lundi 27 juillet 2009

le pain vivant descendu du ciel Jean 6:51-58 dimanche 16 août 2009

Jean 6-51

C'est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours ; et le pain que, moi, je donnerai, c'est ma chair, pour la vie du monde.

52 Les Juifs se querellaient entre eux ; ils disaient : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ?


53 Jésus leur dit : Amen, amen, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'avez pas de vie en vous. 54 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le relèverai au dernier jour. 55 Car ma chair est vraie nourriture, et mon sang est vraie boisson. 56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, comme moi en lui. 57 Comme le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et comme moi, je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi.


58 Voici le pain descendu du ciel. Il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères : ils sont morts. Celui qui mange ce pain vivra pour toujours.




Quelle pourrait-être l’idée forte qui permettrait à nos contemporains de formuler avec dynamisme des projets d’avenir ? Comment inventer un art de vivre qui serve de référence à tous ceux qui voudraient jouer un rôle dans l’évolution de la société ? Ce questionnement devrait être le premier souci de ceux qui ont la charge d’organiser le monde, mais aucune idée géniale ne semble avoir été retenue pour répondre à notre question. Nous la garderons en mémoire cependant pour essayer d’aborder ce texte sur le « pain de vie »

Pendant longtemps, le pain a été la référence nécessaire pour définir l’art de vivre. On mange son pain blanc quand la vie est facile, les tourments lui donnent un goût amer et la misère le colore en noir. En tout état de cause on gagne son pain à la sueur de son front. C'est là une citation qui nous vient tout droit de la Bible qui met le pain en référence à ce qui fait vivre. Mais l’homme du vingt et unième siècle n’est plus un mangeur de pain ! Alors quel sont pour lui les critères de la qualité de vie ?

Une petite incursion dans les événements récents de l’actualité ou dans les éléments marquants du cinéma ou de la télévision nous aiderons peut être à saisir à quoi l’homme moderne est sensible.

Il y a quelques semaines Mikaël Jackson est mort. Cet événement n’est pas passé inaperçu. Les foules ont manifesté de différentes façons leur désarroi après la disparition de cette idole internationale, tant cet homme avait marqué sa génération. La presse a tout dit à son sujet. Il a hanté le show-biz comme un feu follet, bondissant avec un talent inouï dans la vie de ses contemporains en remettant en cause leur sens de l’art. On notera aussi qu’il a changé son apparence. De noir qu’il était à l’origine, sa silhouette fragile a bondi dans le blanc.
Il n’a pas fait rêver que les ados, beaucoup de gens furent sensibles à son personnage, à sa manière d’être et à son art. Mais malgré tout, on a du mal à cerner sa personnalité. On dirait qu’il a fasciné les masses parce qu’il s’est enfermé dans un rôle de perpétuel mutant, un homme d’apparence assez peu virile, mais toujours en devenir, un enfant qui se refuse d’être adulte, à la fois séduisant et inquiétant.

L’actualité impose un rythme invraisemblable à notre sensibilité. A peine enterré Mikaël Jackson fait place à Harry Potter qui envahit les cinémas. C’est le sixième film qui transpose à l’écran la saga du petit sorcier. Le personnage éclipse l’acteur qui par ailleurs a fait parler
de lui dans un rôle pour le moins ambigu. Lui aussi tel un autre feu follet sautille d’une intrigue à l’autre. Issu de nulle par, fils d’un couple de sorciers disparus de façon mystérieuse, il est marqué par un destin où la mort tient une place importante, cependant nous découvrons qu’ il est l’élu, promis à un avenir brillant qu’on ne pressent pas encore. Comme Mikaël Jackson il n’appartient vraiment à aucun monde. Son personnage est chargé de toutes sortes de légendes issues des plus anciennes traditions de notre histoire. Tout cela se meut dans le décor psychédélique d’une université britannique traditionnelle habitée par le fantastique. Le mal rôde derrière chaque porte, la magie sert de mot de passe à chaque énigme et le mal dissimule les formes de son visage dans les nuages menaçants surmontant le paysage lugubre. Cet aspect des choses s’inscrit inconsciemment en nous, comme un négatif de la peinture de la création du monde de Michel-Ange où Dieu sort aussi des nuages et se confond avec eux pour créer l’homme. Le monde de Harry Potter fascine parce qu’il est irréel, il s’appuie sur des valeurs traditionnelles qu’il transforme pour les rendre fantastiques et inquiétantes. Il apparaît donc lui aussi comme un défi au monde moderne qui se cherche et où des esprits pervers disputent aux forces du bien l’avenir du monde en ne tenant aucun compte de Dieu. (2)

Mais notre tour d’horizon ne s’achève pas là. Chaque soir plusieurs millions de spectateurs ont rendez-vous avec « plus belle la vie ». C’est un autre univers, bien différent en apparence du précédent. Il a pour décor un quartier de Marseille habité par des gens comme tout le monde. C’est un univers bon enfant où des événements, empruntés à l’actualité rythment le quotidien des personnages qui appartiennent à toutes les classes d’âge de la société et à tous les milieux sociaux: Barman, avocat serveuse, médecin, homme ou femme d’affaire, institutrice, juge, modiste, étudiants lycéens, sdf… . La vie sentimentale de tous ces personnages
tient une grande place dans le déroulement de l’histoire. Les amoures décousues de tout ce petit monde sont mouvementées et chacun passe aisément d’un partenaire à l’autre. Fait caractéristique, toutes les familles sont des familles recomposées et certaines sont totalement décomposées.

Ces trois épisodes, extraits de la vie quotidienne de nos concitoyens, vont nous aider à dresser le portrait des moins de quarante ans, car c’est à eux que nous aimerions destiner notre propos, bien qu’ils soient très absents du monde de nos églises. Mais curieusement, quand Jésus était sur terre, c’est à des gens de cette même génération qu’il s’adressait et ce sont eux qu’il convertissait à son enseignement. Ces gens étaient touchés par son Evangile et retrouvaient l’espérance qu’ils n’avaient plus. C’est bien là la leçon que l’on peut tirer de ces trois regards que nous avons portés sur l’actualité : l’espérance semble en être absente et chacun semble se réfugier dans une fuite en avant qui n’a pas de but.

Pourtant, personne ne peut vivre sans espérance et Jésus enseignait qu’il ne peut pas y avoir d’espérance sans Dieu puisque c’est lui qui habite l’avenir. L’espérance est donc ce qui fait vivre les hommes aux quotidien, mais cette notion d’espérance a un contenu trop flou pour avoir un écho auprès de nos contemporains. Bien qu’ils évoluent dans un monde où l’avenir est incertain ils ont du mal à imaginer ce que pourrait être leur vie à long terme, car leurs références reposent sur ce qui est transitoire, c’est pourquoi l’aspect de mutant de Mikaël Jackson les a fascinés. Ils ont également du mal à projeter leur vie sentimentale au-delà de ce qui est éphémère comme le montre en le caricaturant la série de « plus belle la vie ». C’est aussi ce que Jacques Attali exprime dans un de ses derniers articles où il dit : « Comme on a accepté, après bien des scandales, le divorce, on admettra sans doute un jour, le divorce provisoire, la vie multiple passagère, la vacance de la famille, en lieu et place des vacances familiales. » (1)

Face à toutes ces idées que je projette sur vous en cascade, l’Evangile donne des points fixes sur lesquels on peut ancrer son esprit : Le Dieu que Jésus présente comme son Père pour qu’il devienne notre ¨Père est un Dieu constant dans sa fidélité. Il fait de la vie le point de repère incontournable autour duquel chacun peut organiser sa propre vie. Si Jésus se présente comme le pain venu du ciel, il signifie par là, que la fréquentation de son Evangile est la seule voie d’accès qui permette de rejoindre Dieu.

Evidemment aujourd’hui aussi, les hommes cherchent à rejoindre Dieu, car ils ont conscience qu’il peut leur être d’un grand secours pour construire leur existence, mais ils ont perdu la clé du chemin qui mène à lui. Ils cherchent hors des églises et ailleurs que dans la Bible, des chemins pour l’atteindre. Ils lisent alors les philosophes à la mode qui se prétendent athées mais qui écrivent sur Dieu avec compétence. Ils lisent aussi certains écrits de théologiens modernes que les feux de l’actualité ont portés à la connaissance du grand public, mais ils traitent de Dieu, comme s’ils n’y croyaient plus ! La porte qui mène à lui semble donc être définitivement fermée.

Compte tenu de tout cela il nous paraîtrait convenable de regarder l’avenir d’un œil désabusé, s’il ne restait une grande multitude de témoins, dont beaucoup sont membres de nos églises. Ils ont fait leurs propres expériences de foi, ils ont lu les écrits mis en avant par l’actualité et ils ont fait la part des choses. C’est sur ce peuple immense qui avec sagesse a décanté et décrypté les discours des médias, que repose le témoignage de l’Evangile et sur qui repose l’avenir du message chrétien.

Quand Jésus parlait aux foules, il convertissait ses auditeurs à son enseignement. Ceux-ci devenaient ses témoins et aussi ses disciples. C’est sur leur témoignage que l’Evangile a gagné les confins du monde.

Ces mêmes témoins, sont aujourd’hui les membres fidèles de nos églises. Eux seuls sont capables de témoigner auprès de ceux qui n’entrent plus dans les lieux de culte, des mystères de l’Evangile. Eux seuls sont capables de renouer des liens avec ceux qui ont tout oublié de la tradition chrétienne. C’est à leur contact qu’ils recevront ce pain qui descend du ciel qui jadis a donné l’espérance a tant de monde. Ce même scénario qui s’est déroulé au premier siècle est en train de se reproduire aujourd’hui, et c’est sur la masse des fidèles, que vous êtes tous, que repose l’espérance du monde.



(1)L’Express, N° 01722 du 16 juillet 2009

(2) "La guerre des étoiles" et le "Seigneur des anneaux" traitent également du même sujet et ont fasciné en leur temps toutes les générations confondues.

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