la terre. »
4 Abram partit comme le SEIGNEUR le lui avait dit, et Loth partit avec lui.
Abram avait soixante-quinze ans quand il quitta Harrân. 
5 Il prit sa femme Saraï, son neveu Loth, tous les biens qu’ils avaient acquis et les êtres qu’ils entretenaient à Harrân. Ils partirent pour le pays de Canaan. 



Un jour, à l’origine de l’humanité,  quelques humains décidèrent de partir vers un ailleurs au-delà de leurs forêts natales nichée au cœur de l’Afrique en direction de terres jusqu’alors inconnues. C’est ainsi que les historiens imaginent la progression  de l’espèce humains à travers les continents depuis ses origines africaines L’histoire humaine a commencé selon eux par une marche irréversible entreprise par quelques individus vers  des terres  jusqu’alors ignorées capables de les accueillir.  Le départ était donné.  Cette marche des hommes vers l’inconnu  ne s’arrêtera jamais.

A l’autre bout de l’histoire les derniers descendants de ces premiers voyageurs poursuivent les mêmes rêves vers d’autres terres, toutes aussi inconnues, capables de les accueillir sur d’autres planètes. Rien ne semble devoir  limiter ce mouvement irréversible qui pousse les humains à aller voir plus loin.

Entre le départ des premiers  explorateurs vers des terres autres que les leurs et la mise en œuvre du  désir de leurs derniers  descendants de quitter leur planète, des milliers d’humains habités par ce même projets de départ  ont suivi les étoiles, guidés par leur intuition pour découvrir de nouvelles terres propres à les recevoir. Parmi eux,  Marco Polo et Christophe Colomb furent les plus célèbres, mais  ne furent pas les seuls.

Si ce désir d’aller voir ailleurs est inhérent à l’homme, il serait surprenant qu’il ne trouve pas son origine en Dieu, car l’homme est fait  à son image selon les Ecritures. Curieusement, la Bible s’est attachée à suivre les pas d’un de ces voyageurs fameux : «  Pars,   lui avait dit une voix, coupe les racines qui te rattachent à la maison de ton père ». C’est Dieu lui-même qui donnait le coup d’envoi d’une  aventure prodigieuse qu’il inscrivait dans une longue tradition  de l’humanité. Abraham partit avec sa femme,  ses troupeaux et le rêve de se faire un nom parmi les nations.

 Ainsi semble-t-il, Dieu a mis dans  nos gènes  un dynamisme qui pousse les plus aventureux à aller  voir plus loin, là où personne n’est encore allé. Ils   à rompent avec la tradition  selon laquelle l’avenir  de chacun consisterait à mettre ses pas dans ceux de son père et de refaire  après lui la même chose que lui. L’homme poussé par Dieu est un curieux de nature. Ce ne sont même pas  seulement des terres nouvelles qu’il cherche à s’approprier, mais des idées nouvelles et une autre forme de pensée.  Dans cette longue entreprise qui s’ouvre devant lui, c’est un autre visage de Dieu qu’Abraham découvrira et qui s’affinera à mesure de ses déplacements.

Il  multipliera les étapes, commettra des erreurs, changera la direction de ses pas. Seule la mort l’arrêtera. Son fils Isaac s’appropriera la nouvelle terre enfin acquise. L’entreprise de son père semblait donc avoir  pris fin avec lui. Mais Dieu allait-il fixer  à tout jamais, sur ce morceau de désert où Abraham avait posé son campement, ceux qui allaient devenir « son peuple » ? Le voyage n’était cependant pas fini ! S’arrêterait-il un jour  d’ailleurs? Jacob, le petit fils fut habité de la même frénésie que le grand père et c’est en Egypte qu’il tentera de stabiliser la tribu. Elle dut en partir quelques générations plus tard, en considérant ce nouveau départ comme une bénédiction divine. Les Ecritures  interprètent  tous ces déplacements   comme l’expression de la volonté  divine.

Si aujourd’hui  le tourisme nous met  dans des situations semblables à celle d’Abraham et nous invite à l’aventure, le but n’est  cependant pas le même. Le touriste a généralement  l’intention de revenir à son point de départ. Par contre, Dieu quand il nous pousse à partir ne prévoit pas qu’on puisse revenir. La vie que nous menons sous sa conduite ne prévoit si de marche en arrière, ni de point de retour. C’est une continuelle marche en avant.

 Beaucoup plus tard, cette même fièvre de déplacement s’empara  des apôtres de Jésus qui selon la tradition se mettront à  parcourir les mers en tous sens et tous les continents connus, pour obéir aux ordres du Christ qui en fit des agents itinérants pour proclamer son Evangile.  

Abraham avait mis sa foi en une promesse qu’il avait cru entendre de la bouche même de Dieu. Il s’agissait de lui assurer une descendance qui donnerait du sens à sa vie. Sa femme étant stérile, il devait faire confiance à Dieu pour que son projet d’enfant  aboutisse, à moins  d’adopter son neveu dont il avait la charge ou d’utiliser les services d’une autre femme que la sienne.  Cette double possibilité qu’il expérimenta  ne donna pas satisfaction. Elle mit  cependant sa confiance à l’épreuve, car c’est de Dieu et de Dieu seul que devait venir la solution qui donnerait du sens à sa vie.

La  difficulté  que rencontra  Abraham, et  qui est aussi bien la nôtre, c’est de faire confiance à Dieu quand le doute s’empare de nous et que le projet de vie formulé avec lui cesse d’être nette. La foi n’est pas aveugle,  elle ne s’appuie pas sur une promesse aléatoire, elle doit laisser place à une certitude. Comment alors être certain de la mission que Dieu nous confie  quand  on ne le voit pas et qu’il  ne se fait entendre que par nos  voix intérieure ? Comment  être sûr de notre discernement quand il s’agit d’une question de vie ?

Il nous faut aiguiser notre discernement.  Le discernement consiste à savoir quand c’est Dieu qui nous parle et que ce n’est pas la cupidité qui nous anime. A chaque étape de son voyage Abraham se trouva face à des  choix qui provoquèrent  sa sagacité. Il dut  dominer ses sentiments personnels qui  pouvaient orienter de ses choix et décider, à la place de Dieu quelle chose il fallait faire.  Il fut provoqué par la peur et par  sa cupidité,  ou par  la logique humaine qui érige en défi  ce qui ne l’était pas. Ainsi,   par exemple la question de son âge le tourmenta :  était-il raisonnable  d’entreprendre ce qu’il faisait   à  l’âge qui était le sien ? Il réalisa que pour entendre Dieu il devait  donner priorité à tout ce qui était  porteur de vie.  Il devra  alors lutter contre lui-même pour découvrir que la vie d’Isaac était plus précieuse  que l’obéissance aveugle à une voix qu’il croyait être celle de Dieu et qui  lui ordonnait  de sacrifier son enfant. Il fut alors  tourmenté  par sa propre réflexion jusqu’à ce qu’il comprenne que le sacrifice de l’enfant ne signifiait  pas sa mise à mort. Il s’agissait seulement  de le lui consacrer.

Sur le chemin de l’aventure, c’est sa foi qui devait  le guider dans ses choix, mais son intelligence éclairée par l’esprit de Dieu devait constamment être tenue en éveil pour saisir correctement la volonté de Dieu afin de toujours  faire passer l’intérêt des autres avant le sien. C’est à cette condition que l’écho de  la voix de Dieu  serait vraiment audible.

Ainsi Dieu met-il du mouvement dans notre vie et nous entraîne-il dans une aventure toujours surprenante. Il nous fait confiance pour que nous discernions, grâce à l’esprit qu’il met en nous, les bons tournants que nous devons donner à notre existence. Ils consistent à donner priorité à toutes les vies qui nous sont confiées par  les hasards de  notre histoire. C’est le chemin d’une telle  aventure que Jésus a suivi. Il a su discerner  les priorités qui devaient guider ses choix et il a découvert les  choix de Dieu. Étrangement il est allé vers  la mort quand elle s’est présentée à lui, comme le choix nécessaire pour que les autres puissent vivre.

L’aventure d’Abraham est une expérience  superbe   que Dieu lui a offerte et qu’il a su gérer sagement  en suivant les intuitions de sa foi.  Une telle expérience nous est offerte, à nous aussi  si nous apprenons à découvrir les vraies priorités que la foi en Dieu nous demande de mettre en œuvre.

mardi 14 février 2017

Romains 5:12-19 la loi et le péché dimanche 5 mars 2017





Romains 5,12-19

12 C'est pourquoi, de même que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, de même la mort a atteint tous les hommes parce que tous ont péché.

13 En effet, avant que la loi ne soit donnée, le péché était déjà dans le monde. Or, le péché n'est pas pris en compte quand il n'y a pas de loi.

14 Pourtant la mort a régné depuis Adam jusqu'à Moïse, même sur ceux qui n'avaient pas péché par une transgression semblable à celle d'Adam, qui est l'image de celui qui devait venir.

15 Mais il y a une différence entre le don gratuit et la faute. En effet, si beaucoup sont morts par la faute d'un seul, la grâce de Dieu et le don de la grâce qui vient d'un seul homme, Jésus-Christ, ont bien plus abondamment été déversés sur beaucoup.
16 Et il y a une différence entre ce don et les conséquences du péché d'un seul. En effet, c'est après un seul péché que le jugement a entraîné la condamnation, tandis que le don gratuit entraîne l'acquittement après un grand nombre de fautes.
17 Si par un seul homme, par la faute d'un seul, la mort a régné, ceux qui reçoivent avec abondance la grâce et le don de la justice régneront à bien plus forte raison dans la vie par Jésus-Christ lui seul
.
18 Ainsi donc, de même que par une seule faute la condamnation a atteint tous les hommes, de même par un seul acte d'acquittement la justification qui donne la vie s'étend à tous les hommes.

19 En effet, tout comme par la désobéissance d'un seul homme beaucoup ont été rendus pécheurs, beaucoup seront rendus justes par l'obéissance d'un seul.


Pourquoi, quand je crois faire quelque chose de bien, il arrive que cette action tourne court et revête des conséquences négatives chez autrui, si bien que je ne suis jamais sûr du bien fondé de l’action que j’ai l’intention de faire ! Cela m’oblige à la modestie, mais cela fait aussi planer un sentiment de culpabilité dont j’aimerais bien me passer.  Ainsi par exemple,  en voulant aider une personne handicapée à traverser la rue, je m’aperçois parfois à sa réaction qu’en croyant l’aider, je l’ai en fait humilié en l’empêchant de faire quelque chose qu’elle pouvait parfaitement faire toute seule. Certes, j’ai manqué de tact et de discernement et je me suis  comporté sans suffisamment de ménagement en  faisant preuve d’un manque de discernement évident.   Si l’indifférence est préjudiciable à l’harmonie  des comportements  entre les humains, l’altruisme n’est pas  un comportement  évident qui nécessiterait  seulement un élan du cœur.  Il faut aller plus loin et en faire davantage.

Nous découvrons  assez facilement que ce que nous croyions  relever d’une  bonne action relève  parfois d’un sentiment plus superficiel qui viserait  d’abord à nous valoriser à nos propres yeux sans faire vraiment du bien aux autres. Nous découvrons que ce que nous croyons être bien revêt, tout à coup un aspect négatif. Le mal auquel nous ne pensons pas s’impose tout à coup dans des gestes anodins et nous pourrit la vie. L’apôtre Paul n’a pas cessé de s’interroger à ce sujet. Il se tourne vers Dieu en espérant une explication : pourquoi  fait-on le mal que l’on n’a pas projeté et ne fait-on pas le bien que l’on souhaite faire ?

Bien avant lui la Bible a cherché une explication en campant dans une histoire bien connue un étrange personnage qui vient perturber le cours d’un récit.  L’histoire qui  a  bien commencé   tourne à  la catastrophe. Le récit est trop connu pour qu’on le raconte. Il s’agit du  serpent qui jette le doute  dans l’esprit de l’homme et de la femme qui jusqu’ici  passent leur temps à folâtrer sur les pelouses d’un jardin imaginaire. Le serpent dissimulé dans les branches intervient, il est insaisissable tant sa peau est lice. Il est, sans poils ni plumes, il est sans pattes ne possède aucun membres apparents et  se repaît de la poussière  semblable à celle à la quelle la mort  nous réduira.

Ses caractéristiques  en font un être suspect  dont le comportement semble brouiller les cartes et son apparition à laquelle on ne s’attend pas fausse tout comportement harmonieux sur le chemin  de l’existence des deux humains trop occupés à s’aimer. Du fait de  sa présence  à peine apparente aux côté des humains  et des questions sournoises et insidieuses qu’il pose, leur vie  n’est plus comme elle était.  Pourquoi les choses deviennent-elles ainsi, on ne sait pas ? On constate seulement que les choses ne se passent plus  comme elles auraient du  le faire.  Ainsi, du seul fait de cette présence du serpent, ce petit texte rend bien compte de l’inconfort que ressent l’homme dans le monde où il se trouve.  Par ailleurs, le récit ne nous laisse rien apparaître du comportement de Dieu qui ne fait pas un geste pour se saisir du serpent  et le détourner  de la présence des humains.    Pourtant on aimerait en savoir plus sur Dieu ?

Il ne nous a pas échappé cependant  que  nous éprouvons  des sentiments qui nous entraînent  à nuire aux autres, tels la jalousie, la cupidité, l’orgueil, la vanité, l’égoïsme, la paresse que sais-je encore. Par la prière et le travail sur soi il devrait-être possible de les dominer et d’apprendre à  se comporter de telle sorte qu’ils n’aient plus d’emprise sur  nous. C’est sans doute logiquement possible, bien que très utopique ;  mais comment pourrions-nous dominer le mal que l’on fait sans en être conscients ? Comment éviter de faire le mal que nous n’avons pas l’intention de faire   et que nous ne voulons pas faire ?  Comment ne pas souffrir des mauvaises actions qui alimentent nos remords et que nous avons faites au détriment de notre prochain. Ce n’est pas seulement un sentiment de culpabilité qui nous assaille, c’est aussi un sentiment d’incompréhension qui s’empare de nous. Nous comprenons vite  que c’est notre relation à Dieu qui en pâtit.  Des esprits simples et aussi  peu aguerris aux raisonnements que le mien,  ont du mal à suivre Paul quand il cherche à nous donner  des  explications.

Nous sentons bien que Jésus joue un rôle pour nous aider à gérer  tout cela, mais notre manière de penser d’aujourd’hui ne nous permet pas vraiment d’entrer  dans cette histoire de péché originel rapportée dans cette histoire de serpent. En fait  cette histoire nous rapporte que la motivation  de  nos comportements vis-à-vis des autres est aussi insaisissable que le serpent lui-même. Seul l’approche que nous en donne Jésus nous permet de nous en sortir car il est le seul à rendre accessible l’image de Dieu. Comme dans l’histoire du serpent, nous comprenons que Dieu n’ est pour rien dans  nos difficultés  et qu’il n’a aucune intention de nous faire tomber dans un piège. Son intention  est tout au contraire de nous aider à  nous en sortir car Dieu en Jésus Christ se définit comme étant   « amour » et ce n’est  qu’à partir de cette notion d’amour que nous pourrons peut être comprendre que  Dieu cherche d’abord à nous aider et espère que nous l’aimerons en retour.

Si nous ne comprenons ni pourquoi, ni comment les choses se passent, il nous faut commencer par admettre que Dieu ne nous veut aucun mal,  qu’il ne cherche nullement à nous enfoncer dans nos péchés mais qu’il nous aide à nous en sortir. Il est avant tout une force d’amour qui met tout en œuvre pour nous faire vivre. Le comportement de Jésus en est le meilleur révélateur puisqu’il n’hésite pas à affronter la mort pour rendre compte de l’amour de Dieu. Mais cela ne nous donne  aucune explication  sur le mal  qui s’applique à déjouer tous nos projets.

Nous ne recevons  aucune explication sur la raison qui fait  que nous faisons du mal aux autres. Le fait que la nature soit parfois prise de folie destructrice ne trouve pas non plus d’explications. Comme pour le serpent dans le jardin nous n’avons aucune emprise sur la nature quand elle  s’égare et nous entraîne à la mort. Il ne nous est pas dit non plus que Dieu aurait pu se saisir du serpent pour le jeter loin du jardin. Ainsi Dieu ne s’attaque pas frontalement aux forces hostiles, mais nous assure de sa présence aimante pour nous aider à les dominer.

Quand les effets nocifs et incompréhensibles du monde déferlent sur nous, Jésus nous enseigne que c’est  en affrontant les forces hostiles  et en s’appuyant sur Dieu qu’on peut les dominer et que nous ne devons pas les fuir sans résister. Il affrontera lui-même la mort, la souffrance, l’incompréhension  et la trahison et c’est le regard d’amour que Dieu portera sur lui, qui lui donnera la vie. Ainsi, Dieu n’agit pas par des actions spectaculaires mais l’amour qui émane de lui rend le monde accessible et ouvre à l’espérance.

Bien sûr, il faudrait encore s’attarder sur le péché, ce mal dont les hommes sont responsables et qui contrarie les projets de Dieu. Son amour est portant capable de le dominer  et de le transformer car Dieu le  manifeste  aux hommes sous la forme  du pardon qui est l’aspect le  plus accompli de son amour. Il ouvre alors  l’avenir sans tenir compte des barrages  que provoquent les hommes à son action et   qui continuellement contrarient    ses projets.

jeudi 9 février 2017

Esaîe 49:14-15 Dieu ne peut pas nous oublier - Dimanche 26 Février 2017



Esaïe 49/14-15

14Sion disait : Le SEIGNEUR m'a abandonnée, le Seigneur m'a oubliée !
15Une femme oublie-t-elle son nourrisson ? N'a-t-elle pas compassion du fils qui est sorti de son ventre ? Quand elle l'oublierait, moi je ne t'oublierais pas.

16Je t'ai gravée sur mes mains ; tes murs sont constamment devant moi.
17Tes fils accourent ; ceux qui t'ont rasée et réduite en ruines sortiront de toi.
18Lève les yeux et regarde tout autour : tous se rassemblent, ils viennent vers toi. Par ma vie, — déclaration du SEIGNEUR —tu les revêtiras tous comme une parure. Tu les attacheras à toi, à la manière d'une mariée.
19Oui, tes ruines, tes lieux dévastés, cette terre de décombres, tes habitants y seront désormais à l'étroit ; et ceux qui te dévoraient s'éloigneront.
20Ils te le répéteront, ces fils dont tu avais été privée : L'espace est trop étroit pour moi ; fais-moi de la place, pour que je puisse m'installer.


Dans nos moments d’émotion intense, quand nous essayons de faire le point, sur notre vie, et que  nous voudrions être présentables devant Dieu, nous aimerions qu’il oublie certains épisodes  peu glorieux de notre  existence passée, mieux , nous aimerions qu’il nous aide à les oublier, car le fait même qu’ils se soient produits nous pourrit la vie. Le souvenir et l’oubli, voila un thème qui habite notre existence et que nous aimerions apprendre à réguler.  Ce thème est au cœur même de notre vie secrète,  et nous perturbe d’autant plus  qu’il nous est difficile d’en faire état autour de nous.

On comprend aisément que  des Eglises  se sentent motivées pour aider à régler  ce genre de conflits intérieurs car ils concernent notre relation à Dieu.  Elles visent donc à se faire les agents de Dieu auprès de leurs fidèles. C’est sans doute  là une des raisons pour laquelle la « confession » continue à avoir droit de citer dans certaines communautés et qu’elles offrent la compétence de leurs clercs pour faciliter «l’absolution » que Dieu serait enclin  à accorder. Mais cette pratique, si elle vise à apaiser les âmes, réussit-elle vraiment à leur  apporter l’oubli  des actes dont le souvenir continue  quand même à habiter la conscience de ceux qui les ont commis ?

Dans notre société moderne, moins cléricalisée que par le passé, psychologues et psychiatres ont pris le relève, car même si Dieu n’est pas directement concerné,  il est vrai que nous aimerions oublier  les souvenirs dont nous voudrions refouler les souvenir loin de nous.  Ainsi le passé nous habite continuellement et faute de pouvoir faire marche arrière, nous ne pouvons avancer  librement.

Ceux qui considèrent que Dieu est concerné par ce qui relève de leur vie intérieure cherchent auprès de lui comment être soulagés, car lui seul pourrait par son pardon apaiser leur âme tourmentée, c’est le but de la confession  évoquée tout à l’heure. C’est aussi le résultat que nous espérons de la grâce divine qui  opère ne nous. Avec l’auteur du psaume 113/3 nous disons : « si tu gardais le souvenir de nos fautes, Seigneur qui pourrait subsister ? » Dieu seul semble-t-il peut nous aider à affronter de tels dilemmes en créant en nous la faculté de l’oubli dont il se porte garant par le pardon qu’il nous donne.

 Ce n’est pas pour autant que les actes dont nous sommes redevables seront effacés et qu’ils n’auront plus de conséquences pour nous. Nous savons bien  que ça ne se passe pas vraiment comme cela, mais nous savons cependant  que la grâce de Dieu nous aidera à assumer les conséquences de nos actes, si bien que les fautes que nous lui confions perdent leur aspect dramatique et que Dieu nous assiste pour trouver les solutions qui rendront  les faits plus acceptables et que des issues raisonnables pourront  être mises en place par sa médiation.

Quand Caïn,  après avoir tué son frère Abel prit la fuite, c’est auprès de Dieu qu’il trouva  la capacité de vivre malgré sa faute et  qu’il entra dans le processus de vie qui le fit échapper à la mort à laquelle il était promis, et Dieu lui-même à qui le texte donne la parole, même s’il prononça des paroles sévères n’envisagea à aucun instant de lui donner la mort.

Cependant,  nous vivons dans l’ambivalence  par rapport à Dieu. En effet, si nous souhaitons qu’il oublie nos fautes et qu’il nous aide à les oublier nous-mêmes, nous redoutons en sens inverse qu’il nous oublie nous-mêmes et que notre vie puisse se dérouler en dehors de sa présence et de son souvenir. C’est cette hypothèse que nous formulons quand les événements de notre existence deviennent incompréhensibles et que tout se passe comme si Dieu nous avait oubliés. Notre vie n’aurait alors plus de sens et s’inscrirait dans un processus d’échec. C’est une telle pensée qu’Esaïe écarte, dans le texte que nous avons reçu ce matin. C’est également à démentir une telle possibilité que Jésus a consacré toute sa vie et qu’il a été jusqu’à défier la mort.

Si nous vivions à l’époque d’Esaïe et  que nous cherchions à le comprendre, il nous serait facile d’imaginer que Dieu  ait été tenté d’oublier son peuple tant les reproches qui lui étaient fait étaient graves. Pour ce qui concerne notre époque, il serait  inutile d’énumérer toutes les raisons que  Dieu pourrait avoir d’oublier l’humanité  et de  l’abandonner à  son triste sort alors qu’il lui a révélé  par Jésus Christ  tous les mystères de l’amour par lesquels les hommes pourraient donner  une autre saveur à la vie sur terre. Comment Dieu pourrait-il ne pas se rendre compte de l’injustice  avec laquelle la moitié de l’humanité méprise l’autre moitié ? Comment ne pourrait-il  pas s’apercevoir du sort des veuves et des orphelins réduits à la misère ?  Pourrait-il ignorer ceux, qui réduisent en esclavage les étrangers qui sollicitent leur pitié. Dieu ne devrait-il pas se désolidariser de tout cela et oublier  cette humanité perverse ? Mais, Dieu serait-t-il capable d’oublier les hommes malgré les griefs nombreux qu’il pourrait leur reprocher ?

Cependant il ne faut pas faire  pas faire d’anthropomorphisme ! Dieu n’est pas  fait à l’image d’un homme amélioré, ses vertus ne sont pas de la même nature que celles  des hommes. Dieu est tout autre, il a une capacité  d’agir envers  les hommes qui ne peut se comparer en aucune mesure avec ce qu’ils sont capables de faire.  Il n’intervient pas dans le cours des événements de la  même manière que les hommes le feraient. Mais il laisse dégager de lui une atmosphère d’amour  qui en imprégnant les  individus qui se réclament de lui change leurs comportements  et les entraîne à commettre des actes  qui dépassent l’entendement de toute sagesse humaine. Ce  serait alors de la part des hommes,  faire  faux procès à Dieu s’ils  osaient l’accuser d’oubli car ils mettraient en cause sa capacité d’amour. Or selon l’Evangile de Jean Dieu est amour et c’est la seule définition que l’on peut faire de lui..

Que se rassurent donc ceux qui se croient oubliés de lui. Ils ne le sont pas. Dieu les inscrit dans une relation d’amour avec lui  et celai devrait permettre une évolution harmonieuse du monde. Mais Dieu n’agit pas à la place des hommes, son esprit diffuse sur eux les vertus qu’il leur inspire mais ne les contraint pas à agir conformément  à ses désirs, si bien qu’il arrive que bien souvent ceux qui se sentent rejetés par les hommes se croient aussi rejetés par Dieu alors que c’est le comportement des hommes qui étouffe en eux la voix de Dieu.

Jésus a parcouru la Palestine pendant trois ans pour dénoncer  les agissements erronés des hommes qui voyaient en Dieu celui qui pouvait corriger leurs mauvaises actions en intervenant miraculeusement dans le cours des choses.  Il a poussé  sa logique jusqu’au bout  et l’issue de ce comportement lui fut fatale. Il a lui aussi éprouvé ce sentiment d’abandon et d’impuissance que beaucoup éprouvent parfois Les évangiles nous ont raconté son désarroi quand il s’est senti acculé à la mort, oublié par ses amis et accablé par ses ennemis. Mais arrivé à ce point extrême de sa vie, son agonie nous laisse comprendre que Dieu ne se dérobait pas pour imposer sa vérité. Il a confié à son esprit le soin de travailler au cœur de l’humanité.

Ceux qui ont continué à croire en lui ont alors compris que Dieu ne se désolidarisait pas de ceux  qui affirmaient que malgré les apparences Dieu est toujours capable de changer le cœur des hommes en vue du changement du monde. Après sa mort, les amis de Jésus ont reconnu dans sa  résurrection la vérité de ses dires et se son engagés après lui sur la même voie qu’il avait suivie, dussent-ils en mourir à leur tour.

C’est donc par son esprit que Dieu agit sur nous, nous en voyons les effets dans les actions qu’il nous pousse à initier. La seule réponse que nous ayons de lui,  c’est  que l’esprit de Dieu veille sur le monde et qu’il est assez efficace pour que  les  croyants se maintiennent en alerte et  nous rappelle que jamais Dieu ne nous oublie.