Jésus-Christ, prémices de la résurrection 1 Corinthiens 15: 20-27
Bien souvent, sans même qu’ils en prennent conscience les hommes émettent des idées ou des opinions qui manifestent qu’ils sont habités par un immense orgueil. Cette remarque ne s’adresse pas seulement à ces humains qui se croient supérieurs à cause des prouesses techniques dont ils se sont rendus personnellement capables ou à cause du raffinement particulier de leurs pensées. Ce constat s’adresse à tout un chacun, même le plus modeste d’entre nous, même à celui qui n’a jamais rien fait de remarquable. En effet nous nous arrogeons le droit de décider ou non de l’existence de Dieu.
Il est banal de dire aujourd’hui « je crois en Dieu » ou son contraire, « je ne crois pas en Dieu ». Cette simple remarque va nous plonger dans un abîme de perplexité. En effet, je vais essayer de montrer qu’il est outrecuidant d’utiliser cette expression parce que celui qui l’utilise s'arroge un pouvoir sur Dieu et met en cause sa divinité. Comment donc une créature limitée dans le temps et dans l’espace, telle que l’être humain peut-elle décider de l’existence ou de la non existence de ce qui est infini ? Je ne suis pas le premier à me poser la question. Ecclésiaste l'a fait avant moi. La question appelle une réponse.
Si nous pouvons nous permettre de nous aventurer sur les terres de la toute puissance divine, c'est que l’infini aurait tendance à absorber le fini, autrement dit, il est dans l’être de Dieu de venir vers l’homme. C'est parce qu'ils perçoivent cela que les hommes se croient capables du contraire. Certains pensent donc que le fini peut absorber l’infini c’est à dire que certains hommes se croient autorisés à décider de l'existence ou la non existence de Dieu. Outrecuidant ou pas, c'est ce que font beaucoup d’humains.
Un peut donc de modestie, frères et sœurs en humanité! Il ne nous appartient pas de dire je « crois ou je ne crois pas en Dieu » car si nous le faisions nous exprimerions notre prétention à avoir du pouvoir sur l’infini et donc sur Dieu. La seule chose que nous puissions décemment dire c’est que nous avons perçu quelque chose venant de Dieu, ou que nous n’avons rien perçu pouvant venir de lui.
Si en effet, je me laisse aller à dire : « je crois », je me donne du pouvoir sur Dieu. Et si je me donne du pouvoir sur Dieu, c’est que je lui enlève une partie du sien. Si je peux lui enlever du pouvoir c’est qu’il n’est pas tout puissant, et si j’ai du pouvoir sur lui, à l’instant même où je dis « je crois » il n’est plus celui en qui je crois. Si donc, quand je dis ; « je crois », et que Dieu reste ce qu’il est c’est que cette capacité à dire « je crois » ne vient pas de moi, mais elle vient justement de celui en qui je prétends croire. C’est donc Dieu qui me donne la faculté de dire je crois. Par contre, selon la même logique si je dis « je ne crois pas » je tombe dans l’absurde parce que j’emprunterais du pouvoir à celui qui selon moi, n’en a pas et qui me laisserait le lui prendre.
Vous pouvez maintenant vous demander à quel jeu, je suis en train de me livrer ? Pourquoi vous ai-je donc entraînés dans ce long commentaire sur Dieu et pourquoi me suis-je avancé dans des élucubrations philosophiques qui ne mènent pas à grand chose et qui ne relèvent même pas de ma compétence ? La raison réside seulement dans le fait que ce matin le texte que nous avons lu nous interpelle sur la résurrection. Quand nous parlons de résurrection, nous parlons forcément de notre relation à Dieu. Nous envisageons la possibilité qui nous serait donné de participer au divin. Notre raisonnement nous a amenés à dire que si nous croyons, c’est que Dieu nous attire à lui et en toute logique, si Dieu nous attire vers lui il nous incorpore à sa divinité. C'est cela la résurrection. Ce n’est sans doute pas aussi simple, mais la vérité va quand même dans ce sens.
Me voilà donc pris à mon propre piège ce matin. Je suis amené à vous parler de Dieu. Je vais donc vous dire ce que je ne suis pas autorisé à vous dire puisque cela relève de Dieu seul. Si cela est quand même possible, c’est que celui qui est infini et qui est tout autre m’en donne la possibilité. Il appartient à sa volonté de renverser les valeurs et de se faire connaître, donc d'intervenir dans ce sens. C'est ainsi que nous pouvons accéder à sa connaissance. Il est donc dans la logique de Dieu de nous attirer vers lui pour nous incorporer à sa propre divinité. Jésus a passé sa courte vie à nous le dire. Il a manifesté dans sa vie la réalité de la présence de Dieu là où il était rejeté, en particulier dans la mort. Les événements qui ont suivi la mort de Jésus nous ont rendus conscients de la fidélité de Dieu. C'est aussi cela la résurrection. Elle est désormais inscrite comme le terme normal de l’existence de quiconque accepte de rencontrer Dieu quand celui-ci vient vers lui.
La relation avec Dieu, nous l’avons bien compris ne peut se faire que dans une démarche de Dieu vers l’homme. Si quelqu’un ose dire « je crois en Dieu, » cela veut dire qu’il a reconnu Dieu dans une démarche de Dieu vers lui. Et si quelqu’un ose dire « je ne crois pas en Dieu » cela signifie qu’il n’a pas été capable de reconnaître Dieu quand il venait vers lui. C'est donc un échec pour lui, même s'il prétend que c'est l'expression de sa liberté.
Ce n'est un secret pour personne de constater que les sondages d’opinion nous montrent que ceux qui disent « je ne crois pas » sont de plus en plus nombreux. Cela nous laisse entendre que l’évolution de cette société rend nos concitoyens tellement infirmes qu’ils ne reconnaissent plus Dieu quand il vient, et qu’ils ne l’entendent plus quand il parle. A qui la faute ? Qu’il me soit permis de dire en faisant ce constat qu’il en va de même pour le réchauffement de la planète : Il se peut que l’homme en soit responsable. C’est une question qui reste ouverte pour nous et nos églises.
Pour dire une absurdité et vous réveiller au moment où mon verbiage est en train de vous assoupir, je dirai qu’il est dans les gènes de Dieu de dépasser l’infini dans lequel il est, pour réaliser son devenir dans une communion avec le fini de l’homme. Il en résultera évidemment que l’homme a pour devenir d’entrer dans l’infini de Dieu. Ce qu'il nous permet de comprendre, c’est que depuis toujours l’avenir de l’humanité est ainsi programmé par Dieu pour se fondre en lui.
Les millénaires ont passé, des milliers d’expériences ont été faites, des milliers de sages en ont parlé et les hommes ont continué à se fabriquer des fausses certitudes autant dire des faux dieux pour essayer de s’approprier l’éternité que Dieu leur donne. Leur orgueil les aveugle au point de chercher à usurper ce qui leur est offert. Pourtant, aujourd’hui sans doute, le savoir moderne a permis aux humains d’en rajouter. En cultivant leur orgueil, acquis par leur savoir, ils se ferment à Dieu. Mais l’homme seul ne peut échapper à son destin qui le mène vers le néant. Pourtant, en dépit de toutes les tentatives humaines de s’approcher de l’éternité, Dieu a fait un effort, si l’on peut dire, pour s’approcher encore plus près des hommes.
Il a concentré sa divinité sur un seul homme Jésus, dont les paroles sont capables à elles seules de nous ouvrir à l’infini de Dieu. Par la parole de Jésus et par toute l’œuvre qu’il a faite nous découvrons que la seule manière de nous dépasser pour accéder à Dieu, c’est de nous oublier nous-mêmes en nous efforçant de conjuguer le verbe aimer dans toutes les formes que peut prendre ce verbe. Si Dieu est amour, cela veut dire qu’il ne peut se satisfaire de sa divinité sans la partager.
Si Jésus mort, est resté vivant c’est qu’il a été absorbé tout entier dans le divinité de Dieu, si bien que quiconque essaye d’aimer à la manière de Jésus entre immédiatement dans le divin de Dieu. Tout être limité que nous sommes accède à l’infini de Dieu, c’est à dire à la résurrection, au moment où il prend conscience que Dieu est venu vers lui. Dans son infinie majesté il s’est offert tout entier dans l’instant où nous l’avons rencontré. C'est parce que nous avons conscience d'être déjà ressuscités que nous pouvons dire « je crois ». C’est un acte qui prend effet immédiat, même si, tant que nous sommes vivants, il ne peut se vivre que dans l’espérance. Mais l’espérance que l’on voit n’est plus espérance. Ce qu’on voit peut-on l’espérer encore (Romains 8/24)
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