jeudi 27 novembre 2014

Luc 2:16-21 la nativité 4 janvier 2015



Luc 2 :16-21

6 Les bergers se  rendirent en hâte  à Bethléem et trouvèrent Marie, Joseph, et le nouveau-né couché dans la mangeoire. 17 Après l'avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant. 18 Tous ceux qui les entendirent s'étonnèrent de ce que disaient les bergers. 19 Marie retenait toutes ces choses et y réfléchissait. 20 Quant aux bergers, ils s'en retournèrent en glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu, conformément à ce qui leur avait été dit.

21Quand huit jours furent accomplis, il fut circoncis et on lui donna le nom de Jésus, celui que l'ange avait indiqué avant sa conception.

La littérature contemporaine se fait régulièrement porteuse de questions sur Dieu, sur Jésus et sur la spiritualité en y apportant des réponses qui n’ont pour autorité que celle que nous accordons à leurs auteurs.  Elles font cependant écho aux interrogations qui sont les nôtres quand nous  accordons quelques minutes à la méditation personnelle.  Qui est Dieu pour nous et qu’avons-nous à voir avec lui ?

Ces temps de fêtes que nous venons de traverser sont propices à ce genre de réflexion et c’est sans doute elles qui habitent notre méditation quand nos pas nous portent vers  un lieu de culte, comme ce fut le cas, sans doute aujourd’hui puisque c’est dans un tel lieu que nous nous retrouvons.

La fête de Noël vient d’être célébrée et bien entendu la fête a laissé une trace en chacun de nous, mais bien vite l’actualité aura tôt fait de nous entraîner vers d’autres préoccupations et  de mettre en oubli jusqu’à l’année prochaine les rêves qui ont pu accompagner  la célébration de la visite de  Dieu sur la terre des hommes. Déjà la trace  de ce divin visiteur s’estompe  et ne  reste présente pour nous que  dans les cadeaux que nous avons reçus ou donnés.  Ceux qui réfléchissent aux questions spirituelles se demandent  cependant   si Dieu n’était pas seulement une partie du décor de la fête ou s’il représentait une autre réalité.

Sur le chemin qui nous conduisait dans le lieu où nous sommes maintenant, nous avons peut-être fait inconsciemment cette prière qui consistait à espérer que Dieu laisserait en nous une trace qui ne sera pas seulement celle d’une émotion éphémère. Si nous pensons à Dieu, dans les temps qui courent, c’est plus souvent pour nous évader de ce monde et pour laisser notre âme rêver à l’évocation d’un monde meilleur où nous devons avoir une part. Mais ce monde meilleur dans lequel  nous nous projetons et où nous imaginons la présence de Dieu, peut-il exister face à cet univers  où nous sommes, alors que  les bruits de bottes sont accompagnés des sanglots résignés des gens qui fuient loin de leurs oppresseurs  à la recherche d’une nouvelle terre où la haine, la famille et la mort ne feront plus la loi. Dieu a-t-il sa place dans ce monde là

Mais trêve de morosité, si nos pas nous ont portés dans ce lieu-ci ce matin, c’est que Dieu a déjà placé en nous une espérance capable de transformer ce monde hostile. C’est elle que nous voulons partager avec tous ceux qui comme nous, sont venus ici. Aujourd’hui encore nous savons que le charme de Noël n’est  pas une trêve sur le chemin de la résignation, car rêve et espérance se tiennent compagnie sous le regard de Dieu.
Nous accompagnons anges et bergers qui sortent de leur univers de légende pour habiter la réalité d’aujourd’hui et nous invitent à rechercher la vérité sur   Dieu dans ce monde-ci  qui lui est hostile.  Mais si ce monde lui est hostile, il ne lui est pas interdit.  Si  on ne le voit pas, il existe cependant, si on ne l’entend pas il y parle quand même et les mots que l’on entend et qui vibrent au fond de notre être sont habillés d’espérance.

Pas de colère aujourd’hui car  nous sommes invités à trouver du sens  dans l’émotion de ces bergers qui voient des anges et qui entendent le concert des chorales célestes. En effet, l’auteur de ces lignes, Luc en l’occurrence,  n’a pas trouvé mieux que cette évocation pour nous dire que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Nous contemplons avec lui et avec les bergers le miracle de la vie  qui s’impose à la rigueur du moment dans  un bébé qui vient de naître et qui dort dans les bras de sa jolie  maman à côté de son père tout maladroit dans ce nouveau rôle de papa qui vient de lui échoir.

L’émotion, ravivée par nos souvenirs de jadis nous laisse entrevoir les pans de la robe de Dieu qui cautionne cet événement. Il nous rappelle qu’il est toujours présent quand la vie demande à s’imposer, car tout ce qui s’ouvre à la vie est irrésistiblement dans la mouvance de Dieu. Peu importe si le décor nous surprend, c’est une étable remplie de moutons et de berger qui se sont agenouillés pour exprimer leur dévotion. L’atmosphère fleure bon l’odeur de la paille et de la sueur des hommes et ressemble plus à une légende qu’à une réalité historique, quoi que… Il est ainsi dit, sous couvert du merveilleux,  que tout ce qui vit est placé sous le regard de Dieu et qu’en Dieu la vie s’impose pour réveiller  l’espérance.

Quand nous accueillons cette histoire merveilleuse dans le secret de notre âme, nous constatons qu’elle perd son aspect légendaire pour  s’imposer  avec vigueur à notre compréhension en une vérité surprenante.

A la suite de Marie qui s’est arrêtée quelques jours pour accoucher, toute une cohorte de réfugiés de tous les temps lui emboîte le pas. Chassés par la nécessité hors de leur espace naturel, ils forcent  les frontières  en quête de vie et d’espace. Par tous les moyens qu’ils trouvent ils réclament leur droit à la vie.  Au début du récit on a montré que Dieu  lui même s’inscrivait à la fois dans le merveilleux et le sordide de l’histoire des hommes pour leur permettre de s’ouvrir à toute forme de vie qui leur permet d’espérer. L’histoire nous dit que ceux qui croient à la réalité de cette histoire sont capables d’entendre le chant des anges, et même d’y participer.

Aujourd’hui, cette histoire ne cesse de se répéter, des familles entières croient, elles aussi, que Dieu est capable de leur ouvrir des chemins de vie. Elles se mettent à croire dans l’action des anges à qui les hommes s’identifient, car   hommes et anges, ce sont les mêmes réalités, que Dieu entreprend une grande action de rénovation de l’humanité.  Le seul problème réside dans le fait  qu’il faut que leurs actions soient assez visibles pour qu’on y discerne le doigt de Dieu, c’est alors que le chant des chorales célestes deviendra audible.

Nous avons imaginé que sur  le chemin qui vous a conduits à l’Église ce matin, vous vous demandiez si Dieu avait une existence qui dépassait celle de la fête de Noël.  Et voila que cette réalité est en train de prendre corps dans notre société où Dieu n’a peut-être plus sa place. Dieu prend corps dans tout ce qui est porteur de vie, et  puisque chacune  et chacun de nous est vivant, il est logique de penser que Dieu prend corps en lui si bien que cette vie qui est en Dieu et qui s’installe en nous dépasse la temps présent pour nous projeter avec lui dans un futur qui durera aussi longtemps que Dieu lui-même.

On nous a raconté comment un homme et une femme ont lutté de toute leur énergie, avec douceur et ténacité pour que leur enfant devienne le signe de l’acharnement de Dieu à faire vivre les hommes. On peut dire que les hommes  ne se sont pas trompés quand ils ont reconnu en lui le fils de Dieu et qu’ils ont été convaincus de le suivre.  Aujourd’hui, nous pouvons sans doute à notre tour  rester certains du fait que non seulement Dieu s’acharne à orienter le choix des hommes vers des projets de vie porteurs d’espérance, mais aussi que ce succès ne deviendra vraiment visible que si chacun entre à son tour dans ces projets qui sont seuls capables de révéler Dieu. Autrement dit, cette histoire n’a de sens que si nous mettons nos mains dans la pâte avec laquelle Dieu a entrepris la construction de ce monde nouveau .

Illustrations:  Giovanni Baptista Salvi

vendredi 21 novembre 2014

Luc 2:22-40 dimanche 28 décembre 2014



Siméon, qui es-tu? 

Luc 2/22-40

22 Et, quand les jours de leur purification furent accomplis selon la loi de Moïse, ils l'amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur — 23 suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur : Tout mâle né le premier de sa mère sera consacré au Seigneur — 24 et pour offrir en sacrifice une paire de tourterelles ou deux jeunes colombes, selon ce qui est dit dans la loi du Seigneur.
25 Or il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux ; il attendait la consolation d'Israël, et l'Esprit saint était sur lui. 26 Il avait été divinement averti, par l'Esprit saint, qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. 27 Il vint au temple, poussé par l'Esprit. Et, comme les parents apportaient l'enfant Jésus pour accomplir à son égard ce qui était en usage d'après la loi, 28 il le prit dans ses bras, bénit Dieu et dit : 

29 Maintenant, Maître, tu laisses ton esclave
s'en aller en paix selon ta parole.
30 Car mes yeux ont vu ton salut,
31 celui que tu as préparé devant tous les peuples,
32 lumière pour la révélation aux nations
et gloire de ton peuple, Israël.
33 Son père et sa mère s'étonnaient de ce qu'on disait de lui. 34 Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : Celui-ci est là pour la chute et le relèvement de beaucoup en Israël, et comme un signe qui provoquera la contradiction 35— et, toi-même, une épée te transpercera — de sorte que soient révélés les raisonnements de beaucoup.

36 Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Elle était très avancée en âge. Après avoir vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité, 37 elle était restée veuve ; âgée de quatre-vingt-quatre ans, elle ne s'éloignait pas du temple et prenait part au culte, nuit et jour, par des jeûnes et des prières. 38 Elle aussi survint à ce moment même ; elle louait Dieu et parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la rédemption de Jérusalem.
39 Lorsqu'ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville.
40  Or l'enfant grandissait et devenait fort ; il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.


Le temps des prophètes était achevé depuis longtemps au temps des événements relatés,  mais rien n’est jamais terminé quand il s’agit  de la révélation de Dieu. Venus du fin fond des âges  deux vieillards, d’une fidélité irréprochable,  prophètes inconnus jusqu’alors, s’avancent sur la cène de l’histoire pour saluer un temps nouveau.  A peine entrevus, ils retourneront dans l’oubli mais les paroles de Siméon seront perçues ici, comme un préambule à l’Évangile dont la première page n’est pas encore écrite. 

L'essentiel du message de Jésus est donné d'emblée ici par ce vieillard qui parle en prophète : « Cet enfant est là pour la chute et le relèvement de beaucoup en Israël et comme un signe qui provoquera la contradiction ». En une formule lapidaire il résume tout l’Évangile qui n'a pas encore été prononcé. Désormais, aucun homme ne pourra tomber sans que son redressement ne soit une priorité pour Dieu. Notre vie s'ouvre donc sur la promesse que Dieu mettra tout en œuvre pour nous sortir d'affaire en cas de chute. Mais les hommes répondront-ils à sa mobilisation?

On oublie bien souvent cet épisode qui passe presque inaperçu dans la Bible. Mais c'est parce que l'événement est discret qu'il faut insister dessus. En général c'est par des interventions qui ne sont visibles que par ceux qui en sont dépositaires que Dieu révèle aux hommes le sens qu'il veut donner au cours de l'histoire. C’est aux hommes ensuite à le mettre en œuvre. Siméon attendait, comme tous les juifs que Dieu intervienne dans l'histoire de son peuple. Il lui suffit d'une seule phrase pour que tout l'avenir s'éclaire d'un sens nouveau : "Il est là pour la chute et le redressement de beaucoup". Cette phrase prononcée, Siméon peut quitter le monde des vivants. 

Quand nous nous interrogeons sur le sens de notre vie et que nous nous demandons à quoi nous servons réellement, il nous suffit de nous souvenir que le destin de Siméon n’était certainement pas écrit à l’avance d’une manière claire et précise, mais il lui a suffit, au soir de sa vie, de dire une seule phrase pour que son existence prenne du sens. Nous avons tous un rôle à jouer dans ce monde, ne serait-ce que celui de prononcer une seule parole, encore faudra-t-il la prononcer au bon moment.

Siméon semble avoir dit les choses au bon moment : "Il est pour la chute et le redressement de beaucoup!" Ainsi Dieu promet-t-il d’agir de telle sorte que ceux qui sont tombés puissent se redresser, et entrevoir une planche de salut ! C'est tout un programme. La mise en œuvre de cette promesse provoquera une telle contestation dans le monde, que Marie, qui ici, comme souvent dans l’Évangile, représente peut-être  l’Église, en sera déchirée jusqu'au plus profond d'elle-même. Les hommes préféreront se diviser  entre eux au risque de défigurer l’Église plutôt que de se mettre au service de l’Évangile, c'est à dire au redressement des plus faibles.

Les mots que Siméon vient de prononcer et qui constituent le tout premier élément de la vocation de Jésus ne sont pas nouveaux. La tradition biblique avait enseigné depuis toujours que Dieu se rangeait du côté de ceux qui sont tombés et qu’il prend toujours le parti des faibles contre les forts. C'est par ce constat qu'a commencé l'histoire d'Israël: celle d’un petit peuple d'esclaves libérés par Moïse. Mais pour qu’une telle  promesse se réalise, il faudra toujours qu’il y ait quelqu’un pour accomplir le travail de  libération.

Siméon et bien d'autres prophètes avant lui savaient que la volonté de Dieu était que chacun se  mette au service des plus humbles, mais que cette volonté resterait sans suite si personne ne mettait la main à la pâte. Les hommes  ont toujours eu du mal à considérer que tout devait commencer par là. Pour la première fois dans l'histoire du monde, un vieillard pressent que l'enfant qu'on lui présente porte en lui la capacité de renverser le cours de l’histoire en faveur des déshérités, car c’est par là que commence la nouveauté. 

 Il sait cependant que tout cela ne se fera pas sans mal, c'est pourquoi, il parle de contradiction. Les désirs de Dieu correspondent rarement aux souhaits des hommes.  Le rôle de Jésus a été de les mettre en accord au péril de sa vie. Siméon comprend avant les autres que ce sera difficile, que les hommes se déchireront entre eux à cause de la dimension sociale et humanitaire que va prendre l'action visible de Dieu dans le monde des humains. L'amour de Dieu relayé par l'action des hommes se manifestera en premier lieu par le souci des humbles. C'est la vocation que Dieu donne à celui qui pour le moment n'est qu'un bébé et que les nations salueront plus tard sous le titre de Fils de Dieu. 

C'est sur lui que se porteront les premiers coups. On l'a accusé de mépriser le bien fondé des gens  au pouvoir et   de discréditer  le culte et la tradition, au profit de l'amour du prochain. N'est-ce pas encore aujourd'hui un sujet de discorde entre ceux qui donnent priorité aux œuvres et ceux qui croient que priorité doit être donnée au culte, alors que les deux doivent se confondre en une même action? Quand Jésus lui-même sera tombé, c’est Dieu qui le redressera, car l’action de Dieu s’imposera désormais comme un défit à la mort. Mais cela ne s’imposera pas sans mal. 

 Si Siméon continue sa prophétie en disant à Marie qu’elle sera  divisée jusqu’au plus profond de son âme,  c’est parce que les hommes eux-mêmes préféreront se diviser entre eux, diviser leur héritage spirituel, diviser le corps de l’Église plutôt que  de répondre à cette vocation de charité qui doit  régénérer le monde en faisant de tous les hommes nos prochains, même ceux qui ne pensent pas comme nous.

Ceux qui ont vocation d'être redressés, qui sont-ils? Vous les connaissez  mieux que moi, car ils sont nos prochains. Ce  sont ceux qui près de chez-nous ont besoin de nous. Mais pour se mettre à leur service, encore faut-il que nous ayons expérimenté en nous-mêmes cette transformation que Jésus peut entreprendre. Il s’agit de nos propres expériences quand nous aussi avons éprouvé le besoin  d'être secourus dans nos difficultés. Je pense à ceux qui se sentent en désaccord avec eux-mêmes et à ceux qui  sont tiraillés entre les exigences du moment et celles de leur foi.  Je pense à ceux qui ne savent pas trouver le sens de leur vie et qui ne sont pas satisfaits du cours que prennent les choses dans leur existence. Je pense aussi  à ceux qui se fourvoient   parce qu'ils font semblant de croire qu'une vie réussie est une vie couronnée d'honneurs et de privilèges, et qui considèrent que la réussite sociale est un cadeau du ciel si non de Dieu!  A tous,  Jésus promet de les aider à jeter un autre regard sur leur vie qui les transformera et les rendra aptes au service des autres.

C'est pour tous ceux-là aussi que Jésus, reçoit vocation d'intervenir dans la vie. Il est capable de mettre du baume sur les parties douloureuses et il ouvre devant les pas de chacun une perspective d'espérance. En ce temps de Noël, prenez donc le temps de laisser Jésus naître dans vos âmes, ouvrez-lui votre cœur pour qu'il s'en empare. Cela prend du temps, cela demande parfois du renoncement. Cela demande que l'on se remette à prier, même si on ne sait plus le  faire. Mais c’est à ce prix là que l’Évangile manifeste sa capacité de changer le monde. 

C'est alors que le mystère de la prière prendra  toute sa signification et son efficacité. Elle permet de s'ouvrir au Seigneur pour qu'il prenne en charge nos chutes. C'est alors, que sans que nous nous en rendions compte il  transforme notre vie et à nous ressuscite. Ainsi s'ouvre devant nous le programme d'une vie nouvelle, habitée par Jésus et joyeusement ouverte aux autres et à Dieu.

lundi 17 novembre 2014

Jean 1:1-18 La parole créatrice 25 décembre 2014



NOEL : Dimanche 25 décembre 2014

 Évangile de Jean 1 :1-18 1

 Au commencement de toutes choses, la Parole existait déjà ; celui qui est la Parole était avec Dieu, et il était Dieu. 2 Il était donc avec Dieu au commencement. 3 Dieu a fait toutes choses par lui ; rien n'a été fait sans lui ; 4 ce qui a été fait avait la vie en lui. Cette vie était la lumière des hommes. 5 La lumière brille dans l'obscurité, mais l'obscurité ne l'a pas reçue. 6 Dieu envoya son messager, un homme appelé Jean. 7 Il vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient grâce à lui. 8 Il n'était pas lui-même la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière. 9Cette lumière était la seule lumière véritable, celle qui vient dans le monde et qui éclaire tous les hommes. 

10 Celui qui est la Parole était dans le monde. Dieu a fait le monde par lui, et pourtant le monde ne l'a pas reconnu. 11 Il est venu dans son propre pays, mais les siens ne l'ont pas accueilli. 12Cependant, certains l'ont reçu et ont cru en lui ; il leur a donné le droit de devenir enfants de Dieu. 13 Ils ne sont pas devenus enfants de Dieu par une naissance naturelle, par une volonté humaine ; c'est Dieu qui leur a donné une nouvelle vie.
 
14 Celui qui est la Parole est devenu un homme et il a vécu parmi nous, plein de grâce et de vérité. Nous avons vu sa gloire, la gloire que le Fils unique reçoit du Père. 15 Jean lui a rendu témoignage ; il s'est écrié : « C'est de lui que j'ai parlé quand j'ai dit : “Il vient après moi, mais il est plus important que moi, car il existait déjà avant moi.” » 16 Nous avons tous reçu notre part des richesses de sa grâce ; nous avons reçu une bénédiction après l'autre. 17 Dieu nous a donné la loi par Moïse ; mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. 18 Personne n'a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et demeure auprès du Père, lui seul l'a fait connaître.

Nous ne pouvons pas vivre un événement quel qu’il soit sans nous poser des questions à son sujet, c’est pourquoi nous nous interrogeons sur les contradictions qui nous habitent à propos de la fête de Noël. Tout nous invite à nous réjouir et au fond de nous-mêmes nous contestons le bien fondé de cette fête. Nous nous attristons parce que le religieux a fui cette manifestation et que la religiosité à pris sa place. Nous considérons que les lumières qui éclairent nos rues et nos magasins ne sont pas de la même nature que celles de l’étoile qui a guidé les mages vers Bethléem. Nous nous interrogeons même sur la réalité de cette étoile dont les savants modernes contestent l’existence. Nos doutes accompagnent les mages et nous ne sommes pas sûrs de tout ce que l’on a écrit ou dit à leur sujet. En même temps, nous nous réjouissons aussi de voir les gens heureux et les enfants s’émerveiller.

Plaçons donc toutes nos interrogations sous le regard de Dieu qui vient à notre rencontre en ce jour de fête. Il détourne notre attention de ce qui se voit. Il nous invite à nous intéresser à autre chose qu’à ce qui frappe nos regards et notre sensibilité. Il nous demande d’écouter. Il s’agit d’écouter ce qui résonne au fond de chacun de nous, car il se peut que ce soit une parole qui vienne de lui

Cette Parole ne s’entend pas vraiment, mais provoque comme une sorte de vibration en nous. Cette impression d’une présence d'une réalité qui leur soi extérieure s’est très vite imposée aux humains. Dès que les premières communautés d'homo sapiens se sont constituées,  elles se sont tournées vers l'au-delà. Sans dire qu'elles se sont mises à croire en Dieu, on pense cependant qu'elles ont vénéré des forces qui les dépassaient. Il semblerait bien que ce phénomène était lié à la parole.

En effet, l’humanité a commencé à exister en tant que société primitive quand les hommes se sont mis à échanger des paroles entre eux. C’est alors que la harde  a commencé à se constituer en groupes humains distincts. Les êtres qui la composaient se sont alors habillés, ils ont construit des abris.  En   même temps que cela se produisait,  le  sentiment de la présence  de quelque chose qui les dépassait s’est imposé à eux. Dieu, sans même que ces premiers hommes le sachent,  s’était déjà approché d’eux. C'es
t en tout cas de cette manière que l'on pu a interpréter les traces  que l'on a retrouvées  dans leurs sépultures ainsi que sur les peintures dont ils ont orné les murs de leurs cavernes. Dieu avait déjà pris place parmi les hommes dès qu’ils ont constitué leurs premières sociétés et qu’ils ont échangé leurs premières paroles. Dès lors Dieu et hommes feront cause commune. Cette interprétation est vouée à la critique, mais pourquoi ne pas l'envisager?

Dieu était déjà présent au milieu de l’humanité dès ses premiers balbutiements. Mais de quel Dieu s’agissait-il? Certainement, nous ne le reconnaîtrions pas, il se confondait avec les esprits de la terre, le tonnerre ou le feu, mais peu importe, il était déjà présent dans une humanité qui se cherchait.

Il est curieux de constater que le récit de Noël nous parle aussi d’une humanité qui se cherche. Elle nous raconte l’histoire de mages cherchant un roi en suivant le chemin des étoiles. L’homme moderne cherche aussi sa voie dans le bouleversement que lui impose le tumulte des nations. Il cherche vainement quelques fragments de spiritualité dans les échanges commerciaux, et comme il n’en trouve pas, il a l’impression que Dieu l’a abandonné. Comme les mages, nous cherchons aussi. Ils cherchaient un roi, et ils ne trouvèrent qu’un enfant et dans cet enfant la tradition se plait à reconnaître Dieu. Et nous qui allons-nous trouver ?


Que nos chercheurs modernes soient attentifs, le Dieu qu’ils cherchent les surprendra quand ils le trouveront. Dieu se laissera trouver, à coup sûr, car l’homme et Dieu ont une histoire commune puisqu’ils cheminent ensemble depuis les origines. La découverte de Dieu s’accompagne toujours d’une parole. Elle pousse toujours celui qui l’entend à aller plus loin.

On se souvient qu’Abraham entendit une voix qui l’enjoignit à partir, à quitter ses parents et son pays. Il partit et découvrit un avenir que Dieu devait construire avec lui. Moïse quant à lui, entendit la voix de « Celui qui est, qui était et qui vient ». Il lui parla d’une marche à travers le désert et d’un peuple qu’il devait guider vers la liberté. Les Mages à leur tour s’entendent dire, après avoir trouvé ce qu’ils cherchaient, qu’ils devaient repartir par un autre chemin. La parole en qui nous reconnaissons Dieu est toujours accompagnée d’une marche et d’un itinéraire à suivre.

C’est quand il comprend qu’il doit se mettre en mouvement que l’homme découvre que le Dieu qu’il cherche ne l’arrêtera pas dans sa course, mais le poussera en avant. L’humanité doit toujours partir à l’aventure et Dieu l’accompagnera toujours car c’est dans le mouvement que Dieu donne du sens à la vie.

Notre manière de célébrer Noël au vingt et unième siècle ne semble pas, quant à elle, nous orienter vers un lieu précis. Tout va dans tous les sens. Ceux qui nous aident à penser nous poussent  sur des chemins qui nous portent à la plus haute spiritualité  empruntée aux sages des différentes religions en même temps que nos penchants naturels nous invitent  à la plus grande prodigalité. C’est cela qui désoriente nos contemporains car ils participent aux deux mouvements à la fois. Comme personne dans leur entourage ne donne la même valeur aux choses, ils n’ont pas l’impression que tout cela ait du sens. Ils ont même le sentiment qu’ils trahissent Dieu en ne faisant pas ce qu’il faudrait faire. Mais que faudrait-il faire, pour entendre cette parole et faire ce qu’elle dit ?

Dieu n’a jamais demandé aux hommes de faire l’impossible. Il ne leur demande pas de se culpabiliser au point de se désespérer. C’est tout le contraire que répercute la Parole qui nous vient de Dieu au travers des Ecritures. Elle parle d’espérance et  annonce un  sauveur. Elle nous fait croiser le chemin de bergers qui accordent leurs voix aux chorales célestes. Nous  découvrons des savants qui découvrent dans les étoiles le bon chemin que doivent suivre les peuples. Les paroles venues de l’Écriture nous disent que Dieu est là à portée de voix et qu'il s'offre à nous guider vers un avenir heureux si nous en faisons le choix.

La voix de Dieu reste toujours fidèle à ce qui a été dit depuis bien longtemps.  Dieu ne se contredit pas. Il s’adresse à ce qu’il y a de meilleur en nous-mêmes, car c’est là qu’il a décidé de nous piquer au vif. Le meilleur de nous-mêmes, c’est cet esprit qui est en nous et qui nous invite à ne pas nous soucier de nous-mêmes, mais plutôt à consacrer nos forces  à travailler au mieux-être des autres  pour que leur vie soit plus belle. C’est ainsi qu’il nous faut chercher à écouter la voix de Dieu en nous, pour discerner les chemins de l’avenir, car l’avenir est plus dans l’épanouissement de la collectivité humaine que dans la survie de la société privilégiée qui est la nôtre.

Cette Parole s’adresse autant à nos émotions qu’à notre raison. Elle nous interpelle, mais elle ne prend pas pour nous les décisions. Si on l’écoute, elle deviendra une lumière pour éclairer les nations, elle éclairera tous les hommes et repoussera au loin les ténèbres qui obscurcissent leur vision de l’avenir. La balle est donc dans le camp des hommes. Il appartient aux nations de l’entendre et de mettre en pratique ce qu’elle leur dit.

La Bible a retenu cette leçon dans sa tradition millénaire. Elle a compris que la parole devient créatrice quand on pratique ce qu’elle suggère. Elle a placé dans ses premières pages l’histoire de la création. On y comprend que c’est la Parole de Dieu qui donne sa vocation à chaque élément de l’univers, et chaque élément de l’univers accepte la proposition qui lui est faite. Chaque élément du cosmos se met alors à se comporter comme il est prévu qu'il le fasse.  Pourquoi  l'homme agirait-il autrement? La question reste ouverte.
Pour que chacun découvre sa raison d’être sur cette terre, il faudra qu’il soit attentif à cette Parole qui lui vient de Dieu  et qui vise à s'imposer à lui comme une pulsion de vie bienfaisante qui orienterait son existence à chaque tournent de son histoire. C’est alors que les décisions qu’il prendra  agiront pour lui  comme un contrat de partenariat avec Dieu.