mardi 2 février 2010

Dieu a besoin de l'homme pour créer: dimanche 21 février 2010 Deutéronome 26:1-10




Lorsque tu seras entré dans le pays que le SEIGNEUR, ton Dieu, te donne comme patrimoine, lorsque tu en auras pris possession et que tu l'habiteras, 2 tu prendras des prémices de
tout le fruit de la terre que tu recueilleras de ton pays, celui que le SEIGNEUR, ton Dieu, te donne ; tu les mettras dans une corbeille et tu iras au lieu que le SEIGNEUR, ton Dieu, choisira pour y faire demeurer son nom. 3 Tu iras vers le prêtre qui sera en fonction en ces jours-là et tu lui diras : « Je déclare aujourd'hui au SEIGNEUR, ton Dieu, que je suis entré dans le pays que le SEIGNEUR a juré à nos pères de nous donner. » 4 Le prêtre prendra la corbeille de ta main et la déposera devant l'autel du SEIGNEUR, ton Dieu.

5 Et toi, tu diras devant le SEIGNEUR, ton Dieu : « Mon père était un Araméen nomade ; il est descendu en Egypte avec peu de gens pour y séjourner en immigré ; là, il est devenu une nation grande, forte et nombreuse. 6 Les Egyptiens nous ont maltraités, affligés et soumis à un dur esclavage. 7 Nous avons crié vers le SEIGNEUR, le Dieu de nos pères. Le SEIGNEUR nous a entendus et il a vu notre affliction, notre peine et notre oppression. 8 D'une main forte, d'un bras étendu, par une grande terreur, avec des signes et des prodiges, le SEIGNEUR nous a fait sortir d'Egypte. 9 Il nous a amenés dans ce lieu et il nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel. 10Maintenant j'apporte les prémices du fruit de la terre que tu m'as donnée, SEIGNEUR ! » Tu les déposeras devant le SEIGNEUR, ton Dieu, et tu te prosterneras devant le SEIGNEUR, ton Dieu

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S’il est une histoire fascinante, c’est bien celle qui consiste à retrouver la trace de nos origines. Il est bien évident qu’il ne s’agit pas de découvrir les traces de l’humanité dans l’évolution des espèces. Il s’agit ici d’une autre aventure que celle de trouver le chaînon manquant dans les ancêtres de l’homme. Il s’agit de trouver la trace de la présence de Dieu dans l’évolution spirituelle des hommes. Nous n’emprunterons pas à Darwin ses présupposés philosophiques, mais nous serons attentifs à ce que nous disent les textes de la Bible, et en particulier celui du Deutéronome qui rappelle à ses lecteurs que leurs ancêtres étaient des nomades araméens dont Dieu suivait la piste. Car à l’origine, c’est Dieu qui recherchait l’homme et non pas l’homme qui cherchait Dieu. Même si habituellement on pense le contraire. Il est commun d’ imaginer que c’est l’homme qui cherche Dieu et qui ne le trouvant pas le construit à sa ressemblance d’homme !

Il semble que nous avons existé dans la pensée de Dieu bien avant notre naissance, et même sans doute avant notre conception. Il s’est écoulé de nombreuses années entre le moment où les Araméens nomades descendirent en Egypte et le moment où le peuple hébreu découvrit son histoire dans le livre du Deutéronome. Selon l’écrivain biblique nos origines, dans le cœur de Dieu remontent infiniment loin dans le temps. Bien que la présence de Dieu dans nos origines soit très ancienne, ce n’est que dans notre vie présente que nous prenons conscience de sa réalité, quand pour la première fois nous éprouvons le besoin de sa présence et que nous crions vers lui.

Jérémie, un des plus ancien écrivain biblique avait laissé entendre que Dieu le connaissait déjà dès le ventre maternel, et ici, dans le Deutéronome, il est suggéré que Dieu s’intéressait déjà à nous dès l’origine de l’histoire de nos ancêtres. Je passe bien entendu sous silence l’histoire d’Adam et Eve dont le récit est beaucoup plus récent et qui ne relate pas un événement historique.

Déjà, dans la société des araméens nomades, Dieu était déjà à l’œuvre. Pourtant, ce peuple n’avait rien de remarquable en soi pour que Dieu s’intéressât à lui. Aucun de nous n’a d’ailleurs assez d’attrait pour que Dieu s’intéresse à lui ! Dieu s’appuie sur d’autres critères. Ce peuple insignifiant de la préhistoire biblique n’avait d’ailleurs aucun intérêt particulier pour ce Dieu unique qui le cherchait. C'est sans doute pour cela que l'auteur a omis de mentionner Abraham et les patriarches. Si cela nous pose un problème, cela n’en pose pas à l’auteur de notre texte. Le récit du Deutéronome présente le peuple araméen sous des traits différents de ceux auxquels nous sommes habitués. Ce peuple est décrit comme étant lui-même l’artisan de sa propre évolution.

C’est à cause de ses succès est-il dit qu’il excite contre lui la jalousie des égyptiens. En fait, quel que soit le passé des uns et des autres, Dieu s’intéresse à chaque peuple et à chaque individu avant même qu’ils le connaissent et qu’ils le reconnaissent comme leur Dieu. Dieu s’intéressait donc à ce peuple araméen. Il s’intéressait à lui en silence jusqu’à ce qu’il crie vers lui. C’est là le point important de ce passage. Que chacun en prenne leçon. Les hommes en difficulté appellent ce Dieu qui les accompagne depuis toujours sans savoir qui il est. C’est comme si la présence de ce Dieu était inhérente à leur histoire sans qu’ils en aient pris conscience. Dieu avait fait sa demeure chez eux depuis longtemps et attendait d’être découvert. Il semble que nous soyons habités par la présence de Dieu sans en avoir conscience jusqu’à ce qu’un élément déclenchant vienne nous révéler ce que nous savions déjà par intuition. C’est en tout cas ce qui se passe pour les descendants de ce peuple d’araméens nomades.

Chacun d’entre nous fait un jour ou l’autre cette expérience et quand il appelle vers Dieu, il ne le fait pas toujours dans des termes convenables. Après avoir passé de longues années dans l’ignorance complète de Dieu, certains se réveillent un beau matin au cours d’une épreuve et interpellent Dieu comme si Dieu avait manqué de vigilance : « Mais qu’attends-tu donc pour t’occuper de moi ? » Semblent-ils dire. Et Dieu de répondre : » j’attends depuis longtemps que toi et tes ancêtres s’adressent à moi ! »

Les hommes s’affairent sur la terre et mettent en œuvre toutes sortes d’industries . Ils se félicitent eux-mêmes de leurs capacités à inventer et à progresser. Ils sont fiers de leurs exploits et se rient du temps qui passe en tirant vanité du fait qu’aucun Dieu ne les a jamais aidés dans leurs entreprises de conquête du savoir humain. Dieu pour sa part attend. Il y a déjà longtemps qu’il a façonné des projets de vie pour chacun des hommes qui tiennent un tel langage, mais ce projet de vie ne pourra se mettre en œuvre sans eux et sans qu’ils interpellent ce Dieu dont ils savent intuitivement la présence mais auquel ils ne se sont jamais adressé. Quant à lui, il attend que les hommes crient vers lui, car c’est ce cri vers Dieu qui va déclencher un acte créateur de la part de Dieu.

Les textes anciens nous disent que Dieu crée par sa parole. Dès la première page de la Bible nous voyons que les choses se mettent à exister quand Dieu se met à parler. C’est alors que le monde s’organise et prend du sens. Mais pour que Dieu parle et que la chose existe, il lui faut un interlocuteur intelligent capable de comprendre. La matière inerte ne peut pas être un interlocuteur valable, pas plus que le néant ou la lumière. Il faut donc qu’une oreille intelligente puisse entendre. Depuis toujours, Dieu sait que l’être humain a cette capacité. Mais pour qu’il puisse entendre, il faut que la communication soit rendue possible avec Dieu. Il faut donc qu’il s adresse à Dieu pour lui dire qu’il est réceptif à sa parole. C’est alors que Dieu peut entrer en dialogue avec lui et parler. Il peut alors répondre à son appel et par sa parole ainsi libérée entreprendre un acte créateur.

C’est bien souvent dans des moments de faiblesse, quand l’homme ne croit plus en lui-même qu’il appelle à l’aide celui qu’il ne connaît que par intuition. C’est alors que Dieu entend et qu’il parle, c’est alors qu’un acte créateur peut se produire et que le destin de l’homme évolue. L’histoire biblique s’est intéressée à l’histoire de ce peuple araméen nomade et s’en est servi d’exemple pour que toute l’humanité en prenne leçon.

Dieu répond par un acte créateur à l’homme qui crie vers lui. La plupart du temps c’est dans un moment de détresse que cela se produit. Mais cet événement peut avoir lieu aussi dans un moment de grande exaltation dominé par la joie. Quand un homme réalise qu’il est visité par l’esprit de Dieu, cela peut lui procurer une grande joie qui le pousse à s’écrier Abba-Père ! C’est Paul qui le dit dans l’épître aux Romains. Tout devient nouveau pour lui, son âme découvre le monde sous un autre jour et son avenir prend une dimension d’éternité. Tout cela se produit dès qu’il a poussé ce cri qui a jaillit hors de lui et qui a permis à Dieu de faire pour lui toute chose nouvelle.

Quand chaque homme pressent la présence de Dieu à ses côtés et qu’il le dit par un cri à peine formulé, c’est alors que l’acte créateur de Dieu peut se mettre en œuvre. Il lui permet de dépasser la situation où il se trouve pour aller plus loin vers une solution meilleure. Ainsi, pour que Dieu puisse créer par sa parole, il faut que l’homme commence à parler pour que quelque chose se produise de la part de Dieu. Le Livre du Deutéronome nous permet de découvrir cette dimension formidable de la relation avec Dieu. Qu’on le veuille ou non, Dieu lie sa puissance créatrice à sa relation avec les hommes. Dieu s’active pour donner du sens à notre passé et pour créer notre futur.


Nous devons alors faire mémoire de ces temps particuliers où nous avons découvert la présence attentive de Dieu en nous et où nous avons osé l’ appeler. Ces moments de mémoire appellent notre reconnaissance qui se manifeste dans ce récit du Deutéronome par une offrande ! Cette dernière remarque appelle donc un développement que nous ne ferons pas ici, et selon laquelle l’évocation de notre conversion à Dieu appelle notre reconnaissance qui devrait se concrétiser par une offrande.







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