lundi 26 septembre 2016

2 Timothée 4:6-8 dimanche 23 octobre 2016



 2 Timothée 4 : 6-8

6 Quant à moi, en effet, je suis déjà répandu en libation, et le temps de mon départ est arrivé. 7 J'ai mené le beau combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi. 8 Désormais la couronne de justice m'est réservée ; le Seigneur, le juge juste, me la
donnera en ce jour-là, et non pas seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront aimé sa manifestation.


A mesure que les années passent, le regard que nous portons sur nous-mêmes  et sur les autres, change au point que  nous avons  une autre  conception des choses. Ce n’est pas que nous devenions plus sages, mais  c’est que notre pensée mûrie d’expériences plus nombreuses à tendance à relativiser les événements. Notre esprit plus réfléchi et moins entreprenant calme nos ardeurs tandis  que notre corps lui-même est moins spontané à réagir. La foi elle-même prend des teintes nouvelles, si bien que l’on peut se demander si ce Dieu qui, dans un premier temps nous poussait à l’aventure, ne nous invite pas de temps en temps  à  ralentir notre marche en avant et  à faire une pause.  Nous rejoignons ici l’apôtre Paul qui constate qu’il  est arrivé en fin de course et qu’il doit faire le point sur ce qu’à été son parcours. Il reste serein, malgré les épreuves qui l’attendent. Il reste aussi lucide sur lui-même et prêt à affronter  les nouveaux défis de la vie avec foi, même si ce sont les derniers.

Il repense sans doute aux aventures qu’il a vécues en suivant ce Dieu qui l’a surpris un jour  après une chute de cheval et à la suite duquel il s’est engagé. Ce fut une longue aventure qui commença par une fuite hors des murs de la ville accroupi au fond  d’ un panier dans lequel on l’avait descendu pour le soustraire à ceux qui déjà le persécutaient. Ce fut  ensuite une longue errance dans le désert qu’il consacra à construire sa foi. Parti au service de Jésus, il traversa mers et déserts sans jamais s’arrêter. Contesté par les uns, adulé par les autres, trainé devant les tribunaux, il parla aux grands et aux petits, dressa des communautés de croyants. A peine arrêté, il repartait à nouveau. Telle fut la vie qu’il lui a plu de mener par fidélité à celui  à qui il avait consacré sa vie.

Au terme de cette lettre à Timothée, il fait le point sur ce qu’il a été et devine le sort que les hommes lui réservent. Apparemment, le voila à nouveau en prison dans les geôles de Néron qui, on le sait ne fut pas tendre avec les chrétiens. Il pressent qu’il fera partie de la prochaine charrette, mais nous n’en savons rien car tout cela n’est que supposition. Ce qui est sûr cependant  c’est sa sérénité et sa lucidité.

Les chrétiens ont des parcours de foi différents les uns des autres et celui de Paul est exceptionnel, mais tous comme lui sont invités à faire le point sur les différentes étapes de leur vie. Ici, pour Paul c’est sans doute la dernière, c’est aussi le repos forcé,  il ne maîtrise plus rien, mais il est inutile d’être arrivé aux derniers moments de sa vie pour faire le bilan sur ce que l’on a vécu jusqu’à maintenant et pour préciser la nature de sa foi.  Il est bon de se demander si elle s’est affadie ou renforcée et de chercher à distinguer les contours  du visage de Dieu. Il est bon de savoir s’ils  sont devenus plus flous ou plus précis, si nous avons l’impression  de nous être éloigné de lui  ou si c’est lui qui s’est rapproché de nous dans les différents moments que notre vie a traversés.

Il n’est pas  obligatoire d’attendre de se trouver dans des moments de repos forcé pour faire  retour sur nous-mêmes et prendre le temps de la réflexion. Cela relève de notre responsabilité d’interrompre la marche que nous menons au travers de la vie pour mettre un temps d’arrêt et réfléchir au compagnonnage que nous avons mené avec Dieu. Quelle place lui avons-nous concédée et quel rôle a-t-il joué dans notre existence passée ? Mieux encore,  quand le vent de l’adversité a soufflé sur nous et que les sollicitations causées par l’épreuve ont été si intenses que l’on n’a pas pris le temps de songer à Dieu, il est bon de s’interroger sur le rôle qu’il a joué pour que notre foi ne s’effrite pas et que notre espérance ne se liquéfie pas. Il est utile alors  de repérer les traces de sa présence et de considérer quelles empreintes elles ont laissées en nous au moment où on ne pensait pas à lui, car Dieu travaillait en nous et on ne le savait sans doute pas. C’est alors qu’il nous faut prendre le temps de renouer les liens qui nous rapprochent de lui pour que notre vie se continue, éclairée par sa présence active.

Nous reconnaissons alors, grâce à des détails que nous seuls sommes capables de repérer, que malgré l’oubli où nous l’avons tenu, Dieu  a été d’une fidélité remarquable.  Paul songeant aux événements difficiles qu’il a traversés constate ici qu’il a gardé la foi.  Nous aimerions tous comme lui, pouvoir être aussi affirmatifs, mais  il serait bon de faire le point sur ce que signifie pour nous cette expression. En effet, la foi ne nous appartient pas et nous ne sommes pas responsables de la garder ou de la perdre. Cela laisse sous entendre que pendant les différentes épreuves traversées, Dieu restait  assez vigilent pour que la foi  continue à nous porter, même si nous n’en avons pas été toujours conscients.

Paul est tellement sûr de lui, alors qu’il fait le point sur sa vie écoulée  qu’il s’attribue à lui-même la responsabilité d’avoir conservé la foi, comme si Dieu n’y avait joué aucun rôle. En fait pour Paul le partenariat avec Dieu était tellement fort que la présence de Dieu en lui  ne lui a jamais fait défaut. Faisant un avec Dieu, corps et âme, il s’attribue à lui-même les conséquences de cette vie qu’il a menée en osmose avec Dieu. En fait, il dit d’une manière un peu rapide qu’il a su, tout au long des épreuves discerner en lui la présence de Dieu qui n’a jamais cessé d’être  présent. La  vigueur de l’esprit l’a amené à ne jamais douter.

C’est en effet, dans la réalité du  doute que se tient le  nœud  du problème. Ici nous ne sommes ni vous ni moi capables, de dire que nous n’avons jamais douté. Le doute se produit quand une nouvelle difficulté se rajoute à une autre et que nous nous trouvons dépassés par une situation que nous ne maîtrisons plus. C’est  le cumul des épreuves qui nous amène à nous demander si Dieu joue un rôle dans notre existence. Y a-t-il un remède ? La distance avec Dieu se creusant encore davantage nous n’avons plus alors de possibilité de recours que dans la prière que nous adressons à celui qui semble-t-il n’intervient plus en nous.  La prière est le seul lien qui existe encore avec ce Dieu qui est devenu sourd et muet pour nous.  Nous ne savons  pas pourquoi il en est ainsi, mais la prière est le seul moyen de garder avec Dieu un lien possible, si bien que lentement le voile opéré par le doute s’estompe. L’épreuve étant dépassée nous pourrons faire le bilan de notre foi en réalisant que la seule force qui nous a permis de ne pas couper avec Dieu a été la prière. Alors, rejoignant Paul nous pouvons dire  que nous avons gardés la foi, en sachant que sans le silence, Dieu n’a jamais cessé d’être présent, même si le doute le rendait inexistant.

Ce genre de victoire nous permet de considérer que la foi est tenace et que Dieu lui permet  de  triompher des moments où nous croyons l’avoir perdue. Ainsi en faisant le bilan de notre foi après que les épreuves subies aient été surmontées, nous pouvons renouveler notre confiance en Dieu, même si nous pressentons que de nouvelles épreuves  doivent survenir. Nous serons d’autant plus forts si régulièrement nous avons fait le point des étapes passées, pour construire une foi, toujours plus purifiée et plus efficace.

Illustration de Rembrandt

lundi 19 septembre 2016

Exode 17:8-13 Amalec contre Israël dimanche 16 octobre 2016




Exode 17 :8-13



8 A Rephidim, Amalec vint faire la guerre à Israël. 9 Alors Moïse dit à Josué : Choisis-nous des hommes, sors et combats Amalec ; demain je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. 10 Josué fit ce que Moïse lui avait dit pour combattre Amalec. Moïse, Aaron et Hour montèrent au sommet de la colline. 11 Lorsque Moïse élevait sa main, Israël était le plus fort ; lorsqu'il reposait sa main, Amalec était le plus fort. 12 Comme les mains de Moïse se faisaient lourdes, ils prirent une pierre qu'ils placèrent sous lui, et il s'assit dessus. Aaron et Hour soutenaient ses mains, l'un d'un côté, l'autre de l'autre ; ainsi ses mains restèrent fermes jusqu'au coucher du soleil. 13 Josué vainquit Amalec et son peuple au fil de l'épée.

Notre vie n’a jamais été un long fleuve tranquille. Nous rencontrons tous sur notre chemin des obstacles imprévus qui nous remettent régulièrement en cause et notre foi interpellée à du mal à résister. Pourquoi Dieu permet-il ces attaques imméritées. Notre vie de foi honnête ne semble nous servir d’aucune protection. Sans le dire nous adressons à Dieu cette prière secrète : «  Qu’ai-je fais Seigneur pour qu’une telle chose m’arrive ? » Seul le silence de Dieu répond à notre question ! Mais les silences de Dieu sont parfois éloquents pour qui sait écouter. Ainsi aujourd’hui allons-nous essayer de percer le mutisme de Dieu avec l’histoire de l’affrontement  que subit Israël face à Abimelec.

Encore un texte qui nous parle de guerre  et où Dieu se fait complice de la violence allons-nous penser. Mais où est Dieu dans ce récit ? Son nom n’est même pas prononcé, l’action se passe sans lui.  La sagesse nous suggère donc de rejoindre Dieu là où il se trouve et non pas là où il n’est pas.

 Jésus a passé sa courte vie à baliser pour nous le chemin qui nous mène à la découverte du Dieu véritable qui est bien différent  de celui auquel la culture ambiante nous a habitué. Jésus le voyait sous les traits d’un Père aimant plus que sous les traits d’un potentat céleste tout puissant. Il s’est appliqué à bousculer les images transmises par la tradition. A la toute puissance de Dieu il a opposé l’amour, à la rigidité de la loi il a opposé la liberté. A la lecture magique des textes sacrés il a opposé une réflexion personnelle. Il nous a libérés du monde de la mort pour nous offrir la résurrection.

Mais Jésus n’a pas inventé de toute pièce l’Evangile qui nous ouvre au salut, il l’a recueilli en partie dans ces mêmes Ecritures que nous a transmis la  tradition biblique. Dieu s’y révèle à son peuple depuis des millénaires par la voix des prophètes. Jésus a trouvé l’Evangile qu’il nous a enseigné, dissimulé dans les  textes sacrés comme des pépites d’or qu’il a fallu séparer des graviers. Il l’a rassemblé dans un enseignement qui nous étonne encore. C’est ainsi que sont nés les textes évangéliques du Nouveau Testament soigneusement mis par écrit par les premiers chrétiens pour devenir ce joyau de sagesse qui nous fait vivre. Ainsi la parole de Dieu  n’a eu vraiment d’effet qu’au moment où Jésus  lui a donné sa voix. Le petit texte contenant  le récit de la victoire de Josué sur Amalec  est une de  ces pépites enfouie dans la gangue des textes anciens. Comme des chercheurs d’or, il va nous falloir user de patience pour en découvrir la pertinence.

Alors que le peuple Hébreu, en fuite hors d’Egypte tente de traverser le désert à la suite de Moïse, Amaleq vint combattre Israël et s’opposa à son passage. Les difficultés  n’avaient pas été épargnées aux fugitifs, faim, soif avaient été leur lot,  et maintenant voila que le tenant du lieu leur refusait le passage. Le conflit ressemble tellement à celui de l’actualité qu’il est inutile de le commenter. Inutile aussi d’en tirer une leçon immédiate pour aujourd’hui car la situation n’est pas la même. Amaleq qui entre en scène va faire figure d’ennemi traditionnel  du peuple d’Israël. Continuellement  il opposera ses armées aux combattants hébreux et ce n’est que David qui le vaincra définitivement. Il est donc plutôt l’incarnation du mal récurent qui s’oppose à Israël. 

A travers ce récit nous verrons aussi l’histoire de notre propre vie, traversée d’événements  hostiles qui tombent sur nous au moment où on ne s’y attend pas et qui opposent à notre existence des défis réguliers qui nous provoquent  à tout bout de champ sans  que nous ayons pu voir venir la menace. Il y a toujours un Amaleq dans notre vie qui nous empêche d’en jouir pleinement, mais silencieusement Dieu reste attentif

Face à la difficulté, Moïse monte sur la colline, le bâton de Dieu à la main, ce bâton avait servi à manifester la puissance de Dieu devant le pharaon et à faire jaillir l’eau du rocher. Il est accompagné par Aaron, son frère, le grand prêtre et Hur qui les assistent.  Il se présente ainsi à tous, sur  un lieu  élevé, les bras tendus vers le ciel dans la position traditionnelle de la prière.  Pour compenser la fatigue qui l’assaille on calle Moïse dans sa position par un rocher  et ses deux compagnons soutiennent ses bras pour qu’ils ne s’abaissent pas.  Nous avons dans ce tableau impressionnant assez d’éléments symboliques pour évoquer le temple qui sera construit  bien plus tard, sur un rocher, sur la montagne de Sion. Dans le lieu saint du temple on avait déposé les tables de la Loi. La prière y était célébrée jour et nuit par les descendants  d’Aaron. Cette simple constatation nous autorise à voir  dans  cette évocation  la place que doit prendre  Dieu dans notre  vie, alors que depuis le début du récit, le nom de Dieu n’a pas été mentionné  et ne le sera qu’incidemment à la fin.

Nous comprenons bien vite que la victoire sur le mal ne s’accomplit pas par les armes traditionnelles  mais par la fidélité à l’Eternel qui est exigeante.  Quand la prière cesse et que Moïse baisse les bras, les armées reculent, quand Moïse  épuisé lève à nouveau les bras, les combattants  qui de la plaine le voient  reprennent de la vigueur.  Moïse n’arrive pas tout seul à accomplir sa tâche, l’aide de  ses compagnons lui est indispensable. Il a beau être un homme providentiel, il a beau être mis à part par Dieu, il ne peut rien tout seul, même dans une attitude de prière où il ne prononce pas un seul mot.

Jusqu’ici, le nom de Dieu n’a pas été pas mentionné, car Dieu occupe tout l’espace.  Il n’y a pas des moments dans notre existence où il est plus présent que d’autres. Il est présent en totalité et il n’agit pas seulement parce que notre prière serait plus efficace à certains moments qu’à d’autres, notre prière constante  maintient un lien permanent avec lui.  Notre prière n’a pas besoin de mots pour être perçue par Dieu, il s’agit seulement d’être conscient  du fait qu’à chaque instants de notre vie, Dieu est présent. Le récit semble nous dire ici que quand les difficultés surviennent, il faut laisser Dieu envahir notre vie et combattre avec lui contre l’adversité. Nous ne savons pas quelle issue aura chaque nouveau défi, mais nous savons que Dieu restera présent, même si les événements semblent l’enfermer dans le silence. Notre prière n’a pas besoin de mots formulés, sa réponse ne se fait pas sentir par des  événements perceptibles, mais il suffit que par la foi nous soyons assurés de sa présence pour que nous ne perdions pas pied.

La prière ne nous dispense pas de l’action, pendant que Moïse se tient sur la montagne les bras levés,  Josué dans la plaine mène le combat. Si on reste passif à attendre  de voir le résultat de l’action de Dieu, nous risquons d’attendre longtemps. Dieu n’apporte pas des solutions toutes faites à nos problèmes. Il ne s’agit pas de s’assoir sur un rocher et de tendre les mains vers le ciel pour que le miracle se produise. Par contre Dieu participe volontiers à notre action et nous inspire pour que nous puissions trouver les bonnes solutions. Mais ce travail est parfois contraignant, il demande l’oubli de soi et  une constance dans la prière.  Ce n’est pas Dieu qui agit, c’est nous. Quant à Dieu, il contribue par  sa présence constante à maintenir en nous l’espérance qui est l’instrument nécessaire dont nous avons besoin, pour mener heureusement notre  vie.

vendredi 16 septembre 2016

Rois 5: 14-17 Guérison de Naaman le lépreux dimanche 9 octobre 2016

Chers lecteurs de ce blog,  Nous avons pendant des années essayés de vous proposer un sermon à propos des textes de l’Évangile indiqués pour  chaque semaine. Cette année nous allons rester fidèles aux autres textes. Pour les sermons concernant  l’Évangile, il vous suffira d'indiquer leurs références  sur votre moteur de recherche et vous trouverez les textes publiés les années précédentes.




2 Rois 5 :14-17



Guérison de Naaman le « lépreux » 


1 Naaman, le chef de l'armée du roi d'Aram, était un homme important aux yeux de son seigneur ; il jouissait d'une grande considération, car c'est par lui que le SEIGNEUR avait donné la victoire à Aram. Mais cet homme, ce vaillant guerrier, était « lépreux ». 2 Lors d'une expédition, des troupes araméennes avaient ramené captive, du pays d'Israël, une petite fille. Elle était au service de la femme de Naaman. 3 Elle dit à sa maîtresse : Oh ! si mon maître allait chez le prophète qui est à Samarie, celui-ci le débarrasserait de sa « lèpre » ! 4 Naaman vint dire à son seigneur : La jeune fille d'Israël a parlé de telle et telle manière. 5 Alors le roi d'Aram dit : Vas-y ; j'enverrai une lettre au roi d'Israël. Il partit en prenant avec lui dix talents d'argent, six mille pièces d'or et dix vêtements de fête. 6 Il apporta au roi d'Israël la lettre, où il était dit : Avec cette lettre je t'envoie Naaman, mon serviteur, afin que tu le débarrasses de sa « lèpre ». 7 Après avoir lu la lettre, le roi d'Israël déchira ses vêtements et dit : Suis-je Dieu, pour faire mourir et pour faire vivre, qu'il s'adresse ainsi à moi afin que je débarrasse un homme de sa « lèpre » ? Constatez, je vous prie, qu'il me cherche querelle ! 8 Lorsque Elisée, l'homme de Dieu, apprit que le roi d'Israël avait déchiré ses vêtements, il fit dire au roi : Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements ? Laisse-le venir chez moi, je te prie, et il saura qu'il y a un prophète en Israël. 9 Naaman vint avec ses chevaux et son char et s'arrêta à l'entrée de la maison d'Elisée. 10Elisée envoya un messager lui dire : Va te laver sept fois dans le Jourdain ; ta chair redeviendra saine, et tu seras pur. 11 Naaman s'irrita ; il s'en alla en disant : Je me disais : Il sortira et se tiendra devant moi, il invoquera le nom du SEIGNEUR (YHWH), son Dieu, il agitera sa main sur l'endroit malade et débarrassera le « lépreux » de sa « lèpre ». 12 Les fleuves de Damas, l'Abana et le Parpar, ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d'Israël ? Ne pouvais-je pas m'y laver pour devenir pur ? Il repartit en fureur. 13 Mais ses serviteurs vinrent lui dire : Si le prophète t'avait demandé quelque chose de difficile, ne l'aurais-tu pas fait ? A plus forte raison s'il te dit : « Lave-toi et sois pur ! »



 14 Il descendit alors et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l'homme de Dieu ; alors sa chair redevint comme celle d'un petit garçon : il était pur.

15 Il revint vers l'homme de Dieu, avec toute sa suite. Lorsqu'il fut arrivé, il se présenta devant lui et dit : Je sais qu'il n'y a pas de Dieu sur toute la terre, si ce n'est en Israël. Maintenant, accepte, je te prie, un cadeau de ma part. 16 Elisée répondit : Par la vie du SEIGNEUR, au service duquel je me tiens, je n'accepterai pas. Naaman insista pour qu'il accepte, mais il refusa. 17 Alors Naaman dit : Dans ce cas, je te prie, qu'on me donne, à moi, ton serviteur, de la terre, la charge de deux mulets ; car je ne veux plus offrir ni holocauste, ni sacrifice, à d'autres dieux qu'au SEIGNEUR (YHWH) .

Traduction de la Bible Second révisée.  Pour ce sermon nous utiliserons toute la péricope et non pas  seulement le passage en référence

Quand la  Bible attire notre attention sur un miracle, il ne faut pas se laisser séduire par l’aspect merveilleux de la situation qu’elle présente, car le miracle ne vise pas à provoquer notre admiration au sujet d’un personnage particulier qui aurait été méritant des faveurs de Dieu, si c’est ce que nous  cherchons à y découvrir, nous ferions fausse route.  Le miracle vise avant tout à nous révéler un aspect de Dieu auquel nous n’aurions pas encore prêté attention.

 Quel serait ici le mérite de Naaman  qui justifierait qu’il bénéficie de la faveur de Dieu? Il serait un  général Syrien qui aurait vaincu les armées d’Israël grâce à la faveur de Dieu.  Au premier abord, tout se passe comme si Dieu  était passé à l’ennemi et protégeait l’adversaire. Mais la protection de Dieu n’aurait pas été aussi efficace qu’il y paraît puisque Naaman  fut frappé de la lèpre, maladie entachée de la malédiction divine. Il y a ici une contradiction dans les intentions divines que nous ne découvrirons peut-être pas. Certes, il fut miraculeusement guéri, c’est le sujet du récit, mais au prix de notre incohérence, c’est à se demander quel jeu Dieu joue ici ?

L’origine du miracle est suspecte elle aussi, car le miracle se produira grâce à l’intervention audacieuse d’une jeune  israélite capturée par les troupes de Naaman,  réduite en esclavage par ses soins et mise au service de sa maisonnée. C’est elle qui le mit sur la voie de la guérison en parlant d’un prophète puissant en Israël capable de le guérir. C’est ainsi que tout commença.  A la fin du récit le général  ennemi fut guéri  et la jeune esclave  fut oubliée.  Il est difficile de raconter une histoire plus injuste et d’en rendre grâce à Dieu.

Que le lecteur sache maintenant que l’histoire fut écrite à l’époque où Israël était retenu en exil à Babylone. Elle  relaterait un événement qui s’était produit 3 siècles plus tôt. On peut imaginer que la jeune fille puisse être identifiée au peuple captif toujours en espoir de libération si bien qu’il est vraisemblable d’imaginer que la jeune esclave espérait sa libération en récompense du succès du voyage que de son maître allait entreprendre pour obtenir sa guérison. C’est une extrapolation que l’on peut faire mais qui n’est nulle part suggérée. On  sait cependant  que les prophètes de l’exil ont entretenu l’espoir d’une libération qui ne se produisit que cinquante ans  après le début de la captivité du peuple.

Même si le récit est allégorique, on comprend mal pourquoi Dieu consentit à ce miracle en faveur  d’un général  ennemi.  A moins que l’universalisme que l’on trouve alors dans les récits  des prophètes de l’exil soit en train de s’installer dans l’esprit des narrateurs. Ce récit porte-t-il en lui l’espérance selon laquelle tous les peuples seraient invités à rejoindre la foi d’Israël ? On nous montrerait alors ici par quel chemin Dieu ferait passer tous les hommes pour les gagner à sa cause.

Si derrière le personnage de Naaman, nous voyons l’humanité en quête de Dieu, malade de sa propre ignorance et désireuse de trouver  la vraie voie de Dieu, mais enfermée dans  ses vanités humaines, si derrière la jeune fille esclave, nous voyons les croyants d’Israël privés de liberté lors de l’exil babylonien, confrontés aux injustices qui les accablent et pourtant remplis d’espérance en ce Dieu qui sauve, si nous voyons dans tout cela nos propres questionnements sur la foi, l’espérance et la présence de Dieu dans le monde, nous risquons de découvrir comment Dieu aide les hommes à se frayer un chemin au travers  vicissitudes du monde.

En écoutant ce récit dont nous n’avons pas de raisons de douter de ses  origines historiques, nous gardons cependant à l’esprit l’idée que les écrivains bibliques ont cherché à répondre aux questions qui habitaient l’esprit de leurs contemporains au moment de l’exil. Dieu pouvait-il abandonner son peuple dans la tourmente ? L’espérance qui l’animait encore était-elle justifiée ? Dieu peut-il nous ab      donner ?

Habités par ces questions, nous pouvons aller à la rencontre de Naaman. Imbu de sa prestance de général vainqueur, il croit qu’il peut se sortir de sa situation sans perdre sa prestance alors que la maladie qui l’a atteint risque de le défigurer  et d’anéantir  sa vie sociale. Le statu de notable  se croit supérieur  à tous ceux qui lui sont inférieurs est incompatible avec  la vie que Dieu propose à tout un chacun. Nous allons voir comment Dieu le conduit à  renoncer à tout ce qui flatte  son orgueil  pour le  prix de la vie  qu’il lui propose. Sa conversion à ce Dieu qui fait cas de sa personne, indépendamment de ses privilèges va pourtant  le rend heureux. C’est là que se tient le vrai miracle.

Mais d’abord Naaman doit renoncer  à tout ce qui le valorise à ses propres yeux. Nous en avons l’énumération dans les préparatifs qu’il fait pour son voyage. Il met dans ses bagages tout ce qui caractérise son rang, dix uniformes et vêtements d’apparat, la lettre de recommandation du roi de Syrie dont seul un haut dignitaire  peut se prévaloir, une escorte digne de son rang. Toute cette opulence a pour effet de produire la terreur du roi d’Israël qui le reçoit  et qui croit déceler un piège dans tout cet artifice. Conduit chez le prophète Elysée, puisque tel est le but de son voyage, celui-ci ne le reçoit pas et lui fait dire d’aller  se baigner dans un ruisseau boueux, le Jourdain  qui coule à quelques dizaines de kilomètres de là. Ce n’est pas digne de lui et il se met en colère devant ce manque d’égards à son endroit. Il faut la sagesse de ses serviteurs pour qu’il ne reparte pas et obéisse à la recommandation du prophète. Mais  il n’est pas arrivé au bout de ses peines. Il doit s’humilier lui-même, se défaire  de ses beaux vêtements  et se  mettre à nu devant toute sa suite avant d’entrer dans les eaux. C’est alors que se produisit le miracle.

Le miracle est-il dans sa guérison  ou dans l’acceptation  d’avoir reconnu qu’il était un simple humain contraint par des événements indépendants de sa volonté à se comporter comme un citoyen ordinaire. Le résultat de sa guérison le ramène à un état d’ enfant.  «  Sa chair devint claire comme la chair d’un jeune garçon » Cette remarque nous renvoie à la rencontre de Jésus avec  Nicodème quand il lui dit : «  si un homme ne naît de nouveau, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » Jean 3ss. Mais il n’est pas encore quitte. Sa fortune qu’il a emportée, que va-t-il en faire ?  Le prophète la dédaigne, « Va en paix lui dit-il »  en la refusant.

Pour en arriver à l’acte de foi qu’il confesse alors, il a fallu l’intervention anonyme d’une modeste esclave victime de ses propres faits d’armes, il a fallu l’action convaincante de tous ses serviteurs qui l’ont accompagné et conseillé avec sagesse. Dieu a mobilisé  tous ces hommes et ces femmes pour arriver à sa conversion.

Et maintenant il appartient à chacun de se demander où se situe  vraiment le miracle ? Il est sans doute dans tout ce déploiement de personnages que Dieu a mis en action pour le convaincre de partir et pour l’accompagner  tout au long de son voyage. Il est aussi, bien entendu dans la vie nouvelle dont il se trouve revêtu en sortant de l’eau, comme une anticipation du baptême.

 Si l’histoire est allégorique, nous  trouverons dans l'explication du retour  d’exil d’Israël la récompense que la jeune esclave espérait .

Mais direz-vous encore :   « Vous n’avez pas parlé de Jésus dans tout ce sermon ! » Il n’est pas besoin de parler de lui pour qu’il soit présent.  C’est bien à cause de Jésus et de son regard sur les  Ecritures que j’ai compris ce texte comme j’ai tenté de l’expliquer. Si non j’aurais considéré que Dieu avait été injuste et qu’il n’aurait pas sauvé Naaman par grâce mais pour d’autres intérêts.   Si l’histoire a une issue favorable pour Naaman et l’a amené à la découverte de la patience, de l’amour et  de la persévérance de Dieu, l’histoire nous dit aussi que Dieu déploie la même force et la même énergie pour chacune et chacun de nous, et  certainement aussi  pour la jeune esclave dont nous avons interprétée l’issue heureuse par allégorie. Cela   n’a sans doute pas échappée à la sagacité de l’écrivain biblique qui a fait confiance à notre culture biblique pour nous laisser le découvrir.