lundi 25 novembre 2013

Jean 1:1-18

NOEL :  Jean 1:1-18  -   Dimanche 25 décembre 2013

   1 Au commencement de toutes choses, la Parole existait déjà ; celui qui est la Parole était avec Dieu, et il était Dieu. 2 Il était donc avec Dieu au commencement. 3 Dieu a fait toutes choses par lui ; rien n'a été fait sans lui ; 4 ce qui a été fait avait la vie en lui. Cette vie était la lumière des hommes.

.
5 La lumière brille dans l'obscurité, mais l'obscurité ne l'a pas reçue. 6 Dieu envoya son messager, un homme appelé Jean. 7 Il vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient grâce à lui. 8 Il n'était pas lui-même la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière. 9Cette lumière était la seule lumière véritable, celle qui vient dans le monde et qui éclaire tous les hommes.

10 Celui qui est la Parole était dans le monde. Dieu a fait le monde par lui, et pourtant le monde ne l'a pas reconnu. 11 Il est venu dans son propre pays, mais les siens ne l'ont pas accueilli. 12Cependant, certains l'ont reçu et ont cru en lui ; il leur a donné le droit de devenir enfants de Dieu. 13 Ils ne sont pas devenus enfants de Dieu par une naissance naturelle, par une volonté humaine ; c'est Dieu qui leur a donné une nouvelle vie.

14 Celui qui est la Parole est devenu un homme et il a vécu parmi nous, plein de grâce et de vérité. Nous avons vu sa gloire, la gloire que le Fils unique reçoit du Père. 15 Jean lui a rendu témoignage ; il s'est écrié : « C'est de lui que j'ai parlé quand j'ai dit : “Il vient après moi, mais il est plus important que moi, car il existait déjà avant moi.” » 16 Nous avons tous reçu notre part des richesses de sa grâce ; nous avons reçu une bénédiction après l'autre. 17 Dieu nous a donné la loi par Moïse ; mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. 18 Personne n'a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et demeure auprès du Père, lui seul l'a fait connaître.




Nous ne pouvons pas vivre un événement quel qu’il soit sans nous poser des questions à son sujet, c’est pourquoi nous nous interrogeons sur les contradictions qui nous habitent à propos de la fête de Noël. Tout nous invite à nous réjouir et au fond de nous-mêmes nous contestons le bien fondé de cette fête. Nous nous attristons parce que le religieux a fui cette manifestation et que la religiosité à pris sa place. Nous considérons que les lumières qui éclairent nos rues et nos magasins ne sont pas de la même nature que celles de l’étoile qui a guidé les mages vers Bethléem. Nous nous interrogeons même sur la réalité de cette étoile dont les savants modernes contestent l’existence. Nos doutes accompagnent les mages et nous ne sommes pas sûrs de tout ce que l’on a écrit ou dit à leur sujet. En même temps, nous nous réjouissons aussi de voir les gens heureux et les enfants s’émerveiller.

Plaçons donc toutes nos interrogations sous le regard de Dieu qui vient à notre rencontre en ce jour de fête. Il détourne notre attention de ce qui se voit. Il nous invite à nous intéresser à autre chose qu’à ce qui frappe nos regards et notre sensibilité. Il nous demande d’écouter. Il s’agit d’écouter ce qui résonne au fond de chacun de nous, car il se peut que ce soit une parole qui vienne de Dieu.

Cette Parole ne s’entend pas vraiment, elle se ressent. Cette impression d’une présence extérieure à eux s’est très vite imposée aux humains. Dès que les premières communautés d'homo sapiens se sont constituées,  elles se sont tournées vers l'au-delà. Sans dire qu'elles se sont mises à croire en Dieu, on pense cependant qu'elles ont vénéré des forces qui les dépassaient. Il semblerait bien que ce phénomène soit lié à la parole.

En effet, l’humanité a commencé à exister en tant que société primitive quand les hommes se sont mis à échanger des paroles entre eux. C’est alors que la harde  a commencé à se constituer en groupes humains distincts. Les êtres qui la composaient se sont alors habillés, ils ont construit des abris.  En   même temps que cela se produisait,  le  sentiment  de quelque chose qui les dépassait s’est imposé à eux. Dieu sans même qu'ils le sache  s’était déjà approché d’eux. C'est en tout cas de cette manière que certains ont pu interpréter les traces  qu'ils ont laissé  dans les sépultures ainsi que les peintures qu’ils ont produites sur les murs de leurs cavernes. Dieu aurait trouvé sa place parmi les hommes dès qu’ils ont constitué leurs premières sociétés et qu’ils ont échangé leurs premières paroles. Dès lors Dieu et hommes feront cause commune. Cette interprétation est voué à la critique, mais pourquoi ne pas l'envisager?

Dieu était déjà présent au milieu de l’humanité dès ses premiers balbutiements. Mais de quel Dieu s’agissait-il? Certainement, nous ne le reconnaîtrions pas, il se confondait avec les esprits de la terre, le tonnerre ou le feu, mais peu importe, il était déjà présent dans une humanité qui se cherchait.

Il est curieux de constater que le récit de Noël nous parle aussi d’une humanité qui se cherche. Elle nous raconte l’histoire de mages cherchant leur roi en suivant le chemin des étoiles. L’homme moderne cherche aussi sa voie dans le bouleversement que lui impose le tumulte des nations. Il cherche vainement quelques fragments de spiritualité dans les échanges commerciaux. Comme il n’en trouve pas, il a l’impression que Dieu l’a abandonné. Comme les mages, nous cherchons aussi. Ils cherchaient un roi, et ils ne trouvèrent qu’un enfant et dans cet enfant la tradition se plait à reconnaître Dieu. Et nous qui allons-nous trouver ?

Que nos chercheurs modernes soient attentifs, le Dieu qu’ils cherchent les surprendra quand ils le trouveront. Dieu se laissera trouver, à coup sûr, car l’homme et Dieu ont une histoire commune puisqu’ils cheminent ensemble depuis les origines. La découverte de Dieu s’accompagne toujours d’une parole. Elle pousse toujours celui qui l’entend à aller plus loin.

On se souvient qu’Abraham entendit une voix qui l’enjoignit à partir, à quitter ses parents et son pays. Il partit et découvrit un avenir que Dieu devait construire avec lui. Moïse quant à lui, entendit la voix de « Celui qui est, qui était et qui vient ». Il lui parla d’une marche à travers le désert et d’un peuple qu’il devait guider vers la liberté. Les Mages à leur tour s’entendent dire, après avoir trouvé ce qu’ils cherchaient, qu’ils devaient repartir par un autre chemin. La parole en qui nous reconnaissons Dieu est toujours accompagnée d’une marche et d’un itinéraire à suivre.

C’est quand il comprend qu’il doit se mettre en mouvement que l’homme découvre que le Dieu qu’il cherche ne l’arrêtera pas dans sa course, mais le poussera en avant. L’humanité doit toujours partir à l’aventure et Dieu l’accompagnera toujours car c’est dans le mouvement que Dieu donne du sens à la vie.

Notre manière de célébrer Noël au vingt et unième siècle ne semble pas, quant à elle, nous orienter vers un lieu précis. Tout va dans tous les sens. Ceux qui nous aident à penser nous poussent  sur des chemins qui nous portent à la plus haute spiritualité  empruntée aux sages des différentes religions en même temps que nos penchants naturels nous invitent  à la plus grande prodigalité. C’est cela qui désoriente nos contemporains car ils participent aux deux mouvements à la fois. Comme personne dans leur entourage ne donne la même valeur aux choses, ils n’ont pas l’impression que tout cela ait du sens. Ils ont même le sentiment qu’ils trahissent Dieu en ne faisant pas ce qu’il faudrait faire. Mais que faudrait-il faire, pour entendre cette parole et faire ce qu’elle dit ?

Dieu n’a jamais demandé aux hommes de faire l’impossible. Il ne leur demande pas de se culpabiliser au point de se désespérer. C’est tout le contraire que répercute la Parole qui nous vient de Dieu au travers des Ecritures. Elle parle d’espérance et  annonce un  sauveur. Elle  accompagne ces promesses de visions pleines d'espérance. Elle nous fait croiser le chemin de bergers qui accordent leurs voix aux chorales célestes. Nous  découvrons des savants des savants qui découvrent dans les étoiles le bon chemin que doivent suivre les peuples. Les paroles venues de l’Écriture nous disent que Dieu est là à portée de voix et qu'il s'offre à nous guider vers un avenir heureux si nous en faisons le choix.

La voix de Dieu reste toujours fidèle à ce qui a été dit depuis bien longtemps.  Dieu ne se contredit pas. Il s’adresse à ce qu’il y a de meilleur en nous-mêmes, car c’est là qu’il a décidé de nous piquer au vif. Le meilleur de nous-mêmes, c’est cet esprit qui est en nous et qui nous invite à ne pas nous soucier de nous-mêmes, mais plutôt à consacrer nos forces  à travailler au mieux-être des autres  pour que leur vie soit plus belle. C’est ainsi qu’il nous faut chercher à écouter la voix de Dieu en nous, pour discerner les chemins de l’avenir, car l’avenir est plus dans l’épanouissement de la collectivité humaine que dans la survie de la société privilégiée qui est la nôtre.

Cette Parole s’adresse autant à nos émotions qu’à notre raison. Elle nous interpelle, mais elle ne prend pas pour nous les décisions. Si on l’écoute, elle deviendra une lumière pour éclairer les nations, elle éclairera tous les hommes et repoussera au loin les ténèbres qui obscurcissent leur vision de l’avenir. La balle est donc dans le camp des hommes. Il appartient aux nations de l’entendre et de mettre en pratique ce qu’elle leur dit.

La Bible a retenu cette leçon dans sa tradition millénaire. Elle a compris que la parole devient créatrice quand on pratique ce qu’elle suggère. Elle a placé dans ses premières pages l’histoire de la création. On y comprend que c’est la Parole de Dieu qui donne sa vocation à chaque élément de l’univers, et chaque élément de l’univers accepte la proposition qui lui est faite. Chaque élément du cosmos se met alors à se comporter comme il est prévu qu'il le fasse.  Pourquoi  l'homme agirait-il autrement? La question reste ouverte.

Pour que chacun découvre sa raison d’être sur cette terre, il faudra qu’il soit attentif à cette Parole qui lui vient de Dieu  et qui vise à s'imposer à lui comme une pulsion de vie bienfaisante qui orienterait son existence à chaque tournent de son histoire. C’est alors que les décisions qu’il prendra  agiront pour lui  comme un contrat de partenariat avec Dieu.

dimanche 24 novembre 2013

Matthieu 1: 18-25 Naissance de Jésus, naissance du monde 18 décembre 2016


Matthieu 1:18-25 naissance de Jésus - naissance du monde- 18 décembre 2016





18 Voici comment arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph ; avant leur union, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit saint. 19 Joseph, son mari, qui était juste et qui ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la répudier en secret. 20 Comme il y pensait, l'ange du Seigneur lui apparut en rêve et dit : Joseph, fils de David, n'aie pas peur de prendre chez toi Marie, ta femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient de l'Esprit saint ; 21 elle mettra au monde un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. 22 Tout cela arriva afin que s'accomplisse ce que le Seigneur avait dit par l'entremise du prophète :

23 La vierge sera enceinte ; elle mettra au monde un fils
et on l'appellera du nom d'Emmanuel,
ce qui se traduit : Dieu avec nous.24 A son réveil, Joseph fit ce que l'ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme chez lui. 25 Mais il n'eut pas de relations avec elle jusqu'à ce qu'elle eût mis au monde un fils, qu'il appela du nom de Jésus.

Il  est des temps hors du temps. Il est une histoire hors de l’histoire. Il est une aventure inaccessible. C’est l’histoire de la goutte d’eau qui pour la première fois se met à vibrer des germes de vie qu'elle contient. Mettez-vous à la place de Dieu et essayez de songer à l’état d’esprit qui se trouvait être le sien. Cette apparition de la vie dans l’univers fut sans doute pour lui un instant d’immense émotion, semblable à celle qu’il éprouva au moment où Jésus vint au monde portant dans ses gènes tout le mystère de l’incarnation. Des milliards d’années avant la naissance de Jésus quelque chose s’était produit quelque part dans les eaux, au cœur de la planète qui n’était pas encore la terre et la vie avait surgi.

C’était une apparence, une chose indéfinissable, une cellule, peut être, qui pour la première fois se mit à se diviser de l’intérieur et devint matière vivante. L’événement n’a jamais été raconté et il n’y eut aucun témoin. On sait seulement que ça a eu lieu. On sait qu’après le fracas étourdissant que produisit l’onde de choc qui provoqua la naissance du monde, le Créateur retint son souffle pour que la vibration qui se propagea ne détruisit pas ce qu’il avait en tête de voir se réaliser.

C’est ainsi, nous est-il dit, qu’il y eut un soir et qu’il y eut un matin, ce fut le troisième jour, et personne n’était là pour contempler cette merveille, si non Dieu lui-même. Le Créateur qui avait ouvert l’histoire de l’univers par le fracas du big-bang, dont on ne peut pas imaginer la puissance, suspendait son souffle pour contempler une goutte d’eau toute frémissante de la vie qui était en train de se mettre à exister.

Le  même miracle de la vie qui surgit là où cela paraît impossible s’actualise chaque année à cette même époque quand le monde entier suspend le cours de ses activités pour évoquer le mystère de Noël. Une fois encore nous nous redisons les uns aux autres que la réalité fragile qui porte la vie est habitée par Dieu. Nous revivons encore dans un même émerveillement ce moment unique où Dieu mêle sa divinité à l’humanité, comme jadis il avait mêlé son souffle créateur à l’apparition de l’ADN qui de proche en proche avait rempli, la terre de toutes les formes que peut prendre la vie.

A force de science et de patience, penchés sur leurs instruments et sur leurs ordinateurs, les hommes ont retrouvé les traces de l’histoire de la vie jaillie dans une goutte d’eau. Forts de leurs découvertes, au lieu de rendre grâce au Créateur, ils ont pris la grosse tête. Ils ont cru qu’en ayant découvert les secrets de l’origine de la vie, ils étaient devenus maîtres de la vie. Non seulement ils ont continué à en disposer à leur guise, ils ont continué à la supprimer là où elle les gênait. Ils ont aussi cherché à la soumettre à leur volonté, ils s’en sont pris à son mode de transmission et de reproduction. Ils croient pouvoir encore faire évoluer la vie à leur guise sans se soucier de Dieu. Pourtant ils ont des doutes.

Dieu qui contemple tout cela n’en est pas surpris. Il sait que la goutte d’eau qui pour la première fois a porté la vie avait en germe cette prétention de la créature vivante à supplanter son créateur. Le génie humain qui allait se mettre en ébullition au soir du sixième jour de la création était déjà conçu par Dieu pour se révolter contre son Dieu afin de trouver dans l’accomplissement de sa révolte le sens de son destin. En effet dans l’esprit de Dieu tout cela avait du sens et de la cohérence.

S'il  m’ a semblé nécessaire aujourd’hui de retourner si loin dans le passé, c'est qu'il fallait rappeler qu’il n’y a pas dans l’histoire du monde d’événement plus important que l’histoire de cette première goutte d’eau et l’histoire de la naissance de Jésus. L’une fait suite à l’autre à des milliards d’années d’intervalle. Le monde mettait en œuvre ce que Dieu avait décidé. Dans un premier temps il s’agissait de provoquer le jaillissement de la vie dans l’univers et dans un deuxième temps il s’agissait pour Dieu de venir s’installer au cœur de l’humanité. Toutes ces choses compliquées, la Bible nous les redit avec la  simplicité naïve que nous trouvons dans les récits de la nativité.

 -Tout nous est dit sur le projet de Dieu qui vient habiter l’humanité. C’est le récit de la vierge devenue mère qui nous en rend compte.
- Tout nous est dit sur la fragilité de l’existence et sur les menaces de mort qui planent sur la vie à peine éclose. C’est ce que nous découvrons dans le comportement du roi Hérode qui arme ses soldats pour tuer un enfant. Il confirme par son geste l’arrogance de ceux, qui arrivés au faîte du pouvoir le confisquent à leur profit.
- Tout nous est dit des combats que livrent les hommes à Dieu pour lui ravir ses secrets. Nous le repérons en contemplant les savants de Jérusalem qui consultent les Écrits, compulsent la Torah, vérifient les prophéties pour repérer que Dieu a choisi la petite ville de Bethléem pour s’incarner
- Tout nous est dit de la tranquille assurance avec laquelle Dieu contrôle les puissances hostiles et déjoue les comportements du malin. C’est pour cela que les anges entrent en action, que Joseph écoute et obéit et que tout se passe conformément à ce qui avait été dit.
- Tout nous est dit sur l’espérance offerte à tous les hommes. Mages et bergers, tous sont là pour entendre et rapporter tout ce que l’humanité est en droit d’espérer.

Malgré cela, le monde continue à fonctionner comme si cette histoire n’était qu’une fiction, et comme si le récit de Noël n’était qu’un conte pour enfants. Nous avons du mal à comprendre que Dieu vient au plus intime de la réalité humaine pour la transformer en une réalité divine. Nous n’arrivons pas à croire que Dieu en intervenant dans l’humanité transforme notre destin à tout jamais et nous avons du mal à croire que l’éternité fait désormais partie intégrante de notre avenir. Nous avons du mal à admettre que notre destin n’est pas lié aux promesses d’un progrès humain illimité mais à la certitude que Dieu habite dès aujourd’hui notre vie. Si nous ne savons pas ce que signifie ce mystère nous devons cependant réaliser qu’il est l’aboutissement de la création et que Dieu a prévu que nous soyons concernés. Tout se tient dans ces deux événements où Dieu crée la vie et où ensuite, il vient lui-même habiter la vie.

L’enfant qui naît à Noël n’est que l’enfant d’un jour. Il provoque notre émotion et nous rend conscients de notre vulnérabilité. Nous comprenons au contact de son histoire que si les moutons qui l’entourent dans la bergerie sont inoffensifs, il y a cependant des loups dehors qui tel Hérode cherchent à se nourrir de la vie des autres. Le monde est un monde où les pouvoirs s’affrontent, les vaincus disparaissent et les vainqueurs deviennent plus forts, mais disparaissent à leur tour, vaincus par plus forts qu’eux. C’est la loi du genre. Mais Dieu ne s’y résigne pas.

En  effet, si nous cherchons la vérité il faut la chercher ailleurs que dans les faits marquants de l’histoire des hommes. En se révélant dans un enfant Dieu nous apprend que la vérité reste invisible aux yeux des puissants et que même les savants ne la voient pas. L’enfant a grandi et la vérité sur Dieu est devenue plus pertinente à mesure qu’il se développait et qu’il enseignait.

Nous découvrons dans ce qu’il a dit que Dieu dépose dans tous les hommes,  un ferment d’éternité. Il ne peut se développer que si la sauvegarde de la vie prend le dessus sur toutes les activités humaines. C’est en valorisant la vie de tous  ceux avec qui nous sommes en contact que l’éternité pourra jaillir en nous, par une osmose subtile entre Dieu et nous. L’éternité n’est pas une valeur abstraite sur laquelle nous pouvons disserter sans fondement. Elle fait partie de l’espérance et nous ne pouvons y accéder que si nous la recevons de Dieu quand il nous met en relation avec nos semblables. Pour entrer dans l’éternité, il nous faut donc deux partenaires, Dieu et nos frères en humanité.

Comme au lendemain du big-bang, Dieu observe l’humanité et la regarde évoluer. Tout dépend désormais pour chacun de nous de l’approche qu’il aura de son prochain. S’il l’exploite et cherche à le dominer, en dépit des apparences son existence sera privée de sens. Il risquera de passer à côté de l’éternité sans s’en rendre compte. Par contre s’il trouve de l’intérêt dans sa propre vie en mettant en valeur la vie des autres, il sautera à pieds joints dans l’éternité sans même le savoir. Les apparences restent donc trompeuses, les succès illusoires, ce qui compte pour Dieu, c’est qu’au contact de l’enfant qui est né à Noël nos vies s’identifient à la sienne au point que l’éternité qu’il s’est acquise devienne notre éternité.

Esaïe 35:1-10 -



Esaïe 35: 1-10 la terre transformée  - dimanche 11 décembre 2016. Ce sermon a déjà été proposé le 15 décembre 2013

1 Que le désert et la terre manifestent leur joie!
Que le pays sec s'émerveille

et se couvre de fleurs,
2 aussi belles que les lis 
Oui, qu'il se couvre de fleurs, et qu'il s'émerveille à grands cris!
Le  Seigneur lui a donné la splendeur des montagnes du Liban
l'éclat du mont Carmel et de la plaine de Saron.
On pourra voir alors la glorieuse présence du Seigneur,
l'éclat de notre Dieu.
3 Rendez force aux bras fatigués,
affermissez les genoux chancelants.
4 Dites à ceux qui perdent courage:
" Ressaisissez-vous, n'ayez pas peur, voici votre Dieu" 
Il vient vous venger et rendre à vos ennemis
le mal qu'ils vous ont fait, il vient lui-même vous sauver."
5 Alors les aveugles verront et les sourds entendront.
6 Alors les boiteux bondiront comme des cerfs
et les muets exprimeront leur joie.
Car de l'eau jaillira dans le désert,
des torrents ruisselleront dans le pays sec.
7Le sable brûlant se transformera en étang,
et le pays de la soif en région de sources.
A l'endroit-même où les chacals avaient leur repaires
pousseront des roseaux et des joncs.
8 C'est là qu'il y aura une route
qu'on nommera le "chemin réservé".
Aucun impur n'y pourra passer, aucun idolâtre n'y rôdera.
Elle sera destinée au peuple du Seigneur
quand il se mettra en marche.
9 Sur cette route, pas de lion;
aucune bête féroce ne pourra y accéder, on n'en trouvera pas.
C'est là que marcheront ceux que le Seigneur aura libérés.
10 C'est là que reviendront ceux qu'il aura délivrés.
Ils arriveront à Sion en criant de bonheur.
Une joie éternelle illuminera leur visage.
Une joie débordante les inondera,
tandis que chagrins et soupirs se seront évanouis.




Une route s’ouvre dans le désert aride peuplé de bêtes dangereuses devant les immigrants en quête d’une terre d’accueil.  Les broussailles se dressent devant  les pas des voyageurs et leur barrent la route. Elles  les  découragent de s’aventurer plus avant dans ces contrées hostiles. Et pourtant les marcheurs qui n’ont pas d’autres solutions continuent. Il n’y a rien de surprenant dans cette évocation, il s’agit là du paysage habituel du désert si souvent évoqué pour décrire la campagne des pays de la Bible qui était loin de ressembler à un pays où coule le lait et le miel comme l’avait laissé entendre Moïse  aux fugitifs qui l’accompagnaient depuis l’Égypte.



Ils étaient nourris de l’idée qu’ils  allaient prendre possession de ce pays qui allait devenir leur  terre et où une nouvelle vie les attendait en dépit des les déboires de toutes sortes qu’ils allaient rencontrer.  Ces pèlerins audacieux  avaient remplis  leur âme de toutes sortes d’images qui rendent désirable la terre vers laquelle ils orientaient leurs pas.  Tels étaient sans doute les illusions qui permettaient aux  nouveaux venus d’avancer.  D’où venaient-ils ? Le texte ne permet pas vraiment de le savoir.



Étaient-ils des exilés venus du Royaume du Nord fuyant une première déportation. Étaient-ce  des exilés revenus au pays après la deuxième déportation. Qu’importe. Ils avançaient  vers une terre où ils voyaient s’accomplir leur destin et où ils espéraient bénéficier d’une bénédiction divine. A mesure qu’ils avançaient le ciel se faisait plus doux sur leurs têtes, et leurs pas se faisaient plus fermes sur un  sol moins caillouteux. Les ronces laissaient la place à des herbes moins agressives. Du moins le croyaient-ils. Telle n’est-elle pas l’illusion de tous les exilés qui s’approchent d’une terre qu’ils croient plus accueillante que celle qu’ils ont laissés? Même s’ils ne sont pas dupes, ils ont tous animés par la foi en un avenir meilleur et ils s’efforcent de croire que Dieu habite leur espérance.



Dans leurs pensées la campagne se transforme, les lys se mettent à fleurir, la steppe aride fait place à de verts pâturages où gambadent  les agneaux et les cabris. Les paysans en pleines santé qu’ils croisent sur leur chemin ne sont pas fatigués, toujours joyeux, ils manifestent une éternelle jeunesse. Avec un peu d’imagination nous pourrions nous laisser aller à penser que  le prophète Esaïe qui décrit l’arrivée des exilés en terre d’Israël, se soit inspiré du "conte du Prince charmant" bien que ni les dates ni les lieux ne correspondent. Mais l’idéal du pays enchanteur qui s’ouvre après un parcours hasardeux existe dans toutes les civilisations. Le voyageur qui traverse le désert de la soif n’a-t-il pas à l’esprit  le mirage de l’oasis couverte d’une  palmeraie  accueillante.



Notre récit serait-il la description de cette oasis de bonheur jamais atteinte qu’entreverrait le prophète et qu’il décrirait avec complaisance pour aider son peuple à patienter en attendant un bonheur illusoire qui ne viendra jamais ? On a pris l’habitude de lire ce passage dans le temps de l’Avent, ce moment de l’année où on fait place aux contes et légendes pour mieux dominer la rudesse des temps. On se laisse plus facilement saisir par l’émotion en pensant  que Dieu est descendu du ciel pour se geler dans la paille afin de sauver les hommes. Pourtant, nous le savons bien, Noël n’est pas une illusion et les contes  contiennent eux aussi des vérités qu’il nous faut forcer pour en trouver le sens.



Les contes que nous venons d’évoquer contiennent un parcours initiatique qu’il nous faut décrypter si on veut en saisir le sens. Sans la clé du texte, nous n’en découvrons pas l’énigme. Ainsi, le Prince charmant doit-il franchir de nombreux obstacles avant de réveiller la princesse de sa vie qui l’attend depuis cent ans dans un château niché au milieu des bois. Le petit Poucet lui aussi doit suivre un chemin au milieu des bois, mais il connaît la clé de l’énigme et retrouve sa route grâce aux pierres blanches qu’il laisse tomber sur le chemin. Malheur à lui s’il néglige la clé et se croit malin. Il remplace les cailloux par du pain que mange les oiseaux et ce sont les ennuis qui arrivent. Le Petit Chaperon rouge voit deux routes s’ouvrir devant lui. La plus longue contourne la forêt et l’emmène saine et sauve chez sa grand-mère  ainsi que sa galette et son pot de beurre. Elle peut vivre alors sa vie de femme. Malheur à elle si elle fait un mauvais usage de sa clé et si elle brûle les étapes en prenant le chemin qui traverse la forêt. Le loup la devance, mange la grand-mère ainsi que la galette et le pot de beurre et l’enfant par-dessus de la marché .




C’est un chemin semblable qui s’ouvre devant Esaïe, car son récit fonctionne comme un conte de fée. Que l'auditeur ne s’en offusque pas, il sait bien que le récit lui est donné pour qu’il réfléchisse et exerce sa sagacité. Les aveugles ne guérissent pas par simple miracle généralisé, ni les infirmes et l’eau ne jaillit pas en plein désert s’il n’y a pas de source, à moins qu’on l’y amène. Les lions ne disparaissent pas sans qu’on les chasse. Rien ne se fait sur ce chemin du désert si l’homme n’en change le cours des choses.



Et maintenant, où se trouve la clé du texte ? Est-elle dans l’intelligence des hommes et leur bonne volonté ? Le prophète entrevoit-il des jours nouveaux qui se réaliseront quand l’intelligence humaine sera rejointe par la sagesse divine ? L’espèce humaine gagnée par la grâce partagera tous ses talents et chacun échangera son savoir-faire pour le mieux-être de tous. Toute la planète gagnée à l’idéal évangélique deviendra une terre habitable par tous. Ce sera merveilleux, c’est techniquement possible mais ça ne marche  pas ! Et chacun de se poser des tas de questions sans trouver une seule bonne explication.



Les contes évoqués plus haut  pourraient-ils nous ouvrir une autre grille de lecture ?  Même quand on a compris la bonne clé, le conte se poursuit par une incertitude qui est liée à la liberté de chacun et  à laquelle il faut encore apporter une bonne part de hasard. Que sera la suite de la vie de la belle endormie qui se réveille dans les bras de son prince? Nul ne le sait. Quantité de gosses braillards vont-ils hanter le palais au point d’y rendre la vie impossible ? Que chacun imagine la suite. Le petit Poucet revient bien à la maison grâce à ses cailloux, mais la famine n’a pas disparu et l’histoire recommencera  jusqu’à son dénouement, bon ou mauvais. Quelle vie attend  le Petit Chaperon rouge qui a fait le grand tour? Il n’a pour s’ouvrir à la vie qu’un pot de beurre et une galette ! Est-ce suffisant ? Et le danger du loup est-il définitivement écarté ?



Face à ces conclusions,  nous pouvons dire que le prophète Esaïe a  cependant raison. Oui, la transformation de l’humanité est possible, oui le partage des ressources est possible, mais il nécessite une prise en main de notre personne par Dieu. Notre conversion est un acte personnel qu’on ne peut imposer à personne. Elle est liée à une relation personnelle que Jésus établit  avec chacun de nous par l’action permanente de son saint Esprit qui plane sur l’humanité et ce que chacun de nous peut  recevoir mais qui ne s’impose pas à personne.Liberté oblige.



Il existe encore une clé de compréhension que je n’ai pas mentionnée car je la gardais pour la fin, c’est celle de l’action du péché en nous. Malgré notre conversion et la présence de l’esprit en nous, malgré notre bonne volonté et notre désir de bien faire, le péché  ne  s’est pas écarté de chacun de nous. Il continue à habiter nos bas instincts,  il ne cesse de nous tenter et de plaider le faux  pour le vrai. Chacun de nous est vulnérable et se retient  d’entrer  à corps perdu dans l’altruisme et l’amour inconsidéré du prochain. Le pardon, sans cesse prodigué par Dieu nous permet d’avancer et de rester raisonnables, mais le Royaume promis par Jésus n’est pas encore  accompli. Esaïe en avait l’intuition, Jésus nous a donné les clés pour y arriver,  Dieu nous donne, la foi, l’espérance et la patience pour le construire brique après brique. Il nous donne le pardon, sans cesse renouvelé pour toujours repartir quand nous nous sommes  trompés et que nous avons mal agi.Nous  n' avons pas toutes les clés en main mais nous en avons beaucoup à notre disposition. Faisons-en bon usage.

lundi 18 novembre 2013

Mathieu 11:2-11

Es-tu celui qui doit venir ou
devons-nous en attendre un autre?

Matthieu 11:2-11 Dimanche 15 décembre 2013



2 Or Jean, dans sa prison, avait entendu parler des œuvres du Christ. Et il envoya dire par ses disciples : 3 Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? 4 Jésus leur répondit : Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : 5 Les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.

6 Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! A leur départ, Jésus se mit à dire aux foules, 7 à propos de Jean : Qu'êtes-vous allés contempler au désert ? Un roseau agité par le vent ? 8 Mais qu'êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu somptueusement ? Mais ceux qui portent des vêtements somptueux sont dans les maisons des rois. 9 Qu'êtes-vous donc allés (faire) ? Voir un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu'un prophète. 10 Car c'est celui dont il est écrit : Voici, j'envoie mon messager devant ta face, pour préparer ton chemin devant toi. 11 En vérité je vous le dis, parmi ceux qui sont nés de femmes, il ne s'en est pas levé de plus grand que Jean-Baptiste. Cependant le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. 

Nous  nous approchons irrésistiblement de ce temps de Noël où le monde, se donne à espérer. On espère, le temps d’une nuit, que toutes les promesses des prophètes vont se réaliser. C’est alors que l’obscurité qui nous entoure paraît moins épaisse et qu’une  étoile vient guider sûrement les pas d’étranges voyageurs. Ils viennent sur le devant de la scène du monde abandonner joyeusement fortune et pouvoir alors que la nuit se referme sur l’oubli de leur passage. Tout se passe comme si le renoncement à la notoriété, à la fortune et au prestige pouvait se faire simplement et naturellement. Tout en nous comblant d’espérance, cette évocation du passage des mages nous permet de penser que toutes les choses que nous contestons dans ce monde pourraient être améliorées si on y mettait un peu de bonne volonté. Nos cœurs trop durs s’attendrissent alors, et notre âme se prépare à accueillir son Dieu.

Mais ne brûlons pas les étapes. La lecture de ce jour nous propose de croiser les pas de Jean Baptiste qui nous invite à partager sa colère contre tous ceux qui conduisent leur vie à contre courant de ce que Dieu souhaite.

Le personnage de Jean dit le baptiste est fascinant. Nous le rejoignons dans sa prison où il se pose les questions fondamentales de sa vie. Il s’interroge sur Jésus et se demande s’il est celui qui devait venir pour permettre aux hommes d’être plus proches de Dieu. Il se demande s’il va répondre à son attente et à notre attente.

Mais qu’attendons-nous en vérité ? Qu’attendent de Dieu les hommes qui espèrent en lui ? Ils espèrent des réponses claires. Ils attendent que Dieu les distingue parmi les autres et les favorisent dans la vie en leur permettant une existence meilleure que celle que la société leur réserve. Ils attendent que Dieu bouscule leur réalité quotidienne en mettant devant eux une espérance concrète. Depuis les jours de Jean baptiste, nous attendons toujours la même chose, mais la réalité d’aujourd’hui ne semble pas plus évidente que la réalité d’hier. Pourtant Jean baptiste semblait sûr de son fait !

Il avait senti venir de loin ce changement tant espéré. Il en avait trouvé l’annonce dans les discours des prophètes de jadis dont le message était conservé dans les Ecritures. Il avait tout abandonné pour prêter sa voix à Dieu afin de répéter ces messages d’autrefois qui avait conservé toute leur pertinence. Ces message étaient ceux que les foules attendaient puisqu’elles se précipitaient en masse dans les lieux déserts pour l’écouter, tant il est vrai que les hommes aiment se faire bousculer par des paroles provocantes. L’éloquence de Jean Baptiste dénonçait leurs péchés, étalait en public leurs forfaitures. Elle s’accompagnait en même temps de gestes de purification. L’espérance grandissait.

Le Messie pouvait donc venir. Ne l’avait-il pas reconnu dans cet homme, issu de sa propre famille qui était venu se faire immerger par lui dans le désert ? Depuis il avait entrepris une carrière de prédicateur comme lui, et il faisait des miracles. 

Maintenant Jean attendait la mort dans sa geôle sans avoir la preuve que tout cela venait de Dieu. Malgré les promesses qui lui parvenaient de l’extérieur, il restait enfermé et oublié. Le tyran était toujours au pouvoir et malgré les belles paroles de Jésus rien de nouveau ne se passait vraiment. Le changement annoncé se faisait dans la continuité. Autant dire qu’il n’y avait pas vraiment de changement. Il y avait des conversions individuelles, mais la prise en main du monde par Dieu n’était toujours pas visible.

Depuis cette époque reculée, la présence de Dieu ne semble toujours pas visible. Jésus a prêché un Evangile dont les termes, aux dires de beaucoup, sont révolutionnaires, mais rien n’a changé. Comme Jean, Jésus mourra martyr ! Rien ne changera pour autant. Sa résurrection proclamée par tant de croyants ne semble pas avoir changé grand chose au cours de l'histoire. Y a-t-il alors quelque chose que nous n’avons pas compris ? 

Que cherchaient les foules en allant au désert pour se faire baptiser? Espéraient-elles que le  comportement de Dieu allait changer?  En fait l’homme peut-il  provoquer un changement quelconque  en Dieu ? Sans doute ont-ils tous cru pouvoir faire pression sur lui par leurs gestes de repentance pour que Dieu se décide à changer la société. Ils espéraient que Dieu allait faire le travail à leur place !

Jean dans sa prison devait penser que sa vie avait été un échec et que sa foi en Jésus avait été un leurre ! C’est aussi ce que pensent encore aujourd’hui, ceux qui rangent Jésus parmi les philosophes et qui font de lui un sage inspiré, en refusant de croire que c’est en tant que témoin de Dieu qu’il parlait et qu’il agissait. C’est pour cela que Jésus a déclaré de Jean qu’il était le plus grand des prophètes. Jean avait perçu que c’est le cœur des hommes qui devait se transformer s’ils voulaient voir un changement s’opérer du côté de Dieu, car c’est en Dieu que les hommes doivent puiser les idées généreuses qui leur permettront de changer le monde. Ces idées ils les trouveront dans les paroles de Jésus. La possibilité de les réaliser leur est donnée par l’Esprit de Dieu qui ne cesse de souffler sur chacun de nous.

Il  y a au cœur de chaque homme un capital de générosité qui demande à s’exprimer et à être mis en valeur. Mais cette entreprise ne peut être couronnée de succès que si Dieu en est le garant. Tant que les hommes essayeront de changer les choses sans chercher à être guidés par Dieu, leur entreprise tournera à l’échec. La réponse de Jésus à Jean Baptiste le confirme dans cette intuition. Il lui dit en substance que c’est bien la voix de Dieu qu’il a entendue à travers celle des prophètes et que c’est bien Dieu qui l’a guidé pour agir comme il l’a fait. Mais ce n’est pas Dieu qui l’a conduit en prison, c’est la dure loi des hommes, et s’il meurt ce ne sera pas le fait de Dieu. Mais en aucune façon son entreprise n’aura été un échec.

Chaque  génération de jeunes n’a-t-elle pas agi comme Jean Baptiste ? Chaque époque a vu se lever des jeunes gens aux idées généreuses, prêts à changer le monde. Ils ont toujours aimé à se vêtir de manière différente de celle des populations qui les entouraient, si bien que pour eux le vêtement de poil de chameau de Jean est devenu le blouson de cuir ou les chemises à fleurs. Leur nourriture elle-même était différente de celle de leurs parents comme le miel et les sauterelles le furent pour Jean qui devint leur devancier sur les chemins de la protestation et de la générosité. 

Leurs protestations véhémentes rejoignaient celles de Jean. Puis déçus du manque de suite dans leur affaire, ils s’enferment eux-mêmes dans la prison de la bonne société qu’ils rejoignent en se demandant pourquoi leurs idées n’ont pas portées de meilleurs fruits. La question qu’ils devaient et qu’ils doivent encore se poser est la même que celle de Jean. Où était Dieu dans leur entreprise ? 

A  tous ceux qui rêvent de changer le monde, Jésus apporte une réponse que beaucoup récusent. Le changement commence par le changement de soi-même par une descente dans notre fort intérieur pour y rencontrer Dieu qui y mettra certainement en cause notre vanité, notre égoïsme, notre manque d’amour.

Cette  remise en cause de nous-mêmes nous amène invariablement à découvrir Dieu sous un autre aspect. Son amour modifie notre vision des choses et si nos idées généreuses ne sont pas suivies d’effet, elles ne sont pas forcément le signe d’un échec. C’est là l’effet de la dureté du cœur des hommes au milieu desquels Dieu nous demande d’apporter la contradiction qui est la base sur laquelle il construit son Royaume. Cela, nous devons le faire maintenant avec le renoncement à soi pour instrument et l’amour pour les autres comme matière première.

Ainsi  se confirme la grande espérance qui jaillit des récits de Noël. Rejoignons les mages que nous évoquions en commençant ce propos. Le récit de leur aventure qui nous est parvenu est largement légendaire. Il a été forgé par des générations de croyants dont l’Evangile de Matthieu n’a retenu qu’une petite partie. On en a fait des rois, qui ont abandonné, leur fortune pour repartir tout joyeux, délestés de leur puissance, vers un autre destin. Dieu les a guidés dans la nuit des hommes par une petite étoile que l’on cherche encore. C’est cette même étoile qui conduira chacun de nous à renoncer à lui-même pour construire son destin et édifier avec Dieu son royaume qui vient.

jeudi 14 novembre 2013

Esaïe 11:1-10



Esaïe 11 :1-10  Dimanche 8 décembre 2013
J'ai rajouté un autre sermon en 2016 à la suite du premier.


1 Alors un rameau sortira du tronc de Jessé,
un rejeton de ses racines sera fécond.
2 Le souffle du SEIGNEUR reposera sur lui :
souffle de sagesse et d'intelligence,
souffle de conseil et de vaillance,
souffle de connaissance et de crainte du SEIGNEUR.
3 Il respirera la crainte du SEIGNEUR ;
il ne jugera pas sur l'apparence,
il n'arbitrera pas sur un ouï-dire.
4 Il jugera les pauvres avec justice,
il arbitrera avec droiture
en faveur des affligés du pays ;
il frappera la terre du sceptre de sa bouche,
et du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant.
5 La justice sera la ceinture de ses reins,
et la probité, la ceinture de ses hanches.
6 Le loup séjournera avec le mouton,
la panthère se couchera avec le chevreau ;
le taurillon, le jeune lion et les bêtes grasses seront ensemble,
et un petit garçon les conduira.
7 La vache et l'ourse auront un même pâturage,
leurs petits une même couche ;
le lion, comme le bœuf, mangera de la paille.
8 Le nourrisson s'ébattra sur l'antre de la vipère,
et l'enfant sevré mettra sa main dans le trou de l'aspic.
9 Il ne se fera aucun mal, il n'y aura aucune destruction,
dans toute ma montagne sacrée ;
car la connaissance du SEIGNEUR remplira la terre
comme les eaux recouvrent la mer.
Le retour des bannis d'Israël
10 En ce jour-là, la racine de Jessé
se tiendra là comme une bannière pour les peuples ;
les nations la chercheront,
et son lieu de repos sera glorieux.



Il est des textes bibliques qu’il suffit d’évoquer pour que notre âme soit ravie et que notre cœur se mette à vibrer de mille émotions fortes. Le passage du prophète Esaïe qui nous est offert aujourd’hui en fait partie. Il regorge d’images bucoliques dont on ne se lasse pas. L'évocation du nourrisson s’ébattant près du serpent venimeux sans qu’il ne lui soit fait aucun mal, ainsi que la description de ce prince charmant issu de la race royale dont la dynastie ne va pas tarder à s’éteindre ont l’art de nous ouvrir vers une espérance qui s’accorde bien avec le temps de Noël. Il  serait vain  de vouloir expliquer ce texte d’une manière rationnelle, car cela en briserait la poésie et l’exégèse risquerait d’en altérer la saveur alors que depuis des générations il a contribué à entretenir l’espérance de tant de croyants.

Nous allons tenter de  conserver intact cette vision idyllique de la fin des temps qui met un terme à toute agressivité et qui rogne les dents des loups qui se contentent  désormais de paître en compagnie des agneaux et qui se désaltèrent avec eux de l’onde pure des ruisseaux. Le mal y perd toute efficacité. Tout cela parvient jusqu’à nous, comme si Dieu parachevait sa création par des gestes chargés de paix et de douceur.

Mais nous ne sommes pas dupes. Le charme  que provoque  l’évocation  d’une fin des temps  paradisiaque n’altère pas pour autant l’écho que fait résonner en nous d’autres textes qui décrivent la fin des temps comme une série de catastrophes qui engloutiraient la planète entière et qui entraineraient l’univers dans sa perte. Seuls les  heureux élus pourraient échapper à la catastrophe finale.

Nous nous interrogeons pour découvrir laquelle de ces deux évocations correspond vraiment au plan de Dieu. L’Ecriture peut-elle proposer aux croyants que nous sommes deux issues différentes à la fin des temps ? L’une serait-elle réservée aux optimistes et l’autre aux pessimistes ?

Il nous faut donc nous approcher de ces textes avec sagesse sans nous laisser dominer par des désirs personnels en  nous appuyant sur une première vérité selon laquelle la Parole de Dieu ne peut proposer des solutions contradictoires en la matière. Si les drames et les guerres assombrissent notre horizon, si les catastrophes naturelles  et les fléaux de toutes sortes mettent notre vie en danger, ils sont liés au comportement des hommes ou à l’évolution de la planète  et non pas à une décision divine. Quand ils se produisent ils apportent avec eux des souffrances et la mort. Or Dieu s’acharne à lutter contre les premières et à rendre vaine la seconde.

Dans leurs inquiétudes bien compréhensibles les hommes sont portés à croire que les malheurs que qu'ils subissent  sont les signes de la colère de Dieu qui châtierait la terre de tous les péchés dont l’humanité l’accable. C'est pour lutter contre eux que les humains célèbrent des cérémonies expiatoires, organisent des processions, chantent des « dies irae ». Ils espèrent ainsi   apaiser la colère de Dieu qu’ils croient avoir offensé. C’est ainsi qu’ils croient pouvoir  redonner de l’équilibre à la nature déréglée ou conjurer la folie des hommes en colère.

Quand Jésus évoque de tels événements, il nous invite à ne pas être troublés. Il prétend même que ce ne sera pas la fin. Même si les moments difficiles sont  inévitables,  il nous recommande la patience, la vigilance et  la prière.

Le livre de l’Apocalypse que l’on utilise pour accréditer les thèses catastrophiques affirme lui aussi  que ces événements tant redoutés ne seront pas la fin. Seule  la foi en Dieu permet de donner du sens aux événements quand ils deviennent incompréhensibles. Par contre les signes de la fin des temps tels que l’Apocalypse les donne s’achèvent sur l’évocation de la  paix et donnent des signes d’espérance et non pas de violence. La fin est décrite comme une nouvelle création qui fait toute chose nouvelle.

Ce livre présente les événements derniers, comme l’offrande par Dieu d’une Jérusalem entièrement renouvelée. Elle  descend du ciel comme l’ultime présent du Seigneur  à l’humanité réconciliée avec lui. Plus bucolique, le texte du prophète Esaïe que nous recevons aujourd’hui   inaugure une ère de paix sans fin. Quant aux l’Evangiles, il ne s’achève pas sur le récit du  supplice atroce du fils de Dieu cloué sur un poteau de bois, mais sur une invitation  faite à toute la terre de jouir de la résurrection. Ainsi en est-il de la fin des temps où Dieu envisage de recréer toute chose et où nos personnes seront-elles-même recréées pour une durée de vie qui est dite sans fin ou éternelle.

Dieu reste fidèle à sa parole, et  chaque prophète faisant écho aux paroles de  ceux qui étaient avant lui parle du désir de Dieu d’amener tous les peuples à sa connaissance et de provoquer une ère de paix universelle où l’harmonie unirait le ciel et la terre. C’est ainsi que nos entrons dans le temps de l’attente où selon les promesses contenues dans les Ecritures, Dieu nous ouvrira les portes d’un royaume à la tête duquel il a déjà placé un nouveau roi que nous reconnaissons en Jésus Christ. Héritier de David il nous invite à le suivre pour construire avec lui un avenir d’espérance. Chacun de ceux qui accepteront de le suivre devra se parer des vertus de ce souverain évoqué dans le texte  d’Esaïe.

Habité par les vertus de ce roi promis  jadis et  que nous reconnaissons en Jésus, notre esprit est désormais disposé à discerner le chemin que Dieu dessine pour l’humanité en recherche des vérités dernières.  Il récuse à l’avance ces images et ces textes qui parlent de Dieu en le figeant dans les trais du souverain juge qui exercerait le droit au détriment de l’amour. Il sent bien que Dieu ne peut avoir deux visages. Celui du juge sévère et celui du père miséricordieux.

C’est alors que l’esprit de ce roi évoqué  par le prophète se met à la disposition de notre foi pour que nous discernions les critères qui nous permettront d’avancer. Certains  refusant d’exercer leur esprit critique s’entêtent à suivre à la lettre les prophéties de malheur sans aller jusqu’aux conclusions. Ils s’attribuent à eux-mêmes les faveurs de Dieu et réservent les feux de la Géhenne aux autres. Ils s'octroient  à eux seuls le pardon dont ils dénient aux autres les bénéfices, si bien que  Dieu perdrait ses capacités à être Dieu s’il limitait lui-même sa miséricorde  à ces interprétations humaines exemptes de charité.

Les autres lecteurs éclairés par l’esprit qui traverse les Ecritures, ont compris que Dieu voulait sauver tous les hommes. Ils  prennent pour seuls critères ceux auxquels  Jésus  a voulu rester fidèle et ils découvrent  que ces critères sont les mêmes que les vertus attribuées par Esaïe au roi mystérieux décrit par le prophète. Il ne juge pas d’après ce qu’il voit, il ne juge pas d’après ce qu’il entend, son attention est toute tendue vers les faibles et il prend son plaisir dans le service de Dieu.

Nous reconnaissons que les critères sur lesquels Esaïe étayait sa prophétie  sont les mêmes que ceux envisagés sept siècles plus tard par Jésus. N’est-ce pas alors dans cette direction qu’il nous faut tourner les regards avec intelligence ? C’est l’esprit du Seigneur qui nous aide à comprendre ce que dit la Parole de Dieu et nous comprendrons que nous sommes en accord avec elle si nous avons plus envie d’aimer que de haïr,  si nos actions nous poussent à vouloir le mieux-être des hommes, y compris ceux que nous estimons coupables,  si enfin notre louange monte vers le Seigneur parce que son Royaume n’est pas réservé aux seuls justes.

Il ne nous reste plus qu’à œuvrer pour la gloire de Dieu en mettant en accord ce que nous avons reçu de sa Parole avec les actions que nous sommes amenés à faire.


Les images  du Christ en gloire sont issues des tympans des cathédrales de Vézelay, Conques Amiens, Autun, Bourges, Angoulême ( de haut en bas)




Trois ans plus tard je vous propose un autre sermon sur ce même sujet:



Esaïe 11 :1-10


Il est des moments où l’imaginaire se croit complice de Dieu et recrée un monde différent de celui où nous sommes.  Ce faisant, nous nous sentons  complices de la même vision que celle de Dieu. Cette vision des choses telle que le prophète la prête à Dieu nous entraine sur les rives du rêve et non sur celle de la réalité.  Une telle vision est attribuée à Dieu alors qu’elle nous emmène loin des chemins qu’il fréquente.  Il nous faut alors considérer que le prophète emprunte  cette voie pour nous provoquer. Nous y découvrons le monde de demain  tel que nous pourrions l’imaginer  et non pas tel que Dieu voudrait  que nous l’imaginions. Nous serons, en fin de parcours invités à nous dégager de ce futur  qui ressemble plus à celui de la fée Clochette qu’à celui qu’on pourrait  solidement construire en s’ appuyant sur le respect de la morale et sur la logique scientifique des plus qualifiés de nos chercheurs. Mais ni l’un ni l’autre  de ces mondes imaginaires ne ressemble au projet de Dieu.


Dans le premier cas nous pensons que le prophète se fourvoie, qu’il invente un monde du futur impossible à réaliser et sur lequel ce n’est pas Dieu qui règnerait mais une absence de Dieu à l’image du monde  de Walt Dinsney. Dans le deuxième cas, nous  ne pouvons imaginer un futur cohérent  sans prendre leçon  de l’histoire.  Il nous faut alors énumérer tous les échecs  qu’ont connus les sociétés utopiques construites la plupart du temps dans le nouveau monde par des idéalistes fuyant  le Vieux monde à cause de son intolérance  et en réalisant des sociétés encore plus intolérantes. Toutes ont échoué.

Pourquoi, les prophètes de jadis ont-ils mêlés Dieu à nos rêves les plus fous ?  Pourquoi leur imagination a-t-elle  frisé l’invraisemblable ? Ils nous invitent à imaginer un monde  où les carnassiers deviendraient des ruminants et où les enfants irresponsables  pourraient s’adonner aux exercices  les plus  dangereux sans risquer la mort. En fait, dans l’inconscient collectif, ceux qui se plaisent à évoquer de telles images sont des insatisfaits du monde où nous sommes  et voudraient que Dieu partage leur insatisfaction, c’est pourquoi Ils vont même jusqu’à indiquer à Dieu la procédure à suivre, si bien qu’ils deviennent leur propre Dieu en se séparant  de celui qui opère dans le monde du réel. 

Esaïe en proposant cette prophétie, ne parle pas d’avenir. Il nous provoque en imaginant que Dieu pourrait  nous proposer un monde futur aseptisé où nous serions privés de toute initiative. Il serait tellement absent de toute violence qu’il deviendrait  impossible d’y vivre. Le mal n’existerait plus, les injustices non plus. Mais ceux qui préconiseraient  un tel monde  oublient que ce sont eux, les hommes, qui en sont les principaux acteurs et que, avant d’en éradiquer la violence, il faut d’abord enlever celle qui est en eux. En effet, si en voulant  faire des loups ou des ours  des créatures fréquentables, totalement différentes de ce qu’elles sont, on  ferait violence à leur nature en  désirant les  transformer selon nos désirs. Cela consisterait en fait, à les faire périr plutôt qu’à les faire évoluer. On voudrait corriger le monde de sa propre violence en lui faisant violence. Ces quelques boutades nous amènent  à constater que la violence dont nous voudrions éradiquer le monde est d’abord en nous avant de la repérer chez les autres.  On pourrait même dire que c’est parce qu’elle est en nous qu’on la repère d’autant mieux chez les autres.

Quand  les prophètes se plaisent  à décrire un monde improbable qui  correspondrait mieux à la volonté du Dieu  qu’ils imaginent, c’est en fait à l’image de Dieu lui-même qu’ils s’en prennent.  En agissant ainsi, c’est  Dieu qu’ils veulent transformer, et non pas les hommes que nous sommes. Nous l’avons compris, c’est pour nous provoquer qu’ils agissent ainsi   Ils veulent nous aider à affronter  la violence du monde  et la menace de la mort qui rôde autour de nous sans pour autant la nier.

 Cette prophétie, n’est pas la description d’un avenir enchanteur dans lequel Dieu envisagerait de nous voir évoluer en récompense de notre fidélité  et de nos comportements vertueux.  Ce n’est pas la redécouverte d’un paradis perdu qu’il chercherait à restaurer. Le prophète conteste au contraire notre passivité et notre refus de nous impliquer dans la construction d’un avenir meilleur pour le monde. Ce qu’il dénonce, c’est notre refus d’ agir  et notre désir de voir les choses s’accomplir sans que nous n’ayons  rien à  faire, car  si ce monde doit avoir un avenir meilleur, c’est que nous  sommes impliqués personnellement dans son histoire et que c’est avec nous qu’il se construira ou qu’il ne se construira pas.

Nulle part dans les Ecritures, nous voyons la promesse de voir se créer ’une société passive  où tout se passerait sans que les hommes n’aient à intervenir. Leur bonne conduite, leur religiosité, leur vertu et leur morale sont insuffisantes pour dresser les bases de la société de demain. Il faut aux hommes quelque chose d’autre pour que ce projet réussisse. Ce quelque chose d’autre qui nous est nécessaire, c’est  l’esprit de sagesse et d’intelligence, de conseil et de vaillance, un esprit avec lequel le monde sera géré avec justice.  C’est de cela que parle le prophète au tout début de son intervention et c’est la condition  indispensable de la venue d’un monde meilleur.

Bien évidemment ces qualités particulières nous les avons reconnues dans les vertus du Messie attendu, de Jésus Christ en qui nous reconnaissons le rejeton du tronc d’Isaïe.  Il fut tué par les hommes parce qu’il a cherché à  mettre en place, d’une manière efficace toutes  ces vertus décrites ici.  Il a commencé par préconiser la « justice », c'est-à-dire l’équité à l’égard de tous ceux qui sont en manque d’une manière ou d’une autre. Manque de pain et manque d’espérance,  manque  de foi aussi, santé déficiente  et violence de toute sorte subies par eux. Jésus est venu vers eux au nom de Dieu, il a remédié, dans la mesure de ses faibles forces à leurs manques.

Si Jésus en est mort, c’est parce qu’il s’est senti désigné, comme celui que les prophètes annonçaient. Il a mis en pratique ce qu’ils disaient, et il  en est mort, mais il n’aurait pas connu un tel destin,  et il ne serait pas mort s’il avait été suivi par tous ceux qui avaient reconnu qu’il agissait au nom de Dieu. Ils auraient tout mis en œuvre avec lui pour que la justice divine soit appliquée, pour que les pauvres ne soient pas condamnés à le rester et pour que les petits ne désespèrent plus d’être refoulés au plus bas de l’échelle sociale.

Le monde voulu par Dieu n’était donc pas un monde de rêve où tout serait en contradiction avec les règles de la nature, mais un monde nouveau en contradiction avec les règles de la société que les hommes ont établies à leur profit sans jamais avoir consulté Dieu. Jésus a payé de sa personne pour avoir voulu répondre au désir de Dieu de vouloir changer les choses pour évoluer vers ce Royaume  que Jésus appelait de ses vœux.


Allons-nous maintenant laisser son sacrifice sans suite ?  Il est possible de réaliser  le rêve de Dieu si nous nous mettons à l’œuvre dans le sens où Jésus le souhaite. Il souhaite une forme de justice telle qu’elle s’appuie d’abord sur l’amour du prochain. Il n’est pas question de tergiverser  sur le fait de savoir si cet amour est justifié ou mérité, car en vérité, nous savons qu’il n’est jamais vraiment mérité, et Jésus nous demande d’écarter cette question pour entrer dans l’application de sa vérité selon laquelle nous devons être témoins de son amour injustifié et immérité pour tous les hommes, et de le mettre en pratique là où nous sommes.