mardi 21 septembre 2010

Luc 17:11-19 Les dix lépreux: dimanche 13 octobre 2019




Les dix lépreux : Luc17: 11-19
11 Au cours de son voyage vers Jérusalem, Jésus passait entre la Samarie et la Galilée. 12 Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre et se tenaient à distance. Ils élevèrent la voix et dirent : 13 Jésus, Maître, aie pitié de nous ! 14 En les voyant, il leur dit : Allez vous montrer aux sacrificateurs. Et, pendant qu'ils y allaient, il arriva qu'ils furent purifiés. 15 L'un d'eux, se voyant guéri, revint sur ses pas et glorifia Dieu à haute voix. 16 Il tomba face contre terre aux pieds de Jésus et lui rendit grâces. C'était un Samaritain. 17Jésus prit la parole et dit : Les dix n'ont-ils pas été purifiés ? [Mais] les neuf autres, où sont-ils ? 18 Ne s'est-il trouvé que cet étranger pour revenir et donner gloire à Dieu ? 19Puis il lui dit : Lève-toi, va ; ta foi t'a sauvé.

Que de malheureux sur les routes du monde ! Des lépreux, des affamés, des déplacés, des malades de toutes sortes ! Quand, il arrive qu’on réussisse à répondre à la détresse de certains et à améliorer leur sort peu enviable, c’est alors que l'on considère comme normal  que les défavorisés, qui retrouvent le même sort que les autres, remercient, ceux qui les ont secourus. Tout se passe comme si ceux qui sont du bon côté devaient  être félicités  à cause  du  privilège qui leur a permis de remédier à l'injustice faite à ceux qui étaient du mauvais côté . C'est ce que ne font pas les neuf lépreux et c'est ce qui nous choque.

A la lecture de ce passage, nous constatons aussi que la société crée des clivages parmi les hommes. Même les plus pauvres peuvent trouver encore plus pauvre qu’eux, cependant quand on est arrivé au niveau le plus bas, les clivages disparaissent. L’histoire nous montre que ces dix rejetés de la société cheminent ensemble, sans aucune distinction de classe ni d'origine. Pourtant s'ils n'avaient pas été dans cette situation de détresse , l’un d’eux aurait  sans doute été rejeté par les 9 autres, car il aurait été considéré de rang inférieur en tant que Samaritain.

Mais au point de déchéance où ils étaient, ils étaient   revenus à égalité. Ils étaient condamnés à survivre dans un ghetto infâme, au risque d’être tués par les bien portants s’ils en sortaient. Pourtant ils en sont sortis, et audace suprême, ils interpellent Jésus. Même au plus profond de la déchéance, ils ont gardé une lueur d’espérance. C’est cette espérance  qui leur a donné le droit  d'interpeler Jésus et qui les a maintenus dans le monde des humains. car l’être humain est avant tout un être de désir et quand son désir disparaît, il cesse d’être humain.  Nous allons voir aussi que désir et salut font cause commune. 

On ne sait comment la renommée de Jésus est parvenue jusqu’à eux.  Ils ont bravé les interdits pour le rencontrer. Les voilà donc à portée de voix du maître au risque de leur vie, c’est dire leur désir de guérison. La petite graine de l’espérance n’est pas morte en eux. Ils tentent le tout pour le tout en espérant encore que la puissance qui émane de Jésus peut les sauver. Cette espérance qui les a poussés à agir est incontrôlée et irréfléchie. C’est une pulsion de vie, apparentée à la foi qui les anime déjà. 

Pourtant, si c’est Dieu qui agit en Jésus, pourquoi ne les a-t-il pas déjà guéris ? Et si Jésus, au nom de Dieu peut quelque chose pour eux, pourquoi ne descend-il pas dans le ghetto des lépreux pour tous les libérer ? Voilà encore une fois Dieu mis en accusation face au problème du mal auquel il n’apporte pas de réponse.

Quoi  qu’il en soit Jésus réagit comme s’ils étaient déjà guéris tous les dix, alors qu'il ne s'est encore rien produit. Il les envoie aux prêtres qui seuls sont habilités à constater leur état de guérison. Ce n'est qu'après, que la guérison se produira. Alors qu’ils faisaient la démarche, auprès de Jésus,  ils étaient toujours malades et  ils étaient encore unis dans le même destin.

Mais  à peine la lèpre les a-t-elle quittés qu’ils se séparent. Le Samaritain guéri exprime sa reconnaissance et pas les autres. Que se passe-t-il en eux pour que la différence sociale réapparaisse? En fait, nous avons là une remarque désabusée de l'Evangéliste qui exprime par ce détail que l'homme  dans son état normal à tendance  à s'opposer à ses semblables  et que rien ne peut nous séparer du péché qui est toujours prompte à se manifester. Ainsi un sur dix a su s'opposer à la pression du monde. Mais ce n'est qu'une démarche désabusée qui ne change rien à la suite. 

Nous constatons que Dieu n'est pas inactif face à une création encore inachevée. Il continue à agir  afin d’améliorer les choses. Tout se passe comme si il poursuivait son œuvre  de création  entreprise dès les origines, si bien que les dysfonctionnements de la nature restent encore apparents.

Il est clair que pour Jésus cette situation est anormale et doit être corrigée, c’est pourquoi Jésus s’adresse aux dix lépreux comme si, , ils étaient déjà guéris, comme si la guérison était de l'ordre du normal. Là où les choses se compliquent, c’est que l’un d’entre eux revient pour rendre grâce à Jésus. 

Les autres qui ont été guéris  se comportent  comme si le retour à la normale n'impliquait aucun  comportement particulier de leur part, comme si c'était un du. Pourtant, ils ont  sans doute eu  un élan de reconnaissance quand ils ont quitté l'univers des lépreux .  Ils ont considérés que leur bon état de santé était de l'ordre du normal?  En ce sens ils avaient raison.

 Dans l'évolution du monde en vue d'un un mieux être pour tous, le projet de Dieu réside dans le fait qu'il confie à des hommes compétents   la charge de travailler à la guérison des défavorisés. Leur guérison est alors le produit de deux facteurs conjugués. La compétence du praticien et le désir. C’est quand les deux sont conjugués qu’il y a espoir de guérison. Ici le praticien est Jésus et l’espoir de guérison des lépreux se manifeste par leur démarche vers les prêtres.

 Mais les hommes compétents n'agissent pas toujours en fonction du désir de Dieu. Ils n'ont pas forcément conscience que c'est Dieu qui les envoie. Or Dieu s’appuie sur la compétence des hommes pour répondre à la demande de ceux qui sont dans le besoin et le manque de bonne volonté des gens compétents le rend impuissant. 

Dans  l’histoire des lépreux, les 9 qui sont soulagés, considèrent qu'ils sont revenus dans l'ordre normal des choses et n’ont pas le désir d’aller plus loin. Ils n'ont plus qu'un désir, celui d'un retour à la normale.  Ils sont soulagés! Qu’espérer de plus ? Leur histoire s’arrête là.

 Pourtant un des dix reste insatisfait. Étant entré en lui-même, il discerne le doigt de Dieu dans l’événement qui l’a ramené à la santé. Il n’est pas évident de voir le doigt de Dieu ! Dieu se rend visible à ceux qui savent descendre en eux-mêmes et qui savent écouter sa voix. Elle leur révèle que leur situation nouvelle ne prend de sens que s’ils entrent dans le projet de Dieu  pour participer à l’évolution du monde. 


Dieu  pour se manifester a besoin que les hommes le reconnaissent. C’est ainsi qu’il agit sur le monde et prévoit son évolution harmonieuse. Il projette des solutions pour remédier aux soubresauts de la nature en mouvement,. Ces projets ne se réalisent que lorsque les hommes compétents reconnaissent que c’est Dieu qui leur désigne les causes auxquelles ils doivent s’atteler et mettre leurs compétences à leur service. C’est alors que le désir s’installe en eux et qu’ils deviennent utiles dans  son plan pour le monde. 


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