mardi 31 janvier 2017

Matthieu 5/38-48 oeil pour oeil, dent pour dent dimanche 19 février 2017




Matthieu 5/38-48( reprise du 20 février 2011)

38 Vous avez entendu qu'il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent.
39 Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre. 40 Si quelqu'un veut te traîner en justice, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. 41 Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui. 42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi. 

43 Vous avez entendu qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. 44 Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, [bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent], et priez pour ceux [qui vous maltraitent et] qui vous persécutent. 45 Alors vous serez fils de votre Père qui est dans les cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. 46 En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les péagers aussi n'en font-ils pas autant ? 47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens aussi, eux-mêmes, n'en font-ils pas autant ? 48 Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.

En dépit de la loi d'amour que nous connaissons trop bien et que nous n'appliquons que très mal, L’Évangile contiendrait-il aussi une série de préceptes plus rigides, plus sévères même que les préceptes de la loi de Moïse décriés ailleurs par Jésus  qui en d’autre temps a fait de l’amour le point central de son enseignement?  Mais tous ces préceptes qui relèvent de la morale n’ont sans aucun doute aucun sens si on n’a pas intégré la pensée profonde de Jésus qui relève non de la loi mais de  la foi. Ici il durcit la Loi, pour mieux la dépasser  pour nous inviter à entrer dans la foi 

C’est la foi qui nous permet de comprendre ce que Jésus veut signifier ici. Et c’est par la foi seulement que nous pouvons vivre en harmonie avec Dieu. Le Dieu auquel Jésus nous demande de nous rallier, n’est pas un Dieu redoutable qu’il nous faudrait craindre. Il n’est pas l’auteur des maux qui nous accablent. Si Jésus en rajoute, c'est pour affirmer que par la foi,  le regard que l'on porte sur la loi  prend une tonalité  entièrement différente. Par la foi, nous croyons qu’il est le compagnon fidèle et discret de notre vie au quotidien et nous croyons qu’il est capable de redonner au dernier jour une force de vie extraordinaire à notre corps trop fatigué pour vivre encore.

Si nous croyons cela c’est que Dieu s’est révélé comme une réalité qui donne priorité en tout temps à l'amour pour les autres dans la personne de Jésus Christ. Nous découvrons en lui un amour tellement grand, tellement désintéressé, tellement impensable que rien ne peut  exprimer en termes cohérents la réalité qu'il représente . Jésus nous a enseigné à voir Dieu de cette façon, de telle sorte que nous devrions éprouver un bonheur immense à être en relation avec lui. C’est pour cela que nous devrions par amour pour Dieu faire joyeusement des choses désintéressées en faveur des autres, voire même impensables  pour ceux au milieu desquels nous nous trouvons. Nous allons bien au-delà des exigences de la loi, quand c'est par amour que  nous agissons en faveur des autres.  L’amour qui est en Dieu devrait tout naturellement envahir notre personne et se manifester  de telle sorte que chacun de nos gestes devrait en être le reflet. Ainsi au lieu de nous choquer les préceptes de ce passage de l’évangile devraient nous paraître tout naturels.

Or, il est peu vraisemblable, dans les temps actuels, de réussir à mettre tout cela en pratique, car le monde où nous sommes nous entraîne à avoir d’autres comportements, c’est pourquoi, nous nous inquiétons. Nous sommes inquiets parce que nous sommes habités par le doute et les soucis de ce monde. Nous sommes inquiets parce que nous voudrions qu'il n'y ait pas distorsion entre ce que nous aimerions faire et  ce que la société contemporaine nous invite à faire. Nous vivons dans un monde où le regard de l’autre est perçu comme une mise en cause continuelle de nous-mêmes. 

Nous n’aimons pas être différents des autres, nous n’aimons pas que nos attitudes soient interprétées comme des gestes provocants. Au fond de nous-mêmes, nous restons profondément attachés aux comportements de ce monde qui nous poussent à donner priorité à nos intérêts personnels au lieu de donner priorité aux intérêts de ceux qui sont moins favorisés que nous. Pourtant Jésus nous invite à vivre en sa compagnie, comme s 'il était vivant en nous  et  qu'il nous invitait en même temps à faire taire notre raison, car Dieu parle à notre cœur et non à notre raison.

Les comportements dictés par l’amour ne sont pas l’effet d’une loi mais ils sont l’effet d’un sentiment qui est d’autant plus sensible que c’est par lui que Dieu agit en nous. En intégrant l’amour de Dieu dans nos comportements quotidiens, nous agissons conformément à sa volonté. C'est ainsi, qu'au regard de Jésus nous devenons  des humains normaux ! 

C’est quand cela ne se passe pas ou se passe mal que nous sommes anormaux. Il n’y a rien de surprenant à cela nous dit Jésus. Quand nous agissons conformément à ses préceptes, nous ne faisons rien de remarquable nous nous comportons seulement comme des hommes et des femmes ordinaires. C’est en effet comme cela, nous est-il dit dans les Ecritures, qu’au commencement, Dieu a voulu que nous nous comportions, puisqu’il a souhaité que nous que nous soyons conformes à son image. En nous laissant guider seulement par l’amour, nous devenons les vis à vis de Dieu, tels que cela a été prévu au premier jour
.
Nous ne pouvons donc être réellement humains que si Dieu nous rend humains, et nous ne le devenons vraiment que le jour où nous réalisons que c’est lui qui provoque en nous les sentiments altruistes que nous éprouvons et qui les transforme en gestes d’amour.

Nous n’avons donc pas à être fatalistes dans notre vision du monde en disant que le Royaume de Dieu se réalisera quand Dieu le voudra, et que cela se fera comme il le voudra. L’avenir heureux de l’humanité ne se fera pas quand Dieu le voudra mais quand les hommes y mettrons du leur. C’est alors que nous accepterons de faire avancer les choses par l’amour que nous mettrons dans nos comportements. Il en ira ainsi pour toutes les questions qui concernent l’évolution harmonieuse de nos sociétés et du monde.

Nous deviendrons alors la lumière du monde, non pas une lumière aveuglante et étincelante dont nos rues sont remplies à la nuit tombées, non pas cette lumière crue, accompagnée de musique trop forte  qui se reflète dans des boules qui tournent comme dans les boîtes de nuit, mais une lumière diffuse qui atténue les contours et donne un joli teint aux visages. Chacun de nous est appelé à être individuellement une lumière de telle sorte que ce sera l’ensemble de nos luminosités qui mises à côté les unes des autres donneront du sens au monde. Ce n’est donc pas par des actes spectaculaires, bouleversants, visibles par tous, que nous répondrons à notre vocation, mais c’est en étant nous-mêmes travaillés de l’intérieur par notre Dieu et inspirés par lui.

Si, nous trouvons que nos gestes guidés par l’amour des autres sont irrationnels et que ceux-ci ne font pas de nous des êtres capables d’opérer un seul miracle qui révèlerait la puissance de Dieu, ne nous alarmons pas car c'est  ainsi que Dieu attend que nous nous comportions. Il n veut pas que nous fassions des prodiges qui feraient de nous des êtres supérieurs, il veut simplement que par notre comportement normal, les hommes voient à travers nos actions et nos gestes  les projets que Dieu a pour le monde.  

Tout au long de l’Écriture, nous avons rencontré un Dieu qui cherche les hommes et qui s’adaptent à eux. Malgré ses imperfections, il essaye de faire entrer l’humanité dans ses projets. Il n’hésite pas à se mettre lui-même en cause pour atteindre notre cœur d’ homme. C'est ainsi qu'il se repentit d’avoir voulu détruire la terre au moment du déluge et il nous est raconté comment il entreprit de sauver Noé. 

Il n’hésita pas à faire confiance à toute une série d’hommes peu fiables tels que Jacob et David pour que s’accomplissent par des hommes ordinaires les mystères de sa révélation. Et quand il vint partager la vie des hommes en Jésus Christ, il lui associa 12 compagnons, qui tous le trahirent. Pourtant, jamais il ne s’en plaindra, jamais il ne les rejettera, c’est avec eux qu’il jettera les première bases de son Église qui faute de pouvoir être unique deviendra plurielle. 

C’est elle qu’il chargera d’agir de telle sorte que le monde croit et découvre à travers elle les dimensions du salut que Dieu a prévu pour le monde, car le monde ne demande qu’à changer pour peu qu’il se sache aimé. Et il ne se sentira aimé que si nous savons y mettre  du nôtre. Tout évoluera dans le bon sens si, en imitant Dieu, nous répondons à sa confiance par la fidélité.

Nous entrons alors dans ce courant d'amour qui est la force de vie que Dieu a mis en œuvre pour gérer le monde et en agissant ainsi nous rejoindrons Dieu dans sa perfection

samedi 28 janvier 2017

Deutéronome 30 15-20 - Dimanche 12 février 2017



 navigat

15 Regarde, j'ai placé aujourd'hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur.


16 Ce que je t'ordonne aujourd'hui, c'est d'aimer le SEIGNEUR, ton Dieu, de suivre ses voies et d'observer ses commandements, ses prescriptions et ses règles, afin que tu vives et que tu te multiplies, et que le SEIGNEUR, ton Dieu, te bénisse dans le pays où tu entres pour en prendre possession. 17 Mais si ton cœur se détourne, si tu n'écoutes pas et si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d'autres dieux et à les servir, 18 je vous le dis aujourd'hui, vous disparaîtrez ; vous ne prolongerez pas vos jours sur la terre où tu entres pour en prendre possession en passant le Jourdain. 19 J'en prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance, 20  en aimant le SEIGNEUR, ton Dieu, en l'écoutant et en t'attachant à lui : c'est lui qui est ta vie, la longueur de tes jours, pour que tu habites sur la terre que le SEIGNEUR a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob.
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Si on veut bien se mettre en concordance avec l’opinion qui court dans ce  pays, tout enfant qui vient au monde doit avoir la possibilité de parcourir normalement  les 62 ou les 65  années de vie qui suivent  sa naissance avant d’avoir droit à une retraite qui lui permettra d’arrêter de travailler et de couler ses vieux jours sans trop de désagréments.  Mais les aléas de l’histoire et l’activité des robots dont ont dit qu’ils lui prendront son travail  lui permettront-ils d’atteindre ce but ? C’est la tête toute pleine de  ces affirmations  qui ont cours ces temps-ci dans l’existence  de nos contemporains que je reçois l’exhortation de ce texte. : « Je mets devant toi la vie et le bien, la mort et le mal ».

Ici c’est Dieu qui nous place devant un choix d’existence que les politologues contemporains ne semblent pas envisager. Il s’agit du libre choix de la vie que nous voulons mener en fonction  de l’action que Dieu mène en nous. En effet,  les propos qui motivent aujourd’hui tous nos choix sont d’une autre nature. On nous dit que notre avenir est conditionné  par notre niveau d’éducation, par nos diplômes, par les écoles que nous avons fréquentées et accessoirement par nos talents personnels. Le niveau de vie de nos parents  est  aussi à prendre en compte. Mais nulle part il est question du regard de Dieu sur tout cela.

Cette parole de Dieu est prononcée par Moïse  au terme d’une longue marche de  40 ans dans le désert pour un peuple  qui en a plein les jambes de ce déplacement incessant vers un terre promise dont l’horizon ne s’approche que lentement. Les paroles que leur adresse le vieux prophète semblent leur dire que ce n’est pas fini.  Derrière eux  c’est le désert avec la soif et la faim,  et les scorpions en supplément ;  devant eux se profilent les contours d’un pays neuf dont il faudra faire la conquête et traverser les eaux d’un fleuve qui coule en travers du chemin. C’est là le prix de la vie que Dieu leur promet. Ils ne savent pas encore, que la fin du vieux chef qui les exhorte est déjà programmée et qu’il va les laisser seuls face à l’inconnu. Tel est le défit qui s’offre à eux, tel est le défit qui s’offre aussi à nous  ou au bébé qui vint de naître avec tous les impondérables que nous connaissons.

C’est quand même la situation personnelle de Moïse qui nous interpelle. Il parle d’un projet de vie pour tous, alors que sa propre mort est déjà programmée. Cela signifie donc que la mort qui l’attend fait partie du programme de vie que Dieu met en place pour tous.  Cela veut  donc dire  que la mort, quand elle entre dans le projet de Dieu perd son aspect  dramatique,  c’est la mort sans Dieu qui est dramatique. La mort en Dieu  n’est qu’un des aspects de la vie. Elle  porte en elle sa part de bénédiction comme cela nous est décrit dans la mort du patriarche.  Sa tâche accomplie le souffle de Moïse est absorbé dans le souffle de  Dieu qui l’emporte  avec lui pour le conserver dans son secret  (Deutéronome 34).  Mais face à cette sérénité apparente de Dieu, c’est l’impression de lassitude de son peuple que nous discernons, pourtant,  il ne pourra avancer que s’il entre dans un projet de vie que Dieu prépare pour lui, sans quoi il n’aura d’autre  issue que la mort sans Dieu.

Il semblerait donc que nous, ne sommes jamais sur la même longueur d’onde que Dieu  car si Dieu  entrevoit un avenir sans fin où vie et espérance se confondent, les hommes au contraire, quand  ils  font des projets commencent d’abord  par  voir leur avantage  immédiat  qui  cessera le plus tard possible.  Dieu  pour  sa part n’envisage pas de fin aux projets où il nous entraîne, cependant il n’exclut ni les obstacles ni les contretemps, ni les difficultés. Dieu inscrit les hommes qui le suivent  dans des  programmes  que rien ne saurait interrompre, car si la vie a un terme, elle ne se termine pas pour Dieu par la mort.

Ce texte a pour but de nous rendre sensibles au fait que nous devons envisager les  projets de vie que nous formulons,  d’une autre manière que celle que nous  envisageons  d’habitude. C’est la  qualité de vie qui résultera  de ces projets qui a  de l’importance aux yeux de Dieu, non pas pour nous en particulier, mais pour tous ceux qui entrent avec nous dans le même concept de vie. La vie selon Dieu dépasse l’existence particulière des individus mais concerne tout ce  qui respire sur terre.

Quand ce même Moïse, par la voix duquel Dieu nous exhorte ce matin, rencontre Dieu pour la première fois, c’est dans un buisson qui brûle sans s’éteindre qu’il le rencontre, c’est par une flamme qui ne détruit pas ce qui la fait vivre que Dieu se manifeste. Pour rendre compte du phénomène, Dieu fait entendre sa voix et se présente comme « celui qui est ». Il se  définit comme un présent qui ne finit pas. Ce buisson qui brûle sans s’éteindre et cette parole qui définit Dieu sont les  seuls éléments qui sont donnés à Moïse pour concevoir la vie dans laquelle Dieu veut engager  les hommes à sa suite à la sortie du désert. Une autre définition de la vie en Dieu,  pour compléter celle-ci sera donnée bien plus tard par Jésus, c’est celle de la résurrection en vertu de laquelle, Jésus lui-même qui bien que mort, continue à vivre en Dieu et au milieu des hommes.

Quiconque se place sous le regard de Dieu pour  entrer dans un projet quel qu’il soit est donc invité  à l’inscrire dans la perspective de vie que Dieu lui donne. Il reçoit alors de lui l’énergie nécessaire pour avancer, le désir de réussir  et l’espérance que Dieu lui donne pour continuer son parcours dont Dieu ne sera jamais absent à ses côtés. Bien évidemment, tous les projets dans lesquels nous entrons   avec Dieu pour témoin  font partie de ce programme de vie par lequel Dieu se rend présent au monde.

On a pris l’habitude d utiliser  ce passage des Ecritures lors des cultes de Confirmation et à s’en servir pour adresser un message aux jeunes pour les exhorter  sur le chemin de la vie. Mais si on remet ce texte dans son contexte, nous découvrons  ici qu’il ne  s’agit pas ici de débutants qui  s’ouvrent à la vie. Il s’agit d’un peuple rompu aux expériences de la route, et fatigué de toujours avancer sans voir le terme de son parcours. C’est à des gens  en marche que Dieu s’adresse pour leur dire que la route en compagnie de Dieu ne s’arrête jamais et que les choix de vie se font continuellement , car Dieu qui nous accompagne ne cesse jamais de nous accompagner, jeunes ou vieux sur la route qui donne du sens à l’humanité.

Dans les temps que nous vivons, nous nous aventurons    sur les chemins de l’existence dans un contexte où les choix semblent nous être imposés par les hasards de l’existence. Nous n’avons pas l’impression que Dieu y soit pour quelque chose et nous  décidons de   nos orientations en fonctions de critères où Dieu n’est pas concerné. C’est donc avec le poids de ces incertitudes que nous ne pouvons éviter de nous tourner vers Dieu pour lui dire la charge que nous portons afin qu’il donne du sens à ce que nous faisons. En effet, quelques  soient les circonstances qui motivent nos choix, le seul critère  qui doit  déterminer les autres, c’est  de demander à Dieu de jeter un œil sur ce que nous entreprenons et de nous aider à le faire en fonction de l’éclairage  que lui seul peut nous donner.

dimanche 22 janvier 2017

Esaïe 58:8-10 Dieu habite le coeur des fidèles dimanche 5 février 2017



Esaïe 58 : 7-10
7 Partage son pain avec celui qui a faim
Et amène à la maison le malheureux sans abri
Si tu vois un homme nu, couvre le,
Et ne te détourne pas de celui qui es ta propre chair 
 

8 Alors ta lumière poindra comme l’aurore,
et ton rétablissement s’opérera très vite.
Ta justice marchera devant toi
et la gloire du SEIGNEUR sera ton arrière-garde.
9 Alors tu appelleras et le SEIGNEUR répondra,
tu héleras et il dira : « Me voici ! »
Si tu élimines de chez toi le joug,
le doigt accusateur, la parole malfaisante,
10 si tu cèdes à l’affamé ta propre bouchée
et si tu rassasies le gosier de l’humilié,
ta lumière se lèvera dans les ténèbres,
ton obscurité sera comme un midi.




Tous ces mouvements qui en ce moment se bousculent sur notre planète mettent Dieu à rude épreuve, et on le ressent dans ces paroles prononcées par le prophète Esaïe que nous venons de citer. Si  les émigrés,  et les étrangers en recherche d’asile sont au centre des débats, les soins qu’on leur accorde restent encore dérisoires.  Les camps de réfugiés continuent à se remplir, la guerre à tuer, le froid vient rajouter sa part de difficultés et les intégristes de tous poils diffusent la haine là où il leur plait d’effrayer les populations.  Nous sommes  loin par nos comportements de pouvoir faire écho aux exhortations  des prophètes. Pourtant par leurs messages, Dieu essaye de nous faire comprendre qu’il nous donne une mission d’amour les uns pour les autres, sans quoi le monde ne sera pas capable d’évoluer correctement.  nous n’en voyons cependant  pas les effets et le sens de l’histoire nous échappe.

Pourtant nous comprenons que Dieu a une vision de l’avenir du monde dans laquelle l’amour des hommes  pour  leurs  semblables tient une grande place. L’équilibre du monde en dépend. Les prophètes d’Israël ont répété régulièrement de telles affirmations, mais leurs propos furent mal reçus. Ils ont cependant  laissé entendre qu’un jour viendrait où ces mêmes choses seraient encore une fois exprimées par un envoyé de Dieu plus grand que tous ses devanciers et  qui transmettrait ces mêmes choses avec autorité.

Ils n’ont pas exclus que cet envoyé pourrait ne pas être écouté voire même être persécuté, mais  ils ont assuré que son message  apporterait une telle nouveauté que le monde en serait changé car l’amour serait  le ciment avec lequel pourrait se construire l’avenir.

Tel fut l’héritage que reçut Jésus, telles furent les paroles que nous avons retenues de lui et son sort fut le même que celui des prophètes qui avaient  été avant lui. Nous avons retenu de lui qu’il avait défié la mort et qu’il nous proposait de partager sa vie dans un Royaume dont il serait le maître.  Mais apparemment  le cours de l’histoire n’a pas changé depuis sa venue, et  les plus fidèles de ceux qui croient en lui finissent par se résigner  en pensant que  l’histoire du monde ne peut se construire sans que les hommes persécutent  les messagers de paix et d’amour  qui viennent périodiquement rependre ces idées. C’est pourtant grâce à eux que  l’espérance  que Dieu réserve  au monde continue  son chemin.  
La partie aurait pu être gagnée si l’Eglise  qui s’est établie dans les premiers siècles avait continué à mettre l’amour au centre de son message. Mais elle n’a pas résisté à l’appel des puissants et sous prétexte  de les éclairer elle a lié son sort aux siens. Elle a même accepté de  participer  à la division entre les riches et  les pauvres, entre les dominants et les assistés  et elle a choisi son camp. Les plus privilégiés ont reçu sa caution  et se faisant se sont crus investis par Dieu de leurs privilèges. Dieu s’était-il trompé  dans le message qu’il avait confié aux prophètes et repris par Jésus? Où était l’erreur ? Fallait-il croire que ce Royaume de justice et de paix annoncé ne se réaliserait que dans un autre monde où on ne  pourrait accéder qu’après un long parcours dans une  vie chaotique sur terre ?

Où serait alors la  nouveauté ?  Les autres religions ne disent-elles pas la même chose à quelques nuances près ? Odin, Vishnou et le Grand Esprit qui habitait   les vastes prairies, s’accordent  pour dire la même chose. Le Père de Jésus Christ tient-il le même langage  qu’eux ? Qui pourrait répondre  si non Jésus, dont il  nous faut décrypter les propos avec attention pour ne pas nous y perdre.

 Nous nous arrêterons sur une anecdote que l’on trouve dans l’Evangile de Marc et reprise par celui de Luc. Elle  n’occupe que quelques versets, autant l’incident qu’elle relate semble peu important.( Marc 12/41-44) Un jour donc,  Jésus remarqua une pauvre veuve, sans doute faisait-elle  partie de ces gens devant lesquels on passe sans les remarquer à cause de leur insignifiance.  Sans doute n’avait-elle plus rien à espérer de la vie. Elle déposa quelques maigres monnaies dans un tronc destiné à  recueillir les offrandes des pèlerins dans un des péristyles du Temple. Savait-elle quel usage on en serait fait ? L’histoire ne le dit pas. Jésus ne lui adressa même pas la parole. Il ne lui dit rien et la désigna seulement à l’attention de ses disciples. L’histoire s’arrête là. Sans doute au-delà des apparences, Jésus savait-il lire dans les cœurs, sans doute avait-il vu en elle quelque chose que seuls ceux qui portent Dieu en eux peuvent voir et qui décida de son geste. Jésus avait vu en elle Dieu qui l’habitait, il avait vu en elle cette lumière invisible qui transforme les êtres comme celle qui brilla à Pentecôte. Comme Moïse, Jésus avait vu cette flamme qui brûlait le buisson sans le consumer.  Il avait aussi sentit   ce même souffle léger, qui caressa la joue d’Elie dans le creux du rocher sur la montagne. Il avait vu en elle un de ces nombreux  porteurs d’espérance, témoin muets d’un Dieu  discret qui déjà édifie sur terre sont Royaume dans le cœur de ceux qui le portent en eux

Il y a ainsi sur terre des hommes et des femmes porteurs de Dieu  Ils ne  le savent peut-être pas eux-mêmes, mais la réalité divine  habitent en eux, ils la communiquent à ceux qui les croisent. Ils sont beaux d’une beauté qui ne se voit pas, elle ne relève pas des canons  humains mais des canons de Dieu.  C’est par eux que Dieu vient habiter  ce monde et qu’il participe à des actions qui le transforment  radicalement dans ses fondements.  Seule la foi permet de  contempler cette œuvre qui s’accomplit  pour diffuser  la vie  que Dieu nous donne à l’insu  d’un monde incrédule,  qui se croit maître de tout ce qui se voit, alors qu’il  n’est maître de rien.

Jésus a repris le message des prophètes. Il en est mort à cause de son contenu et  en ressuscitant il l’a fait triompher pour le transformer en espérance de vie. Il a  ainsi mis la vie de Dieu dans l’âme de ceux qui le reconnaissent et c’est cette réalité là qui transforme le monde. Cette transformation est invisible à l’œil nu elle n’est visible que par ceux qui portent déjà Dieu en eux, c'est-à-dire par ceux qui savent capter sans comprendre que l’amour est à l’œuvre parmi nous et qu’il est porteur de vie.  Tout cela ne s’exprime en aucune philosophie, aucune théorie ne s’y accroche. L’invisibilité de Dieu transcende le monde et cela ne se voit que par ceux qui sont habités de Dieu. Le monde est donc en marche. Prions Dieu pour qu’il nous donne assez de foi pour que nous puissions le voir.