Actes 10 : 34-38
un autre sermon pour le dimanche 12 janvier 2014
Pour la commodité du lecteur, nous publions la totalité
du récit alors que le texte concernant
le sermon va du verset 34 à 38 que nous avons reproduits en gras
Chapitre 10
Pierre appelé chez Corneille
1 Il y avait à Césarée un homme
appelé Corneille, qui était capitaine dans un bataillon romain dit
« bataillon italien ». 2 Cet homme était pieux et, avec toute sa
famille, il participait au culte rendu à Dieu. Il accordait une aide généreuse
aux pauvres du peuple juif et priait Dieu régulièrement. 3 Un après-midi, vers
trois heures, il eut une vision : il vit distinctement un ange de Dieu
entrer chez lui et lui dire : « Corneille ! » 4 Il regarda
l'ange avec frayeur et lui dit : « Qu'y a-t-il,
Seigneur ? » L'ange lui répondit : « Dieu a prêté attention
à tes prières et à l'aide que tu as apportée aux pauvres, et il ne t'oublie
pas. 5 Maintenant donc, envoie des hommes à Jaffa pour en faire venir un
certain Simon, surnommé Pierre. 6 Il loge chez un ouvrier sur cuir nommé Simon,
dont la maison est au bord de la mer. » 7 Quand l'ange qui venait de lui
parler fut parti, Corneille appela deux de ses serviteurs et l'un des soldats
attachés à son service, qui était un homme pieux. 8 Il leur raconta tout ce qui
s'était passé, puis les envoya à Jaffa.
9 Le lendemain, tandis qu'ils
étaient en route et approchaient de Jaffa, Pierre monta sur le toit en terrasse
de la maison, vers midi, pour prier. 10 Il eut faim et voulut manger. Pendant
qu'on lui préparait un repas, il eut une vision. 11 Il vit le ciel ouvert et
quelque chose qui en descendait : une sorte de grande nappe, tenue aux
quatre coins, qui s'abaissait à terre. 12 Et dedans il y avait toutes sortes
d'animaux quadrupèdes et de reptiles, et toutes sortes d'oiseaux. 13 Une voix
lui dit : « Debout, Pierre, tue et mange ! » 14 Mais Pierre
répondit : « Oh non ! Seigneur, car je n'ai jamais rien mangé
d'interdit ni d'impur. » 15 La voix se fit de nouveau entendre et lui
dit : « Ne considère pas comme impur ce que Dieu a déclaré
pur. » 16 Cela arriva trois fois, et aussitôt après, l'objet fut remonté
dans le ciel.
17 Pierre se demandait quel pouvait
être le sens de la vision qu'il avait eue. Or, pendant ce temps, les hommes
envoyés par Corneille s'étaient renseignés pour savoir où était la maison de
Simon et ils se trouvaient maintenant devant l'entrée. 18 Ils appelèrent et
demandèrent : « Est-ce ici que loge Simon, surnommé
Pierre ? » 19 Pierre était encore en train de réfléchir au sujet de
la vision quand l'Esprit lui dit : « Écoute, il y a ici trois hommes
qui te cherchent. 20 Debout, descends et pars avec eux sans hésiter, car c'est
moi qui les ai envoyés. » 21 Pierre descendit alors auprès de ces hommes
et leur dit : « Je suis celui que vous cherchez. Pourquoi êtes-vous
venus ? » 22 Ils répondirent : « Nous venons de la part du
capitaine Corneille. C'est un homme droit, qui adore Dieu et que tous les Juifs
estiment. Un ange de Dieu lui a recommandé de te faire venir chez lui pour
écouter ce que tu as à lui dire. » 23 Pierre les fit entrer et les logea
pour la nuit. Le lendemain, il se mit en route avec eux. Quelques-uns des
frères de Jaffa l'accompagnèrent.
24 Le jour suivant, il arriva à Césarée.
Corneille les y attendait avec des membres de sa parenté et des amis intimes
qu'il avait invités. 25 Au moment où Pierre allait entrer, Corneille vint à sa
rencontre et se courba jusqu'à terre devant lui pour le saluer avec grand
respect. 26 Mais Pierre le releva en lui disant : « Lève-toi, car je
ne suis qu'un homme, moi aussi. » 27
Puis, tout en continuant à parler avec Corneille, il entra dans la
maison où il trouva de nombreuses personnes réunies. 28 Il leur dit :
« Vous savez qu'un Juif n'est pas autorisé par sa religion à fréquenter un
étranger ou à entrer dans sa maison. Mais Dieu m'a montré que je ne devais
considérer personne comme impur ou indigne d'être fréquenté. 29 C'est pourquoi,
quand vous m'avez appelé, je suis venu sans faire d'objection. J'aimerais donc
savoir pourquoi vous m'avez fait venir. » 30 Corneille répondit :
« Il y a trois jours, à la même heure, à trois heures de l'après-midi, je
priais chez moi. Tout à coup, un homme aux vêtements resplendissants se trouva
devant moi 31 et me dit : “Corneille, Dieu a entendu ta prière et n'oublie
pas l'aide que tu as apportée aux pauvres. 32 Envoie donc des hommes à Jaffa
pour en faire venir Simon, surnommé Pierre. Il loge dans la maison de Simon, un
ouvrier sur cuir qui habite au bord de la mer.” 33 J'ai immédiatement envoyé
des gens te chercher et tu as bien voulu venir. Maintenant, nous sommes tous ici
devant Dieu pour écouter tout ce que le Seigneur t'a chargé de dire. »
Le discours de Pierre chez Corneille
34 Pierre prit alors la parole et dit :
« Maintenant, je comprends vraiment que Dieu n'avantage personne : 35
tout être humain, quelle que soit sa nationalité, qui le respecte et fait ce
qui est juste, lui est agréable. 36 Il a envoyé son message au peuple d'Israël,
la Bonne Nouvelle de la paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous les
hommes. 37 Vous savez ce qui est arrivé d'abord en Galilée, puis dans toute la
Judée, après que Jean a prêché et baptisé. 38 Vous savez comment Dieu a répandu
la puissance du Saint-Esprit sur Jésus de Nazareth. Vous savez aussi comment
Jésus a parcouru le pays en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui
étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui.
39 Et nous, nous sommes témoins de tout ce
qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. On l'a fait mourir en le
clouant sur la croix. 40 Mais Dieu lui a rendu la vie le troisième jour ;
il lui a donné d'apparaître, 41 non à tout le peuple, mais à nous que Dieu a
choisis d'avance comme témoins. Nous avons mangé et bu avec lui après que Dieu
l'a relevé d'entre les morts. 42 Il nous a commandé de prêcher au peuple et
d'attester qu'il est celui que Dieu a établi pour juger les vivants et les
morts. 43
43Tous les prophètes ont parlé de lui, en disant que quiconque croit en
lui reçoit le pardon de ses péchés par le pouvoir de son nom. »
Des non-Juifs reçoivent le
Saint-Esprit
44 Pendant que Pierre parlait encore,
le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient son discours.
Notre regard se porte en arrière, sur l’année
à peine écoulée. C’est avant tout, les moments heureux que nous retiendrons, mais pas seulement. Nous nous
efforcerons d’y découvrir la trace de Dieu dans les différents moments de notre existence passée. Nous n’avons pas
forcément discerné sa présence au moment
où se produisaient les événements, mais maintenant il nous est donné de faire
le point sur ce qui a eu lieu, et pour être honnêtes avec nous-mêmes nous nous
devons de réaliser que l’esprit de Dieu a soufflé sur nous, peut-être à notre
insu.
Nous n’oublierons pas non plus les événements
douloureux qui nous ont fait souffrir et qui ont attristé notre âme. Dans ces
événements aussi, nous n’omettrons pas
de repérer que le souffle de l’esprit divin ne nous a pas fait défaut.
Forts de ces réflexions, tournons-nous vers
le futur pour y faire le même constat, car nous savons que l’esprit de Dieu y
travaille déjà. Dieu travaille ainsi en nous pour que cette année qui vient
soit heureuse. Et elle le sera, car l’Esprit de Dieu qui a travaillé en nous
pour que nous franchissions les étapes du passé, travaille déjà en nous pour
que nous réalisions sous son inspirations les diverses étapes du futur. L’année
qui vient sera donc riche de tout ce que
nous y apporterons. Les événements qui se réaliseront demain trouvent déjà leur origine et leur source
d’inspiration dans l’esprit qui déjà habite en nous.
Ces quelques réflexions vont nous aider à comprendre ce passage du livre des Actes
proposé pour ce jour car le Saint Esprit y
joue un grand rôle. Il y prend même la première place. Il se présente à
nous à la manière d’un conte de Noël, c’est pourquoi il nous faut lire tout le
texte et non pas seulement les quelques versets choisis pour aujourd’hui. Ce
passage commence par le récit d’un événement qui se produit dans la
maison d’un officier romain tout proche de se convertir. Il reçoit la visite
d’un ange qui lui donne l’adresse de Pierre afin de l’aider à s’affermir dans la foi. Il l’envoie chercher. Pierre, quant à lui est mystérieusement
averti et accepte d’accompagner ceux qui lui sont envoyés. Arrivé chez son
hôte, Pierre commence à s’entretenir avec lui.
Nous pourrions largement commenter ce texte
en constatant qu’il a certainement été recomposé par l’auteur afin de démontrer
à ceux qui le liront que les païens sont au même bénéfice des merveilles de
Dieu que les juifs. Tous sont appelés à
rejoindre les disciples de Jésus
indépendamment de leurs origines.
On pourrait dire aussi qu’à la manière des historiens de l’antiquité, Luc a écrit le
discours de Pierre pour la circonstance. Nous aurions sans doute raison. Mais
ce qu’il est important de souligner, c’est la place que tient le saint Esprit
dans le discours de Pierre.
Il ne cherche pas à frapper l’opinion par le
récit des merveilles opérées par Jésus tout au long de son existence et il ne fait pas état de la puissance de Dieu pour
capter l’attention de son public. Il y viendra après, avec beaucoup de
discrétion et de réserve. Ce sur quoi, il insiste, c’est sur l’action du Saint
Esprit que Dieu a fait descendre sur Jésus lors de son baptême et qui va
décider de la suite de son ministère. C’est d’abord l’esprit qui l’accrédite
auprès des hommes comme porteur et révélateur de la présence de Dieu dans son
œuvre. Ce n’est ni Jésus lui-même, ni Dieu qui valorise Jésus, mais c’est
l’Esprit qui descend sur lui et qui donne du sens aux événements qui se produiront
par la suite. C’est donc l’esprit qui
joue un rôle premier dans notre relation à Dieu
Ainsi, alors que les jours suivent leur
cours, alors que les hommes vaquent à leurs occupations, alors que Dieu
lui-même semble être ailleurs ou absent, c’est le saint Esprit qui commence à
accomplir son œuvre sans que personne ne puisse encore pressentir sa présence.
Les hommes seraient-ils habités par l’Esprit
sans qu’ils le sachent ? Un esprit qui n’est pas le leur agirait-il en eux
jusqu’au jour où s’éveillant à la réalité de Dieu, ils découvrent que depuis
toujours, ils sont préparés à cette rencontre ? L’Esprit agirait-il en
nous comme un ambassadeur de Dieu qui s’installerait en nous sans dire son
nom ? Ces questions auxquelles certains d’entre nous ont déjà les
réponses, serviront sans doute à
accompagner la réflexion des autres quand ils s’interrogeront sur Dieu et sur la relation qui s’établit entre
lui et eux. Dès que l’un d’entre nous découvre la réalité de Dieu c’est que
l’esprit agissait en lui depuis longtemps. Il agissait secrètement jusqu’à ce qu’un événement provoque son
propre esprit et qu’il découvre Dieu.
Si l’esprit divin travaille en nous sans que
nous le sachions, qu’en est-il alors de notre liberté personnelle ? C’est
la grande question du moment. L’homme que nous sommes se croit libre de croire
ou de ne pas croire et d’orienter sa vie comme il l’entend. Il veut être libre d’avoir ses propres opinions politiques, il revendique cette même liberté sur le plan
éthique et il pense aussi que la même chose
est possible sur le plan religieux. C’est ainsi qu’il aimerait construire sa
religion à sa guise. Il accepterait volontiers l’enseignement de l’Evangile de
Jésus Christ mais contesterait le rôle
que Dieu pourrait avoir dans son élaboration. L’idée même que Dieu aurait pu
prendre ses quartiers en son esprit sans qu’il le sache lui paraît en complet désaccord avec l’esprit
de liberté qui souffle sur nos sociétés occidentales.
En réagissant ainsi, il oublie qu’il est le
produit d’une longue série d’événements qui prennent leurs racines dans la préhistoire
et qui l’ont marqué des traces que ses ancêtres ont laissé en lui. L’Esprit de Dieu pourrait-il faire, lui aussi
partie de toutes ces traces secrètement
ancrées en lui, qui détermineraient aujourd’hui ses choix ? Nul ne le sait
vraiment, mais ce que l’on sait, c’est que depuis toujours on a repéré, dès les
origines de l’homme des traces de spiritualité, qui pourraient bien être
héréditaires en lui. L’Esprit qui serait en nous depuis bien longtemps nous
invite sans doute, à rejoindre les idées porteuses d’avenir qui se sont
manifestées en nous par l’action de
Jésus.
L’esprit qui plonge ses racines au plus
profond de notre histoire personnelle fait croître en nous des sentiments qui
semblent contraires à nos comportements naturels. Alors que nous cherchons à
tout ramener à nous-mêmes pour satisfaire nos pulsions égoïstes, nous
découvrons que nous sommes habités par des désirs qui nous poussent vers les
autres, que nous nous mettons à aimer sans raison ou à aider sans aucun
intérêt. Serait-ce la trace de ce Dieu que Jésus décrit comme le « Tout amour » dont il sera l’émanation ?
Ce sermon a ouvert devant nous beaucoup de questions qui reposent sur la certitude que Dieu a besoin des hommes pour
conduire le monde dans une direction qu’il a déterminée à l’avance et dont le sens repose en nous depuis nos
origines. C’est ainsi que Dieu a mis son empreinte en nous au moyen de son
esprit qui crée en nous une attirance vers Dieu. L’esprit tourne alors nos yeux
en direction de Jésus Christ qui nous
révèle Dieu non seulement comme
son père et notre père, mais aussi comme celui qui seul peut donner du sens à
notre existence. Notre vie trouve son accomplissement en lui et nous ouvre à
l’espérance dont le dont le fondement se trouve dans la résurrection.
La création par Marc Chagall