vendredi 17 décembre 2010

Matthieu 3:13-17 Le baptême de Jésus - dimanche 09 janvier 2011




Matthieu 3/13-17 Le Baptême de Jésus

13 Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui. 14 Mais Jean s'y opposait en disant : C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi et c'est toi qui viens à moi ! 15 Jésus lui répondit : Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi toute justice. Alors Jean le laissa faire. 16 Aussitôt baptisé, Jésus sortit de l'eau. Et voici : les cieux s'ouvrirent, il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. 17 Et voici qu'une voix fit entendre des cieux ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection.


Nous avons périodiquement besoin de nous rappeler que nous ne sommes pas seuls sur cette terre. Nous ne sommes pas seulement le résultat de l’évolution des espèces qui en se spécifiant ont donné l’homo sapiens dont nous sommes tous les ultimes produits. L’être humain n’est pas seulement une merveilleuse combinaison de neurones qui feraient de lui la plus merveilleuses des machines à penser qui ait foulé le sol de notre planète. Il y a hors de nous  et en nous, un esprit créateur qui nous enveloppe de sa présence et qui fait de nous des êtres à part. Nous avons la possibilité d’être habités par lui, de l’accueillir en nous et de progresser grâce à lui sur les chemins de la perfection.

Qu’en est-il alors de notre liberté vont s’écrier les humanistes pointilleux ? Si nous avons la possibilité d’être habités par un esprit supérieur à nous-mêmes, nous ne sommes plus libres de nos initiatives et de nos mouvements. Nous ne sommes plus libres de gérer la terre comme nous voudrions le faire. Nos prétentions à développer notre intelligence par nous-mêmes jusqu’à l’infini est-elle vaine ?

Dès que l’on émet l’hypothèse d’un Dieu qui interviendrait dans notre évolution et qui orienterait nos actions, il se trouve toujours quelqu’un pour protester. Il est de bon ton de revendiquer ses droits à une totale liberté et d’accuser les tenants des religions de vouloir dominer les masses et de les empêcher de penser par elles-mêmes.  Il est vrai qu'au cours des siècles elles ont cherché à réguler le cours des choses, sur la face du monde, en fonction de leurs a-priori. 

Qu'il nous soit permis de jeter un œil critique sur la planète pour y vérifier si l’homme  aujourd'hui libéré du fardeau des religions  a su se mettre  en harmonie avec tout ce qui existe.

Même  si la chasse à la baleine risque d'être interdite sur toute la surface du globe, on assiste cependant depuis toujours, et ce n’est pas fini, à une tentative des hommes dominer le monde  pour le soumettre à leur seul  profit. Pire on assiste aussi à une  chasse à l’homme par l’homme. Les humains les plus nantis, tirent avantage de leur situation, ce qui a pour effet, d’asservir les autres en dépit des propos altruistes que profèrent les premiers. Ce n’est pas parce qu’un élan de générosité remarquable se produit parfois grâce à l’insistance appuyée des chaînes de télévision que l’humanité entière s’est convertie à l’altruisme. Il faudrait analyser en profondeur cet élan qui, s’il témoigne de nos capacités à réagir face à la détresse des autres n’a encore, pour le moment rien changé à nos instincts dominateurs.

Ce  constat est trop succinct pour conclure que l’instinct naturel de chacun est de dominer son voisin. Mais je donnerai quand même quelque crédit à notre bonne vieille Bible qui rapporte dès sa deuxième page le récit du rapport de force entre deux frères au cours duquel le plus fort supplante le plus faible. Ce qui tendrait à dire, dès les première plages du saint Livre que l’homme naturel semble ne pas être un modèle d’altruisme. Le contraire n' pas encore été démontré.

Profitant de ce constat, les mouvements spirituels, érigés en religion ont tendance à dominer leurs adeptes et à prétendre orienter leurs modes de penser vers un peu plus de générosité.  pour ce faire, ils  seraient  enclins à vouloir les priver de liberté. Toutes les religions sont tombées dans ce travers et continuent à le faire. Elles donnent prise à la critique de leurs adversaires, comme nous l'évoquions plus haut, mais nous verrons que c’est quand même eux qui sont dans l’erreur. Pourtant, si ce constat met en cause les religions, il ne met pas en cause l’aspiration à la spiritualité qui sommeille en chaque homme. La plupart des hommes aspirent  à recevoir la visite d’un souffle venu d’en haut qui les  pousserait  hors d’eux-mêmes pour les aider à se mettre en harmonie avec tout ce qui les entoure. Ce sentiment est partagé par beaucoup d’individus sur terre, qui, s'ils   cherchent à se libérer des religions,  ne cherchent pas à s'écarter de la spiritualité.

Forts de ces réflexions, somme toute bien banales, nous nous laissons saisir par le récit du baptême de Jésus tel que l’Évangéliste Matthieu nous le transmet. Il nous est dit que l’Esprit descendit sur Jésus et qu’une voix se fit entendre. Si c’est l’esprit qui descend, cela veut dire que ce n’est pas l’homme qui est à l’origine de ce mouvement. Les hommes ont tendance à croire qu’ils peuvent atteindre Dieu par leurs propres forces et qu’ils ont le pouvoir de pénétrer par leurs efforts personnels le mystère divin. Il n’en est rien.

Il nous est dit le contraire, l’homme reçoit la visite du divin qui vient habiter en lui et c’est le son de la voix de Dieu qui lui révèle la présence de l’esprit en lui. Cette voix ne se formule pas forcément de manière audible, mais elle se perçoit cependant à l’intérieur de la conscience de celui qui la reçoit. La présence de l’Esprit ne se cherche pas elle se constate. Ici, dans le récit de l’Evangile, la voix venue d’ailleurs révèle ce qui se passe. Il en va de même dans nos expériences personnelles. L’esprit descend en nous et nous bouscule. Personne n’est sensé échapper à cette visite de l’esprit, mais tout le monde ne la constate pas et ceux qui ne le font pas pensent qu’ils ont été oubliés.

Ici l’Evangile nous explique que c’est la voix qui se fait entendre qui donne l’explication : « celui-ci est mon fils bien aimé ». Nous devons être attentifs à cela car dans l’Écriture c’est la parole de Dieu qui crée. Dieu crée en mettant de l’harmonie dans le chaos et c’est par sa voix qu’il le fait. Donc c’est en constatant qu’il se crée en nous un désir d’harmonie que nous savons que l’Esprit de Dieu nous a visités.

Allons nous résister et passer à côté ? Nous allons sans doute nous laisser séduire par ce sentiment, et si nous persévérons dans ce sens nous finirons par découvrir la réalité de celui qui nous le fait éprouver. Il est Dieu. C’est alors que sa Parole prend du sens et que l’Écriture résonne en nous comme l’expression de sa volonté. La Bible dans laquelle il se révèle devient alors parole de Dieu pour nous. Elle nous guide pour que nous entrions dans ce mouvement créateur de Dieu dont l’amour est  le moteur. Le résultat de son action se découvre dans l’harmonie qui s’installe dans nos pensées et nos comportements.


Quand nous sommes, visités par l’Esprit de Dieu, il subsiste encore en nous des zones de résistance qui nous poussent à douter. Il y a des éléments qui font obstacle à l’instinct d’amour qui cherche à s'emparer de nous. C’est pourquoi l’Esprit ne cesse de souffler sur nous. Il nous pousse à nous dépasser et à combattre contre ce qui nous retient. Il nous aide à devenir libres, puisque la liberté consiste à aider les choses à se faire pour, le mieux être du pus grand nombre.

Les projets que nous entreprendrons désormais seront forcément porteurs de l’empreinte de l’Esprit de Dieu qui nous anime désormais. Sans nous en rendre compte, ainsi guidés par lui , nous continuerons son œuvre de création en mettant un peu d’amour, là où il n’y en a pas. C’est ainsi qu’imperceptiblement le monde entre dans le programme créateur de Dieu qui ne peut se mettre en place que par des hommes et des femmes habités par son Esprit. Ce récit du baptême de Jésus nous invite donc à faire le point sur nous-mêmes, pour que nous découvrions notre vocation à nous mettre à l’œuvre dans ce monde, sous la conduite de Dieu, afin qu’il devienne conforme au projet qu'il a formulé pour lui.

Peinture de Joachim Patenier

samedi 11 décembre 2010

Le quatrième mage. Conte de Noël Dimanche 2 janvier 2011







Pour le dimanche 2 janvier la liste des lectures prévoit un sermon sur Matthieu 2:1-12, mais je vous ai déjà proposé un sermon sur ce texte pour le jour de Noël, 25 décembre. Je vous y renvoie. Il y a aussi sur notre liste une proposition de Matthieu 5:1-12. je vous ai déjà proposé un sermon sur ce thème l'an dernier pour le dimanche 1 novembre 2009. Je vous y renvoie également. Je vous proposerai donc pour ce jour un conte de Noël sur le thème de Matthieu 2:1-12 le quatrième mage. On peut s'amuser à chercher ce qu'il y a de totalement inventé et ce qui malgré tout repose sur des détails conformes à l'histoire. A vous de les trouver. J'ai fait l'exercice avec les catéchumènes qui me sont confiés cette année, les réponses ne sont pas si faciles à trouver.

Le quatrième mage.

Il y a un personnage que l’on connaît mal ou même que l’on ne connaît pas, c’est le quatrième mage. Tout le monde connaît Gaspar, Melchior et Balthasar, mais Thomas qui le connaît ? Pourtant son histoire n’est pas sans intérêt.

Lui ne vient pas de loin, il n’a pas beaucoup voyagé, il n’a même pas voyagé du tout. Il est né à Jérusalem. Il est cordonnier de son métier. Il est très habile dans son art. Il a fait des chaussures pour le roi Hérode, c’est lui aussi qui a confectionné les babouches du grand Prêtre. Mais chut ! il est aussi prince ! Il ne faut pas le dire car le roi Hérode, n’aimerait pas ça. Le grand père de son grand père l’était déjà avant lui. Ils descendaient tous de la famille du grand Roi David. Comme lui, sa famille venait de Bethlehem, un petit village pas très loin. Mais si le tyran en place le savait, on ne donnerait pas cher de sa vie, il se ferait bien vite raccourcir, autant être discret.

Il ne descend pas en ligne direct bien sûr, son ancêtre était le fils qui naquit à David de cette concubine qu’il aimait tant et qui venait de Moab. L’histoire a oublié son nom. Rachel peut être ou Rébecca ou Roxane. Autrement dit sa lignée n’était pas très pure, et son origine royale un peu floue. Quoi qu’il en soit son ancêtre, le fils de David, était beau, magnifique même, les yeux de, braises, les cheveux longs et ondulés, châtains avec des mèches rousses, la stature élevée. C’est à ne pas le croire, Thomas était la copie conforme de son ancêtre, qui lui-même ressemblait étrangement à son père David.

Oublions le passé. Pour l’instant il était simplement un cordonnier ! Ah David si tu voyais ton petit fils ! Mais il faut bien vivre et Thomas ne se plaignait pas de son métier d’artisan, au contraire cela lui permettait d’approfondir les Ecritures. Et ça, c’était sa passion. C’est pour cela qu’il ne fut pas étonné quand les événements que nous allons raconter se produisirent. Il avait lu dans les textes sacrés que cela devait arriver.

Il avait lu dans les récits des prophètes, cette prophétie étrange du prophète Michée : Michée 5/1

1Et toi, Bethléhem Éphrata

Toi qui es petite parmi les milliers de Juda,

De toi sortira pour moi

Celui qui dominera sur Israël

Et dont l'origine remonte au lointain passé,

Aux jours d'éternité.

Mais à part le grand Roi, qui pouvait venir de ce petit village ?

Il avait lu aussi dans les récits du prophète Esaïe :

: « Écoutez-moi, vous les descendants de David. On dirait que cela ne vous suffit pas d'épuiser la patience des hommes, et qu'il vous faut aussi épuiser la patience de mon Dieu. 14Eh bien ! le Seigneur vous donne lui-même un signe : la jeune femme va être enceinte et mettre au monde un fils. Elle le nommera Emmanuel, “Dieu avec nous” . 15L'enfant sera nourri de crème et de miel, jusqu'à ce qu'il soit capable de refuser ce qui est mauvais et de choisir ce qui est bon. Esaïe 7 :14

Bien sûr tout le monde savait qu’Esaïe avait annoncé la naissance du Roi Ezéchias, celui qui sauva Jérusalem du siège de Sennachérib mais n’était-ce pas bizarre que tous ces textes surgissent en même temps des écritures et s’inscrivent dans sa mémoire ?

Et puis une nuit : c’était une nuit noire d’encre, les étoiles brillaient avec intensité sans pourtant vraiment éclairer la campagne. La froidure du moment rendait l’air propice au scintillement des étoiles. Etrangement une étoile restait fixe dans le ciel. C’était Vénus, l’étoile du berger, une planète que l’on voit à l’horizon au début de la nuit. Les Astrologues du temple avaient dit que des planètes étaient en conjonction, c’est à dire qu’elles étaient apparues ensemble dans le ciel. Un tel phénomène était assez rare, il annonçait habituellement un événement majeur dans l’histoire des hommes. L’astre ne scintillait pas vraiment, car les planètes ne scintillent pas mais cela donnait un éclat étrange.

C’est alors qu’une caravane arriva. Il faisait déjà nuit et tout le monde avait fermé portes et volets. Des personnages somptueusement vêtus descendirent de leurs chameaux et demandèrent avec amabilité mais aussi avec beaucoup d’insistance qu’on les reçoive au palais. S’ils s’imaginaient que ce vieux renard d’Hérode allait se déranger pour eux ils se trompaient. Et bien non. Après les tractations d’usage il les fit entrer. Nul ne sait ce qui se passa à l’intérieur. Pourtant la gazette du lendemain prétendit que ces illustres personnages cherchaient un enfant, et qui plus est un enfant royal. On a dit aussi que c’était une délégation de princes venus faire leurs dévotions à Jérusalem. Mais pourquoi étaient-ils allés à Bethlehem où il n’y avait aucun sanctuaire ? Pourquoi aussi s’étaient-ils encombré de la compagnie du cordonnier qu’on ne revit jamais plus ? Autant de questions pour lesquelles nous n’avons pas de réponse.

Dans la matinée, après de nombreux salamalecs et dans une grande agitation, ils remontèrent sur leurs chameaux. Mais étrangement le plus jeune, celui qui avait la peau claire suspendit son geste et n’enfourcha pas l’animal. « Il en manque un » avait-il dit aux deux autres. Ils se concertèrent.

En effet n’est-il pas vrai que ces rois venaient des 4 coins du monde ? L’un était noir et venait du Sud, un autre avait les yeux plissés et venait de l’Est. Celui à la peau claire qui venait de parler était originaire du Nord.

« Et celui qui vient de l’Ouest, où est-il ? Avait-il demandé.

« Mais à l’ouest, il n’y a rien ! » lui fut-il répondu.

« Quoi qu’il en soit, il en manque un et je sais qu’il est forcément là, sans quoi notre voyage n’aurait aucun sens et les prophéties auraient menti. » Répliqua-t-il.

Il fallait selon lui 4 témoins, portés par les 4 vents pour garantir la naissance du roi qui devait régner sur le monde entier. Il n’en démordait pas.

Vous savez bien que l’histoire lui donnera raison. Il a fallu 4 témoins, les 4 Evangélistes pour témoigner de la venue du Messie ! Pourtant, les 4 évangélistes n’étaient ni rois ni princes et ils viendront beaucoup trop tard. Il fallait donc 4 princes. Nous en avions trois. Qui donc était le quatrième ? Ce ne pouvait pas être Hérode, bien sûr. Alors qui était-il ? Vous avez deviné, je suppose !

A n’en pas douter votre intuition était la bonne, le quatrième venu de l’Ouest était bien celui qui était déjà là, natif de Jérusalem, mais encore fallait-il le trouver, le reconnaître et le décider à les suivre.

Pas difficile ! On s’adressa à l’échoppe du cordonnier qui était déjà ouverte. Le bel artisan fut interpellé durement :

-« Et toi, l’homme, sais-tu s’il y a un descendant du grand roi dans dans cette ville ? »

Sans se troubler il dit

« C’est sans doute moi, que vous cherchez car ma famille descend du grand Roi » ?

Comment avait-il pu se trahir ainsi ? En disant la vérité il se mettait en danger ? Sa haute taille, sa prestance naturelle, ses cheveux à reflets roux comme ceux de David attestaient sans nulle doute de ses origines. On ne chercha pas d’autres preuves. Sans discuter, il fut contraint de les suivre, car ce n’est pas par hasard si on avait frappé à sa porte. Le destin l’avait désigné et il se mit en route avec eux. Pour échapper à la colère du roi, quand tout sera fini, il s’en ira avec ses compagnons et ne reviendra jamais à Jérusalem. C’est sans doute pour cela qu’on l’a oublié.

Comme par hasard, un chameau était encore disponible et de 3 qu’ils étaient, ils devinrent 4. On se souvint alors que le prophète Ezéchiel avait fait une prophétie bien étrange concernant 4 personnages mystérieux :

4Voici ce que je vis : une rafale de vent arrivait du nord,. On y distinguait les formes de quatre êtres vivants qui présentaient une apparence humaine. Chacun d'eux avait quatre visages et quatre ailes. Sous chacune de leurs quatre ailes, il y avait une main d'homme. Ces mains étaient tournées dans les quatre directions comme leurs visages et leurs ailes.. Ils avançaient chacun droit devant soi. Ils allaient là où ils voulaient sans avoir à tourner leur corps. 13Entre les êtres vivants on apercevait comme des braises enflammées, on voyait bouger des sortes de torches. Le feu était éblouissant et des éclairs en jaillissaient.

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Les savants décidèrent après coup qu’il s’agissait des 4 Evangiles, mais nous le voyons bien, il s’agissait plutôt des 4 rois mages dont le plus beau, le plus grand, était né ici à Jérusalem dans la ville du grand Roi. Pouvait-il en être autrement ?

Portés par l’enthousiasme des bergers qui avait été réveillés par un concert céleste les 4 rois prirent le chemin que vous savez, ce n’était pas très loin, c’était à une journée de marche et sans le chercher, ils trouvèrent l’enfant dans les bras de sa mère, bien au chaud au fond du caravansérail ! Mais ce n’était pas un bœuf ni un âne qui soufflaient sur lui pour le réchauffer, c’est tout un troupeau . C’est ainsi que Thomas comprit que s’accomplissait la prophétie d’Esaïe :

1Lève-toi, brille, car ta lumière paraît,

Et la gloire de l'Éternel se lève sur toi.

2Car voici que les ténèbres couvrent la terre

Et l'obscurité les peuples ;

Mais sur toi l'Éternel se lève,

Sur toi sa gloire apparaît.

3 Des nations marcheront à ta lumière

Et des rois à la clarté de ton aurore.

Porte tes yeux alentour et regarde

Tous ils se rassemblent,

Ils viennent vers toi

Ils porteront de l'or et de l'encens

Et les troupeaux de Qédar se réuniront tous chez toi .





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mercredi 8 décembre 2010

Matthieu 2: 13-23 Le massacre des innocents dimanche 26 décembre 2010


Matthieu 2 :13-23
Après le départ des mages, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Égypte et restes-y jusqu'à ce que je te parle ; car Hérode va rechercher le petit enfant pour le faire périr. 14 Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Égypte. 15 Il y resta jusqu'à la mort d'Hérode, afin que s'accomplisse ce que le Seigneur avait déclaré par le prophète : J'ai appelé mon fils hors d'Égypte.
16 Quand Hérode se vit joué par les mages, sa fureur fut extrême, il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléhem et dans son territoire, d'après l'époque qu'il s'était fait préciser par les mages. 1

17 Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé par le prophète Jérémie :
18 Une voix s'est fait entendre à Rama, Des pleurs et beaucoup de lamentations : C'est Rachel qui pleure ses enfants ; Elle n'a pas voulu être consolée, Parce qu'ils ne sont plus.
19 Après la mort d'Hérode, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Égypte, 20 et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et retourne dans le pays d'Israël, car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts. 21 Joseph se leva, prit le petit enfant et sa mère et rentra dans le pays d'Israël. 22 Mais quand il apprit qu'Archélaüs régnait sur la Judée à la place d'Hérode, son père, il craignit de s'y rendre, et, divinement averti en songe, il se retira dans le territoire de la Galilée, 23 et vint demeurer dans une ville appelée Nazareth, afin que s'accomplisse ce qui avait été annoncé par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
Serait-il possible que Dieu sauve son fils des griffes du tyran Hérode, même au prix de l’exil et laisse les sbires du despote massacrer des enfants innocents ? On ne peut pas lire ce texte sans ce poser cette question. Même si la réponse qui nous vient tout de suite à l’esprit est que tout cela est bien conforme aux Ecritures, elle ne nous satisfait pas. Pour celui qui a une pratique régulière des Textes Bibliques, une explication plus élaborée lui vient vite à l’esprit. Il semble évident que ces événements ont  été rapportés de la sorte  pour établir un un lien avec les événements qui ont forgé l’histoire d’Israël par le passé.

En effet, c’est par un massacre d’enfants innocents que commence l’histoire de Moïse qui est le Père fondateur du peuple d’Israël. Par ordre du pharaon régnant à cette époque, tous les jeunes enfants mâles devaient être jetés dans les eaux du Nil pour réduire la population des Hébreux qui devenaient trop nombreux. Moïse fut sauvé grâce à deux femmes, sa mère qui l’enferma dans un panier qu’elle confia aux eaux du fleuve et la fille du pharaon qui recueillit l’enfant et l’éleva comme son fils.

Dans cet évangile, il nous est dit que Jésus enfant fut sauvé par Joseph qui l’emmena en exil en Égypte, comme si le récit voulait nous suggérer qu’avec Jésus le peuple d’Israël allait revivre une nouvelle histoire de libération. Si cette explication donne un nouvel éclairage à ce récit en lien avec la tradition, elle ne justifie pas pour autant le massacre des enfants innocents, même si l’histoire d’un massacre d’enfants fait partie des récits fondateurs du peuple d’Israël.

On pourrait se sortir d’affaire en imaginant que cette histoire du massacre est un ajout que l’on aurait fait pour faire coller le texte, après coup, avec la tradition. Mais à la réflexion l’argument ne tient pas. En effet, quand d’habitude on rajoute des éléments au texte primitif, c’est plutôt  pour donner des détails qui donnent dans le merveilleux, mais pas dans le sordide.

On  a aussi dit que l’événement n’a pas eu vraiment lieu parce que les historiens, en dehors de l’auteur de l’Evangile de Matthieu ne le rapportent pas. Cela ne veut pas dire pour autant que le récit n’est pas historique, et le problème qu'il pose demeure. Hérode était un personnage assez cruel pour avoir ordonné un tel massacre, qui, compte tenu du petit nombre d’enfants victimes, aurait pu passer inaperçu au milieu des autres forfaitures commises par ce roi. Les historiens n'en auraient pas gardé mémoire. Mais pourquoi rapporter, voire même inventer, un récit où Dieu aurait exercé une discrimination en faveur de son fils ?

Il  n’y a donc pas d’arguments qui permettent d’élucider vraiment l’événement ou même de le nier. Si ce récit du massacre des petits enfants nous a été rapporté, c’est qu’il était bien dans l’intention de Matthieu de nous provoquer notre réflexion. Il situe l’événement de la naissance de Jésus dans un monde de violence qui était celui dans lequel Jésus est venu au monde en dépit de tout le merveilleux que constitue la visite des mages.

Ce  monde violent et injuste est également conforme au nôtre. Les exactions existent toujours et les gens innocents ne sont pas épargnés par la rudesse du moment. C’est donc dans un monde où la veuve et l’orphelin ne sont pas protégés et où les faibles sont victimes des plus forts que Matthieu entreprend de nous brosser l’histoire du salut. Il laisse Jésus partir comme tant d'autres vers une terre qu'ils croient plus hospitalière. Ce n’est pas l’acte cruel du roi qui ordonne que des enfants soient passés au fil de l’épée qui nous interpelle, mais c’est le fait que Jésus soit épargné grâce à la vigilance de Dieu, alors que cette vigilance ne s’est pas exercée pour sauver les autres enfants.

En fait, si Jésus n’avait pas échappé, l’histoire de la rédemption n’aurait pas eu lieu. Si Jésus était mort dans la tourmente d’un pogrome, nous ne serions pas réunis dans ce lieu pour célébrer sa naissance ! Il n’empêche que la question posée dès le début de ce texte reste pertinente. Pourquoi Dieu n’a-t-il pas épargné les autres enfants ? Pourquoi n’a-t-il envoyé son ange que vers Joseph et non pas vers tous les pères des enfants concernés ? Ce même « pourquoi » se pose toutes les fois que dans une catastrophe, certains ont la vie sauve et d’autres la perdent. Dieu a-t-il des critères qui lui soient propres pour intervenir en faveur des uns et pas des autres ?

C’est sur ce point, qui ne peut pas être ici un point de détail, que nous nous arrêterons. Il a une importance déterminante et la réponse que nous lui apporterons éclairera sans doute notre foi. Ce récit prendra une valeur libératrice si nous savons le recevoir d’une manière constructive. Nous commencerons par nous souvenir que Joseph a bénéficié par trois fois de la visite de l’ange. Chaque fois cette visite se produisit de la même façon.

Chaque fois Joseph s’est assoupi alors qu’il était tourmenté par la situation à laquelle il devait faire face, c’est alors qu’un ange, lui révèle ce qu’il doit faire. Lors de la première visite, Joseph venait d’apprendre que sa fiancée était enceinte et il se demandait comment il pouvait se séparer d’elle. Dans le deuxième cas, c’est celui qui nous pose problème ici, les mages venaient de repartir et Joseph s’interrogeait sans doute sur la tournure qu’allaient prendre les événements. Lors de la troisième visite, le roi Hérode venait de mourir et Joseph se demandait s’il ne devait pas revenir en Palestine.

Dans  l’Evangile de Luc l’ange qui visite Zacharie et Marie porte un nom, Gabriel. Il délivre un message à l’un comme à l’autre et entre en discussion avec eux. Il apparaît vraiment comme un personnage céleste et leur apporte un message de Dieu. Chez Matthieu, ce n’est pas le cas. L’ange n’a pas la même présence. Il intervient seulement pour guider Joseph  dans le choix de la bonne solution qu'il doit apporter à son problème. Il n’apporte pas un message de Dieu à proprement parler, mais il fait sienne la préoccupation de Joseph.

Tout se passe comme si Joseph, absorbé par son souci et son inquiétude était descendu en lui-même, dans une profonde méditation pour gérer sa réflexion face à lui-même et méditer sur la situation. C’est dans son fort intérieur, dans une méditation intense que Dieu se rend présent à lui sous la forme de l’ange. C’est alors que la réflexion de Joseph s’éclaire et qu’il prend la décision conforme à la sagesse divine.

Matthieu ne dit pas vraiment que Dieu se fait le partenaire de Joseph dans le combat intérieur qu’il mène avec lui-même, mais c’est cela quand même qui se passe. Dieu permet alors à Joseph de prendre la bonne décision. Joseph n’est pas resté passif attendant que Dieu fasse un miracle pour lui. L’intervention de Dieu a seulement servi à orienter sa décision pour qu’elle soit la bonne. Joseph était tellement absorbé par sa réflexion intérieure qu’il paraissait endormi tant il était concentré sur lui-même.

C’est ainsi qu’après la première visite de l’ange Joseph décide sagement de ne pas se séparer de Marie. Lors de la deuxième visite, il est troublé par les conséquences de la visite des mages qui ne sont pas passés inaperçus au palais. Joseph redoute la colère d’Hérode. Persuadé qu’il y aura des représailles, il préfère partir en toute hâte en emmenant les siens.
Peut-on dire alors que c’est Dieu qui a sauvé Jésus et qu’il a laissé les autres enfants périr? Certainement pas. Si Dieu a joué un rôle dans l’histoire, c’est parce qu’il a aidé Joseph en prière à voir clair dans sa situation. Dieu n’a pas fait un miracle, il a aidé à la réflexion de Joseph.
Il  intervient de la même façon dans la vie de chaque croyant quand il prie Dieu pour qu’il l’aide à s’y repérer dans une situation confuse. Quand on fait ainsi confiance à Dieu on peut espérer qu’il mettra en nous assez de sagesse pour que la solution choisie permette à la situation d’évoluer ! Ainsi quand Joseph se questionne pour savoir ce qu’il doit faire après la mort du roi, Dieu l’aide à nouveau, par la troisième intervention de l’ange, à faire le point sur la situation politique et à prendre une décision de sagesse qui lui fait choisir la Galilée au lieu de la Judée comme terre de retour, car le roi y apparaît comme plus clément qu’en Judée. Le rôle de l'ange consiste ici à accompagner l'inquiétude de Joseph. Il  agit comme le saint Esprit le fait dans toutes nos prières quand nous demandons à Dieu de nous éclairer avant de prendre une décision.

On nous a décrit dans cette affaire comment la prière pouvait s’ouvrir sur un miracle, fait de main d’homme, quand celui qui prie met toute sa confiance en Dieu. C’est ainsi que Dieu éclaire les événements de sa présence et oriente les choix des hommes vers les bonnes solutions. Joseph nous est présenté ici, comme le type du croyant qui laisse Dieu guider sa réflexion afin qu’il fasse les bons choix. Dieu n’intervient pas dans le monde par des miracles spectaculaires, mais par l’action des humains qui savent trouver la sagesse de Dieu en se plaçant devant lui dans la prière. 

Cette explication apporte un éclairage sur la question que nous nous posions au début. Elle  n'éclaire cependant pas toutes les zones obscures du récit.

vendredi 3 décembre 2010

Matthieu 2:1-12 - La visite des mages - Noël- 25 décembre 2010



La visite des mages

1 Après la naissance de Jésus, à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem 2 et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus nous prosterner devant lui. 3 A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. 4 Il rassembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple pour leur demander où devait naître le Christ. 5 Ils lui dirent : A Bethléem de Judée, car voici ce qui a été écrit par l'entremise du prophète :
 
6 Et toi, Bethléem, terre de Juda,
tu n'es certainement pas la moins importante
dans l'assemblée des gouverneurs de Juda ;
car de toi sortira un dirigeant
qui fera paître Israël, mon peuple.

7 Alors Hérode fit appeler en secret les mages et se fit préciser par eux l'époque de l'apparition de l'étoile. 8 Puis il les envoya à Bethléem en disant : Allez prendre des informations précises sur l'enfant ; quand vous l'aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que moi aussi je vienne me prosterner devant lui. 

9 Après avoir entendu le roi, ils partirent. Or l'étoile qu'ils avaient vue en Orient les précédait ; arrivée au-dessus du lieu où était l'enfant, elle s'arrêta. 10 A la vue de l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. 11 Ils entrèrent dans la maison, virent l'enfant avec Marie, sa mère, et tombèrent à ses pieds pour se prosterner devant lui ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors et lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe. 12 Puis, divinement avertis en rêve de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Notre imagination nous entraîne à la rencontre de ces voyageurs d’Orient dont l’histoire a défrayé la chronique. A travers les embûches incompréhensibles que le hasard mettait sous leurs pas, les mages, les yeux dans les étoiles suivaient le chemin que le Tout Puissant traçait pour eux. Mais comment pouvaient-ils être sûrs de leur Dieu alors que la mort rodait autour d’eux, tel un chacal du désert ? Leur monde ne ressemblait pas à un conte oriental, même si le récit qui rapporte leur histoire y ressemble. Il y avait devant eux un enfant livré aux caprices d’un tyran comme il y a encore aujourd’hui devant nos yeux un monde livré aux caprices d'autres tyrans pour qui la vie des enfants ne pèse pas très lourd  Comment croire qu’un Dieu bienveillant guidait leurs pas, alors que tant d’enfants allaient être sacrifiés à la vindicte sanguinaire d’un despote ? Comment croire qu’un Dieu bienveillant habite notre monde alors que notre monde, dans ses derniers soubresauts provoqués par les hommes ou par la nature elle-même continue à porter la mort en son sein ? Telles sont les questions qui hantent tous les chercheurs de Dieu.

Aujourd’hui nous allons mettre nos pas dans ceux de ces illustres personnages. Nous rejoignons avec eux la liste nombreuse de ceux qui sont à la recherche de Dieu. Chacun ira à la vitesse de sa propre monture. Les uns, montés sur des coursiers rapides alimentés par les prouesses des ordinateurs de la technique moderne iront plus vite que les autres qui préfèreront le pas lent de leurs chameaux animés par les légendes d’antan. Tous ont rendez-vous au même endroit, celui où l’on rencontre Dieu.

Ces personnages mystérieux venus d’Orient suivirent le même chemin que celui suivi jadis par Abraham avant eux et que tout chercheur de vérité doit suivre. Il consiste à chercher Dieu ailleurs que dans son  univers personnel. On le cherche, dans le ciel, dans les étoiles, dans l’au-delà, dans les livres. Au cours de ce parcours initiatique, à travers les déserts du monde ou tout simplement les méandres de la littérature, le marcheur arrive forcément dans les hauts lieux de la spiritualité. Infailliblement ses pas le portent dans les lieux saints que d’autres ont foulé avant lui. C’est là également que les mages portent leurs pas. C’est dans cette direction que nous tournons nos regards. Mais Dieu ne se trouve pas forcément dans les lieux saints et les mages en ont fait la triste expérience. Ils ne l’ont pas trouvé dans la ville sainte de Jérusalem

Combien parmi nous n’ont-ils pas butté sur les même pierres d’achoppement ? Ils sont allés chercher Dieu sur les sites où la tradition a conservé les traces de son passage et ils n’y ont rien trouvé. La trace indique le passage, elle nous laisse entendre que nous sommes dans la bonne direction, mais si celui que l'on cherche a laissé une trace, c'est qu'il est allé ailleurs, et qu'il est déjà plus loin. La réalité qu'ils cherchent est donc plus loin. Les hauts lieux de la tradition ne leur apportent que l’écho des grandeurs du passé, mais ne disent rien à leur cœur de la présence de Dieu. Au pied des cathédrales dressées par l’histoire, la tradition reste bien souvent vide d’espérance. Combien de chercheurs de Dieu, déçus par le voyage n’ont pas cherché plus loin et n’ont pas porté leurs regards ailleurs. A ce point de leurs recherches ils pas n’ont pas compris que Dieu ne se laisse pas trouver dans l’expérience des autres, ni même dans l’évocation de la tradition, fut-elle hautement respectable. Il ne se laisse trouver que dans un face à face avec soi-même.

Qui es-tu, toi qui cherches Dieu ? Quel est le sens de ton histoire ? A quoi sers-tu sur cette terre ? Si tu trouves des réponses à ces questions, tu n’es pas très loin de Dieu. Le voyage initiatique ne se fait pas forcément par un déplacement dans l’espace, il ne se fait pas forcément en parcourant les traditions vénérables, il ne se fait peut être pas non plus en parcourant les écrits des penseurs. Il se fait dans la découverte de soi. Il se fait dans la découverte du petit enfant que nous avons été et que nous retrouvons dans l’enfant de la crèche.

C’est dans cet enfant où Dieu se cache que le voyageur en quête de spiritualité doit se retrouver lui-même. Il est un être fragile lui aussi, et sa fortune, s’il en a une ne lui servira à rien. Plus besoin de myrrhe et d’encens, plus besoin de science ni de diplômes. Dieu est là dans la vérité toute nue de chacun. Dieu est présent en nous du simple fait que nous existons. Notre histoire personnelle ne trouve son origine que dans la découverte de Dieu qui habite déjà notre destin depuis notre enfance et lui donne du sens. En se reconnaissant dans la fragilité d’un enfant,  chacun découvre que Dieu est à l’origine de sa propre vie et il repart maintenant riche de ce qu’il est devenu.

La rencontre avec Dieu se fait au fond de soi. Elle commence par une réflexion qui nous permet de comprendre que c’est Dieu qui donne du sens à tout ce que nous entreprenons. Cette découverte n’est cependant que le début du voyage. Nous devons maintenant suivre Jésus que l’histoire emporte vers la terre d’Égypte pour fuir la mort qui le guette. Notre itinéraire aurait du s’arrêter là. Il n’en est rien. Car c’est là dans ce désert que la mort bouscule nos certitudes.
La mort est la seule arme trouvée par Hérode pour s’emparer de la vie dérisoire d’un enfant. La mort est la seule arme dont disposent tous ceux qui veulent construire un monde sans Dieu et le régenter à leur façon. La mort est la négation de Dieu et elle rôde autour de chacun.

C’est pour cela que le récit insupportable de la mort des enfants innocents prend place ici dans l’Évangile. Il se présente à nous comme une question sans réponse, pour provoquer notre foi en recherche et alimenter nos questionnements : Pourquoi Dieu a-t-il permis cela ? Pourquoi n’a-t-il pas fait le miracle espéré pour sauver les enfants frappés par le glaive de ses soldats ? Pourquoi n’a-t-il pas fait le miracle espéré quand on a essayé de parlementer pour sauver ceux qui soufrent et meurent en Syrie? Le doute vient alors prendre la place de Dieu dans notre désert intérieur. Il se nourrit de nos pourquoi et il désoriente notre pensée ? Il se dresse comme un défi à l’espérance.

La  mort est la dernière provocation sur le chemin de la découverte de Dieu. Elle nous amène à réaliser que, la vie ne prend de sens que quand nous comprenons que Dieu en est l’origine et  qu'en lui, elle n'a pas de fin. A peine nous sommes-nous ouverts à la présence de Dieu que nos interrogations nous poussent à régler nos comptes avec lui.

Nous  devons alors oser lui dire que le plus grand obstacle à notre foi est constitué par toutes les frustrations que la mort provoque en nous. Il s’agit non seulement de la mort qui nous attend à la fin de notre vie, mais aussi de toutes ces petites morts que constituent toutes les provocations de notre existence. Nous ne nous sentons pas pleinement satisfaits de nous-mêmes. Nous nous considérons comme trop grands ou trop petits. Le visage que nous renvoie notre miroir ne nous convient pas davantage. Nous tenons Dieu pour responsable de tout ce qui nous afflige. Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? Pourquoi as-tu laissé partir sur des vols qui ont crashé tous ceux qui n’en reviendront pas? Suprême réaction de l’adolescent que nous n’avons jamais cessé d’être, nous jetons à la face de ce Dieu en qui nous avons encore de la peine à croire : « je n’ai pas demandé à naître ! »

Et bien soit ! Accusons Dieu, car nos frustrations sont bien réelles puisqu’elles nous font souffrir, nous sommes loin de la perfection enviée. Mais Dieu où est-il? N'avons-nous pas découvert que sa trace nous conduisait eu fond de notre être?

Si  Dieu est en chacun de nous, toute chose prend un sens nouveau. Les vides de notre vie s’habillent d’espérance et notre existence devient une oasis où il plaît à Dieu d’habiter. Et si la mort nous surprend quand on ne s’y attend pas, nous devons croire qu’il est lui aussi provoqué  par elle et qu'il nous arrache à notre destin funeste. C’est là le mystère de la résurrection, c’est une autre aventure avec Dieu qui commence ici et maintenant. Tel est le projet que Dieu fait pour chacun quand il se laisse rencontrer dans l’enfant de la crèche.

Tout cela est bel et bien pour celui qui a fait le voyage jusqu'au bout, mais pour celui qui ne l'a pas fait, qu'en est-il?

Le mystère de Dieu se trouve dans la seule notion d'amour et c'est dans ce mot que se rassemblent toutes les réponses à toutes nos questions.

lundi 29 novembre 2010

Matthieu 1:18-25 naissance de Jésus - naissance du monde- 19 décembre 2010




18 Voici comment arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph ; avant leur union, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit saint. 19 Joseph, son mari, qui était juste et qui ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la répudier en secret. 20 Comme il y pensait, l'ange du Seigneur lui apparut en rêve et dit : Joseph, fils de David, n'aie pas peur de prendre chez toi Marie, ta femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient de l'Esprit saint ; 21 elle mettra au monde un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. 22 Tout cela arriva afin que s'accomplisse ce que le Seigneur avait dit par l'entremise du prophète :

23 La vierge sera enceinte ; elle mettra au monde un fils

et on l'appellera du nom d'Emmanuel,

ce qui se traduit : Dieu avec nous.24 A son réveil, Joseph fit ce que l'ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme chez lui. 25 Mais il n'eut pas de relations avec elle jusqu'à ce qu'elle eût mis au monde un fils, qu'il appela du nom de Jésus.

Il est des temps hors du temps. Il est une histoire hors de l’histoire. Il est une aventure inaccessible. C’est l’histoire de la goutte d’eau qui pour la première fois se met à vibrer de la vie qui va se manifester dans l’univers. Mettez-vous à la place de Dieu et essayez de songer à l’état d’esprit qui se trouvait être le sien. Cette apparition de la vie dans l’univers fut sans doute pour lui un instant d’immense émotion, semblable à celle qu’il éprouva au moment où Jésus vint au monde portant dans ses gènes tout le mystère de l’incarnation. Des milliards d’années avant la naissance de Jésus quelque chose s’était produit quelque part dans les eaux, au cœur de la planète qui n’était pas encore la terre et la vie avait surgi.

C’était une apparence, une chose indéfinissable, un protozoaire, peut être, qui pour la première fois se mit à se diviser de l’intérieur et devint matière vivante. L’événement n’a jamais été raconté et il n’y eut aucun témoin. On sait seulement que ça a eu lieu. On sait qu’après le fracas étourdissant que produisit l’onde de choc qui provoqua la naissance du monde, le Créateur retint son souffle pour que la vibration qui se propagea ne détruisit pas ce qu’il avait en tête de voir se réaliser.

C’est ainsi, nous est-il dit, qu’il y eut un soir et qu’il y eut un matin, ce fut le troisième jour, et personne n’était là pour contempler cette merveille, si non Dieu lui-même. Le Créateur qui avait ouvert l’histoire de l’univers par le fracas du big-bang, dont on ne peut pas imaginer la puissance, suspendait son souffle pour contempler une goutte d’eau toute frémissante de la vie qui était en train de se mettre à exister.

Le même miracle de la vie qui surgit là où cela paraît impossible s’actualise chaque année à cette même époque quand le monde entier suspend le cours de ses activités pour évoquer le mystère de Noël. Une fois encore nous nous redisons les uns aux autres que la réalité fragile qui porte la vie est habitée par Dieu. Nous revivons encore dans un même émerveillement ce moment unique où Dieu mêle sa divinité à l’humanité, comme jadis il avait mêlé son souffle créateur à l’apparition de l’ADN qui de proche en proche avait rempli, la terre de toutes les formes que peut prendre la vie.

A force de science et de patience, penchés sur leurs instruments et sur leurs ordinateurs, les hommes ont retrouvé les traces de l’histoire de la vie jaillie dans une goutte d’eau. Forts de leurs découvertes, au lieu de rendre grâce au Créateur, ils ont pris la grosse tête. Ils ont cru qu’en ayant découvert les secrets de l’origine de la vie, ils étaient devenus maîtres de la vie. Non seulement ils ont continué à en disposer à leur guise, ils ont continué à la supprimer là où elle les gênait. Ils ont cherché à la soumettre à leur volonté, ils s’en sont pris à son mode de transmission et de reproduction. Ils croient pouvoir encore faire évoluer la vie à leur guise sans se soucier de Dieu. Pourtant ils ont des doutes.

Dieu qui contemple tout cela n’en est pas surpris. Il sait que la goutte d’eau qui pour la première fois a porté la vie avait en germe cette prétention de la créature vivante à supplanter son créateur. Le génie humain qui allait se mettre en ébullition au soir du sixième jour de la création était déjà conçu par Dieu pour se révolter contre son Dieu afin de trouver dans l’accomplissement de sa révolte le sens de son destin. En effet dans l’esprit de Dieu tout cela avait du sens et de la cohérence.

Il m’ a semblé nécessaire aujourd’hui de retourner si loin dans le passé car, il fallait rappeler qu’il n’y a pas dans l’histoire du monde d’événement plus important que l’histoire de cette première goutte d’eau et l’histoire de la naissance de Jésus. L’une fait suite à l’autre à des milliards d’années d’intervalle. Le monde mettait en œuvre ce que Dieu avait décidé. Dans un premier temps il s’agissait de provoquer le jaillissement de la vie dans l’univers et dans un deuxième temps il s’agissait pour Dieu de venir s’installer au cœur de l’humanité. Toutes ces choses compliquées, la Bible nous les redit avec une simplicité naïve dans les récits de la nativité.

- Tout nous est dit sur le projet de Dieu qui vient habiter l’humanité. C’est le récit de la vierge devenue mère qui nous en rend compte.

- Tout nous est dit sur la fragilité de l’existence et sur les menaces de mort qui planent sur la vie à peine éclose. C’est ce que nous découvrons dans le comportement du roi Hérode qui arme ses soldats pour tuer un enfant. Il confirme par son geste l’arrogance de ceux, qui arrivés au faîte du pouvoir le confisquent à leur profit.

- Tout nous est dit des combats que livrent les hommes à Dieu pour lui ravir ses secrets. Nous le repérons en contemplant les savants de Jérusalem qui consultent les écrits, compulsent la Torah, vérifient les Ecrits pour repérer que Dieu a choisi la petite ville de Bethlehem pour s’incarner

- Tout nous est dit de la tranquille assurance avec laquelle Dieu contrôle les puissances hostiles et déjoue les comportements du malin. C’est pour cela que les anges entrent en action, que Joseph écoute et obéit et que tout se passe conformément à ce qui avait été dit.

- Tout nous est dit sur l’espérance offerte à tous les hommes. Mages et bergers, tous sont là pour entendre et rapporter tout ce que l’humanité est en droit d’espérer.

Malgré cela, le monde continue à fonctionner comme si cette histoire n’était qu’une fiction, et comme si le récit de Noël n’était qu’un conte pour enfants. Nous avons du mal à comprendre que Dieu vient au plus intime de la réalité humaine pour la transformer en une réalité divine. Nous n’arrivons pas à croire que Dieu en intervenant dans l’humanité transforme notre destin à tout jamais et nous avons du mal à croire que l’éternité fait désormais partie intégrante de notre avenir. Nous avons du mal à admettre que notre destin n’est pas lié aux promesses d’un progrès humain illimité mais à la certitude que Dieu habite dès aujourd’hui notre vie. Si nous ne savons pas ce que signifie ce mystère nous devons cependant réaliser qu’il est l’aboutissement de la création et que Dieu a prévu que nous soyons concernés. Tout se tient dans ces deux événements où Dieu crée la vie et où ensuite, il vient lui-même habiter la vie.

L’enfant qui naît à Noël n’est que l’enfant d’un jour. Il provoque notre émotion et nous rend conscients de notre vulnérabilité. Nous comprenons au contact de son histoire que si les moutons qui l’entourent dans la bergerie sont inoffensifs, il y a cependant des loups dehors qui tel Hérode cherchent à se nourrir de la vie des autres. Le monde est un monde où les pouvoirs s’affrontent, les vaincus disparaissent et les vainqueurs deviennent plus forts, mais disparaissent à leur tour, vaincus par plus forts qu’eux. C’est la loi du genre. Mais Dieu ne s’y résigne pas.

En effet, si nous cherchons la vérité il faut la chercher ailleurs que dans les faits marquants de l’histoire des hommes. En se révélant dans un enfant Dieu nous apprend que la vérité reste invisible aux yeux des puissants et que même les savants ne la voient pas. L’enfant a grandi et la vérité sur Dieu est devenue plus pertinente à mesure qu’il se développait et qu’il enseignait.

Nous découvrons dans ce qu’il a dit que Dieu dépose dans tous les hommes, , un ferment d’éternité. Il ne peut se développer que si la sauvegarde de la vie prend le dessus sur toutes les activités humaines. C’est en valorisant la vie de ceux avec qui nous sommes en contact que l’éternité pourra jaillir en nous, par une osmose subtile entre Dieu et nous. L’éternité n’est pas une valeur abstraite sur laquelle nous pouvons disserter sans fondement. Elle fait partie de l’espérance et nous ne pouvons y accéder que si nous la recevons de Dieu quand il nous met en relation avec nos semblables. Pour entrer dans l’éternité, il nous faut donc deux partenaires, Dieu et nos frères en humanité.

Comme au lendemain du big-bang, Dieu observe l’humanité et la regarde évoluer. Tout dépend désormais pour chacun de nous de l’approche qu’il aura de son prochain. S’il l’exploite et cherche à le dominer, en dépit des apparences son existence sera privée de sens. Il risquera de passer à côté de l’éternité sans s’en rendre compte. Par contre s’il trouve de l’intérêt dans sa propre vie en mettant en valeur la vie des autres, il sautera à pieds joints dans l’éternité sans même le savoir.. Les apparences restent donc trompeuses, les succès illusoires, ce qui compte pour Dieu, c’est qu’au contact de l’enfant qui est né à Noël nos vies s’identifient à la sienne au point que l’éternité qu’il s’est acquise devienne notre éternité.