lundi 30 mars 2015

Actes 4: 8-12 au sujet du miracle - dimanche 26 avril 2015



Chapitre 3

Guérison d'un infirme


1 Pierre et Jean montaient au temple à l'heure de la prière (la neuvième heure) . 2 Or on portait un homme infirme de naissance, qui était placé tous les jours à la porte du temple appelée la Belle, pour demander un acte de compassion à ceux qui entraient dans le temple. 3 Voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le temple, il se mit à demander un acte de compassion. 4 Pierre, avec Jean, le fixa et dit : Regarde-nous. 5 Lui les observait, s'attendant à recevoir d'eux quelque chose. 6 Mais Pierre dit : Je ne possède ni argent, ni or ; mais ce que j'ai, je te le donne : par le nom de Jésus-Christ le Nazoréen, lève-toi et marche ! 7 Le saisissant par la main droite, il le fit lever. A l'instant même, ses pieds et ses chevilles devinrent fermes ; 8 d'un bond il fut debout et il se mit à marcher. Il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et louant Dieu. 9 Tout le peuple le vit marcher et louer Dieu. 10 On le reconnaissait : c'était lui qui était assis à la Belle Porte du temple pour demander des actes de compassion ; les gens furent remplis d'émoi et de stupéfaction au sujet de ce qui lui était arrivé...

4.1 Tandis qu'ils parlaient au peuple, les prêtres, le commandant du temple et les sadducéens survinrent, 2 excédés de les voir instruire le peuple et annoncer, en la personne de Jésus, la résurrection d'entre les morts. 3 Ils mirent la main sur eux et les placèrent sous bonne garde jusqu'au lendemain — car c'était déjà le soir. 4 Cependant, beaucoup de ceux qui avaient entendu la parole devinrent croyants, et le nombre des hommes s'éleva à environ cinq mille.

5 Le lendemain, leurs chefs, ainsi que les anciens et les scribes, se rassemblèrent à Jérusalem 6 avec le grand prêtre Anne, Caïphe, Jean, Alexandre, et tous ceux qui étaient de la lignée des grands prêtres. 7 Ils les firent comparaître au milieu d'eux et leur demandèrent : Par quelle puissance ou par quel nom avez-vous fait cela ?




8 Alors Pierre, rempli d'Esprit saint, leur dit : Chefs du peuple et anciens, 9 puisque nous sommes interrogés aujourd'hui sur un bienfait accordé à un homme infirme et sur la manière dont il a été sauvé, 10 sachez-le bien, vous tous, ainsi que tout le peuple d'Israël : c'est par le nom de Jésus-Christ le Nazoréen, que vous avez crucifié et que Dieu a réveillé d'entre les morts, c'est par lui que cet homme se présente en bonne santé devant vous. 11 C'est lui, la pierre que vous, les constructeurs, vous avez méprisée, et qui est devenue la principale, celle de l'angle. 12 Le salut ne se trouve en aucun autre, car il n'y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les humains par lequel nous devions être sauvés.



13 En voyant l'assurance de Pierre et de Jean, ils étaient étonnés, car ils se rendaient compte que c'étaient des gens du peuple sans instruction. Ils reconnaissaient en eux ceux qui étaient avec Jésus. 14 Mais comme ils voyaient debout auprès d'eux l'homme guéri, ils n'avaient rien à répliquer. 15 Ils leur ordonnèrent de sortir du sanhédrin et délibérèrent entre eux, 16 en disant : Comment allons-nous traiter ces gens ? Il est manifeste, pour tous les habitants de Jérusalem, qu'un signe évident a été accompli par leur entremise ; nous ne pouvons pas le nier. 17 Mais, pour que cela ne se répande pas davantage dans le peuple, défendons-leur, avec des menaces, de parler désormais à qui que ce soit en ce nom-là.

18 Alors ils les appelèrent et leur enjoignirent formellement de ne plus parler ni enseigner au nom de Jésus. 19 Pierre et Jean leur répondirent : Est-il juste au regard de Dieu de vous obéir plutôt qu'à Dieu ? A vous d'en juger, 20 car nous, nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu. 21 Ils leur firent de nouvelles menaces et les relâchèrent, sans trouver moyen de les punir, à cause du peuple ; tous, en effet, glorifiaient Dieu pour ce qui était arrivé, 22car l'homme qui avait bénéficié de ce signe, de cette guérison, avait plus de quarante ans.  


Actes 4 :8-12

Voila de nombreux mois que Jésus était parti pour ce monde mystérieux où, dans l’intimité de Dieu, il régnait  sur le monde. Mais qu’est-ce que tout cela avait changé pour tous ces humbles pêcheurs du lac dont les événements concernant Jésus avaient sans doute bouleversé la vie de font en comble. Sans doute leur vie familiale et leur confort quotidien avaient  été ébranlés, sans qu’on puisse imaginer à quel point. Ils étaient devenus suspects aux yeux des autorités civiles et religieuses.  Même s’ils  n’étaient pas écartés du Temple, ils devaient rester discrets. Que leur restait-il de positif ? Des souvenirs, des événements forts, tels que la Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte. Autant d’événements qui avaient  tout bousculé en eux.

 Leur conception de Dieu était devenue différente,  mais ils devaient encore radicaliser l’expression de leur foi, et cela ne pourrait se faire qu’avec  le temps.  Ils étaient devenus les intimes du Seigneur, mais le réalisaient-ils vraiment ?  Ils ne priaient plus de la même façon, même s’ils continuaient à suivre les pratiques anciennes, tant il est vrai que si tout avait changé pour eux, rien n’avait apparemment changé dans le fond des choses si non que leur vie était devenue plus compliquée.   Le Royaume annoncé n’était pas arrivé, l’inquiétude s’était installée et la foi nouvelle n’avait encore rien changé.

La foi en la résurrection ainsi que l’acquisition d’une  nouvelle manière d’appréhender les choses met toujours du temps à faire son chemin dans  nos âmes.   Les vérités  anciennes ont beau être dépassées, elles laissent cependant  des traces et des habitudes et la toute puissance  du Christ nouvellement acquise a du mal à s’imposer.  Tel est le sort de tous les croyants qui ont toujours du mal à progresser dans  la foi. Par moment Jésus permet qu’un miracle vienne bousculer la routine et confirme les intuitions de la foi.  Mais quelle vérité se cache derrière un miracle ! Gare à celui qui se laisse  séduire par l’émerveillement au risque de rater le sens profond d’une vérité qu’il faut encore décrypter.


Ici, il s’agit d’un boiteux qui cesse de boiter sur le passage des apôtres ! Etait-ce le changement espéré ? L’inquiétude des autorités qui s’ensuivit, l’arrestation des apôtres, la consternation dans leurs rangs, la perplexité des scribes et des grands prêtres,  qu’y a-t-il derrière ce miracle ?

Par le passé, Jésus avait fait des miracles, mais ces miracles n’avaient jamais rien prouvé, et Jésus demandait toujours de ne pas ébruiter l’affaire. «  Passez votre chemin, il n’y a rien à voir ». Tel était le mot d’ordre. Après lui, les apôtres et disciples continuent à faire des miracles. Mais ça ne leur donne aucune autorité, ça le fait pas avancer leur cause, ça ne transforme pas la société, et comme on vient de le voir, ça ne leur apporte que des ennuis.  

Mais alors, qu’est ce qu’un miracle ? Il semble qu’ils s’inscrivent dans une  succession d ’événements qui rappellent à ceux qui croient que Dieu est toujours fidèle à leur cause et qu’il est toujours présent dans leur vie. Cela n’aide personne à croire, mais cela aide les fidèles à avancer.  Ils agissent en eux comme les pierres blanches  du petit Poucet  qui en les repérant savait qu’il était sur le bon chemin.

Contrairement, à ce que certains  croient, ils n’ont rien à voir avec des prodiges, même si ceux qui les racontent  les racontent  comme des prodiges  où Dieu  irait même jusqu’à contredire  les lois de la nature. Les récits des apocryphes sont pleins de  ces récits de prodiges, mais ce ne sont pas des miracles. Le miracle est seulement un signe dans lequel le croyant sait discerner la présence de Dieu. C’est l’histoire d’un malade qui se sent mieux, c’est un boiteux qui n’a plus besoin de ses cannes, c’est un signe toujours en lien avec un progrès dans  la vie qui rappelle au croyant que Dieu est le maître de sa vie, pour ce temps et pour l’éternité.

Il est souvent consternant de constater que les témoins de tels événements cherchent en les racontant à démontrer la toute puissance de Dieu, plutôt que de dire la présence de Dieu dans la vie, car de tels récits risquent de nous faire passer à côté de la vérité sans servir la cause de la foi.

Si l’Evangile s’est répandu dans le monde, ce n’est pas grâce aux miracles que les chrétiens ont  produits, car ils sont devenus plutôt des martyrs que des faiseurs de miracles. Et ce n’est pas, comme on l’a souvent  dit, que le sang des martyrs, agissant comme par miracle aurait été le ferment de la chrétienté, c'est par la parole de Jésus qui s’est répandue comme une vérité indémontrable par l’action du Saint Esprit.   La parole  a en elle assez de pouvoir pour transmettre la vérité qu’elle contient.

Le miracle agit comme une parole en acte qui témoigne  de la vie que Dieu  donne  aux hommes. Cette vie les saisit dans leur quotidien et transforme leur vision des choses, de telle sorte qu’ils se mettent à comprendre différemment les vérités sur le monde. Ils comprennent que Dieu est le maître de la vie, même quand celle-ci est contestée par la mort. A plus forte raison ils découvrent que Dieu s’empare de la mort, pour l’habiller de la vie que lui seul peut donner. Ainsi celui qui est au bénéfice du miracle, n’est pas forcément celui qui se trouve guéri alors qu’il ne s’y attendait pas, mais celui qui voit dans et événement l’action de Dieu qui fait vivre tous ceux qui croient en lui.


Il ne nous appartient pas de dire comment se produit le miracle. Cette action reste mystérieuse. Si elle est l’œuvre de Dieu, elle n’a nul besoin  de notre analyse, elle suit les canaux mystérieux que le saint Esprit veut bien lui faire suivre et elle reste avant  tout un témoignage sur la vie que Dieu prodigue. Beaucoup croient qu’en insistant sur les miracles et en les racontant de manière merveilleuse, ils font avancer la cause de Dieu. C’est là qu’ils se trompent, car Dieu n’a nul besoin d’artifice pour faire avancer sa cause. Il a besoin de croyants  qui en agissant dans la société où ils sont accréditent l’idée selon laquelle Dieu est toujours partie prenante de toutes les actions qui favorisent la  vie et que toutes ont  potentiellement  valeur de  miracle.

La foi n’a donc pas besoin de miracle pour s’imposer car le miracle est avant tout un événement dans la  vie du croyant à travers lequel ils discerne  la présence de Dieu dans sa vie.

Jean 10:11-18 Le bon berger dimanche 26 avril



Le Bon berger - Jean : 10/11-18 - dimanche 26 avril 2015

Ce sermon a déjà été donné en 2012. Il est suivi d'un autre sermon  sur Actes 4: 8-12 sur le miracle


11 C'est moi qui suis le bon berger. Le bon berger se défait de sa vie pour ses moutons. 12 Quand il voit venir le loup, l'employé, celui qui n'est pas berger et pour qui il ne s'agit pas de ses propres moutons, s'enfuit en abandonnant les moutons. Et le loup s'en empare, il les disperse. 13 C'est un employé : il n'a pas le souci des moutons.


14 C'est moi qui suis le bon berger. Je connais mes moutons, et mes moutons me connaissent, 15 comme le Père me connaît et comme, moi, je connais le Père ; et je me défais de ma vie pour mes moutons.16 J'ai encore d'autres moutons qui ne sont pas de cet enclos ; ceux-là aussi, il faut que je les amène ; ils entendront ma voix, et ils deviendront un seul troupeau, un seul berger.

17 Si le Père m'aime, c'est parce que, moi, je me défais de ma vie pour la reprendre. 18 Personne ne me l'enlève, mais c'est moi qui m'en défais, de moi-même ; j'ai le pouvoir de m'en défaire et j'ai le pouvoir de la reprendre ; tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père.

Aucune échappatoire n’est possible pour les moutons. Ils sont malmenés par les bergers, menacés par les voleurs, convoités par les loups. Leur destin est réglé d’avance. Ce que l’Evangile ne dit pas mais que tout le monde sait, c’est qu’ils finiront mangés par les hommes pour les plus chanceux d’entre eux. Leur cause est entendue, on ne les élève que pour ça.

Bien évidemment nous buttons sur ce premier constat, car ce récit a été écrit pour que nous nous identifiions aux moutons. Une question nous vient tout naturellement à l’esprit, c’est celle de savoir si on peut échapper à son destin ? Comment vivre alors que la mort nous menace et peut-on d’une manière ou d’une autre lui échapper?


Comme les moutons, nous sommes environnés de tous les dangers et fatalement, comme eux nous devons mourir. Les moutons subissent leur sort sans broncher. A la différence des moutons, les tenants de l’espèce humaine n’acceptent pas leur destin. Ils espèrent pouvoir y échapper, ils pensent même que Dieu y pourvoira. Et curieusement, tout en espérant que Dieu les délivrera de la mort, ils l’accusent en même temps de vouloir leur propre mort en raison d’un décret divin qui trouve son origine dans la nuit des temps et qui fait que la mort est perçue comme la conséquence d’une faute jamais définie.

Depuis que le monde est monde, nous en sommes toujours là et rien ne semble vouloir faire évoluer les choses. Tout en mettant notre confiance en Dieu nous nous soumettons à un décret divin qui se résume assez bien dans l’affirmation selon laquelle « Dieu est celui qui fait mourir et qui fait vivre » (Deutéronome : 32-39). Bien que nous acceptions cette fatalité, nous ne pouvons quand même pas nous empêcher d'intenter un procès à Dieu parce que nous refusons de subir le sort de toutes les autres créatures. Il y a en nous comme l'idée que si nous avons foi en Dieu, et que s'il s'est révélé à nous, c’est parce qu’il a l’intention de nous réserver un destin particulier. Apparemment il n’en est rien.

Les uns se résignent en prétendant que Dieu fait toujours les choses pour notre mieux être. Ils s’accommodent de la situation sans comprendre. Et ils acceptent l'arbitraire de leur destin. Les autres élaborent des théories qui innocentent Dieu, mais le rendent impuissant à assumer notre avenir. En fait tous pensent que notre vraie relation à Dieu passe par la manière dont il joue un rôle dans le mystère de notre mort, comme si notre seule relation à Dieu était réglée par la mort. Et, c'est là que nous avons tout faux.

Cette longue méditation de Jésus sur le sort des moutons nous dit le contraire. Elle insiste sur le fait qu’il n’y a pas d’échappatoire, les moutons comme nous-mêmes sont ainsi conçus qu’ils finissent tous par mourir. C’est alors qu’intervient un mystérieux berger qui revendique ses droits sur les moutons. Il s'oppose alors aux bergers salariés qui ont habituellement la charge des troupeaux. Ces bergers salariés n’ont aucune conscience professionnelle à l’opposé du mystérieux berger qui se laisse tuer plutôt que de laisser les brebis se faire tuer par les voleurs ou les loups. Il paye de sa vie en s’opposant à la fatalité d’une mort programmée. Il se conduit comme si la mort ne faisait pas partie de l’ordre normal des choses. On ne comprend pas cependant pourquoi la mort du bon berger devrait avoir pour conséquence la survie du troupeau.

C’est alors que se produit comme un hiatus dans le texte. Il se passe comme un glissement, on oublie subitement les moutons et les bergers et on passe sans transition à la relation de Jésus avec Dieu et avec nous-mêmes. Dieu est présenté comme Père. C’est à cause de son amour que notre vie semble préservée. Dieu le Père intervient comme celui qui a le pouvoir de contrarier le destin. Ce pouvoir s’exerce par l’action de Jésus Christ.

Comment ce mystère peut-il alors avoir lieu ? Il y a ici un non-dit, selon lequel Dieu n'a pas de lien avec la mort. Tout se passe comme si Dieu s'opposait aux lois de la nature selon lesquelles tout ce qui vit est appelé à mourir avant d’être transformé à nouveau en une autre forme de vie pour mourir à son tour, car il en est ainsi des cycles incessants de la nature. Dieu dans ce passage se propose de casser ce cycle et de proposer un changement des individus qui ne passe plus par la mort, car Dieu se refuserait d'avoir un lien quelconque avec la mort.

Ainsi ceux qui appartiendraient au domaine de Dieu évolueraient sans réellement connaître la mort. Si celle-ci se produit tout de même, ce ne sera qu’une apparence, car en Dieu la mort n’a pas sa place. Bien évidemment les événements de l’existence ne semblent pas aller dans ce sens et nous avons du mal à partager une telle analyse.

C’est parce que les hommes ne comprennent pas les choses ainsi que Jésus s’est opposé aux idées reçues et les a combattues. Tout son enseignement, ses actions et ses miracles ont toujours plaidé la cause de la vie. Selon lui Dieu avait pour seul souci celui de préserver la vie à l'humanité. Là encore on n’a pas compris Jésus. Ses propos ont été considérés comme des blasphèmes contre Dieu. Il brossait le portrait d’un Dieu Père infiniment bon, toujours attentif à faire reculer l’échéance de la mort, et quand ce que nous appelons la mort survient, il propose une autre forme de vie.


Comme ses contemporains ne supportaient pas l’image de ce Dieu aimant qu’il nous proposait, ils ont provoqué la mort de Jésus pour le faire taire ! Mais c'est la vie qui l’a emporté sur la mort. Tué par la main des hommes il a conservé la vie par l’action de Dieu. Les évangiles en sont témoins, ils promettent à quiconque reconnaît que Dieu est le maître de la vie une vie semblable à celle de Jésus qui bien que mort persiste à vivre, car tout ce qui est en Dieu ne peut mourir.

Comme on ne peut s’opposer à l’évidence et comme on ne peut s’opposer à Dieu, force nous est donnée de construire désormais notre vie sur cette promesse selon laquelle la vie repose en Dieu. Tous ceux qui vivent aujourd’hui pourront voir leur propre vie se prolonger dans une nouvelle réalité à l’image de celle que l’Ecriture a retenue de Jésus après sa mort.

Nous devrions nous arrêter là, pourtant les hommes vivent les choses d’une autre manière. Comme toujours ils essayent de contrôler les mystères de Dieu et par voie de conséquence ils essayent de le limiter en le mettant en contradiction avec lui-même. Ils évoquent les écrits de Paul selon lesquels le salaire du péché, c’est la mort ! Pourtant Paul arrive aux mêmes conclusions que Jean, une vie sans fin s'ouvre devant ceux qui ont mis leur confiance en Dieu, seulement son développement ne suit pas le même chemin.

D’autres encore opposent des questions qui relèvent de la logique humaine : Qui a droit à la vie se demandent-ils ? Les pécheurs non repentis ou mal repentis, ceux qui nient l’existence de Dieu, et les incroyants, les athées et les incrédules auront-ils part à la vie ?

« J’ai d’autres brebis qui n’appartiennent pas à cette bergerie… » dit Jésus, comme pour dire : « mêlez-vous de ce qui vous regarde en n’empiétez pas sur le domaine de Dieu ». Dieu ne peut donner que la vie, pourquoi certains cherchent-ils à limiter son action en cherchant à écarter de la vie ceux qui ne correspondent pas à leurs propres critères ? Il n’y a pas de réalité sur Dieu dans la mort, toute réalité le concernant est forcément immergée dans la vie car il promet à tout son troupeau la vie en abondance.

Illustrations :Mosaïques de Ravenne

dimanche 22 mars 2015

Luc 24:35-48 - la résurrection - dimanche 19 avril 2015



Luc 24: 35 Ils racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin, et comment il s'était fait reconnaître d'eux en rompant le pain.

Jésus apparaît à ses disciples

36 Comme ils disaient cela, lui-même se présenta au milieu d'eux et leur dit : Que la paix soit avec vous ! 37 Saisis de frayeur et de crainte, ils pensaient voir un esprit. 38 Mais il leur dit : Pourquoi êtes-vous troublés ? Pourquoi des doutes vous viennent-ils ? 39 Regardez mes mains et mes pieds, c'est bien moi ; palpez-moi et regardez ; un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai. 40 Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds. 41 Comme, dans leur joie, ils ne croyaient pas encore et qu'ils s'étonnaient, il leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ? 42 Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé. 43 Il le prit et le mangea devant eux. 44 Puis il leur dit : C'est là ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous ; il fallait que s'accomplisse tout ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et dans les Psaumes.45 Alors il leur ouvrit l'intelligence pour comprendre les Ecritures. 46 Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, qu'il se relèverait d'entre les morts le troisième jour 47et que le changement radical, pour le pardon des péchés, serait proclamé en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. 48 Vous en êtes témoins.

Le ressuscité qui mange du poisson  accompagné de miel ! Ces détails inhabituels  peuvent-ils nous aider à éclairer le mystère de la résurrection ?  On est tellement habitué  à ces récits que même les détails les plus insolites ne nous troublent pas vraiment.

La résurrection nous émerveille parce qu’elle nous entraîne avec ravissement dans l’éternité de Dieu. Mais sommes-nous capables de comprendre vraiment les choses car notre esprit critique nous pousse à  nous enferrer dans des  questionnements multiples. Est-il vrai que la divinité de Dieu aurait été mise en cause par le péché ? Est-il vrai que la résurrection  aurait rétabli le monde dans son équilibre primitif ?  Mais nous n’en  avons pas vu  les effets. Nous renvoyons les questions à Dieu lui-même en espérant  que le texte de l’Evangile proposé  pour ce jour éclairera nos réflexions.

Si on se fie à la tradition millénaire on considère que Dieu  aurait lié son destin au monde, et qu’il aurait mal géré la situation en laissant les anges se révolter contre son autorité. Le mal aurait ainsi fait son entré dans le monde.  Ensuite, le premier homme  à peine aurait-il été créé se serait révolté obligeant Dieu a fermer les portes du paradis jusqu’à nouvel ordre. La résurrection entrerait donc dans ce nouvel ordre des choses ! Peut-on encore se fier à cela ?


On a aussi expliqué les choses en disant que  le monde existerait indépendamment de Dieu et que celui-ci essaierait tant bien que mal de s’imposer à lui afin de lui permettre d’évoluer avec sagesse. Mais le monde lui résisterait.


Les théories s’affrontent et une fois encore on nous joue à leur propos la querelle des anciens et des modernes. Chacun, ballotté entre différents courants de pensée, ne sait toujours pas auquel se rallier et la plupart du temps ne se rallie à aucun.

Nous nous sommes habitués, sans y adhérer vraiment à l’explication traditionnelle qui s’appuie sur une lecture littérale des textes. Elle fait état d’un conflit latent entre Dieu et l’humanité qui aurait pour origine le jardin d’Eden où l’homme refusant de se soumettre à un Dieu bienveillant aurait précipité le monde dans sa chute. Dieu aurait mis un terme à cette situation à Pâques en acceptant la valeur rédemptrice de la mort de son fils. Mais malgré tout, beaucoup d’humains aujourd’hui ont du mal à comprendre la pertinence de ces théories.

Ainsi s’égrainent les interrogations comme la litanie d’un chapelet sans fin qui nous fatigue ou nous agace ! Mais, tout confirmerait bien l’hypothèse selon laquelle les hommes vivraient en état de conflit permanent avec Dieu et la résurrection mettrait un terme à ce conflit

Le texte de ce jour devrait nous aider à y voir un peu plus clair. Il nous rapporte le récit d’une apparition de Jésus ressuscité, encore plus difficile à croire que les autres. Et c’est pour cela qu’il va nous aider car il nous oblige à faire la part des choses

- Que Jésus apparaisse à l’improviste, soit !
- Qu’il montre ses plaies soit ! Bien que la résurrection n’en ait pas effacé les cicatrices !
- Mais qu’il mange, et que ce soit du poisson,  accompagné d’un rayon de miel, cela dépasse l’entendement !

S’il avait mangé du pain, on aurait pu penser que l’évangéliste qui rapporte cet épisode faisait allusion au dernier repas, à la sainte Cène. Dans ce cas nous aurions été invités à spiritualiser l’événement si bien que ce récit aurait fait partie à la fois du domaine du réel et du domaine du spirituel, comme dans l’épisode des disciples d’Emmaüs , mais manger du poisson, voilà qui nous déroute !

Puisqu’il est dans notre nature humaine de douter et de poser des questions, continuons l’exercice. L’apparition qui nous est rapportée pose un vrai problème, étant donné qu’elle se déroule à Jérusalem et que la ville est beaucoup trop loin du lac pour qu’on puisse y consommer du poisson. Si encore ce poisson était séché, on aurait pu comprendre qu’on l’ait en stock, mais il était grillé, comme il est dit ici, c’est dire qu’il était encore frais quelques heures au paravent. Impossible ! Alors, serait-ce un poisson spirituel ? Non bien sûr !

Il semblerait plutôt que cette mention du poisson ait été faite ici pour aider l’auteur, l’évangéliste Luc, à répondre à une question qui est elle-même posée par le texte : Etait-ce un fantôme ? Non il n’était pas un fantôme puisqu’il mange la même nourriture que nous. C’est cela que suggère le texte. Mais Luc qui raconte cela veut faire du zèle et il en dit trop. Il ne connaît pas la Judée, ni la Galilée. C’est un grec qui n’est jamais venu en Palestine. Il fait alors état d’un aliment qu’il croyait être un aliment de base dans toute la Palestine : le poisson, c’était raté ! Pour faire plus vraie encore, certains manuscrits ont rajouté qu’il aurait aussi mangé un rayon de miel ! Avez-vous déjà mangé du poisson avec du miel ? Nous devinons que le détail concernant la nourriture a été rajouté. Nous comprenons aisément que ce n’est pas ce détail qui est important. Ce détail a été rajouté pour faire plus vrai, mais n’a pas forcément de fondement historique. Ce qui est important, c’est que le ressuscité soit bien vivant, quelque soit l’apparence qu’il puisse prendre, même si l’Evangéliste qui n’avait  jamais vu Jésus vivant ou ressuscité  ne savait pas ce qui caractérise sa nouvelle nature.

Reprenons notre texte. Il nous parle de la souffrance de Jésus, de la nécessité de la repentance et du pardon, tout cela dans une seule phrase. C’est la souffrance qui est mentionnée en premier. La souffrance est en fait le thème majeur des Ecritures. Dieu depuis toujours se propose d’aider les hommes à se libérer des souffrances qui les accablent. Les Evangiles quant à eux s’attachent à montrer que c’est également pour lutter contre  la souffrance que Jésus a concentré ses efforts. Ecoutez-le dans les béatitudes: "Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés...Heureux ceux qui ont faim et soif de justice..."

Pour comprendre cela il faut donc que les hommes se repentent et qu’ils se convertissent, c’est-à-dire qu’ils cessent de penser que Dieu puisse avoir une responsabilité quelconque dans leurs malheurs, au contraire, il faut qu’ils se convertissent à l’idée que Dieu a pour seul souci de les aider à dépasser le mal pour vivre mieux. Son Esprit saint sera pour nous un précieux auxiliaire, c’est ce qui est encore dit dans ce texte. Le saint Esprit agit en nous, comme une source d’énergie qui nous permet de voir au-delà des souffrances la guérison promise et au-delà de la mort la vie que Dieu nous donne. C’est alors que nous entrons dans la dimension de la résurrection.

Jésus a clairement signifié que Dieu était dans le même camp que les hommes et menait le même combat qu’eux pour les aider à se libérer de toutes les formes d’oppression. Il les accompagne dans toutes les adversités et jamais il ne laissera sa main s’appesantir sur eux.

Ainsi, la résurrection de Jésus ne prend vraiment de signification qu’à partir du moment où les croyants acceptent de voir en Dieu le Père bienveillant qui met tout en œuvre pour que les hommes ne souffrent plus et pour que la vie triomphe dans toutes les situations, y compris celle de la mort.

La foi en la résurrection donne aujourd’hui, plus que jamais, à ceux qui croient, la joie de participer dès maintenant à la construction d’un monde qui fait de l’espérance sa règle de vie et qui fait de l’audace le moteur de tout ce que les humains entreprennent pour que les choses aillent mieux. C’est cette attitude qui doit se généraliser dans les églises. Elles doivent chaque jour redécouvrir que leur mission leur est toute tracée par celui qui, ressuscité des morts, les conduit sur les chemins du monde pour maintenir dans une espérance de vie toutes celles et tous ceux qui sont menacés.


Illustrations: J'ai cherché sur le net les artistes modernes qui avaient donné une image nouvelle de la résurrection. Je les en remercie,bien que je ne leur ai pas demandé l'autorisation de publier leur oeuvre : De haut en bas, il s'agit de Garo,  Malov Gerst,  Philippe le Jeune, Cédric Lavaud