mercredi 29 août 2018

Marc 7/1-23 - les choix de vie qui coûtent dimanche 2 septembre 2018


Marc 7 :1-23: les choix de vie qui coûtent . dimanche  2 septembre 2018

7 1 Les Pharisiens et quelques maîtres de la loi venus de Jérusalem s'assemblèrent autour de Jésus. 2 Ils remarquèrent que certains de ses disciples prenaient leur repas avec des mains impures, c'est-à-dire sans les avoir lavées selon la coutume. 3 En effet, les Pharisiens et tous les autres Juifs respectent les règles transmises par leurs ancêtres : ils ne mangent pas sans s'être lavé les mains avec soin b 4 et quand ils reviennent du marché, ils ne mangent pas avant de s'être purifiés. Ils respectent beaucoup d'autres règles traditionnelles, telles que la bonne manière de laver les coupes, les pots, les marmites de cuivre [et les lits] c .


5 Les Pharisiens et les maîtres de la loi demandèrent donc à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas les règles transmises par nos ancêtres, mais prennent-ils leur repas avec des mains impures ? » 6 Jésus leur répondit : « Ésaïe avait bien raison lorsqu'il prophétisait à votre sujet ! Vous êtes des hypocrites, ainsi qu'il l'écrivait :

«Ce peuple, dit Dieu, m'honore en paroles, mais de cœur il est loin de moi.
7 Le culte que ces gens me rendent est sans valeur car les doctrines qu'ils enseignent
ne sont que des prescriptions humaines.»

8 Vous laissez de côté les commandements de Dieu, dit Jésus, pour respecter les règles transmises par les hommes. »

9 Puis il ajouta : « Vous savez fort bien rejeter le commandement de Dieu pour vous en tenir à votre propre tradition ! 10 Moïse a dit en effet : «Respecte ton père et ta mère», et aussi «Celui qui maudit son père ou sa mère doit être mis à mort e .» 11 Mais vous, vous enseignez que si un homme déclare à son père ou à sa mère : «Ce que je pourrais te donner pour t'aider est Corban  f » — c'est-à-dire «offrande réservée à Dieu» —, 12 il n'a plus besoin de rien faire pour son père ou sa mère, vous le lui permettez. 13 De cette façon, vous annulez l'exigence de la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez. Et vous faites beaucoup d'autres choses semblables. »

14 Puis Jésus appela de nouveau la foule et dit : « Écoutez-moi, vous tous, et comprenez ceci : 15 Rien de ce qui entre du dehors en l'homme ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui le rend impur.

17 Quand Jésus eut quitté la foule et fut rentré à la maison, ses disciples lui demandèrent le sens de cette image. 18 Et il leur dit : « Êtes-vous donc, vous aussi, sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui entre du dehors en l'homme ne peut le rendre impur, 19 car cela n'entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, et sort ensuite de son corps ? » Par ces paroles, Jésus déclarait donc que tous les aliments peuvent être mangés h . 20 Et il dit encore : « C'est ce qui sort de l'homme qui le rend impur. 21 Car c'est du dedans, du cœur de l'homme, que viennent les mauvaises pensées qui le poussent à vivre dans l'immoralité, à voler, tuer, 22 commettre l'adultère, vouloir ce qui est aux autres, agir méchamment, tromper, vivre dans le désordre, être jaloux, dire du mal des autres, être orgueilleux et insensé. 23 Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans de l'homme et le rendent impur. »





On nous a élevé dans le sentiment que nous  avons une part de responsabilité  dans  la plupart des maux qui nous accablent, si bien que nous ressentons comme  un sentiment de culpabilité qui pèse sur nous sans que nous en sachions l’origine. Qui pourra aider l’homme à se libérer de cet environnement culpabilisant où il se trouve ? La tradition chrétienne fait remonter ce sentiment  aux origines des Ecritures quand Adam et Eve tentés par le serpent se mirent d’accord pour tromper Dieu et consommer une pomme restée célèbre.  Depuis la tradition en a rajouté, la Réforme en a remis une couche, si bien que cet univers de la faute continue à peser sur nous.


 Devant un incident quel qu’il soit, notre premier réflexe est souvent de dire : «  ce n’est pas moi qui l’ait fait ou ce n’est pas de ma faute ». Le texte  de ce jour nous provoque justement sur cette question, et c’est Jésus qui semble avoir tort. En effet, qui osera dire aujourd’hui à un enfant  de ne pas se laver les mains avant de passer à table ? Les lois de la tradition juive étaient certainement bonnes sur le plan de l’hygiène, mais on en   avait fait des règles de morale selon laquelle, on offensait Dieu si on ne se lavait pas les mains avant de manger. Jésus en essayant de corriger le mauvais usage moral de cet enseignement, nous met mal à l’aise et il affirme  que ce n’est pas un péché que de manquer aux règles élémentaires de l’hygiène. En ce sens il a raison.

Ce qui met Jésus en porte à faux dans cette histoire, c’est que nous savons que les microbes viennent de l’extérieur de nous et font entrer en nous les germes des maladies qui pourraient causer notre mort, si bien que l’on a du mal à entendre cet enseignement  de Jésus  qui affirme que  rien de ce qui vient de l’extérieur ne peut souiller l’homme, et que c’est ce qui est à l’intérieur de lui qui le rend impur.  Il va donc nous  falloir  solliciter notre intelligence pour bien comprendre les choses.

Tout le monde sait  que les microbes s’introduisent en nous par des mains mal lavées et que l’hygiène nous protège contre les maladies. Cela ne peut aujourd’hui être mis en cause par personne. Jésus dans le contexte actuel n’aurait pas pu dire les choses comme il les a dites car il ne pouvait  pas savoir la nocivité des microbes. On ne peut donc pas dire, comme je l’ai fait, que Jésus avait  tort. Pourtant il avait raison de dire que c’est au fond de notre cœur que naissent toutes sortes de sentiments  mauvais tels les sentiments de jalousie et de rivalité. Sur ce point il avait raison. C’est au fond de notre être que l’arrogance et l’instinct de domination prennent naissance. C’est en suivant nos instincts, bien cachés au fond de nous-mêmes que nous pourrissons la vie des autres, et Jésus cherche à nous en préserver.

Nous sommes donc cernés par deux causes de mal : la première c’est celle qui nous vient de la nature et qui fait pénétrer en nous toutes sortes de pollutions. La tradition juive l’avait fort bien repéré, sans en savoir les causes profondes. L’autre cause de mal qui pèse sur nous est portée par  nos sentiments  intérieurs qui décident de nos attitudes hostiles à l’égard d’autrui. Nous n’avons pas évidemment à choisir entre  les deux. Jésus suggère cependant que la source du mal la plus nocive n’est pas celle que l’on croit.

Bien entendu, nous savons que la nature porte en elle toutes sortes de causes qui pourraient entraîner notre mort, pourtant au cours des siècles l’humanité a  su éradiquer la plupart des causes de mort qui avaient la nature pour origine tels la peste, le choléra, la tuberculose. Pour la malaria ont tend à y remédier en en assainissant les marais  et les lieux pollués, mais la tâche est immense. Ces jours-ci on nous  rend attentifs  aux méfaits  qu’entraine la non vaccination de la rougeole. Si les hommes ont une responsabilité dans cette affaire, c'est  la médecine qui se charge de  faire  le reste. La nature serait  donc innocente et la nocivité qui est en elle  est surmontable  et n’a rien à voir avec Dieu. Jésus avait donc raison.

Aujourd’hui, la nature est redevenue nocive. C’est de la pollution d’origine  humaine qu’elle souffre. Elle porte en elle les marques  du péché des hommes. Ce sont la pollution à l’amiante, les  gaz à effet de serre, les  manipulations génétiques  qu’il faut dénoncer et qui sont cause de nouvelles maladies que la cupidité humaine a répandues en abondance.

Ainsi, si  la première cause  de nuisance pour l’homme qui semblait venir de la nature  a été éradiquée et si la nature aujourd’hui est à nouveau cause de nuisance pour l’homme, c’est l’homme lui-même  qui en est responsable. Si  Jésus semblait avoir  tort sur la critique de l’hygiène, la vie moderne lui donne à nouveau tort.  Le cœur de l’homme,  porteur de tant de nuisances a finalement  réussi à s’emparer de  la nature et à  la rendre  nocive pour l’homme sans que l’hygiène soit en cause.

Comment se fait-il que l’homme malgré sa grande intelligence ne se soit pas aperçu du problème et n’ait pas évité de tomber dans son propre piège ? Naturellement  nous trouverons  toujours une réponse qui nous déculpabilisera personnellement  car aucun d’entre nous, n’est directement en cause, ce qui sera une bonne excuse. Si ce n’est pas de notre faute, ce serait donc la faute de la nature  incapable de s’adapter aux conditions que la vie moderne nous impose. La culpabilité en incomberait donc à Dieu  qui aurait créé  les choses ainsi. Nous rejetterions ainsi facilement  notre propre responsabilité sur Dieu. C’est l’argument qu’Adam aurait pu utiliser dans le jardin d’Eden, mais qu’il n’a pas eu  l’outrecuidance de le faire.  Pourtant  c’est bien encore cet argument qu’utilisent les ados par exemple, quand ils reprochent à leurs parents de les avoir fait comme ils sont et de  les avoir éduqués comme cela. «  Ce n’est pas de ma faute ! dira-t-on car je ne suis pas maître des circonstances qui m’ont amenés à faire tel acte. 

Mais ces arguments tiennent mal.  Dieu se refuse à endosser les responsabilités qui sont les nôtres. S’il  a déposé quelque chose en nous, c’est la liberté que nous avons de choisir le bon ou le mauvais chemin  et  d’agir de telle sorte que les hommes profitent du bon côté de nos actions. C’est  donc notre liberté  qui nous amène à choisir  ce qui nous avantage personnellement au détriment de ce qui pourrait être utile à la collectivité et nous sommes les seuls à être responsables de ce déséquilibre injuste.

Il nous faut maintenant entendre la voix de Dieu relayée par l’enseignement de Jésus qui nous dit que la seule manière de participer à une évolution harmonieuse de la société et de la nature c’est d’agir de telle sorte que le mal perde du terrain. Il s’agit de dominer les instincts qui visent à nous favoriser personnellement au détriment des  autres.

C’est simple, et pourtant ça ne marche pas. Pour y arriver, il faut que l’Esprit qui agissait en Jésus nous travaille  de l’intérieur et nous révèle tous les aspects pervers de notre cœur afin que nous changions d’attitude et que l’amour du prochain prenne  lentement le pas sur  notre égoïsme.

Dieu ne nous laisse pas démunis face à cette situation, il met tout en œuvre  pour que nous valorisions ce principe d’altruisme   qui nous permettra de changer le cours des choses. Il a fait de nous des êtres inventifs et intelligents capables de réaliser des  systèmes performants  pour  remédier à toutes  les situations   où l’humanité aurait à souffrir d’événements hostiles. Jésus  savait que cela était possible, c’est ainsi qu’il envisageait   de construire ce qu’il appelait son  Royaume.

Si malgré nos efforts, nous manquons notre objectif, et si le but visé n’est pas atteint, si des éléments que nous ne sommes pas arrivés à contrôler se sont mis en travers et  ont fait échouer nos  projets, c’est que quelque part, nous avons  cédé à la facilité et  que nous nous sommes laissés séduire par les avantages personnels qui nous ont amenés à léser l’intérêt de notre prochain. 

Si nous avons manqué la cible, c’est que nous  avons succombé au péché. Le péché  consiste à manquer notre objectif parce que nous avons regardé ailleurs que le but recherché. La définition même du péché c’est justement  de manquer la cible.

Le but de notre vie, tel que l’intimité avec Dieu nous la fait découvrir  est d’améliorer la vie de nos semblables. Le résultat est atteint  quand  une telle réalité est constatée par ceux qui vivent autour de nous et qui reconnaissent que Dieu nous habite.  Cela devrait leur donner envie de nous imiter  et de mettre toute leur énergie à écouter la voix de Dieu qui résonne aussi en eux pour les inviter à mettre en pratique ce qu’ils entendent de lui.

Tout cela exige que nous fassions un effort sur nous-mêmes pour que les principes d’altruisme prennent le pas sur les autres. Dieu nous a révélé ces principes, Jésus les a mis en pratique  et il en est mort. S’il nous laisse maintenant son Esprit pour nous stimuler, il ne nous épargne pas les efforts nécessaires pour arriver au succès. Nous trouvons  les encouragements de Dieu dans la prière, elle nous permet d’avancer, mais elle ne nous dispense  pas de l’effort nécessaire pour y arriver.

mardi 14 août 2018

Josuué 24/1-18 Quel Dieu voulons-nous servir? Dimanche 26 août 2018




1 Josué rassembla toutes les tribus d'Israël à Sichem ; il convoqua les anciens d'Israël, ses chefs, ses juges et ses secrétaires ; ils se tinrent debout devant Dieu. 2 Josué dit à tout le peuple : Ainsi parle le SEIGNEUR, le Dieu d'Israël : Vos pères, Térah, père d'Abraham et père de Nahor, habitaient autrefois de l'autre côté du Fleuve et ils servaient d'autres dieux. 3 J'ai pris Abraham, votre père, de l'autre côté du Fleuve et je lui ai fait parcourir tout Canaan ; j'ai multiplié sa descendance et je lui ai donné Isaac. 4J'ai donné à Isaac Jacob et Esaü. J'ai donné en possession à Esaü la région montagneuse de Séir, mais Jacob et ses fils sont descendus en Egypte. 5 J'ai envoyé Moïse et Aaron, et j'ai frappé l'Egypte par les fléaux que j'ai produits en son sein ; puis je vous en ai fait sortir. 6 J'ai fait sortir vos pères de l'Egypte, et vous êtes arrivés à la mer. Les Egyptiens ont poursuivi vos pères à la mer des Joncs, avec des chars et leurs attelages. 7 Quand ils ont crié vers le SEIGNEUR, il a mis des ténèbres entre vous et les Egyptiens ; il a ramené sur eux la mer, et elle les a recouverts. Vos yeux ont vu ce que j'ai fait contre l'Egypte. Et vous avez habité longtemps dans le désert. 8 Je vous ai conduits au pays des Amorites qui habitaient en Transjordanie, et ils vous ont fait la guerre. Je vous les ai livrés, vous avez pris possession de leur pays et je les ai détruits devant vous. 9 Balaq, fils de Tsippor, roi de Moab, a fait la guerre à Israël. Il a fait appeler Balaam, fils de Béor, pour vous maudire. 10 Mais je n'ai pas voulu écouter Balaam ; c'est une bénédiction qu'il a prononcée sur vous, et je vous ai délivrés de sa main. 11 Vous avez passé le Jourdain et vous êtes arrivés à Jéricho. Les maîtres de Jéricho vous ont fait la guerre — les Amorites, les Perizzites, les Cananéens, les Hittites, les Guirgashites, les Hivvites et les Jébusites. Je vous les ai livrés 12 et j'ai envoyé en avant de vous les frelons, qui les ont chassés devant vous (ces deux rois des Amorites) . Ce n'était ni par ton épée, ni par ton arc. 13 Je vous ai donné un pays pour lequel vous ne vous étiez pas fatigués, des villes que vous habitez sans les avoir bâties, des vignes et des oliviers dont vous vous nourrissez sans les avoir plantés.



14 Maintenant, craignez le SEIGNEUR et servez-le avec intégrité et loyauté. Supprimez les dieux qu'ont servis vos pères, de l'autre côté du Fleuve et en Egypte, et servez le SEIGNEUR (YHWH) . 15 Mais s'il ne vous plaît pas de servir le SEIGNEUR (YHWH), choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir : ou les dieux que vos pères servaient de l'autre côté du Fleuve, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Moi et ma maison, nous servirons le SEIGNEUR (YHWH) !



16 Le peuple répondit : Jamais nous n'abandonnerons le SEIGNEUR (YHWH) pour servir d'autres dieux ! 17 Car le SEIGNEUR (YHWH) est notre Dieu ; c'est lui qui nous a fait monter de l'Egypte, de la maison des esclaves, nous et nos pères ; c'est lui qui a produit sous nos yeux ces grands signes et qui nous a gardés tout au long de la route que nous avons suivie et face à tous les peuples parmi lesquels nous sommes passés. 18 C'est le SEIGNEUR (YHWH) qui a chassé devant nous tous les peuples, les Amorites qui habitaient ce pays. Nous aussi, nous servirons le SEIGNEUR (YHWH), car c'est lui qui est notre Dieu. 


Le Livre de Josué est un livre de la Bible particulièrement intéressant car il est aujourd’hui beaucoup critiqué par beaucoup de théologiens et d’historiens. Il est  sans doute celui qui a été le plus malmené par les archéologues car les récits qu’il rapporte ne sont pas confirmés par leurs découvertes.  Heureusement qu’il ne fait pas partie des cinq rouleaux de la Tora qui le précèdent et qui sont considérés comme les livres les plus vénérables de la Bible. On peut donc aborder le livre de Josué avec un peu moins  de scrupule que les autres. Il n’empêche qu’il soulève des énigmes qui ne sont  encore qu’imparfaitement résolues aujourd’hui.   Le simple fait de découvrir que les récits de violence qu’il rapporte ne sont pas fondés historiquement nous rassure sur la nature de ce Dieu qui les aurait ordonnés.

C’est en fait  ce Dieu là qui va maintenant retenir notre attention.  Le récit qui nous intéresse se situe au moment où le peuple ayant achevé son long périple dans le désert se trouve en situation de vérité par rapport à lui, et ce passage  nous interroge sur la nature de ce Dieu qui a accompagné ce peuple à travers les périples de la traversée du désert depuis sa sortie d’Egypte. Nous nous demandons s’il est  vraiment le même que celui auquel nous croyons et que Jésus nous a révélé

La lecture habituelle que nous faisons de ces récits nous donne l’impression que c’est un Dieu omniscient qui prend toutes les décisions, qui entraine  les hommes à sa suite et qui  décide de ce qui est bien et bon pour son peuple à qui il indique le bon chemin à suivre.  Par la bouche de Moïse d’abord, puis par  celle de Josué, ensuite Dieu communiquait ses décisions concernant les routes à suivre et les moments de repos. Mais ce peuple au cou raide avait tendance à se rebeller et Dieu devait sévèrement le remettre  dans le droit chemin. Devant ce manque de confiance qu’on lui opposait, Dieu décidait des châtiments à infliger aux coupables. En fait le peuple devait marcher et obéir sans rechigner. C’était là le prix de sa liberté. L’empreinte de ce Dieu qui sait mieux que nous ce qui est bon pour nous, a laissé des traces durables  dans  notre sensibilité et beaucoup considèrent  encore que c’est là un des aspects de Dieu que nous ne devrions pas ignorer.

Bien que notre connaissance de Dieu se soit affinée depuis  cette époque et malgré le message des prophètes, malgré la fantastique révolution spirituelle apportée par Jésus, qui nous a révélé son amour, cette image de Dieu continue à nous habiter. Nous cherchons encore à  repérer en lui ce qu’il a décidé de bon pour nous et comment il souhaite orienter notre vie et  nous continuons à redouter ses colères. Combien de croyants, oubliant la force du pardon apporté par Jésus Christ considèrent que les  échecs de leur vie portent en eux la trace d’un jugement sévère de Dieu à leur égard. « Qu’ai-je fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive  ceci ou cela ? »  s‘interroge-t-on.  Le Dieu sévère et omni scient du temps de Josué n’est donc pas complètement oublié.

Malgré le coup fatal que Jésus a porté à cette image d’un Dieu autoritaire qui déciderait de tout à notre sujet,  cette image subsiste encore. C’est pourtant dans  ce chapitre 24 du livre de Josué que le premier coup  a été  porté à ce Dieu qui ne s’impose plus désormais comme un maître absolu, mais qui se laisse choisir par les hommes qu’il se propose de guider sur le chemin de leur vie.

Dans ce passage, la voix de Dieu se confond avec celle de Josué. Il demande  aux hommes de faire un choix à son sujet.  Une nouvelle tranche de vie s’ouvre devant eux et il leur offre la liberté de choisir qui les accompagnera et comment il les accompagnera si  c’est lui qui doit les accompagner. Il leur  offre alors  un portrait de lui-même  qui ne correspond pas à ce que nous en avons dit jusqu’à maintenant. Il n’est plus le Dieu qui décide, mais qui s’offre à eux. En leur proposant ce choix  il se présente lui-même dans un portrait qui fait contraste avec les autres possibilités qui s’offrent à eux.

Il n’est pas comme les dieux de leurs ancêtres que vénéraient les parents d’Abraham. Ils  présentaient un aspect sécurisant lié à la tradition et aux coutumes de la terre. La vénération qu’on leur rendait  établissait comme un pacte rassurant entre eux et le pays où ils habitaient. A l’opposé,   Lui le Dieu qui s’est révélé à Abraham se présente comme celui qui bouscule les traditions et qui fait de l’aventure le mode de vie qu’il propose aux patriarches. Il a accompagné Abraham et sa tribu au travers du désert sans le laisser  se sédentariser sur une terre. Il a supporté avec lui la malédiction que subissait Sarah à cause de sa stérilité. Il a été à leur côté pour affronter avec eux la fatalité de leur destin et assumer avec eux le poids de leurs erreurs. Le Dieu qui maintenant s’offre à eux ne leur invente pas un avenir  mais, comme il le fit pour Abraham il se propose de les accompagner pour construire avec eux un destin qui sera le leur.

Dans ce long résumé que le texte fait de leur passé  il leur est dit que Dieu a toujours été du côté de l’aventure, ce qui n’est pas forcément très rassurant !  Il les a entraîné à travers les déserts sans eau, et leur a fait traverser le Jourdain vers une terre inconnue que l’on disait habitée par des géants. Mais il a toujours été là à leurs côtés quand Jéricho leur opposait des murs infranchissables. Le Dieu qui s’offre à eux maintenant est le Dieu qui fait vivre. Il n’est pas celui qui crée artificiellement des obstacles pour les en délivrer, mais il est celui qui les remplit de force et d’espérance et qui les pousse vers l’avant.

Si  leur espérance vient à faiblir  et qu’ils redoutent l’avenir, il leur enseigne qu’il est déjà dans l’avenir et que l’avenir se réalisera s’ils le suivent dans l’aventure. Certes, j’ai ici moi-même employé un autre ton pour raconter cette même histoire que celui qui était  dans le texte, mais je ne crois pas avoir modifié les traits que  ce récit voulait donner à Dieu. Il ébauchait  déjà les contours du visage de  ce Dieu que Jésus nous précisera beaucoup plus tard, d’une manière plus distincte et moins confuse, mais qui se profilait déjà à l’origine de la révélation.

Le Dieu qui s’offre à leur choix, et qui s’offre au nôtre ne s’impose pas, car il n’a pas qualité de le faire. Il offre simplement le dynamisme nécessaire et  la volonté de vivre qu’il porte en lui. Nous verrons plus tard que ces qualités  se confondent avec l’amour qu’il nous réserve. Dieu en s’offrant à notre choix nous apprend à découvrir que notre vie ne peut s’accomplir que si nous choisissons l’espérance qu’il nous offre.


Sans doute les hommes mettront-ils beaucoup de temps à découvrir le Dieu qui se donne à eux alors que c’est un autre qu’ils cherchent, mais Dieu est patient et se laisse toujours trouver.


dimanche 5 août 2018

Jean 6:41-51 Le pain qui descend du ciel dimanche 12 août 2018





Jean 6 :41-51



41 Les Juifs maugréaient à son sujet, parce qu'il avait dit : C'est moi qui suis le pain descendu du ciel. 42 Ils disaient : N'est-ce pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous, nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : « Je suis descendu du ciel ! »

43 Jésus leur répondit : Ne maugréez pas entre vous. 44 Personne ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire ; et moi, je le relèverai au dernier jour. 45 Il est écrit dans les Prophètes : Ils seront tous instruits de Dieu. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. 46 Non pas que quelqu'un ait vu le Père, sinon celui qui est issu de Dieu ; lui a vu le Père.

47 Amen, amen, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle. 48 C'est moi qui suis le pain de la vie. 49 Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. 50 Le pain que voici, c'est celui qui descend du ciel, pour que celui qui en mange ne meure pas. 51 C'est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours ; et le pain que, moi, je donnerai, c'est ma chair, pour la vie du monde.



Les pauvres du temps de Jésus, comme beaucoup de frustrés de tous les temps ont fondé leur espérance sur le fait qu'une vie meilleure les attend dans l'au-delà où ils auront du pain à satiété .Mais  pourquoi le pain de l’espérance reste-t-il au ciel ? Pourquoi faut-il mourir de faim pour espérer en profiter après sa mort ? Pourquoi ce pain ne pourrait-il pas devenir accessible, à ceux qui le revendiquent, avant que la mort le leur offre généreusement dans un ciel qui reste  encore inaccessible. Peut-on défier Dieu et s’approprier maintenant ce qu’il nous destine pour plus tard ? C'est cette question, bien que non formulée dans  le texte de l’Evangile de Jean qui semble être cependant présente d’une  manière incisive dans la pensée que Jésus exprime ici ?


Le monde mal partagé entre riches et pauvres a toujours posé question. Cette question qui n’a jamais été solutionnée nous interroge sur l’existence même de Dieu.  Il y a des gens qui prétendent ne pas croire en Dieu. Il y en a d’autres qui affirment le contraire. Ces deux opinions  contradictoires ne sont pas forcément si éloignées l’une de l’autre, car elles répondent  à des convictions intérieures qui ne sont basées  que sur une simple impression. Certains ont parfois fait des expériences spirituelles qui les confortent dans leur position sur Dieu. Ceux qui prétendent ne pas croire, appuient leur  opinion  sur des expériences négatives où Dieu, selon eux,  n’aurait pas répondu à leur attente. D’autres enfin appuient leur conviction  sur le fait que  l’idée du vide métaphysique leur est insupportable. D’autres enfin ont recours à la logique pour dire que la foi en Dieu n’est pas rationnelle   

Il est vrai que la contemplation de notre monde a quelque chose de déconcertant. Chacun essaye  de se rallier à un raisonnement  qui l’amènerait  à voir de la cohérence  dans sa situation personnelle et d’y inclure la présence de Dieu ou de la rejeter. Celui qui est né sous une bonne étoile dans un milieu favorisé et dans une famille sans problème prétendra  qu’il n’y est pour rien, qu’il bénéficie d’une grâce imméritée  qui ne peut relever que de Dieu ou du hasard.  Il en profite donc avec bonne conscience.  Il  considère qu'il relève de son bon droit  s’il vit agréablement en consommant tout ce que son statut de privilégié lui permet, puisque c’est le hasard, ou la divine providence qui l’ont voulu ainsi.

 A l’opposé celui qui est né sous une mauvaise étoile, dans un milieu défavorisé prétend qu’il est  aussi  dans  son bon droit de se plaindre, de penser que sa situation est injuste  et d’exiger  que la société se réorganise autrement. Il peut même en  appeler à la justice divine pour justifier  ses revendications. Dieu n-a-t-il pas  libéré les Hébreux  à cause de l’injustice qui leur était fait en Egypte.   Pour l’un  comme  pour l’autre il est de son bon droit de justifier le bien-fondé de sa situation : accepter avec reconnaissance pour l’un, protester avec véhémence pour l’autre.  Il range Dieu, s’il croit en lui dans le camp des défenseurs de l’opinion qui est la sienne.  

On peut se demander en quoi Dieu serait en cause  puisque c’est en son nom  que  certains justifient leurs privilèges et en son nom aussi que d’autres se croient invités  à la révolte. En attendant, les famines se poursuivent, les inondations  font des ravages, et la sécheresse continue à tuer le bétail et à faire des victimes parmi les populations assoiffées sans  que ceux qui ne subissent pas un tel sort ne changent  en quoi que ce soit à leur style de vie, à part exception.

Depuis bien longtemps, ceux qui croient tenir de Dieu  leur situation favorable ont élaboré des doctrines  qui  invitent  les moins favorisés  à adhérer à une théologie de l’espérance en vertu de laquelle c’est au ciel, à l’issue de leur parcours terrestre qu’ils trouveront un compensation à leur mauvais sort et que le pain  leur y sera donné en abondance. C’est ainsi, toutes doctrines confondues que  le monde des croyants enfermé dans cette logique implacable  croit devoir  subsister  jusqu’à la consommation des siècles. La doctrine la meilleure serait pour eux celle de la conversion.

Pour les croyants que nous sommes,  Jésus en parlant du pain descendu du ciel avait dans l’idée de nous parler du pain de la sainte Cène. Qui est un pain  spirituel dont Dieu fera profiter dès maintenant ceux qui croient en lui et qui mettent leur espérance dans la parole de Jésus. Mais Jésus  ne se contente pas de lui donner une valeur spirituelle. Il lui donne une valeur matérielle qu’il concrétise dans le dernier repas partagé avec ses disciples. 

Pour le partager à notre tour,  nous nous rassemblons en communauté   où tous partagent à part égale  le pain spirituel qui nous fait vivre l’éternité. La résurrection de Jésus prend alors une dimension matérielle que  nous sommes invités à partager  symboliquement dans un morceau de pain bien concret.  Mais Jésus ne s’arrête pas là, il nous invite à  envisager le partage du pain dans une dimension plus vaste. Ce pain n’est plus alors un simple morceau de pain, mais il devient  toute réalité qui nous fait vivre qui s’  étend   à la dimension de la planète. Il appartiendra alors à tous ceux qui croient de démontrer l’action de Dieu  par le partage de tout ce qui fait vivre.

Quand cela se produit, quand la nécessité du bien commun confond le pain spirituel et le pain matériel, c’est alors que la présence de Dieu se concrétise et qu’elle se fait réelle sur terre. Ainsi le pain eucharistique  prend la dimension  que Jésus avait bien l’intention de lui donner. Il devient la  réalité par laquelle  Dieu prolonge son  œuvre de création  en rendant tous les hommes égaux dans une même réalité de partage

Qui osera dire alors  qu’il ne croit pas en Dieu ou qu’il ne croit plus en Dieu alors que Dieu ne cesse d’agir spirituellement sur nous pour que nous fassions évoluer le monde en le changeant  matériellement  en son nom. Que ceux qui savent voir et réfléchir le fassent et ils verront alors le visage de leur Dieu qui agit en eux et au milieu d’eux.