lundi 25 juillet 2016

Luc 12:49-53 Voir l'avenir sans être hypocrite Dimanche 14 août 2016



- Reprise du même sermon du dimanche 18 août 2013

49 Je suis venu mettre un feu sur la terre ; comme je voudrais qu'il soit déjà allumé ! 50 J'ai un baptême à recevoir ; comme cela me pèse d'ici qu'il soit accompli ! 

51 Pensez-vous que je sois venu donner la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. 52 Car désormais cinq dans une maison seront divisés, trois contre deux et deux contre trois ; 53 père contre fils et fils contre père, mère contre fille et fille contre mère, belle-mère contre belle-fille et belle-fille contre belle-mère. 
54 Il disait encore aux foules : Quand vous voyez un nuage se lever à l'ouest, vous dites aussitôt : « La pluie vient. » Et cela arrive. 55 Et quand c'est le vent du sud qui souffle, vous dites : « Il va faire chaud. » Et cela arrive. 56 Hypocrites, vous savez apprécier l'aspect de la terre et du ciel ; comment pouvez-vous ne pas savoir apprécier ce temps-ci ?

57 Et pourquoi ne jugez-vous pas par vous-mêmes de ce qui est juste ? 58 Lorsque tu vas avec ton adversaire devant un chef, tâche en chemin de te dégager de lui, de peur qu'il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l'huissier, et que l'huissier ne te fasse mettre en prison. 59 Je te le dis, tu n'en sortiras pas que tu n'aies payé jusqu'au dernier lepte.

(Pour ma part, je trouve plus de cohérence à ce texte si on le prolonge jusqu'au verset 59 plutôt que de le couper au verset 53 comme dans la liste de lectures proposées)

Quand les idées sont bonnes et pourraient donner naissance à l’espérance, elles sont rapidement combattues par de solides adversaires qui s’opposent à elles. Ils cherchent à les tourner en dérision et tentent  par tous les moyens à les ridiculiser. Ce fut en particulier  le sort qu’a connu  l’évangile de Jésus-Christ, qui à peine formulé s’est trouvé en but à la vindicte de nombreux  opposants qui n’ont eu de cesse que de provoquer la mort du maître. Ce phénomène se produit chaque fois que des idées nouvelles et généreuses sont formulées. Bien entendu, nous allons essayer de le comprendre.

Jésus, quant à lui, en  fut bien conscient. Il a  même prophétisé que si la nouveauté qu’il était en train d’enseigner avait quelques chances de porter des fruits elle susciterait en même temps des tensions chez les hommes qui la partageraient et provoqueraient des mouvements d’hostilité à leur égard. Leurs propres familles se diviseraient même à son sujet. Quand on sait ce qui s’en suivit, on aurait pu se demander si le jeu en valait la chandelle. Pourquoi a-t-il fallu que tant de haine et de dissensions se répandent  avant que l’évangile ne soit accepté ? On peut même se demander s’il a vraiment été accepté puisque les idées de respect réciproque, de tolérance et d’amour qu’il véhicule n’ont toujours pas triomphé.

Les chrétiens, pour ne  parler que de leur histoire, n’ont jamais cessé de se faire la guerre et de s’opposer entre eux.  Mais le phénomène ne concerne pas seulement le christianisme, il est partagé par bien d’autres religions.  Pourquoi donc les religions sont-elles à l’origine de tant de rivalités entre les hommes et apportent-elles tant de violence dans le monde alors que la plupart d’entre elles se réfèrent à un Dieu bienveillant qui propose aux hommes de vivre dans l’harmonie la concorde et la paix ?  La doctrine de la plupart des religions propose à l’humanité un projet de paix universelle et de tolérance entre les peuples. C’est à n’y rien comprendre.

Alors que ses discours avaient du succès, Jésus voyait  poindre l’orage à l’horizon. Il prophétisa alors   sa venue et parla des dégâts qui s’en suivront. Il voyait déjà les familles se diviser  au sujet de ses idées et leurs  membres se dresser les uns contre les autres. Plus loin Jésus a clairement  décrit l’ampleur que prendra  le phénomène  ainsi que les persécutions que connaîtront ses amis. On verra même les nations se dresser les unes contre les autres à cause de l’évangile.

En annonçant ainsi  ce qui va se passer, Jésus ouvre les hostilités en rendant les hommes responsables du phénomène. Il les accuse d’hypocrisie, car ils ne savent pas appliquer aux réalités spirituelles les comportements qu’ils sont capables de manifester par rapport aux simples prédictions météorologiques auxquels ils ne cessent de recourir.  Qu’un nuage apparaisse dans un coin du ciel, qu’un souffle de vent s’élève soudainement, et chacun   sait parfaitement  dire ce qui va se passer et en tirer les conséquences. Ce sera la pluie, l’orage ou la tempête. Les hommes exercent alors leur science pour s’en prémunir et protéger leurs récoltes et leurs biens.

Alors que l’on sait réagir au mieux quand le tonnerre gronde dans le ciel, pourquoi n’applique-t-on pas la même méthode quand les foules  font retentir le tonnerre que provoque leur indignation  quand elles descendent dans les rues et réclament une autre forme de justice,  revendiquent le  droit d’avoir des idées qui n’ont   pas cours dans ce lieu  ou tout simplement l’égalité et le pain quotidien ? Pourquoi ceux qui réclament une vérité au nom de Dieu se voient-ils opposer une autre vérité qui se réclame elle-aussi du même Dieu ? Pourquoi Dieu lui-même reste-t-il enfermé dans son ciel sans départager les adversaires ? Il n’envoie pas non plus son feu du ciel sur personne.   Ce sont les hommes qui s’en chargent  à leur guise et en son nom.

La parole de Jésus se fait alors incisive. Hypocrites !  Chacun dans son camp se réclame d’une justice ou d’une philosophie qu’il a érigée au rang de parole de Dieu. Le nom de Dieu n’est pas toujours prononcé, mais on a élaboré des principes qui en tiennent lieu et  à cause des quels on se bat. « Si Dieu existe qu’il agisse disent les uns » et les autres de répondre : « on n’a pas besoin de lui, car notre Dieu, c’est notre bon droit »

Jésus face à la tourmente n’a qu’une parole à opposer aux hommes qui se battent pour leurs principes : hypocrites ! Il ne désigne pas plus un camp qu’un autre. Il désigne un état de fait. Dans tous les conflits, les hommes cherchent leur intérêt personnel, qu’il soit justifié ou pas. Ce qui rend leur attitude hypocrite, c’est  qu’ils sont capables de se mettre d’accord à propos des prévisions météorologiques et qu’ils ne le sont pas à propos des orientations qu’ils doivent donner à leur vie.

En fait, pour ce qui concerne la météo,   il s’agit du même intérêt pour tous, si bien qu’ils orientent  leurs actions dans le même sens. Il s’agit de protéger leurs champs, leurs maisons, leurs biens, leurs familles. Tous sont d’accord sur la manière de réagir

Par contre quand les intérêts sont divergents, c’est alors que le ciel s’embrase. Chacun sacralise sa cause en opposant des principes qui ne s’accordent pas entre eux. On est plutôt enclin à prendre fait et cause pour le plus démuni qui revendique son bon  droit contre le plus nanti qui le lui refuse.  Mais pour comprendre le phénomène il faut aller  plus loin, car chacun en sacralisant sa cause y a impliqué Dieu ou ce qui  prend pour lui la place de Dieu.

C’est là maintenant qu’il faut chercher ce qu’il y a derrière le mot hypocrite  que Jésus a prononcé et qui se trouve tout au centre de ce récit, c’est dire l’intérêt que le texte lui porte.
En fait, tout a déjà été dit au sujet de Dieu car l’Évangile insiste en tout premier lieu sur le respect absolu que l’on doit avoir pour l’autre et  contre lequel nul ne doit exercer aucune violence.  Il réclame au contraire douceur et abnégation. Dieu n’a rien d’autre à ajouter.

Ce principe existe non seulement dans l’évangile mais il existe aussi dans la plupart des grands courants spirituels. On l’a même inscrit  en d’autres termes dans la Déclaration des Droits de l’Homme.

Tant que les hommes n’auront pas compris cela, ils ne s’en sortiront pas dit Jésus car ils  devront commencer par appliquer ce principe universellement reconnu. De tout temps les hommes ont voulu l’ignorer et les croyants qui ne le pratiquent pas trahissent l’évangile quelles que soient les bonnes raisons qu’ils utilisent pour se justifier

Les contemporains de Jésus, dont l’univers étaient limité au bassin de la Méditerranée ne le savaient pas, mais  ce principe était reconnu ailleurs par d’autres courants religieux que le leur. Tout se passe comme si, avant que les textes des grandes religions aient été écrits Dieu avait déjà établi ce principe et lui avait donné une portée universelle.

Il est donc hypocrite de s’opposer les uns aux autres par la violence, car Dieu a fait comprendre au monde  qu’il n’avait rien à voir avec  la violence que nous pratiquons pour régler nos conflits avec les autres. Les hommes n’hésitent  cependant  pas  à l’y impliquer  pour masquer leur incapacité à dépasser les situations conflictuelles  dans lesquelles ils se sont engagés.

Mais déjà des voix  s’élèvent pour contester ce qui vient d’être dit et accuser leur auteur de trahison car son propos sous-entendrait que toutes les religions se valent et que le message de Jésus n’est pas distinct de celui des autres religions. Voilà que la discorde est en train  de naître et que la violence  pointe à nouveau son nez. Pourtant il est clair que le principe de base énoncé par Jésus était déjà dans la Loi de Moïse et a pris place dans le message de bien d’autres penseurs que lui. Il se trouve donc que  ce principe est  revêtu d’une valeur universelle.

Ceci étant énoncé, il appartient à chacun de développer les critères de sa propre foi  à l’école du penseur qui lui parle le mieux, mais le  principe commun à tous est celui du respect absolu du prochain. Jésus en a fait son Évangile et l’a enseigné comme étant la volonté première de Dieu. Beaucoup d’autres religions se réclament de la même vérité. Allons-nous nous battre les uns contre les autres à cause de ça ?

Le Christ  bénissant le monde: Tympan de Eglise de Beaulieu sur Dordogne

lundi 18 juillet 2016

Luc 12:32-42 N'aie pas peur petit troupeau dimanche 7 août 2016



Luc 12 :32-48

32 N'aie pas peur, petit troupeau ; car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume.
Un trésor dans les cieux

33 Vendez vos biens et donnez-les par des actes de compassion. Faites-vous des bourses qui ne s'usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où aucun voleur n'approche et où aucune mite ne ronge. 34 Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.
Paraboles sur la vigilance

35 Tenez-vous prêts, la ceinture aux reins et les lampes allumées. 36 Vous aussi, soyez semblables à ces hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin de lui ouvrir sitôt qu'il arrivera et frappera. 37 Heureux ces esclaves que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller ! Amen, je vous le dis, il se mettra à son tour en tenue de travail, il les installera à table et il viendra les servir. 38 Qu'il arrive à la deuxième ou à la troisième veille, s'il les trouve ainsi, heureux sont-ils !
39 Sachez-le bien, si le maître de maison savait à quelle heure le voleur doit venir, il ne laisserait pas fracturer sa maison. 40 Vous aussi, soyez prêts, car le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous ne pensez pas. 


41 Pierre lui dit : Seigneur, est-ce à nous que tu adresses cette parabole, ou aussi à tous ? 42 Le Seigneur dit : Quel est donc l'intendant avisé et digne de confiance que le maître nommera responsable de ses gens, pour leur donner leur ration de blé en temps voulu ? 43 Heureux cet esclave, celui que son maître, à son arrivée, trouvera occupé de la sorte ! 44 En vérité, je vous le dis, il le nommera responsable de tous ses biens. 45 Mais si cet esclave se dit : « Mon maître tarde à venir », qu'il se mette à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s'enivrer, 46 le maître de cet esclave viendra le jour où il ne s'y attend pas et à l'heure qu'il ne connaît pas, il le mettra en pièces et lui fera partager le sort des infidèles. 

47 L'esclave qui aura connu la volonté de son maître, mais qui n'aura rien préparé ni fait en vue de cette volonté sera battu d'un grand nombre de coups. 48 En revanche, celui qui ne l'aura pas connue et aura fait des choses qui méritent un châtiment ne sera battu que de peu de coups. A quiconque il a été beaucoup donné, il sera beaucoup demandé ; de celui à qui on a beaucoup confié, on exigera davantage.


L’idée selon laquelle l’homme serait seul dans le monde face au hasard des événements n’est pas nouvelle. Depuis bien longtemps elle a  fait partie des questions qui interpellent l’humanité en quête de réponse  aux questions posées par   l’évolution  déconcertante du monde. C’est ce que pensent  beaucoup d’incroyants qui  estiment marquer des points en oppositions aux croyants qui ne semblent pas avoir de réponses convaincantes.  On  prétend que l’approche du monde  par les croyants de jadis est devenue obsolète et que les défis auxquels ils étaient confrontés ne trouvaient pas de réponse en Dieu malgré leurs vaines  prières. Aujourd’hui ce genre de problèmes semble dépassé  et ces mêmes défis n’espèrent plus trouver de solution   que dans la sagesse humaine. C’est la science que l’on croit seule capable de solutionner les épidémies et on ne croit plus que Dieu puisse nourrir les affamés en envoyant une manne céleste.

Dans tous les domaines, les penseurs contemporains estiment que seul l’homme pourra apporter des  réponses cohérentes aux problèmes qui aujourd’hui restent encore sans réponse. C’est ce à quoi s’attachent les penseurs du transhumanisme, par exemple qui vont même jusqu’à  envisager de prolonger la durée de la vie humaine au-delà des limites du raisonnable. Si sur le plan technique, on peut les suivre dans cette utopie, aucune réponse humaine cependant ne donne de solutions  pour s’opposer à la folie des hommes quand elle se déchaîne et menace de mener le monde à sa ruine.

Ces idées selon lesquelles les hommes seraient seuls, confrontés à leur destin ne sont pas nouvelles et ne viennent pas du monde des incroyants. Depuis le haut Moyen Age les théologiens juifs de la kabbale ont  émis l’hypothèse selon laquelle Dieu  depuis la création se serait retiré du monde pour laisser aux  hommes le soin de le gérer.  Cette idée plus récemment a été reprise pas Spinoza et aujourd’hui par d’autres encore.

En lisant le passage de ce jour avec attention il semblerait que Jésus lui-même ouvre la voie à cette idée qu’il traite en forme de parabole. Il imagine le maître d’un domaine derrière lequel on pourrait voir se profiler le visage de Dieu, qui partirait en voyage, laissant ses serviteurs maîtres des lieux et responsables de la bonne marche de ses affaires. Il n’est pas très difficile d’y voir la réalité de notre monde. Si les serviteurs ont la liberté de faire ce qu’ils veulent, ils ont cependant reçu des consignes pour gérer correctement le domaine afin  que les choses se passent bien en l’absence du maître. Si la maison  doit être bien éclairée, c’est pour qu’aucun coin ne soit laissé dans l’ombre et qu’aucun espace ne soit négligé. Chacun devra être en vêtement de travail et devra mettre ses mains dans le cambouis pour que les moteurs bien huilés tournent normalement.

Libre à chacun maintenant de faire ce qui lui plait. Chacun peut suivre les consignes et faire ce à quoi le maître s’attend. Chacun peut s’approprier les clés du domaine et en prendre à son aise, il peut piller à son profit les réserves, opprimer et exploiter ceux qui ont la malchance d’avoir été placés sous ses ordres. Il nous suffira d’un faible effort de transposition pour imaginer notre monde dans lequel   les règles les plus fondamentales du vivre ensemble sont souvent bafouées

Jésus dans cette histoire prévoit un retour du maître et une reprise par lui des affaires de son domaine, les mauvais serviteurs seront punis et les  bons seront récompensés. Il faut bien que la morale soit sauve ! Mais réflexion faite, ce retour du maître  fait partie des suppléments  dont on n’a pas forcément besoin pour comprendre le texte. Il suffit d’imaginer que si ceux qui exploitent le domaine à leur profit continuent à le faire d’une manière injuste, tout cela finira par s’effondrer.  A force de casser la baraque, elle finira bien par s’écrouler, même si cela prend du temps. Est-ce là que nous en sommes ?

Mais Jésus n’est pas fou, il ne raconte pas  cette histoire pour laisser  les lecteurs gamberger. Jésus nous parle bien ici de la manière dont le monde doit être géré.  Dieu en créant les hommes en a  fait des êtres responsables et leur a donné des règles pour y vivre.  Ils  peuvent faire des erreurs, ils peuvent même être mauvais et commettre des abus, mais ils ne sont pas tous ainsi et si Dieu leur a donné des règles, c ’est d’une part pour les respecter et pour les retrouver en cas de dérapage. Mais quelles sont ces règles ? Elles ont été données dans les premières phrases du récit dans des paroles rassurantes : « n’ayez pas peur ».   Il s’agit de ne pas avoir peur de gérer ce monde qui nous est confié car le succès de l’entreprise est déjà acquis.  Jésus qui nous parle au nom de Dieu nous garantit que nous sommes capables de mener à bien  la gestion du monde qui nous est confié, le succès de l’entreprise est déjà inscrit dans le programme : «  n’aie pas peur petit troupeau car il a plu à mon Père de vous donner le Royaume. »

Si donc Dieu a pris  ses distances par rapport à la gestion du monde, il ne nous a pas laissé sans la possibilité d’agir, il a mis en nous cette certitude que si nous respectons ses consignes tout se passera bien et les choses iront dans le bon sens.  Nous devons donc faire confiance à Dieu en sachant qu’il a fait les bons choix, en donnant priorité au commandement d'amour qui consiste à aimer son prochain, c'est à dire les autres, tous les autres

Bien évidemment, il ne relève pas de notre compétence d’empêcher ceux qui n’agissent pas comme il le faudrait d’en faire tout à leur guise, mais il est de notre responsabilité de témoigner par notre attitude  qu’ils ne suivent pas la bonne voie et ainsi de les pousser à se convertir à une autre manière de voir les choses. J’entends déjà les sceptiques qui doutent du succès d’une  telle attitude et qui pensent que tout va mal en regardant évoluer notre société.  Mais, en fait, nous ne sommes pas vraiment des auteurs d’un tel défi. Nous sommes les témoins, nous sommes de simples agents du Saint Esprit. Nous lui ouvrons simplement la voie pour que son souffle puisse agir. Il pourra le faire si nous agissons de telle sorte   que la fraternité, le partage et l’espérance deviennent  lentement les signes d’un changement d’attitude possible de beaucoup d’humains. C’est ce que Jésus nous demande de faire quand il nous demande de veiller.

La demande de Jésus contient deux injonctions. La première relève de la confiance en Dieu. Dieu  n’est pas irresponsable au point d’avoir laissé le monde se débrouiller  tout seul  sans lui donner la chance de réussir, et la deuxième consiste à être assez conscients de la responsabilité que Dieu nous donne à chacun et de la confiance qu’il nous fait pour que ça marche !

Gens de peu de foi que nous sommes ! Avons-nous réalisés que nous regardons évoluer le monde par le mauvais côté de la lorgnette. Nous sommes attentifs à ce qui ne marche pas, nous regardons ce qui ne va pas en nous lamentant et en disant que Dieu nous abandonne. Nous disons même, sans  aucun moyen de comparaison, que les choses s'aggravent,  alors que le devoir de vigilance que Dieu nous a donné nous demande de voir les choses autrement.

Que nos yeux regardent d’abord les gens qui s’aiment, qui s’entraident au lieu de regarder ceux qui exploitent les uns  et abaissent les autres, voyons les associations qui se mobilisent au profit des plus modestes et non ceux qui les humilient, découvrons chaque jour ce qui se fait de beau et de généreux et le monde changera de visage.  L’instrument principal qui nous est demandé d’utiliser pour  rester vigilants  avec optimisme, c’est la prière. C’est la dernière demande de Jésus. Par la prière nous restons en contact permanent  avec Dieu qui est dans le futur en devenir et qui  a prévu que les choses devaient évoluer dans le sens du mieux être des humains. La prière nous fait toujours prendre un pas d’avance sur nos contemporains, puisqu’elle nous met déjà en contact avec ce monde meilleur que Dieu a créé pour que par nos actions nous entraînions tous les hommes   à nous y suivre.

«  N’aie donc pas peur petit troupeau puisqu’il a plu à notre Père de nous donner le Royaume. »

 illustration: tableau de Chagall.

dimanche 17 juillet 2016

Luc 12: 13-21 Le riche insensé, - dimnche 31 août 2016




Reprise du dimanche 1 août 2010


Le riche insensé.

13 Quelqu'un de la foule lui dit : Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. 14 Il lui répondit : Qui a fait de moi votre juge ou votre arbitre ? 15 Puis il leur dit : Veillez à vous garder de toute avidité ; car même dans l'abondance, la vie d'un homme ne dépend pas de ses biens. 16 Il leur dit une parabole : La terre d'un homme riche avait beaucoup rapporté. 17 Il raisonnait, se disant : Que vais-je faire ? car je n'ai pas assez de place pour recueillir mes récoltes. 18 Voici, dit-il, ce que je vais faire : je vais démolir mes granges, j'en construirai de plus grandes, j'y recueillerai tout mon blé et mes biens, 19 et alors je pourrai me dire : « Tu as beaucoup de biens en réserve, pour de nombreuses années
; repose-toi, mange, bois et fais la fête. » 20 Mais Dieu lui dit : Homme déraisonnable, cette nuit même ton âme te sera redemandée ! Et ce que tu as préparé, à qui cela ira-t-il ? 21 Ainsi en est-il de celui qui amasse des trésors pour lui-même et qui n'est pas riche pour Dieu.


La vie dans l’au-delà ne passionne pas généralement le lecteur de l’Évangile. En effet, les Ecritures n’entrouvrent qu’une porte mystérieuse sur un monde qui n’appartient qu’à Dieu. Dieu nous invitera à l’y rejoindre en temps voulu après avoir prononcé à notre égard un jugement que nous espérons favorable. C’est grâce à l’affirmation selon laquelle nous sommes sauvés par grâce que les réformateurs nous ont permis de regarder l’avenir avec optimisme.

Cette histoire du riche insensé nous invite à porter un regard particulier sur nous-mêmes en insistant sur la valeur de notre responsabilité personnelle dans la gestion des affaires des hommes. Nous devons nous regarder sans complaisance, car nous sommes les mieux placés pour savoir comment nous avons répondu aux sollicitations de la vie et comment nous avons mis celle des autres en valeur. Ainsi allons-nous sans doute aller à contre sens des valeurs établies.
Ceci étant dit, je vous invite à partager le rêve que nous avons en commun avec le personnage central de cette parabole : celui de devenir riche. Qui n’a pas rêvé de se trouver riche soit par les hasards de l’histoire, soit par ceux de la naissance ? L’argent a un pouvoir fascinant sur les humains puisque sa recherche joue un rôle considérable dans le choix de carrière que nous faisons pour nous-mêmes ou pour nos enfants. Nous espérons avoir assez d’argent pour ne manquer de rien, et de ne pas en avoir trop pour ne pas en devenir dépendant ! Mais c’est un leurre ! Nous le savons bien, car l’argent appelle l’argent.
Les affaires financières que l’actualité étale sous nos yeux ne font qu’apporter de l’eau à notre moulin si bien que nous envions ceux qui ont beaucoup d’argent et nous méprisons ceux qui trichent. Pourtant nous avons tous joué à ce jeu de la tricherie en dissimulant à la douane par exemple, des objets qui auraient du être taxés et je ne parle pas de toutes les ruses que nous utilisons pour soustraire notre voiture en stationnement illicite, à la surveillance des agents de l’état préposés à nous sanctionner.
Mais le riche de la parabole, même s’il n’est pas sympathique ne triche pas. Ce n’est pas là qu’il faut chercher le pointe du texte. En quoi cet homme est-il mis en cause par le regard que Jésus porte sur lui ? En s’attaquant à ce riche là, nous sentons bien que Jésus va nous mettre en cause pour une raison que nous ne soupçonnons pas encore. Détrompez-vous et soyez rassurés, ce n’est ni aux richesses de ce personnage ni aux vôtres que Jésus va s’en prendre, l’argent ne joue ici qu’un rôle secondaire. Ce qui est mis en cause c’est la valeur que nous donnons à la vie et de l’usage que nous en faisons.
Jésus
ne reproche pas à cet homme d’avoir amassé de l’argent ! Il l’interroge sur ce qui a motivé son action en amassant une fortune ? Pourquoi a-t-il agi comme il l’a fait, et naturellement c’est à chacun de nous qu’il s’adresse? Qu’est ce qui a motivé son action ? Il a accumulé des biens plus que nécessaire ! Cela ne nous paraît pas moral, mais ce n’est pas le sujet de l’intervention de Jésus qui ne lui laisse même pas le temps de répondre et l’accable immédiatement par l’annonce de sa mort prochaine.
Cependant nous pouvons facilement répondre à la place du riche, parce que sa réponse sera aussi la nôtre. Il amasse des biens pour que ses enfants en profitent après lui, ils seront heureux d’avoir une vie plus facile que la sienne. Surtout par les temps qui courent nous sentons-nous autorisés à rajouter. Et puis, on pourrait en dire plus encore, nous pourrions suggérer qu’en amassant des biens, il fournit des emplois à ceux qui travaillent sur son domaine.
Tout cela est juste, mais c’est quand même lui, et lui seul qui reste au centre de ses préoccupations. Si ses enfants et ses ouvriers doivent lui être reconnaissants un jour, il est en droit de se réjouir à l’avance de cette fonction de bienfaiteur qu’il se reconnaît déjà à lui-même. Quoi qu’il puisse dire c’est son ego qui reste au centre de ses préoccupations ! Mais nous agissons tous ainsi, et moi qui vous tance tout le premier. Quel mal y a-t-il à cela ?
Avec une telle remarque vous devinez sans doute que mon propos n’est pas de vous reprocher de tirer vanité de vos biens et de vos bonnes intentions. Vous voilà rassurés pour un moment Il n’y a donc apparemment pas de mal à se mettre soi-même au centre de ses pensées. Ce n’est d’ailleurs pas sur ce point que Jésus exerce sa critique, il l’interpelle sur son âme, ce qui est inhabituel chez Jésus. L’âme est une notion difficile à apprécier, mais il semble qu’elle corresponde à l 'élément vital qui est en nous et qui est lié au principe de la vie. C’est ce principe de vie qui intéresse Jésus et c’est sur ce point là que s’appuie son questionnement. Cet élément de vie qui est en nous, fonctionne pour Jésus comme un outil de contrôle. C’est lui qui provoquerait en nous un jugement de valeur sur la manière dont nous agissons.
C’est en nous interrogeant nous-mêmes sur notre âme que nous découvrons vraiment qui nous sommes. Nous semblons ignorer que ce principe de vie est à notre disposition pour orienter notre existence. Pourtant Jésus y insiste. En fait, nous nous comportons comme si à la fin des temps, Dieu devait prononcer un jugement sur nous et, en fonction de ce que nous avons dit au début de ce propos, ce jugement sera favorable ou non. Si le jugement est favorable, c’est un supplément de vie qui nous sera alloué, si non ce sera l’oubli éternel. Nous parions cependant que la grâce divine fera pencher la balance en notre faveur. En ce sens, la manière de penser des contemporains de Jésus, et la nôtre ressemble à celle des sociétés païennes de tous les temps selon les quelles, avec toutes les variantes possibles, une récompense finale attendrait les bons et un jugement sévère serait réservé aux
autres.
La pensée de Jésus ne semble pas devoir cautionner cette manière simpliste de voir les choses. Il s’attache à porter son regard sur nos vies alors qu’elles ne sont pas encore terminées. Ce qui importe pour lui c’est le jugement que nous devrions porter sur nous-mêmes avant que Dieu puisse porter un jugement final sur nous à la fin des temps. Il suggère donc, que nous apprécions notre conduite à chaque tournent de notre vie en fonction des décisions que nous avons prises ou que nous devons prendre.
En effet, nous savons intuitivement ce qu’il est bon ou qu’il est juste de faire. Nous connaissons bien la volonté de Dieu telle qu’elle nous parvient par les Ecritures. Nous sommes donc particulièrement habilités à porter un jugement sur nos actions. Jésus nous renvoie à nous-mêmes et à la façons dont nous savons prendre nos responsabilités pour que les forces de vies qui sont en nous soient mobilisées en fonction d’un plan de Dieu qu’il nous appartient de discerner. Jésus pense que le regard que Dieu porte sur nous s’attache à la manière dont nous savons exercer nos responsabilités.
Ainsi ce qui a le plus de valeur aux yeux de Dieu, c’est le jugement que nous portons sur nous-mêmes, sans tenir compte du jugement que peuvent porter les autres sur nos motivations ou sur nos égoïsmes. Il est tout à fait important que nous sachions apprécier de quelle valeur de vie nos actions sont chargées. Nous sommes, placés dans une situation de responsabilité par rapport à tous ceux que nous côtoyons et que nous appelons nos prochains.
La valeur de notre vie est appréciée par Dieu en fonction de nos capacités à gérer le potentiel de vie qui est en nous. Nous pouvons donc dire que le jugement qui a de la valeur aux y
eux de Dieu c’est d’abord celui que nous portons sur nos capacités à stimuler toutes les formes de vie qui nous entourent. C’est elles qui donneront de la valeur à notre existence. Ce jugement que nous portons sur nous-mêmes nous amène donc à réviser à chaque instant notre manière de penser et d’agir.
Quant au reste, il y a fort à parier que le jugement de Dieu sur nous-mêmes sera moins sévère que le nôtre. Mais ce qui est important, c’est le jugement que nous portons sur nous-mêmes quand il nous reste encore du temps pour agir. Tout cela constitue le secret de notre vie et il n’appartient qu’à nous.

Illustrations: les riches heures du Duc de Berry