lundi 18 octobre 2010

Luc 20: 27-38: anges et résurrection Dimanche 7 novembre 2010



27 Quelques-uns des Sadducéens, qui soutiennent qu'il n'y a pas de résurrection, vinrent l'interroger : 28 Maître, voici ce que Moïse nous a prescrit : Si quelqu'un meurt, ayant une femme, mais pas d'enfant, son frère prendra la femme et suscitera une descendance au défunt. 29 Il y avait donc sept frères. Le premier prit femme et mourut sans enfant. 30 Le deuxième, 31 puis le troisième prirent la femme ; il en fut ainsi des sept, qui moururent sans laisser d'enfants. 32 Après, la femme mourut aussi. 33 A la résurrection, duquel est-elle donc la femme ? Car les sept l'ont eue pour femme ! 

34 Jésus leur répondit : Dans ce monde-ci, hommes et femmes se marient, 35 mais ceux qui ont été jugés dignes d'accéder à ce monde-là et à la résurrection d'entre les morts ne prennent ni femme ni mari. 36 Ils ne peuvent pas non plus mourir, parce qu'ils sont semblables à des anges et qu'ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection. 37 Que les morts se réveillent, c'est ce que Moïse a signalé à propos du buisson, quand il appelle le Seigneur Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac et Dieu de Jacob. 38 Or il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; car pour lui tous sont vivants.
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Si les théologiens de Constantinople, lors du siège de la ville par les Turcs s’étaient mieux attachés à lire leur Bible, et ce texte en particulier au lieu de spéculer sur le sexe des anges, ils auraient eu la réponse à leurs questions. Ils auraient pu alors concentrer leurs réflexions sur une meilleure stratégie de défense de la ville. Elle n’aurait peut être pas été prise et la face du monde en aurait été changée. Je fais écho ici, à une anecdote sur les préoccupations des théologiens pendant le siège de Constantinople par les Turcs. Ils débattaient sur la nature des anges alors qu’il y avait des questions plus urgentes à se poser concernant leur salut.
 
En fait, la question qui est au centre de ce passage est bien celle du salut. Il s’agit de définir le fondement de la foi, et Jésus répond sans ambages que c’est la résurrection. « Si le Christ n’est pas ressuscité, dira Paul dans l’épître aux Corinthiens, notre foi est vaine. » et si notre foi est vaine, nous n’avons aucune espérance, ni dans cette vie, ni dans une autre. Si notre foi ne repose pas sur la résurrection notre message n’a aucune valeur. L’espérance chrétienne repose sur cette certitude et non pas sur des fantaisies comme celles concernant l’existence des anges. Pourtant c’est de cela que semble parler Jésus.

Vous l’avez bien compris, Jésus tourne les propos de ses adversaires en dérision. Il n’a pas l’intention de nous entraîner sur des chemins qui mènent à des spéculations sans importance. Ses interlocuteurs en inventant une parabole naïve veulent le faire tomber dans le panneau des contradictions. Comme toujours, Jésus s’en sort en détournant le coup. Il parle des anges pour rester à leur niveau, mais en même temps, comme s’il entrait dans leur jeu il donne une information incontournable, à savoir que celui qui croit n’est plus concerné par la mort. Oublions donc les anges et le paradis et attardons-nous sur la question de la résurrection, car c’est là la vraie question. Jésus, en s’appuyant sur les textes nous dit que la mort n’a plus d’importance. Elle est dépassée, elle est réduite à une illusion et elle n’a aucune emprise sur notre devenir. 

C’est la question de Dieu qui préoccupe Jésus. Qu’est-ce que Dieu pour toi semble-t-il nous demander ? Dieu joue-t-il un rôle fondamental dans ton existence ? Ce faisant, Il nous montre  d’une façon surprenante dans quelle direction il faut chercher la réponse. Et pour cela il nous fait remonter jusqu’à Moïse en faisant         allusion à cette vieille histoire du buisson qui brûle sans se consumer.

Nous avons tous lu ce récit décrivant la présence de Dieu quand il parle à Moïse au travers d’un buisson(1). Dieu se présente à lui comme le Dieu de tous ceux qui étaient avant lui, le Dieu d’ Abraham, d’ Isaac et de Jacob, le Dieu de ses pères. Il ajoute, mais ce n’est pas dans la citation de Jésus: « Je suis celui qui suis ». C’est cette expression qui a de l’importance. Si elle n’est pas dite, c’est pour que vous notiez son absence afin que vous la remarquiez mieux.

Dieu se présente comme celui qui conjugue sa présence au monde par le verbe exister. Les générations passées se sont confiées en lui, et en lui elles ont continué à exister. Elles ont trouvé en lui le sens de leur vie et la mort n’a pas eu le dernier mot sur elles. Dieu est celui qui donne la vie à tout ce qui est menacé par la mort. C’est parce qu’en lui, la mort disparaît que notre vie prend du sens. Pourtant, depuis que nous sommes en âge de comprendre ou de réfléchir on nous a enseigné comme une évidence que tout ce qui vivait était destiné à mourir.

Dieu se porte en faux  contre une telle facilité de langage. Jésus affirme qu’en  intervenant dans nos vies, Dieu change notre destin et transforme en espérance notre existence qui était inscrite dans un programme de mort. Tout le témoignage des Ecritures va dans ce sens. Elles trouvent leur  fondement dans l’histoire du peuple de Moïse, nous y revenons, qui  menacé de mort certaine, par un dur esclavage  en Égypte se vit promis à une vie nouvelle par l’intervention de Dieu. C’est autour de cet événement que tourne toute la révélation. C’est en l’évoquant que Jésus nous rappelle que la réalité de Dieu est porteuse de vie et qu’elle impose la vie là où la mort est considérée comme l’aboutissement normal de l’existence.

Cette  idée chemine tout au long des Ecritures et prend place dans le témoignage de la plupart des écrivains bibliques. Elle s’achève dans le récit de la passion de Jésus.             Elle décrit sa  mort en termes de victoire sur le néant et d’ouverture sur l’éternité. 

Cette  idée est déjà présente dès les premières pages de la Bible. Au commencement quand le monde incréé n’était encore qu’une masse informe et que le tohu-bohu régentait le chaos primitif, l’intervention de Dieu fut décrite comme l’injection de la vie dans ce qui ne vivait  pas encore. La mort serait donc  à l’origine des êtres, elle n’en serait pas la fin. C’est la mort qui était déjà dans le commencement et c’est la vie qui donne du sens à ce qui va advenir. L’histoire des hommes commencerait  donc par leur mort et s’achèverait dans une vie qui n’a pas de fin.

Il en va de même pour les hommes que nous sommes. Dans une conception normale des choses, dès le premier balbutiement du nouveau-né, son existence s’inscrit dans un programme de mort dans lequel s’achèvera sa vie le plus tard possible. Il est banal  de dire que l’enfant apprend à mourir en même temps qu’il apprend à parler. Car sa vie ne saurait s’achever autrement que par sa disparition. Jésus pour sa part voit les choses autrement et il nous apprend  à nous aussi, à les voir autrement.  Dès son premier pas, l’enfant doit apprendre à marcher vers ce Dieu qui échangera sa mort déjà prévue contre la vie qui lui est donnée.

La  rencontre ou la découverte de Dieu est un moment fondamental de notre existence à partir duquel tous nos comportements prennent une autre valeur puisqu’ avec lui ce qui est irréel devient réel. Ce qui est passager devient éternel. La présence de Dieu rend les choses tellement différentes que l’on ne sait pas comment on pourrait prétendre croire en lui et garder ses distances par rapport à lui.

Tous  n’en sont pas conscients, tous ne savent pas  percevoir le moment  où, surgissant des profondeurs de nous-mêmes, Dieu s’impose à nous et modifie notre manière d’exister. Si l’expérience est offerte à tous, tous ne la vivent pas vraiment. Jésus s’est alors efforcé de nous donner des repères  pour permettre  de discerner la  présence de Dieu. Dieu est présent, toutes les fois que les forces négatives qui nous entraînent vers la mort sont conjurées. Il est présent dans l’espérance qui permet au plus faible d’avancer. Il est présent dans l’audace du juste qui défie la mort alors qu’on le cloue sur le bois. Il est présent quand, malgré l’injustice qui lui est faite l’innocent continue à prier. Jésus nous apprend à découvrir la présence de Dieu, non pas dans ce qui est spectaculaire, mais dans ce qui transforme notre vie intérieure.

Plutôt que de se rendre visible à tous, Dieu tient à être découvert par chacun des humains qui habitent cette terre. Nous discernons alors sa présence dans les tressaillements de notre cœur quand nous sommes épris d’amour pour les autres. Avec confiance, nous entrons   alors    dans une autre conception de la vie.
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Il est difficile de mettre des mots sur cette réalité, car tout cela n’est encore que mystère. Mais ce mystère contient la vie, et la vie ne peut être anéantie. Ce mystère est si profond que nous sommes amenés à  croire que même ceux qui n’y entrent pas ou qui ne le comprennent pas, ont quand même leur part à cette vie que la mort ne peut détruire.

Et  les anges me direz-vous ? Vous avez sans doute compris qu’ils relèvent plus d’une manière de parler que d’une réalité. C’est sans doute décevant car cela manque de merveilleux, mais n’est-il pas plus exaltant de savoir que Dieu, nous intègre depuis  toujours dans un processus de vie qui prévoit notre dépassement continuel.

(1) Exode 3: 6Dieu dit : n'approche pas d'ici, ôte tes sandales de tes pieds, car l'endroit sur lequel tu te tiens est une terre sainte. Et il ajouta : C'est moi le Dieu de ton Père, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob Moïse se cacha le visage, car il craignait de diriger ses regards vers Dieu... 13 Mais s'ils me demandent quel est ton nom que leur répondrai-je? Dieu dit à Moïse : je suis celui qui suis...

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