lundi 21 décembre 2009

Une voix crie Esaïe 40:1-12 Dimanche 10 janvier 2010


Esaïe 40/1-12

1 Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. 2Parlez au cœur de Jérusalem, criez-lui que son combat est terminé, qu'elle s'est acquittée de sa faute, qu'elle a déjà reçu du SEIGNEURle double de ce qu'elle méritait pour tous ses péchés. 3 Quelqu'un crie : Dans le désert, frayez le chemin du SEIGNEUR ! Aplanissez une route pour notre Dieu dans la plaine aride ! 4 Que toute vallée soit élevée, que toute montagne et toute colline soient abaissées ! Que les reliefs se changent en terrain plat et les escarpements en vallons !

5 Alors la gloire du SEIGNEUR se dévoilera, et tous la verront ensemble— c'est la bouche du SEIGNEUR qui parle. 6 Quelqu'un dit : Crie ! On répond : Que crierai-je ? — Toute chair est de l'herbe, tout son éclat est comme la fleur des champs. 7 L'herbe se dessèche, la fleur se fane quand le souffle du SEIGNEUR passe dessus. Vraiment, le peuple est de l'herbe : 8 l'herbe se dessèche, la fleur se fane ; mais la parole de notre Dieu subsistera toujours.

9 Monte sur une haute montagne, Sion, toi qui portes la bonne nouvelle ; élève ta voix avec force, Jérusalem, toi qui portes la bonne nouvelle ; élève ta voix, n'aie pas peur, dis aux villes de Juda : Votre Dieu est là ! 10 Le Seigneur DIEU vient avec force, son bras lui assure la domination ; il a avec lui son salaire, sa rétribution le précède.

11 Comme un berger, il fera paître son troupeau, de son bras il rassemblera des agneaux et les portera sur son sein ; il conduira les brebis qui allaitent.

Esaïe par Marc Chagall

Entendez-vous cette voix qui vient jusqu’à nous des profondeurs de l’histoire ? Cette voix est puissante puisqu’elle a traversé le temps et l’histoire. Elle a assez de conviction pour se faire entendre malgré les ondes contradictoires. Elle vient jusqu’à nous en s’appuyant sur des relais humains dont tous ne sont pas identifiés. De proche en proche, de siècle en siècle elle vient vers nous avec toute la puissance de conviction que Dieu a mise en elle car elle est sa voix.

Elle a jailli hors du fracas du big-bang et elle a marqué l’immensité qui n’existait pas encore de la volonté de Dieu d’imposer sa loi aux choses qui allaient advenir. Cette voix était déjà pleine de tout l’amour que Dieu réservait aux hommes qui étaient encore à naître. Cette voix est porteuse des intentions de Dieu à l’égard du monde et elle se sert du relais des hommes pour retentir. Elle nous dit encore une fois que le monde où nous sommes a du sens, parce que Dieu l’habite. Elle nous dit aussi que si notre présence sur terre est liée au concours de plusieurs hasards, Dieu a le pouvoir d’organiser ces hasards et de leur donner du sens.

Si donc aujourd’hui vous entendez cette voix, vous comprendrez que malgré tout ce que vous ne comprenez pas, votre vie a du sens, car il y a hors de vous et en vous une puissance organisatrice qui est capable d’intégrer votre personne dans le vaste mouvement des choses.

Ce matin, nous percevons l’un des échos le plus ancien de cette voix. Elle vient à nous après avoir retenti quelque part dans le Moyen Orient, entre Tigre et Euphrate sur la terre d’Abraham. C’est Esaïe qui en fut le relais a l’intention des exilés d’Israël. En l’entendant, ils se sont mis à frémir d’espérance. Esaïe, le deuxième du nom, a eu la redoutable tâche de redonner de l’espérance à un peuple exilé qui n’en avait plus. Sa voix avait tellement de force qu’elle est parvenue jusqu’à nous après que Jésus à son tour lui eut donné toute sa vigueur. L’espérance ici consiste à croire que Dieu ne se résigne pas au hasard. Quand les choses se produisent, il décide d’intervenir et de les organiser. Quand les forces de destruction semblent emprunter la violence des forts pour dominer les plus faibles, il s’efforce de susciter des contre pouvoirs pour contrarier l’opinion couramment établie selon laquelle le puissant aurait toujours raison et le pot de fer briserait toujours le pot de terre.

Il s’appuie sur une logique qui n’appartient qu’à lui, selon laquelle David peut parfois devenir le champion de Goliath. Mais Dieu n’agit pas sans être en concertation avec les hommes. Quand ceux-ci sont concernés, il demande leur participation au projet qu’il leur propose . Il espère qu'ils vont de devenir ses complices et partenaires de ses projets. C’est cela que nous appelons la conversion.

Curieusement, à mesure que le temps passe et que les siècles s’écoulent cette voix augmente d’intensité. Elle ne s’essouffle nullement et ne perd pas de sa vigueur. Toutes les fois qu’elle retentit et qu’elle est entendue, elle prend de l’ampleur. Elle dépasse de beaucoup l’environnement de celui qui la répercute et tend à atteindre tous les peuples de la terre. Plus elle est proclamée, moins elle s’affadit. Elle affirme que Dieu est un Dieu qui vient vers tous les hommes, qu’il recrée la vie là où elle s’étiole et qu’il apporte de l’espérance sur les champs dévastés par la mort.

En dépit de ce qu’on a pu dire, elle a été répercutée par des milliers de voix à Copenhague, même si, comme c’est souvent le cas, les grands de ce monde ne l’on pas entendue. Jésus a consacré toute sa vie à se faire l’écho de cette voix. Il lui a donné son visage. Il en est devenu l’image visible, si bien qu’il a pris en la prononçant le visage de Dieu. Dieu est venu ainsi habiter la personne de Jésus. C’est en cela que Jésus est devenu Dieu. C’est à cet événement que l’Evangile de Jean fait allusion quand il dit que la Parole devint chair et que le verbe s’est incarné.

Désormais, quiconque est en manque d’espérance sait que la voix de Dieu vient jusqu’à lui à travers les paroles de Jésus que les évangiles nous ont rapportées. Ce n’est donc pas par hasard, si le premier mot de Jésus mentionné par l’Evangile de Matthieu est « heureux » : « heureux les pauvres, heureux ceux qui pleurent… » car leurs malheurs et leurs détresses ne sont pas une fatalité. Il n’y a pas un destin qui frapperait durement les uns et qui réserverait du bonheur aux autres. Ce n’est ni écrit dans les astres ni dans un plan divin. Il y a seulement une voix qui vient des origines du monde et des profondeurs du temps. Elle affirme que Dieu a prévu que les choses peuvent changer si nous donnons du crédit à sa voix.

Chacune et chacun d’entre nous doit devenir un amplificateur de cette voix afin que la parole qu’elle transmet devienne vraie. Ainsi ceux qui entendent cette voix peuvent relever la tête à cette bonne nouvelle. Chacun alors s’active à consoler ceux qui sont dans le chagrin, à alimenter ceux qui ont faim à redonner du sens à la vie de ceux qui sont égarés. Esaïe proclame avec force cette prodigieuse espérance qui nous vient de Dieu et qui doit s’installer dans notre existence. Esaïe nous demande d’entreprendre des travaux de Titans pour permettre à cette voix d’atteindre son but. Il faut niveler les montagnes dit-il, combler les vallées faire un énorme chantier. Puisque nous sommes capables d’entreprendre de tels travaux pour moderniser nos cités du vingt-et-unième, ne serait-il pas possible d’entreprendre la même chose pour tracer une voie royale à notre Dieu ? Dieu est capable de mettre au cœur des hommes assez de force et d’énergie pour contrecarrer le sens apparent de l’histoire.

Ce n’est ni la guerre, ni la violence qui permettront de changer le cours des choses, c’est l’amour et l’altruisme. La voix de Dieu s’oppose à la fatalité du monde qui semble être réglé avec une rigueur immuable selon laquelle la fleur sèche et l’herbe fane si bien qu’on la ramasse et qu’on recommence à la saison prochaine. Rien ne semble pouvoir changer le cours immuable des choses si non la voix de celui qui crie que le pardon a plus de force que la vengeance et que la seule justice, c’est celle qui fait vivre.

Celui qui porte son regard sur le monde en gardant présent l'esprit ce principe , sentira grandir en lui les sentiments de victoires qui habitait David quand il affronta le géant. Le premier endroit où cette manière de voir les choses doit prendre place c’est en nous-mêmes. La première tâche que nous ayons à faire, si nous voulons que cette voix soit crédible c’est que nous commencions par y croire nous-mêmes. Aujourd’hui, la voix venue d’ailleurs, relayée par Esaïe incarnée en Jésus et marquée par les traits de son visage vient jusqu’à nous. Elle retentit au plus profond de nous-mêmes sous la forme d’une question : Y crois-tu toi-même ?

Crois-tu que la puissance de transformation de Dieu est liée à cette voix ? Crois-tu que cette voix contient en elle une telle puissance créatrice que le monde pourrait en être changé ? Il y a si longtemps que l’on dit ces choses et nous n’en voyons toujours pas les effets. Noël succède à chaque Noël sans que rien ne change si bien que cette promesse de Dieu ne semble être qu’une vaine espérance à laquelle nous nous donnons l’illusion de croire le temps d’une fête. C’est pourtant sur ce point précis qu’achoppe aujourd’hui cette voix qui vient de si loin. Elle bute à la porte de notre raison et de notre cœur. Es-tu capable de croire vraiment à la foi que tu professes, demande-t-elle ? Cette foi a-t-elle mis en toi cette vérité selon laquelle tout est possible pour celui qui croit ? C’est désormais la tâche essentielle à laquelle chacun de nous doit commencer à s’atteler. Il doit travailler sur lui-même pour que cette vérité fasse partie de lui, comme elle a fait partie de Jésus. Jésus y a cru et beaucoup de choses ont changé. Pouvons-nous avoir une perception différente des choses que notre maître ? Les choses peuvent changer si nous croyons vraiment que la vérité sur nous et sur le monde repose sur la manière dont nous ferons écho à cette voix dont nous sommes les destinataires et le dépositaires.


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